Comme j’aimerais ne pas avoir à revenir sur ce sujet. Je pourrais me concentrer sur des choses plus constructives. Ce dimanche, je voulais travailler à la relecture du tome 2 des Enigmes de l’aube (achetez donc le tome 1 !). Mais cela n’a pas été possible. Lundi je devais intégrer les derniers retours critiques sur mon livre sur la pyramidologie. Impossible également, puisque je devais m’occuper de sortir de ma tête le problème d’une vidéo déjà vue quinze mille fois et qui me taille un costume mal fagoté.
Depuis 6 ans, je traite des sujets en lien avec l’émancipation intellectuelle vis-à-vis des présupposés, des préjugés, des intuitions et des codes sociaux… Celles et ceux qui suivent la TeB constatent la proportion importante de chercheurs et chercheuses en sciences humaines et sociales parmi nos invités. Il y a bien des progressistes qui trouvent l’art du doute et sa promotion des plus utiles. Mais il y a aussi des cons.
Il fut un temps, aux débuts de mon travail avec la TeB (2015) où je me suis retrouvé en butte à des critiques, des agressions, des accusations de la part de personnes s’estimant les seuls authentiques véhicules de la lutte sociale sur Twitter, un réseau que je découvrais sans grand plaisir. J’ai tenté d’établir un dialogue, de débattre, de comprendre, en questionnant les présupposés des attaques généralement collectives que je subissais régulièrement (avec parfois des pilonnages de plus de 6000 tweets en un weekend). En pure perte. J’ai parfois manqué de patience, mais j’ai surtout dû faire face à des gens dont le logiciel de lutte était, c’est toujours ma conviction, vérolé. Très las de tout cela, j’ai rédigé un article qui dénonçait cette dérive si envahissante dans mon univers numérique.
C’est cet article : Le Social Justice Warrior.
Le texte n’est clairement pas celui d’un expert du militantisme, il n’est pas exempt d’exagérations et de comparaisons qu’on pourra trouver excessives. Ce n’est pas un chef d’œuvre, je vous dirai plus bas pourquoi je ne l’écrirais pas aujourd’hui si c’était à refaire. Cinq ans plus tard, voici qu’on utilise ce texte dans un exercice de débunkage dont je vais montrer l’inanité. Le billet que vous êtes en train de lire est suscité par le même sentiment qui a accouché du billet décrié, comme si je tombais à nouveau dans le même piège. J’espère que tel n’est pas le cas.
Le bouseux, c’est le nom de l’individu qui passe mon texte à sa moulinette, est un homme non identifié aux compétences et qualifications inconnues qui s’est fait connaître en faisant de l’humour pas forcément safe, et qui fait maintenant de la politique, un peu comme Greg Tabibian. Il pratique la satire, le clash, la caricature et gratte l’attention du public des vidéastes plus connus que lui. Il me laissait assez indifférent, il pouvait bien militer comme il le souhaite et s’attaquer aux sujets qui lui semblent importants pour faire avancer les causes qui lui tiennent à cœur. Mais il s’avère que le bouseux est un con*. Ne vous méprenez pas, mon jugement est mesuré, j’ai la charité de penser que le bouseux n’est pas une ordure qui ment éhontément pour manipuler ses spectateurs. Je pense juste qu’il surestime sa capacité à comprendre autrui et n’envisage pas d’avoir besoin de se documenter avant de tomber sur le râble de celui dont la prose ne lui revient pas.
Je ne vais pas faire semblant d’être bienveillant dans ma réaction, conformément au principe qu’on ne doit rien à celui qui nous agresse. La manière dont le bouseux décide d’utiliser ce texte pour faire un procès par contumace en s’évertuant à interpréter à charge toutes les phrases qu’il relève pour dresser le portrait d’un individu qui me dégoûterait moi-même est une agression. Je vais donc mettre des choses au point. Mais, s’il vous plait, ne confondez pas un billet rédigé pour défendre mon honneur et mon travail avec un exercice de débat d’idées. Le bouseux manque à tous les devoirs de celui qui voudrait avoir un tel débat. Dans le paysage des bullshits qui méritent mon attention, le bouseux est un microphénomène auquel j’accorde déjà bien trop de temps, comme j’ai pu par le passé donner trop d’importance aux nuisibles justiciers clavicoles.
Lien vers la vidéo du bouseux.
L’objet du délit
L’article « Le social Justice Warrior » (de mars 2016) parlait de l’attitude de gens agressifs dont le dogmatisme justifie une brutalité qui va jusqu’au harcèlement en meute. Et de rien d’autre ! Comprendre cela aurait permis au bouseux de s’épargner toute cette peine, d’éliminer 80% de ses remarques et d’éviter de me situer politiquement là où je n’ai rien à faire. Le texte était un billet d’humeur, une tentative d’expliquer la conflictualité des réseaux sociaux de la part d’un utilisateur de ces réseaux qui a constaté de fréquents abus. Il ne visait pas LES militants, mais les comportements toxiques de certains militants, que trop souvent je voyais considérés avec de la complaisance par les gens du même camp, un camp dont je pensais que les valeurs méritent d’être bien défendues. Position de base du Sceptique/Zététicien, rien de renversant.
Aujourd’hui, en 2021 je n’écrirais pas cet article, ou pas comme ça.
- D’abord parce qu’on m’emmerde moins sur les réseaux pour ces sujets. Le blocage des inquisiteurs et acharnés a aidé. L’effet de meute conduisant à surestimer leur représentativité, ma véritable erreur a peut-être été de leur consacrer un article. Mais, d’un autre côté, ce coup de gueule de ma part a pu contribuer à assainir les milieux militants (Je doute d’avoir ce pouvoir… mais qui pourrait le dire ?). J’avais depuis 2016, et jusqu’à aujourd’hui l’esprit plus disponible pour traiter d’autres sujets, et c’est tant mieux.
- Ensuite parce que les pratiques ont évolué et que je connais aujourd’hui quelques critiques internes que je ne connaissais pas à l’époque (Cf plus bas), ce qui réduit d’autant le besoin que j’aurais pu éprouver d’en parler.
- Enfin parce que ces sujets ne sont pas ceux auxquels je veux consacrer mon temps et où j’ai le plus de chance d’être irréprochable, pertinent et utile. Ce n’est clairement pas pour mes réflexions sur le militantisme que les gens s’abonnent à mes publications. Mes compétences sont ailleurs, je crois que ce point fera consensus.
D’aucuns exigent alors que je supprime le texte, cela leur paraîtrait logique. Parfois la demande est assortie de l’affirmation que ce texte servirait de “caution rationnelle” à des fachos (sans jamais qu’on se donne la peine de le montrer). Je m’y refuse puisque, malgré tout, je ne renie pas ce billet ; j’y livrais mon point de vue sur des comportements dont j’ai été témoin et victime. Curieusement, certains ont du mal à respecter cela.
« la justice sociale, on s’en bat les couilles, ça ne veut rien dire »
le Bouseux, à 34 min.
On trouvait peu de source dans ce billet, car ce n‘était pas un travail de vulgarisation de contenus scientifiques sur la militance toxique (existe-t-il des études là-dessus ?). Il n’y avait pas d’exemple, car il n’était pas question de régler des comptes (on me l’aurait reproché). Mais le bouseux ne l’a pas compris ou ne veut pas le savoir. Ce texte a bien moins d’importance que la plupart de ceux qu’on trouve sur ce blog, lisez plutôt ceux-ci :
- La science est un héroïsme collectif
- Apophénie et illusions de perception
- La sophrologie : un ésotérisme masqué
- La zététique versus le confort
- Les Lois de l’Attraction Mentale
- L’allopathie n’existe pas
- Méfiez-vous des conférences TED
Pour trouver de l’importance à ce vieux texte, il faut vouloir nier le problème qu’il évoque ou désirer faire payer son auteur pour crime idéologique. La réponse se trouve à la minute 34 chez Le Bouseux « Si tu es un militant de gauche, tu vois tout de suite comme c’est de la merde libérale de modéré par principe, par dogme, qui ne comprend rien aux enjeux tels que décrits par la gauche radicale ». C’est donc cela. À la minute 46 « La débâcle intellectuelle commence quand on invente un personnage qui n’existe pas pour l’assimiler à ses adversaires politiques par le relativisme du “tout se vaut” et ceci sans la moindre preuve » (Notez que pour le bouseux, je serais l’adversaire politique de la gauche)
C’est sans doute pourquoi on ne trouve nulle part en 1h54 une mention à ce que la littérature militante (la vraie, pas ma prose ou la sienne) propose de critique contre les comportements toxiques. Comme par exemple :
- L’injonction à la “pureté militante” dans le féminisme • LES MAUVAIS GENRES
- Canceling | ContraPoints – YouTube
- « Parole de concernée ? », ce réflexe militant et excluant que je ne supporte plus
- Contre la culture de l’ostracisme
- Pureté militante, culture du « callout » : quand les activistes s’entre-déchirent
Dans ma réaction, ci-après, je m’arrêterai sur quelques détails seulement, je ne peux pas raisonnablement tout relever, mon dimanche et mon lundi n’y suffiraient pas. Et je gage que votre temps à vous aussi vaut mieux que ça. Vous connaissez sans doute l’asymétrie de Brandolini…
Le procès
« c’est un discours réactionnaire. Et je mâche mes mots ”
le bouseux, à 1h27
Tout au long de sa critique (où je suis comparé à un facho à quelques reprises), le bouseux fait semblant (mais peut-être est-il simplement con) de croire que mon propos englobe tous les militants progressistes alors qu’il n’en est rien ; j’ai clairement précisé cette distinction fondamentale.
Pour le bouseux, il est légitime de critiquer la « pureté militante » et il dit le faire, mais il affirme aussi que « SJW » serait essentialiste puisque le terme désigne un individu dans son entièreté et pas un comportement. C’est non seulement complètement faux, puisqu’un terme ne définit JAMAIS un individu (par exemple un zététicien n’est pas toujours dans la pratique de la zététique, je suis le premier à le dire, et vous l’aurez constaté vous-même) mais en plus j’ai pris soin d’écrire noir sur blanc de manière explicite que je rejette cette vision essentialiste… La distinction des idées et des individus est au cœur de mon travail depuis le début.
Cachez ce SJW que je ne saurais voir
À plusieurs reprises, le Bouseux exige que je prouve les intentions des gens quand je donne des clefs d’explications de certains « comportements » toxiques, comme le virtue signalling. Si je n’obtempère pas, me voici accusé de procès d’intention. Alors disons-le, oui je faisais le procès des intentions de ceux dont le comportement n’est pas explicable par la seule défense de leurs idéaux. Le Bouseux n’a aucun problème à se justifier de la manière suivante (à 1h40) « Thomas Durand prétend avoir une intention mais l’ensemble de son discours et ses conséquences logiques ne sont pas cohérentes avec son intention », preuve qu’il comprend le concept de lien logique entre l’intention et le comportement. En tout cas quand ça l’arrange.
Tout en reconnaissant l’existence de cas qui correspondent à ma description du SJW (au début de sa vidéo), il affirme tranquillement, minute 32, que les SJW n’existent pas. Vers 25 minute il dit « s’il reconnait finalement que le terme [SJW] ne veut rien dire par son usage, pourquoi le légitimer ? » Le Bouseux veut parler pour moi et me fait reconnaître, c’est audacieux, une chose que je ne reconnais nullement. Je pense que “SJW” a un sens, et ce sens je l’ai défini. Longuement. De même j’emploie le terme conspirationniste au grand dam de la plupart de ceux qui correspondent à la définition et y voient une injure, parce que ce terme est utile pour désigner un comportement (et par pour marquer au fer rouge un humain jusqu’à sa mort). Je ne compte pas renoncer aux termes qui décrivent des situations réelles : conspirationniste, raciste, antivax, etc.
NB : Aujourd’hui je parle plus volontiers de justicier clavicole que de SJW pour éviter les incidents de lecture hémiplégique qu’on croise ici et là. L’avantage est que les brutes nuisibles du camp d’en face peuvent recevoir la même épithète. Je m’accorde le droit d’évoluer dans ma manière de parler des choses ; j’espère que vous aussi.
“J’ai vraiment envie de le traiter de faux cul”
Le Bouseux, (1h22)
Petit détail sémantique : quand à 27 min le Bouseux dit « le SJW n’existe pas », une telle assertion a besoin d’admettre la validité d’une définition. Le Bouseux ne peut pas dire cela sans penser qu’il a compris la définition que j’en donne, et donc admettre que cette définition existe.
Comme je l’ai dit, le Bouseux voudrait des preuves de l’existence des SJW. Eh bien le SJW, c’est quelqu’un comme lui. Ou plus exactement son comportement instancie le problème que je soulevais (mais cette nuance-là, on ne la lui fera pas admettre, il la rejette à plusieurs reprises). Dans un sens, il est un peu normal qu’il se soit senti visé par le texte qu’il veut esquinter aujourd’hui. Il n’est pas le pire exemple de SJW, car il a le mérite, pour ce que j’en peux juger, de maitriser les concepts de la militance (ce qui n’est pas toujours le cas : je ne confonds pas l’intégrisme et la littératie). Sous une forme cordiale, avec un ton policé, il me reproche ce que je ne dis pas parce qu’il me prend pour un ennemi idéologique et me traite comme tel.
Le Bouseux m’accuse de présenter le monde comme un combat entre des gentils et des méchants parce qu’il n’a pas compris le préambule ou j’expose justement le principe inverse et où je parle des conséquences des comportements qui causent le bien ou le mal autour des individus (raccourci conséquentialiste) sans jamais inférer quoi que ce soit sur les intentions ; c’est même tout l’objet de ce préambule : dire que les facteurs qui président à nos actes dépassent les dimensions individuelles juxtaposées. Le Bouseux comprend l’inverse de ce qui est pourtant écrit avec des précautions formulatoires prévues pour aider les malcomprenants. L’analyse s’en trouve empêchée d’être intelligente.
Quelques personnes le lui ont fait remarquer, sans réponse de sa part :



(Je ne connais pas Sanglier Sympa. Nul doute que sa polarisation politique, que je devine aux antipodes du Bouseux, suffise à certains pour se fermer à son propos et y voir la confirmation que Mendax est un facho. Je vous suggère de résister à ce genre de jouissance psychique.)
Voici un commentaire sous sa vidéo qui souligne un autre exemple de mal-compréhension.
« Juju Cari » à 19:27 : vous dites : “ce commentaire précise que la considération du racisme serait subjective, au moins toujours un peu …” (jusque là, d’accord). Puis “ainsi c’est de l’ordre de l’opinion, comme si on ne pouvait pas définir objectivement le racisme. […] Bref du relativisme qui chie à la gueule des chercheuses et des chercheurs en sciences sociales qui depuis des décennies analysent le racisme comme domination sociale.” Euh … où est passé le “un peu” je vous prie ? “il y a une part de subjectivité” et “on peut définir objectivement le racisme” ne sont pas deux propositions contradictoires … sauf si vous enlevez le “une part de”. Que la flagrance de ce premier homme de paille vous saute à la gueule.
Intentions ou comportements ?
A la 27ème minute, à propos de ma phrase « Le SJW fait profession de l’indignation et du procès d’intention. Il est toujours offensé, et garde un jugement lapidaire sur le bout de la langue à dégainer à la moindre occasion. », il m’accuse de procès d’intention, de penser ceci : « il est malveillant et calculateur le SJW ». Le bouseux n’a pas compris que je décris un comportement ostentatoire et non un état mental auquel je n’ai pas accès, mais les intentions, j’en a parlé plus haut…
À 29 min on voit les motivations du Bouseux : « On note ainsi que le SJW, il est de gauche, progressiste donc si une personne de droite conservatrice correspond aux critères au SJW c’est-à-dire d’être un sale con arrogant hypocrite agressif et opportuniste ben là ça va, là c‘est pas un SJW ! (une autre personne en voix off conclut : « c’est un zététicien »* la même voix off, au sujet d’une pensée que le Bouseux me prête gratuitement, précise « y a que les fachos pour dire ça »). En somme, il s’offusque d’une critique qui est tournée explicitement vers les mauvais comportements qu’on trouve à gauche… en oblitérant que cette critique est motivée par la conviction que les idées de gauche méritent d’être mieux défendues parce que je les estime mieux défendables. La méprise ici est colossale, le contresens est total, l’intelligence nulle part.
[Je récapitule pour ceux qui s’offusquent que j’ai employé le mot con : dans cet extrait les zététiciens sont qualifiés de “sales cons arrogants hypocrites agressifs et opportunistes”]
Me singeant, le Bouseux pense traduire ma pensée : « C’est pas possible qu’il y en ait partout du racisme. Le racisme c’est les nazis, mais pas nous les gentils » Il aurait pu faire l’économie de cet homme de paille en lisant par exemple : « Raciste n’est pas une insulte » cet article où je développe les nuances qui font défaut à son analyse. Là comme ailleurs l’inversion est totale.
J’ai dû faire une pause. Je vous jure que c’est vertigineux d’écouter un type qui comprend si mal ce qu’il est en train de lire. Le bouseux ne comprend rien. Mais au lieu de poser des questions, (nous n’avons jamais interagi) il juge.
Erratum : en fait nous avions “échangé” en 2018, quand il a protesté contre ma critique des pseudo-médecines et de leurs conséquences (j’ignorais qu’il s’estimait compétent sur ce sujet, lui qui est si prompt à préserver son territoire contre les incartades). Et un second échange a eu lieu en mai 2020 quand il m’a accusé d’avoir un passif anti-féministe, qui ne s’est pas bien passé. À cette occasion, je n’ai pas été celui qui a manié l’insulte. J’avais oublié ces contacts parce que globalement, je me contrefous de ce monsieur et de ses tentatives de créer du clash.

” Tous ceux qui ne pensent pas comme lui sont très très méchants”
Le bouseux, singeant Acermendax (1h19)
Ailleurs il affirme que je “refuse la pertinence dans l’absolu du concept d’oppression internalisée”. Je suis sidéré. L’extrait à voir est situé entre 1h15 et 1h18. Je ne peux que vous inviter à lire mon texte où vous constaterez que je signalais que ce concept est instrumentalisé par les SJW (et pas par les militants respectables !) pour imposer leur vue lorsque par malheur ils sont en désaccord avec une personne opprimée. Je ne refuse donc pas la pertinence de ce concept. Je peux même vous dire en toutes lettres que ce concept est UTILE et que je le pensais déjà en 2016. Et je vous laisse juge de l’honnêteté de la démarche du bouseux. Cette manœuvre qui emprunte au chiffon rouge et à l’homme de paille : me prêter des propos dégueulasses qui ne sont pas les miens, est la colonne invertébrale de sa longue intervention diffamante.
A 1h17 le Bouseux évoque un outil utile, le rasoir de Hanlon qui invite à ne pas attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer. Il y a plus de cons que de méchants, c’est justement ce que je me répète en boucle depuis le début.
Les déterminismes sociaux.
J’évoquais l’importance de ces déterminismes dans le billet de 2016, mais la cécité sélective a perdu l’information… À 1h35 le Bouseux : « Thomas Durand refuse de considérer que son vécu d’homme blanc puisse avoir une influence sur son point de vue et son discours car Thomas Durand est un être de raison pure. » Cette remarque du Bouseux vise ce passage du texte : « J’accepte d’avoir tort dans le regard que je porte sur les luttes sociales, mais je ne serai pas convaincu par un argumentaire centré autour de mon incapacité congénitale à être une femme ou un homme de couleur, ou (pour le moment du moins) un handicapé. » où mon propos est de dire que cet argument de la situation du locuteur n’est pas suffisant pour rejeter une parole. C’est pourtant ce qu’il se passait régulièrement sur mon Twitter au moment où j’ai écrit ces mots. Et encore une fois, comme dans tout le reste de cette vidéo, ce contexte est nié par le Bouseux. Réaction de privilégié qui n’a jamais eu à subir ce genre de comportement ?
On ne règle pas un problème en niant son existence.
C’est le type de comportement dénoncé dans mon texte -et en partie incarné par le Bouseux- qui a abouti à l’outing sauvage de la sexualité de Vled Tapas. C’est encore ce comportement qui a poussé ce même Vled a faire son outing de neuroatypique. J’ai vu mon collègue, mon complice, mon compagnon d’aventure souffrir de la grandiloquence morale twittosphérique que je veux pouvoir dénoncer sans qu’on me force à en apporter une description selon les normes de la littérature scientifique. La toxicité existe aussi dans votre camp, cher lecteur, quel qu’il soit, et vous avez le choix de laisser faire ou d’être vigilant.
Le Bouseux a choisi le confort en déclarant : « Personne ne prétend qu’un hétéro n’a rien à dire sur l’homophobie. Et si c’est le cas, ben prouve-le ! »
Hélas j’ai vu des gens tenir des propos de ce genre. Ils n’étaient pas rares à venir me le lancer à la figure sur Twitter en 2015 ou 2016.
Des exemples
A 1h06, le Bouseux nie une situation qui correspond pourtant à mon vécu « Si quelqu’un te dit “t’as pas à t’exprimer sur le sujet vu que t’es un homme”, tu peux répondre “je t’emmerde, je vais parler quand même ” et il t’arrivera rien. » À moi, qui me suis montré bien plus poli que ça, et qui ai voulu questionner cette injonction au silence, il m’est arrivé un cyberharcèlement que sa vidéo trompeuse risque de réactiver. Je vais considérer que le Bouseux n’a aucunement conscience de cela. Ce faisant, je mise sur la connerie de celui qui parle sans se renseigner un minimum sur le contexte d’énonciation de ce qu’il veut démolir plutôt que sur la malveillance de celui qui voudrait inciter au harcèlement. Mais la charité a ses limites.
Je vois ici et là des gens abonder dans le sens du Bouseux et affirmer qu’il faudrait des exemples pour croire à ce comportement de justicier clavicole. Certains osent même jouer à l’apprenti zététicien en lançant “ce qui est affirmé sans preuve peut être réfuté sans preuve”, principe qui ne s’applique pas aux récits du vécu des individus, aux témoignages de victimes de violences et d’oppression. Oseraient-il imiter les fachos qui font cette réponse au mouvement #MeToo ? Eh bien j’invite les lecteurs qui ont été victimes de ces agressions militantes à partager leur expériences avec des captures dans leur contexte, comme je l’ai fait ici par exemple.
Il y a de la violence partout, il y des idéologies intolérantes et xénophobes qui nous pourrissent la vie, et j’estime que c’est plutôt une bonne raison pour vouloir être soi-même moins toxique plutôt que davantage. Vous êtes bien sûr autorisé à penser l’inverse et aller dans le même mouvement vous faire cuire le cul (traduction : je ne transige pas sur ce principe).
Conclusion
Si vous avez deux heures devant vous, écoutez donc la critique du Bouseux. Vous pourrez constater l’écart monumental entre ce que dit mon texte (avec tous ses défauts) et ce que ce monsieur veut ou peut comprendre. Je ne connais pas le reste de son travail, mais celui-ci est l’œuvre d’un Raptor Dissident d’extrême gauche, adepte du clash-rigolard à la mauvaise foi assumée, pas d’un analyste critique. M’accuser d’être plus laxiste envers les conservateurs ne tient pas deux secondes devant un public au fait de ma production.
En résumé, j’ai subi une agressivité continuelle, j’ai voulu en faire une analyse, ce texte est plein de défauts, il est daté, mais je ne permets pas qu’on le transforme en autre chose qu’un appel à de meilleurs comportements. Le Bouseux remet une pièce dans la machine à shitstorm 5 ans plus tard avec une vidéo qui va convaincre des ignorants (ce n’est pas une insulte) que mon travail promeut des idées qui ne sont pas les miennes… Sans dire un traitre mot de ce travail riche de plus de 200 vidéos et de 5 livres. Cela ne semble pas l’intéresser, il est là pour clasher dans le but d’exister (Ceci est un procès d’intention. kestuvafaire ?)
Si vous connaissez le milieu sceptique ou mon travail, je ne suis pas très inquiet, vous devriez pouvoir repérer la caricature et les manœuvres manipulatoires (il y en a bien plus que celles que j’ai relevées). Mais voici le fond du problème : ceux qui découvriront mon travail à travers la lecture que le bouseux fait de ce vieux texte n’ont aucune chance de comprendre ma démarche. Si le but est de nuire à mon travail ou à ma personne, j’imagine qu’on peut dire que c’est une réussite. Si le but est d’apporter un peu d’intelligibilité aux disputes sur les postures et stratégies militantes, c’est plutôt un naufrage.
Je ne commettrai plus l’erreur d’accorder à ce genre d’extrémiste malhonnête le pouvoir de représenter autre chose que l’obsession personnelle de sa grandiloquence morale. Le bouseux ne représente rien, les justiciers clavicoles sont devenus plus rares en 2021. Ils sont, je crois, moins tolérés par les mouvements militants. Je subis moins leurs outrances, et je compte bien bloquer tous ceux qui s’amuseront à adopter un tel comportement avant qu’ils réussissent à me donner l’impression que le monde est rempli de leurs semblables. Je vous propose de faire de même : les ignorer, les bloquer, plutôt que leur accorder de l’attention et alimenter les escalades éristiques qui poussent comme des champignons.
Les militants progressistes ont toute ma sympathie, je leur souhaite d’avoir des débats utiles, d’argumenter avec justesse et d’avoir l’intelligence de ne pas perdre leur temps en s’attaquant à des gens qui font plus pour le progrès des mentalités que les excités rédhibitoires qui hurlent au facho comme d’autres amoindris scandent du “sale gauchiasse” par arc-réflexe. J’envoie mes pensées amicales aux militants qui sont atterrés qu’un Bouseux passe pour un représentant de ce qu’ils sont.
Non, le bouseux est juste un con. Bienheureux d’être écouté, enjoué de se glisser dans le rôle de l’analyste qui remet les points sur les I, encouragé par un public qui ne connait pas le travail de ceux qu’il critique, le con n’est pas forcément méchant. Le Bouseux, toutefois, n’est pas un con à cause de la nature ou de la société mais parce qu’il a choisi d’adopter une posture de justicier clavicole option vidéogramme, le genre de con qui a besoin de travestir la parole des autres pour se donner une chance de ne pas rater sa cible.
Le Bouseux est un Terriculum ridicula.