Santé Mentale : Désinformation & Idées reçues [TenL 127]

La Tronche en Live n°127
Emission enregistrée le 14 novembre 2023.
Invités
  • Dr Hugo BAUP— Responsable du Service Accompagnement Réadaptation et consultant au Centre Médico-Psychologique de Périgueux. Psychiatre Responsable de l’hôpital de jour PROXIMA (Fondation John Bost) Psychiatre Référent des structures médico-sociales (FO, FAM, MAS) de l’association A.P.E.I. Médecin Expert des Pompiers de Dordogne (SDIS 24)
  • Dr David MASSON — Psychiatre d’adultes au Centre Psychothérapique de Nancy — Responsable médical du département de réhabilitation psychosociale et du centre référent de réhabilitation psychosociale CURe Lorraine.

 

Editorial

Les maladies ne sont pas égales entre elles.

Si votre problème est une fracture ouverte du tibia ou une crise cardiaque, on va vous aiguiller directement vers les bons services. Et normalement sans trop vous faire attendre.

Pour les maladies chroniques, c’est un peu plus compliqué, il faut déjà que vous repériez le problème, que vous l’acceptiez, que vous consultiez, éventuellement qu’on vous envoie chez un spécialiste. Là, si votre problème est une maladie bien connue, on vous explique les choix thérapeutiques. Avec de la chance il y en a, et vous êtes accompagné par des professionnels.

En cas de cancer, il existe des marqueurs biochimiques, de l’imagerie médicale. On évalue votre cas et on vous place dans un protocole de soin, vous n’avez plus qu’à suivre les consignes.

Si c’est une maladie orpheline, alors par définition on manque d’un traitement efficace, si c’est une maladie rare alors en plus le diagnostic risque de prendre du retard. N’hésitez pas à regarder la Tronche en Live 123 sur « les maladies et handicaps invisibles ».

L’invisibilité ça concerne notamment les maladies mentales comme la dépression (5% des adultes) ou la schizophrénie (1%). Mais également les troubles du spectre autistique (1%). Et à l’invisibilité s’ajoute le stigmate social. Il y a des conditions dont on a honte, et celles qui font peur aux autres. Il y a les diagnostics qui soulagent et ceux dont on ne veut pas, et il y a un cortège de gens qui vivent parmi nous et qui sont en errance thérapeutique. Ils vont mal, ils n’arrivent pas à savoir ce qui leur arrive, et parmi eux une importante proportion a un souci de santé mentale sur lequel ils ne peuvent pas poser un nom.

Et à cela il y a de multiples raisons, la moindre n’étant sans doute pas que lorsqu’il y a une inégalité entre les maladies, alors il y a une inégalité des malades devant le soin. Mais je citerais aussi la difficulté d’avoir tout simplement un rendez-vous avec un psychiatre qui soit un vrai psychiatre pratiquant une médecine fondée sur les preuves !

؟Heureusement on peut compter sur un corps professionnel parfaitement formé qui se tient à jour de la littérature scientifique et élimine férocement les pseudo-théories et les traitements illusoires ; et dont la priorité est de mettre fin à la circulation des préjugés, des idées fausses et des rumeurs ؟

؟ Heureusement dans cet effort d’information, nos grands médias sont irréprochables et ne donnent la parole à des charlatans que lorsqu’ils disposent des moyens de dévoiler immédiatement leurs supercheries. Ils sont dotés de services de vérification des faits disposant de fortes connaissances scientifiques qui n’hésitent pas à critiquer l’antenne qui les emploie dans le but d’en améliorer la qualité, avec toujours à l’esprit la notion de service rendu au public ؟

؟ Heureusement nous tous, citoyens, recevons une éducation qui nous permet de prendre du recul sur ces questions. Car on nous apprend dès le plus jeune âge à manier l’art du doute, à comprendre ce qu’est une vérité de science, à reconnaitre un consensus lorsqu’il existe, et à débattre sereinement entre nous sur ce qu’il convient de croire sans se sentir agressé à la moindre contradiction comme un homme des cavernes et obligé de partager des fake news pour se sentir important, spécial, écouté et reconnu comme un agent pensant autonome ؟

؟ Et heureusement, nous savons reconnaître l’ironie et nous demander comment on peut en être arrivé là, tout équipés de technologies phénoménales nous donnant accès à presque tout l’océan des connaissances de notre espèce, et pourtant si résolus à barboter pour toujours dans la flaque turbide de certitudes mêmes pas spécialement confortables ؟

[Cette ponctuation (؟) est le point d’ironie]

La santé mentale est un sujet sur lequel nous devrions avoir honte que notre société si avancée reste si obstinément stupide… mais ne croyez pas que je veuille vous faire la morale, j’ai les mêmes problèmes que tout le monde, les mêmes biais, la même éducation, le même découragement devant l’immensité de la tâche, mais j’ai quelques atouts. D’abord vous, dont la présence depuis neuf ans est un sérieux motif pour s’améliorer tous les jours. Et puis des invités qui viennent nous apporter leur expertise sur le sujet du jour et nous permettent de réévaluer ce qu’on croit savoir.

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