Biologie & orientation sexuelle (TenL#56)

Enregistré le 6 décembre 2017 au Musée Aquarium de Nancy

Invité : Jacques  BALTHAZART.

Au sujet de la polémique qui a entouré la préparation de l’émission, lire cet article.

Editorial

Bonsoir à tous, chers organismes.

Vous nous écoutez et nous regardez présentement grâce à l’interaction de structures réceptrices d’ondes sonores et lumineuses qui ont la capacité de convertir ces signaux externes en influx nerveux et messages chimiques dans votre système nerveux, lequel est le produit de l’interaction d’un génome (portant les traces épigénétiques d’événements survenus une ou deux générations avant vous) et de son environnement, un environnement extrêmement complexe qui commence avec le corps de votre maman, les échanges que vous avez avec elle, et qui sont en partie dépendants des effets de son propre environnement sur son corps tout au long de sa vie. Un environnement qui dépend notamment du passage avant-vous au même endroit de vos frères et sœurs aîné·es.

Bref, vous êtes d’incroyables et d’improbables organismes, fruits d’une complexité que l’on peut à peine imaginer. La nature se charge depuis quelques milliards d’années d’éliminer sans état d’âme les individus que toute cette complexité, parfois, rend insuffisamment aptes à la survie. Malgré ce qu’on en dit, la nature ne « fait pas bien les choses », elle se contente d’effacer tout ce qui ne marche pas. La nature ne fait pas de pitié, n’a aucun sentiment et n’a aucune leçon de morale à nous donner : c’est une peau de vache.

Parmi la kyrielle de caractères dont l’évolution a doté les organismes humains au fil des générations, on trouve naturellement des comportements sexués, c’est-à-dire qui divergent selon que vous êtes un mâle ou une femelle, mais aussi des comportements sexuels qui ont à voir avec vos attirances, vos préférences en ce qui concerne les individus avec lesquels vous êtes susceptible d’entrer en contact génital.

On a toutes les raisons de penser que les mécanismes darwiniens pèsent lourdement sur tout ce qui détermine notre choix de partenaire, un choix primordial à l’échelle de l’évolution, un choix qui est certainement sous la dépendance de nombreux paramètres biologiques. Qu’il s’agisse de génétique, d’immunologie ou d’endocrinologie, nous avons les indices d’une forme de déterminisme biologique de l’orientation sexuelle. Bien sûr, s’agissant d’un caractère si complexe et multiforme qu’on aurait du mal à nommer toutes les variantes des préférences et des désirs, on peut suspecter de multiples influences au cours de la vie des individus. Il semble par ailleurs difficile d’imaginer un déterminisme génétique à l’orientation romantique : la manière dont nous tombons ou ne tombons pas amoureux.

Explorer les déterminants biologiques du comportement humain ne revient pas à nier d’autres chaines causales dans la genèse de nos comportements et attitudes. C’est néanmoins une entreprise scientifique qui éveille des inquiétudes sérieuses tant la biologie a naguère été utilisée pour tenter de justifier des thèses politiques, voire des programmes eugénistes. Mais il nous faut bien distinguer ce que la science nous donne à connaître et ce que les pouvoirs décisionnaires de nos sociétés décident d’en faire.

La biologie expliquerait au moins en partie les origines de votre orientation sexuelle, chers abonnés. Pour bien comprendre ce que cela veut dire et écarter les interprétations tendancieuses de tels résultats, nous recevons Jacques Balthazart, professeur de neuroendocrinologie à l’Université de Liège dont les travaux de recherche portent sur la différenciation sexuelle du cerveau et du comportement. Avec presque 400 publications scientifiques, nous tenons quelqu’un qui a une connaissance du sujet que nous qualifierons de… solide. Et nous le cuisinerons afin d’obtenir que tous ici, nous soyons sûrs de bien distinguer le vrai du faux dans l’état des connaissances actuelles.

Bonsoir Jacques Balthazart.

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