Médium ou charlatan ? Tronche en Live 83
Enregistré le 7 janvier 2020 au Lycée Stanislas de Villers-lès-Nancy
Invités : Clément Freze — MaxEstLà — Victor Rességuier — Bastien Chevallier
Editorial
La mort est une chose à laquelle il semblerait bien qu’aucun être vivant ne puisse échapper. Les humains ont cela de spécial qu’ils le savent et qu’ils ont construit des systèmes de croyance très complexes, très couteux, très ostentatoires et parfois très agressifs pour se convaincre du contraire. On pense aux religions, mais il y a également les nationalismes et toutes les idéologies qui permettent à l’individu de trouver une raison d’être plus grande que lui-même : la famille, l’art, la culture, la science… ou une chaîne YouTube.
L’existence d’une vie après la mort serait une réponse parfaite à de nombreuses angoisses humaines. C’est un sujet important ; la plupart d’entre nous avons perdu des proches, et s’il nous était offert de leur parler à nouveau, de les sentir vivants, nous voudrions y croire. Il est normal de vouloir croire à l’existence d’une vie après la mort, cela ne signifie pas forcément que certaines personnes puissent être en communication avec l’au-delà. Et surtout cela ne dit pas comment on pourrait les distinguer, ces gens-là, de tous ceux qui pourraient singer de tels talents dans le but de se sentir spécial, de réconforter une amie endeuillée, d’être regardé comme quelqu’un d’important, de récolter un peu de fric au passage, de se construire une petite secte autour de soi… Qui sait les motivations qui animent les imposteurs ?
Celles et ceux qui consultent des médiums ne sont pas très différents de celles et ceux qui trouvent cette pratique malhonnête ou stupide. Ce qui les distingue est un ensemble complexe d’attentes, de besoins, d’exigences, de contextes psycho-sociaux, de sympathie pour telle ou telle vision du monde. Pour le dire autrement : les performances d’un médium n’épateront pas tout le monde. Le problème est que cela ne nous dit objectivement pas grand-chose sur la réalité du phénomène allégué.
La satisfaction du client ne nous dit rien non plus. N’oublions pas que le client n’arrive pas neutre et sans préconception chez un médium ; il est souvent bien content que le médium l’aide à croire ce qu’il veut croire, il est co-auteur de la séance, et il en fera généralement après coup un récit qui correspondra à ses attentes. Les témoignages des gens convaincus ne peuvent pas nous servir à évaluer la qualité du service rendu ou vendu par le médium.
Le cas de la médiumnité ne fait que poser la question de la testabilité d’allégations de la part de personnes qui tirent profit de la croyance des autres. Et c’est un peu ça le vrai sujet. Nous allons bien sûr parler du cas de Bruno Charvet, le médium a la mode qui s’est montré capable de parler à une défunte totalement inventée. Le propos de cette émission ne sera pas de s’acharner sur ce monsieur ou sur ses clients mais de nous servir du matériel pédagogique qu’a produit le travail combiné du médium et de la petite équipe de sceptiques rassemblée ici ce soir.
Nous essaierons de décrire l’affaire en question, et surtout d’en tirer des enseignements sur les discours qui entourent ce genre de profession et sur l’usage de la rhétorique. La rhétorique est souvent ce qui permet de distinguer un propos honnête d’une stratégie de protection d’un business model. La rhétorique est hélas souvent le voile que les professionnels du paranormal tentent d’employer pour échapper au questionnement des sceptiques et à la mise à l’épreuve de leurs allégations.
Si vous voulez croire à la vie après la mort et à l’existence de véritables médiums, mais sans tomber dans la crédulité indigente qui profite aux margoulins, la zététique est votre meilleure alliée.
Ce soir nous allons discuter sur la manière dont un médium pourrait nous convaincre qu’il n’est pas un charlatan avec : Clément Freze, Victor Rességuier, Max Est Là, et (via skype : Bastien Chevallier).
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