Comment expliquer la fascination qu’exercent sur nos semblables les théories du complot, l’adhésion des gens autour de nous à des médecines parallèles ou au paranormal, la séduction des pseudo-sciences ? Existe-t-il une loi universelle de l’attraction des idées ?
Pour comprendre les mécanismes d’adhésion, de croyance, de confiance, nous allons réaliser des entretiens avec des chercheurs spécialistes des domaines concernés : psychologie, sociologie, anthropologie, sciences cognitives, sciences du langage, etc.
Nous chercherons tout particulièrement à comprendre quels sont les aspects les plus efficaces des documentaires pseudoscientifiques ou de propagande. Construisent-ils dans leur format, leur phraséologie, leur rhétorique, leur mise en scène, et par leur habillage visuel et sonore, un récit dans lequel le spectateur se sent personnellement investi ? Délivrent-ils une prétendue vérité qui fait écho à ce que l’individu pensait déjà savoir ? Sait-on comment cela marche ?
Parce que nous n’avons pas toutes les réponses à ces questions que vous vous posez sans doute, nous voulons mener l’enquête en donnant la parole à celles et ceux qui travaillent actuellement à comprendre pourquoi nous croyons ce que nous croyons et comment certaines idées réussissent le hold up de notre cerveau malgré nous.
Il s’agit d’un champ de recherche encore en construction, raison pour laquelle il est mal connu du public. Il nous semble important de réaliser dès maintenant ce travail de vulgarisation, et de le faire bien. Vous pouvez nous aider à aller au bout de ce projet. En fait rien ne se fera sans vous.
Soutenez-nous via la campagne de financement participatif que lance sur Ulule l’Association pour la Science et la Transmission de l’Esprit Critique (ASTEC).
https://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2016/04/logo-lois-attraction-mentale-mini-1.jpg360640Acermendaxhttps://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2015/08/menace_theo2-300x145.pngAcermendax2016-04-20 22:48:582016-04-25 13:17:01Les Lois de l’Attraction Mentale – Projet
Continuons encore un peu l’étude de cas de La Révélation des Pyramides.
Nous avons déjà mis en évidence une généalogie des idées vendues dans ce film, montré que les démonstrations à base de calculs n’ont rien de scientifique mais tout de l’art divinatoire avec des interprétations numérologiques et des jeux de mots fondés sur le sens apparent que l’on peut décalquer sur les occurrences de Pi ou des similitudes de phonèmes. Dans un article invité, Clément nous a parlé des incongruités innombrables que peut produire le hasard, précisément parce que c’est ce que fait le hasard ! Et nous avons mis cela en pratique avec la réalisation d’un film reprenant les méthodes de LRDP pour prouver qu’il existe un alignement de sites encore plus mystérieux, plus lourd de secrets et de révélations que celui de Rapa Nui- Gizeh, l’équateur Rome-Babylone.
Constatant ce que nous considérons être de graves problèmes dans sa démarche intellectuelle, nous avons invité Jacques Grimault à nous expliquer en direct la manière dont il parvient à ses conclusions. L’émission fut laborieuse à préparer et à animer. Nous pensons avoir démontré au cours de ce live que JG est totalement incapable de défendre ses hypothèses face à un questionnement méthodique, il ne comprend pas ou feint de ne pas comprendre la démarche scientifique et se réfugie derrière des accusations de dogmatisme ou d’incompétence pour expliquer notre résistance à ses thèses. Sa posture consiste à défendre une approche hermétique ; à chacun de faire le chemin vers la connaissance, une posture qui est malheureusement la plus à même de faire tomber celui qui l’empreinte dans tous les pièges de ses propres biais cognitifs.
Deux mois après…
Nous continuons à nous intéresser à cette histoire, car LRDP et JG constituent de formidables exemples pour illustrer et mettre en pratique les principes de la pensée critique. Nous aurons donc une nouvelle émission en direct le 19 avril pour revenir sur ce que JG a dit, sur ce qu’il n’a pas dit, et pour réfléchir aux raisons pour lesquelles certains sont tentés d’adhérer aux croyances qu’il diffuse sur l’histoire du monde. D’ici là, je vous propose un début d’analyse.
Pourquoi se méfier ?
Jacques Grimault dit qu’il ne propose aucune théorie, qu’il se contente de soulever des faits. Il accumule les étonnements et affirme que la science ne peut les expliquer, que les scientifiques refusent de s’intéresser à ce qui lui semble (à lui) primordial. Mais il répète qu’il n’a pas d’hypothèse, pas de théorie, seulement des faits. Est-ce vrai ?
« Observer les faits bruts », est souvent le leitmotiv des pseudo-scientifiques qui refusent qu’on se penche sur leurs méthodes. Or, s’il y a bien une chose que l’on sait en épistémologie, c’est qu’un « fait brut » ça n’existe pas. Un fait est avant tout une observation, il est reconnu comme un fait par un observateur, il est toujours décrit dans un langage avec des présupposés, il n’est un fait qu’en regard d’un paradigme dans lequel il fait sens… ou qu’il semble contredire. Un fait « brut » il faut donc s’en méfier, si on ne connait pas le contexte, les théories explicatives en vigueur et surtout… l’échantillonnage. Quand on veut faire des maths, on ne doit surtout pas oublier en route l’ensemble des chiffres pris en compte au départ… et qui ne font pas de sens. Car de cet effectif total dépend en réalité la significativité de la démonstration. On pourrait presque s’arrêter ici, car tout ce qui va suivre sera la simple démonstration de ce biais méthodologique dévastateur bien qu’apparemment bénin : la négligence de la taille de l’échantillon.
Très vite, on s’avise que les faits de M. Grimault, loin d’être ‘bruts’, sont dès le départ colorés par le présupposé qu’il expose lui-même :
« Qu’est-ce que ça change d’envisager une civilisation antérieure technologiquement évoluée ? Qu’elle ait généreusement souhaité laisser un message à une civilisation future est probablement la chose la plus inconcevable à nos yeux. » (Gizeh 2005, 1h25)
Cette hypothèse est coûteuse, et même en l’absence d’explications complète sur la manière dont ont été conçues les pyramides, supposer l’existence d’une telle civilisation dont on n’aurait par ailleurs aucune trace… C’est prendre ses désirs pour la réalité, c’est réifier une idée qu’on pourra juger séduisante, mais qu’on ne peut pas étayer autrement que par l’ignorance, c’est-à-dire l’absence de preuve du contraire. Méthode audacieuse au premier abord, mais catastrophique en réalité, car comme disait Carl Sagan, personne ne peut prouver que je n’ai pas dans mon garage un gros dragon invisible et indétectable crachant un feu qui ne produit aucune chaleur. Et on s’accordera sur le fait que ce n’est pas aux autres de prouver que mon dragon invisible n’existe pas, il est plus sage pour tout le monde de considérer qu’il n’y a pas de dragon jusqu’à preuve du contraire.
Le pseudo-théoricien.
Les « faits bruts » existent encore moins quand il s‘agit, comme 100% du matériel de Grimault d’opérations mathématiques réalisées sur un terrain extrêmement riche en données parmi lesquelles on peut faire des choix arbitraires sans même s’en rendre compte. Ce travail est dénué de la plus élémentaire méthode rationnelle qui le protégerait contre les biais d’interprétation ; pire que cela, en réalité c’est un travail tout entier d’interprétation, et c’est pour cela qu’il est à la fois si séduisant et si peu fiable. Il n’y a rien d‘étonnant à ce que beaucoup soient a priori impressionnés par le discours bien rôdé de ce monsieur qui, tel un prestidigitateur, semble faire surgir des nombres cachés dans les pierres de la pyramide. Point de honte à cela, des gens brillants peuvent se faire avoir par des illusions simples dès lors qu’ils ne soupçonnent pas leur existence.
En définitive, Jaques Grimault est donc bel et bien de la race des théoriciens. Il théorise et voit du sens partout, mais jamais celui que la science admet, car il lui faut être en opposition avec le savoir « exotérique » pour des raisons qui lui appartiennent (sans doute liées à son obsession de la binarité et de la polarité). Il offre ses multiples interprétations dans tous les domaines (où sa compétence n’est jamais prouvée et flirte allègrement avec le néant) et il se pose comme seul à savoir lire l’univers tel qu’il est. C’est une posture d’autant plus prophétique que c’est bien une sorte d’apocalypse qu’il prétend annoncer. Nous allons tenter de mettre en évidence ces illusions, trucages et petites tromperies qui passent si facilement inaperçus quand la voix est pleine d’assurance, l’image léchée et la musique persuasive.
JG déclarait le 28 octobre 2012 sur son blog (largement inachevé) :
« Ces multiples découvertes – protégées par la loi – ont déjà fait l’objet – séparément ou ensembles – de discussions privées, de conférences, d’articles, de livres et de films… mais demandent à toutes et tous de les critiquer, les documenter, les prolonger, par tous moyens – l’observation, la documentation, la disponibilité, l’énergie, la réflexion, l’imagination, l’intuition, la critique et l’effort permanent.»[1]
En nous penchant sur ses écrits, ses conférences et apparitions médiatiques, nous avons souvent pu constater que JG prétendait faire une chose tout en faisant l’exact opposé, et comme il s’attache avec férocité à dénoncer chez les autres les travers dont il se rend coupable continuellement.
« Vous donnez sottement vos qualités aux autres. »
Trissotin, dans les Femmes Savantes de Molière.
Pour le moment, laissons-le conclure avec une remarque extrêmement valable, nonobstant le léger frisson d’ironie qu’elle peut susciter :
« Des théories de la croyance ont été avancées, mais elles ne pourraient être reconnues comme valables que si elles apportaient la raison de toutes ces choses (…) elles devraient surtout faire comprendre comment des personnes instruites, réputées pour leur esprit critique et leur intelligence, acceptent des croyances dont l’enfantine naïveté ferait parfois sourire, si elle n’était pas dangereuse. »[2]
D’après le journal Le Monde, le 22 mars 2016, le sénateur Jean-Louis Masson affirma « Un binational a 1000 fois plus de chance qu’un français de souche de devenir un extrémiste radicalisé. »
« POURQUOI C’EST FACTUELLEMENT FAUX ? Depuis Mohammed Merah en 2011, quinze terroristes djihadistes ont frappé en France. Sur ce total, seuls deux étaient binationaux, Mohammed Merah, franco-algérien et Abdelhamid Abaaoud, belgo-marocain. Affirmer que la double nationalité augmenterait la propension au terrorisme n’est basé sur aucun fait. »
Des statistiques inversées.
Je vais volontairement ignorer les approximations sémantiques des styles journalistique et politique pour me concentrer, dans cet article, sur la manipulation des chiffres et sur la prétendue opposition « factuelle » de ces deux affirmations.
La première chose à remarquer, c’est qu’elles ne sont pas contradictoires. Masson parle de la probabilité d’être terroriste sachant qu’on est binational tandis que Le Monde donne la probabilité d’être binational sachant qu’on est terroriste. Ce sont deux choses différentes.
« Au Loto, 100% des gagnants ont tenté leur chance » donne la probabilité d’avoir joué sachant qu’on a gagné (100%), ce qui n’a rien à voir avec la probabilité de gagner sachant qu’on a joué (0,000 005%).
C’est ce qui s’appelle une statistique inversée.
Mais comment se fait-il qu’une telle erreur logique passe inaperçue dans les colonnes du Monde alors qu’on comprend tous immédiatement que la pub du Loto est une blague ? Serait-ce parce que, comme le suggère le Monde, nous n’observons pas les mêmes faits que Masson ? Est-ce une opposition sur deux conceptions irréconciliables du monde, une divergence morale, essentiellement subjective et indécidable par la raison ?
Pas nécessairement. Nous observons tous la même réalité et personne ne peut nier durablement les faits et rester crédible. Simplement, les statistiques citées souffrent de trois grosses failles méthodologiques :
L’échantillon du Monde n’est pas représentatif. On ne peut pas faire de statistiques sur 15 personnes. Un binational de plus ou de moins changerait radicalement les proportions, de 6% à 20%.
Les chiffres de Masson sont relatifs. Une fréquence est mille fois supérieure à l’autre, mais on ignore les fréquences absolues.
Dans les deux cas, on ignore la proportion de binationaux dans la population.
La réponse du Monde ne révèle aucune contradiction factuelle. Au contraire, la réfutation du journaliste est dite « non sequitur », ce qui en latin moyen signifiait à peu près « à côté de la plaque ». Elle ne découle pas des prémisses. C’est un argument fallacieux, et les arguments fallacieux décrédibilisent les causes justes. Le journaliste du Monde ne fait pas un cadeau à ses sympathisants politiques. En fait, il mine les fondations d’une argumentation raisonnée. Il divise. Dans son propre camp, il oppose les tenants d’une éthique des vertus (l’intention louable donne sa caution morale à un argument) aux partisans de la déontologie (la validité morale d’un argument dépend du respect d’un devoir de rigueur). D’autre part, entre Masson et lui, il sème les germes d’une guerre de positions, d’un conflit enlisé entre observateurs de deux univers différents, également respectables, chacun ayant droit à ses propres faits.
C’est vraiment dommage, parce qu’on sent bien que l’affirmation de Masson est nauséabonde. Elle suggère qu’il faudrait concentrer les investigations sur une catégorie de la population : les binationaux. Je connais beaucoup de gens qui aimeraient s’opposer à une telle politique sans avoir à insulter l’intelligence de leurs lecteurs ou interlocuteurs.
C’est pourtant facilement réalisable. L’affirmation de Masson peut tout à fait être « factuellement vraie » et logiquement suspecte en même temps. Il suffit de remarquer que la probabilité d’être terroriste n’est mentionnée nulle part et qu’elle est vraisemblablement très faible. L’erreur que Masson commet s’appelle alors « négliger la fréquence de base ».
Les conséquences de la négligence de la fréquence de base.
Les chiffres de l’exemple suivant sont factices, mais ils mettent en évidence la perversité d’une telle erreur en l’exagérant.
Si on prend en compte les 13 terroristes franco-français cités par Le Monde, on peut estimer la probabilité d’être terroriste sachant qu’on est français à 13/65 000 000 (en comptant les bébés, je sais)
Dans ce cas la probabilité, 1000 fois supérieure, d’être terroriste sachant qu’on est binational est de 13/65 000, soit 0.02%. Ce sera notre fréquence de base.
Si on utilise le critère de la binationalité pour orienter les investigations, voici ce qui va arriver :
Supposons un instant, pour les besoins de l’argumentation, que le système judiciaire français ne soit pas parfait… Mais supposons quand même qu’il le soit presque, et qu’une procédure d’investigation soit fiable à 99%.
Mettez en garde-à-vue un échantillon de 1 000 000 de binationaux, pour faire des comptes ronds. L’échantillon contient en théorie 0.02% soit 200 terroristes. Il contient par conséquent 999 800 innocents.
Sur les 200 terroristes, votre test fiable à 99% va identifier 198 coupables. Sur les 999 800 innocents, il va accuser à tort 9998 personnes.
Au final, la probabilité qu’un suspect soit coupable, dans votre échantillon de suspects accusés par votre test, n’est que de 198/(9998+198) = 0.02, soit 2% de chance d’avoir raison avec un test fiable à 99% ! Cela vient du fait que la probabilité d’être terroriste est extrêmement faible pour commencer.
Voilà pourquoi se concentrer sur le critère de la binationalité pour rechercher les terroristes est illogique. Vu la fréquence de base, ce n’est pas un critère pertinent. Nul besoin d’être irrationnel pour contredire Masson. On peut admettre que nous vivons tous dans le même monde.
De l’importance de ne pas accepter tous les arguments qui semblent nous donner raison.
Quand un argument va dans le sens de nos convictions, grande est la tentation de ne pas l’inspecter avec trop d’exigence, mais les approximations opportunes et les coups sous la ceinture argumentatifs ne font qu’ajouter à la confusion d’une situation complexe, rendant toute vérité objective insaisissable. Ne subsiste qu’une morale a priori et aussi indiscutable que les goûts et les couleurs. Seule une vision commune du monde réel permet des partages transcendant les clivages politiques et les particularismes locaux. Un physicien d’Inde et un autre du Brésil partagent une vision du monde à laquelle leurs homologues religieux ne pourront jamais prétendre, ces derniers défendant des positions claniques qu’aucune preuve empirique ne doit ni ne saurait altérer. Il en va de même pour les bastions politiques qui se définissent comme pôles de monopole moral et n’existent qu’en pointant leurs différences irréductibles avec leurs mécréants respectifs. On n’a jamais vu deux religions fusionner ; que des schismes, des hérétiques et des excommunications. Aucune universalité possible.
Il ne s’agit pas d’être impartial. Personne n’est impartial. Ce qui compte, ce sont les preuves qu’on rassemble et comment on présente le paquet. C’est une condition incontournable du vivre ensemble. Toute démocratie éclairée présuppose un peuple éduqué. Il faut pouvoir rappeler collectivement à la raison les journalistes qui font mal leur travail et recadrer les politiciens qui orienteraient l’action de la police sur des pistes improductives dans le seul but de flatter nos plus bas instincts ségrégationnistes.
Un des commentateurs du Monde fait remarquer que « On a les politiciens qu’on mérite ». J’y ajouterais les journalistes qu’on mérite. Qu’un journaliste vende sa soupe, on n’en attend pas moins de lui ; c’est la cécité sélective de ses lecteurs qui est impardonnable. Nous portons notre part de responsabilité pour la superficialité de nos médias et des discours de nos dirigeants. S’éduquer à la critique qualitative des arguments confortant nos propres convictions idéologiques est un enjeu citoyen. On ne peut pas s’indigner du culte de l’image et, dans les chambres d’écho idéologiques des rassemblements politiques, vénérer béatement les plus séduisants clichés. On ne va ni bannir le mensonge ni éradiquer le sophisme dans un futur concevable, mais on pourrait leur rendre la vie plus dure avec un minimum d’attention et de méthode. C’est une question d’éthique de la connaissance, donc une histoire de patrimoine cognitif commun. C’est Pythagore à l’UNESCO.
« Quand les détracteurs de LRDP auront réussi à présenter un alignement de quinze sites de la taille de l’équateur terrestre présentant de telles similitudes architecturales et/ou conceptuelles, ils auront démontré qu’il n’y a là pas lieu de s’interroger.»
Jacques Grimault (sous pseudonyme).
Défi accepté
***
Imaginons que nous cherchons les preuves qu’une ancienne civilisation a œuvré à l’échelle de la Terre entière sans laisser de trace dans l’histoire « officielle ». C’est une hypothèse hardie, très improbable, mais qu’on ne peut pas balayer d’un revers de la main. Peut-être, imaginons, qu’une ancienne civilisation perdue a voulu laisser un message derrière elle, compréhensible seulement à ceux qui chercheraient des réponses dans la géographie et les mathématiques enseignées au collège.
Admettons cela et laissons-nous conduire dans la démonstration suivante, que nous vous proposons gracieusement, grâce à l’aide de quelques blogueurs et sceptiques.
Babylone-Rome
Tout part de la Mésopotamie où l’on invente l’Ecriture, et de Babylone, lieu légendaire s’il en est où le langage des hommes a été brouillé après l’échec de la Tour de Babel, la « tour qui touche le ciel ». Babylone signifie « Porte de Dieu« . Elle est la première mégapole de l’histoire, cité la plus vaste du monde en son temps. On y construisit les fameux jardins suspendus, merveille du monde. Mais il y a plus à son sujet. La somme des lettres fait 77, chiffre mystique et mystérieux (qui renvoie aux 7 merveilles du monde). Le logiciel de traduction Babylone en libre accès sur Internet peut traduire 77 langues…
77 = 43+34. (7+7=14 ; 4-1=3). Retenez le chiffre 3.
Le psaume 77 43-72 parle d’un « arc infidèle » et d’une montagne de Sion. Or nous savons que 77/arctan(77) = 49.42, soit 43+7. Continuellement, on retrouve ce nombre 43. Et 42 en décimales. Allons plus loin dans l’analyse du nom de Babylone. Inversons le mot : Lone Baby = indique un homme abandonné alors qu’il était enfant, un enfant qui va devenir homme… deveniRome… Oui : Rome ! Exactement 3000 kilomètres séparent Babylone et Rome : deux cités qui symbolisent deux époques. L’époque païenne où l’histoire se perd dans les mythes des peuples légendaires, et l’époque historique, point de départ de notre calendrier. Rome est la ville phare, la capitale du plus grand empire du monde et de la plus grande religion que la Terre ait connu.
Rome, le deuxième point de l’équateur penché.
Là où les coïncidences commencent à défier le hasard, c’est lorsqu’on s’aperçoit que la ligne Babylone-Rome fait un angle de 43° avec l’équateur. Intéressons-nous au nombre 43. C’est un nombre premier. Il a la particularité d’avoir un nombre premier jumeau (le 41) ainsi qu’un cousin (le 47) et un sexy (le 37) Il est donc entouré de 3autres nombres premiers. Trois. C’est donc un nombre très particulier. D’un point de vue linguistique, 43, c’est le nombre de caractères différents dans l’alphabet francophone (26 + 17 spéciaux). Plus intriguant encore, c’est un nombre qui renferme des constantes universelles, puisque :
1/43 = 0,0232, soit 100 fois (Pi-PHI)².
43 vous semblait sans doute bien banal… Mais c’est le nombre devant lequel Sheldon Cooper réfléchit durant toutes les pauses déjeuner, signe qu’il est connu pour renfermer des mystères jusque chez les scénaristes qui communiquent ainsi à la manière hermétique : signifier sans dire. Cette manière de penser autorise d’ailleurs à voir dans 43° une fausse piste, un piège, là où il faudrait voir en réalité (42+1), 42 étant la durée en mois du règne de la bête dans l’Apocalypse. La Bible de Gutenberg contenait des pages de 42 lignes. 42 est aussi le nombre de minutes qu’il faut pour traverser la terre de part en part dans un tube privé d’air par la seule accélération de la gravité. 42 est évidemment la réponse à Tout selon l’écrivain et mystique Douglas Adams, mais il est déjà présent dans l’œuvre hermétique du mathématicien Lewis Carroll. On pourrait donc dire que 43 est la solution cachée là ou 42 est mis en lumière pour aveugler les masses.
Comment ne pas se poser la question du sens de toutes ces coïncidences ? Qui a bien pu disséminer toutes ces informations à la lumière du jour ? Le Coran nous encourage dans notre démarche : la sourate 43, verset 43 dit : « Tiens fermement à ce qui t’a été révélé car tu es sur le droit chemin. » Quant à la 77 elle répète 10 fois « Malheur, ce jour-là, à ceux qui criaient au mensonge. » Mais continuons notre voyage en élargissant le champ. Ne nous limitons plus aux 3000 km de Rome-Babylone mais traçons un équateur. Vous n’allez pas en croire vos yeux !
Allez vous même vérifier la sourate 43 du Coran.
Un message spirituel.
Car la ligne Rome-Babylone croise un nombre incroyable de site symboliques, des hauts lieux. À l’ouest, nous commençons avec Saint Jacques de Compostelle, son nom signifie « Champ d’étoiles« . Elle est le lieu du deuxième plus grand pèlerinage du monde chrétien, et ce chemin est surnommé « Voie Lactée ». Doit-on y voir une suggestion à se tourner vers le ciel comme les anciens de Babel ?
L’équateur traverse de part en part Pampelune, capitale des Rois de Navarre, où le nom de la Lune est une nouvelle invitation.
Est-ce en raison de sa proximité avec l’équateur Rome-Babylone que Rennes-le-Château jouit d’une aura de mystère en relation avec le trésor des Templiers ? Car si nous continuons nos observations… Antioche, forteresse des croisés, étroitement liée à la légende du Graal, est sur la ligne ainsi tracée. Or, Antioche est un lieu symbolique qui fait échos aux 3000 km entre Rome et Babylone. La Saint Grenade d’Antioche est présentée dans le film Sacré Graal des Monty Python où il est clairement établi qu’elle est placée sur le sceau du chiffre 3.
« …And SaintAttila raised the hand grenade up on high, saying, « O Lord, bless this Thy hand grenade that with it Thou mayest blow Thine enemies to tiny bits, in Thy mercy. » And the Lord did grin and the people did feast upon the lambs and sloths and carp and anchovies and orangutans and breakfast cereals, and fruit bats and large chu… [À ce moment-là le frère est pressé par Frère Maynard : « Saute donc quelques lignes, frère »]… And the Lord spake, saying, « First shalt thou take out the Holy Pin, then shalt thou count to three, no more, no less. Three shall be the number thou shalt count, and the number of the counting shall be three. Four shalt thou not count, neither count thou two, excepting that thou then proceed to three. Five is right out. Once the number three, being the third number, be reached, then lobbest thou thy Holy Hand Grenade of Antioch towards thy foe, who being naughty in my sight, shall snuff it. » Amen1,2. »
Bien sûr, cela a de quoi laisser sceptique. Les Monty Python n’ont pas l’image publique de défenseurs des secrets ésotériques. Mais quelle plus belle couverture pouvaient-ils inventer ?
Les soupçons légitimes s’envolent lorsqu’on s’avise que la ville de Troie est située à 73 km de notre équateur (73/3 = 24.3333, c’est-à-dire 42 à l’envers + 1/3). Troie, est évidemment liée au chiffre trois, mais également à Rome puisque ses fondateurs étaient d’ascendance troyenne. Cette ville légendaire, immortalisée dans l’Iliade a longtemps été considérée comme purement mythique avant d’être redécouverte au 20ème siècle de la même manière que nous redécouvrons cet alignement de lieux qui défie l’imagination.
Ceux qui croyaient que Troie n’était qu’un mythe ont dû se rendre à l’évidence…
Les sites religieux se succèdent le long de notre équateur caché dans les nombres. On retrouve alignées Thyateira (aujourd’hui Akhisar), l’une des sept églises primitives d’Asie Mineure citée dans l’Apocalypse de saint Jean, ainsi qu’une deuxième de ces sept églises : Sardes, capitale de la Lydie au bord du Pactole, également citée dans l’Iliade. Deux des 7 églises sont là, indiquant clairement qu’il en manque une troisième. Toujours le chiffre 3 !
Notons que la synagogue de Sardes, redécouverte au vingtième siècle est la plus grande connue dans la diaspora juive de l’antiquité.
La mosquée Husayn de Kerbala
Notre équateur passe non loin de Lystre, elle aussi citée dans la Bible, mais surtout il croise Kerbala, l’un des plus hauts lieux saints de l’islam chiite. L’équateur nous guide vers ce lieu d’une grande importance pour les musulmans, tout comme Saint Jacques de Compostelle pour les chrétiens, et Sardes pour les juifs : les TROIS religions du livre. En passant à Al-Qurnah, considéré par les apologètes comme le probable emplacement de l’Eden, et où l’on trouve un Arbre d’Adam, l’équateur cherche-t-il à nous délivrer un message qui transcende les religions ? On peut le croire car n’oublions pas Babylone et son dieu Marduck qui en son temps a supplanté le culte de Bēl dont le sanctuaire domine la lointaine Palmyre. Oasis dans le désert et merveille d’architecture, Palmyre est située sur l’équateur que nous suivons. Mais Marduck a également remplacé Enlil dont le lieu de culte principal se trouvait à Nippur, l’une des plus anciennes villes du monde, elle aussi alignée. Le plus ancien instrument de mesure gradué a été trouvé à Nippur. La coudée de Nippur mesure exactement 30 doigts (le chiffre 3 nous accompagne toujours). Mais pensons également au bouddhisme et au Temple de la Dent sur l’île du Sri Lanka à des milliers de kilomètres, qui abrite l’une des rares reliques du saint homme. Lui aussi est aligné.
Palmyre
Peut-être restez-vous incrédules, tant la révélation qui nous est offerte défie notre esprit d’humains du 21ème siècles. Mais que dire si l’on ajoute à tous ces lieux sacrés et religieux alignés, celui qui n’a jamais été bâti par la main de l’Homme et symbolise peut-être le mieux l’existence d’un monde supérieur, inaccessible : le Mont Olympe.Symbole naturel de la divinité par excellence, il culmine à 2917 m.
Or 29-17=4×3 (43) et 29×17 = 493. On obtient encore 43 avec, au centre, le nombre 9, nombre divin s’il en est. On note par ailleurs que 2+91+7 = 100. Il y a comme un message codé dans l’harmonie même de la montagne, car elle contient la constante phi : (2+91+7)/3*phi = sqrt(2917), et elle nous confirme que les nombres 3 et 43 sont au cœur du mystère.
Mais que veulent dire ces nombres ? Pour le savoir, nous sommes condamnés à continuer l’enquête.
Relier les âges anciens et le monde moderne ?
Les pôles correspondant à cet équateur penché se situent dans l’océan, à des centaines de kilomètres de toute terre émergée, comme pour ne désigner aucun endroit en particulier, aucune fausse piste. Mais le pôle nord, malgré tout est bien particulier, car il est situé (46°53’24.9″N 178°27’42.8″E) à exactement 121 km (1.09°) de la ligne de changement de date qui traverse le Pacifique et à 10.070 km des points situés sur l’équateur.
10 070 +121 = 10 191 = 43 x 237
et 4 x 3= 12 et 2+3+7 = 12.
12+12 =24… soit 42 à l’envers.
Au changement de date, 42 devient 43 et la boucle est bouclée. Le temps est peut-être la clef du message que veut nous délivrer cet alignement.
Catalhoyuk
L’équateur Rome-Babylone traverse les régions les plus anciennement civilisées du monde. Dans son sillage on retrouve des cités dont l’occupation remonte au paléolithique, tel Catalhoyuk, une ville si ancienne qu’elle date d’avant l’invention des rues. Autre cité de cette époque lointaine, Mytilène, dont le nom vient de mytilos qui signifie moule, est la capitale de Lesbos. L’île possède la plus grande forêt pétrifiée du monde, rémanence d’un âge ancien. Sagalassos, où les premières traces d’occupation datent de quatorze mille ans. Apamée, cité militaire mais aussi cité des philosophes, connue pour sa gigantesque colonnade. Olynthe, cité chalcidique. Apollonie d’Illyrie, ancienne cité grecque esclavagiste, perdue puis redécouverte au 18ème siècle. La ville est fondée en -588 (5+8+8=21, moitié de 42 – Le fait que cela ne donne pas 43 est beaucoup plus intéressant que si c’était le cas). Et en regard de tous ces sites occupés depuis des milliers et des milliers d’années, on trouve une ville moderne, construite très exactement sur l’équateur Rome-Babylone, comme un signal. Melbourne, capitale de l’état de Victoria, Ville-Monde fondée en 1835. Elle fut nommée en l’honneur du premier ministre britannique William Lamb vicomte de Melbourne, mentor de la reine Victoria. Melbourne est aux antipodes de Rome et Babylone : une ville nouvelle créée sur le dernier continent colonisé par l’humain, elle connait une croissance époustouflante et fait figure pendant un temps de ville la plus riche du monde.
À près de 13.000 km de Babylone, il aurait suffi d’une seconde d’arc de décalage pour que Melbourne se trouve bien loin de notre équateur, et pourtant celui-ci la traverse de part en part. Doit-elle son incroyable réussite à son alignement si particulier ?
Des lieux de mystère.
À ce stade, la quantité de hauts lieux alignés ne peut qu’attester d’un schéma sous-jacent. Saint Jacques de Compostelle, Rome, le Mont Olympe, Antioche, Mytilène, Melbourne… Babylone. Dans ce chemin vers la compréhension, nous n’étions pas au bout de nos surprises, car l’équateur indiquait un autre lieu, une cité connue dans l’antiquité comme la rivale d’Alexandrie, la deuxième plus grande bibliothèque du monde, le lieu où fut inventé le parchemin qui lui emprunte son nom : Pergame.
Contrairement à Alexandrie, à Pergame, on cherchait le sens profond – voire caché – des textes, considérant que ce qui était véritablement signifié ne correspondait pas nécessairement à ce qui était écrit. Nouvel indice qu’il nous faut chercher au-delà des apparences. Sur notre alignement incroyable on retrouve Corte, place forte de la Corse. Ce n’est pas seulement un lieu de pouvoir, mais également le lieu où fut rédigée la première constitution de l’histoire, en 1755, soit vingt ans avant celle des États-Unis. On la doit à Pascal Paoli qui avait des liens étroits avec la franc-maçonnerie et fut enterré dans l’abbaye de Westminster en compagnie des rois d’Angleterre.
Mais il y a encore plus mystérieux, encore plus incroyable. De l’autre côté du globe et sans que l’histoire officielle telle quelle est connue puisse l’expliquer, l’Alignement Babylone-Rome traverse le Triangle des Bermudes sur 390 km (3+9 = 12 = 4 x 3. 43 est toujours là). Le chiffre trois évidemment résonne dans ce vaste triangle. Le Triangle des Bermudes est pour nous, aujourd’hui un lieu marqué par l’étrange, l’inexpliqué et l’insondable, mais il ne fut connu officiellement que dans les années 1950.
Il semble pourtant qu’il fut déjà connu par ceux qui ont orchestré l’alignement de ces hauts lieux à travers le monde. D’autres sites alignés, anciens, mystérieux devront faire l’objet d’un examen qui nécessitera des années d’effort : Blaundos, fondée par les successeurs d’Alexandre Le Grand, Qarqar, Musandam, Le Mont Athos, le Volcan Barù au Panama, ou encore les sphères mégalithiques du Costa Rica trop proches de cet alignement fabuleux pour que l’on puisse exclure un lien direct.
L’équateur Babylone-Rome coupe l’équateur conventionnel dans l’océan pacifique, à quelques miles à peine de la plus grande des îles Galapagos. Le symbole est immédiat, c’est l’endroit que Darwin a choisi de mêler intimement à sa théorie de la sélection naturelle. Que savait-il sur cet endroit ? Pourquoi le savant qui allait bouleverser les sciences du vivant de la manière la plus radicale depuis Aristote est-il allé si loin de son Angleterre, trouver une île à laquelle marier son nom à jamais ?
Personne n’a la réponse.
Mais l’équateur penché à 43° est peut-être le chemin qu’il nous faut suivre.
Une coudée de Nippur valant exactement 30 doigts
Les monolithes.
En résonnance avec les sphères mégalithiques que nous avons évoquées, il nous faut parler du mont Augustus. Il s’agit du plus grand monolithe du monde, une montagne d’un bloc perdu dans l’immensité du désert australien. Naturellement nous en parlons car il est situé sur notre équateur. Datant d’environ 1,8 milliard d’années, ce monolithe était là bien avant que tous les autres sites de notre alignement ne commencent à exister. Sa hauteur est de 825 mètres (8+2+5=15). Quel autre lieu aurait pu symboliser plus magistralement la profondeur du temps ?
Le mont Augustus
Mais le plus étonnant est peut-être de trouver à 13 000 km de là un autre monolithe, pas dans le désert celui-ci, mais en pleine mer. L’île de Montecristo, entourée de falaises, est un monolithe de 645 mètre de haut (6+4+5 = 15, comme le Mont Augustus. Et 645 = 15 x 43). Elle fut un temps le lieu de retraite de Saint Mamilien, mais n’a jamais été habitée très longtemps.
Aujourd’hui, elle est un territoire interdit à tout être humain.
L’ile de Montecristo, territoire interdit…
Et à la lumière de ce que nous venons de dire, on peut se demander quel secret cette interdiction cherche à nous cacher. Que peut bien recéler ce monolithe dans la mer, aligné avec Rome et Melbourne, Babylone et Palmyre, Le Mont Olympe et le triangle des Bermudes, les Galapagos et Pergame ?
Nous vous le révèlerons dans nos six prochains films.
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***
En attendant les films…
Le texte ci-dessus est celui d’une petite vidéo de présentation empruntant au style et aux habitudes des pseudo-documentaires visant à défendre une thèse irrationnelle, ou en tout cas marginale… avec de mauvaises méthodes. Mais voyons si nous pourrions aller encore plus loin…
Figurez-vous que notre équateur traverse de part un certain nombre de villes dont nous n’avons pas parlé ici. En voici quelques-unes : Lalin (Portugal) Vega de Espinareda (Espagne), Berlanga del Bierzo (Espagne), Aguilar de campoo (Espagne), Saint Estève (Nom catalan : Sant Esteve del Monestir, lieu de culte et de recueillement dans son monastère au Moyen Age), Ruscino (à l’origine du nom Roussillon), Palestrina et Foggia (Italie), etc. On pourrait imaginer bien des scénarios faisant intervenir ces endroits immanquablement chargés d’histoires.
Les nombres spéciaux inscrits dans les distances.
La spécificité des thèses faisant intervenir des alignements de sites, tels les « Great Circles » de Jim Alison, est de souligner la présence de nombre spéciaux dans les distances entre les sites (en km), mais le plus souvent dans les rapports entre ces distances (sans unité, donc un tout petit peu moins absurdes). Regardons notre équateur et ses 25 principaux sites. Dressons un tableau avec les distances des sites deux à deux (ça fait déjà 600 nombres).
A présent cherchons Pi, Phi et leurs multiples.
Et sans effort, nous trouvons Pi entre Kerbala et Montecristo (3142,686139 km), nous trouvons Pi/2 entre Al Qurnah et Lystre (1578,508155 km), 2 Pi entre Sardes et le temple de la dent à Kandy (6294,630215 km), 3 Pi entre St Jacques de Compostelle et le volcan Wolf sur la plus grande des îles Galapagos (9422,602381 km), et 4 Pi entre ce volcan et Sardes (12521,48297km).
Et déjà on pourrait dire que la constante universelle Pi relie de manière spécifique le volcan Wolf avec Sardes et Saint Jacques de Compostelle, puisque les trois sites forment un triangle isocèle. Mais ce serait là injecter une interprétation vide de sens à un résultat mathématique qui relève de l’aléatoire et d’une taille d’échantillon suffisante pour faire apparaître, immanquablement, des relations de ce type.
La Nébuleuse de la Lyre n’a strictement rien à voir avec le propos… Mais gageons qu’on y trouve le Nombre d’or en cherchant bien.
Continuons avec le nombre d’or.
On retrouve Phi entre Montecristo et Melbourne (16175,21425 km) et entre Sardes et Babylone (1620,587325 km) et racine de Phi entre Sagalassos et les Galapâgos (12756,23365 km) ainsi qu’entre Babylone et le volcan Baru 12762,42828 et aussi entre Kerbala et ce même volcan (12726,89473 km)
Que voit-on ? Le volcan Baru est au sommet d’un triangle isocèle ayant pour côté 10 mille fois racine de Phi et le reliant à Kerbala et à Babylone. Voilà qui nous rappelle le résultat précédent, déjà avec un volcan ! Et il pourrait nous sembler qu’une tendance s’affirme (même si deux occurrences, c’est évidemment trop faible pour soutenir une telle idée) On pourrait croire que nos sites cherchent à nous parler volcanisme, après tout, et trouver ensuite plein de raisons de continuer à le penser.
Bon, en réalité, vous ne vous serez peut-être pas laissés abusés par le fait que Babylone et Kerbala étant tellement proches entre elles, et distantes de Panama, leur éloignement est inférieur à la marge d’erreur tolérée pour retrouver nos nombre spéciaux : ce résultat est donc juste mais parfaitement vide de sens (comme les autres).
Enfin, terminons ce passage en revue des distances entre les sites avec la découverte d’un petit mensonge de notre part. La distance entre Rome et Babylone n’est pas exactement également à 3000 km comme nous le disions. Non, à ce stade, il est bien plus intéressant de regarder la distance réelle : 2992,653668 km et de constater que c’est la vitesse de la lumière (presque) !
Et on peut s’émerveiller de ces résultats. À condition de ne pas vouloir en tirer une explication à quoi que ce soit ni un message, puisque ces résultats sont semblables à ce qu’on pourrait attendre d’un générateur aléatoire.
Les rapports entre les distances
Avec 25 sites alignés, nous avons 600 distances. Si on veut comparer ces distances, on se retrouve avec 359 400 rapports de distances (600x 599). Parmi ces trois cent soixante mille valeurs, on peut retrouver Pi, Phi, e, c et leurs multiples ou diviseurs un grand nombre de fois. En réalité c’est l’absence de ces nombres qui serait une bizarrerie mathématique.
Dans notre cas, nous dénombrons 123 occurrences de « nombres spéciaux ». Un numérologue zélote s’émerveillerait même devant ce nombre 1, 2, 3 : 123 ! Est-ce un message ?
Conclusion.
La méthode que nous avons employée ici, et qui est celle du film La Révélation des Pyramides est du bois dont on fait des scénarios de fiction, éventuellement récréatifs comme peuvent l’être des mots croisés, mais sûrement pas propices à dire quoi que ce soit sur le monde réel en dehors, peut-être, de notre envie de croire qu’on peut ainsi accéder sans effort à des secrets immémoriaux.
En conséquence : prudence et scepticisme sont de rigueur.
Pour aller plus loin, et voir notamment la réaction de Jacques Grimault à notre équateur penché, consultez notre interview de lui.
En bons sceptiques que nous sommes, nous ne tenons rien pour vrai de manière absolue, et tout ce que nous pensons connaître doit constamment être accessible au questionnement et au test. Quand arrive un documentaire qui entend chambouler ce qui est connu de l’histoire de l’humanité, ou à tout le moins qui veut mettre à mal l’égyptologie dite ‘officielle’, il convient donc de ne pas décider d’emblée qu’il s’agit de divagations infondées. Seulement, les divagations, ça existe, et il ne faut donc pas faire semblant d’être sceptique si c’est pour vouer un culte à une thèse au simple prétexte qu’elle est minoritaire, donc subversive, donc dérangeante, donc vraie. Un peu de méthode.
La Révélation des Pyramides est la face visible du travail de Jacques Grimault et surtout de ses prédécesseurs, et compte tenu de son succès populaire, il faut lui accorder assez d’attention pour déterminer s’il s’agit d’un travail sérieux, appuyé sur des données fiables, au travers d’une méthode transparente, rigoureuse et scientifique qui atteste de la vraisemblance de ses conclusions. Ce travail d’analyse peut aussi aboutir au constat qu’il s’agit d’élucubrations séduisantes sans guère de cohérence et d’originalité. Il faut rester ouvert à ces possibilités. Et pour cela, il faut réaliser une analyse de ce travail, ou, au minimum, consulter les analyses faites par d’autres.
Pour bien vous documenter au sujet du documentaire La Révélation des Pyramides, nous vous proposons les lectures suivantes :
Un court article qui présente la pyramidologie sur Charlatan.info.
Le Blog d’Irna regorge d’analyses très fouillées sur les thèses du documentaire, sur ses sources et références (ou leur absence), sur le pyramidion ou les multiples pseudonymes derrière lesquels l’internaute Grimault défend le théoricien Grimault.
Le blog du prof de maths, Chez Web, un temps encensé par Grimault himself… jusqu’à ce que ses analyses mettent en évidence que le théoricien était au minimum dans l’erreur, voire dans la manipulation. Vous y trouverez des réflexions méthodiques sur la géométrie de la pyramide, où il montre qu’on peut proposer des hypothèses simples pour expliquer la présence de Pi et Phi dans la pyramide et surtout son dernier article où Web démontre que toutes les coïncidences de Pi, Phi et compagnie dans la pyramide sont un recyclage et un maquillage de trois malheureuses approximations. En d’autres termes : de la poudre aux yeux. Web a d’ailleurs publié une conclusion en dressant une liste synthétique de ce qui cloche chez nos pyramidologues.
Le Blog desillusions.fr a également amorcé une analyse critique du documentaire, à ce jour inachevée, mais qui vaut le détour.
Sous le format vidéo, vous trouverez une critique de la forme prise par le documentaire, proche de la manipulation chez Mr Sam et son émission Fake ?, ainsi qu’un équarrissage en règle chez Le Nettoyeur de Mythes auquel Pooyard et Grimault ont répondu avec une vidéo interminable et hallucinante de puérilité. En audio, le podcast Scepticisme Scientifique a reçu Eric Lowen (association Alderan) pour évoquer « La Révélation de la Foutaise » après quoi J. Grimault a réclamé un débat puis s’est débrouillé pour qu’il n’ait pas lieu.
Les anglophones pourront apprécier cette publication du Smithsonian, le grand musée de Washington, qui règle son compte à l’idée d’un code caché dans les pyramides ou encore cette vidéo « The Pyramids – AA Debunked » qui démonte complètement l’usine à gaz qu’est la série de faux documentaires « Ancient Alien », laquelle brasse les mêmes concepts de LRDP, mais d’une manière un peu plus franche et frontale.
Vous pouvez aussi vous faire une opinion avec des extraits de conférence de jacques Grimault agrémentés d’un minimum de commentaires :
Grimault & la Lune
Mais aussi :
Grimault & Mars :
Grimault & la linguistique :
Grimault & la biologie :
Grimault en scientifique de combat :
Neutralité ?
Vous aurez sans doute noté l’absence de source défendant la thèse du documentaire, ce qui est peut-être regrettable, ou bien révélateur du fait qu’aucun article valable n’a été écrit dans cette optique. Vous pouvez proposer les vôtres.
Nous avons publié la réponse de J Grimault à notre article, vous n’y trouverez malheureusement pas grand chose en terme de faits et de méthode.
Si vous voulez proposer d’autres ressources utiles pour se faire un avis éclairé sur ces histoires, n’hésitez pas à les poster en commentaire.
https://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2016/01/skeptical-dog.jpg400600Acermendaxhttps://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2015/08/menace_theo2-300x145.pngAcermendax2016-01-25 14:51:342016-09-24 16:46:36Ressources critiques au sujet de « La Révélation des Pyramides »
La numérologie est un ensemble de croyances et de pratiques fondées sur l’attribution de propriétés aux nombres. Liée à la gématrie, à l’arithmancie, et à la kabbale, elle appartient à la constellation des pseudosciences de l’hermétisme dont se réclame Jacques Grimault, qui l’appelle la « Science des Anciens ». La manière d’accorder un sens à des dimensions géométriques dans les pyramides, l’idée d’un message crypté dans un édifice relève de cette nébuleuse de croyances qui n’est ni nouvelle ni millénaire, mais a fleuri en Europe vers le 16ème siècle (bien loin du temps des Pyramides).
◊ La thèse du mètre caché.
Résumons la thèse pyramidologique de Funck Hellet (reprise par Grimault) : les bâtisseurs des pyramides connaissent le mètre moderne, et ils l’ont caché dans la Pyramide.
La thèse est pour le moins audacieuse, elle suppose que les bâtisseurs aient brillamment réussi à passer sous le radar des scientifiques et des historiens, exactement comme si, en fait, ils n’avaient jamais existé. Cette thèse permet donc d’interpréter toute absence de preuve comme une preuve en soi. D’un point de vue naïf, on veut bien accepter la conjecture à condition qu’elle apporte des éléments solides. Par exemple, on pourrait admettre comme début de preuve la présence dans la pyramide de nombreuses dimensions en mètre. Est-ce le cas ?
Réponse : Non.
Mais admettons malgré tout un instant qu’existèrent ces Anciens Bâtisseurs qui connaissaient le mètre des milliers d’années avant qu’il soit défini comme la dix-millionième partie du quart du méridien de Paris (et qu’ils aient anticipé on ne sait comment l’erreur de 0,22 mm qui va avec la mesure par Delambre et Méchain !). Admettons qu’ils aient caché cette grandeur étalon dans la Grande Pyramide. Ne doit-on pas s’étonner dès lors que cet édifice ait pour mensurations 146,608 m de hauteur et 230,384 m de largeur selon le pyramidologue Jacques Grimault qui semble croire que donner trois chiffres après la virgule rend sa mesure plus précise, quand en réalité cela démontre qu’elle n’a pas été pensée en mètres. Ces décimales n’ont pour seul but que de lui permettre de justifier que la coudée égyptienne mesurerait exactement 0,5236 m. Je répète, cette valeur de la coudée n’est justifiée que par la « précision » de la mesure de la pyramide qui est elle-même calculée à partir de la valeur présumée de la coudée (puisque personne n’a mesuré la pyramide à un dixième de millimètre près).
Grâce à un raisonnement aussi circulaire, on n’a pas à s’étonner que le théoricien trouve Pi partout où il le souhaite.
Une fois posée cette pétition de principe auto-justifiée, Grimault nous invite à nous extasier devant la grande proximité entre 0,5236 et Pi/6 (=0,523599…). Cependant, arrêtons-nous juste un instant pour donner la parole à un mathématicien avec lequel nous avons évoqué cette affaire :
« Quand j’entends qu’une coudée vaut 0,5236 m, je ne me dis pas que c’est très précis, je me dis que ça tombe pas juste. »
Car la proximité évoquée ci-dessus n’est pas une égalité. Et c’est bien là ce que le théoricien tente de nous faire oublier. Il n’existe pas dans la pyramide de dimension significative : arête, hauteur, coté, largeur ou longueur des couloirs, hauteur des murs, largeur des chambres, du sarcophage, épaisseur des pierres, etc. qui tombe sur une valeur métrique (1 m pile ; 1,50 m, 2 m par exemple). On a toujours de petites ou de grosses poussières derrière la virgule. Les bâtisseurs secrets de Grimault font constamment dans l’à-peu-près, dans le brouillon (alternative : ils n’existent pas, auquel cas aucun reproche n’est à leur faire).
Si tant de théories pseudo-archéologiques ont la Pyramide de Khéops pour point de départ, c’est avec le présupposé qu’elle contient dans ses proportions même la clef d’un mystère. Peut-on y lire la connaissance du mètre actuel, y trouver Pi, Phi et d’autres constantes mathématiques ? Apparemment oui (et tout un tas d’autres choses si on n’a pas peur des approximations). Mais cela en fait-il une pyramide spéciale ?
◊ Une pyramide remarquable ?
Sur son blog, Jim Loy réalise une expérience pour voir s’il peut retrouver des nombres particuliers dans une pyramide quelconque. Il dresse un tableau avec 29 exemples rangés selon le rapport hauteur/largeur, par incrément arbitraire de 0,025 entre 0,300 et 0,975 (Khéops est à 0.636). Pour chaque pyramide ainsi définie, on réalise des opérations simples entre 4 dimensions : la hauteur de la pyramide, le coté de la base carrée (=largeur), son arête et son apothème (droite entre l’apex et le centre du côté de la base).
On voit dans le tableau ci-dessous que toutes les pyramides permettent de faire apparaître des nombres spéciaux, et ce avec une « précision » de 0,01 ou moins. En particulier 13 pyramides « contiennent » Pi, 10 contiennent Phi, 3 contiennent e (le nombre à la base des logarithmes =2.71828…), la constante d’euler (relation entre les logarithmes et la série harmonique 0,57722…) se retrouve dans 2 pyramides. Enfin, 4 des pyramides, dont Khéops, font apparaître 2 de ces nombres.
Rapport hauteur / largeur
Coïncidences
0.300
apothème/largeur = Constante d’Euler
0.325
hauteur/largeur = 1/pi
0.350
apothème/largeur = 1/phi
0.375
apothème/largeur = 1/phi
0.400
hauteur/largeur = phi/4 ; diagonale de la base/hauteur = pi/11
0.425
hauteur/diagonale de la base = 1/Racine de 11 [Très précis]
0.450
diagonale de la base/hauteur = pi
0.475
diagonale de la base/hauteur = pi [très précis]
0.500
apothème/hauteur = Racine de 2 [exacte]
0.525
hauteur/largeur = pi/6
0.550
apothème/hauteur = e/2
0.575
hauteur/diagonale de la base = phi/4
0.600
hauteur/diagonale de la base = phi/4 ; apothème/base = pi/4
0.625
hauteur/largeur = 1/phi
Kheops (0.636)
largeur/hauteur = pi/2 ; apothème/largeur = phi/2
0.650
apothème/hauteur = Racine de phi
0.675
Arête/largeur = pi/2
0.700
Arête /largeur = pi/2
0.725
apothème/largeur = 8/9*
0.750
apothème/largeur = e/3
0.775
Arête /largeur = phi
0.800
Arête/largeur = phi ; apothème/hauteur = Racine de Pi
0.825
hauteur/diagonale de la base = Constante d’Euler
0.850
Arête/largeur = Racine de e
0.875
Arête/hauteur = phi
0.900
diagonale de la base/hauteur = pi/2
0.925
apothème/largeur = pi/3
0.950
largeur/hauteur = pi/3
0.975
apothème/hauteur = Racine de phi
NB : 8/9 est considéré comme un nombre spécial, car on a des raisons de penser que les Égyptiens réalisaient l’estimation de la surface d’un cercle en utilisant un carré dont le coté est égal à 8/9 de son diamètre (cela permet d’obtenir une valeur de Pi de 3,16049…)
Qu’en conclure ?
Que ce n’est pas un exploit de trouver tous ces chiffres dans n’importe quelle pyramide. Il suffit de mouliner suffisamment de mensurations dans suffisamment de petites opérations. Calculez, calculez, il en sortira toujours quelque chose !
◊ Les distances entre les sites (équateur penché).
Selon La Révélation des Pyramides, les plus grands sites archéologiques de la planète sont alignés et les distances qui les séparent font apparaître des relations en lien avec le nombre d’or…
L’internaute ontologiae a réalisé une belle démonstration sur le forum de La Révélation des Pyramides en posant la question : les occurrences de Pi, Phi et autres nombres considérés comme particuliers sont-elles plus nombreuses dans les relations des distances entre les sites de l’équateur penché 30° que dans un échantillon de sites pris au hasard à la surface de la Terre ?
Il pose alpha=distance(a,b)/distance(c,d). Selon Grimault, ce nombre alpha est souvent égal (ou proche) de Pi, Phi, Phi² etc. La thèse repose intégralement sur l’idée que cela arrive trop souvent pour être dû au hasard. Encore faut-il le tester, ce que ne fait pas le film. Ontologiae va le faire en réalisant une expérience avec un échantillon de 1800 sites répartis au hasard sur Terre.
« Soit N un nombre Phi, π, e ou un de ces multiples, je cherche (N – N*0,005) < alpha < (N + N*0,005). En moyenne, j’observe que les nombres basés sur Phi, π et e et leurs multiples constituent 1,49% de la totalité des rapports de distance possibles sur l’ensemble des échantillons « hasard ». »
Avec les sites de l’équateur penché, le calcul donne 1,52%, c’est-à-dire un nombre qui n’est pas significativement différent de que donnerait le hasard.
Et de conclure : « Donc pour moi, cette affirmation de LRDP ne prouve rien, vu que statistiquement, en prenant n’importe quel point sur Terre, on trouvera forcément certains rapports de distance égaux à Phi. »
Pour vérifier ou refaire des calculs de ce genre, vous pouvez utiliser le code qui est ici avec la base PostgreSQL, et l’extension PostGis.
Une image étant souvent plus édifiante, voici ci-dessous 137 points disposés au hasard, parmi lesquels on a tracé des alignements de 4 points… On a pu en faire 80 ! Imaginer le nombre d’alignements potentiels entre les milliers de sites archéologiques à la surface du globe !
Gare à l’intimidation par les maths ! Dans la grande pyramide, admettons qu’il y ait une valeur remarquable, la pente de 14/11, proche de racine de Phi. C’est remarquable ce ratio, mais on peut lui trouver une cause historique simple et cohérente en regardant chronologiquement la pente des pyramides qui se succèdent en Egypte, c’est ce que montre ce billet du blog Chez Web. En raison de la pente des pyramides qui l’ont précédée et du système d’unité de l’époque, ce ratio 14/11 ne sort pas de nulle part, et il n’a pas besoin d’être expliqué par sa proximité (et non égalité) avec le nombre d’or.
Les autres nombres relevés par les pyramidologues sont des conséquences purement mathématiques de cette pente de 14/11. Une fois donnée la pente, il suffit d’ajouter UNE dimension : la hauteur ou le coté de la base ou bien l’arête, et toutes les autres valeurs sont immédiatement fixées. Cela veut dire que les bâtisseurs, aussi sages et puissants qu’ils furent, ne pouvaient pas choisir plus d’une relation particulière (parce que c’est comme ça les maths). Autour de cette relation s’installe automatiquement tout un cortège d’autres relations, particulières ou non, à partir desquelles un numérologue zélé parviendra toujours à isoler un chiffre auquel donner une interprétation en adéquation avec une idée préconçue. La preuve, nous pouvons choisir de conclure avec l’éminent astronome royal écossais Piazzi Smyth qui dit que ce n’est pas le mètre qui est caché dans l’édifice, mais le pouce anglo-saxon (Smyth détestait le système métrique). Quand une méthode donne deux résultats différents et incompatibles, c’est qu’il y a comme un souci.
Sur la difficulté de juger ce qui est banal ou ne l’est pas, consultez cet excellent article de Eljj, qui vous montre qu’un triangle quelconque, ce n’est pas si courant que ça, et partant… que ce n’est pas si quelconque au sens usuel du terme.
◊ Illusion statistique & apophénie.
Si des discours se construisent autour de trames narratives aussi intrigantes et mystérieuses, c’est – paradoxalement peut-être – à cause du besoin de cohérence, de sens, de causalité qui anime l’esprit humain. Notre cerveau déteste le hasard, ce traître dans lequel se cachent parfois des phénomènes complexes, élusifs, que nous ne savons pas voir, mais que nous ne voulons pas louper. Le truc c’est que le hasard existe. Mais surtout, certaines propriétés du monde réel impliquent qu’un ensemble de facteurs X va entrainer des conséquences sans que nous percevions le lien qui existe entre eux. Ce déterminisme caché peut faire apparaître d’étranges coïncidences, comme expliqué dans ce billet. Et nous devons faire attention à notre propension à voir du signal là où il n’y a que du bruit. Quand nous voyons un visage dans les nuages ou sur un toast, quand nous entendons un message secret dans une chanson passée à l’envers, quand nous sommes frappés par la synchronicité d’événements indépendants, nous sommes dans le domaine de l’apophénie, un phénomène fascinant sur lequel j’ai écrit cet article sur le blog Cygnification.
La numérologie appliquée aux pyramides et aux sites archéologiques, pour prétendre produire des connaissances, doit d’abord faire la démonstration que les « faits » qu’elle manipule ne sont pas complètement explicables par ce phénomène d’apophénie, tellement simple, courant, banal, qu’il demeure la meilleure explication jusqu’à preuve du contraire.
La charge de la preuve revient aux pyramidologues, et ils le savent… Et pourtant Jacques Grimault persiste à demander à ce que les autres fassent le travail (voir l’interview qu’il nous a donnée).
https://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2016/01/pyramide-axe.jpg240600Acermendaxhttps://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2015/08/menace_theo2-300x145.pngAcermendax2016-01-21 20:02:562016-09-24 16:52:36Pyramides et Numérologie
Le film La Révélation des Pyramides est l’opus principal de l’oeuvre de Jacques Grimault et Patrice Pooyard. La thèse de Grimault serait rédigée dans le livre qui porte le même nom que le film mais que personne qui ne soit pas dans l’entourage de son auteur ne semble avoir jamais eu entre les mains. Il est difficile de critiquer le contenu d’une thèse qui ne se présente publiquement qu’au travers d’un documentaire qui ne serait qu’une « introduction ». On peut néanmoins en avoir des aperçus dans d’autres vidéos disponibles sur Internet, notamment des conférences.
L’origine de ces découvertes
Quand Jacques Grimault présente « ses découvertes », à l’en croire, il est le premier à déchiffrer ce que les anciens bâtisseurs ont codé dans les sites archéologiques. Mais doit-on prendre cela pour argent comptant ? En fouillant un peu l’histoire, on se rend compte que le scénario défendu par JG est le résultat des conjectures et pseudo-théories de quelques personnages publics au cours des 5 derniers siècles. Ne citons ici que les principaux théoriciens qui ont eu sur les pyramides et l’histoire du monde des idées assez similaires à ce que raconte JG.
Les théoriciens du passé.
En 1646, John Greaves (1602-1652), qui fut le premier occidental à étudier avec minutie les pyramides de Gizeh, écrivait Pyramidographia, puis « The Origin and Antiquity of Our English Weights and Measures Discover’d By Their Near Agreement with Such Standards that are Now Found in One of the Egyptian Pyramids ». Autrement dit : De l’origine et de l’antiquité de nos poids et mesures anglais découvertes par leur similitude avec des standards équivalents retrouvés dans l’une des pyramides d’Égypte. Ça nous rappelle quelque chose…
Godfrey Higgins (1772-1833) historien et antiquaire anglais. Il estime que les traits communs aux grandes religions et grands mythes du monde doivent avoir pour origine une ancienne civilisation, celle de l’Atlantide. Ses écrits seront exploités par Blavatsky…
Edward King Kingsborough (1795-1837), un écossais, se convainc que les peuples précolombiens sont l’une des tribus perdues d’Israël. L’une de ses preuves est la pratique par ces peuples du sacrifice rituel, similaire à celui d’Isaac par Abraham.
John Taylor (1781–1864), un autre anglais, écrit deux siècles plus tard « La Grande Pyramide ; pourquoi fut-elle bâtie et qui l’a bâtie ? » Dans ce livre de 1859, il explique que la pyramide a été construite par Noé sur les instructions de Dieu. La coudée biblique mesurait précisément 25 pouces, et les britanniques étaient l’une des tribus perdues d’Israël. Si on résume : les Pyramides ont été bâties par les premiers britanniques, qui étaient juifs.
Charles Piazzi Smyth (1819-1900), astronome royal d’Ecosse, prolonge le travail de Taylor. Il établit que le pouce pyramidal vaut 1,001 pouce anglais. Quand, en Egypte, il trouve incrusté dans une pierre le patron d’un maçon et déclare qu’il s’agit de l’étalon divin qu’il recherchait, il estime sa théorie prouvée. Il milite pour la supériorité du système des poids et mesures anglais sur le satané système métrique français (celui-là même qui est au cœur du scénario de Grimault) dans son livre « Notre héritage dans la Grande Pyramide : avec les plus importantes découverte à ce jour » (1874). On estime qu’il a eu un rôle non négligeable dans le rejet du système métrique par les anglo-saxons.
Dans ce livre de 600 pages rempli de calculs à partir des dimensions de la pyramide, il obtient la densité de la Terre, sa population, les détails de son histoire (débutée en -4004) et notamment la date de la fin du monde, qu’il actualisa quatre fois, et un tas d’autres choses qui le rendirent très heureux. Et puis un jour l’un de ses jeunes admirateurs fit le voyage avec du matériel de précision pour confirmer les travaux de Smyth… et mit en évidence bien malgré lui que les chiffres étaient largement faux. Le jeune homme, William Matthew Flinders Petrie, resta sur place et devint l’un des fondateurs de l’égyptologie scientifique.
Jean-Frédéric Maximilien de Waldeck (1766-1875), est un antiquaire français qui voyait des éléphants dans les hiéroglyphes mayas, et pour qui ces animaux avaient servi à construire les « pyramides » mexicaines — qu’on a longtemps appelée des temples avant d’opter pour le mot pyramides. Détail amusant : Waldeck vendra des pages de codex à Eugène Boban, connu pour avoir participé à la vente des Crânes de Cristal.
Charles Etienne Brasseur de Bourbourg (1814-1874), pionnier de l’archéologie précolombienne, réussit la première traduction d’un codex maya, le codex Troano (plus tard assemblé à une seconde partie pour former le Tro-Cortesianus). Malheureusement c’est une traduction totalement erronée, mais elle permet quand même à Brasseur de faire apparaître le nom du continent Mu dans ce codex, ce qui fera l’affaire des quêteurs d’Atlantide. Dans les références de ses ouvrages, on retrouve John Taylor.
Charles Etienne Brasseur de Bourbourg
Augustus Le Plongeon
Augustus Le Plongeon (1825-1908) Photographe et antiquaire britannique, il critiqua beaucoup les « archéologues de bureau » qui estimaient la civilisation Maya plus récente que la civilisation Egyptienne. Le Plongeon n’est pas de cet avis, car pour lui le Yucatan est le berceau de la civilisation humaine, et la Franc-Maçonnerie trouve ses origines dans la culture maya ancienne, par l’intermédiaire de l’Atlantide. Il réalise lui aussi une traduction du codex Troano, jugée très imaginative, où il trouve une description de la destruction de l’Atlantide. Ses travaux vont inspirer Ignatius Donnelly.
William Henry Black (1808–1872), donne une conférence en 1870 où il suppose qu’entre « les monuments existe un marquage fait de lignes géométriques qui couvrent l’ensemble de l’Europe occidentale ».
Ignatius L. Donnelly (1831-1901) est un homme politique américain versé dans les pseudosciences. En 1882 il publie « Le monde antédiluvien » qui inaugure toute une littérature sur l’idée que le déluge coïncide avec la destruction de l’Atlantide, et le mayanisme qui fait le lien entre le continent perdu et les civilisations précolombiennes qui seraient à la source de la civilisation égyptienne (l’erreur chronologique est dramatique, mais à l’époque on s’en offusquait peu en dehors des cercles scientifiques). Parmi ses sources, on retrouve Brasseur de Bourbourg et Le Plongeon. Il publie un autre livre qui explique que le déluge fut causé par une comète frôlant la Terre.
Ignatius L. Donnelly
Héléna Blavatsky (1831-1891) est une occultiste d’origine russe et aristocratique. Parmi ses nombreuses déclarations sur le cosmos, elle annonce que du continent perdu de Lémurie ne subsiste actuellement que l’Australie et l’Ile de Rapa Nui (île de Pâques) — qui ne sont pas sur la même plaque tectonique, mais enfin bon—, les Lémures étaient purs esprits, mais plus tard sont arrivés les Atlantes, dont certains avaient des pouvoirs psychiques tandis que d’autres étaient des géants (qui ont bâti Stonehenge). En couchant avec des animaux, ils ont donné naissance aux chimpanzés et aux gorilles. Après la perte de l’Atlantide sont arrivés les Aryens. Idolâtrée par certains, Blavatsky est à l’origine d’une religion New Age, la théosophie. Toutes les critiques des sceptiques sur ses impostures et nombreux plagiats étaient balayées par ses admirateurs à l’aide d’une formule toute faite « toute atteinte à sa réputation est un signe de grâce, les stigmates que portent tous les grands martyrs. »
Rudolf Steiner (1861-1925) est un écrivain et philosophe allemand. Il est théosophe avant de s’écarter de cette mouvance ésotérique pour inventer la sienne : l’anthroposophie qui parle de réincarnation et de karma. En 1904 il publie une histoire du cosmos qui mentionne les continents perdus de Lémurie et Atlantide[1].
Rudolf Steiner
Alfred Watkins
Alfred Watkins (1855-1935) est un photographe, inventeur et essayiste britannique. Dans son livre Early British Trackways de 1922, il théorise le phénomène d’alignement de sites, qu’il nomme des Ley lines sans aucune connotation ésotérique, énergétique ou magique.
En 1923, l’abbé Théophile Moreux (1867-1954), directeur de l’observatoire de Bourges, publie « La science mystérieuse des Pharaons » où il note, entre autres choses, que le méridien passant par la grande pyramide sépare les terres émergées de la planète en deux surfaces égales, faisant de Gizeh le « point central » de la Terre. Cela n’a pas beaucoup de sens, comme expliqué ici. Il tire cette idée des écrits de Piazzi Smyth.
James Churchward
James Churchward (1851-1936) est un occultiste britannique qui a écrit sur le continent Mu au sujet duquel il s’entretient avec Augustus Le Plongeon dans les années 1890. Il estime prouver son existence dans un livre publié en 1926. Si on le croit, il a acquis cette connaissance en voyageant en Inde où il a appris une langue morte parlée par seulement trois personnes. Il eut ainsi accès à des tablettes écrites dans cette langue et gardées secrètes. Dans ses ouvrages, il décrit l’histoire de Mu, le véritable berceau de l’humanité où se trouvait le jardin d’Eden, et ses soixante-quatre millions d’habitants, les Naacals (« les exaltés » un nom qui vient directement de… Le Plongeon). Cette civilisation vécut 50.000 ans avant de s’éteindre.
En 1936, l’occultiste Dion Fortune publie The Goat-Foot God, roman dans lequel les ley lines d’Alfred Watkins deviennent des lignes de force reliant des sites préhistoriques.
Arthur Posnansky
Arthur Posnansky (1873-1946) Ingénieur, explorateur, directeur de musée et archéologue amateur. Il a longuement étudié en Bolivie et a conclu que Tiwanaku est le berceau des civilisations américaines, et qu’elle fut construite il y a plus de 12.000 ans. L’argument principal est astro-archéologique : l’orientation des portes et piliers est alignée avec la position des équinoxes qui se produisaient à cette période, ce qui n’est valable qu’à la condition de penser que c’était bien là leur rôle (argument circulaire)… sans compter que les ruines de Tiwanaku ont été ravagées par les espagnols, on ignore si des pierres se trouvent encore à leur emplacement original. On voit que ces idées ne reposent pas sur rien, mais que ces arguments laissent une vaste place à l’interprétation et au biais de confirmation. Ces conclusions n’ont jamais été soutenues par la communauté scientifique.
Edgar Cayce (1877-1945) est un mystique américain qui pouvait entrer en transe et disait avoir accès aux annales akashiques. Il a révélé grâce à cette science infuse que l’Atlantide a existé pendant quarante mille ans avant d’être détruite, et que ce sont les descendants des Atlantes qui ont construit les pyramides de Gizeh et d’Amérique. Il a prédit de profonds changements sur Terre suite à l’inversion des pôles magnétiques censée survenir dans les années 1930, puis 1960 ou 1990… Dans une vie antérieure il fut un prêtre égyptien, de là peut-être tirait-il la certitude que les Atlantes avaient caché des enregistrements dans une salle secrète sous le Sphinx de Gizeh.
Edgar Cayce
Immanuel Velikovsky
Immanuel Velikovsky (1895-1979) est un pseudo-historien et psychanalyste russe. Il défend l’idée que le passé de la Terre est rempli de catastrophes astronomiques. Vénus aurait émergé de Jupiter sous forme de comète (oui, comme dans la mythologie) et son passage près de la Terre aurait fait basculer son axe de rotation 1450 ans avant notre ère, causant l’ouverture de la mer rouge. Un peu plus tard la planète a retrouvé son axe, mais Mars a également fait des siennes ensuite. Par de semblables phénomènes Velikovsky pense ainsi pouvoir expliquer le déluge, la Tour de Babel, Sodome et Gomorrhe, etc. Devant les démentis formels des modèles astronomiques à ce scénario, Velikovsky a inventé l’idée que des forces électromagnétiques pouvaient affecter les orbites planétaires.
Charles Funck Hellet, médecin, dans son livre « La Bible et la grande pyramide », paru en 1956 soutient l’idée que la coudée royale vaut 0,5236 m. Dès lors le mètre serait égal au diamètre d’un cercle de circonférence 6 coudées avec une erreur relative inférieure à 2,5.10– 6… à condition que la coudée ait bien cette valeur, ce qui est une hypothèse non prouvée. Il est le premier à relier ainsi Pi, la coudée et le mètre, dès un article de 1952[2].
René Schwaller de Lubicz (1887-1961) Chimiste français, également métaphysicien, hermétiste et alchimiste, il publie en 1957 « Le Temple de l’Homme » où il démontre avec des calculs faisant intervenir le nombre d’or que la culture égyptienne antique est fondée sur une géométrie sacrée.
Charles Hapgood[3] (1904 – 1982) universitaire américain, il enseigne l’histoire. Il est un grand défenseur de la théorie du changement des pôles. En 1955 il publie un ouvrage préfacé par Albert Einstein (!) « The Earth’s Shifting Crust » où il dit que la croûte terrestre a glissé à de nombreuses reprises sur le magma au cours de l’histoire, une hypothèse qui n’a guère de défenseurs dans le monde académique et qui n’est plus du tout cohérente avec les connaissances en géologie. Partisan de l’authenticité de la carte de Piri Reis, il estime qu’une partie de l’Antarctique était libre des glaces il y a 9600 ans à cause d’un basculement de 15° des pôles, thèse qui sera reprise par Graham Hancock.
Charles Hapgood
1960 : Sortie du « Matin des Magiciens« , de Pauwels et Bergier, livre qui repose sur l’idée qu’il existe des connaissances gardées secrètes, probablement héritées d’anciennes civilisations extraterrestres. L’ouvrage dénonce le « scientisme » et défend l’occultisme et l’alchimie, et l’idée que l’humain est amené à développer des facultés psychiques paranormales. Le livre qui évoque notamment les lignes de Nazca mêle allègrement fiction et réalité de l’aveu même des auteurs.
Hugh Auchincloss Brown (1879 1975) est un ingénieur. Dans son livre « Cataclysm of the Earth » (1967) il défend une théorie similaire à celle de Hapgood. Pour lui le basculement des pôles a une régularité de 4000 à 7500 ans. Pour empêcher un basculement qu’il pense imminent (et dangereux), le monsieur propose l’utilisation de l’arme nucléaire pour briser les calottes glaciaires afin d’empêcher que leur poids ne fasse glisser la croûte sur le manteau terrestre…
Hugh Auchincloss Brown
Robert Charroux (1909-1978). Journaliste français et aventurier, qui publie en 1963 « Histoire inconnue des hommes depuis cent mille ans « , où il compile des idées préalables et donne corps à la « Théorie des Anciens Astronautes », ou néo-évhémérisme. Au cours de ses voyages sur les sites archéologiques du monde entier, il se convainc qu’il est le premier à déchiffrer une « vérité historique fantastique, cachée à l’humanité par la science officielle ». Il théorise l’existence des Hyperboréens puis des Atlantes, qui seraient leurs descendants.
Charroux soutient l’authenticité des pierres d’Ica et il est volontiers conspirationniste : « L’histoire authentique des civilisations est interdite. Des conjurations puissantes veillent sur la stricte observance d’une version altérée qui seule a le droit d’être exprimée. (…) Notre histoire sociale et religieuse est trafiquée depuis des millénaires… depuis que les Égyptiens, oubliant ou voulant oublier les vérités transmises par leurs ancêtres, s’octroyèrent le titre d’Initiateurs premiers et de premiers hommes de notre planète » (p. 19). » (Le Livre des Maîtres du Monde)
Robert Charroux
« Les vrais initiateurs ce sont les anges de la Bible, des extraterrestres en fait, venus s’installer sur terre bien avant le déluge, formant une petite communauté d’Hyperboréens qui allaient donner naissance aux Atlantes et aux habitants de la Terre de Mu. Le déluge (ou la guerre atomique entre Mu et l’Atlantide) devait détruire toutes ces civilisations, ne laissant sur les hauts plateaux qu’un petit nombre de rescapés. C’est il y a cinq mille ans qu’un second groupe d’extraterrestres originaires de Vénus venait civiliser les humains qui, du Pérou au Tibet, avaient tant bien que mal réussi à survivre. »
François Dupuy-Pacherand (1905-1998), urbaniste, entre dans l’association Atlantis en 1958 et publie dans la revue de l’association 54 articles dans lesquels il met en évidence Pi, Phi, Phi² etc. Reprenant les thèses de Funck Hellet, il approfondit les liens entre la coudée et le mètre, et met en évidence, par exemple la présence de la durée de la précession des équinoxes partout sur le plateau de Gizeh. Les personnes d’Atlantis qui l’ont bien connu affirment que Jacques Grimault s’est inspiré des travaux de François Dupuy-Pacherand et non le contraire comme il l’affirme.
Francis Mazière (1924-1994) ethnologue et archéologue français, spécialiste de l’Amazonie. En 1965 il est l’auteur d’un livre dans la veine du réalisme fantastique du Matin des Magiciens : « Fantastique île de Pâques. »
En 1968, dans l’émission télévisée suisse Cap sur l’aventure, il donne une conférence[4] où il dit que la civilisation de l’ile de Pâques « a certainement été détruite en quelques heures à une certaine époque de la vie terrestre. » Puis il dit que les sept statues sacrées de l’île sont situées sur un point géodésique très précis « où passait autrefois l’équateur magnétique, l’ancien axe de rotation de la terre en réalité. Vous remarquerez que toutes les fusées spatiales (…) ne passent jamais sur l’équateur mais sur l’équateur magnétique. Elles suivent un champ magnétique terrestre extraordinaire (…) Certaines choses importantes sur toute cette ligne du magnétisme terrestre ont été construites dans le monde. Je pensais pas vous le dire, pis c’est parti. »
Francis Mazière
Il ne précise pas d’où lui vient cette idée, mais il considère que les dolmens ont été réalisés par la même civilisation, « dix millénaires avant le Christ ». Il dit sans cesse que tout cela est « grave », voire « très très grave » car « On vit dans un monde dans lequel certaines choses ne doivent pas être dites », et il évoque le lien entre les civilisations anciennes et des « hommes qui volent dans l’espace » tout en refusant d’en dire plus. Pour lui « les statues ont été levées en utilisant les courants telluriques qui sont très importants sur l’île de Pâques » et elles regardent vers des points précis du globe : des « haut lieux ». « Quand vous voyez qu’un monument regarde dans la direction disons des Pyramides ou de Lhassa au Tibet ou d’autres endroits très graves comme Stonehenge, il y a quelque chose d’intéressant, voyez. » Et il dit faire des recherches sur la « civilisation mégalithique dans le monde, l’une des premières avant le déluge. »
Les contemporains
Joseph Davidovits
Joseph Davidovits (1935-) chimiste français. Il invente le concept de géopolymères, et il affirme que cette technique a été utilisée pour la construction des pyramides : les blocs de calcaire ne seraient pas taillés, mais… moulés. Hypothèse rejetée par la science. Il est par ailleurs féru d’archéomanie et tente de démontrer que « la Bible avait raison », titre de son ouvrage en deux tomes.
En 1966, les astronomes Carl Sagan et Iosif S. Shklovskii écrivent Intelligent Life in the Universe, où ils évoquent la possibilité d’un paléocontact, entre des extraterrestres et l’espèce humaine. Ils citent notamment la divinité sumérienne Oannes, sortie des eaux pour apprendre aux hommes l’agriculture, les mathématiques, et dont les légendes correspondent à ce qu’on pourrait attendre des répercussions d’un tel contact. Ils concluent néanmoins qu’une telle hypothèse est extrêmement spéculative et que le paléocontact est au mieux improbable. On estime parfois que cet ouvrage a été la source d’inspiration de von Däniken pour son livre de 1968.
Erich von Däniken (1935 – )[5] gérant en hôtellerie suisse, auteur du best-seller « Le chariot des dieux » en 1968. Il reprend la théorie des Anciens Astronautes et la rend populaire dans le monde entier. Selon lui les divinités de l’histoire humaine sont en fait des êtres extraterrestres qui ont profondément influencé nos ancêtres. Condamné pour fraude, von Däniken passe un an en prison en 1970 où il écrit son deuxième livre (Gods from outer space). Dans son travail exempt de rigueur et enclin aux inventions (visite d’une grotte remplie d’or qu’il a ensuite reconnu n’avoir pas visitée), il est le premier à mettre en avant les lignes de Nazca comme des pistes d’atterrissage.
Erich von Däniken
Au sujet de la pyramide de Khéops, il dit que sa hauteur (146 mètres) est égale à un milliardième de la distance Terre-Soleil (149 597 870 km), une approximation assez grossière qu’il utilise pour dire que cette relation était intentionnelle dans la construction de l’édifice (quel dommage que les bâtisseurs n’aient pas ajouté 3 mètres à la pyramide pour affiner ce résultat…). Il a aussi soutenu l’idée que les pyramides de Gizeh venaient de nulle part, que rien de semblable ne les avait précédées, alors que de nombreuses pyramides plus anciennes sont connues en Egypte. Pour certains sceptiques, la théorie de von Däniken serait fortement inspirée par l’œuvre de Lovecraft[6]. Ses travaux ont donné lieu à la fameuse série « Ancient Aliens », connue pour son mépris total de la rigueur scientifique dans la manière de présenter des scénarios pseudo-historiques.
Guy-Claude Mouny
Guy-Claude Mouny, (1930-2007) colonel de réserve. Sur la fin de sa vie, il devient un écrivain ésotérique et traite de : la géométrie des pyramides de Guizeh, l’existence d’une haute-technologie en Égypte ancienne, le visage et les pyramides de la planète Mars, l’énigme de Rennes-le-Château, les carrés magiques… Son livre « Le grand Secret des pyramides de Guizeh » (1992) propose que les trois pyramides et le Sphinx ne sont pas agencés n’importe comment, mais forment un ensemble géométrique d’une grande sophistication. La Grande Pyramide serait donc la balise des archives de l’Atlantide cachée sous le Sphinx.
L’archéomane Didier Coilhac (qui sait que l’Arche d’Alliance est cachée en France, à Feigneux, c’est officiel depuis 2014, comme ça vous savez) témoigne sur les relations entre Grimault et Mouny, qui se connaissaient : « Je m’inscris cependant en faux contre l’affirmation réductrice de Mr Grimault selon laquelle il aurait « informé » ou « renseigné » Mr Mouny pendant des années. »[7]
Robert Bauval (1948-), ingénieur belge, est l’auteur en 1994 de la théorie selon laquelle l’alignement des trois pyramides de Gizeh reproduirait la ceinture d’Orion (la constellation), pas comme elle se présente actuellement mais telle qu’elle était il y a 10 500 ans. Problème : l’angle des deux plus grandes pyramides avec l’axe nord-sud fait 45°, celui des deux principales étoiles du baudrier est de 54°, la différence est considérable, et on sait que les Égyptiens étaient en mesure d’être beaucoup plus précis que cela s’ils l’avaient voulu. Bauval collabore avec Graham Hancock sur certains ouvrages
Graham Hancock (1950- )[8], journaliste et pseudo-archéologue britannique, grand défenseur de l’idée d’une Culture Mère à l’origine de toutes les civilisations actuelles : les Atlantes. Ses premiers écrits sur le sujet datent de 1992. Il reprend les déclarations des archéomanes qui l’ont précédé, notamment Posnansky. Sa thèse : l’Atlantide se trouve sur l’Antarctique qui était dans une région bien plus chaude il y a 12.000 ans (comme le ‘prouverait’ la carte de Piri Reis). Problème, le continent polaire a accumulé plus de 3 km de glace par endroits, et les glaciologues assurent qu’il se trouve sous les glaces depuis au moins 800.000 ans. Qu’à cela ne tienne, Hancock abandonne l’Antarctique car l’Atlantide est en fait sous l’eau, c’est évident. Et il choisit la structure sous-marine de Yonaguni[9] que les géologues, après une controverse de quelques années, considèrent comme une formation entièrement naturelle. Hancock n’est pas convaincu par ce consensus scientifique, pas plus qu’il ne l’est sur celui concernant l’âge du Sphinx de Gizeh, car pour lui il a plus de 10.000 ans.
Jim Alison, qui collabore régulièrement avec Hancock expose en 2001 la thèse de l’équateur penché avec une liste de 17 sites alignés, que l’on retrouve parmi les 20 sites de LRDP. Il va plus loin car avec chacun de ces sites, il peut construire un second équateur penché avec là encore un alignement de sites ; il s’amuse même à aligner entre eux des sites non présents sur l’équateur 30° comme Luxor et Palenque. Évidemment la chose est statistiquement aisée. Comme sources, il cite quelques ouvrages « Global Sacred Alignments » de Terry Walsh (1993), « When the sky fell » (1995) de Rand Flem-Ath , « The Atlantis blueprint » (2002) de ce dernier et Colin Wilson, et « The Gods, Gemini, and the Great Pyramid » (1998) de Jim Bowles. Autant d’ouvrages qui montrent que la thèse de l’équateur penchée est très largement partagée dans le petit monde de la pseudo-archéologie.
Graham Hancock
Robert Bauval
Et puis enfin…
Jacques Grimault (1954-) arrive après tous ces gens qui n’ont jamais réussi à convaincre la communauté scientifique ni à publier des articles de recherche démontrant la validité de leurs scénarios. On observe bien comment le récit de l’Atlantide n’apparaît pas comme une ancienne tradition, mais comme une forgerie qui prend peu à peu forme au 19ème siècle, une légende en construction au fil des œuvres, des discours, des générations : une origine mystérieuse aux pyramides, un alignement de sites, un équateur penché à 30°, le codage du mètre dans la coudée égyptienne, une prophétie de fin du monde…
Grimault commence ses lectures publiques dans les années 1990. En 1998, il prend contact avec Patrice Pooyard pour réaliser LRDP, c’est-à-dire juste après la mort de son maître François Dupuy-Pacherand dont le nom n’est jamais cité dans ses travaux. Aucun de ses ouvrages n’est disponible en librairie. Il vend des livrets et des conférences, y compris dans des « repas ufologiques »**. Il ne semble rien apporter de neuf en termes de méthode, de résultat, ou de scénario. L’essentiel de ce dont il parle se retrouve dans les écrits des personnes listées ci-dessus.
** Edit : La conférence à laquelle nous faisons allusion (Rouen 2015) n’était en fait pas organisée par l’association « Les Repas Ufologiques » mais par « Freedom UFO ».
https://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2016/01/pyramid-tunnel-1.jpg13822074Acermendaxhttps://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2015/08/menace_theo2-300x145.pngAcermendax2016-01-14 23:26:042021-12-04 20:24:49Origines des thèses de « Pyramidologie »
Un minuscule billet inspiré de l’excellent travail de Géraldine Fabre, disponible sur le site zetetique.fr.
Vingt et un grammes ?
Tout le monde ou presque a entendu l’idée que l’âme pèse 21 g. C’est frappant, incongru, et suffisamment répété pour qu’on se dise que ça peut être vrai, d’autant plus quand on apprend que le docteur McDougall l’a prouvé dans une publication scientifique de 1907.
L’expérience de McDougall
Comment ce scientifique du siècle dernier s’y est-il donc pris ? Il a placé une balance sous le lit de malades sur le point de mourir et a mesure la différence de masse au moment de la mort. On ignore comment il a su déterminer avec précision ce passage de vie à trépas, vu que les travaux les plus récents montrent que mourir est un processus graduel, le corps prend du temps pour mourir, et il peut être réanimé et donc revenir à la vie jusqu’au moment où le processus devient irréversible et où le corps et en particulier le cerveau perd ses facultés…
Mais passons outre cette gigantesque difficulté et admettons que la mesure de la masse du patient a bien pu être réalisée à l’exact moment de la mort même si cela ne veut pas dire grand chose. À partir de là, posons-nous quelques questions :
1 — Combien de sujets McDougall a-t-il pesés ?
6
2— Combien de mesures a-t-il retenues ?
4
3 — Quelles étaient les différences de masse observées ?
21,26 g ; 45,76 g ; 70,87 g et 10,63 g (sachant que dans un cas la masse a été reprise ensuite, et que deux autres ont encore perdu de la masse peu après…)
4 — Pourquoi a-t-il retenu 21 g ?
Mystère !
5 — McDougall a-t-il travaillé sur des animaux pour comparer ?
Oui, il a sacrifié une quinzaine de chiens et mesuré leur variation de masse… Il en a conclu que les chiens n’ont pas d’âme.
6 — A-t-on confirmé ces résultats ?
Non. L’expérience n’a jamais été renouvelée depuis cent neuf ans. On a bien fait une étude assez similaire pour voir si on observait un changement de masse lors des voyages astraux (quand l’âme est censée quitter le corps, mais de manière momentanée), mais apparemment on n’a rien trouvé [1].
Moralité ?
À partir d’un échantillonnage de 4 valeurs présentant une variabilité du simple à l’heptuple (c’est-à-dire un échantillonnage « dégueulasse » en jargon scientifique) le Dr McDougall a retenu la valeur de 21g qui n’est même pas proche de la valeur moyenne de 37.13 g. C’est à n’y rien comprendre. Il n’a pas cherché ou pas réussi à confirmer ces résultats plus avant, et il a visiblement peu de considération pour la gent canine. L’âme serait l’apanage de l’être humain.
Preuve est faite que l’on peut faire de la très mauvaise science et passer à la postérité. Merci, Dr McDougall.
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Références
[2] Morris, R. L., S. B. Harary, J. Janis, J. Hartwell, and W. G. Roll. 1978. Studies of communication during out-of-body experiences. Journal of the Society for Psychical Research, 72:1-22.
Cet article invité nous a été proposé par l’une des personnes derrière l’excellent blog La Théière Cosmique suite à une intéressante discussion sur les réseaux sociaux. Les pages de la Menace Théoriste ont vocation à être utilisées par tous les sceptiques qui ont des choses à dire…
Mise au point sur des notions fondamentales pour la compréhension de la valeur des résultats scientifiques publiés. (~1700 mots / 8 minutes)
La vision populaire de la science est souvent fantasmée, et influencée par la place qu’elle occupe dans les produits culturels que nous consommons.
L’anecdote et l’observation ponctuelle n’étant pas des moyens satisfaisants de décrire la réalité, on emploie préférablement, à propos de tout thème, la méthode scientifique. Celles et ceux à qui on demande de l’appliquer sont les scientifiques de tous horizons, dont on attend des travaux nombreux et répondant au nombre croissant de questions que l’on se pose à propos de ce qui nous entoure, de ce que l’on respire et ce que l’on mange, ou encore de ce qu’il se trame sur de lointaines planètes. Ces chercheurs dédient leur carrière à répondre aux questions qu’on leur soumet ; et à cet effet ils sont rémunérés, car il serait pénible de les voir atteints d’inanition. Mais alors, que peut-on dire de l’indépendance, attribut ô combien sacralisé aujourd’hui, de ces scientifiques, et qu’est-ce que cela implique vis-à-vis de la qualité de leurs productions ? Qui paie et est-ce grave ?
La recherche scientifique est en partie publique, c’est-à-dire financée par les états. En France, ces financements concernent par exemple le CNRS, l’INSERM mais également de nombreux laboratoires plus modestes et dispersés à travers les universités et le pays entier ; en Europe le public connaît bien le CERN. Cela dit, il est régulier qu’un intérêt privé finance un organisme de recherche publique pour réaliser des travaux sur un sujet quelconque. La plupart du temps c’est lorsque cet intérêt – entreprise, association ou autre – ne dispose pas des moyens techniques et des connaissances nécessaires à la réalisation de l’étude. Il est même assez courant qu’un chercheur soit directement employé par le département de R&D d’une entreprise afin de mener des recherches pour le compte de ladite entreprise. Ces collaborations sont-elles la preuve que le chercheur est « soudoyé », « non indépendant » ou « à la solde de l’intérêt privé en question » ? Non, non et non. Et re-non. Je préfère être clair sur ce point. Vous êtes – pour ceux d’entre vous qui êtes salariés – amenés à toucher un salaire de la part de votre employeur, plus ou moins à chaque fin de mois travaillé. Est-ce qu’en conséquence, vous vous sentez volontairement prêts, ou au contraire obligé, de braver la loi, les règlements, risquer vos diplômes et votre respectabilité / réputation pour les beaux yeux de votre employeur ? Alors pourquoi diantre un chercheur serait-il différent, par quel insondable sorcellerie deviendrait-il automatiquement la marionnette des gens qui financent ponctuellement ses travaux ?
De même qu’un comptable n’a aucun intérêt à risquer sa place, sa liberté et sa respectabilité en falsifiant les comptes de son entreprise, sur demande de sa hiérarchie ou non, le chercheur a beaucoup à perdre en tentant de publier des travaux volontairement truqués.
Pourtant, des cas d’études falsifiés existent, donc certains essaient bien de tromper le public !
Il a existé, il existe et il existera au moins pendant un temps – je précise, parce que je ne suis pas médium – des chercheurs, extrêmement minoritaires jusqu’à maintenant, qui tenteront de tricher. Parfois parce qu’ils ont été payés pour le faire. On les condamne lorsqu’on a des preuves que c’est le cas. Une accusation de trucage d’étude – et donc souvent, de mise en danger de la vie d’autrui, de manquement à l’éthique (toujours pour le coup) et de falsification – est une accusation grave ; on aurait pas idée de dénoncer son voisin pour un délit grave sans une quelconque trace de preuve, il doit en être de même avec ces accusations.
C’est pourquoi on trouve des garde-fous dans l’organisation de la publication scientifique
Afin de parer à d’éventuelles erreurs involontaires, influences non souhaitées ou tricheries pures et simples, les modalités de la publication scientifique imposent plusieurs choses : a/ annonce des conflits d’intérêt et financements : un conflit d’intérêt en sciences, c’est-à-dire le fait d’avoir un intérêt – financier, de renommée, de relations – dans le domaine précis concerné par les recherches effectuées, n’est pas un problème en soi. On le déclare en début d’article lorsqu’on publie, ainsi les lecteurs le savent, et cela leur permet de se concentrer sur la qualité du travail effectué plutôt que sur les finances de l’auteur. En cas de gros problèmes dans une publication – comme le cas Wakefield chez The Lancet – on est alors en mesure d’évaluer les raisons possibles des erreurs relevées. S’il s’avère que les conflits d’intérêts n’étaient pas déclarés, c’est alors d’autant plus suspicieux, et cela peut décrédibiliser durablement quelqu’un, jusqu’à stopper net sa carrière dans la recherche. Les chercheurs tiennent à ces annonces, et réclament qu’elles soient effectuées convenablement. b/ relecture et vérification par les pairs de tout le contenu de l’étude, et mise à disposition gratuite des données brutes si demandées : comme déjà un petit peu abordé précédemment, les publications scientifiques sont relues par les spécialistes du domaine, et potentiellement par tous ceux qui le souhaitent, même non spécialistes. Les relecteurs peuvent critiquer librement le travail qu’ils vérifient, et amener à de multiples corrections le cas échéant. Cette phase de la publication scientifique est primordiale, car elle est la protection principale contre les erreurs tant méthodologiques que mathématiques et statistiques, ou logiques, qu’elles soient volontaires ou non. c/ Réplication de l’expérience par d’autres équipes afin de reproduire les résultats : il s’agit d’un complément du point précédent ; la réplication de l’étude permet de s’assurer qu’on a raté aucune erreur influençant les résultats obtenus. D’un point de vue purement statistique, c’est également l’occasion de diminuer les risques – déjà faibles si l’étude est bien construite – de faux-positif ou de faux-négatif. d/ pleins d’autres choses qui ne nous intéressent pas ici. Avec les trois premiers points, on a en théorie une influence nulle du commanditaire, et même des auteurs de l’étude, sur le résultats de celle-ci. S’ils trichent, on le voit.
Ces sécurités sont assez efficaces et sont constamment employées
Par exemple, personne dans la communauté scientifique n’accuse Gilles-Eric Séralini d’être corrompu et de truquer sciemment ses résultats ; c’est une possibilité, d’autant plus probable que ses erreurs sont rudimentaires, mais on a pas de preuve de sa culpabilité, donc on n’accuse pas. Il a ses conflits d’intérêts, très bien, il a oublié de les annoncer pour sa dernière étude, moins bien mais c’est corrigé, il a fait plusieurs erreurs repérées et corrigées par le comité de lecture de la revue publiant ses travaux, très bien, il restait des erreurs que les reviewers ont repéré, parfait. On constate plutôt que les accusations les plus véhémentes sont du fait des anti-sciences notoires ; ces derniers jouent sur la mauvaise représentation qu’a le public de ce qu’est un conflit d’intérêt, pour manipuler l’opinion publique. On a pu le constater par exemple lors de l’épisode du ClimateGate, visant à décrédibiliser les travaux liés au réchauffement climatique et à son origine anthropique. Un autre cas intéressant est celui de Kevin Folta, dont le traitement médiatique n’est pas des plus pertinents, et qui est un excellent exemple d’attaque infondée sur un scientifique sérieux.
La confusion entre travaux et personnes est entretenue par les individus qui s’opposent à la science, car il est plus simple d’attaquer ad hominem plutôt que d’invalider des recherches pertinentes formant un corpus cohérent.
Mais ce n’est pas parfait, des biais subsistent
Dans la réalité, des biais existent : principalement le biais de publication, qui consiste à ne pas publier les résultats négatifs, considérés à tort comme « moins utiles » – ou dans un cas extrême, ne pas publier pour cacher le résultat. Je me contenterai ici de citer le très bon billet de l’hôte de ce blog pour davantage d’informations à ce sujet. Heureusement, la science n’est pas figée et s’adapte
La science évolue constamment, et de plus en plus de mesures sont mises en place pour éviter ce biais : déclaration préalable des études réalisées dans le futur, études d’indépendants, etc. Encore une fois, d’autres que moi en parlent de manière très pertinente, aussi citerai-je le travail du psychologue Bryan Nosek de l’Université de Virginie sur cette question.
Cela dit, tout n’est pas sujet de recherches, si ?
Il est évident que tout ne peut être étudié en même temps. Il est évident qu’une entreprise, dont la survie dépend des bénéfices qu’elle génère, étudie en priorité ce qui peut, à court, moyen ou long terme, lui rapporter de l’argent. Il est donc logique qu’une entreprise n’étudie pas ce qui ne l’intéresse pas. La recherche publique doit être là pour travailler sur les sujets qui intéressent les chercheurs, qui peuvent être similaires à ceux des entreprises, ou bien tout à fait différents. Maintenant, comme je viens de le dire, on ne peut pas tout traiter en même temps. A partir de quand peut-on considérer qu’un sujet mériterait d’être traité et ne l’est pas ? Enfin, je suis passé sur le fait que publique comme privée, la recherche a un budget limité : on ne développe pas toutes les molécules susceptibles d’avoir un même effet positif sur la santé, on choisit les plus prometteuses. Même chose dans les domaines autres que la santé. Et c’est normal ! Personne n’aurait l’idée d’acheter 10 voitures différentes pour son seul usage personnel (sauf collection), on choisit la mieux adaptée à nos critères !
Bref, pour conclure Recevoir un financement n’est pas du tout la preuve de quoi que ce soit de répréhensible a priori. D’autant que ce financement peut être perçu ou non en salaire, en financement de recherche, ou en tout à fait autre chose, matériel, conférences, rénovations ou que sais-je. Être en lien avec des industriels, ou des organismes militants / politisés, n’est pas non plus une raison suffisante pour se voir refuser la publication de ses travaux. En effet, il est dans la nature même de la recherche scientifique de traquer et d’éliminer, tant que possible et à tout instant, les sources de biais et d’erreurs. En autorisant les chercheurs en conflit d’intérêt à publier, on permet à bien plus de travaux d’être menés, en profitant des moyens considérables que peut apporter le secteur privé, ainsi que de l’expérience qu’un spécialiste peut engranger en travaillant de nombreuses années dans un secteur industriel précis ; et ce, tout en gardant à l’oeil les résultats qui pourraient être biaisés volontairement. Il convient donc de se renseigner en profondeur sur ce dont on parle avant de lancer des accusations graves au sujet de personnes dont on met la carrière et la réputation, donc la vie professionnelle, en jeu.
https://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2015/10/walter-white-CRO-science-money.jpg7201280Matt McOteletthttps://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2015/08/menace_theo2-300x145.pngMatt McOtelett2015-10-27 16:41:032019-02-22 18:44:37La science et ses financements
Pour les besoin de l’émission de la Tronche en Live, que vous pouvez visionner ici, notre invité a rédigé un petit dossier sur l’erreur, avec plein de références. C’est avec plaisir que nous le partageons avec vous.
Erreur et Sérendipité
Errare humanum est
L’erreur, ça semble rarement cool… On dit pourtant souvent que l’erreur est humaine. Et en étendant quelque peu la définition de ce qu’est une erreur, on pourrait carrément dire que l’erreur est biologique. L’erreur, dans le vivant, c’est la source même de la variation, c’est ce qui permet l’introduction d’un caractère aléatoire lors de la reproduction (les mutations, les erreurs de copie). Si les premiers organismes vivants n’avaient réalisé que des copies totalement fidèles de leur matériel génétique, l’absence de variation de génération en génération n’aurait pu permettre leur évolution. Et il est fort probable que la moindre pression sélective sur ces proto-organismes tous identiques les auraient condamnés à l’extinction. Si vous avez donc envie de dépasser le stigmate de l’erreur, rassurez-vous en vous disant que l’erreur est la source de l’exquise diversité du vivant. Pour résumer, sans erreur, y’aurait pas de vie.
Mais saviez-vous que l’erreur est aussi essentiellement scientifique ? L’erreur est au cœur de la méthode scientifique et est souvent son objet : on cherche à l’identifier, la caractériser, la limiter, etc.
Brillantes exploitations de l’erreur.
Parfois même, l’erreur peut être au cœur des découvertes scientifiques… Sans parfaitement correspondre à la définition, des découvertes par erreurs peuvent rentrer dans un phénomène plus général qu’on appelle la sérendipité, le fait de découvrir quelque chose qu’on ne cherchait pas directement. J’ai découvert l’origine de ce mot en écoutant une chronique d’Alan Vonlanthen de Podcast Science qui citait les aventures des trois princes de Serendip, un conte persan où les princes y font sans cesse la découverte de choses qu’ils ne cherchaient pas, par une subtile combinaison d’accidents et de sagacité. Le néologisme de sérendipité fut ensuite créé par le comte d’Oxford Horace Walpole en 1754 pour désigner ce moteur très important de découvertes scientifiques. Dans son sens général, cela évoque le fait qu’une observation, à priori aléatoire (le fait que des laitières du XVIIIème siècle, contractant souvent la variole bovine, semblaient immunisées contre la variole humaine) inspire un scientifique, Edward Jenner, pour l’analyser et permettre une découverte majeure (en l’occurrence le premier vaccin, contre la variole, en inoculant des enfants avec du pus des plaies des laitières malades de la variole bovine).
Mais dans cette histoire, il n’y a pas vraiment d’erreur (enfin il y a une grosse erreur d’éthique et de déontologie, mais passons) : c’est plutôt la providence qui est révélée ici, ou la grosse schkoumoune comme on dit dans le métier. La question qui nous intéresse maintenant, c’est s’il existe vraiment des découvertes dont l’origine est une bonne grosse gaffe de derrière les fagots ?
Monsieur Fleming et sa paillasse mal rangée.
L’exemple le plus connu de conneries qui mène à une découverte, c’est celle d’Alexander Fleming, qui aurait pu finir comme un fort peu célèbre microbiologiste incapable de faire pousser correctement des bactéries dans des boites de Petri. Il avait une réputation de bordélique et, à plusieurs reprises, laissait ses sécrétions contaminer ses boites de cultures bactériennes. C’est comme ça qu’il a découvert, après avoir laissé tomber une larme dans une de ces boites, que les bactéries ne poussait plus là où la larme était tombé. Et bing, il mis en évidence une enzyme capable de bousiller des bactéries. Rebelotte 6 ans plus tard: il part en vacances en laissant sa paillasse en bordel, avec des piles de boites de cultures. En revenant, il découvre qu’un champignon y avait poussé, et encore une fois, il découvre que là où pousse le champignon, les bactéries trépassent: c’est la découverte de la pénicilline, premier antibiotique correspondant aux sécrétions du champignon.
Quelques pages où trouver plus d’info sur la sérendipité :
Mais finalement les exemples où des erreurs et gaffes flagrantes sont à l’origine de découvertes ne pullulent pas. La question qu’on est en droit de se poser c’est : est-ce que ces exemples sont véritablement rares, ou est-ce qu’ils sont cachés, car leurs auteurs sont honteux d’avoir réalisés ces gaffes ?
Faut dire ce qui est vrai: faire des erreurs constitue toujours un fort stigmate. On sort rarement indemne d’admettre qu’on fait des erreurs, et c’est potentiellement la raison pour laquelle on a tendance à vouloir masquer qu’on en fait. En science, ça peut être un peu curieux puisque le système de la méthodologie scientifique, et notamment son processus de publication de résultats, s’attache à impliquer tous les chercheurs, tantôt du côté de la personne qui produit et présente des potentielles découvertes scientifiques, tantôt du côté de l’expert sollicité pour déterminer si ces potentielles découvertes ont été réalisées selon des protocoles rigoureux et si les résultats obtenus ne constituent pas des erreurs d’interprétations. De ces découvertes, souvent, les scientifiques bâtissent des théories qui, comme nous l’expliquait Mendax, sont des ensembles de concepts capables de rendre compte du fonctionnement du monde. Une fois formulées, ces théories ne sont pas pour autant à l’abri de critiques, bien au contraire. Kathryn Schulz, dans son livre ‘Being Wrong’, nous explique qu’en réalité, non seulement on peut réussir à prouver que certaines théories sont fausses, mais qu’à vrai dire, c’est le sort de la très grande majorité des théories. Et les scientifiques s’accordent à dire que ce type d’évènement, l’effondrement d’une théorie, marque de manière retentissante le succès de la science, et non son échec. Pourquoi? Et bien parce que quand des théories s’effondrent face à de nouvelles découvertes ou des réinterprétations de résultats, cela marque le progrès de nos connaissances générales ; nous nous écartons alors d’une position erronée pour nous rapprocher d’une compréhension véritable de la nature. Certaines anecdotes illustrent le comportement exemplaire de certains scientifiques qui ont pris à cœur cette perspective sur l’erreur. Dans son ‘The God Delusion’ (titre français « Pour en finir avec Dieu »), Richard Dawkins rapporte l’anecdote d’un biologiste d’Oxford ayant pendant 15 ans affirmé qu’une structure cellulaire, l’appareil de Golgi, n’existait pas. A la suite d’une présentation d’un de ses pairs qui venait présenter des résultats convaincants quant à l’existence de cet appareil de Golgi, notre biologiste est venu à sa rencontre pour lui serrer la main, le féliciter, et le remercier en déclarant ‘je vous remercie d’avoir prouvé que j’avais eu tort pendant 15 ans’.
Très personnellement, l’exemple le plus édifiant d’un tel comportement où un scientifique cherche d’abord à prouver que sa découverte est une erreur, avant de considérer qu’elle puisse être vraie, c’est une scène du film Contact adapté d’un livre de Carl Sagan. Ellie, le personnage interprété par Jodie Foster dans le film de Zemeckis, capte un signal d’origine potentiellement extraterrestre. En tant que spectateur, si on n’est pas un peu la tête dans le guidon, on se doute bien que la narration va nous mener à comprendre qu’il s’agit d’un signal extraterrestre. Pourtant le film passe près de 5 minutes à illustrer le comportement sceptique d’Ellie qui, en face de ses collègues, les incitent à prouver qu’elle a tort de penser qu’il s’agit d’un signal extraterrestre: Make me a liar, leur dit-elle.
Ca fait quoi d’avoir tort ?
Bizarrement, il semble qu’on remarque assez rarement l’utilité de l’erreur dans le processus d’apprentissage. Pourtant c’est très souvent le fait de faire des erreurs qui nous permet de corriger, de réviser nos idées et de changer pour le meilleur. Qui plus est, la vérité absolue, si elle existe pour certains aspects de l’univers, est totalement unique. Par contre, comme l’observait Benjamin Franklin, il semble exister une infinité de manières de se tromper, et on peut s’attarder à admirer la diversité de conneries, d’erreurs, d’absurdités dont est capable l’esprit humain, source parfois d’une poésie insoupçonnée. Dans la chanson Don Diego 2000 de Dionysos, on nous conte l’histoire d’un homme doué d’une dyslexie magique qui suture des mots à l’oreille d’une fille aux yeux en pâte d’amande. Pas mal comme gaffes linguistiques, non ?
L’erreur c’est parfois une question de point de vue (mais pas toujours, et pas sur tous les sujets)
Du coup, y’a deux choses qu’il faudrait souvent garder en tête vis-à-vis de l’erreur. La première, c’est qu’avoir tort, en fait, c’est pas particulièrement désagréable. À vrai dire, comme le fait remarquer Kathryn Schulz, ça ressemble particulièrement à ce qu’on ressent quand on a raison. C’est parce qu’on confond souvent avoir tort avec la réalisation qu’on a tort. Avoir tort, c’est le plus souvent à nos dépens, sans qu’on en ait conscience. Du coup, présentement, sur pas mal de sujets, j’ai tort, vous avez tort et on s’en porte pas plus mal. Ce qui est plus difficile à digérer, c’est quand on s’aperçoit qu’on a tort. Parce que, généralement, on perd la face, et souvent c’est une réalisation catalysée par une personne qui nous démontre qu’on a tort, et qui en prend un malin plaisir.
Ça m’amène à la deuxième chose importante à garder en tête vis-à-vis de l’erreur : si on change d’avis et qu’on réalise que l’erreur est souvent positive, source d’enseignement, alors il faut savoir la tolérer, la gérer quand on s’aperçoit qu’elle est présente chez autrui. Et ça, ça demande des compétences en communication, en empathie, et c’est loin d’être facile.
Pour en revenir au premier point, si on sait qu’on est très certainement en train d’avoir tort, alors il faut prendre cette opportunité pour apprendre de ses erreurs : peaufiner les outils pour les détecter et les interpréter. Généralement, ça relève d’une hygiène mentale et d’un scepticisme rigoureux. Pour ça, il faut peaufiner des outils du scepticisme, sur soi-même. Jean-Michel Abrassart, fondateur du podcast Scepticisme Scientifique, observe, à juste titre, que de nombreux sceptiques utilisent les outils du scepticisme pour prouver aux autres qu’ils ont tort. A vrai dire, les outils du scepticisme sont d’autant plus efficaces et utiles lorsqu’ils sont avant tout utilisés sur nous-mêmes. Comme la plupart des outils, en soi, la méthode scientifique et le scepticisme n’a pas de valeur intrinsèque et c’est son utilisation qui va en déterminer l’impact (positif ou négatif) qu’ils peuvent avoir sur nous-mêmes et sur autrui. À l’instar du marteau qui peut être utilisé pour clouer ou pour assommer son voisin, le scepticisme peut, si uniquement employé pour prouver aux autres qu’ils ont tort, avoir des conséquences particulièrement négatives à une échelle individuelle mais parfois même à celle d’une communauté.
J’avoue que, personnellement, c’est une tendance qui m’assaille systématiquement. Quand je regarde une vidéo de la Tronche en Biais ou d’Hygiène Mentale, quand je lis des livres sur le scepticisme, je me surprends parfois à réfléchir pour essayer de trouver, dans mon entourage, sur qui utiliser tel ou tel outil sceptique pour prouver que cette personne à tort. C’est un peu normal en même temps: on peut très rapidement développer une envie de prouver à tous les autres qu’ils ont tort, c’est presque grisant. Mais ce qu’on fait au final, c’est souvent perpétuer le stigmate de l’erreur, et surtout, on perd des opportunités de vérifier si on en perpétue pas nous même, des erreurs.
C’est pourquoi pour optimiser le bénéfice des erreurs, il est particulièrement important qu’en tant que sceptique, on les popularise, qu’on les rende agréables, et surtout qu’on montre qu’on est capables d’en faire, et de les gérer sainement, en en bénéficiant nous-même.
Admettre son erreur.
Comment aborder un débat d’idées ?
Mike Meraz a été l’hôte d’un fantastique Podcast, Actually Speaking, qui a employé le parti pris audacieux de mettre de côté l’aspect scientifique du scepticisme pour se concentrer sur son aspect humain, et essentiellement sur des problématiques de communication. Il s’est notamment penché sur l’efficacité de telle ou telle méthode de communication pour changer l’opinion de notre entourage. Son mot d’ordre : vivre de manière sceptique, mais savoir garder ses amis ! Cela signifie qu’il s’est surtout concentré sur des discussions et des communications qui peuvent avoir lieu entre personnes qui se connaissent, entre proches, et donc pas nécessairement des cas correspondant à deux figures publiques qui s’affrontent.
Le débat n’est pas forcément public et médiatique.
Son premier constat, c’est que dans toutes discussions où deux personnes ne partagent pas la même opinion, il y a très peu de chances que l’une d’entre elle arrive à changer l’opinion de l’autre sur le moment, et qu’à la fin de la conversation on se retrouve en face d’une personne prompte à changer d’avis et admettre avoir eu tort. Et pourtant c’est souvent ce qu’on s’attend à obtenir en démarrant une conversation.
Ce qui est bizarre, c’est que nombre d’entre nous n’ont pas été convaincus du jour au lendemain sur tel ou tel controverse, et excessivement rarement après une conversation frustrante et houleuse. C’est très rare qu’on nous oblige à réfléchir et que ça marche. Généralement, les réalisations, les grands bouleversements de notre manière de penser ne sont pas obtenus sous la contrainte.
Ce qu’il faut réaliser c’est que de la communication, sans objectifs définis appropriés à la situation, mène à de la frustration. Dans le cas précédent l’objectif invraisemblable qui est visé mène à une conversation frustrante. Si on se définit un objectif à notre portée, alors on a plus de chances de réaliser une communication positive et fructueuse.
Pour être en mesure de savoir si un objectif est à notre portée, il faut se demander ce qui, selon nous, peut être formulé par notre interlocuteur pour nous signifier que l’objectif est accompli. Si cela vous semble invraisemblable, c’est que probablement votre but est irréaliste et va vous mener vers une conversation frustrante. Au final, ça vous oblige à réfléchir avant de prendre la parole, et c’est totalement en accord avec les principes du scepticisme. En plus ça limite les conversations frustrantes qui peuvent vous permettre de vous dissocier d’avec une image négative.
D’autre part, il y a une notion de contrôle importante et de qui le détient. Si l’objectif visé est de changer l’avis de la personne en face, on place l’interlocuteur en position de contrôle : lui seul peut décider du sort de la conversation. Vous lui donnez en cadeau votre perspective d’accomplissement. Dans une conversation conflictuelle, votre interlocuteur peut penser que tant qu’il ne partage pas votre point de vue, vous avez perdu. Et si votre objectif est de changer sa manière de penser ou son avis, vous allez probablement vers un échec car votre objectif est peu réaliste. Une autre manière de voir si votre objectif est réaliste, c’est de déterminer si vous êtes véritablement en contrôle de votre sens d’accomplissement. Votre but vous maintient-il en contrôle de votre niveau de frustration ?
Faut-il sauter à la gorge de votre interlocuteur à la moindre erreur ?
Il ne faut pas non plus oublier d’admettre que nos proches, nos amis, peuvent commettre des erreurs. Leur tomber immédiatement dessus ne correspond pas véritablement à la reconnaissance de l’utilité de ce qu’est une erreur, ni à la réalisation que le meilleur moyen d’apprendre de ses erreurs, c’est souvent via une quête semi-individuelle, et favorisée par un contexte agréable et un sentiment de liberté. Le psychiatre George E. Vaillant utilisait une parabole avec des chenilles et des papillons: Il est très fréquent que les chenilles se transforment en papillon et soient alors persuadées qu’elles étaient de petits papillons dans leur jeunesse. La plupart d’entre nous sommes devenus sceptiques à travers un long et fastidieux voyage. S’attendre à ce que notre entourage le réalise le temps d’une discussion est totalement illusoire et injuste.
Votre rôle, en tant que sceptique, pourrait être d’une part de donner un bon exemple de la méthode sceptique, en partageant votre propre expérience, vos propres apprentissages de vos erreurs: donnez l’exemple de ce que vivre une vie sceptiquement peut apporter de bénéfique.
Vous pouvez aussi vous donner comme rôle de ne pas nécessairement pointer les moments où vos proches font des erreurs, mais plutôt les moments où ils en tirent un apprentissage précieux.
Le partage de connaissance, sans émettre de jugement sur les opinions de vos proches, peut éventuellement accomplir ce que vous recherchez: devenir une référence, un soutien pour leur éventuelle transformation.
Cependant il y a un équilibre entre le soutien et la remise en question. Généralement, nous, les sceptiques, on est assez balaises pour remettre toute affirmation en question. Mais généralement, cela fait fuir notre entourage. On représente un perpétuel challenge, et parfois malgré nous : c’est ce qu’on réalise par exemple en présumant des connaissances de notre entourage, de leur intérêt pour nos propres centres d’intérêts, de leur capacité ou leur familiarité avec des concepts scientifiques ou philosophiques. La remise en question peut être excessive quand on bombarde notre entourage de faits scientifiques non digérés, quand on s’attend à ce qu’ils déploient une méthode académique ou épistémologique, quand on piétine leur croyance sans égard et surtout, quand on leur fait croire qu’il faut qu’ils changent pour pouvoir continuer à nous parler, voire d’être un bon être humain. Surtout s’il s’agit de vos proches, il peut être capital pour conserver de bonnes relations de ne pas systématiquement remettre tout ce qu’ils disent en question. C’est éreintant et non constructif. N’allez pas à toutes les batailles. De la même manière ne vous transformez pas en manuel scolaire à chacune de vos interventions. Si la plupart d’entre nous changent après avoir lu tel ou tel livre, d’autres effectuent ce changement en interagissant avec des personnes, grâce à une connexion. Et on n’est pas capable d’avoir une connexion avec un manuel scolaire.
À l’inverse, on peut apporter un soutien trop prononcé. C’est ce qui se passe si, par exemple, on laisse tout passer, on laisse dire des choses qui nous semblent fausses sans intervenir de peur de briser nos relations, quand on suggère qu’on est d’accord puisqu’on se tait, quand on est trop neutre voire qu’on suggère que le relativisme complet est tolérable.
Comme c’est souvent le cas, il faut un peu des deux, et déterminer un équilibre adéquat. Il est cependant très important de comprendre que la remise en question d’une opinion peut être traumatisante. En sachant ça, il est utile d’essayer d’éviter ce traumatisme, car c’est très peu propice à l’apprentissage. On dit souvent qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs, mais on n’est pas obligé de bousiller une barquette de 24 pour partager une omelette à deux…
Pour pouvoir atteindre un bon équilibre, y’a pas 30000 façons, faut s’entrainer, faut s’exercer, et vous inquiétez pas, vous allez faire des erreurs, mais avec un peu de chance et de bonne volonté, vous allez probablement apprendre de vos erreurs pour vous améliorer.
L’Entretien épistémique ?
Les gars de la Tronche en Biais ont évoqué l’entretien épistémique comme une bonne méthode pour qu’un interlocuteur soit confronté à ses propres erreurs : l’entretien épistémique, selon eux, correspond à une discussion sans débat permettant, à terme, d’amener votre interlocuteur devant ses propres contradictions, devant les limites de ses connaissances actuelles. En constatant lui-même les anomalies de sa méthode, il vous verra moins comme un adversaire que comme un partenaire dans l’examen des raisons pour lesquels il croit ce qu’il croit.
Personnellement je remarque qu’il y a éventuellement un problème d’objectif tel que je l’ai énoncé plus haut avec une perspective de changement d’opinion à la fin d’une discussion.
Mais plus important pour moi, il y a surtout une lacune quant à la méthode permettant d’écouter efficacement votre interlocuteur. Quoi? Bien écouter, c’est pas tout simple? Il suffit pas de croiser les bras et de laisser votre interlocuteur blablater, alors?
Ça c’est probablement une manière d’écouter très inefficace, car écouter est un art. Surtout si on veut maîtriser l’art de l’écoute active. De base, dans une conversation, on est des brêles pour écouter: on est distrait, on est dans nos propres pensées, on se concentre sur les arguments qu’on va sortir pour tacler notre interlocuteur, etc. Écouter de manière active, c’est véritablement porter toute son attention à l’interlocuteur. C’est montrer également à l’interlocuteur qu’on est engagé dans l’écoute, et investi dans la conversation. C’est choisir de montrer qu’on comprend, ou qu’on veut clarifier immédiatement une incompréhension.
Alors pourquoi choisir l’écoute active: et bien car elle aide à construire une relation de confiance avec votre interlocuteur, et elle vous permet de comprendre le contexte et le contenu de son propos. L’écoute active, c’est particulièrement efficace quand on couple cette technique à celle d’éviter d’utiliser la seconde personne. Dire ‘tu’ ou ‘vous’ à tout bout de champ, laisse transparaître un certain degré d’accusation et il peut être souvent utile de se concentrer sur la première personne: de partager son expérience, son ressenti.
Pour en revenir à l’écoute active, dans le cadre d’un entretien épistémique, elle peut permettre de réfléchir comme un miroir les croyances d’une personne, de renvoyer cette image. En ça vous devez jouer le rôle d’un miroir efficace : vous devenez l’outil d’autoréflexion permettant à votre interlocuteur d’appréhender pleinement ses propres croyances, ses décisions, positions, opinions avec une clarté et une perspective quasi impossible à obtenir soi-même.
En plus être écouté montre qu’on entre dans une communication où le flux d’information n’est pas unilatéral, ce qui permet de se sentir estimé et de construire un environnement de communication partagé. En plus, quand on fait un effort conscient sur soi-même pour écouter l’autre, cela a souvent l’effet d’une soupape de sécurité qui vide un peu la pression et la frustration qu’on peut accumuler.
Il faut aussi se rendre compte et transmettre le fait qu’écouter ne signifie pas nécessairement agréer, accepter, valider. Ce n’est pas en coupant la parole à une personne à tout bout de champ qu’on démontre au mieux qu’on n’est pas d’accord avec ce qu’elle dit. Couper la parole à quelqu’un laisse déjà la possibilité à cette personne d’estimer qu’elle ne s’est pas totalement exprimé, que son opinion n’a pas été entendue. Pour des spectateurs de ces échanges, ça peut en plus avoir l’effet pervers de jeter une aura de mystère sur le fameux sujet non exprimé par votre interlocuteur, ce qui peut alimenter un esprit de controverse. Et en plus, ça nous fait paraître menacés. Si vous êtes confiants sur la validité de vos opinions, laissez vos interlocuteurs parler pour que l’intégralité des deux opinions puissent être comparées. Si vous n’êtes pas confiants, vous aurez au moins de nombreuses informations obtenues auprès de votre interlocuteur et qui consisteront en autant de points de réflexions et recherches pour informer ou confirmer vos propres croyances.
Mais attention à ne pas confondre l’écoute pour obtenir des informations et l’écoute active. L’écoute active rajoute une couche à la simple collecte d’informations: elle permet de renforcer vos relations avec vos interlocuteurs, fournit les conditions propices à l’éveil personnel et au changement, augmente votre capacité à influencer et persuader et surtout permet de désamorcer des situations conflictuelles.
L’écoute active.
Voici 5 points permettant de réaliser une écoute active efficace. Faut pas se le cacher, c’est compliqué, c’est dur, et la pratique de l’écoute active montre à quel point écouter peut être considéré comme un art. L’écoute active c’est:
1: Prêter attention.
Comment prêter attention – Des petites astuces. Regarder la personne dans les yeux, éviter les distractions (si vous sentez que vous êtes hyper en colère, ou distraits, c’est peut-être pas le moment d’avoir cette conversation), ne pas réfléchir à la manière dont on va formuler sa propre réponse mais se concentrer sur ce qui est dit, faire attention au langage corporel de son interlocuteur, ne pas se concentrer sur les tics de langages ou le maniérisme de l’interlocuteur qui peut nous agacer mais se concentrer sur le message qui nous est véhiculé.
2: Montrer qu’on écoute
Hochez la tête, agréez, souriez, ne vous braquez pas en croisant les bras en attendant la fin de l’intervention de votre interlocuteur, mais plutôt penchez-vous vers lui pour montrer que vous êtes absorbé par son propos.
3: Fournir un retour d’information, du feedback
C’est peut-être le plus compliqué… Là, vous allez devoir intervenir pour clarifier le message que vous venez d’acquérir. C’est bien la différence avec une écoute passive: l’écoute active implique que vous réfléchissiez immédiatement au message qu’on vous délivre. Pour cela, vous pouvez simplement répéter une phrase clé qu’on vient de vous communiquer, mais ça peut être vite lassant. Du coup il va falloir plutôt paraphraser votre interlocuteur en lui sortant des phrases du genre: ‘si je comprends bien, ce que tu me dis c’est pif et paf’. Il faut aussi, de temps à autres, résumer ce qui a été dit. C’est très important pour voir si vous avez suivi, si votre interlocuteur sait où il en est de son raisonnement, etc. Et puis n’hésitez surtout pas à poser des questions. En tant que prof, je peux très vite savoir si un étudiant suit mon cours ou non de cette manière: s’il me pose une question approprié, c’est que j’ai obtenu son attention (c’est très agréable). Dès que vous sentez que vous ne comprenez plus, c’est le moment d’intervenir. Il est tellement facile de faire semblant d’écouter en hochant la tête même si on ne pige rien. Poser une question pour être sûr qu’on a compris, c’est garantir à votre interlocuteur que sa voix est écoutée.
4: Différer son jugement, l’expression de son opinion.
En très bref, ne coupez pas la parole de votre interlocuteur et ne vous précipitez pas avec un contre argument à la moindre pause dans son argumentaire. Si vous montrez que vous êtes patients, il est à peu près certain que vous bénéficierez du même type de patience en retour pendant votre réponse: est-ce que c’est pas une situation idéale pour communiquer et transmettre ce que vous voulez dire?
5: Répondre de manière appropriée:
Après avoir laissé parler votre interlocuteur dans le cadre d’une écoute active, vous détenez maintenant non seulement des informations sur son message, mais aussi probablement sur ses émotions. Vous avez une perspective, un contexte dans lequel votre interlocuteur pense ce qu’il pense, croit ce qu’il croit. Vous serez éventuellement surpris d’apprendre que votre interlocuteur, de prime abord véhément sur l’inexistence de l’évolution, tient cette opinion essentiellement pour des raisons totalement différentes d’une simple adhésion à une logique créationniste: ça peut être l’expression d’une méfiance envers le monde académique, une crainte envers la disparition dans la société de certaines valeurs chère à votre interlocuteur ou encore d’une pression interne d’adhérer aux opinions d’un tiers qui leur est cher pour éviter de fragiliser ses relations, un mariage tendu par exemple. Utilisez maintenant ces informations à bon escient dans votre réponse. Soyez franc, honnête, mais n’édulcorez pas votre propre opinion pour autant.
Y a-t-il d’autres stratégies valables ?
Je vous ai exposé des techniques de communications à utiliser essentiellement avec des proches et non des stricts inconnus ou des figures publiques. Dans ce second cas, vu notre investissement émotionnel et affectif minimal, on peut être tenté de privilégier un discours beaucoup plus conflictuel, confrontationnel, utilisant le ridicule pour véhiculer l’inanité des opinions de vos interlocuteurs. Alors je vais peut-être vous surprendre, mais en soi, je ne trouve pas ça une mauvaise stratégie. L’agression, le ridicule, qu’on oppose souvent à la patience, l’éducation, correspond à un outil particulièrement efficace dans certains contextes pour promouvoir le scepticisme et l’esprit critique. Ces deux approches constituent des outils pour combattre l’ignorance. Opposer ces deux approches en essayant de savoir laquelle est la meilleure peut revenir à se demander ce qui est le meilleur outil: le marteau ou le tournevis. Cette question est totalement creuse si on supprime le contexte de l’utilisation de ces outils. La question qu’on doit se poser c’est quand utiliser ces outils, et comment les utiliser de manière efficace. Pour cela, une bonne méthode, c’est de se demander quel peut être le préjudice généré par votre interlocuteur. Alors attention, dans ce cas précis, à ne pas faire une erreur courante dans le monde sceptique qui est de confondre l’interlocuteur d’avec le sujet exposé. J’entends souvent dire qu’il ne faut pas se concentrer sur l’interlocuteur mais sur son sujet: c’est hyper dangereux en fait. La plupart d’entre nous, sceptiques, sont familiers avec des sites comme ‘What’s the Harm’ (http://whatstheharm.net/ ) qui compile tous les préjudices (morts, blessures, gaspillage économiques) perpétrés par des pratiques paramédicales ou occultes. Se concentrer sur le message et retirer l’interlocuteur de l’équation, c’est risquer de communiquer le fait que votre interlocuteur est directement responsable de ces préjudices. Je sais pas si vous imaginez le poids de responsabilité qu’un sceptique peut larguer tranquillos sur les épaules d’une personne sans prévenir:
« Bonjour, tu crois en l’homéopathie? Tu es responsable de la mort de N gamins. Ciao ! »
Ce qui se passe en fait c’est qu’on n’a pas réellement déterminé le préjudice véritablement généré par notre interlocuteur. Et si on détermine qu’une personne est plus ou moins heureuse, saine, et ne porte pas un gros préjudice à elle-même et à son entourage, il faut savoir que la promotion du scepticisme est probablement plus efficace lorsqu’elle se base sur de l’éducation, des exemples, de la coopération, plutôt que de la confrontation.
Cependant, on peut se trouver dans des situations où il est utile de savoir ajuster son niveau d’agressivité. Personnellement, c’est une des pratiques que j’ai le plus de difficulté à mettre en œuvre, mais un véritable équilibre dans la gestion de ce niveau relève d’un entrainement et d’une pratique régulière.
La première mission, on l’a vu, c’est de déterminer le préjudice généré par votre interlocuteur. N’hésitez pas à prendre le temps de réfléchir avant d’intervenir, ça vaut le coup.
Votre niveau d’affirmation de vous-même, de transmission des principes du scepticisme doivent être calibrés. Évitez d’être trop brutal lorsque vous estimez que votre interlocuteur ne sait rien ou peu de choses du scepticisme.
Votre niveau d’intervention doit également être calibré: faible si vous estimez que la personne est susceptible de se poser des questions, très fort si le niveau de préjudice généré est important et immédiat.
Le ridicule et le discrédit? Il peut être utilisé, mais privilégiez son utilisation vers un individu pour lequel vous avez déterminé qu’il est une figure très publique, qu’il porte préjudice à autrui, qu’il refuse de s’en tenir à toute forme de raisons et surtout qu’il est en mesure d’influencer les autres. S’il s’agit d’une personne peu écoutée et influente, ne tirez pas sur l’ambulance…
À l’inverse privilégier la communication patiente et ouverte quel que soit la situation peut être une erreur: cela peut laisser penser que vous préférez esquiver, être inactif, et du coup minimiser l’importance du sujet que vous voulez promouvoir… On ne peut pas être gentil en toute circonstance, il faut savoir s’adapter à son auditoire.
Je vous communique tout ça non pas en expert: au contraire je suis ceinture blanche niveau junior dans la communication du scepticisme. J’ai passé par contre pas mal de temps à me poser des questions sur l’efficacité des différentes formes de communication et j’ai la volonté de m’entrainer à promouvoir de la meilleure manière qui soit, le sujet qui nous intéresse tous ici: le scepticisme et l’esprit critique. Comme beaucoup de bonnes choses, ça nécessite énormément d’entrainement et de pratique et je pense qu’on va faire énormément de gaffes sur le chemin. Mais ne soyez pas rat: partagez vos échecs, vos erreurs, pour que notre communauté grandisse ensemble rapidement.
En conclusion, j’espère que ce live aura été truffé de nombreuses et belles erreurs.
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