Zététique et religion – TenL#47
Enregistré le 21 juin 2017
Invité : Marc Villalongue
Editorial
La zététique est souvent décrite comme « l’art du doute », et dans cette famille intellectuelle quand on ne se dit pas Zet, c’est en général pour préférer le terme sceptique, et on défend alors le scepticisme scientifique, c’est-à-dire l’idée qu’il ne faut tenir pour vrai que ce qui a été suffisamment prouver et nourrir à l’égard des autres propositions une prudente attitude de doute, de suspension du jugement.
Quand je dis « tenir pour vrai », il faut naturellement entendre juste après la ponctuation implicite de toutes nos affirmations : « jusqu’à preuve du contraire ». En effet, la zététique enjoint à garder une parcelle de doute, un petit degré de liberté, même à l’égard des évidences les mieux confirmées.
Une fois posé ce cadre, voici la question du jour : est-il cohérent de se dire zététicien et croyant ? Zététicien et pratiquant d’une religion ? C’est discutable mais sans doute guère plus que d’autres postures que des zététiciens peuvent adopter sur la politique ou l’éthique. Nul n’étant totalement et froidement rationnel, nous avons tous nos angles morts où nous renonçons à analyser jusqu’au bout la conformité de nos actes et de nos choix avec les exigences théoriques de la pensée critique.
Mais la religion, tout de même ! Il semble difficile de trouver plus éloigné du scepticisme que l’adhésion à un dogme. La religion a cette particularité qu’elle annonce savoir quelle serait la volonté de l’entité qui a créé l’univers, les rochers, les étoiles, les poissons, les fleurs, les chatons, les rivières — la liste est non exhaustive. L’histoire des religions, et c’est particulièrement vrai pour le christianisme, est une longue, répétitive souvent dramatique succession de rejets du doute, d’exhortation à croire dans une vérité révélée qu’il n’est pas permis de questionner, en tout cas pas hors des cercles étroitement surveillés des écoles de théologie.
Certes, la question de l’existence de Dieu est certainement hors du domaine des sciences ; c’est-à-dire que la démarche scientifique n’apportera jamais un démenti définitif à l’idée d’une entité créatrice immatérielle et toute puissante dont le concept même n’a peut-être si bien survécu que parce qu’il est clairement irréfutable. On peut à cet égard défendre l’idée que science et religion ont des magistères distincts, s’intéressent à des questions différentes et n’ont pas à interférer.
Toutefois, le sens du sacré qui accompagne la religion est infiniment connecté à l’idée de blasphème. Or il n’est rien de plus contraire à l’esprit critique qu’une idée dont la remise en question est proscrite. Comment diable concilier l’exigence du doute méthodique et la foi dans une vérité révélée ?
La gageure est lancée à notre invité, Marc Villalongue, consultant juridique et créateur de la chaîne de vulgarisation du droit Juris Planète.
Articles sur des sujets liés.
- Quelques mots sur l’Incroyance
- Dieu peut-il être une hypothèse scientifique ?
- Athéisme et Religion (Lettre ouverte à Doxa)
- L’agnosticisme est d’abord rationnel
Liste des ouvrages présentés.
Par Marc Villalongue :
- Compendium du catéchisme de l’Église catholique (acheter, version en ligne) ;
- Compendium de la doctrine sociale de l’Église (acheter, version en ligne) ;
- Frikart Claude, L’Église, 15 questions sur son histoire, Plon, Paris 2007 (acheter) ;
- Tresmontant Claude, Introduction à la théologie chrétienne, Seuil, Paris, 1974 (acheter).
Par Acermendax :
- Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu.
- Christopher Hitchens, Dieu n’est pas grand
- Victor Stenger, Dieu l’hypothèse erronée
- Daniel Dennett, Darwin’s dangerous idea
- Michael Shermer, The believing brain
- James Lindsay, Everybody is wrong about God
- Peter Boghossian, A manual, for creating atheists
J’adore TeB mais je trouve les live de plus en plus mauvais faute d’un autre mot.
L’entretiens épistémologique y est quasiment absent. Les questions sont chargées. Le son est une catastrophe à chaque fois. Bref, de zététique, il n’y a guère et on y apprends pas grand chose. La bibliographie est par contre très intéressante.
Me demande si en fait il n’aurait pas fallut poser des questions par écrit et laisser le temps à l’autre d’y répondre de manière calme et sourcée.
Je vais vous éviter de regarder deux heures assez lourdes.
Peut-on être réellement sceptique envers sa religion ? Non.
Fin du live.
C’est vrai qu’il y a de gros problèmes de son sur vos lives ces derniers temps.
Il m’apparaît que Marc a accepté l’invitation sans reconnaître au préalable ses incompétences en matières de théologie chrétienne. Face aux interrogations ultra-pertinentes de Mendax, il y a eu, à de nombreuses reprises, des blancs assez désolants et au mieux des tentatives confuses d’explications très personnelles (pas du tout consensuelles au sein du christianisme). Ainsi, Marc s’est surtout représenté lui-même. L’entretien n’a pas du tout été représentatif d’un échange entre un athée et un croyant qui sait de quoi il parle.
Ce que j’ai conclu de cet entretien, c’est qu’être religieux n’empêche pas d’avoir une démarche critique en général, sauf quand il s’agit d’appliquer cette démarche à ce qui attrait à cette religion.
Je souhaite signaler que ce live est indisponible directement sur YT et que pour la voir il faut aller sur le site, il serait donc judicieux de modifier la description pour y ajouter un lien menant a cette page.
Intéressante vidéo, qui a déclenché bien des doutes de mon côté, moi qui suis né dans une éducation ou le catholicisme était présent, souhait des grand-parents, encadré avec prudence voire méfiance (très légitime) par ma mère…
J’en suis à remettre en cause la qualité de mon scepticisme, moi qui adhère pourtant à toute forme de critique de la religion, mais qui par contre considère une certaine forme de foi, mais le terme n’est peut-être pas le bon, étant tellement galvaudé, comme quelque chose qui peut être au-delà de toute approche religieuse. Je m’intéresse par exemple aux travaux du créateur du langage TeX, vous l’aurez sans doute reconnu, Donald Knuth, lequel est un exemple de personne dont on a ouï dire d’une certaine forme d’adhésion à une certaine forme de « foi », mais qui pourtant est capable d’une démarche scientifique intéressante.
Pour finir, la personne interviewée fait de mon point de vue, au moment où l’interview a eu lieu, de nombreuses erreurs de positionnement en termes de moralité, ce qui m’amène à penser que vous n’avez pas choisi quelqu’un d’assez, mmmh, comment dire, abouti dans ce qu’il nomme la critique de la religion, car il y en a peut-être bel et bien parmi les croyants (voir par exemple théologie apophatique), si l’on prend en compte les écrits de certains, même parmi les philosophes platoniciens et néoplatoniciens.
Quoi qu’il en soit, j’espère que cette interview aura servi à tout un chacun de faire évoluer son point de vue, et de contrecarrer les dogmes.
Bref, pour ma part, un visionnage qui m’a marqué, et restera déterminant dans l’évolution de mon schéma de pensée.
Merci