Maladie de Lyme : Le Diagnostic et la Rumeur (Tronche en Live 79)

Enregistré le 11 septembre 2019 à la MJC Pichon, Nancy.

Invité : Yves Hansmann. Chef du service des Maladies infectieuses du CHU de  Strasbourg. Il est également l’auteur d’un livre : « La maladie de lyme, au-delà de la polémique »

Editorial

Être en bonne santé, ça s’explique mal, ça se passe de diagnostic, ça se constate. Personne ne se rend chez un médecin en exigeant qu’on lui explique comment il se fait qu’il se sente si bien. Celui qui est en bonne santé, en général, ne se pose pas de question, il en profite pour penser à autre chose. Et tant mieux. Quand on est malade, c’est une autre histoire. On veut savoir ce qui nous arrive. On veut le nom de l’agent pathogène ou du gène ou du facteur environnemental qui nous cause des ennuis. Si en plus on nous désigne un coupable à attaquer en justice, on se sent justifié à porter plainte. La maladie exige des explications ! C’est un état anormal, insupportable, et on ne se contentera pas d’un « ben c’est comme ça, c’est la vie, déso. » Et heureusement.

La pratique de la médecine consiste notamment à identifier la cause d’une maladie. Si vous avez un rhume passager, on peut se contenter d’apaiser les symptômes avec du paracétamol ; on parle alors de traitement symptomatique. Mais si votre problème de douleurs est lié à la présence d’une tumeur, vous n‘avez pas envie qu’on vous soigne avec des antalgiques, il faut s’attaquer à la cause de votre maladie. Dans le cas des maladies infectieuses : hépatite, sida, légionellose, grippe, choléra, rage, etc. nos médecins ont appris à lier spécifiquement des symptômes à un agent et à utiliser les traitements qui savent le cibler de manière efficace… quand c’est possible. Le médecin qui ne sait pas identifier de manière fiable la cause de votre maladie aura du mal à vous soigner, même s’il est sincère et bien gentil.

Nous tenons à notre santé et à celle de nos proches, nous voulons une médecine efficace, à l’écoute, fiable, rassurante. Et bien souvent, grâce aux progrès phénoménaux de la recherche médicale, nous sommes pris en charge, nous sommes soignés et nous avons la chance de survivre à des affections qui nous auraient emportés il y a une génération ou deux. Mais il y a aussi des affections qui résistent aux diagnostics. Certaines personnes ne reçoivent pas du monde médical des réponses à leurs souffrances. Elles ne se sentent pas entendues, respectées, soignées, et elles endurent une errance médicale à la recherche d’un spécialiste qui enfin leur dira le nom du mal qui les frappe. Et parfois ce diagnostic, obtenu de haute lutte, porte le nom de « Maladie de Lyme chronique ».

Nous verrons ce soir que la maladie de Lyme est une vraie maladie, c’est une infection par une bactérie nommé Borrelia. La forme dite « chronique » en revanche est à ce jour loin d’être reconnue comme une entité nosologique, c’est-à-dire une maladie clairement définie, un diagnostic fiable. On dira volontiers que les gens malades s’en fichent un peu du moment qu’on les soigne, mais là est tout le problème : comment savoir qu’on vous soigne correctement si on ne sait pas montrer de manière fiable de quoi vous souffrez ?

Aujourd’hui, on voit des gens recevoir des traitements à haute dose d’antibiotiques pendant des mois pour traiter une infection qui n’a rien de certain. Les Lyme doctors prétendent parfois que l’environnement électromagnétique aggrave la maladie, que le Lyme chronique cause la maladie d’Alzheimer, ou même l’autisme, et veulent traiter ces personnes… avec de hautes doses d’antibiotiques[1] ou des produits contenant de la javel. Bref, il y a un joli bordel autour de la maladie de Lyme et il faudrait commencer par établir clairement ce qui est connu et ce qu’il reste à comprendre à son sujet.

C’est notre but ce soir de contribuer à éclaircir ces choses, et nous n’avons pas de meilleur moyen que de nous tourner vers des experts capables de nous dire l’état des connaissances scientifiques plutôt que leur sentiment personnel. Nous recevons donc ce soir un spécialiste des maladies infectieuses, et en particulier des borrélioses, l’autre nom de la maladie de Lyme. Merci à Yves Hansmann d’avoir accepté notre invitation.



[1] https://debatbiomed.science.blog/2019/07/29/antibiotiques-pour-lautisme-recapitulatif-dun-scandale/

2 réponses
  1. Franck
    Franck dit :

    Bonjour,

    Pourriez-vous faire une émission sur l’effet « nocebo » ? Car finalement c’est le point central de pleins de sujets. Et finalement le dissocier des problèmes psy*

    Qu’est capable de faire le corps à lui même en mal? Il faudrait surement avoir plusieurs facettes, neurologie, biologie, psychiatrie, (physique ?), chimiste etc….

    Répondre

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