Le principe de précaution à l’ère médiatique

Enregistré le 13 juin 2017 à la salle d’honneur de la bibliothèque de la faculté de Droit de Nancy.

 

Texte de présentation lu par Acermendax avant le débat.

Bienvenue à tous pour cette soirée débat durant laquelle nos deux débatteurs vont d’abord présenter leurs positions respectives puis échanger réponses et critiques sur ces positions avant que nous prenions les questions du public.

 

Je vous les présente tout de suite, par ordre alphabétique.

  • Yves Farge est physicien, membre de l’académie des technologies.
  • Pierre-Henri Gouyon est biologiste et chercheur au Muséum d’histoire naturelle

Ce débat est rendu possible grâce à l’Université de Lorraine, à l’événement Science & You et la participation du Festival du Film de Chercheur et de l’Association pour la Science et la Transmission de l’Esprit Critique.

 

Avant de laisser la parole aux deux débatteurs de ce soir, je vais me permettre d’introduire la problématique.

Le thème de la soirée est le principe de précaution ; s’oppose-t-il au progrès ou bien est-il lui même un progrès ? Faut-il mettre en avant la précaution dans les télécommunications, les médicaments, l’agro-alimentaire par exemple ? Et je propose de démarrer avec un sondage :

Qui parmi-vous aime jouer avec sa vie, prendre des risques inconsidérés et courir droit vers le danger ? Levez la main.

 

Visiblement la majorité d’entre nous a une inclination spontanée vers la prudence. Il est probable que nous soyons en majorité les descendants d’ancêtres qui évitaient de se jeter du haut de la première falaise venue. Pour être un bon reproducteur, il faut rester en vie un certain temps. Mais la prudence n’est pas exactement la précaution. Ce n’est pas non plus exactement la prévention, et il faut sans doute commencer par faire ce petit distinguo avant que le débat n’ait lieu.

Mais juste avant cela je vous propose de poser deux autres concepts qui seront utiles dans le débat : le danger et le risque. À priori cela sonne un peu pareil, alors qu’en fait c’est très différent.

  • Un danger est une source potentielle de dommage, de préjudice ou d’effet nocif à l’égard d’une chose ou d’une personne
  • Un risque, c’est la combinaison de la probabilité d’occurrence d’un dommage et de la gravité de ce dommage.

Donc une chose très dangereuse peut représenter en réalité un faible risque. Par exemple un requin affamé c’est très dangereux, mais vous courez peu de risque d’être attaqué en vous baignant à La Baule. A l’inverse une piqûre de moustique ca ne semble pas bien dangereux, mais si vous êtes un Homo sapiens cela accroît considérablement votre risque d‘attraper des maladies mortelles. Et de fait dans le monde des humains, les piqûres de moustiques ont plus de conséquences que les morsures de requin.

L’autre nuance à considérer d’emblée, celle qui existe entre prudence, prévention et précaution.

  • La prudence concerne les dangers. On est prudent devant un gros chien parce que c’est dangereux, ou quand on monte à une échelle.
  • La prévention concerne les risques avérés, les risques connus. On parle de prévention routière et on comprend très bien ce que cela veut dire : réduire les occurrences des accidents et réduire la gravité des accidents qui se produisent malgré tout
  • La précaution, selon le principe qui désormais est dans notre constitution, concerne les risques potentiels, non avérés. Les activités humaines ont des effets sur notre environnement dont on ne peut pas mesurer toutes les conséquences. Mais parfois on peut considérer qu’il existe un risque d’effet néfaste grave sans qu’on sache l’évaluer. Le principe de précaution, d’une certaine manière, c’est une tentative de gérer l’imprévisible, ou en tout cas l’incertitude.

Le principe tel qu’il existe a pour but de nous éviter à tous, dans le futur, ainsi qu’à nos successeurs de regretter amèrement les choix que nous faisons aujourd’hui. Ce n’est pas un principe d’inaction, mais au contraire un principe d’action pour mesurer les risques et développer des alternatives ou des moyens de le réduire.

  • Mais comment on fait ?
  • Comment gère-t-on rationnellement l’incertitude des risques ?
  • Comment prend-t-on des décisions quand les dangers sont incertains ?
  • Le principe de précaution est-il utile ? Est-il bien employé ? Est-il compris ?
  • Moi-même lui ai-je rendu justice dans cette introduction ?
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