La vérité (La Minute Sapiens #3)

La vérité, ça crève les yeux, et puis ça sort de la bouche des enfants. Celui qui aime la vérité sait la reconnaître. Il n’y a que la vérité qui blesse. Tout finit toujours par se savoir, et la vérité triomphe à la fin !

De ces enfantillages vous ne croyez pas un mot. Vous savez bien que c’est plus compliqué que ça. Quand les proverbes ou les grands auteurs parlent de la vérité et essaient de livrer une parole sage à son sujet ils sont souvent moins bons que quand ils écrivent sur l’erreur. Il faut dire qu’on parle mieux de ce qu’on connaît. Mais malgré tout, on aspire à la vérité.

C’est humain.

Mais parce qu’on ne va jamais très loin en suivant une idée fixe, les gens qui cherchent la vérité causent des problèmes quand ils affirment l’avoir trouvée et qu’ils refusent d’en démordre. La vérité d’une idée ne se reconnait pas à la force de conviction de qui la défend.

Non seulement il n’y a pas de force intrinsèque des idées vraies, mais en plus la vérité souffre d’un désavantage terrible : elle n’est pas toujours crédible — C’est trop beau pour être vrai !—, quand la désinformation, elle, habilement menée, sait se faire plus vraie que nature.

Et vous touchez du doigt le dilemme d’une chronique dont le titre est « la vérité ». Si pour faire accepter la vérité, il faut la rendre présentable, aimable, souhaitable, accommodante, on la perd en route. Et si ce que je vous dis vous parle, résonne avec ce que vous pensiez déjà, renforce ce que votre intuition vous chuchote… Alors comment savoir si vous n’êtes pas la victime d’une manipulation, d’une indolore séduction ? Après tout, les gens prêtent sans se faire prier l’oreille aux mensonges, s’ils flattent leurs instincts.

Il y aurait donc des choses indécidables, des vérités inconnaissables. Cela va nous forcer à l’humilité dans nos tentatives d’explication du monde. Il va falloir renoncer à la prétention de détenir une vérité et opter pour la prudence maximale et la vérification perpétuelle de ce que nous croyons savoir. Devant l’effort colossal que cela implique, on comprend l’attrait du dogme, beaucoup plus reposant.

Le monde autour de nous est là. Qu’on le veuille ou non. Ce que je peux apprendre de ce monde, chacun doit pouvoir le savoir aussi bien que moi. Et même dans l’hypothèse –crédible– où le monde serait trop complexe pour que nous le comprenions vraiment, nous pouvons malgré tout construire une représentation approximative de la réalité et nous mettre d’accord sur ses mérites comparés à d’autres représentations moins fidèles.

En conséquence, la forme de « vérité » à laquelle nous avons accès n’est sans doute pas complètement objective, mais elle est au moins transsubjective. Et nous avons donc les moyens de partager nos connaissances. C’est absolument renversant qu’une espèce de gros primate bipède soit capable d’un tel exploit ! N’est-il pas charitable de lui pardonner de se croire détenteur de réponses définitives ?

Or donc la vérité est appelée à changer, comme une immense photographie toujours exposée à la lumière pour que se révèlent de nouveaux détails, lesquels, de temps en temps, changent le sens de la scène que l’on observe.

Le plus sage est de continuer à l’observer.


L’équipe :
Acermendax – (Thomas C Durand)
Maxime Ginolin – Musiques
Générations Films – https://lc.cx/x6EN
Jeremy Guerdat – Thousand Faces Studio
Pause Cafein – https://lc.cx/x6Ex
Studio 51 – Plateau de tournage broadcast – https://lc.cx/x6EY 
ASTEC
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