Où commence l’intelligence artificielle ?
Enregistré à la Bibliothèque Stanislas de Nancy le 24 avril 2019
Invités : Jean-Baptiste Mouret et Yannick Parmentier
Editorial
Les pauvres humains que nous sommes croisons tous les jours la bêtise naturelle de nos semblables. Les plus chanceux d’entre nous fréquentent aussi l’intelligence, l’art, la sensibilité, l’altruisme, la bonté et on se demande si une machine serait capable de reproduire ces choses-là.
Quand nous parlons d’intelligence artificielle, les profanes (comme moi) s’imaginent une intelligence comparable à celle des humains. C’est d’ailleurs l’objet du fameux Test de Turing : on pourra considérer être en présence d’une IA le jour où, au cours d’une interaction banale, nous ne saurons plus faire la différence entre l’humain et la machine. On parle donc d’une intelligence liée au langage, à la résolution de problèmes, capable d’humour et de compassion. Mais tout cela repose sur une foultitude de présupposés concernant ce que nous acceptons d’appeler « intelligence ». Il n’est pas garanti que nous disposions d’une définition de l’intelligence qui nous permette de nous poser correctement toutes ces questions.
L’émergence de l’intelligence artificielle sera peut-être à l’origine d’une nouvelle théorie de l’intelligence comme dans le passé des inventions ont débouché sur de nouvelles théories et disciplines (la thermodynamique, l’aéronautique, l’optique…)
En tout cas, nous ne pouvons pas échapper au progrès. La loi de Moore prévoit un accroissement continu de la puissance de traitement des microprocesseurs. Nos invités sauront nous dire si cette loi est toujours aussi robuste. Si elle l’est, alors la puissance des ordinateurs qui nous dépassent déjà aux échecs, au jeu de go et dans la plupart des tâches nécessitant de traiter de grandes quantités de données, va continuer d’augmenter et, peut-être, atteindre un seuil critique.
Cet événement, ce moment où la machine créée par l’humain le dépasse, s’émancipe de l’intelligence humaine et devient capable de s’améliorer elle-même, c’est la Singularité et elle a été imaginée dans de nombreuses œuvres de science-fiction… souvent sous un angle dystopique.
Skynet n’est pas encore des nôtres, mais Google est déjà un géant qui s’invite dans nos salons. Nos véhicules sont bardés d’électronique. Bientôt les voitures se conduiront toutes seules, nos téléphones sont déjà smarts, les maisons sont connectées. On sent bien que tout s’accélère. Et si les collapsologues nous laissent un peu de temps, nous verront sans doute la technologie produire ce que nous ne savons pas encore imaginer.
Nous sommes coincés, tous ensemble, en 2019, plus précisément le 24 avril, pour encore quelques courtes heures, et nous sommes bien incapables de voir d’ici à quoi ressemble 2050 ou 2083. Mais avant de nous lancer dans des spéculations hasardeuses ou de pédantes prospectives, nous pouvons déjà tenter de comprendre ce qui se passe vraiment aujourd’hui. Cette intelligence artificielle dont tout le monde parle, à quoi ressemble-t-elle ? Est-elle vraiment intelligente ? Evolue-t-elle vraiment vers la singularité ? Les experts du domaine savent-ils ce qu’ils font ?
Eh bien nous allons le leur demander, puisque nous avons avec nous ce soir deux chercheurs du LORIA (Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications) dont les travaux gravitent autour des questions les plus concrètes concernant les IA.
Merci de recevoir Jean-Baptiste Mouret et Yannick Parmentier.
NB : Un gros ennui technique affecte la qualité de l’image de la vidéo. Pour un confort idéal (et ne pas avoir la fin de l’émission tronquée) lancez la lecture en tache de fond sans regarder la vidéo. Nos excuses pour ces désagréments.
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[…] Où commence l'intelligence artificielle ? Le futur technologique est-il désirable ? Trois rencontres en une pour ce podcast, enregistré le dimanche 17 mars au Salon du livre avec Laurence Devillers, Alexei Grinbaum et Giorgio Griziotti, qui explorent une question passionnante : « Le futur technologique est-il désirable ? ». 2018 restera comme une année charnière dans l'histoire technologique. De la « première mort d'un piéton provoquée par un algorithme » (une voiture autonome Uber sur un tronçon de route ouvert à titre expérimental) à l'affaire Cambridge Analytica, en passant par les multiples témoignages des designers « repentis de la Silicon Valley », cette année restera comme celle d'un début de prise de conscience collective sur l'emprise des géants de la tech sur nos vies, et la nécessité d'ouvrir sans tarder un débat sur l'éthique des machines et des plateformes numériques. […]
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