Les effets biologiques des ondes électromagnétiques

Invitée : Anne PERRIN.
Tronche en Live #72 enregistré le 20 mars 2019 au GEC de Nancy.

Editorial

Le spectre des rayonnements électromagnétique n’est pas une entité paranormale, c’est la gamme de fréquence des ondes électromagnétiques qui circulent un peu partout dans l’univers. Les humains possèdent un organe spécifiquement adapté à la réception et à l’utilisation d’une toute petite partie de ces rayonnements : c’est l’œil. Cet organe particulièrement fragile possède des pigments, des molécules capables d’interagir avec certains rayonnements dont la longueur d’onde est comprise entre 450 et 750 nanomètres.

Autour de cette gamme de fréquences, on est dans l’invisible, avec d’un côté les infrarouges dont nous pouvons ressentir la chaleur, et les radiofréquences très faibles en énergie qui traversent l’air en interagissant très peu avec la matière. De l’autre côté les ultraviolets traversent la peau, peuvent causer des brûlures, et notre espèce possède un système de défense : le bronzage. On peut citer les rayons X ou les rayons gamma, très destructeurs pour l’ADN.

En clair, certains rayonnements représentent un danger pour la santé, c’est établi, c’est bien connu. La plus dangereuse source de rayonnement connue s’affiche au grand jour, c’est le soleil.

Notre siècle est celui du wifi, du téléphone sans fil, de la connexion permanente aux réseaux à travers la réception et l’émission d’information sous forme de trains d’ondes électromagnétiques. Toutes ces choses invisibles qui nous traversent peuvent susciter l’inquiétude, et un devoir de vigilance incombe à ceux qui veulent les utiliser et nous exposent tous aux conséquences potentielles de cette technologie.

Mais toutes les ondes électromagnétiques n’ont pas les propriétés physiques qui leur permettraient d’interagir avec ce qui compose un organisme vivant. Bien souvent la seule interaction possible est un couplage thermique : ça chauffe. Le micro-onde chauffe, nos téléphones chauffent nos oreilles (même si en réalité c’est surtout une chaleur qui se dégage de la batterie). Cette chaleur n’est pas toujours sans conséquence, mais peut-elle être plus dangereuse que n’importe quelle autre chaleur ?

Pour répondre à cela, il faut comprendre comment un champ électromagnétique peut affecter une biomolécule, et l’altérer suffisamment pour avoir un impact sur son fonctionnement dans la cellule. Il faut aussi comprendre quand un tel effet ne peut pas se produire parce que la nature du champ ou son intensité ne le permettent pas.

Indépendamment de ce que la science nous explique, certains contextes favorisent des narrations où nous attribuons sans preuve à tel élément de notre environnement la raison d’un problème. Le niveau d’adhésion des gens à ces narrations n’est pas vraiment corrélé à leur vraisemblance, comme chacun peut le voir avec le succès des Fake News. Souvent la peur y joue un rôle fondamental. Et les ondes invisibles sortant de ces appareils fabriqués par de grands industriels, omniprésents dans notre environnement font un formidable élément scénaristique pour nous angoisser, et cette angoisse peut elle-même produire les symptômes d’une intoxication fantasmée[1]. Dès lors comment savoir ?

Nous entendons trop d’allégations sur les dangers des ondes pour qu’elles soient toutes vraies (dans le cas contraire nous serions tous en train de mourir d’un cancer du téléphone), mais on ne peut pas s’empêcher de suspecter qu’il n’y a pas de fumée sans feu, c’est bien normal.

Pour y voir clair, nous recevons une spécialiste de la question. Elle a étudié les effets biologiques des champs électromagEM pendant des années, elle est experte sur les questions mêlant risque, science et société. Elle va répondre à nos plus pressantes questions. Bonsoir Anne Perrin.



[1] https://www.pourlascience.fr/theme/lumiere/quand-la-peur-des-ondes-rend-malade-13440.php

3 réponses
  1. Stemy
    Stemy dit :

    Et si à la lumière des éléments scientifiques sur la (non-) dangerosité des ondes, la personne avec qui ont débat le balaye d’un revers de la main avec l’argument «on ne sait jamais, c’est peut-être dangereux, mais on ne le sait pas, donc c’est plus prudent de faire comme si ça l’était», que peut-on répondre ?

    J’y ai déjà été confronté maintes fois, et j’avoue que je me sens un peu démuni.

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    • Mintberrycrunch
      Mintberrycrunch dit :

      Vous pouvez peut-être faire prendre à ces personnes le problème sous un autre angle :
      j’ai fait un tour sur le site du CIRC il n’y a pas longtemps, et des agents comme l’alcool et les rayonnements solaires (l »exposition au soleil) sont des cancérogènes avérés. On pourrait aussi parler de la viande rouge qui est un cancérogène probable.

      Ces agents là sont eux, démontrés scientifiquement comme étant responsable de décès dus à des cancers. Et pourtant notre société vit avec depuis un bon bout de temps…
      Donc quelque soit le danger dû à ces ondes, il est probablement inférieur à celui que auquel on fait face assez souvent dans la vie de tous les jours.

      Si cette personne est capable d’accepter de vivre avec ces dangers là, alors elle peut largement ne pas s’encombrer de l’improbable danger de l’exposition aux ondes wifi/téléphoniques/autres.

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  2. BixenteFabregas
    BixenteFabregas dit :

    1) Lui faire comprendre gentiment qu’il fait un discours hypercritique : entre la possibilité que quelque chose soit dangereux (exemple, les ondes, le glyphosate) et la certitude (la clope), il y a tout de même une différence. Il peut traverser une rue même si la probabilité de se faire écraser est non nulle.
    2) Beaucoup de choses sont des ondes et on y est baigné quoi que l’on fasse.

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