Le Prix Top Santé = Top Business

J’ai été contacté, via LinkedIn, par une personne travaillant « pour la marque Top Santé » et son « Prix Top Santé qui récompensera des produits et services mis en avant sur la nouvelle verticale du site Topsante.com lancée cet été : Ma santé au quotidien. » Il y a de nombreuses catégories dans le concours : nutrition, compléments alimentaires, pharmacie, soin au naturel, parents, éco-responsables, service & High tech et accessoires santé, campagne de prévention. On constate que le cœur de la problématique est commercial : il s’agit pour la plupart de catégories de produits liés à la thématique « santé ».

Cerise sur le gâteau, on nous offre des places pour la soirée de remise des prix au Pavillon Gabriel, animé par monsieur François Sarkozy. Des paillettes dans notre vie.

Mon interlocuteur commence par croire que nous sommes des spécialistes de la santé. Je l’ai aimablement détrompé ; d’autres, hélas, entretiendraient cette méprise. Ça s’est déjà vu. Je vous conseille d’être attentif aux vraies qualifications des « concourants » et des lauréats.

Le projet : présenter nos « compétences dans le dossier Révélation du magazine Top Santé et sur le site dans la rubrique « ma santé au quotidien » » avec un partage sur les réseaux sociaux puis une invitation à voter sur les titres possédés par le Groupe Reworld media qui possède des magazines comme Grazia, Biba, Closer ou Marie France. « On va parler de l’événement sur toutes ces marques-là de manière à générer un très gros trafic au niveau des votants pour offrir une très grosse visibilité aux concourants. On va toucher plus de 18 millions de contacts sur cette opération. Euh. Il y a un ticket d’entrée, c’est pour ça que je filtre énormément au niveau des concourants. (…) Il y a aussi du label (…) on vous cède les droits du label Top Santé pour toute une année que vous allez pouvoir apposer sur tous vos supports. On est sur un budget global de 5000€. »

Après questionnement, on me confirme qu’il faudrait que nous donnions 5000€ pour avoir le droit de concourir. (« Il y a un travail rédactionnel derrière tout ça, un travail humain puisqu’on va monter votre article de A à Z et vous aurez un droit de regard et de correction, la seule chose qu’on va vous demander c’est un travail de validation.»)

On me promet un « véritable retour sur investissement », puisque la moindre insertion publicitaire dans le magazine Top Santé, une « marque très très forte » revient à 7500€. Heureusement pour nous, « Dans le cadre du prix, je peux me permettre de faire des pack ultra-remisés parce que si je peux offrir du contenu à mes lectrices ça va me permettre de les fidéliser, et c’est là où moi je vais y gagner.» Pour « une campagne qui va durer 4 mois », je suis censé comprendre que c’est une affaire en or.

Je reste sage au téléphone, j’écoute bien attentivement, sans faire de commentaire.

Sentez-vous le doute poindre en vous ?

On m’explique que c’est le même format que pour le « Prix du bien-être Marie France » qui en est à sa 4ème édition. « On a copié le format parce qu’on sait que ça marche très très très très bien sur Marie France. »

 « À vous de me dire si ça peut s’intégrer dans votre stratégie de communication.

— Absolument pas.

— Au moins ça a le mérite d’être clair. Je vous en remercie. Pour quelle raison ? »

Le magazine Top Santé n’est pas exactement le genre de revue qui fait montre de la rigueur attendue quand on parle de ces sujets (Cf : une vidéo de Mr Sam à leur sujet). Tout leur contenu n’est pas à jeter, on a vu pire, bien sûr (Santé magazine par exemple), mais bon… Le mélange des genres entre ce qui relève de la santé et du bien être, ainsi que la complaisance envers les pseudo-médecines nous empêche de considérer que le patronage de Top Santé améliorerait notre image. On serait même en droit d’estimer que c’est le contraire qui se passerait. Finalement, tout cela n’est qu’une opération de communication, de la publicité grimée en concours où les votants ont le choix entre des marques qui ont payé leur droit à figurer dans la liste. Nous n’avons pas la même culture, les mêmes priorités, les mêmes méthodes.

Est-il possible que nous prenions la santé plus au sérieux que le journal « Top Santé » ?

Sur la Tronche en Biais, nous invitons des gens pour partager avec le public un moment d’échange, ce moment d’échange étant la vraie valeur ajoutée de l’opération. Personne ne nous paie pour apparaître sur la chaîne ; je ne paierai jamais pour qu’on parle de zététique dans un journal. Quand nous présentons un livre à l’antenne, ou vous conseillons une vidéo, c’est parce que son contenu nous semble digne d’intérêt ; personne ne nous verse un centime pour le faire.

Mon interlocuteur comprend tout à fait. Ou presque. « Je ne peux pas prendre la décision à votre place. Ca peut vous offrir une visibilité vraiment énorme. »

Je vous annonce officiellement que la Tronche en Biais ne sera pas candidate au Prix Top Santé (et qu’elle n’est pas intéressée par les offres de partenariats commerciaux qui arrivent chaque semaine dans notre boite aux lettres). Nous ne pensons pas que le logo « Top Santé » améliore la crédibilité de nos contenus. Nous aimerions que les questions de santé et de bien être soient traitées autrement que comme de la marchandise à refourguer à « des lectrices » dont on vend l’attention à des marques qui distribuent des « crèmes et huiles visage », des « sérum visage », des « masques et gommages », des « nettoyants visage » etc. (voir la liste des gagnants 2019 du Prix Marie France)

Cela étant dit, nous ne rejetons pas les gros tirages parce qu’ils vendent des espaces publicitaires, nous rejetons seulement ceux qui n’ont pas la culture du partage des savoirs, de la rigueur des sciences, du respect du public.

À propos des propriétaires de Top Santé (https://fr.wikipedia.org/wiki/Reworld_Media)

Acermendax
9 réponses
  1. Yrtiop
    Yrtiop dit :

    Je me demande comment ils sont tombés sur vous, il ont du voir marqué « Zététique » et ont du penser que c’était une nouvelle branche new age de diététique 😀

    Répondre
  2. Laurent Chaudoreille
    Laurent Chaudoreille dit :

    Une belle démonstration de ce qu’est une campagne commerciale pure et dure. Aucune attention portée au message, au médium, à son public. Vendre, juste vendre et ramasser gris partout ou c’est possible.

    Répondre
  3. loic pessonnier
    loic pessonnier dit :

    Désolé pour la question hier sujet, mais sa vient d’où et sa veut dire quoi « ramasser gris »?

    Répondre
  4. Willy-Paul Westphal
    Willy-Paul Westphal dit :

    C’est clair, ils n’ont même pas pris la peine de regarder attentivement votre contenu ; vous auraient-il contacté dans le cas contraire ? (Peut-être que oui, l’argent n’a pas d’opinion)

    Répondre
  5. sophie
    sophie dit :

    Désolée de l’écrire en public, mais il me semble qu’on écrit « magazine » et non « magasine » dans ce cas de figure 😉

    Répondre
  6. Darius
    Darius dit :

    Cher Thomas. J’aimerais vraiment un jour que tu fasse une émission sur la pseudoscience qu’est « la dietetique et la nutrition ».
    Il faudrait s’inspirer du colossal travail du Prof. John Ioannidis (tout en anglais) et une fois pour toute raisonner sur des mythes qui trompent le monde entier. Comme p. le « Régime méditerranéen » (Étude Predimed démontée par Ioannidis) ou le régime d’Okinawa (absence de fruits frais et secs!!!) bon que pr les Japonais probablement et ds certaines circonstances.
    Ce serait bien d’analyser les particularités de chaque ethnie et régions où une selection naturelle a fait en sorte que certains organismes sont génétiquement déterminés à être attirés par tels ou tels aliment (Études empiriques et observationnelles sur les indiens Pima, Massais, Esquimaux etc). Et on nous bassine qu’il faut manger de tout et varié. BULLSHIT.
    Il n’y a et n’aura jamais d’études statistiquement valable pr determiner si tel ou tel aliment est bon pour tout les humains. Tout simplement parce qu’on ne peut faire de double aveugle avec des aliments pour commencer. Ensuite les biais personnels et culturelles sont tellement puissants que personne n’est prêt à écouter ce thème critique sans parler de créer un débat.

    Instinctivement chacun pense avoir raison et chacun donne son avis sur ce qui est bien ou pas de manger. Mais c tout du bla bla parce qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais aliments. Il n’y a que la merde et le vomi qui n’attire personne(quoi que). Tout le reste st une question de goût et le goût vient en gde partie des gênes. Le jour où on fera bouffer des Broccolis aux « Massais » c’est qu’on aura définitivement perdu la bataille…
    Merci pr tt Thomas

    Répondre
    • Romain
      Romain dit :

      à ma connaissance, la diététique et la nutrition ne sont pas des conneries… toutefois, elles ont effectivement été récupérées par des pseudo-sciences, tout comme la physique quantique et l’astronomie l’ont été par différentes thérapies quantiques (pour la physique) et et l’astrologie (pour l’astronomie)… ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain.

      Répondre

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Répondre à Romain Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *