Idées reçues sur les Surdoués – Tronche en Live #11 (Nicolas Gauvrit)

Editorial

Un surdoué est un enfant précoce ou “à haut potentiel” ou bien encore un adulte dont les capacités intellectuelles dépassent la norme. Une fois qu’on a dit ça, on est bien avancé, car il nous reste à définir “précoce”, “haut potentiel” et ce qui permet de dire que l’intellect de quelqu’un dépasse la norme.

Bien sûr il existe le quotient intellectuel, le QI qui évalue la position de l’individu dans l’échelle de l’intellect entre le génie absolu et le crétin fini. Outil important, le QI, mais qui nous semble souvent mal adapté, réducteur, et peut-être peu fidèle à la réalité complexe de ce qu’est l’intelligence. En tout cas on l’entend souvent dire.

Le philosophe du 20ème siècle Michel Colucci a dit : “L’intelligence on croit toujours en avoir assez, vu que c’est avec ça qu’on juge”. Et de fait il existe ce qu’on appelle l’Effet Dunning-Kruger qui se manifeste en ce que les gens qui manquent d’une compétence dans un domaine, par exemple l’intelligence, manquent précisément de la compétence qu’il leur faudrait avoir pour savoir qu’ils sont incompétents. Le penseur John Cleese à traduit cela en “Quand vous êtes vraiment vraiment stupide, vous êtes trop stupide pour savoir à quel point vous êtes stupide.”

On pourrait donc se demander à quel point il faut être surdoué pour se rendre compte qu’on est surdoué, parce que le problème c’est que que l’effet Dunning-Kruger marche aussi pour les gens très compétents, mais dans l’autre sens : les gens très compétents ont une bonne idée de l’étendue de leur ignorance et donc ils ont tendance à sous-estimer leur compétence.

Moralité il faut se mettre d’accord sur des critères objectifs pour déterminer qui est surdoué et qui ne l’est pas. Il faut adopter une approche méthodique, une approche scientifique. Comment reconnait-on un surdoué ? Suffit-il d’être hyperactif et inadapté à l’école pour automatiquement appartenir à cette petite catégorie ? Ou bien au contraire est-ce un état discret qui ne se remarque que dans certaines conditions particulières ? A-t-on une idée du nombre de surdoués ? Pour tenter répondre à cela, il faut s’appuyer avec discernement sur ce que la science dit et être attentif à tout ce qu’elle ne dit pas et aux questions qu’elle laisse en suspens.

Nous allons voir que l’image d’Epinal du surdoué véhiculée au travers de notre culture est quelque peu déconnectée de la réalité du terrain. Et nous allons aussi évoquer la difficulté d’une bonne démarche scientifique sur ces questions.

Et pour cela nous recevons le docteur Nicolas Gauvrit qui est enseignant en mathématiques et chercheur en psychologie à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris, au sein du laboratoire pluridisciplinaire “CHART” (cognition humaine et artificielle). Il est l’auteur d’un blog sur le site de Pour La Science (“psychologie et raison”), d’une dizaine de livres de diffusion scientifique, et il co-anime le podcast “scepticisme scientifique” avec Jean-Michel Abrassart et Jérémy Royaux.

J’ajoute qu’il a sorti l’an dernier un livre intitulé “Les surdoués ordinaires“ aux Presses Universitaires de France.

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