Géopolitique & Croyances (TenL#60)
Invités :
- Michelle MIELLY : Anthropologie du développement et éthique culturelle aux USA – Recherche et enseignement sur Mobilité, Migration, Expatriation. Questions identitaires.
- Ludovic JEANNE : Géographe social. Processus de diffusion des pratiques corporelles traditionnelles (arts martiaux).
Enregistré le vendredi 16 mars 2018 au Festival de Géopolitique de Grenoble.
Editorial
Peut-on comprendre le monde en faisant abstraction de ses croyances ?
Depuis quatre milliards et cinq cent quarante-trois millions d’années, la planète Terre existe, orbite, révolutionne et abrite des kyrielles d’espèce vivantes dans d’innombrables écosystèmes sans jamais avoir eu besoin d’un géopoliticien pour gérer les opérations. Le monde s’occupe de lui-même tout seul depuis ce temps, et l’espèce humaine a fondé des civilisations, des cultures, des langages sans jamais vraiment savoir ce qu’elle faisait au moment où elle le faisait.
Aujourd’hui nous préférons connaître les conséquences de nos décisions de manière à éviter les catastrophes qui ont essaimé l’histoire brouillonne de notre espèce tumultueuse : guerres, épidémies, révoltes, famines ou grèves de la SNCF.
Cette maîtrise du futur à laquelle nous aspirons pour nous-mêmes, pour nos enfants, pour le bien-être général, et même pour le bien des écosystèmes, nous ne l’obtiendrons qu’en appliquant des méthodes qui permettent d’évaluer la fiabilité des outils qui prédisent les marchés financiers, les tendances politiques, les dynamiques sociales, l’évolution des ressources, de leur disponibilité et leur correspondance avec les besoins et les aspirations. C’est un petit peu compliqué, évidemment.
L’avenir des humains présents dans cette pièce ou devant leurs écrans ne dépend pas que d’eux-mêmes, mais aussi en bonne partie de décisions prises par des responsables politiques et financiers un peu partout dans le monde. Nos destins sont liés, et on devra faire avec.
Le bon côté des choses est que le bonheur personnel de nos dirigeants est globalement corrélé au bonheur général plus qu’à leurs portefeuilles individuels. Le problème est qu’on peut se demander s’ils le savent. Mais s’ils le savent et si nous sommes dirigés par des individus pleinement rationnels, et au moins un peu éthiques, alors les outils de la géopolitique qui permettent de prédire les conséquences des grandes décisions aboutiront à un monde plus juste, plus heureux, mieux administré.
Ça c’est dans l’idéal, en supposant que nos dirigeants et nous-mêmes soyons toujours rationnels, que nous fassions les choix optimaux aux moments opportuns, que nous soyons informés et que nous comprenions les enjeux de nos choix. Mais en réalité nous sommes des singes : à peine raisonnables la moitié du temps, impatients, impulsifs, désordonnés et incorrigibles. Comme la Reine d‘Alice au Pays des merveilles, il nous arrive avant même l’heure du petit déjeuner, de croire jusqu’à six choses impossibles. Et ces croyances façonnent le monde réel presque aussi sûrement que si elle était possibles. Il faut donc probablement en tenir compte.
Nous allons demander ce soir à deux chercheurs de nous dire si l’on doit tenir compte des croyances pour expliquer le monde et comment le faire si cela doit être fait. D’abord il faudrait s’assurer que nous sommes bien renseignés sur ce que nous croyons les uns et les autres.
Le thème du festival de géopolitique de Grenoble cette année, ce sont les États-Unis, et on imagine sans peine que les croyances des gens là-bas ne sont pas sans conséquence sur la vie de beaucoup de monde sur la planète. Mais qu’en est-il des nôtres ? Est-on bon juge de ses propres croyances ?
Nous allons essayer de mettre de l’ordre dans ces idées avec nos invités Michelle MIELLY et Ludovic JEANNE.
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