La bonne et la mauvaise vulgarisation scientifique

Agitateur d’idées, amuseur éclairé, aventurier des concepts, le vulgarisateur (qui peut être une vulgarisatrice, et le plus sera le mieux) est par définition un personnage public. Il s’adresse aux curieux, aux néophytes, pour partager avec eux une information de nature scientifique.

Avec du travail et de la chance, il rassemblera autour de lui des gens nombreux et attentifs à ses publications. Le développement du web offre d’ailleurs de plus en plus d’opportunités. Les contenus internet en lien avec la science se multiplient, et, fatalement, se pose la question de ce qu’est une bonne vulgarisation. Dans tous les métiers, toutes les activités, on trouve des gens honnêtes, talentueux, et des moins bons, voire de véritables imposteurs. Il est donc souhaitable de savoir quelles caractéristiques signalent la vulgarisation de bonne qualité.

A qui se fier ?

« Alors le mauvais vulgarisateur, il voit un concept là, qu’à rien demandé, et hop il le vulgarise. Alors que le bon vulgarisateur…»

Comment distinguer le bon vulgarisateur du mauvais ? Aucune réponse honnête ne sera simple, parce que le monde est compliqué, et parce que rendre compte de ce que la science démontre n’est pas une mince affaire. Aucune recette ne marchera à tous les coups, et aucun point de vue dogmatique ne peut espérer être valide. C’est à celui qui visite les pages qu’incombe la tâche de se poser quelques questions avant d’accepter ou de rejeter les informations qui lui sont présentées.

Nous vous proposons ici une liste indicative de ce que devraient être les principales préoccupations du vulgarisateur scientifique, et donc les critères à l’aune desquels il semble juste de juger son niveau de crédibilité.

Les 5 critères de la bonne vulgarisation

Le public a tout intérêt à s’assurer que le vulgarisateur prend soin :

  1. De présenter un contenu accessible et scientifiquement correct
  2. D’être attentif à la manière dont son travail est compris
  3. De créditer ses sources
  4. D’expliquer la méthode mise en œuvre pour obtenir les connaissances
  5. D’être exemplaire dans son rapport aux faits et aux théories scientifiques

Développons un peu

Les listes, c’est bien joli, mais ça manque toujours de nuances et de contextualisation. Alors évidemment : ça dépend. Ca dépend de la discipline, ça dépend du sujet, ça dépend du format, ça dépend de mille choses… Mais toutes choses étant égales par ailleurs, on serait bien inspirés de ne point trop se fier à ceux qui n’émargent pas aux critères proposés.

1 — Présenter un contenu accessible et scientifiquement correct

C’est le critère le plus évident. Il faut fournir des explications au plus proche de ce que dit la science, sous une forme débarrassée du jargon technique, éventuellement ludique ; en tout cas qui encourage la curiosité et le partage. Quand le propos n’est pas clair, c’est qu’il est peut-être mal compris ; pire peut-être n’est-il pas scientifique. Et pour reconnaître si ce premier critère est respecté, on a besoin des 4 qui suivent…

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2 — Être attentif à la manière dont son travail est compris

Cela veut dire lire les commentaires et les critiques faits sur son travail. Il faut corriger et expliquer les éventuelles erreurs. Si l’information est mal comprise, il faut probablement changer sa manière de l’expliquer. Bref, le passeur de science doit savoir se remettre en question. Les articles et les vidéos qui ne sont pas ouverts aux commentaires, et ceux où les commentaires pointent des problèmes sans recevoir de réponse doivent susciter la prudence.

Accessoirement le vulgarisateur n’est pas seul dans l’univers, et s’il est dans l’impossibilité de lire tous les commentaires (ça arrive), il peut néanmoins souvent compter sur une communauté de scientifiques prêts à relire ses brouillons et à lui suggérer reformulations et corrections (cf critère n°3).


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3 — Créditer ses sources

Si la publication est l’explication d’un ou plusieurs articles de recherche, l’auteur doit citer ces articles. Si des ouvrages l’ont aidé à rédiger son contenu, il est préférable de les citer également, non seulement par respect de leur travail, mais aussi de manière à retracer toute erreur potentielle. Il faut également créditer les experts qu’il aura sollicités pour compléter / corriger son travail. Créditer les sources est aussi le meilleur moyen de rendre compte du fonctionnement collectif de la science, et d’écarter les clichés sur les découvertes providentielles et les génies incompris.

Je suis très sceptique.

Je suis très sceptique.

4 — Expliquer la méthode mise en œuvre pour obtenir les connaissances vulgarisées

C’est-à-dire ne pas se limiter à des collections de fun facts (pour distrayantes ou passionnantes qu’elles puissent être) mais partager aussi avec le public une partie du cheminement des chercheurs, les raisons pour lesquelles on peut avoir confiance dans la connaissance ainsi produite. Cet aspect est important, car c’est la méthode de validation des connaissances qui rend la science différente des autres activités humaines.

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5 — Être exemplaire dans son rapport aux faits et aux théories scientifiques

La science produit des connaissances imparfaites et provisoires sur le monde. Les théories scientifiques n’ont rien de dogmatique, et certaines sont solidement étayées quand d’autres sont fragiles. L’évolution des connaissances passe nécessairement par la remise en question des « vérités de science » admises par le passé. La confiance que l’on peut accorder à la démarche scientifique dépend de la compréhension que l’on a de ses mécanismes d’autocorrection.

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Pourquoi une telle liste de critères ?

On pourrait considérer qu’il suffit d’être passionné et honnête pour faire de la bonne vulgarisation, sans s’encombrer d’autant de principes rébarbatifs dont les lecteurs-spectateurs n’ont que faire. L’article ou la vidéo de vulgarisation n’est pas un mémoire universitaire, on pourrait arguer que des sources n’apportent rien de plus. Pire, on pourrait considérer que le consommateur a la responsabilité de bien choisir ce qu’il consomme ; charge à lui de ne pas confondre une publicité ou un message à caractère sectaire avec une véritable publication de vulgarisation scientifique.

Mais il n’est pas raisonnable d’argumenter de la sorte, puisque c’est réclamer de la part de l’audience un comportement qui est précisément celui que la vulgarisation a pour but de susciter. Quel pourrait être l’intérêt d’exiger du public qu’il possède une compétence qui est celle qu’on se propose de l’aider à acquérir ?

Le vulgarisateur, surtout s’il a une large audience, est un influenceur. Sa parole acquiert une autorité qui n’est pas corrélée à sa qualité mais à la familiarité du public envers lui, à sa popularité. Un lien affectif s’établit entre le vulgarisateur et son public. On appelle effet de halo le phénomène par lequel une qualité que possède un individu modifie la perception que l’on a de ses autres qualités. Le public peut s’habituer à croire le vulgarisateur simplement parce que c’est lui. Sa responsabilité est alors de dissoudre cet effet de halo et de rappeler aux gens les vraies raisons pour lesquelles ils peuvent croire ce qu’il leur dit.

C’est en donnant les sources des informations / découvertes / théories qu’il partage qu’il peut le mieux assumer la responsabilité de la confiance qu’il inspire aux gens. Naturellement, rien ne le contraint légalement à assumer cette responsabilité, et seule l’éthique personnelle de l’influenceur lui dictera sa conduite ; mais alors revient au public la responsabilité d’être exigeant envers ceux à qui il veut pouvoir faire confiance.

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De l’utilité d’une telle précaution pour le vulgarisateur.

Tôt ou tard, le vulgarisateur commettra une erreur, car nul ne peut prétendre à l’infaillibilité. Que cette erreur soit une simple mésaventure, un impondérable événement, ou au contraire une retentissante catastrophe dépend en partie de la manière dont son public aura appris à recevoir sa parole, à en douter raisonnablement, et à garder en mémoire que les erreurs arrivent, qu’elles font partie intégrante du processus scientifique, et qu’elles ne sont pas graves en soi dès lors qu’on peut les identifier, retracer leur origine et leur apporter une juste correction.

Le vulgarisateur n’est pas un perroquet ou un traducteur, il communique avec les gens, il passe avec eux un contrat tacite de confiance, et il doit en donner les gages, sinon comment serait-il différent des gourous, des vendeurs de billevesées, des médiums, des charlatans, des télévangélistes qui prétendent savoir des choses qu’ils ne savent pas, et vendent très cher ce faux savoir ?

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La médiation des savoirs implique une responsabilité partagée. En dernier recours, c’est toujours le public qui est juge. Charge à lui, par conséquent, de se donner les moyens de ne pas croire n’importe qui n’importe comment.

***
Pour leurs commentaires ayant aidé à améliorer ce texte, je tiens à remercier les membres de l’ASTEC, de Vidéosciences et de la Vidéothèque d’Alexandrie. (Cela n’implique en rien qu’ils soient complètement d’accord avec le contenu de cet article).
16 réponses
  1. Acermendax
    Acermendax dit :

    Un commentaire de l’auteur lui-même au vu des réactions à cet article sur les réseaux sociaux.
    Une sorte d’addendum pour expliquer la philosophie résolument anti-dogmatique de cette proposition de critère.

    Je propose l’idée que, pour faire une vulgarisation de qualité, une vulgarisation fiable ; et surtout pour qu’on puisse juger qu’elle est de qualité, il vaut mieux qu’elle soit :

    1) accessible, parce que si j’y comprends rien, c’est raté.

    2) scientifiquement correcte, parce que sinon j’ai toutes les chances de ne pas avoir appris quoi que ce soi d’utile (voire pire)

    3) conforme au consensus, ou au moins légitimement justifiée, ce qui se voit aux réactions qu’elle suscite, aux questions et réponses dans les fils de commentaires.

    4) sourcée, pour pouvoir vérifier une info étonnante, approfondir le sujet ou partager une découverte.

    5) instructive sur le fonctionnement même de la science, parce que les connaissances ne tombent pas du ciel

    6) respectueuse de la relativité des savoirs, de leur limites et de leurs forces respectives, histoire de ne pas tomber dans un dogmatisme bien embêtant ou un relativisme stérile.

    Il y a surement pas mal d’autres caractéristiques qui permettent de distinguer un contenu bien foutu, utile, important, d’un coté, de la grosse merde en face, et la plupart de ce qu’on peut lire ou voir entre les deux. Ici, je propose à mes lecteurs d’utiliser ces critères là, et je propose à ceux que ça gène d’avoir la gentillesse de m’aider à améliorer cette liste indicative, incitative et pédagogique.

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  2. Cécile Michaut
    Cécile Michaut dit :

    Bonjour,

    Je trouve que ces critères ne s’appliquent qu’à un certain type de vulgarisation : des articles ou des vidéos pour suffisamment longs et, un public adulte (ou au moins ado)…
    Dans une vidéo d’une minute, difficile de citer ses sources ou expliquer un raisonnement. De même pour un contenu qui s’adresse à des enfants.
    Pour moi, le bon vulgarisateur doit faire un travail de tri pour choisir entre la bonne science (qu’il pourra vulgariser) et la daube (qu’il délaissera, à moins qu’il ne décide d’expliquer pourquoi c’est de la daube). Mais ensuite, il y a seulement deux critères d’une bonne vulgarisation. 1 : est-ce que c’est intéressant ? 2 : est-ce que c’est clair ?

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    • Miastor l'Iconoclaste
      Miastor l'Iconoclaste dit :

      Ce que vous dites ne porte que sur l’aspect divertissant de la vulgarisation. Être compréhensible et intéressant, c’est effectivement ce qu’on attend d’un bon vulgarisateur. Mais ça ne suffit pas : on peut légitimement attendre des informations correctes et vérifiables du vulgarisateur, et éventuellement qu’il offre des pistes pour aller plus loin.
      La véracité des informations me paraît être un critère nécessaire pour parler de bonne vulgarisation. Si tout est faux ou approximatif, c’est de la mauvaise vulgarisation, même si c’est intéressant et clair. Pour exemple, les vidéos de DataGueule sont intéressantes et claires, mais sont bourrées d’une incroyable quantité d’erreurs factuelles et d’éléments sortis de leur contexte. Peut-on encore parler de bonne vulgarisation ? Non, c’est plutôt même de la désinformation.
      Alors comment savoir si le vulgarisateur dit des choses vraies ou non ? Apporter des sources et expliquer comment on sait que telle information est vraie, c’est toujours un bon point de départ, qui permet au lecteur/auditeur/spectateur de faire confiance, voire de vérifier.

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    • Goldevil
      Goldevil dit :

      Je pense que la durée de la vidéo ou l’age du public visé ne change rien. Evidemment, on ne va pas passer plusieurs minutes à énoncer une bibliographie mais rien n’empêche de lister et donner accès aux sources dans la description d’une vidéo Youtube. C’est comme une distribution Linux. Même si 99% du temps on ne veut que télécharger les binaires exécutables, il est sain d’avoir accès au code source.

      Je déplore que certains vulgarisateurs de talent et soucieux de la véracité de leur propos ne citent jamais leur sources. Parfois, quand je connais déjà bien le sujet, je constate la véracité du contenu mais l’absence de sources donne le flanc à des critiques parfois complètement hallucinantes. C’est dommage quand je vois du coup des gens qui prennent assez mal la défense du vulgarisateur alors qu’il suffit de quelques liens pour démontrer un argument fallacieux.

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  3. Grave
    Grave dit :

    Je tiens à critiquer le troisième point, concernant les sources. Une bonne vulgarisation peut parfaitement se passer de sources, et il existe même des domaines où ce peut être la chose à faire.

    Le fait est que les lecteurs de vulgarisation n’ont souvent pas un niveau scientifique suffisant, et ont peu de connaissances et de savoir dans le domaine de vulgarisation considéré. Dans ces conditions, les lecteurs n’ont pas la capacité d’interpréter correctement les sources, et encore moins d’en déterminer la véracité et la fiabilité. Le risque est que les lecteurs qui font l’effort de consulter les sources soient mis en défaut en se mettent à croire à des choses fausses, juste parce qu’elles sont mentionnées dans des sources qui font l’effort de paraitre factuelles ou scientifiques. Ne pas mettre de sources permet de s’adapter à son public, quelque part.

    Et le risque est d’autant plus grand dans les domaines où les résultats des études sont contradictoires, ou du moins fortement variables suivant les conditions expérimentales (je pense notamment à la psychologie cognitive ou les neurosciences). L’auteur peut alors faire du cherry-picking, se concentrer sur les sources qui vont dans le sens de ses idées et omettre les autres, ce qui passera inaperçu lors d’une l’étude des sources. Le seul moyen pour contrer ce problème est de rechercher soit-même les sources, ce qui permet de tomber sur des sources n’allant pas toujours dans le sens de l’auteur. Alors certes, seul un nombre limité de personne le fera. Mais par chance, ce sont ces seules personnes qui ont un peu de bouteille, qui savent interpréter les sources, qui ont une formation universitaire dans le domaine considéré, ou autre.

    Personnellement, je me suis essayé à la vulgarisation dans une ancienne vie (sur un site nommé Zeste de savoir), et ai écrit sur des domaines divers. Pour la plupart, je ne mettais pas de sources pour les raisons que j’ai énoncées plus haut (sauf dans un cours sur la pédagogie, mais passons). Et il ne me viendrait pas à l’esprit d’en mettre à l’heure actuelle. Je préfère clairement orienter mes lecteurs/élèves vers des ouvrages un peu sérieux, comme des livres de références/textbooks anglo-saxons, qui sont pour la plupart très bien vulgarisés et compréhensibles par des débutants, et souvent suffisamment complets pour donner une bonne base. Notons aussi que donner des sources pour des faits ou théories qui sont reprises abondamment dans la plupart des livres de licence ou autres textbooks est rarement une bonne idée.

    Enfin, concernant le point numéro 4, expliquer comment les scientifiques ont fait pour découvrir les connaissances se prête bien à un style relativement narratif, qui semble être favorable à la compréhension et à la mémorisation. Mais de mon expérience, cela a souvent tendance à alourdir le discours, augmenter fortement la charge cognitive du lecteur (ce qui est négatif pour l’apprentissage). Sans compter que ce genre d’explications peut aussi demander des pré-requis non-connus du lecteur, ce qui peut ne pas être compatible avec le public ou avec un enseignement facile à comprendre ou mémoriser.

    Répondre
    • Fytz
      Fytz dit :

      Les livres de sciences pour étudiants ou des « états de l’art » de domaines sont des sources également du moment qu’ils citent eux même leurs sources et sont validés par les scientifiques.

      J’ai jamais regardé si les cours de Feynman avaient une bibliographie, mais étant considéré comme un très bon prof par ses élèves et ses pairs, j’ai déjà un bon niveau de confiance.
      Sans oublier que ces livres sont rarement le produit d’une seule personne et que plusieurs peuvent traiter d’un même domaine (les cours de Feynman sont une exception étant donné que ce sont des transcriptions de cours oraux).

      Il est souvent utile de vérifier ses sources.

      Pour des théories ayant un consensus depuis un bon moment (mécanique générale) ou peu connue du grand public, Wikipedia est aussi une valeur sure d’autant qu’un article expose également ses sources.
      Quand j’ai besoin de me rappeler de formules ou démonstrations mathématiques, je vais souvent dessus par exemple.

      Après, toute médiation scientifique n’exige pas de sources. J’ai été pendant 2 ans animateurs au sein des petits débrouillards et la méthode pédagogique était l’expérimentation.
      Comme les enfants faisaient le travail scientifique, il n’y avait pas besoin de sources ^^

      Répondre
    • black7acea du public lambda
      black7acea du public lambda dit :

      « Le fait est que les lecteurs de vulgarisation n’ont souvent pas un niveau scientifique suffisant, et ont peu de connaissances et de savoir dans le domaine de vulgarisation considéré. Dans ces conditions, les lecteurs n’ont pas la capacité d’interpréter correctement les sources, et encore moins d’en déterminer la véracité et la fiabilité. Le risque est que les lecteurs qui font l’effort de consulter les sources soient mis en défaut en se mettent à croire à des choses fausses, juste parce qu’elles sont mentionnées dans des sources qui font l’effort de paraitre factuelles ou scientifiques. Ne pas mettre de sources permet de s’adapter à son public, quelque part. »

      Fort dommage l’idée de ne pas permettre au public d’accéder à des sources d’informations plus complexes, la vulgarisation aidant justement à mieux les comprendre.

      Dans le processus d’apprentissage, d’une manière itérative et incrémentale, les pré-requis deviennent des acquis. Je l’exprime ainsi.

      Il est nécessaire d’offrir ces sources utiles au processus et de ne pas sous estimer son public.

      Je remercie les auteurs de ce site !

      Répondre
  4. Peu Importe
    Peu Importe dit :

    Oh mon dieu j’ai rarement été aussi d’accord avec un article lu sur internet ! Et pourtant, je ne crois pas en Dieu.

    C’est exactement pour ça que je n’aime pas la vulgarisation d’un E Penser (mais il n’est pas le seul) : absence de sources, histoire des sciences vue comme un joli récit quasi linéaire parsemé de grands hommes, génies presque divins souvent incompris, mise en avant de gens qui ont eu une intuition qui s’est avérée exacte mais pas étayées à l’époque et balayage d’un revers de main les gens qui ont étayés des thèses qui se sont avérées fausses, absence totale d’histoire populaire des sciences, présentation de la science comme étant plus ou moins neutre etc.
    Bref, je préfère mille fois ce que vous faites avec la TeB ou des gens comme C’est pas Sourcé (sur l’histoire des religions).

    Merci, mille fois merci, prêchons la bonne parole !

    Répondre
    • Niels Bohr
      Niels Bohr dit :

      Il n’y a pas que le public qui manque d’accès aux sources, parfois. Les vulgarisateurs aussi, tiens. E-penser, chaîne d’histoire de la physique, est gérée par un programmateur de logiciels. Nota Bene n’est pas historien non plus… et à ce que je sache, les gars de la Tronche en Biais parlent régulièrement de sujets qui débordent leurs connaissances universitaires, je ne crois pas qu’ils aient étudié la psychologie pour disserter une polémique sur la psychanalyse. Ont-ils d’ailleurs un diplôme universitaire de zététique ?
      Les seuls que je suive sur YouTube qui ont fait des études dans le sujet de leur chaîne, c’est DirtyBiology et le Fossoyeur de films. C’est peu. Cela dit, concernant e-penser, il s’est repenti : sa dernière vidéo (sur les faux souvenirs) est sourcée bien comme il faut.

      Mais ce n’est pas un mal. Un amateur passionné saura transmettre la flamme qui l’a, lui, animée lors de ses recherches, et aura moins de chances d’être pris dans les querelles de clocher de la recherche universitaire. Il remplira, s’il est honnête, paradoxalement mieux les critère « transmettre le consensus », « accessibilité » et « respecter les limites de la science » qu’un scientifique engagé dans les débats qui agitent son milieu.

      Parce qu’un scientifique malhonnête, et il en existe certainement autant que d’amateurs malhonnêtes, est beaucoup plus dangereux que ces dernier. Notamment, il pourra contester, s’appuyant sur son diplôme, toute critique qu’on lui fera et ne pas vouloir être relu, s’estimant suffisamment savant en son domaine.

      Donc s’il fallait trouver un critère fondamental pour définir un bon vulgarisateur, et par la même occasion un critère pour définir le dogmatisme, c’est pour moi le fait d’accepter ou non d’être relu et critiqué.

      Répondre
      • Peu Importe
        Peu Importe dit :

        Attention, je ne pense pas qu’il faille avoir un bagage universitaire pour transmettre des connaissances dans un domaine. Comme vous le dites, bien souvent une personne passionnée saura transmettre cette passion, même sans l’avoir étudié à la fac. Là n’est pas la question, pour moi.

        La question est plutôt : quelle image des sciences et des connaissances on veut/va donner. Celle d’un roman linéaire parsemé de génies (plus ou moins incompris) et d’illuminations géniales, pour la partie spécifiquement de l’histoire des sciences, comme le fait E Penser (qui est un peu mon bouc émissaire, je le reconnais, mais c’est symptomatique), ou bien souvent Sciences et Vie (et ses déclinaisons) ? Pas pour moi. C’est ça la mauvaise vulgarisation, qui participe à l’idée que les sciences c’est magique et qui, en réalité, ne « réconcilie » pas les profanes avec la science. Selon moi, cette façon de présenter les sciences et les connaissances en général, au contraire, participe largement au scientisme et à propager un aspect sinon magique, au moins incompréhensible au monde de la science.
        Je sais pas si je suis clair :/

        En soi c’est pas tant le sujet ou l’identité de l’auteur/trice qui m’intéresse, mais plutôt la façon dont il est traité.

        Répondre
  5. casper
    casper dit :

    Commencons par condamner au suplice de la roue les vulgarisateurs qui emploient des formulations finalistes la ou c’est inapproprié, du style « le crabe s’est doté d’une carapace POUR se protéger » ou « quand il aura brûlé tout son hydrogène le soleil gonflera POUR trouver de nouvelles sources de carburant ».

    Répondre
    • Fytz
      Fytz dit :

      Avant de condamner au bûcher, sachez qu’il est très difficile de contrôler ses mots, façons de parler quand on agit devant un public ou dans des contributions assez conséquentes.

      Pour les scientifiques entre eux, c’est pas trop difficile, car le vocabulaire technique est partagé dans un domaine.
      Quand on parlait de « Child law » en physique des plasmas, l’interlocuteur sait qu’on parle du mouvement des particules chargées à la frontière du plasma selon la configuration modélisée par Child et Langmuir. En 2 mots, on arrive à montrer la modélisation utilisée et la loi suivie.

      Le vulgarisateur sera obligé d’utiliser du vocabulaire « normal » ou de définir le vocabulaire « scientifique » qu’il va utiliser (ce qui peut devenir chiant et compliqué à la longue) et c’est loin d’être évident de transmettre des concepts sans faire d’accrocs de langage.
      Par exemple, au lieu de parler de chute d’un corps, il arrive de dire que l’objet tombe sauf que la chute est le terme générique le plus juste pour découvrir le mouvement d’un corps dans un « champ gravitationnel » quelque soit les forces en jeux sur le corps et dans n’importe quel référentiel (pourvu qu’il soit galiléen, ce qui est bon pour un « domaine » à taille humaine), là où tomber implique qu’il soit uniquement soumis à la pesanteur.
      Tomber est donc un abus de langage (j’ai oublié le reste des justifications par contre) mais qui va souvent arriver dans le langage utilisé, car c’est le plus courant.

      Le meilleur moyen de pouvoir au mieux passer le message, c’est de ne pas employer systématiquement les mêmes tournures de phrase (on change ainsi de point de vue), de toujours avoir en tête la causalité des éléments qu’on vulgarise (A=>B) pour pouvoir se corriger plus facilement.

      On aura pour le crabe: « la carapace étant un bon outil défensif, les crabes ayant développé une carapace ont pu mieux survivre » et pour le Soleil qui gonfle, franchement, la réalité physique est assez compliquée (je ne suis pas capable de l’expliquer comme ça en tout cas) et je ne me souviens pas d’avoir vu une seule vulgarisation qui ne faisait pas de gros raccourcis pas très justes.
      En tout cas, ce qui est clair, c’est qu’il ne brule pas l’hydrogène mais fusionne des hydrogènes en hélium.

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