L’empathie c’est pour les faibles ?
Derrière les mots des hommes puissants se jouent des rapports de force qui peuvent transformer le monde.
JD Vance avait annoncé que les universités était l’ennemi (du trumpisme), et les universités sont actuellement martyrisées afin d’être mises au pas, alignées avec le pouvoir. Les universités américaines sont en ce moment même le théâtre d’une lutte pour l’avenir de la liberté académique à l’échelle mondiale…
Et Elon Musk, tout dernièrement, dans une interview (Voir ici), explique que l’empathie est la plus grande faiblesse de l’Occident, qu’elle aurait été instrumentalisée pour détruire notre civilisation.
Si cette attaque contre l’empathie se répète, elle deviendra une stratégie. Nous allons voir des incels, des simp, les suprémacistes et autres catégories de personnes rendant un culte aux milliardaires et prédateurs de l’espèce humaine, transformer le mot « empathie » en une insulte, une infâmie, une marque de faiblesse et de trahison. Et cela a des chances de fonctionner, car empoisonner les mots est une compétence diablement efficace quand le camp d’en face a des obsessions de pureté.
Une fois rendue odieuse l’idée d’être conscient des inégalités (c’est ça, en réalité le « wokisme », au départ), on peut s’attaquer à l’empathie elle-même afin d’annihiler à l’avance toute contestation d’un exercice du pouvoir autoritaire qui maltraite les gens, écrase les compétiteurs, se moque des différences et efface les minorités.
En 2018, John Cleese avait réagi au mot « Snowflake » (flocon de neige) utilisé pour moquer la soi-disant fragilité des défenseurs des droits des opprimés, en disant ceci « J’ai déjà entendu ce mot. Je crois que des sociopathes l’utilisent pour essayer de discréditer la notion d’empathie ». 7 ans plus tard, nous entrons peut-être dans la phase explicite de l’assaut contre cette valeur humaniste.
Et nous nous retrouverons devant une situation similaire au « paradoxe de la tolérance » … Comment pourrons-nous défendre l’exigence du respect de l’autre, l’écoute, la prise en compte de son ressenti (bref : l’empathie indispensable pour une vie en société constructive) face à des gens qui prônent la négation de cette valeur ?
Nous allons avoir besoin de beaucoup d’énergie, bien canalisée, pour ramener de la rationalité et une capacité à s’écouter. Cela passera par l’effort presque surhumain de ne pas essentialiser des ‘ennemis’ et la capacité à voir d’abord ce qui nous rassemble, ce qui peut être fait ensemble.
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