Idriss Aberkane à l’épreuve des faits

Suite à notre article sur le problème de la valeur de la parole scientifique dans l’espace public, et des « autorités » construites sur les médias, de nouvelles informations nous ont été apportées sur les références d’Idriss Aberkane.

Fact checking !

Cet article est la quasi retranscription d’un travail de fact checking qui nous a été communiqué et que vous pouvez consulter ici.

Lorsqu’on se trouve face à un curriculum vitae dont le contenu est remis en cause par diverses personnes, la bonne réaction est de se donner les moyens de vérifier l’adéquation entre ce document et les faits tels qu’ils sont vérifiables auprès des sources les plus solides.

Il s’agit de s’intéresser purement aux faits pour tenter d’évaluer la crédibilité des éléments listés sur ce CV. Ce n’est pas le procès d’Idriss Aberkane, qui pourra d’ailleurs s’exprimer ici s’il désire répondre à l’analyse proposée, mais un exercice lié directement à l’esprit critique.

Il est tentant, lorsqu’une personne tient un discours qui résonne avec nos valeurs, de lui accorder du crédit, et de ne pas douter suffisamment de ce qu’il peut dire, ou des références dont il se réclame. Ceux qui sont intéressés par les sujets que traite Monsieur Aberkane ont raison d’être intéressés par ces sujets ! Mais leur devoir de vigilance reste entier. Tout comme il était du devoir des journalistes et de tous ceux qui ont mis Idriss Aberkane sur une scène ou un plateau de télévision de réaliser le travail de vérification ci-dessous.

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Article du Monde en ligne qui brosse un portrait élogieux et sans aucun esprit critique sur Idriss Aberkane.

Dans le but d’être le plus complet et le plus objectif possible dans cet exercice, nous sommes ouverts à toutes les suggestions, critiques et remarques dûment sourcées.

Etudes et diplômes

Université Paris Sud

« DEUG, Biologie théorique, option Chimie, mention Très Bien.»

Non vérifié, mais il n’y a pas de raison d’en douter.

Entré en Biologie (Bio ’05)

Vrai. Pour être précis, il a été admis à préparer le diplôme de l’ENS (sur dossier), non sur concours.

L3, M1, M2, spécialisé en neurosciences cognitives:

Vrai et faux.

Il est vrai qu’il a eu une L3 en biologie, puis un M1 en sciences cognitives (Cogmaster), dans la filière neurosciences cognitives. En revanche il est faux qu’il ait obtenu un M2 de l’ENS, que ce soit en neurosciences cognitives (sur son CV) ou en Systems Biology (sur Linkedin).

Vérification faite auprès du Service des Admissions et des Etudes de l’ENS, Aberkane n’a pas effectué de M2 à l’ENS. Il n’a donc pas de diplôme de master issu de l’ENS. Il n’a pas non plus obtenu le Diplôme de l’ENS. Il ne figure pas sur l’annuaire des anciens élèves de l’ENS, ni sur la liste des anciens élèves du Cogmaster.

À noter, son CV a maintenant été corrigé (version du 29/10/2016) et indique comme M2 le master AIV.  Cette précision a le mérite d’être correcte, si ce n’est qu’elle est toujours placée fallacieusement sous la catégorie Ecole Normale Supérieure, alors qu’il s’agit d’un master de l’université Paris Diderot, qui n’est pas co-habilité par l’ENS. Aberkane continue donc à revendiquer à tort un diplôme de master de l’ENS.

Aberkane peut-il se dire normalien (comme n’hésitent pas à le présenter certains journalistes) ?

Le titre de normalien n’est pas réglementé, on ne peut donc se référer qu’à l’usage. L’usage en vigueur lors de la scolarité d’Aberkane (2005-2008) voulait qu’il soit réservé aux élèves issus du concours d’entrée. Depuis 2016, l’ENS de Paris a défini les « élèves  normaliens» (admis sur concours) et les « normaliens étudiants » (admis sur dossier). Aberkane pourrait donc, à la rigueur, se définir de manière rétroactive comme « normalien étudiant ». En revanche l’usage n’établit pas clairement si la seule admission vaut titre de normalien, ou bien si celui-ci ne peut être acquis qu’à l’issue de l’obtention d’un diplôme (master, et/ou Diplôme de l’ENS, ce qui n’est pas le cas d’Aberkane).

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Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales

Cogmaster, coaccrédité avec l’ENS (dans son CV) : Vrai, faux et redondant.

Il est vrai qu’il a validé le M1 du Cogmaster, mais il s’agit de la même formation que celle citée sous l’entrée ENS (le master est co-habilité par l’ENS, l’EHESS, et l’université Paris Descartes). Elle n’a donc pas à constituer une ligne supplémentaire sur un CV. Et il reste bien sûr faux qu’il ait validé le M2 et obtenu le diplôme de ce master.

C’est maintenant corrigé dans la version du 29/10/2016 de son CV, avec la précision « M1 »

Docteur en Diplomatie et Noopolitique. Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques de Paris (2013).

Pas clair.

Le CEDS n’est pas habilité à délivrer le doctorat en France. Sa page web précise les conditions d’obtention d’un PhD en relations internationales et diplomatie. Le CEDS se dit accrédité par l’organisation britannique ASIC, ce qui semble être le cas, sans que le niveau du diplôme accrédité ne soit précisé. Bref, difficile de se faire une idée de la valeur de ce PhD. En tous cas un parchemin mentionnant PhD a été délivré.

De la thèse elle-même, Aberkane n’a mis en ligne que le résumé et la couverture. Elle n’apparaît dans aucune base de données en ligne. Le directeur de thèse Mahmoud M. Musa apparaît dans la liste des professeurs et conférenciers du CEDS, mais en dehors de cette page il est difficile à trouver. Le Centre Canadien d’Etudes Culturelles Comparatives dont il est censé être directeur académique ne semble pas avoir de page web. Mystère… Deuxième membre du jury affiché, Michael Strauss, apparaissant également dans la liste du CEDS comme journaliste et directeur de collection littéraire. Sur la base de ces informations, il est difficile de se faire une idée de sa compétence à siéger dans un jury de thèse de doctorat. Troisième et dernier membre du jury, Paul Bourgine, directeur de recherches au CNRS, le seul à avoir un statut universitaire clairement établi. En revanche, sa compétence sur le sujet de la thèse paraît moins évidente. Par ailleurs, trois membres pour un jury de thèse, c’est peu, a fortiori quand deux sur les trois sont internes à l’institution (la plupart des universités imposent un nombre ou une proportion minimale de membres extérieurs, pour assurer une évaluation un minimum indépendante).

Bref, s’il est probable (au regard des nombreux articles déjà écrits) qu’Aberkane ait pu soumettre le mémoire de 300 pages nécessaire pour soutenir une thèse selon les critères du CEDS, la réalité et la valeur du diplôme de PhD revendiqué restent incertaines.

Addendum. Nous avons reçu un message de l’Agence Bibliographique de l’Enseignement Supérieur (Voir dans les commentaires de cet article.

« Pour information, le site theses.fr est un site ministériel qui recense l’ensemble des thèses de doctorat soutenues en France. Les données de theses.fr se veulent exhaustives, mais sont sous la responsabilité des établissements de soutenance. (…) La page de M. Aberkane signale deux thèses de doctorat : http://theses.fr/183588231, celle de 2014 (http://theses.fr/2014STRAC005) et celle de 2016 (http://www.theses.fr/2016SACLX005). La thèse de 2013 n’est donc pas une thèse de doctorat aux yeux de l’Etat français. Il existe néanmoins d’autres types de thèses, qui n’ont pas valeur de doctorat : thèse d’exercice pour les médecins, thèses de l’Ecole des chartes, thèses de doctorat « canonique » de l’Institut Catholique de Paris, etc. »

 

Docteur en Etudes méditerranéennes et Littérature comparée. Université de Strasbourg (2014).

Exact.

Notons que l’on retrouve Paul Bourgine dans le jury, bien que sa compétence en littérature comparée ne soit pas plus attestée qu’en relations internationales. Le jury a été présidé par Pierre Collet, un professeur en informatique dont la compétence sur ce sujet est tout aussi mystérieuse.

Docteur bidisciplinaire en Neurosciences cognitives et Economie de la connaissance. Ecole Polytechnique Université Paris Saclay (2016).

Exact pour l’essentiel (source), même si ce doctorat avait été annoncé de manière anticipée bien avant sa soutenance (on en retrouve la trace par exemple ici). En revanche, le doctorat a été apparemment soutenu dans la discipline « Sciences de gestion », comme l’indique d’ailleurs le diplôme récemment mis en ligne sous la pression des contestations. La notion de doctorat bidisciplinaire est donc fantaisiste et le nom des disciplines citées correspond plus à une description par l’auteur du contenu de sa thèse que des disciplines officielles de cette école doctorale, qui d’ailleurs ne comporte ni l’une ni l’autre.

Cette fois Paul Bourgine est co-directeur de la thèse. On retrouve Pierre Collet dans le jury.

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Parcours professionnel

Ambassadeur du Campus Numérique des Systèmes Complexes Unesco-Unitwin

Voilà un titre qu’il est intéressant.
Le Campus Numérique des Systèmes Complexes est un réseau universitaire international sponsorisé par l’Unesco via son programme Unitwin. Ce campus virtuel est porté par les universités de Strasbourg et du Havre. Si l’on cherche bien sur le site de Strasbourg, on trouve qu’Idriss Aberkane est l’un des participants à l’un des multiples projets décrits par le laboratoire strasbourgeois. Le campus numérique étant dirigé, pour la partie strasbourgeoise, par Pierre Collet, Anne Jeannin et Paul Bourgine. Qu’est-ce qui pourrait donner à Aberkane ce statut spécial d’Ambassadeur que n’ont pas les coordinateurs strasbourgeois ? Lui seul le sait.
De fait, si l’on cherche sur internet « Ambassadeur du Campus Numérique des Systèmes Complexes Unesco-Unitwin », on ne trouve que des pages concernant Idriss Aberkane. Il doit donc être le seul. Si l’on cherche « ambassadeur Unesco Unitwin », on trouve soit des pages consacrées à Aberkane, soit des pages de l’Unesco sans rapport avec lui (mais mentionnant de véritables ambassadeurs d’états). Il semble que les programmes Unesco-Unitwin (il y en a beaucoup) n’aient pas de personnes désignées comme ambassadeurs. On peut s’en convaincre en consultant la page d’accueil d’Unitwin et les documents qui y sont joints. Le mot d’ambassadeur n’y figure nulle part.

L’explication la plus plausible, c’est que ce titre d’ambassadeur d’un programme Unesco-Unitwin a dû être inventé par Idriss Aberkane, pour Idriss Aberkane, et pour lui seul.

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Professeur d’Economie de la Connaissance et de Silicon Valley studies dans le MBA de la Mazars University USA (accrédité CLIP)

Quelle est donc cette grande et prestigieuse université américaine appelée Mazars University, dans laquelle Idriss Aberkane serait Professeur ?

Si l’on cherche sur internet, on ne trouve pas de Mazars University aux USA. On trouve Mazars qui est un groupe international d’audit. En creusant un peu on trouve une mention sur le site français et une mention sur le site néerlandais qui permettent de comprendre que ce qui se fait appeler Mazars University est en fait… le service de la formation continue du groupe Mazars. Cette entité organise des cours, des séminaires et des ateliers pour des cadres du groupe, ainsi que probablement aussi des prestations similaires pour les externes. Quant à l’accréditation CLIP, il s’agit visiblement d’une accréditation propre aux formations « corporate ». On est donc bien loin d’une véritable université. Le nom d’Idriss Aberkane n’apparaît sur aucun de ces sites, mais on peut néanmoins lui accorder qu’il a bien dû donner un ou plusieurs séminaires à des cadres de Mazars. Néanmoins, il n’y a là rien qui puisse justifier, de près ou de loin, le titre de professeur ni même d’ailleurs le nom d’université.

Au fait, c’est quoi, les « Silicon Valley studies » ? Quelque chose qui n’existe visiblement que dans le monde d’Idriss Aberkane.

Professeur chargé de cours en Géopolitique et Economie de la connaissance à l’Ecole Centrale Paris, dans le Master Spécialisé stratégie et développement des affaires internationales

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Formulé tel quel, ça a été démenti par Centrale-Supélec, avec la précision toutefois qu’il enseigne dans un master spécialisé co-habilité par Centrale-Supélec (et l’EM Lyon). Il est donc chargé de cours, mais pas professeur (sous-entendu des universités, puisqu’il s’agit de l’enseignement supérieur).

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Cela a été corrigé dans le CV du 29/10/2016, qui déclare maintenant « enseignant chargé de cours ».

Chercheur ou enseignant-chercheur à Polytechnique

Cette allégation n’apparaît plus telle quelle dans son CV (peut-être depuis que l’Ecole Polytechnique a publié un démenti sur Twitter), mais reste dans les présentations faites de lui par de nombreux journalistes et sur diverses vidéos (comme celle sur le biomimétisme).

Ayant effectué un doctorat dans un laboratoire de l’Ecole Polytechnique, il est correct de dire qu’il y a effectué des recherches. Dire qu’il y a été chercheur n’est pas littéralement faux, mais suggère un statut de chercheur qu’il n’a pas. Doctorant ou étudiant-chercheur serait plus juste.

Quant à être enseignant-chercheur, Aberkane ne l’est pas, comme l’a indiqué l’Ecole Polytechnique. Tout au plus a-t-il peut-être fait quelques séances de travaux dirigés pendant son doctorat.

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Affiliate Scholar du Kozmetsky Global Collaboratory de l’Université de Stanford

Chercheur affilié à un laboratoire d’une prestigieuse université? Pas tout à fait. Ce Kozmetsky Global Collaboratory est plutôt un réseau et laboratoire virtuel en sciences sociales, formellement affilié à Stanford. On y trouve bien Idriss Aberkane dans la liste des membres (sous l’étiquette Centrale Paris !). Sans contester le rôle qu’Aberkane a pu jouer et joue peut-être encore au sein de ce réseau, c’est un rôle tout de même un peu différent que d’être chercheur affilié à un laboratoire de Stanford.

Co-fondateur et Président, Scanderia (Paris, Melbourne) société conceptrice et éditrice de jeux vidéo neuroergonomiques.

Idriss Aberkane a-t-il fondé et dirige-t-il l’Ubisoft du jeu sérieux (serious game) ? D’après son site, « Scanderia is the first company to develop brain ergonomic games » (rien que ça !). Peut-on voir un de ces jeux ? Visiblement, non. Le site paraît plutôt à l’abandon, n’ayant pas été mis à jour depuis août 2014. Seule une page pour les entreprises évoque quelque chose qui ressemble à un réel produit, qui est peut-être utilisé dans les multiples animations qu’Aberkane propose aux entreprises. À chacun d’apprécier l’ergonomie cérébrale unique au monde du produit présenté

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Co-fondateur et Président, Eirin International SARL (Richard-Toll, Sénégal), microcrédit agricole à taux zéro.

Indécidable.

L’existence de cette société n’apparaît que sur les pages d’Idriss Aberkane ou celles qui parlent de lui comme l’atteste une recherche sur google.

Conseiller scientifique de la mission SeaOrbiter

Vrai!

 

Sources consultées :

http://idrissaberkane.org/index.php/cv/ (version du 25/10/2016; des copies de cette page et des autres ont été conservées pour prévenir toute contestation)

https://fr.linkedin.com/in/idriss-aberkane-ph-d-87511628 (version du 25/10/2016)

https://wikimonde.com/article/Idriss_Aberkane (version du 25/10/2016)

 

« L’ego est le premier destructeur de valeur dans un projet » Idriss Aberkane


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63 réponses
  1. flyos
    flyos dit :

    Pour être tout à fait exact: l’ENS (étant une toute petite institution au regard de la diversité de parcours de ses élèves/étudiants) ne délivre qu’un tout petit nombre de diplômes et essentiellement « exporte » ses étudiants dans les Université environnantes, notamment au stade du Master (c’est particulièrement le cas pour Ulm). Je pense que les éléments fournis ici permettent de supposer qu’IA ait eu son master « dans le cadre de ses études à l’ENS ».

    Quant au « diplôme de l’ENS », c’est un diplôme plutôt cosmétique qui a été mis en place autour de 2005 dans des conditions assez houleuses de conflit entre les élèves/étudiants et l’ENS Ulm. En gros, c’est un diplôme qui sanctionne un travail supplémentaire en dehors du cursus obligatoire et dans des disciplines différentes de la sienne : absolument pas étonnant qu’un étudiant de la promo 2005 n’en soit pas titulaire.

    La distinction élève/étudiant en ce qui concerne le vocable « normalien » m’a toujours paru élitiste et aberrante : ils s’agit d’individus qui ont suivis le même parcours, avec les mêmes exigences (en soit, les étudiants sont même plus sous pression, parce qu’il leur arrive de se faire « virer », là où c’est pratiquement impossible pour l’élève, qui est fonctionnaire-stagiaire). Être recruté sur diplôme à l’ENS, ce n’est PAS se faire recruter au rabais!! Ça demande un très bon dossier, il y a une compétition très très forte.

    TL;DR: Si le diplôme de M2 qu’a obtenu IA n’a pas été délivré par l’ENS, ça n’empêche pas que 1) il était vraisemblablement toujours étudiant à l’ENS pour ce M2 et 2) il ait vraisemblablement obtenu ce diplôme dans le cadre de ses études à l’ENS. Ça vient essentiellement du fonctionnement de l’ENS… Et réussir l’ENS sur dossier, c’est quelque chose dont on peut être fier et qui devrait permettre de revendiquer son « titre » de normalien!

    Ça n’empêche pas que raconter n’importe quoi sur son CV, c’est mal ! 😛

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    • Timothée Behra
      Timothée Behra dit :

      Pas d’accord. J’ai été EAPD (= Étudiant Admis à Préparer le Diplôme de l’ENS, sur dossier) et j’ai obtenu ledit diplôme. Le concours d’entrée est notoirement l’un des plus difficiles en France. Devenir EAPD, il faut un bon dossier, mais la concurrence dépend largement du département. Chez moi, pour le département d’études cognitives, c’était facile (en fait, je n’ai même pas demander à préparer le diplôme, on m’a contacté pour me dire que si je souhaitais le faire, je pouvais). On était beaucoup au cogmaster dans ce cas. Après, valider son diplôme, dans mon cas ça a consisté à valider 36 ECTS dans les cours de mon choix en 2 ans (ça peut être 3 ans pour ceux qui entrent en L3), pas forcément à l’ENS, donc ça demande du travail, mais rien de particulièrement difficile. Je n’aime pas du tout l’élitisme français, néanmoins ça me parait normal de différencier les élèves des étudiants de l’ENS.

      Répondre
      • flyos
        flyos dit :

        Il faut un TRÈS bon dossier, en tout cas en biologie, les étudiants recrutés étaient pas des branques, c’est rien de le dire… Pour le cogmaster, je ne sais pas, honnêtement; mais le monsieur a été recruté en Bio et là, je peux te garantir que ça demande un dossier assez béton. Je trouve que l’argument qui ressort (volontairement ou non) de l’argumentaire de Mendax, c’est qu’il aurait été « étudiant au rabais » à l’ENS, ce que je trouve tout simplement faux.

        En ce qui concerne le diplôme, je connais pas mal de gens recruté en 2007 qui ne l’ont pas passé ou ont abandonné en cours de route. Ça reste un diplôme mineur qui n’a que peu de valeur, le fait de ne pas l’avoir ne témoigne pas spécialement d’un « échec », c’est ce que je voulais souligner.

        Pour l’appellation normalien, j’imagine que c’est une histoire de convention. C’est assez étonnant puisque les clichés voudraient qu’on ait des positions inversées. Ceci dit, je maintiens que je ne vois pas de raison de distinguer un étudiant d’un élève recrutés en L3. Ils auront suivi EXACTEMENT le même cursus, c’est ça qui compte non ? Le cas est peut-être un peu différent pour les étudiants recrutés en master, comme ça semble être ton expérience, là je peux pas trop dire…

        Mon point était principalement de dire que cette ligne (dire qu’on a eu le M2 par l’ENS plutôt que par la fac) possède un contexte (le M2 faisant parti du cursus à l’ENS) et que cette distorsion de la réalité est probablement assez courante parmi les anciens élèves/étudiants de l’ENS qui ne veulent pas qu’on pense qu’ils ait été « viré » ou qu’ils ait quitté l’ENS. Perso, je m’en fous, mon M2 était co-habilité ! 😛

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        • Marsu
          Marsu dit :

          Timothée a tout de même raison sur la sélectivité respective de l’admission sur concours vs. sur dossier à l’ENS. Dans chaque discipline, l’ENS n’admet sur concours qu’un tout petit nombre d’élèves (au plus 20), et c’est le concours le plus sélectif de France, sans contestation possible. Il est d’une difficulté que seuls ceux qui l’ont tenté peuvent mesurer.
          Concernant l’admission sur dossier, sa sélectivité varie effectivement selon les départements et les années. Dans les premières années du « diplôme de l’ENS » (correspondant à l’admission d’Aberkane), les portes ont été assez largement ouvertes, et le décalage entre les deux catégories d’admis assez flagrant. Plus récemment, la direction de l’ENS a tenu à rapprocher la sélectivité de l’admission sur dossier de celle du concours. Les niveaux se sont rapprochés, malgré tout ils ne sont toujours pas identiques.
          A part cela, flyos a tout à fait raison de dire qu’il est courant pour les normaliens de faire un master extérieur à l’ENS, et que le diplôme a une valeur surtout cosmétique et que nombre de normaliens ont négligé de le valider, surtout dans les premières années. On ne peut donc pas vraiment reprocher à Aberkane de n’avoir ni l’un ni l’autre. Malgré tout la mention d’un diplôme de master de l’ENS sur son CV était inexacte.

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          • flyos
            flyos dit :

            C’est marrant, c’est pas du tout mon expérience. Dans ma promo (BIO07, donc proche du recrutement d’IA), bon nombre de mes camarades « étudiants » forçaient franchement le respect. Je dis pas que le recrutement sur concours n’est pas plus sélectif (il doit l’être en pratique, c’est sûr), mais mon expérience c’est que la différence du mode de recrutement ne faisait quasiment aucune différence sur le niveau en pratique.

            Mais, je semble être minoritaire apparemment, donc je veux bien admettre que je suis victime d’un cas particulier (proche de la situation d’Aberkane ceci dit). Surtout, c’est un détail mineur, le reste des vérifications du CV montre qu’il y a des abus largement plus grand que celui qui est traité dans ces commentaires (ma faute, désolé…).

  2. zert
    zert dit :

    C’est pas mal comme technique :

    1 bidonner son CV.
    2 obtenir des vrais postes et titres grâce au CV bidonné.
    3 remplacer sur le CV les mentions bidons par les vraies mentions (en tous cas supprimer les mentions bidons quand on est démasqué).
    4 se poser comme autorité légitime incontestable grâce aux vraies mentions.

    PS : La citation finale est absolument délicieuse…

    Répondre
  3. Lupin
    Lupin dit :

    Les noms de Paul Bourgine et Pierre Collet reviennent souvent. On pourrait supposer qu’IA et eux sont devenus bien potes, ou que lui soit devenu leur poulain qu’ils essayent d’associer à chacun de leurs projets, bref plus de recherches nous apprendraient certainement quels sont les liens qui unissent les trois larrons. Il est d’ailleurs curieux que pas eux ni quiconque d’autre ne soit intervenu « en défense » d’IA, ou même que le principal intéressé, manifestement prompt à raconter n’importe quoi, n’ait toujours pas publiquement réagi…

    Répondre
  4. ced
    ced dit :

    Je pense que le jour où Aberkane prendra la parole :

    1) tout (ou presque) sera déjà oublié.
    2) ça sera pour pleurnicher à propos du méchant système français qui « stigmatise » encore et encore les gens à partir de leur CV (qui ne sert à rien, c’est bien connu, c’est bien pour ça qu’on le falsifie…Paradoxal)
    3) son site et certaines vidéos seront complètement modérés à son « bénéfice ». Je ne parle pas d’argent mais d’économie de la connaissance qui est gratuite (dixit IA) c’est bien connu.

    Je tiens quand même à préciser qu’à une époque pas si lointaine, les commentaires dubitatifs à l’égard de la statue d’Aberkane étaient systématiquement menacés. Par qui? Mystère:) En tout cas, je serai ravi de voir la manière dont Aberkane libère son cerveau en procédant à l’extraction d’une racine d’un nombre à 10 chiffres, pour commencer, ça sera déjà un bon début.

    Répondre
  5. ced
    ced dit :

    Sur le site Amazon qui s’est fait un plaisir de tout effacer! J’ai quelques captures d’écrans très explicites.

    Répondre
  6. Daniel Chateigner
    Daniel Chateigner dit :

    J’ai contacté toutes les personnes des Jurys de sa (ses ?) thèse pour en obtenir un exemplaire. Jusque là, rien, aucune réponse. Dommage, j’aurais tant aimé savoir comment prendre cette foutue bouteille à plaines mains …

    Répondre
    • Milovanovic Daliborka
      Milovanovic Daliborka dit :

      La bouteille à pleine main, c’est une métaphore Daniel Chateigner. Je suppose que la lecture premier degré de son discours est ironique. En matière de neuroergonomie, concept qui me semble pertinent, je vous invite à rencontrer les communautés de unschoolers pour vous donner une idée de ce qu’est un apprentissage efficace (des gamins qui préparent en deux ans un bac que des enfants scolarisés préparent en 12 ans !) ou à lire des pédagogues comme Peter Gray.

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  7. Orson Scott Card
    Orson Scott Card dit :

    Un peu de real-politic messieurs !!! Cette personne est peut-être un faussaire, du moins en partie. Mais il exprime très bien nos idées et avec un bon impact média. Il serait peut-être opportun de le soutenir dans une mesure tacticienne. Car si cet homme aussi souhaite jouer le marionnettiste de service comme tant de médiapoliticiens avant lui, offrons lui la possibilité d’y croire et utilisons le à nos fins. De plus il fera un très bon fusible en temps voulu.

    Répondre
    • Marsu
      Marsu dit :

      J’imagine que ce commentaire est à prendre au second degré.
      Néanmoins, le « nos idées » m’interpelle. Une partie du problème est visiblement aussi sur le fond, et le fait que la plupart des chercheurs en neurosciences/sciences cognitives ne reconnaissent pas leurs idées ni leur domaine dans le discours d’Aberkane. Donc même dans une optique totalement cynique et « real-politicienne », je ne crois pas que la communauté soit prête à faire d’Aberkane son porte-parole médiatique.

      Répondre
      • Milovanovic Daliborka
        Milovanovic Daliborka dit :

        Salut Acermendax,

        Merci pour toutes les recherches que tu as effectuées au sujet d’Idriss Aberkane. Cela ne fait que confirmer selon moi que nous accordons une valeur déraisonnable aux titres et aux diplômes. Je ne jugerai pas ce genre d’attitude qui consiste à arranger son CV (ce qui ne signifie pas que je l’approuve). Je peux comprendre pourquoi on en arrive là. Du coup, en effet, il y a comme une dissonance entre le dédain exprimé par Aberkane envers les institutions qui délivrent ces titres et cet arrangement de son CV…
        J’ai eu l’occasion de discuter longuement avec Idriss Aberkane. Je le vois exactement comme il se présente, c’est-à-dire un amoureux de la connaissance. Il m’a fait l’effet d’un enfant enthousiaste et passionné. Mais un enfant extraordinairement cultivé. Je le définirais pour ma part comme un philosophe plus que comme un scientifique même s’il semble bien connaître les méthodes de la science. Je crois pour ma part qu’il est possible de construire différents types de discours rationnel sur le réel et que la méthode scientifique n’a pas le monopole de la rationalité. C’est pour cela que j’accorde une grande valeur à la philosophie.
        J’ai rédigé un article intitulé « Déguster des mathématiques » dans le dernier numéro du magazine dont je suis directrice de publication et dont le dossier est consacré aux « Formidables mathématiques ! ». Un petit magazine loin des grands médias mainstream. Idriss Aberkane a répondu très vite à ma demande d’entretien. Tout comme Cédric Villani ou Mickaël Launay d’ailleurs. Des personnes très humaines, très accessibles et très humbles, dont l’objectif principal me semble être avant tout la diffusion d’idées qui leur sont chères. C’est ainsi que je vois ces trois jeunes messieurs : des passionnés qui ont bien plus à dire que ce que le discours scientifique leur permet de dire. On pourrait aussi gloser sur l’ego de Villani mais l’ego des gens ne me pose pas de problème (j’ai une théorie à ce sujet ;-)).
        Bref, je n’affirmerais pas qu’Aberkane est un charlatan. J’ai pu constater qu’il maîtrisait un certain nombre de sujets de neurosciences. Son point de vue sur les apprentissages est très intéressant et ce que j’ai apprécié pour ma part, c’est le nouveau langage qu’il propose pour penser des problèmes que nous évoquons souvent dans les pages de notre magazine. D’où mon souhait de m’entretenir avec lui.
        Je comprends que la présentation du CV d’Aberkane irrite les uns et les autres. C’est dommage car cela va assurément discréditer un discours pourtant plein de bon sens. Néanmoins, je ne formulerais pas un jugement aussi définitif que celui qui l’accable actuellement : imposture, mensonge, usurpation… Et je trouve mesquines certaines des rectifications de son CV qui sont faites sur Internet. Je constate juste que les chiens de garde de l’académisme français sont au taquet et ça me désole, moi qui milite pour une désacadémisation de la connaissance et de la transmission. Mais sur ce point, je suis probablement foncièrement et philosophiquement en désaccord avec vous.

        Daliborka

        Répondre
      • Milovanovic Daliborka
        Milovanovic Daliborka dit :

        Il ne me semble pas que les neuroscientifiques aient des « idées » en tant que scientifiques et au sens où Aberkane ou quiconque qui exprime son point de vue sur le réel a des « idées ». Ils en ont assurément personnellement mais elles sortent du strict contexte scientifique qui est assez étriqué au fond et ne permet pas de répondre à toutes les questions (comme « quelle est la meilleure façon d’apprendre », question à laquelle les neuroscientifiques ne peuvent pas répondre, quoi qu’ils en disent). Du reste, beaucoup de scientifiques, satisfaisant aux critères de probité rappelés par Acermendax, se permettent de dériver des « idées » de leurs travaux scientifiques, de façon souvent tout à fait illégitime. Et en matière d’idées, il n’y a probablement aucune homogénéité entre eux qui nous permettrait de parler des « idées des neuroscientifiques ». Les neuroscientifiques en tant que scientifiques ont une activité scientifique et l’activité scientifique produit des schémas d’explication du réel mais ne produit pas d’idées au sens axiologique. Bref, pour en revenir à Aberkane, il a sa propre activité de production d’idées (c’est pourquoi j’écris plus bas que je le vois comme un philosophe) qu’il appuie sur des travaux scientifiques notamment de neurosciences mais pas seulement. Et cela tout le monde le fait, même vous ici-même. Quelques neuroscientifiques peuvent ne pas être d’accord avec ses idées (que veut dire la phrase « les neuroscientifiques ne reconnaissent pas leurs idées dans le discours d’Aberkane » ? Comme s’il y avait un consensus sur la vie, l’amour, la liberté, etc., entre eux… Or c’est plutôt de cela que parle Aberkane), leur désaccord n’aura pas plus de validité que le vôtre car il ne se fait pas sur le terrain scientifique. Le discours d’Aberkane n’est pas un discours scientifique et ne prétend pas l’être. C’est un discours axiologique. Il n’est ni vrai ni faux car il énonce des valeurs. Après je n’approuve pas ses arrangements de CV, parce que moi-même, je ne juge pas une personne d’après son CV mais d’après la cohérence interne et la probité intellectuelle d’un discours. La comparaison avec Yourofsky me semble outrancière. Yourofsky appelle au viol et au meurtre au nom du véganisme. Aberkane critique l’école… Mais en France, on ne touche surtout pas à la sacro-sainte institution scolaire…

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        • Milovanovic Daliborka
          Milovanovic Daliborka dit :

          Désolée, c’est mon message d’hier soir qui a été publié en réponse au fil initié par Orson Scott Card « Un peu de real-politic… » alors que j’ai pourtant bien tenté de publier le second de mes messages, qui apparaît désormais bien en-dessous après une seconde tentative de publication. Je ne sais pas trop ce qui s’est passé, peu importe. Le premier message figurant déjà infra en commentaire général à l’article d’Acermendax, son doublon dans ce fil peut être supprimé.

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        • Claire Darbaud
          Claire Darbaud dit :

          Je seconde Dali!

          Franchement, si tout ce qu »on a a reprocher à Monsieur Aberkane c’est qu’il présente son CV sous un jour flatteur, en ce qui me concerne, je trouve que ça en dit plus long sur ses détracteurs que sur lui! Mettre son expérience en valeur, c’est le principe même d’un CV! Où sont les gens qui écrivent sur le CV « Diplomé de l’Université Trucmuche » et ajoutent par honneteté « attention, le nom en jette, mais c’est un juste pauvre centre de formation.. ». J’ai enseigné à « Oracle University », je l’ai écrit sur mon CV. Pas une seconde je n’ai pensé ajouter « attention, ça s’appelle University, mais c’est pas une vraie, hein, juste un centre de formation privé ordinaire ». Je suis diplomée de HEC Montréal, je l’écris comme ça. Je n’ajoute pas « Mais ne vous laissez pas abuser, ça n’a rien a voir avec HEC Paris »…

          Perso, j’étais un peu sceptique sur le personnage, (même si j’apprécie beaucoup ses idées)… votre analyse n’a d’autre effet que d’augmenter sa crédibilité 🙂

          Répondre
  8. Lioss
    Lioss dit :

    OK je vois le genre. J’ai suivi un mooc de Lancaster et obtenu un certificat d’accomplissement, avec la « logique » Aberkane je suis diplômée de l’université de Lancaster.
    Je pense que je vais le mettre sur mon CV ^^

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    • ced
      ced dit :

      Excellent! Un mooc en gestion de patrimoine à Dauphine vaut bien une mention « expertiste comptable » Sup de co Dauphine sur le cv c’est évident. « l’aberkanisation » du cv est l’invention de cette fin 2016.

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  9. Milovanovic Daliborka
    Milovanovic Daliborka dit :

    Salut Acermendax,

    Merci pour toutes les recherches que tu as effectuées au sujet d’Idriss Aberkane. Cela ne fait que confirmer selon moi que nous accordons une valeur déraisonnable aux titres et aux diplômes. Je ne jugerai pas ce genre d’attitude qui consiste à arranger son CV (ce qui ne signifie pas que je l’approuve). Je peux comprendre pourquoi on en arrive là. Du coup, en effet, il y a comme une dissonance entre le dédain exprimé par Aberkane envers les institutions qui délivrent ces titres et cet arrangement de son CV…
    J’ai eu l’occasion de discuter longuement avec Idriss Aberkane. Je le vois exactement comme il se présente, c’est-à-dire un amoureux de la connaissance. Il m’a fait l’effet d’un enfant enthousiaste et passionné. Mais un enfant extraordinairement cultivé. Je le définirais pour ma part comme un philosophe plus que comme un scientifique même s’il semble bien connaître les méthodes de la science. Je crois pour ma part qu’il est possible de construire différents types de discours rationnel sur le réel et que la méthode scientifique n’a pas le monopole de la rationalité. C’est pour cela que j’accorde une grande valeur à la philosophie.
    J’ai rédigé un article intitulé « Déguster des mathématiques » dans le dernier numéro du magazine dont je suis directrice de publication et dont le dossier est consacré aux « Formidables mathématiques ! ». Un petit magazine loin des grands médias mainstream. Idriss Aberkane a répondu très vite à ma demande d’entretien. Tout comme Cédric Villani ou Mickaël Launay d’ailleurs. Des personnes très humaines, très accessibles et très humbles, dont l’objectif principal me semble être avant tout la diffusion d’idées qui leur sont chères. C’est ainsi que je vois ces trois jeunes messieurs : des passionnés qui ont bien plus à dire que ce que le discours scientifique leur permet de dire. On pourrait aussi gloser sur l’ego de Villani mais l’ego des gens ne me pose pas de problème (j’ai une théorie à ce sujet ;-)).
    Bref, je n’affirmerais pas qu’Aberkane est un charlatan. J’ai pu constater qu’il maîtrisait un certain nombre de sujets de neurosciences. Son point de vue sur les apprentissages est très intéressant et ce que j’ai apprécié pour ma part, c’est le nouveau langage qu’il propose pour penser des problèmes que nous évoquons souvent dans les pages de notre magazine. D’où mon souhait de m’entretenir avec lui.
    Je comprends que la présentation du CV d’Aberkane irrite les uns et les autres. C’est dommage car cela va assurément discréditer un discours pourtant plein de bon sens. Néanmoins, je ne formulerais pas un jugement aussi définitif que celui qui l’accable actuellement : imposture, mensonge, usurpation… Et je trouve mesquines certaines des rectifications de son CV qui sont faites sur Internet. Je constate juste que les chiens de garde de l’académisme français sont au taquet et ça me désole, moi qui milite pour une désacadémisation de la connaissance et de la transmission. Mais sur ce point, je suis probablement foncièrement et philosophiquement en désaccord avec vous.

    Daliborka

    Répondre
    • zert
      zert dit :

      Bonjour Daliborka,

      Il faudrait savoir : Villani est « très humain, très accessible et très humble » ou « on pourrait gloser sur son ego » ? Malheureusement c’est la moindre de vos contradictions.

      Si je comprend bien votre définition (cf votre commentaire précédent) de ce qu’est une « idée », une idée ne peut être qu’axiologique, c’est-à-dire qu’idée est synonyme de « valeur morale », et c’est la seule chose qui compte pour vous. Effectivement un ensemble de valeurs morales (par exemple une religion) permet de « répondre à toutes les questions ». Mais cela pose au moins deux problèmes.
      Le premier est que les réponses apportées sont souvent fausses, c’est-à-dire non opérantes. On ne construit pas un moteur à explosion en se basant sur des passages de la Bible ou du Coran (ni sur aucune valeur morale).
      Deuxième problème qui se combine au premier : l’honnêteté EST une « idée » (une valeur morale) dans votre sens. Vous devriez donc désapprouver la malhonnêteté. Contrairement à ce que vous écrivez, le discours d’Aberkane prétend être scientifique, c’est même sur son CV à rallonge qu’il fonde sa légitimité.
      Vous prétendez juger « la cohérence interne et la probité intellectuelle d’un discours », mais vous écrivez aussi que le discours d’Aberkane n’est « ni vrai ni faux car il énonce des valeurs ». Comment quelque chose de ni vrai ni faux pourrait avoir une cohérence interne ? Comment un discours légitimé par un CV bidonné pourrait être probe ? Pourquoi vous intéressez-vous aux mathématiques si les seules idées qui vous importent sont des valeurs morales ni vraies ni fausses ? etc.

      J’ai bien peur que dans votre guerre contre l’école vous n’ayez choisi un allié peu fiable. 3 PhD et de nombreux postes en institutions de recherche à seulement 29 ans, cela aurait pu vous mettre la puce à l’oreille sur son intérêt dans la « désacadémisation de la connaissance ».
      Aberkane vous a dit des choses que vous avez aimé entendre (c’est sa spécialité), il a un discours « plein de bon sens ». Souvent la science remet en cause le fameux « bon sens ». Et en effet la science « ne permet pas de répondre à toutes les questions », elle demande plus de modestie que ça et ce n’est pas son but. Je vous conseille plutôt de vous tourner vers la Scientologie.

      PS :
      C’est lui-même qui a rectifié son CV depuis que certains en ont relevé les abus… Il serait d’ailleurs amusant de comparer les versions successives. Et franchement, si demander que les gens ne s’attribuent pas des diplômes et des postes qu’ils n’ont pas, c’est être un chien de garde de l’académisme, alors tous les gens attachés à l’honnêteté (une vraie « idée ») sont des chiens de garde.

      Répondre
      • Milovanovic Daliborka
        Milovanovic Daliborka dit :

        Cher Zert,

        Je me permets de répondre à votre message dans le texte après les ****

        Il faudrait savoir : Villani est « très humain, très accessible et très humble » ou « on pourrait gloser sur son ego » ? Malheureusement c’est la moindre de vos contradictions.
        *****
        Je ne vois là aucune contradiction. J’affirmais que mon expérience de Cédric Villani était celle d’un homme humain, accessible, humble. J’ajoutais par ailleurs que l’on « pourrait » (je souligne le conditionnel) gloser sur son ego car je sais que ses attitudes ont été l’objet de commentaires sur son ego qui serait comme ci ou comme ça. Mais comme je l’ai écrit, quel que soit son ego, comme ci ou comme ça, l’ego des gens ne me pose pas de problème. Et je précise qu’il n’y a aucune contradiction ni linguistique, ni logique entre le fait d’être humble et le fait d’avoir un ego. D’abord parce que tout le monde a un ego et le fait qu’il soit surdimensionné ou pas n’est pas un jugement objectif. Ensuite, si avoir un ego signifie avoir une forte personnalité, alors oui, Cédric Villani « a de l’ego » tout en étant particulièrement humble, c’est-à-dire qu’il fait preuve d’une sollicitude et d’une déférence particulières envers les gens et les choses.

        Si je comprend bien votre définition (cf votre commentaire précédent) de ce qu’est une « idée », une idée ne peut être qu’axiologique, c’est-à-dire qu’idée est synonyme de « valeur morale », et c’est la seule chose qui compte pour vous.
        ***** Une idée est un contenu de pensée. Toutes les idées ne peuvent faire l’objet d’un discours scientifique, parce que toutes ne sont pas démontrables ou « falsifiables » (cf les critères de la scientificité définis par exemple par Karl Popper). Beaucoup d’idées sont des énoncés axiologiques, c’est-à-dire qui énoncent des valeurs. Cependant, vous vous trompez quand vous assimilez cela à la morale ou à la religion. En philosophie, « axiologique » signifie « qui énonce une valeur » ou « qui est un jugement de valeur ». C’est évidemment ce sens que je retiens, cela me semblait tout à fait évident.
        Les personnes qui ont une activité scientifique ont aussi comme les autres des idées qui ne sont pas scientifiquement prouvables, tout simplement parce que tout ne peut être prouvé, et c’est normal ! N’y voyez aucun jugement négatif ; il s’agit d’une simple prise en compte de la réalité. L’écueil est justement d’imaginer que tout leurs discours ont une valeur objective parce qu’ils ont une activité de scientifique. Le nombre de scientifiques croyants est tout de même plus importants que les philosophes athées dont je me revendique. Votre suggestion que je rejoigne la scientologie est tout à fait incongrue et fort désobligeante.
        Tout le monde énonce des jugements de valeur sans pour autant être affilié à une quelconque religion. C’est une activité naturelle de la raison humaine. Et c’est un exercice particulièrement difficile que de parvenir à un point de vue relativiste. Je connais beaucoup de scientifiques et je n’en connais pas beaucoup qui se privent de jugements de valeur. J’en connais par exemple qui punissent leurs enfants en considérant que c’est « bien ».

        Effectivement un ensemble de valeurs morales (par exemple une religion) permet de « répondre à toutes les questions ». Mais cela pose au moins deux problèmes.
        Le premier est que les réponses apportées sont souvent fausses, c’est-à-dire non opérantes. On ne construit pas un moteur à explosion en se basant sur des passages de la Bible ou du Coran (ni sur aucune valeur morale).
        **** Tout ce passage n’a plus de sens à partir de ma mise au point sur la signification du mot « axiologique ». Mais je ferai tout de même un commentaire. Toute l’activité humaine se réduit pas à produire des énoncés objectifs. Il existe d’autres types d’énoncés, qualifions les provisoirement de philosophiques, qui ne sont pas scientifiques et qui sont des énoncés qui ont de la valeur ie qui méritent notre attention et notre réflexion.

        Deuxième problème qui se combine au premier : l’honnêteté EST une « idée » (une valeur morale) dans votre sens.
        Vous devriez donc désapprouver la malhonnêteté.
        **** Idem, la suite de ce raisonnement n’a plus lieu d’être. Cf encore ma mise au point supra. Je précise tout de même: l’honnêteté est une idée en effet. Je dirais même une vue de l’esprit. Car la réalité est bien plus complexe et je ne m’empresse jamais de juger les gens aussi vite et à les enfermer dans des catégories manichéennes de type bien/mal, gentil/méchant.
        Je me permets par ailleurs de vous signaler que vos commentaires manquent d’honnêteté intellectuelle car ils surinterprètent à outrance mes propos dans un sens qui sert votre démonstration (en histoire des sciences, on appelle cela une interprétation « ad hoc ».)

        Contrairement à ce que vous écrivez, le discours d’Aberkane prétend être scientifique, c’est même sur son CV à rallonge qu’il fonde sa légitimité.
        ***** Ah bon ? Je n’ai pas lu cela. Je crois que je vais me fendre de le recontacter pour lui demander des précisions.

        Vous prétendez juger « la cohérence interne et la probité intellectuelle d’un discours », mais vous écrivez aussi que le discours d’Aberkane n’est « ni vrai ni faux car il énonce des valeurs ». Comment quelque chose de ni vrai ni faux pourrait avoir une cohérence interne ?
        ***** Parce que la cohérence interne et ce qu’on appelle en logique « la valeur de vérité » sont deux choses différentes. Vous savez ce qu’est un discours hypothético-déductif tout de même ?

        Comment un discours légitimé par un CV bidonné pourrait être probe ?
        ***** J’avoue que je ne comprends pas bien le pourquoi du bidonnage de son CV, j’essaye de comprendre car je suis convaincue qu’il existe une raison non-simpliste et non-triviale comme « c’est un salaud ». On ne peut pas juger l’ensemble d’une personne et d’un discours sur ce point. Sérieusement, j’ai l’impression d’assister à une discréditation à l’américaine façon « il a couché avec sa secrétaire, c’est un gros naze ».

        Pourquoi vous intéressez-vous aux mathématiques si les seules idées qui vous importent sont des valeurs morales ni vraies ni fausses ? etc.
        **** Surinterprétation. Je ne m’intéresse pas qu’aux valeurs « morales » (que vous semblez assimiler à « religieuses »). Je m’intéresse à beaucoup de choses dont les mathématiques que j’ai pratiquées longtemps et pratique toujours.
        Votre évocation des maths me donne l’occasion d’une remarque : dire par exemple que les mathématiques sont le langage du monde physique n’est ni vrai ni faux. Pourtant des scientifiques tiennent ce discours.

        J’ai bien peur que dans votre guerre contre l’école vous n’ayez choisi un allié peu fiable.
        ***** Encore de la surinterprétation. Je ne me prive pas de dire ce que je pense de l’école, y ayant travaillé 10 ans, ce qui ne signifie pas que je lui fais la guerre, je me bats plutôt pour que l’Etat n’enlève pas à mes enfants le droit d’apprendre librement.

        3 PhD et de nombreux postes en institutions de recherche à seulement 29 ans, cela aurait pu vous mettre la puce à l’oreille sur son intérêt dans la « désacadémisation de la connaissance ».
        ***** Là encore je ne vois pas ce que vous sous-entendez. Je suis également diplômée mais cela ne signifie pas que je n’ai pas le droit de remettre en cause le système qui m’a fourni ces diplômes auxquels aujourd’hui je n’accorde aucune valeur car j’ai bien constaté qu’ils ne me servent à rien (si ce n’est d’avoir eu le droit à une prime supplémentaire de quelques centaines d’euros pour niveau BAC + 5 quand j’étais employée de l’Education nationale, la belle affaire !).

        Aberkane vous a dit des choses que vous avez aimé entendre (c’est sa spécialité), il a un discours « plein de bon sens ».
        ***** Non, je suis allée vers Aberkane parce qu’il a dit des choses en accord avec des choses que je dis et écris moi-même depuis 20 ans. Nuance.

        Souvent la science remet en cause le fameux « bon sens ».
        ***** Oui, c’est vrai. Mais les énoncés scientifiques doivent aussi obligatoirement passer ce qu’on appelle l’épreuve du réel. Parfois le réel ne peut être nié, c’est de ce bon sens que je parle.

        Et en effet la science « ne permet pas de répondre à toutes les questions », elle demande plus de modestie que ça et ce n’est pas son but. Je vous conseille plutôt de vous tourner vers la Scientologie.
        ***** Je répète que c’est une remarque désobligeante. Je n’ai pas ainsi manqué de respect à votre égard.

        Salutations.

        PS :
        C’est lui-même qui a rectifié son CV depuis que certains en ont relevé les abus… Il serait d’ailleurs amusant de comparer les versions successives. Et franchement, si demander que les gens ne s’attribuent pas des diplômes et des postes qu’ils n’ont pas, c’est être un chien de garde de l’académisme, alors tous les gens attachés à l’honnêteté (une vraie « idée ») sont des chiens de garde.

        Répondre
        • zert
          zert dit :

          Bonjour Daliborka,
          Je vais juste répondre à quelques points pour garder un peu de concision.
          1. sur idée/valeur : d’accord, il n’y a pas que des valeurs morales, il y a aussi des valeurs esthétiques, mais je ne vois pas ce que ça change. « idée axiologique » exclut toujours les propositions mathématiques par exemple.

          Vous avez écrit dans votre premier message :
          « Il ne me semble pas que les neuroscientifiques aient des ‘idées’ en tant que scientifiques et au sens où Aberkane ou quiconque qui exprime son point de vue sur le réel a des ‘idées’. »
          « l’activité scientifique produit des schémas d’explication du réel mais ne produit pas d’idées au sens axiologique »

          J’avais compris que vous faisiez une équivalence entre idée et valeur, ou au minimum que les seules idées qui vous intéressaient étaient les « idées axiologiques », donc les valeurs.
          Maintenant vous écrivez :
          « Une idée est un contenu de pensée. Toutes les idées ne peuvent faire l’objet d’un discours scientifique »
          Ce qui est différent et beaucoup plus consensuel. Dans ce sens, on peut bien se demander si les spécialistes des neurosciences retrouvent leurs idées scientifiques, du moins celles qui font consensus, chez I.A.

          2. Vous avez raison de me reprendre, un discours peut avoir une cohérence interne et être dépourvu de valeur de vérité. J’ai juste du mal à comprendre pourquoi ne s’intéresser qu’à la cohérence du discours et pas à sa vérité, déterminée par démonstration ou par « l’épreuve du réel ». Surtout si on veut en tirer une connaissance pratique sur l’apprentissage par exemple.

          3. Vous avez parfaitement le droit de remettre en cause le système éducatif et académique, je n’ai jamais dit le contraire. Par contre je suis curieux : comment l’Etat enlève à nos enfants le droit d’apprendre librement ?

          4. Je ne pense pas qu’I. A. soit un salaud, je le crois même bien intentionné au départ. C’est un très bon raconteur, mais je trouve que son discours reste au mieux de l’enfilage de lieux communs intellectualisants sous couvert de vulgarisation (ce qui sous-entend qu’il maîtriserait ce qu’il vulgarise), au pire un délire sans queue ni tête (sa thèse de littérature). Je pense aussi que relever ses contradictions et ses petites malhonnêtetés lui rendra service à terme.

          5. Je suis désolé que vous trouviez désobligeante ma suggestion ironique sur science et Scientologie. Je voulais répondre à votre regret que le contexte scientifique étriqué ne permette pas de répondre à toutes les questions.

          Répondre
          • Milovanovic Daliborka
            Milovanovic Daliborka dit :

            Bonsoir Zert,

            Mes réponses dans le texte après les astérisques pour plus de confort.

            1. sur idée/valeur : d’accord, il n’y a pas que des valeurs morales, il y a aussi des valeurs esthétiques, mais je ne vois pas ce que ça change. « idée axiologique » exclut toujours les propositions mathématiques par exemple.
            **** En effet, cela exclut les propositions mathématiques mais pas, par exemple, les propositions sur les mathématiques, sur leur valeur, ou leur survalorisation, sur leur place dans une société donnée, dans un système éducatif donné, leur capacité à représenter le monde, etc.
            Les discours/idées que l’on est susceptible de construire sur ces sujets ne sont pas à proprement parler des discours positifs (ie strictement scientifiques), je ne proposerai pas un langage mathématique à des fins de démonstration de ces idées (tel Spinoza qui prétendait démontrer « more geometrico » les thèses de son Ethique), cela n’a pas de sens pour moi, pour vous non plus je suppose. Néanmoins, qu’un discours positif sur ces sujets ne soit pas possible n’implique pas que les idées qui peuvent être conçues sur ces sujets n’aient pas de sens, ne puissent être argumentées, discutées, évaluées, bref, qu’elles n’aient aucune valeur.

            Dans ce sens, on peut bien se demander si les spécialistes des neurosciences retrouvent leurs idées scientifiques, du moins celles qui font consensus, chez I.A.
            ***** Je ne sais pas si c’est le cas de toutes les idées qu’il développe. Je me suis principalement intéressée à ses idées sur les apprentissages et l’éducation qui, tout en étant assez peu connues, ne sont pas complètement originales. Sur les apprentissages en général, il se fonde sur Stanislas Dehaene et fait référence aux expérimentations pédagogiques de Céline Alvarez (qui elles-mêmes confortent certaines thèses de Dehaene). Sur les mathématiques, il se fonde sur Pierre Pica, encore Dehaene, et Matthew Peterson, entre autres.

            2. Vous avez raison de me reprendre, un discours peut avoir une cohérence interne et être dépourvu de valeur de vérité. J’ai juste du mal à comprendre pourquoi ne s’intéresser qu’à la cohérence du discours et pas à sa vérité, déterminée par démonstration ou par « l’épreuve du réel ». Surtout si on veut en tirer une connaissance pratique sur l’apprentissage par exemple.
            ***** Bon, là, on mélange tout. Et surtout, on fait du méta-méta-discours. Il faudrait revenir à du concret. Quels pans du discours d’Aberkane discute-t-on ? Parmi ses idées générales de type philosophique, il y a des considérations davantage appuyées sur des recherches scientifiques ou des expérimentations pédagogiques. Je formulais une critique sur la tendance à déconsidérer ceux des discours non strictement scientifiques qui ne sont néanmoins pas en contradiction avec les données scientifiques (je ne sais pas si je me fais comprendre). Et vous me demandez en somme pourquoi ne pas régler toute sa vie sur des données scientifiques plutôt que sur des critères de cohérence interne (c’est ce que j’ai compris). Or toutes les données scientifiques ne sont pas disponibles et même si c’était le cas, elles ne suffiraient pas à soutenir notre action qui s’élabore sur des données qui vont au-delà du mathématiquement et physiquement connaissable, à commencer par les données contraignantes que constituent nos valeurs.

            3. Vous avez parfaitement le droit de remettre en cause le système éducatif et académique, je n’ai jamais dit le contraire. Par contre je suis curieux : comment l’Etat enlève à nos enfants le droit d’apprendre librement ?
            ****** J’évoque l’action initiée par le Ministère de l’Education nationale au printemps dernier qui a consisté à faire voter des dispositions législatives dans le sens d’empêcher la liberté pédagogique et notamment le unschooling. Dispositions législatives en nette contradiction avec le Code de l’éducation lui-même et d’autres matériaux juridiques qui ont (devraient avoir) la précédence. Vous pouvez trouver des informations sur le site de l’association Les Enfants d’abord : http://www.lesenfantsdabord.org/

            4. Je ne pense pas qu’I. A. soit un salaud, je le crois même bien intentionné au départ. C’est un très bon raconteur, mais je trouve que son discours reste au mieux de l’enfilage de lieux communs intellectualisants sous couvert de vulgarisation (ce qui sous-entend qu’il maîtriserait ce qu’il vulgarise), au pire un délire sans queue ni tête (sa thèse de littérature).
            ***** Avez-vous lu sa thèse de littérature ? Moi pas. Je ne me risquerais pas à qualifier une thèse de littérature de délire sans queue ni tête. N’accordez-vous aucune valeur aux thèses de littérature ?
            Des lieux communs ? Je ne le pense pas. En tout cas, je vous confesse que je trouve votre jugement un peu prétentieux. Ou alors vous savez déjà tout des grands débats sur la pédagogie et je n’ai rien à vous apprendre ici.
            Après, oui, je l’admets, c’est de la vulgarisation qui compile beaucoup de choses. Cela n’a en effet pas la rigueur systématique d’un Bourdieu, d’un Badiou ou d’un Latour dans l’exposition. Mais je suis loin de partager votre sentiment sur la banalité (corrigez-moi si je mésinterprète) de son discours.
            Par ailleurs, le langage est un outil puissant, il permet d’appréhender certaines idées difficiles à appréhender et pour lesquelles le formalisme scientifique a échoué.

            Je pense aussi que relever ses contradictions et ses petites malhonnêtetés lui rendra service à terme.
            ****** C’est pas faux, comme dirait Perceval.

            5. Je suis désolé que vous trouviez désobligeante ma suggestion ironique sur science et Scientologie. Je voulais répondre à votre regret que le contexte scientifique étriqué ne permette pas de répondre à toutes les questions.
            ******* Ce n’était pas un regret mais un constat. Je suis bien aise de pouvoir exercer ma rationalité au-delà du contexte scientifique mais j’essaye autant que possible de m’y référer pour ne pas me perdre.

            Bonne soirée.

          • zert
            zert dit :

            (réponse au commentaire de Daliborka du 9/11)
            Bonjour Daliborka,

            Juste sur la thèse de littérature : oui je l’ai lue, et je vous incite à faire de même (même 10 pages au hasard), vous comprendrez mieux pourquoi je la qualifie de délire sans queue ni tête.
            J’accorde de la valeur aux thèses, entre autres à celles de littérature qui demandent le même sérieux que dans n’importe quelle autre discipline.
            En fait pour comparer, j’ai lu une autre thèse soutenue dans la même université, dans la même discipline, avec le même directeur de thèse (E. Geoffroy). Eh bien il n’y a pas photo : l’autre thèse présentait son corpus, sa méthodologie, et justifiait ses choix, bref donnait matière à réflexion et à critique. Je ne peux pas dire si elle était bonne ou pas, je ne suis pas spécialiste de ces sujets (littérature, soufisme etc.). Mais je sais reconnaître la présence ou l’absence de méthode, et dans ce travail d’I.A. c’est une absence totale. Une suite de déclarations à l’emporte-pièce et d’associations d’idées, retenues uniquement parce qu’elles vont dans le sens d’I.A.

            Le tout truffé d’erreurs de toutes sortes ; un exemple parmi des dizaines :
            La dernière ligne du « Waste Land » d’Eliot (« Shantih Shantih Shantih ») est citée 4 fois. D’après Eliot lui-même, un faible équivalent est « The Peace which passeth understanding ». Cette expression (jamais citée en anglais par I.A.) est une citation de la King’s James Bible (Philippiens 4:7) dont l’équivalent français est « la paix (de Dieu) qui surpasse toute intelligence ».
            Or I.A. donne sa propre traduction « la paix qui suit la compréhension » (évidemment sans les références que j’ai données, et sans même la VO d’Eliot). Il reformule même par « acceptation », « apaisement de la conscience ». Même sans voir la référence biblique, on ne peut pas traduire « to pass » par « suivre ».
            Entre « la paix (de Dieu) qui surpasse toute intelligence » et « l’acceptation qui suit la compréhension », on a donc un contresens volontaire, dans la direction qu’I.A. entend donner aux textes.

            Et tout est comme ça. Des versets du Coran, des peintures, des webcomics… A noter entre autres bouffonneries : p.45 « il y a une main géante dans mon cul ! ».

            Conclusions (modestes) de l' »étude » :
            * il y a une Unité de la Conscience
            * il y a une interaction permanente entre conscience et lieu.
            Bizarrement, ces puissantes conclusions étaient aussi des présupposés de la thèse…

            Je crois qu’Acermendax prépare un billet sur cette oeuvre, on va bien rire. En grinçant des dents.

          • Milovanovic Daliborka
            Milovanovic Daliborka dit :

            (Réponse au commentaire de Zert d’il y a quelques dizaines de minutes.)
            Eh bien ! Ce que vous décrivez est assez affolant. Ceci dit, en thèse de littérature (c’est vrai également en philosophie), on lit vraiment de tout et parfois, l’idée que l’on est en train de démontrer quelque chose est assez farfelue même si c’est ce que l’on prétend faire. Disons… qu’il s’est fait plaisir… Ca ne m’intéresserait probablement pas mais je ne dirais pas que ça ne vaut rien ; certains y trouveraient sûrement un intérêt. Je ne dirais pas non plus que ce n’est pas « sérieux » ; manifestement, plusieurs personnes, dont lui, ont jugé que ça l’était dans le contexte dans lequel ce travail a été effectué.
            Du coup, si, d’après ce qui est dit en général ici, chacun devrait se limiter à son domaine de compétence, c’est en essayant de rédiger un essai littéraire que I.A. s’est principalement fourvoyé.
            En tout état de cause, je n’essaye pas de convaincre qui que ce soit de la valeur absolue de I. A. C’est certes un personnage original, pétri de contradictions mais pas moins que l’absolue majorité de tous. Certains de ses discours méritent qu’on y accorde de l’attention. Le reste, qui est faux ou délirant, ne les invalident pas pour autant. L’homme n’est pas un système complet où la validité d’une idée dépend de la validité des autres. Si je devais juger Cantor ou Frege d’après leurs phases délirantes, je n’accorderais aucune valeur à la partie de leur production intellectuelle que je suis capable d’évaluer comme juste. Bon, d’accord, vous me répondrez qu’aucune partie de la production intellectuelle de I.A. n’a la valeur des travaux de Cantor en mathématiques et Frege en logique, pour l’instant en tout cas.
            Quoi qu’il en soit, merci d’avoir pris le temps de me répondre.
            Bonne nuit.

  10. Ana
    Ana dit :

    Bonjour à tous,
    Je fais partie de la masse des communs et mortels (juste avec un master) et je reconnais que j’étais très enthousiasmée par l’apparition du personnage « Aberkane » qui m’a donné un peu d’espoir dans la vie quotidienne. J’ai acheté son bouquin comme d’autres « faibles » même si son titre ne m’a pas du tout inspiré confiance ( bizarrement bidon vu son niveau prétendu). Je l’ai acheté avant de voir votre article, et je voulais me faire mon propre avis de toute façon avant de crier a tout le monde qu’il est le Superman d’aujourd’hui.
    Maintenant je ne sais plus quoi penser, parce que après la lecture de votre article j’ai bien sur été déçue et je me suis sentie très con à faire confiance comme ça au « premier génie venu » mais surtout vu les erreurs d’appréciation et les exemples démontrés je me rend compte que je ne peut pas me faire un avis sur qqchose que je ne maitrise pas. Donc j’ai eu l’intention de jeter le livre à la poubelle en ayant honte de me faire avoir.
    Le problème est que son CV bidonné est maintenant plutôt bien mis à jour avec tous les diplômes qu’il réclame, et des explications sur son parcours http://idrissaberkane.org/index.php/2016/10/31/pour-mes-amis/
    Je suis dans une impasse de principe, est-il  » bidon » ou pas ?

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    • zert
      zert dit :

      Bonjour Ana,
      Le discours tenu par ce personnage est précisément fait exprès pour emballer, enthousiasmer le public et endormir l’esprit critique. Cela fait vendre. Tout le monde se fait avoir au moins une fois dans sa vie…
      Sur la valeur du CV, des diplômes etc, je ne sais pas dans quel domaine vous avez fait vos études, mais n’importe qui d’un peu instruit peut juger de la valeur de sa thèse de 2014 accessible ici : http://www.theses.fr/2014STRAC005/document

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      • Milovanovic Daliborka
        Milovanovic Daliborka dit :

        Cette remarque est vraiment faible. Je connais des scientifiques qui ont écrit sur Dieu, l’amour, la mort, mes fesses, et dont on ne discrédite pas la totalité du discours. Et là vraiment, je ne défends pas Aberkane, pas plus que d’autres, je m’insurge juste contre l’absence de relativisme, de nuance et d’esprit critique de certaines personnes (pas spécialement ici mais en général) dans

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      • French
        French dit :

        Au point qu’on se demande comment l’auteur de cette thèse a pu écrire le bouquin « Libérez votre cerveau ». On pense ce qu’on veut du fond de ce dernier ouvrage – par exemple que cela ressemble davantage à du coaching ou du marketing qu’à de la neurologie – mais en tout cas c’est efficace dans la forme. La thèse de 2014, en revanche, est presque logorrhéique et absconse. L’auteur semble plus pressé d’exprimer tout ce qu’il a en tête plutôt que d’essayer d’y mettre un ordre qui permette au lecteur de s’approprier le sujet. Les expressions latines et grecques et le mitraillage tous azimuts de citations qui émaillent le texte ne suffisent pas à corriger l’impression qu’on se fout de nous. Ça m’a rappelé Pierre Dac : « Tout est dans tout … et réciproquement ».

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  11. Marsu
    Marsu dit :

    Je trouve étonnant que personne ne réagisse sur ce titre d’ambassadeur du CNSC Unesco-Unitwin.
    Aberkane a maintenant ajouté un 15ème point dans la lettre à ses amis, avec ce document :
    http://idrissaberkane.org/wp-content/uploads/2016/10/ambassadeur-UNESCO-UniTwin.pdf
    Admettons que ce document n’a pas été produit à l’instant par son complice de 2 jurys de thèse Pierre Collet pour le tirer d’affaire, et qu’il date bien de deux ans.
    Il n’en reste pas moins que, comme le montrait Acermendax ci-dessus avec ses recherches de titres d’ambassadeur Unesco-Unitwin, si ce titre n’a pas été inventé par Aberkane, alors il l’a été par Pierre Collet ! Peut-être pour un usage tout à fait réel et légitime, à savoir de représenter le CSDC auprès d’autres institutions. Mais inventé tout de même. On remarque d’ailleurs que le titre inventé n’est pas même pas rédigé en anglais correct : « Ambassador extraordinary and plenipotentiary » au lieu de « extraordinary and plenipotentiary ambassador »… Par ailleurs on se demande ce qui justifie l’énormité d’un titre s’il s’agit juste de représenter un réseau de recherche. Le mot « représentant » ne suffit-il pas pour l’ego d’Aberkane ?

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    • Acermendax
      Acermendax dit :

      En fait la forme « Ambassador extraordinary and plenipotentiary » est correcte, mais elle appartient au monde diplomatique, et en effet on s’explique mal ce qui justifie l’invention de ce titre dans le cadre d’un programme universitaire (ce point est abordé dans le prochain article en stand by pour encore un jour le temps d’obtenir des réponses à des mails envoyés ce weekend).

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    • Milovanovic Daliborka
      Milovanovic Daliborka dit :

      Bonsoir Marsu,
      Je ne comprends pas bien votre usage du terme « inventé ». Tous les titres ont été « inventés » à un moment ou un autre ; inventés, mise en place, créés, tout ça, c’est la même chose. Prenez n’importe quel journal et des titres de ce genre que personne ne questionne jamais, vous en trouverez des brouettées. Un tel est membre d’honneur de l’institut machin, ambassadeur de l’université de ceci-cela, etc. Quel est le problème ? Que l’organisation dont IA se réclame ne soit pas une organisation d’Etat ie validée par le Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche ?
      Merci d’avance pour votre réponse.

      Répondre
      • Marsu
        Marsu dit :

        Je vais essayer de bien expliquer. Quand on voit un titre comme « ambassadeur du Complex Systems Digital Campus(CS-DC) UNESCO UniTwin », cela induit, au moins implicitement, une certaine interprétation de ce que ce titre représente. Un titre comme celui d’ambassadeur est extrêmement rare et prestigieux, et il a un caractère officiel. C’est un titre qui est normalement décerné de manière très officielle et formelle par l’institution que l’ambassadeur représente. Le fait qu’il y ait UNESCO dans le titre évoque les « ambassadeurs de bonne volonté », qui sont un tout petit nombre de personnalités très prestigieuses (http://www.unesco.org/new/fr/goodwill-ambassadors/goodwill-ambassadors/) au service de la représentation de l’UNESCO, ou bien aux ambassadeurs d’état qui représentent leur gouvernement à l’Unesco. Ce titre ne correspond ni à l’un ni à l’autre.

        En l’occurrence, on peut aisément vérifier que l’institution concernée, le CS-DC, ne nomme pas d’ambassadeurs. Vous pouvez chercher sur internet les ambassadeurs du CS-DC: https://www.google.fr/search?q=complex+systems+digital+campus+unesco+unitwin+ambassador
        Vous constaterez que le seul au monde qui revendique un tel titre, c’est Idriss Aberkane.
        Sachant que le CS-DC est un réseau international de plus de 100 institutions d’enseignement supérieur et de recherche partout dans le monde (http://cs-dc.org/), ce réseau n’a jamais nommé un seul ambassadeur.
        Ce titre a donc été inventé par Pierre Collet (en supposant le document authentique) pour Idriss Aberkane. Pierre Collet représente une seule institution (université de Strasbourg) parmi plus de 100, il n’est pas responsable de l’ensemble du CS-DC, et n’a donc pas autorité pour nommer un ambassadeur du CS-DC.

        Bref, ce titre n’a aucun caractère officiel, n’a jamais été décerné par l’institution dont il est censé émaner, et par conséquent il est trompeur par rapport à toutes les interprétations raisonnables que la plupart des gens peuvent faire d’un tel titre.

        Répondre
  12. Matt (Acide Ici)
    Matt (Acide Ici) dit :

    Parfois, sortir d’un sujet et avoir un coup d’œil plus large au contexte dans lequel il s’inscrit est le meilleur moyen de se faire une idée sur la question initiale… C’est pourquoi pour comprendre un peu l’état d’esprit ayant engendré ces modification de CV, je vous propose non pas un fact checking intégral du dit CV mais plutôt un fact checking partiel de son bouquin, par Romain Ligneul, chercheur en neurosciences au CNRS (preuve par exemple ici : http://www.cell.com/current-biology/abstract/S0960-9822(16)31064-8 ), qui se trouve ici : http://hemisphere-gauche.blogs.liberation.fr/2016/10/31/une-critique-consanguine-du-livre-didriss-aberkane/ . Ça ne donne pas tellement envie de donner beaucoup de crédit à I.A… Ceci dit, il y a des gens encore plus bidons dont l’effet sur la motivation d’autres personnes a au final créé quelque chose de très positif, espérons que c’est ce qui ressortira de tout ceci.

    Ça me fait bizarre cette histoire, car il y a deux ans et demi, je m’étais demandé si ça valait le coup de prendre un an pour faire un master en systèmes complexes chez X/Ulm, et j’avais à cette occasion eu un assez long visio Skype avec Paul Bourgine, qui m’avait fait la meilleure des impressions. Quelque part, ces doutes sur I.A. l’éclaboussent un peu…

    Répondre
  13. Seb et Chris
    Seb et Chris dit :

    Son CV n’est pas clean, donc ce qu’il dit dans ses confs est faux ? Ouf me voilà rassuré alors.

    Bravo pour ce long article. Une belle débauche d’énergie employée à démonter un gars.

    Je me dis que si un jour un mec arrive avec une solution alternatives aux énergies fossiles, on sera plus occupé à fact-checker son CV que ses solutions.
    Vive la France !

    Répondre
  14. Le Tigre de France
    Le Tigre de France dit :

    C’est dommage le sujet semblait intéressant ! 🙁
    La prochaine fois, essayez de faire le même billet, mais sans argument « persuasif » ou fallacieux, sans interprétation abusive, sans cette rage apparente, ou ce sarcasme à longueur de temps, ça confirme un biais cognitif dans le jugement.
    Mise à part le fait qu’on oublie très rapidement que la « science dur ≠ science molle ». L’article est intéressant, merci pour le travail.

    Répondre
  15. zitoune
    zitoune dit :

    Bonjour,
    merci pour cet article qui m’a permis de découvrir qu’IA avait fait une thèse en rapport avec le soufisme! (un de mes sujets d’intérêt du moment).
    Reconnaissant à la fois la capacité d’IA à relier faits en apparence déconnectés, ses talents évidents de « storyteller/conférencier », mais déçu par sa propension apparente à « en mettre plein la vue » à l’aide de titres, diplômes & co, je ne savais que penser de l’individu, et de ses motivations conscientes ou inconscientes.
    Par contre, intrigué par les commentaires de Zert qui qualifie cette thèse de « délire sans queue ni tête » et espérant ainsi « connaître l’animal » sous un nouveau point de vue, je l’ai téléchargée pour la lire.
    Mes premières réactions « à chaud » aprés la lecture attentive de 60 pages (je compte continuer jusqu’à la fin):

    1- L’objet de la thèse est à la fois littéraire et religieux/spirituel (soufi). Sur le plan soufi, IA ,’est pas dans la subjectivité totale mais dans une démarche qui reste totalement académique (citation de textes soufi, connaissance de l’histoire selon le soufisme, etc.)

    2- La thèse est « iconoclaste » au sens ou elle démontre une connaissance des procédures académiques (peer review, « spécialisation » des champs de recherche), mais y substitue de nouvelles procédures en justifiant pourquoi. Ces « nouvelles procédures » ne sont pas des délires d’IA mais résultent d’une « critique » épistémologique intra-scientifique qui s’est déjà exprimée dans d’autres contextes (inter-disciplinarité, question de la validité de la « preuve »). La science est régulièrement traversée par des remises en cause de ses propres méthodes (un des dernièrs en date étant la « non-objectivité » du réel dans la physique quantique qui a secoué la communauté scientifique) et il n’y a là rien de transgressif selon moi dans la démarche d’IA puisque c’est explicité, argumenté, et si de surcroît illustré sur des exemples. Il ne s’agit pas d’une thèse consacrée à l’épistémologie des sciences mais elle a le mérite de soulever des questions sur ce qui se passe à la périphérie ou entre les champs sientifiques.
    (note perso: il se passe toujours des choses intéressantes à la périphérie car c’est un espace de liberté: par exemple le « youtubbing scientique » n’est précisément pas soumi aux exigences du champ – même si certains à juste titre essaient d’y mettre un peu d’ordre – et ouvre un espace de débat via les commentaires… la qualité du débat est une autre histoire, disons qu’il y a là un espace d’inter-disciplinarité)

    3- j’ai trouvé l’ensemble (les 60 premieres pages) trés clair et intelligible.

    4- Les exemples cités étant de sources multiples (littérature soufie, poésie, BD web-comics, cinéma, science..) il est un peu facile de la part de Zert d’utiliser l’un d’eux (« il y a une main géante dans mon cul ! »), parmi des dizaines d’autres, en l’occurence un web-comic humoristico-spirituel dont un épisode met en scène une marionnette s’interrogeant sur son libre-arbitre ou l’existence d’un marionnetiste. Je me demande si Zert n’est pas victime d’un biais cognitif, pour le coup.

    5- Concernant les erreurs relevées par Zert, je ne suis pas spécialiste de la Bible, donc elles m’avaient totalement échappées. J’ai senti parfois une certaine approximation dans les traductions anglaises, mais je n’étant pas bilingue elles me paraissent « good enough » pour qu’on suive le propos de la thèse.

    Voilà, je vous tiens au courant si je trouve de nouveaux éléments..

    Répondre
    • zert
      zert dit :

      Bonjour Zitoune,
      Je suis très content d’avoir incité quelqu’un à lire la (seule :)) thèse d’I.A. Vous avez l’air de l’avoir comprise mieux que moi, du coup j’ai quelques questions :
      1- Quelles sont les « nouvelles procédures » qui sont substituées aux procédures académiques d’après vous ? Où sont-elles définies ?
      Comment fait-il pour, d’après vous, rester dans une « démarche totalement académique », tout en n’utilisant pas les procédures académiques ?

      [Moi ce que j’ai vu c’est que :
      – I.A. ne définit jamais de quoi il parle, il ne définit même pas son corpus, ce qui lui permet de rajouter des textes quand ils se prêtent à son interprétation (=biais de sélection)
      – il utilise des citations (par exemple des versets coraniques) comme si c’étaient des preuves en elles-mêmes (=argument d’autorité),
      – il prend uniquement les interprétations qui vont dans son sens (=biais de confirmation)
      – il truque carrément les traductions comme dans mon exemple sur Eliot (= falsification de données). Je précise que je ne suis pas spécialiste de la Bible, ni d’Eliot, ni du soufisme… J’ai juste pris une citation au hasard et creusé.]

      2- Qu’est-ce qu’un « invariant humaniste universel » ou un « invariant transcendant », évoqués dans l’intro de la thèse ? Où puis-je trouver une explication claire dans la thèse ? Même question pour « l’invariant de la gâtine ».

      3- Où le corpus est-il listé ? Comment a-t-il été choisi ?

      4- Pouvez-vous me résumer les 60 premières pages de la thèse (donc jusqu’à la fin de la partie 1) ?

      Par ailleurs, je ne vois pas en quoi il était nécessaire de sortir un obscur webcomic qui parle de main dans le cul pour parler du libre-arbitre… C’est un thème où il y a d’autres références, un peu plus sérieuses et intéressantes. Je considère ce choix de la grossièreté comme une bouffonnerie.

      Dernière remarque : il me semble que le nom de la 7ème sourate est « al-A’rāf » et pas « al ‘Araf » comme I.A. l’écrit partout… Pour un texte majeur du « corpus » c’est gênant.

      Répondre
      • zitoune
        zitoune dit :

        Bonjour Zert,

        je comprends vos doutes quand à la conformité du texte aux impératifs de forme/méthodologie (le coté « sans queue ni tête »): le plan de la thèse n’est pas des plus clairs, il y a beaucoup de redites. Ma carrière universitaire s’étant arrété au DEA (ainsi nommé à l’époque) je suis mal placé pour connaitre avec précision quels impératifs de méthode doit respecter une thèse.

        Sur le « fond » par contre, je répète que dans l’ensemble je n’ai pas du tout trouvé ça délirant, mais plutôt globalement intéressant (je voulais ajouter ce jugement subjectif dans mon précédent message ou j’avais écrit « clair et intelligible », mais je n’ai pas trouvé de moyen de l’éditer).

        [petite parenthèse purement personnelle qui peut expliquer que j’ai trouvé cela intéressant: La plupart des références données par IA m’étaient déjà connues partiellement (ex: Rumi, Guénon, Shah,..). Or une des caractéristiques communes de ces auteurs est qu’il essaient de rendre compte d’un indicible par des moyens dicibles: la poésie chez Rumi, la métaphore géométrique chez Guénon, le conte chez Shah (il ne s’agit là que d’exemples de « moyens » utilisés par ces auteurs et il ne faudrait pas les réduire à cela). J’avais donc une certaine pré-disposition (mais peut-être aussi un biais cognitif) à « lire entre les lignes », ou accepter d’office – sans trop chercher les références ou sources exactes – des données qui sont peut-être des présupposés de la thèse, et j’avoue ne pas trop savoir comment la thèse serait perçue par un lecteur qui n’aurait pas ce background]

        J’en viens donc à vos questions.
        Justement un exemple (page 31) va permettre de répondre à vos questions 1 et 3.

        IA y explique que la démarche conventionnelle est de définir les objets (il s’agit en l’occurence des objets du « corpus » si j’ai bien saisi ce qu’est un corpus) avant de les utiliser.
        Mais lui a choisi de les utiliser sans pour autant les définir. Mais au final (justement dans la meme page) il annonce qu’il va finalement les définir comme à contre-coeur (peut-etre suite aux conseils de quelques pairs).
        Tout ça est un peu maladroit car un peu inutile dans le cas des oeuvres du corpus, qui sont trés « définissables »..
        Mais comme il le dit lui-meme c’est l’annonce d’une méthode qu’il emploira pour d’autres concepts (ce qui pour vous est trés problématique).

        Alors:
        – j’ai utilisé le terme « nouvelle méthode » mais c’est une erreur de ma part. En fait je ne sais pas si c’est nouveau. Il faudrait lire toutes les thèses antérieures pour le savoir. IA décrit – d’une façon qui ne manquea pas de choquer – cette méthode comme « dépassée » et en voit le développement extrème dans des mouvements spécifiques de la philosophie positivisme, etc (re-contextualisation)
        – la méthode alternative qu’il propose n’est pas pour autant une méthode « non-académique » dans le sens ou il la relie – de façon effectivement plutot sommaire) à d’autres mouvements (la biologie par ex). Pour mieux enfoncer le clou il aurait pu citer des exemples dans l’histoire des sciences ou un concept n’a pu etre défini qu’ *aprés* la recherche, et non dans la recherche en train de se faire (je pense que c’est arrivé à chaque découverte majeure).
        – la méthode qu’il propose est donc consciente et justifiée par 2 points:
        * c’est comme ça que ça marche ailleurs (en biologie)
        * et la promesse que « c’est en manipulant ces concepts que vous allez les comprendre »
        Ok, il faut lui faire confiance. Donc moi en lisant je me suis dit:
        – il sait ce qu’on attendait de lui
        – il propose autre chose, et il explique pourquoi
        – ok voyons si ça marche et pour cela, lisons la suite.

        Je ne me dis pas « houla mais c’est n’importe quoi du point de vue méthodologique » si vous préférez.
        Je me dis plutôt « tiens, la justification est un peu légère, mais il ne s’agit pas d’une thèse en épistémologie donc ok bon passons »

        Grace à la remarque de Zert, je me dis maintenant « y aura-t-il dans la thèse une réflexion a posteriori sur l’emploi de cette méthode? et conclure à sa validité ou pas? » Mais je me dis surtout que c’est seulement moi lecteur – et non l’auteur – le sujet qui pourra dire si oui ou non j’ai compris quels sont ces objets dont il a choisi de parler sans le définir. J’avoue que c’est déconcertant, mais c’est visiblement assumé par l’auteur et assez clairement explicité, voilà pourquoi je qualifie cela d’ « académique », mais je comprends qu’une académie puisse en douter.

        Question 2: il me semble qu’un « invariant humaniste universel » est en effet non défini (mais j’avoue ne pas avoir envie de relire les 60p. quand bien même pour faire plaisir à Zert). Mais que l’auteur illustre ce concept à travers plusieurs exemples. Puisque vous me demandez mon avis je dirais que c’est une « expérience universellement connue par l’homme », un peu comme la naissance ou la mort mais qui a le mérite sur le plan de la connaissance d’etre moins grossièrement évident.

        Un zététicien pourrait objecter que si on trouve au moins un homme qui au cours de sa vie n’a pas eu cette expérience, cela invaliderait son caractère universel. Il aurait bien raison!
        Je pense que IA puise cette connaissance du caractère « invariant » dans la tradition soufie mais je ne suis pas assez compétent pour le confirmer.
        Je sais simplement que les traditions spirituelles diverses (chinoises, indiennes, etc.) rendent compte d’ « expériences » communes (mais par forcément celles dont parle IA), la notion d’ « invariant » ne me parait donc pas totalement incongrue.

        L’invariant de la gatine cest la prise de conscience – vécue par tout homme selon cette thèse – que le monde dans lequel il est né a été « gâté » par ses prédécesseurs.

        Question 3: concernant le corpus, il me semble avoir répondu + haut. J’aurais personnellement aimé lire un chapitre consacré à des travaux similaires sur de tels « invariants » (ça doit pouvoir se trouver en anthropologie, ethnologie et on retrouve cela aussi chez Mirca Eliade) mais sauf erreur de ma part je n’ai pas vu ça dans la these d’IA.

        Question 4: résumé des 60 pages. Il m’est difficile de résumer un flux de la pensée (car la structure me semble un peu …laxe) mais en gros:

        – postulat: il existe des invariants « non-triviaux »
        – ces invariants se sont manifestés dans les arts
        – par transmission d’un auteur A vers un auteur B, ou en l’absence de « lien » clairement établi entre A et B par rattachement à un tronc commun ou un intérêt spirituel commun. IA montre que ces liens ont un intéret pour eux mêmes, notamment dans le sens ou comprendre les liens entre des parties permet de mieux appréher le tout.

        Ajout personnel:

        Notez qu’IA – dans son Avant-Propos – ne nie pas que son travail puisse comporter des défauts, mais le fait de façon pour le moins douteuse, à mon sens:
        « Face aux défauts d’un travail académique on peut trouver deux propensions de l’esprit: celle qui veut détruire
        tout l’édifice au prétexte qu’il n’est pas complet, et celle qui veut lui ajouter sa pierre. »

        Trés perplexe en lisant cela, j’y vois là un procédé similaire – quoique pas identique – à « l’inversion de la charge de la preuve » qui m’avait également dérangé dans une des videos/conférences d’IA, (voir + bas)

        * sur le fond, je trouve que ce qu’il dit est vrai. Y compris en mathématique, où un édifice peut bel et bien s’effondrer s’il manque une pierre, et parfois hélas aucune pierre n’existe, dans ce cas l’ « esprit positif » va faire avancer les choses d’une façon ou d’une autre: soit en démontrant qu’aucun pierre ne pourra rendre l’édifice stable, soit en proposant une autre architecture, … Tandis que l’esprit négatif va assez naturellement se diriger vers la destruction pure sans aucune prise en compte du tout plus vaste au sein duquel s’effectue la recherche.

        * le fait d’impliquer le lecteur au commencement d’une thèse, de le prendre ainsi à partie, peut certes avoir un effet de mobilisation stimulant et provoquer la vigilance du lecteur, mais peut aussi provoquer sa méfiance envers cette attitude assez désinvolte d’un auteur se prémunit ainsi des erreurs en enjoignant ainsi le lecteur à faire un effort sur lui-meme, à ne pas céder à de bas instincts destructeurs dont l’auteur n’a pas de connaissance chez ce lecteur en particulier. Certains lecteurs peuvent y voir là une tentative de manipulation.

        * cette propension d’IA à se placer au niveau des idées et finalités pures, quitte à malmener un peu les détails (logiques, techniques, ou les convenances), est je crois ce qui dérange le plus dans le public (spécialisé ou non). Dans une conférence il explique que tout changement de paradigme est d’abord accueilli par le dénigrement et le ridicule (ce qui est exact comme l’a montré Kuhn), mais il semble suggérer ensuite que si vous trouvez telle idée « ridicule » (désolé j’ai oublié l’exemple concret dont il s’agissait), vous êtes peut-être en train de rater une révolution conceptuelle en cours ou à venir. Tout est dans le « peut-etre » (d’ailleurs je l’ajoute moi-même mais je ne sais plus si IA le mentionne explicitement). Tout zététicien aura bien sur repéré que (A=>B) n’implique pas que (B=>A) alors IA tente-t-il de manipuler son public? Ou tout simplement cherche-t-il à promouvoir l’idée qu’il ne faut pas se fier aux jugements hatifs de « ridicule »? Dés lors peu importerait l’exemple concret dont il s’agirait puisque c’est l’idée qui compte. Le grand public saisit cette idée, mais on n’attend pas de lui qu’il tranche sur la question de l’exemple concret puisque même les spécialistes sont en l’espèce « biaisés » dans leur perception. Seule l’idée compte, donc. Mais j’imagine qu’une partie du public tombe dans le panneau et croit à l’équivalence entre (A=>B) et (B=>A) quand c’est suggéré en passant, la zététique a encore du chemin 😉
        Voilà selon moi une des difficultés (assez génantes) dans la démarche qu’adopte IA.

        Une conclusion (qui m’est totalement personnelle):
        – son apport est au niveau des idées (et là je préviens mon aimable Zert que je n’ai hélas pas le niveau pour discuter avec lui de la définition technique, axiologique ou non, de ce terme), mais pas des « détails techniques »,
        – IA n’étant pas un expert « parfait », cela ne va pas sans soulever les objections qu’on peut observer ici et là
        – paradoxalement (ou est-ce dans l’air du temps, ou le « faux » fait souvent plus de bruit que le vrai), on peut y voir là une stratégie (consciente ou non de la part d’IA) pour « secouer » les milieux dans les lesquels ces idées gagneraient à être transmises. On notera toutefois qu’il y a un effort indubitable pour être conforme (un peu trop, si l’on lit la version 1.0 de son CV) à ces milieux,
        – Voila pourquoi selon moi IA est un « ovni » intéressant tant sur le plan du contenu que de la forme. Reste à voir quels effets il va produire.

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        • zert
          zert dit :

          Alors là, je dois dire que je suis d’accord sur au moins un point, c’est que : le « faux » fait souvent plus de bruit que le vrai 🙂
          D’où mon intérêt pour l’oeuvre du cher I.A., qui est très présent médiatiquement.

          Je me propose donc d’analyser l’Avant-Propos, puis le Chapitre 2, p31, §§1&2, pour vous donner mon point de vue sur les passages que vous avez choisis.
          Je préfère prévenir, je vais être critique et je risque de passer pour (encore ?) moins aimable que précédemment. Mais la lecture de ces passages ne me laisse pas le choix.

          Avant-Propos :
          ——————-
          1er paragraphe :
          « Tout travail académique a ses imperfections » = une platitude.
          « Elles sont les opporunités qui font la recherche vivante » = ça a l’air profond, mais c’est faux. Des fois ce qui semble une imperfection peut ouvrir sur quelque chose, des fois c’est une erreur qui met tout par terre.
          « car la perfection absolue est immobile par nature » = une généralité mystico-bullshit dépourvue de sens. La perfection absolue ? Il y a donc une perfection non absolue ? Elle est immobile ? Donc c’est un objet ? Du coup, quel est le mouvement de l’imperfection ? « Par nature » ? L’auteur connaît la nature de la perfection absolue ?
          On sent que l’auteur cherche à justifier à l’avance les « imperfections » en question. Ca commence bien.

          2ème paragraphe : en gros, si on trouve une erreur dans la thèse qui suit, on est prié d' »ajouter sa pierre » et donc de confirmer le génie de l’auteur, sinon on est un méchant négatif qui fait la « connaissance morte ». Donc plus il y a de bêtises dans la thèse, plus elle est géniale et crée de la « connaissance vivante ». Je passe sur l’absurdité totale des expressions « connaissance vivante » et « connaissance morte » dans ce contexte.

          « La fécondité du savoir est donc dans son imperfection » etc. = voilà, on y vient, soyons positif, s’il y a des erreurs, ce n’est pas FAUX, c’est FECOND, ok ? Sinon tu es un esprit négatif, ô lecteur.

          L’Avant-Propos est donc un dispositif rhétorique destiné à interdire à l’avance toute critique, et même à suggérer que les billevesées contenues après sont en fait des édifices théoriques géniaux que le lecteur doit compléter lui-même.

          Chapitre 2, p31 :
          ————

          §1 : « Il serait inutile de définir tous les termes que nous allons utiliser un par un » etc. = oui bien sûr, pourquoi s’abaisser à être compréhensible, quand il suffit de suggérer que nos idées sont profondes et géniales ? Le lecteur n’a qu’à se persuader lui-même qu’il y a sens à tout ça, résoudre nos contradictions tout seul, et remplir les vides énormes de nos enchaînements d’idées avec sa propre matière, qui lui semblera donc d’autant plus crédible. Cela s’appelle de la manipulation…
          Par ailleurs, on est au début du §2 et l’auteur a DEJA utilisé pas mal de termes sans les définir, il est bien temps de se justifier. Et puis, sans les définir « un par un », juste les notions principales, ça peut servir non ? C’est vrai qu’on ne peut pas TOUT définir, mais il y a un minimum à faire pour se faire comprendre, et, dans une thèse de doctorat, pour montrer qu’on a compris de quoi on parle, et qu’on n’est pas juste en train de pipeauter.
          Les références aux « biologistes », au « positivisme logique » et à la « philosophie analytique » sont du pur name-dropping (sans aucune référence sourcée d’ailleurs).
          Tout ce paragraphe se résume à : « on ne peut pas TOUT définir, donc moi je ne définis RIEN, et si t’es pas content tu n’es qu’un vil négativiste, c’est les biologistes qui me l’ont dit ! » Bref, une faute logique grossière, enrobée de sophismes huileux.

          §2 :
          « A dessein nous avons parlé de textes sans les introduire » = haha je l’ai fait exprès de ne suivre aucune méthode ! T’es bien attrapé, hein ?
          « et nous ne craindrons jamais un niveau acceptable de redites » = haha les répétitions aussi sont faites exprès ! En plus en délayant bien j’attendrai les 250 pages ! Un génie je vous dis !
          « parce que la répétition consolide l’information » = la redite d’expressions vagues et vides de sens vaut mieux qu’une seule formulation claire, de plus le lecteur est trop bête pour relire de lui-même un passage important.
          « Pour faciliter la lecture de notre travail […], nous citons cependant ici les textes principaux » = Grand seigneur, l’Auteur (le Génie !) s’abaisse à citer les textes principaux (pas tous les textes utilisés non plus, faut pas pousser). Non pas parce que c’est le minimum absolu de la méthodologie, mais pour « faciliter la lecture ». Trop aimable, mon bon seigneur…
          « il s’agit d’un réseau d’oeuvres autour de la Kasidah et du Waste Land » = Comment ces oeuvres ont-elles été choisies, sur quel critère objectif ? Rappel : le biais de sélection et le biais de confirmation ne sont pas des critères objectifs 🙂
          L’auteur annonce sa démarche : il prend un maximum d’oeuvres, prestigieuses ou populaires, qui parlent vaguement de dégâts causés par l’homme, il ignore superbement tout le reste, puis conclut qu’il a trouvé un « invariant transcendant » qui prouve son mysticisme soufi, et attend tranquillement le Nobel. Magnifique.

          Voilà, fin de l’analyse.
          Je ne peux pas m’empêcher de citer aussi le Ch. 2a p32, la présentation de la Kasidah de Burton :
          « Burton pose les bases d’un nouveau système scientifique, qui, s’il était développé, transcenderait même le critère de réfutation de Popper »
          « la théorie qu’y propose Burton pourrait être au critère de réfutation ce que la théorie de la relativité générale a été à la théorie newtonienne »
          Rien que ça ! Notons le conditionnel et ce « s’il était développé » qui est juste divin. « Je pourrai développer Burton, transcender Popper et devenir l’Einstein de la philo, mais là j’ai pas le temps, faut que je finisse ma thèse. Croyez-moi sur parole svp ».

          La théorie en question est évoquée (comme d’habitude, sans citation, ni référence précise) p191 :
          « système de pensée fondé sur la totalité (comme l’une des expressions du centième nom dans le soufisme) » = si c’est soufi ET holistique, c’est que ça doit être vrai.
          « où tout le monde a tort, tout le monde a raison » = et tout le monde il est beau, et tout le monde il est gentil.
          « où s’exprime le Grand Etre de Comte et surtout le très puissant critère de totalité en logique » = Le Grand Etre symbolise l’humanité. Une théorie où s’exprime l’humanité, qu’est-ce que ça veut dire ? Et surtout, surtout, le TRES PUISSANT critère de totalité en logique. Ca en jette non ? Seul problème, je n’ai trouvé aucune trace de « critère de totalité » en « logique ». Dans quelle logique d’ailleurs ? Une petite référence, mon bon seigneur ? Non ? Tant pis…

          Et on aurait pu prendre n’importe quelle page, avec le même résultat. Chaque paragraphe, presque chaque phrase, de cette thèse contient une perle d’absurdité, un paralogisme chatoyant, un sophisme à l’oeil glauque. Vous voyez, je ne suis pas ennemi de la poésie.

          Pour moi, il est inutile de poursuivre. On ne peut trouver dans cette oeuvre que le sens qu’on y met soi-même, mon ignorance du mysticisme soufi et mon exigence de logique explicant sans doute pourquoi je n’y vois que des fariboles sans queue ni tête. Et je maintiens qu’une thèse n’est pas censée ressembler à ça. Comparez par exemple avec deux thèses sur le soufisme dirigées par le même chercheur : http://www.theses.fr/2013STRAC024 et http://www.theses.fr/2012STRAC018
          C’est tout de même amusant qu’I.A. se réclame autant du monde académique avec son CV bidonné, tout en prétendant mépriser les institutions scolaires, et le peer review. Tant de contradiction ne peut être que la marque du génie qui m’échappe à tout jamais.

          Shantih shantih shantih.

          Répondre
  16. Elias
    Elias dit :

    Bonjour,

    Mr Aberkane répond tout de même à ces assertions de diplôme : https://www.youtube.com/watch?time_continue=161&v=q8zrgn7r1kQ
    Je trouve qu’il faut écouter les deux sons de cloches, et j’ai l’impression qu’il y a plus de volonté de disséquer la personne (logique de tension), que de connaître la vérité sur ce sujet….Ce qui serait important c’est une confrontation entre vous et Mr Aberkane, et non d’écrire sur un site en mettant votre opinion que l’on devrait aussi vérité tant qu’on y est. Entretemps on y met le doute…un peu votre logique : ce n’est vrai que si c’est confirmé.

    Donc faites en sorte qu’il y ai plus d’objectivité et d’entente, et mois de subjectivité et de tension c’est mieux.

    Elias

    Répondre
  17. Jbdemontety@hotmail.com
    [email protected] dit :

    Qu’Aberkhane ait vraiment les diplômes qu’il prétend avoir ou non, ça m’est égal, il reste un très mauvais conférencier et écrivain, et les causes de son – tout relatif – succès médiatique sont à rechercher dans des endroits assez… divers

    Répondre
  18. ROUX Maïté
    ROUX Maïté dit :

    Bonjour,
    Pour information, le site theses.fr est un site ministériel qui recense l’ensemble des thèses de doctorat soutenues en France. Les données de theses.fr se veulent exhaustives, mais sont sous la responsabilité des établissements de soutenance. Il peut donc y avoir des lacunes ou des retards de traitement que le public peut signaler via l’assistance en ligne ou le bouton « Signaler une erreur ». Le référencement des thèses et leur diffusion a minima dans l’enceinte de l’établissement de soutenance (sauf confidentialité édictée par le jury), sont des obligations légales. Ces obligations permettent justement à un docteur français de prouver qu’il a bien obtenu son diplôme.
    La page de M. Aberkane signale deux thèses de doctorat : http://theses.fr/183588231, celle de 2014 (http://theses.fr/2014STRAC005) et celle de 2016 (http://www.theses.fr/2016SACLX005). La thèse de 2013 n’est donc pas une thèse de doctorat aux yeux de l’Etat français. Il existe néanmoins d’autres types de thèses, qui n’ont pas valeur de doctorat : thèse d’exercice pour les médecins, thèses de l’Ecole des chartes, thèses de doctorat « canonique » de l’Institut Catholique de Paris, etc.
    La thèse de 2014 est consultable en ligne, ce qui permet aux spécialistes de juger de la pertinence des propos de M. Aberkane. La thèse de 2016 a été déclarée confidentielle par l’établissement jusqu’au 03/02/2021, date à partir de laquelle elle sera diffusée en ligne et pourra à son tour faire l’objet d’un examen par la communauté scientifique.
    Nos services restent à votre disposition pour répondre à toutes vos questions relatives à ces deux thèses de doctorat.
    Bien cordialement,

    Répondre
  19. Sophisme3000
    Sophisme3000 dit :

    Le nombre de détracteurs et d’articles à son sujet est à la hauteur de sa valeur en tant qu’être humain, qui apporte de l’espoir et de la culture à un grand nombre de personnes. Et grâce à lui, tout un tas de journalistes web ou non web gagnent de l’argent sur son dos ! Si vraiment il était si méchant, la vraie stratégie serait de l’ignore. C’est sûr que c’est plus facile de s’attaquer à lui qu’à des dirigeants, ou des médecins. J’irais même jusqu’à dire que ceux qui s’attaquent à lui devraient AUSSI s’attaquer à des dirigeants, ou des médecins, tous ceux qui ont menti et en ont profité. Prendrez-vous ce risque-là ?

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  1. […] IDRIS ABERKANEhttps://www.scepticisme-scientifique.com/episode-362-limposteur/http://menace-theoriste.fr/idriss-aberkane-fact-checking/ […]

  2. […] ou affiliations réelles a été fait par un collègue physicien sur sa page facebook, ainsi que par un blogueur du café des sciences. Notons également que le billet était censé faire partie du cahier Sciences et Techno de la […]

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