L’outing, d’où qu’il vienne
L’outing, c’est dévoiler de force une partie de la vie intime de quelqu’un, c’est affirmer au monde que l’on sait que telle personne a une identité ou une orientation sexuelle « non-traditionnelle » (vocabulaire tchétchène). En 2017, être homo ou bi (ou pan ou toute autre orientation non hétéro) semble accepté, et avec le mariage pour tous, notre société a bonne conscience. On pourrait se dire que l’outing est inoffensif. On aurait tort.
L’outing est le fait de révéler l’homosexualité ou la transidentité d’une personne sans son consentement, voire contre sa volonté1. (Wikipédia)
La difficulté d’être non-cis-hétéro demeure. Il faut souvent des années pour accepter cette « différence », pour accepter d’être qui l’on est sous le regard d’autrui, en particulier sous celui des proches et de la famille à qui, bon gré mal gré, il faut annoncer que l’on n’est pas exactement tel·le que l’on s’attend à ce que nous soyons. Une identité ou une orientation romantico-sexuelle différente de la majorité, c’est d’abord un apprentissage sur soi, et c’est une chose dont tôt ou tard il faut accepter d’avoir à la « révéler » dans une société où le sexe pâtit encore de tous les tabous, où les désirs sont des fautes qu’il faut confesser, où le corps est coupable de nuire à l’âme et à ce que nous aurions de pur, où le sida a fait de la peur de la mort la compagne tutélaire des premiers émois, dans une société où le sexe est, au moins dans le langage, l’outil de flétrissure ultime pour signifier son mépris d’un individu (vous avez tous des insultes en tête sans besoin qu’ici je les énumère). Le coming-out est l’un des actes les plus chargés de sens qu’on puisse commettre. L’outing l’est donc tout autant.
Il n’est pas question ici du geste politique que représente l’outing de personnalités puissantes, quand leurs actes ou leurs paroles portent atteinte aux libertés des minorités sexuelles. On peut envisager de justifier (pensons à en douter malgré tout) la dénonciation de l’hypocrisie de ceux qui se mettent en position de pouvoir et accroissent le malheur de ceux-là mêmes qu’ils devraient être en mesure de comprendre et d’aider. L’outing ordinaire, de tous les jours, n’est pas celui-ci. C’est un acte de pure oppression et de pure malveillance.
Aujourd’hui encore ces informations intimes, une fois rendues publiques, sont de nature à enrayer la carrière de certaines personnes dans certains milieux (comme la politique) et de leur compliquer la vie. C’est particulièrement difficile pour les plus jeunes, mais c’est aussi très dur pour celles et ceux (nombreux·ses) que des questionnements, des doutes, voire des agressions, ont fragilisé·e·s. Si vous ne connaissez pas la deuxième cause de mortalité chez les jeunes, documentez-vous. Si vous ignorez par quel facteur est multiplié ce risque chez les jeunes LGBT+, sans doute serez-vous choqués.
La haine imbécile et vengeresse, ou bien idéologique et totalitaire, est la principale motivation de l’outing. Qui s’en rend coupable ? On pense bien sûr aux homophobes claniques de la soutane, de la kippa ou du qamis. On pense aux brutes épaisses shootées à la testostérone, aux xénophobes de toutes obédiences pour qui cette différence en vaut bien une autre. On pense aux énervés sans cause, à ceux qui se cherchent des ennemis pour exprimer par la violence ce qu’ils ne savent pas gérer autrement. On pense aux paumés sans avis, sans méchanceté, qui croient gagner quelque chose à reproduire les agressions dont ils sont témoins, à se ranger du côté des plus forts. On pense moins, mais cela risque de changer, aux miliciens clavicoles de la justice, à ces nouveaux chevaliers de la morale, parabalanis modernes, Tartuffes de la lutte sociale, et in fine piètres militants.
Il existe des endroits initialement fondés avec de bonnes intentions où vous n’avez droit à la parole et au respect qu’à condition de révéler vos failles intimes,vos différences, tout ce qui dans le reste de la société vous fragiliserait. Il est de ces « safe spaces » où se joue une sorte de bingo de l’oppression qui donne un laisser-passer à certains pour juger, catégoriser et condamner les autres s’ils sont sujets à moins d’oppressions qu’eux. Ainsi se construisent de nouvelles sortes de brutes, shootées à l’indignation facile. Et ceux-là et celles-ci rejoignent le cortège des obscurantistes pour juger les humains d’après leur plumage et jeter l’opprobre sur ceux qui les dérangent, en mêlant à leurs critiques des éléments qui n’appartiennent pas au monde du débat d’idées, mais à celui de l’agression personnelle et de la discrimination.
Celui qui oute ne peut se prévaloir de connaître toutes les conséquences de son acte, à quel point il peut nuire ni à quel point la cible de son geste souffre d’une fragilité particulière 1. Parfois l’environnement de l’outé peut se retourner contre lui ; parfois l’intéressé lui-même peine à résoudre ses propres questions d’identité. Mais l’oppresseur choisit toujours de se cacher derrière cette ignorance : il traite tout le monde de la même manière, dit-il. Certains iront jusqu’à arguer que l’orientation n’étant pas une tare, la cacher relèverait d’une honte indue qu’il convient de ne pas respecter. Sauf qu’on ne peut pas outer tout le monde, ce sont encore les minorités qui trinquent.
C’est toujours à la personne concernée, et à elle seule, de déterminer le moment de son coming-out, le moment où le regard des autres peut changer, où peut-être une nouvelle étape de sa vie débute. Cette liberté, intimement liée à des questions d’identité, d’estime de soi et d’accomplissement personnel ne se négocie pas. Déposséder l’individu de ce choix, de son contrôle sur ce qu’il laisse voir de qui il est, est un acte d’une grande violence.
Désormais l’outing peut venir de tous les bords. Plus personne n’est en sécurité nulle part si on laisse s’installer ce type de comportement oppressif dans les rangs de celles et ceux qui luttent pour le respect des marginalisés, des minorités et des cibles habituelles de l’oppression. Il est peu vraisemblable que la tolérance et l’amour du prochain inspirent demain les factions les plus brutales et conservatrices qui s’adonnent à l’outing, mais on peut espérer qu’il est utile d’activer la sonnette d’alarme du côté des progressistes qui mettent au pinacle de leurs valeurs le respect des individus.
Lorsque l’outing n’est pas un acte profondément inconsidéré qui oublie l’autre dans un monde encore trop homophobe, il est un acte malveillant qui véhicule l’idée qu’on peut nuire en révélant l’orientation sexuelle. Il participe alors à la représentation mentale collective d’un monde où la sexualité revêt une dimension de vice qu’il faudrait expier, et est donc un acte d’oppression systémique. Sauf quand il est question du vécu des oppressions, la sexualité des individus n’est jamais un argument, pas plus qu’aucun des autres attributs que nous ne pouvons pas choisir. Ceux qui cherchent à salir les non-hétéros et ceux qui disqualifient la parole de qui n’a pas la bonne orientation participent au même problème.
Ils nous pourrissent la vie.
Acermendax
J’ai rédigé ce texte en réaction à l’outing subi par mon complice Vled, mais j’ai préféré attendre qu’il s’exprime lui-même sur la question dans la vidéo ci-dessous.
Une chose que je ne saisis pas bien, c’est le poids des déclarations de randoms sur des réseaux sociaux. On vous qualifie de telle ou telle manière, sans aucune pertinence et sans vous connaître ? Eh bien, ce qu’ils disent n’a pas de valeur. Il me semble aisé de renvoyer ce genre de « révélations » au caniveau d’où elles proviennent.
(NB : expérience purement personnelle ici, mais je n’ai jamais « annoncé » ma sexualité à mes proches; je ne fais rien pour cacher ma pansexualité, mais je ne fais rien non plus pour que tous sachent; plus encore, je ne vois pas pourquoi je devrais faire autrement. Résultat, mon père qui ne me parle jamais de ma sexualité et qui est assez tradi’ ne le « sait » pas vraiment; il s’en doute, mais comme je ne l’affiche pas sur tous les murs il n’en dit rien. De la même manière, à moins que l’on soit sur un sujet où parler de sa propre sexualité est approprié, je ne vois pas pourquoi on devrait parler de son orientation. Vous êtes homo, bi, pan, asexuel, que sais-je encore ? Si on ne parle pas de ça vous n’avez pas à vous sentir obligé de le dire hein ^^’. De même, ceux qui veulent systématiquement mettre ça sur la table, que ce soit par volonté de défense des minorités ou par conformisme malveillants, feraient mieux de traiter le sujet comme ce qu’il est : quelque chose de privé et qui n’influe que très peu sur ce qu’on est, en tant que personne.)
Que j’aime votre commentaire. Je plussoie.
Si on prend un cas comme cas isolé, vous avez raison, en théorie…
En pratique, chacun a une histoire et peut être que c’est la 596 violence vécue sur internet et celle de trop
Peut être aussi qu’on a renvoyé dans le caniveau comme vous dites les 595 précédentes sans trop de souci mais que cette dernière nous touche par rapport à notre histoire personnelle.
Bref, de manière indépendante, une violence sur internet n’est pas forcément problématique pour l’individu mais peut le devenir en fonction de différents paramètres.
@jérémy royaux: C’est vrai, le nombre influe beaucoup, l’usure, la fatigue de toutes ces bêtises… Que dire si ce n’est qu’être sur les réseaux sociaux est en soi une idée saugrenue, de mon point de vue du moins ^^’. Sauf si l’on a envie de mourir d’un cancer à 50 ans ou d’une rupture d’anévrisme suite à un trop plein d’idiotie, quelque chose du genre.
@Ayanimea : En effet, on ne peut généraliser, dans un sens comme dans l’autre. Le coming-out est souventquelque chose de fait à cause d’une pression sociale, forte ou pas, ou même d’une sensation de pression. Il me semble que donc c’est avant tout à chaque personne d’évaluer cela, sans se sentir coincée dans un sens ou dans l’autre; le coming-out n’est pas « mandatory », mais il n’est pas quelque chose de honteux.
Mais indéniablement en parallèle il est important de travailler à ce que les situations où cela est nécessaire se raréfient, voire rêvons un peu disparaissent !
@Jham
Au sujet de votre expérience personnelle, j’en conclus à votre récit que vous n’avez pas eu à dire à votre père « voici x, qui est du même genre que moi, je l’aime et nous voulons fonder une famille ». Je suis moi-même pansexuelle mais en couple hétéro depuis la fin de mon adolescence et je n’ai pas besoin d’expliquer quoi que ce soit à ma famille, même si, comme vous, je sais qu’ils s’en doutent. Mais si j’avais fait ma vie avec une femme, ou une personne moins binaire, j’aurais dû venir l’annoncer à eux et gérer leur déception mal cachée. Ou présenter cette personne comme ma colocataire. De plus, chaque personne a un rapport différent à sa sexualité, comme à sa famille. Certaines personnes sont proches des membres de leur famille et peuvent vouloir se confier à eux. Certaines personnes peuvent se sentir mieux si l’information est connue.
Pour vous donner un exemple, j’ai un vieil ami, gay et dans le placard, qui était tétanisé à l’idée que sa famille, très conservatrice, apprenne son homosexualité. Après une rupture douloureuse, il a fait son coming out à sa soeur qui l’a très bien pris – et quand il a fait ça, sa vie s’est grandement améliorée : il avait enfin quelqu’un à qui parler de sa vie privée dans sa famille !
Du coup, si je suis essentiellement d’accord avec vous, je pense quand même que faire un coming-out ou pas dépend essentiellement de la personne et si vous ou moi n’en avons pas eu besoin, ç’a n’est pas généralisable à l’entièreté de la population LGBT+.
Peut-être pour vous aider à comprendre, prenons le cas d’une femme lesbienne. Si on lui demande à répétition quand est-ce qu’elle aura un mari, son coming out peut permettre de cesser ces injonctions.
Rien à voir, mais je suis une femme trans et mes parents m’ont longtemps prise pour un homme. En l’occurrence, mon CO n’a rien changé. Mais ça aurait pu.
De manière générale, une orientation ou un genre engagent beaucoup socialement.
Vivement le temps où révéler ses préférences sexuelles sera aussi banal que de révéler celles concernant ses séries préférées.. Néanmoins soyons optimistes et constatons qu’il y a moins de 30 ans, l’OMS considérait l’homosexualité comme une maladie mentale !
Sinon Mendax : pourquoi utiliser l’écriture inclusive sur ce billet ? Il ne semblait pas qu’elle était utilisée sur le blog avant
Merci
J’ai une relation complexe avec l’écriture inclusive. Je ne l’aime pas, mais je la trouve utile par endroits. Je pense qu’elle ne peut pas devenir une norme, mais qu’elle peut être un outil puissant pour rendre visible la diversité là où on veut l’appuyer. Sur des thèmes pareils, son usage me semble pertinent aussi pour que les concernés comprennent bien qu’on les respecte. Bref, c’est très insatisfaisant, mais ça n’est pas sans mérite.
« les concerné.e.s ». Le problème de l’écriture inclusive est double : c’est un engrenage, et on comprend mal en quoi les concerné.e.s se sentiront davantage respecté.e.s par l’usage aléatoire que vous faites de cette langue idéologique, que par le simple fait justement d’écrire un article qui les concerne ; car il ne s’agit pas de gagner du respect ni de combattre une éventuelle invisibilisation, mais de militantisme politique, qui par essence n’est jamais satisfait. Ainsi les défenseur.e.s de cette écriture ne vous seront jamais gré d’en faire l’utilisation, ils vous reprocheront toujours de ne pas le faire comme il faut, ni suffisamment et c’est une surenchère sans fin. Ce qui est étonnant c’est que vous sembliez avoir compris ce piège précisément dans cet ancien article sur les SJW que vous mettez en lien. Rappel : le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir a été rédigé intégralement sans écriture inclusive. Les femmes doivent-elles y voir un manque de respect et une forme d’invisibilisation ? Deuxième problème : l’utilisation de cette forme d’écriture est tellement rebutante pour de nombreux lecteurs que le contenu de l’article devient secondaire, ce qui est dommageable compte tenu de son contenu. L’utilisation de l’écriture inclusive est comme un gros bouton blanc au milieu du nez de votre interlocuteur : ce dernier a beau dire des choses très intéressantes et touchantes, on ne peut pas s’empêcher de remarquer cette excroissance disgracieuse, on ne peut pas s’empêcher de sentir une forme de dégoût, on finit même par ne plus remarquer que cela et on se désintéresse du reste. Or personne ne vous reprocherait de ne pas l’utiliser à part quelques militants prosélytes, personne même ne remarquerait son absence et chacun pourrait se concentrer sur le fond de l’article.
Merci d’avoir exprimé votre dégoût personnel.
C’est insuffisant pour nous convaincre que vous avez raison.
Du reste, vous pourriez bien avoir tort.
Bien entendu. Vous aussi, vous pourriez bien avoir tort. Chacun ici exprimait une opinion. En attendant les études scientifiques qui démontrent que c’est un « outil puissant » et qui identifient clairement l’impact de l’usage de l’écriture inclusive sur les discriminations, c’est bien tout ce que nous pouvons faire n’est-ce pas ?
Je suis d’accord.
Et peut-être l’écriture inclusive et-elle une fausse piste. Je n’en sais rien. Et pour cette raison je l’utilise très peu.
« avec le mariage pour tous.tes… Celles et ceux qui se mettent en position de pouvoir… ceux-là et celles-là mêmes qu’ils / elles devraient être en mesure de comprendre… aux énervé.é.s sans cause, à celles et ceux qui se cherchent des ennemi.e.s pour exprimer par la violence ce qu’ils / elles ne savent pas gérer autrement. On pense aux paumé.e.s… les agressions dont ils / elles sont témoins, à se ranger du côté des plus fort.e.s…. aux milicien.ne.s clavicoles de la justice, à ces nouveaux.elles chevalier.ère.s de la morale… et in fine piètres militant.e.s… un laisser-passer à certain.e.s pour juger… les autres s’ils/elles sont sujet.te.s à moins d’oppression qu’eux / elles… juger les humain.e.s d’après leur plumage et jeter l’opprobre sur celles et ceux qui les dérangent… Celui / celle qui oute… à quel point il / elle peut nuire… l’environnement de l’outé.e peut se retourner contre lui / elle ; parfois l’intéressé.e lui-même / elle-même… Mais l’oppresseur.e… il / elle traite tout le monde de la même manière, dit-il / elle. Certain.e.s iront jusqu’à arguer… pour le respect des marginalisé.e.s… Celles et ceux qui cherchent à salir les non-hétéro et celles et ceux qui disqualifient la parole.
Ils / elles nous pourrissent la vie. »
Pardon, mais c’est vous qui avez commencé.
Chacun perd son temps comme il lui plait. Vous êtes pardonné·e.
Pardonné.e.s
Ils.elles se sont peut-être mis.e.s à plusieurs…
Ce #headshot, j adore
Quitte à corriger, autant bien le faire plutôt que passer pour un tocard.
« Iels se sont peut-être mis·e·s à à plusieurs »
Des bisous.
Inspecteur.euse Noctis, sauf votre respect je crois qu’il manque un « à » dans votre phrase.
En effet, on dit : « à à à plusieurs ».
Bisous bisous
Les gens ne sont plus capables de s’exprimer autrement que par la violence, y compris envers leurs alliés. Il ne se passe pas un seul jour sans qu’un nouvel acte de violence ordinaire s’exprime sur le web sous n’importe quel prétexte, y compris quand cette violence est absurde ou disproportionnée, et ce dans l’indifférence générale. C’est à la fois désolant et alarmant.
Les éléments que j’ai donnés dans http://le-bars.net/yoann/fr/2016/07/28/vie-privee-une-anomalie-bientot-corrigee/ étant toujours d’actualités, il n’est toujours pas question que je crée un compte sur les réseaux sociaux sur lesquels cette affaire s’est déroulée. Je profite donc de cet article pour signifier mon soutien à Vled. J’ai trouvé son attitude courageuse et digne. Par ailleurs, son orientation sexuelle m’indiffère, je ne considère pas qu’elle donne la moindre information utile sur ce qu’il peut être humainement, ni sur la pertinence de ses propos. Par ailleurs, son intervention m’a fourni des éléments de réflexions utiles sur un projet qui, je l’espère, sera prochainement public.
Ce n’est pas grand-chose et je suis globalement un inconnu, mais j’espère que ça aide.
Bonjour,
Juste quelque lignes pour affirmer mon soutien (continu) à Vled. Lui affirmer (ainsi qu’aux autres) que ce genre de détail _relève de la strict intimité de sa vie privée_ et que nul n’a besoin de le connaître pour apprécier son travail.
@Vled Tapas
Vous avez tout mon soutien, et tout mon amour. Et merci pour votre réaction intelligente à cette violation immonde et dangereuse de votre vie privée.
@Acermendax
Vous avez tout mon amour pour le très beau billet que vous avez écrit là.
@L’équipe de la Tronche en Biais
Merci pour votre travail. Vous avez AUSSI tout mon amour pour ça.
Bonjour,
Je me sens un peu gêné par le passage suivant :
« Il n’est pas question ici du geste politique que représente l’outing de personnalités puissantes, quand leurs actes ou leurs paroles portent atteinte aux libertés des minorités sexuelles. On peut envisager de justifier (pensons à en douter malgré tout) la dénonciation de l’hypocrisie de ceux qui se mettent en position de pouvoir et accroissent le malheur de ceux-là mêmes qu’ils devraient être en mesure de comprendre et d’aider. »
Tout en reconnaissant le doute que vous opérez vous-même, était-il nécessaire d’opérer cette distinction ? L’outing dans ce contexte reste de l’outing, avec toutes les conséquences que vous avez dénoncées ensuite dans le cadre de ce que vous avez appelé « l’outing ordinaire ». Tolérer un « outing extraordinaire », aussi abjects que puissent en être les victimes, pose la question de la frontière, nécessairement floue et subjective, entre le « bon » et le « mauvais » outing. Et cette frontière floue a déjà fait au moins une victime, puisque c’est précisément, pour ce que j’en sais, les arguments pour l’acte politique qui ont servi à justifier (à tort) celui à l’origine de ce billet (et dont la victime a tout mon soutien, même si ça ne vaut pas grand chose de la part d’un inconnu).
Il me semble donc que, si la question de l’acte politique est plus complexe que ce que j’ai pu en dire et mérite d’être posée, peut-être n’avait-elle pas sa place ici, dans ce contexte.
Voilà, je suis désolé de vous avoir importuné avec mes états d’âme ; le billet est du reste très pertinent, de même que tous les autres billets du blog que j’ai eu l’occasion de lire.
Philippe
Alors je précise un peu ma pensée
Les motivations des gens peuvent varier. Faire comme si l’intention ne comptait pas me semble injuste. J’ai donc voulu introduire la nuance entre la motivation politique et le simple désir de blesser ou d’abuser du pouvoir qui confère cette information.
Certains outing sont motivés par un désir de justice et pour le bien du plus grand nombre. Cette motivation est respectable, mais le passage à la pratique doit passer par le doute… un doute dont je pense qu’il abolit les effets bénéfiques potentiels face aux impératifs moraux et aux risques que la pratique se généralise.
Tout à fait d’accord avec PPelerin.
Le « bien du plus grand nombre » est d’ailleurs une notion assez floue, et surtout très subjective (qui justifie d’ailleurs la persistance d’idéologies politiques pourtant maintes fois expérimentées avec le même résultat mortifère et paupérisant).
Justifie-t-elle de révéler l’orientation sexuelle d’une personne ?
Imaginons que je révèle l’homosexualité d’un député défenseur acharné du mariage pour tous, je vais donner du grain à moudre aux opposants qui diront « ah vous voyez, en fait, il est à la fois juge et parti ». Je vais nuire à la légitimité de son combat. Certes, il aurait pu le dire lui-même, cela aurait été probablement plus judicieux, mais qui suis je pour juger son choix personnel ? Et surtout cet outing est il plus justifiable car il sert une cause politique ?
Et dans l’autre sens, imaginons maintenant que je révèle l’homosexualité de Christine Boutin (simple hypothèse de travail, je ne suis pas en train de faire son outing !), à part détruire sa vie, quelle serait le « bien du plus grand nombre ? », à part qu’elle serait certainement exclue de sa communauté sectaire, est-on sûr que cela ferait avancer la « cause » LGBT ? Et pourtant, je suis intimement persuadé qu’une info pareille et même celle de l’homosexualité de son propre fils (autre hypothèse de travail, je ne suis même pas sûr qu’elle en ait un) dans les mains de n’importe quel militant LGBT ne tarderait pas à fuiter et à déclencher moquerie et quolibets. Pour quel résultat ? Je n’aime pas Christine Boutin, mais cette fin justifierait-t-elle les moyens ? Et surtout dans la mesure ou cet outing est une condamnation de fait, où est le procès ?
Enfin, pour en revenir à notre cher Vled, ses bourreaux n’ont il pas estimé, qu’après tout, lui nuire était aussi un moyen de nuire à la zététique, elle même considérée par eux comme un joug sectaire pesant sur la liberté de pouvoir croire en n’importe quoi, même l’homéopathie ou l’astrologie, qui servent au « plus grand nombre » ? (comme cette affirmation est subjective, je peux la mettre à toutes les sauces, même à l’homéopathie)
Donc je préfère partir sur le postulat de PPelerin : à défaut d’une réflexion très poussée et argumenté sur le sujet précis de la « raison politique », un outing, cela ne se fait pas.
Tout à fait d’accord avec le fait que, quelle que soit la raison invoquée, extraordinaire ou pas, politique ou autre, un outing ne se fait pas, c’est au mieux une privation de liberté (liberté de faire ses propres choix en matière d’affichage de sa vie privée), au pire une condamnation (à une vie plus compliquée dans un pays démocratique mais peuplé de hooligans, à mort dans d’autres).
Quoi qu’il en soit, beau billet, émouvant et profond. Tout mon soutien à vous (Vled et Mendax), à votre travail, quelques soient vos orientations respectives, ce dont il n’aurait jamais du être question.
Amitiés.
L’homophobie ne naît-elle pas de la peur, peut-être instinctive, d’être potentiellement placé dans une case situé à l’opposé de ses croyances profondes?
Si c’est le cas est-ce lâche de se réfugier dans le rejet plutôt que dans la discussion?
L’homosexualité est immonde et c’est sans surprise qu’un athée (ou un agnostique) n’a aucun problème avec celle-ci, malgré les preuves (abondant) empiriques néfastes d’actes homosexuelles comme la sodomie, ainsi que les différents malades que ce mode de vie engendre.
Mais bien sûr, tu es peux réceptive à cela.