SUBSTANCES : les sciences psychédéliques

Emission enregistrée le 1er juillet 2025.

Invités

  • Zoé DUBUS — Chercheuse en histoire de la médecine. Post-doc à l’université de Saskatchewan, Canada.
  • Amandine LUQUIENS —Psychiatre, spécialiste en addictologie, au CHU de Nîmes. Professeur à l’université de Montpellier.
  • Romain HACQUET —Pharmacien et neuropharmacologue. Enseignant chercheur à la faculté de pharmacie de Toulouse.

Editorial

Quand on entend « psychédélique », certains – dont moi – pensent tout de suite à des images bien nettes : des hippies sous acide, des mandalas flous, des sourires béats, une contre-culture aux couleurs criardes qui brandit l’amour universel pour mieux tourner le dos à la réalité.

Et moi, dans tout ça ? Sobre. Néphaliste même – ce mot élégant pour dire : pas fan des substances qui tripotent la conscience. Du genre à me méfier de ce qui promet de « tout ouvrir » sans préciser à quoi. Alors forcément, les psychédéliques, je les rangeais dans la case : folklore sixties avec bonus d’appropriation culturelle et risques d’emprise mentale au coin de l’encensoir.

Car voilà : ces représentations, caricaturales en apparence, ont longtemps empoisonné le sujet. Au point de nuire sérieusement aux chercheurs qui tentaient de s’y intéresser avec rigueur. Parce que le LSD, la psilocybine ou l’ayahuasca, c’était suspect par définition. Trop sulfureux pour la recherche « sérieuse ».

Alors faire une émission là-dessus ? Disons que ce n’était pas sur ma feuille de route. Je n’ai aucune envie de faire la promo de substances psychotropes, ni de la spiritualité floue qui les entoure parfois, ni des dérives thérapeutiques façon gourou bienveillant.

Mais un jour, un certain Dimitri m’écrit pour me proposer ce thème. Et j’ai fait une pause devant mon écran. Rapidement, je me suis rendu compte que ne rien connaître à un sujet est souvent une bonne raison de s’y intéresser. Et ce que j’ai découvert, c’est que derrière l’imagerie kitsch se cache une histoire scientifique fascinante : une période d’euphorie dans les années 50, une mise au ban brutale dans les années 70, et une renaissance depuis le tournant des années 2000. Pas une résurgence mystique, mais une vraie relance scientifique.

Et cette recherche n’est pas anodine. Elle touche à la compréhension du cerveau, des émotions, de la conscience. Et surtout, elle explore des pistes sérieuses pour soulager ce que la médecine peine encore à traiter : les dépressions résistantes, les troubles post-traumatiques, les addictions…

J’ai appris que ces substances, et non seulement ces substances, mais aussi le contexte dans lequel on les utilise, ont potentiellement un pouvoir thérapeutique sur des troubles qui sont justement ceux pour lesquels une population importante se tourne vers les offres de soin alternatives à la médecine, où, évidemment on manque de rigueur pour évaluer ce que l‘on fait et établir la balance bénéfice risque d’une manière sérieuse.

 

Alors oui, ces substances sont utilisées dans des contextes traditionnels. Oui, leur effet dépend beaucoup du cadre, du fameux set and setting. Et oui, il faut rester prudent. C’est bien pour cela que la recherche rigoureuse est essentielle. Pour qu’on arrête de tout mélanger, et qu’on distingue les risques réels des fantasmes. Il se passe quelque chose en ce moment. Et cela mérite qu’on en parle, sans trémolos, sans fumée, sans paillettes — mais avec curiosité, prudence, et exigence.

Pour cela, j’ai avec moi trois invités, qui connaissent le sujet mieux par cœur, et qui vont nous aider à comprendre ce que la science nous dit – et ce qu’elle ne dit pas – sur les psychédéliques.

 

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