Science & Islam au XXIe siècle (Tronche en Live 38)

Enregistré le 1er  février 2017.

 

Editorial

 

Nous sommes en 2017. Le Président des États-Unis bafoue les règles internationales et de la morale en voulant bannir les musulmans du sol américain. Au Québec il y a quelques jours, une tuerie a eu lieu dans un centre islamique. Bien sûr, personne n’a oublié non plus les attentats sanglants revendiqués au nom de l’Islam en France et ailleurs depuis plus de quinze ans.

Ça n’est Pas La Joie !

Nous sommes en 2017, en France, et quand nous annonçons le sujet de cette émission, nous constatons sur les réseaux des réactions étonnantes  « quel courage ! » nous dit-on. Ou encore « on vous aimait bien », signe d’une connexion directe, dans nos esprits, entre Islam et violence, entre religion, intégrisme et terrorisme. Autant vous le dire tout net : ce n’est pas le sujet de ce soir.

Nous ne nous sentons pas menacés par l’Islam, nous savons que les musulmans autour de nous ne sont statistiquement pas plus violents que les autres. Nous savons aussi que les premières victimes du fondamentalisme islamique… sont des musulmanes et des musulmans. Nous n’accordons guère de crédit aux thèses du choc des civilisations, et nous ne sommes pas ici pour militer ou combattre qui que ce soit. Nous allons essayer de comprendre un peu ce qu’il y a de spécifique ou au contraire de banal dans les relations entre la science (au sens de démarche scientifique, de processus de production de connaissances) et les autorités intellectuelles du « monde musulman » avec des guillemets.

La science et l’islam au XXIe siècle. Pas l’Occident contre l’Orient. Pas la science contre l’islam. Non : la science et l’islam, de nos jours. Mais même ce sujet soulève des difficultés et se voit opposer des objections classiques. Nous ne parlons pas arabe. Or il faudrait connaître l’arabe pour pouvoir parler de l’islam. Toute traduction serait par définition fausse, fautive et biaisée, et donc toute critique de notre part serait nécessairement infondée : nous serions d’emblée disqualifiés.

Cette critique n’est pas valable. Jamais ou presque nous n’entendons des objections de ce genre au sujet des autres textes religieux, pourtant eux aussi traduits maintes et maintes fois. Personne ne nous enjoint de lire les encycliques papales en latin sous peine d’être incapable d’en rien dire. Qui estime qu’il nous est impossible de comprendre la pensée de certaines philosophes grecs qui ne nous sont connus qu’au travers de textes… arabes ? L’argument des biais de traduction est un écran de fumée qui vise à éteindre la critique. Il s’accompagne souvent d’une accusation d’ethnocentrisme, de biais colonial, voire d’épistémicide (le monde occidental chercherait à tuer les sciences venues d’ailleurs).

Il est impossible de nier que certaines idéologies cherchent à invisibiliser les apports scientifiques venus de loin. Nous devons redire que l’écriture, les mathématiques, l’astronomie, la médecine doivent énormément au monde non occidental. Nos chiffres arabes sont indiens ! Arabes en revanche sont les noms de la majorité de nos étoiles. Mais nous sommes au 21è siècle, nous disposons d’une démarche scientifique qui tend à l’universalité, à l’objectivité maximale. La « science » n’est occidentale que par les contingences de l’histoire. Elle n’appartient à aucun peuple en particulier. Or, cette démarche scientifique universelle n’arrange pas tout le monde ; on le voit avec les pseudosciences, avec les médecines parallèles, mais aussi avec de nombreuses formes de fondamentalisme religieux. Nous nous questionnerons ce soir sur les rapports qu’entretiennent avec la science des intellectuels qui se réclament de l’Islam et qui ont une forte influence sur la manière dont les gens se représentent ces deux entités.

Et pour en parler mieux que nous, Alexandre Moatti s’est déplacé à Nancy. Auteur de plusieurs livres de critique de la science, il est notamment celui du livre intitulé « Islam et science, antagonismes contemporains ».

 

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