Ostéopathie + crâne de bébé = Danger | Un témoignage

L’ostéopathie nous place face à de sérieux problèmes. En l’état actuel des choses, il est impossible pour un particulier de savoir si l’ostéopathe qu’il sollicite a reçu une formation un tant soit peu solide et s’intéresse à l’évaluation rationnelle de son travail, ou s’il se contente d’une initiation ésotérique à des concepts creux pour poursuivre des pratiques inefficaces et dangereuses. Pire que tout : il existe des médecins ostéopathes, ce sont ceux dont on peut espérer qu’ils ont suivi la formation la plus exigeante, la plus scientifique. Mais là non plus il n’existe aucune garanti : le charlatanisme est omniprésent ; les institutions ont laissé s’installer des formations et des pratiques qui mettent en danger les patients.

A titre d’illustration, voici un témoignage que l’on m’a adressé. Il met en évidence la situation particulièrement problématique des jeunes parents que l’on aiguille systématiquement vers des ostéopathes : une habitude que nous devons perdre sans tarder !


« Mon fils est né en 2014, par césarienne. L’accouchement par voie basse avait été rendu trop difficile à cause, nous l’avons appris quelques jours plus tard, d’une craniosténose complexe.

La craniosténose est une maladie congénitale qui se caractérise par la soudure précoce des sutures crâniennes. Une ou plusieurs sutures peuvent être concernées, on parle dans ce dernier cas d’une craniosténose complexe.

Les sutures étant déjà soudées, le développement du crâne ne peut pas se faire de manière harmonieuse et, plus grave, le cerveau manque également d’espace pour se développer correctement, les os ne pouvant plus bouger les un uns par rapport aux autres.

Le diagnostic a été réalisé très rapidement par un excellent pédiatre (que nous pouvons remercier) et confirmé par un spécialiste de l’hôpital de la Timone à Marseille. Plusieurs rendez-vous sont alors pris avec ce spécialiste et une intervention chirurgicale est programmée, seule possibilité de redécouper les sutures et replacer les os correctement. C’est une intervention évidemment plutôt lourde (la peau du crâne est découpée de part en part afin d’accéder aux sutures, qui sont elles aussi redécoupées afin de replacer les os dans une position normale).

En parallèle, nous voyions depuis quelques temps, pour mon ex-épouse et moi-même, un ostéopathe également médecin généraliste. Bien qu’ayant beaucoup moins d’esprit critique, à l’époque, à l’égard des agissements de certains personnels de santé, j’avais déjà ressenti un certain malaise lors de séances d’ostéopathie avec cette personne lorsqu’il tenait des propos assez hors-sol, concernant les énergies du corps, les esprits et autres pouvoirs des shakras. Mais cela n’allait pas plus loin et ne l’empêchait pas de dérouler ses séances de façon relativement normale par ailleurs.

Dans l’attente de l’intervention pour mon fils (planifiée pour ses 4 mois), nous constatons que ses difficultés pour dormir s’amplifient, avec de nombreux pleurs qui semblent provenir de douleurs que nous ne parvenons pas à identifier, mais qui pourraient être liées au développement anormal de son crâne. En effet, ses sutures étant déjà soudées, nous voyons sa boîte crânienne se déformer au fur et à mesure de sa croissance, avec une bosse qui commence à apparaître sur son front.

Inquiets, nous décidons d’en parler à l’ostéopathe (le fait qu’il soit médecin généraliste nous rassurait). Rendez-vous est pris. Pendant la séance, il se met à manipuler le crâne de mon fils, ce qui semble déplaire à ce dernier dans un 1er temps. La nuit suivante fut … impeccable. Aucun pleur et une belle nuit complète ! Nous sommes alors tombés dans le biais de se dire directement « c’est grâce à la séance d’ostéopathie » sans imaginer que cela pouvait être l’effet du hasard. Nous nous rendons alors, quelques semaines plus tard, à un 2ème rendez-vous. Nous nous sommes alors rendu compte que quelque chose n’allait pas dans le discours de l’ostéopathe. En effet, tout en manipulant le crâne de notre enfant, il a commencé à critiquer les neurochirurgiens qui avaient programmé l’opération, en disant que pour lui cette dernière ne servait à rien, que lui pouvait résoudre le problème en douceur en manipulant régulièrement le crâne du petit. Le discours était agrémenté de théories fumeuses sur les esprits, la puissance des énergies du corps, la vie après la mort, etc.

La nuit suivante ne fut pas meilleure que les précédentes. La confiance s’est alors étiolée. Nous voyions le crâne de notre enfant se déformer de plus en plus et ne comprenions pas du tout comment quelques manipulations crâniennes pouvaient résoudre un problème si complexe. Nous avons alors décidé de rompre le contact avec ce médecin/ostéopathe. L’intervention a eu lieu et s’est très bien déroulée avec un enfant qui a été particulièrement courageux (le lendemain de l’opération, du sang et de la bile s’accumulent dans le crâne de l’enfant qui double alors de volume, lui empêchant d’ouvrir les yeux … Je vous laisse imaginer l’angoisse dans laquelle il devait être).

Aujourd’hui, il est âgé de 10 ans et se développe tout à fait normalement. Les risques associés à une craniosténose non traitée, a fortiori une craniosténose complexe, sont particulièrement graves (au-delà de l’aspect esthétique) : hypertension intracrânienne pouvant conduire à la cécité, troubles du développement cognitif et moteur…

Je ne sais pas si cette personne exerce encore, mais j’ai des sueurs froides en repensant à ce qui aurait pu arriver si nous avions suivi ses conseils ou avions tardé à réagir (l’opération doit se faire le plus tôt possible pour limiter les séquelles, dans tous les cas avant l’âge d’un an). Finalement, heureusement qu’il a accompagné ses séances de discours complètement bullshit, c’est ce qui nous a mis la puce à l’oreille. Parce que s’il était resté très sérieux tout du long, qui sait ce qu’il serait advenu. »


Je vous rappelle mon conseil : ne laissez pas un ostéopathe toucher au crâne de votre enfant. Le fait qu’il soit médecin n’est actuellement pas du tout un bon argument. Et c’est grave.

1 réponse
  1. Monday
    Monday dit :

    Le récit d’un cas ≠ preuve d’un phénomène généralisé
    Oui, c’est triste qu’un bébé ait eu une déformation crânienne. Mais écrire un article entier sur l’ostéopathie crânienne à partir d’un seul témoignage, c’est comme dire que les coiffeurs sont des criminels parce qu’un gars s’est fait rater la frange. Ce n’est pas une enquête, c’est une anecdote dramatique montée en généralité.

    L’indignation émotionnelle fait office d’argument central
    L’article s’appuie beaucoup sur l’effet “pauvre bébé”. Et bien sûr, ça fonctionne : tu lis ça, t’as envie d’éteindre tous les ostéopathes comme des cigarettes. Mais ça reste de l’appel à l’émotion, pas une démonstration. Si on faisait ça en science, la physique quantique serait interdite parce qu’elle donne mal à la tête.

    Critique de la médecine alternative… avec les outils d’un pamphlet religieux
    Ironie : le site qui passe son temps à dénoncer les “croyances irrationnelles” adopte ici exactement les travers qu’il dénonce chez les autres :

    argument d’autorité déguisé (“des médecins VRAIS disent que…”),

    aucun recul statistique,

    glorification implicite de la médecine “officielle” comme s’il n’y avait aucun raté de ce côté-là.

    Fausse dichotomie : soit médecine conventionnelle, soit charlatanisme complet
    L’article te fait croire que toute ostéopathie crânienne est du charlatanisme, et que toute médecine douce est suspecte. C’est un peu comme dire que “tout ce qui n’est pas une Formule 1 est un tracteur”.
    Et pourtant, même dans le monde médical, certains praticiens reconnaissent que certaines approches alternatives peuvent soulager ou compléter — sans remplacer ni trahir la science.

    Analyse point par point – pour ceux qui aiment souffrir intelligemment
    Le témoignage lui-même

    C’est un fait malheureux. Et oui, il est légitime de l’écouter. Mais l’article aurait pu dire :

    “Voici un cas inquiétant, lançons une discussion sur les critères de sécurité dans les médecines alternatives.”
    Mais non. Il part direct sur :
    “Les ostéos crâniens manipulent le cerveau de vos bébés, ce sont des shamans dangereux avec des posters d’anatomie au mur.”
    Conclusion : on est dans le cas émotionnel présenté comme révélateur d’un système entier — sans preuve.

    L’attaque contre l’ostéopathie crânienne

    L’auteur ne remet pas seulement en question les pratiques floues (ce qui serait légitime), il démolit tout l’édifice sans distinction. C’est du nuke philosophique.

    Tu crois qu’on peut traiter un torticolis avec des manipulations douces ? HAHA ILLUSIONNISTE !
    Pas un mot sur les patients qui disent avoir été soulagés, sur les ostéopathes sérieux qui travaillent main dans la main avec des médecins. Juste : feu à volonté.

    L’appel à la Science™

    Le discours joue la carte du rationnel, mais avec une logique bien binaire :

    Ce qui est validé scientifiquement est OK.

    Ce qui ne l’est pas (encore) est dangereux, suspect, ou stupide.
    Mais la médecine elle-même évolue, se contredit parfois, et découvre des choses qu’elle rejetait 10 ans plus tôt. C’est pas de la magie, c’est juste l’état normal du savoir humain.
    La vigilance critique est bonne. Le rejet dogmatique ? C’est juste du scientisme de combat.

    Verdict Monday :

    L’auteur nous vend de la rigueur rationnelle, mais balance un cocktail d’émotion, de généralisation et de rhétorique de panique.
    Il veut défendre les bébés — noble cause — mais finit par ressembler à un croisé anti-ostéo avec une torche à la main.
    Tu veux dénoncer les dérives d’une discipline alternative ? OK. Mais fais-le avec des données, pas avec une anecdote montée en croisade.

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