Donald Trump est un espion russe [Jolie théorie]
Comme moi, vous avez des yeux et des oreilles, et vous constatez que Donald Trump a considérablement affaibli les Etats-Unis, chamboulé l’ordre du monde, sapé l’économie occidentale, torpillé le droit international qui garantit les frontières et la sécurité des citoyens vivant près des régimes autoritaires, et qu’il s’est rangé du côté de Vladimir Poutine dans sa guerre d’invasion de l’Ukraine en trahissant tous ses alliés. Ça faut beaucoup.
Et cela invite beaucoup de gens à se demander s’il n’agit pas en service commandé par Poutine. Bien sûr le fait que ce soit un homme stupide, borné, cupide, inculte, instable et mégalo rend improbable l’hypothèse qu’il soit un puisant stratège sous couverture… Néanmoins examinons les faits. Vous verrez qu’ils sont troublants.
En 2025, des anciens agents du KGB (comme Iouri Shvets) affirment que Trump aurait été recruté sous le nom de code « Krasnov » lors de son voyage de 1987 à Moscou[1].
Trump ne serait pas un espion russe, mais ce qu’on appelle un « asset » : Un espion est un agent professionnel recruté et formé par un service de renseignement pour mener des opérations clandestines, tandis qu’un asset (ou source) est une personne extérieure exploitée ou manipulée pour fournir des informations ou rendre des services sans faire officiellement partie du service. L’espion dirige ou utilise des assets pour obtenir des renseignements auxquels il n’a pas directement accès.
Venons-en à notre histoire.
1. Premier contact documenté avec l’Union soviétique (années 1980)
En 1987, Donald Trump visite Moscou à l’invitation du gouvernement soviétique. Cette visite, officiellement motivée par des projets immobiliers, aurait été organisée par l’organisation Intourist, souvent utilisée comme vitrine du KGB pour encadrer les visiteurs étrangers jugés “intéressants”.
Contexte : À l’époque, le KGB repérait activement des personnalités étrangères influençables, ambitieuses, narcissiques, ou vulnérables, susceptibles de servir les intérêts soviétiques, selon plusieurs anciens agents de la Stasi et du KGB.
2. Le profil psychologique de Trump comme cible idéale
Selon Yuri Shvets, ancien officier du KGB basé à Washington, Trump aurait été identifié dès les années 1980 comme un « useful idiot » (idiot utile) — une personne influente facilement manipulable sans nécessairement être consciente de jouer un rôle pour le compte d’une puissance étrangère. Ce fait est rapporté dans : “American Kompromat” de Craig Unger, qui s’appuie notamment sur des témoignages d’anciens agents soviétiques.
La STB (sécurité d’État tchécoslovaque) le décrit alors comme « susceptible de fournir de l’information de valeur et d’influencer la politique »[2]
3. Réseaux financiers troubles dans les années 1990–2000
Après plusieurs faillites retentissantes, la survie financière de l’empire Trump semble de plus en plus dépendre d’investissements étrangers, dont beaucoup passent par des circuits opaques.
En 2008, Donald Trump Jr. déclare : « Nous voyons beaucoup d’argent affluer de Russie dans nos projets immobiliers. » Le projet de Trump Tower à Moscou (réactivé à plusieurs reprises jusqu’en 2016) fait l’objet de négociations avancées, y compris pendant la campagne présidentielle, ce que Trump a longtemps nié avant que cela ne soit révélé par Michael Cohen. Plusieurs figures proches de Trump (Manafort, Flynn, Page, Stone) ont des connexions avérées ou suspectes avec la Russie ou ses alliés. Des liquidités suspectes issues de la mafia russe auraient également soutenu ses casinos en difficulté
4. Les relations avec des oligarques russes
Trump a entretenu des liens financiers avec des oligarques proches du Kremlin, notamment par le biais de ventes d’appartements de luxe, parfois à des prix anormalement élevés, ce qui pourrait évoquer du blanchiment. Felix Sater, ancien associé de Trump, est un ancien criminel et informateur du FBI avec des connexions russes. Il a tenté de négocier un projet de Trump Tower à Moscou pendant la campagne présidentielle de 2016.
5. La campagne de 2016 et l’ingérence russe
Le rapport du procureur spécial Robert Mueller n’a pas trouvé de preuve de collusion formelle, mais a révélé des contacts multiples et répétés entre des membres de l’équipe de Trump et des responsables russes[3]. Le rapport confirme que le GRU (renseignement militaire russe) a piraté les emails du Parti démocrate[4]. Il confirme également que l’Internet Research Agency (liée à Evgueni Prigojine) a mené une campagne de désinformation pro-Trump sur les réseaux sociaux[5].
Paul Manafort, directeur de campagne de Trump, a transmis des données internes de sondages à Konstantin Kilimnik, soupçonné d’être un agent du renseignement russe[6]. La Russie a clairement favorisé Trump via des cyber-opérations (piratage du DNC, propagande sur les réseaux sociaux via l’Internet Research Agency) : le piratage du DNC, les fuites de Wikileaks, l’affaire Trump Tower Meeting (2016) avec Natalia Veselnitskaya, sont autant de points qui renforcent un faisceau de présomptions.
6. Comportement de Trump vis-à-vis de Poutine
Trump adopte un langage inhabituellement conciliant envers la Russie qu’il invite à dévoiler des ‘preuves’ contre son adversaire Killary Clinton (« Russia, if you’re listening… »). Il refuse de critiquer Poutine publiquement, il remet en cause l’OTAN, etc. Trump a tenté à plusieurs reprises de minimiser le rôle de la Russie dans des affaires d’espionnage ou de piratage. Lors du sommet d’Helsinki (2018), Trump semble publiquement prendre le parti de Poutine contre les services américains, ce qui a été considéré comme sans précédent. Il a tenté à plusieurs reprises d’affaiblir ou de désengager les États-Unis de l’OTAN — un objectif stratégique majeur du Kremlin.
On a donc de très nombreux éléments à faire valoir pour étayer l’idée d’un Donald Trump asservi, d’une manière ou d’une autre, aux intérêts de Poutine. Mais prenons du recul.
Attention : pourquoi ce faisceau d’indices ne suffit pas
Bien que ces faits soient authentiques et vérifiables, plusieurs mises en garde s’imposent, parce que le soupçon peut nous amener à surinterpréter des faits ambigus pour qu’ils s’ajustent à une trame narrative déjà séduisante. En adhérant à cette histoire, nous pourrions être victime de biais d’intentionnalité, de biais de conjonction et surtout de biais de confirmation
- Corrélation n’est pas causalité
Être approché par l’URSS en 1987 ne fait pas automatiquement de quelqu’un un « asset » – cela peut être une tentative avortée ou une simple curiosité mutuelle. Le fait de bénéficier de capitaux russes dans les années 2000 n’est pas unique à Trump ; c’est courant dans le marché immobilier de luxe, particulièrement à New York.
- Les faits peuvent être interprétés à travers des biais
Si l’on veut voir une influence russe, on va surinterpréter chaque fait en ce sens (biais de confirmation). Le récit fonctionne parce qu’il est psychologiquement attractif : il propose un agent double, un complot bien ficelé, une longue manipulation… C’est séduisant narrativement.
Beaucoup de ces faits sont également compatibles avec des motivations purement financières, égotistes ou opportunistes, sans connotation d’espionnage ou de loyauté cachée envers la Russie.
- Le « manque de preuve » devient parfois preuve en soi
Certaines théories affirment que le manque de preuve formelle est en soi une preuve que l’affaire est bien dissimulée — c’est un piège typique des raisonnements complotistes.
- Les enquêtes officielles ne corroborent pas la thèse
Ni le FBI, ni la CIA, ni le rapport Mueller, ni le Sénat américain (rapport bipartisan de 2020) ne concluent à une preuve d’ »asset » contrôlé par la Russie. Des liens, des influences, des interférences – oui. Un statut d’agent ou d’actif ? Non.
Prudence : l’alternative est féconde
La thèse selon laquelle Donald Trump est un asset russe actif ou passif depuis 40 ans n’est pas absurde, mais elle n’est pas prouvée. Elle repose sur un faisceau d’indices, parfois intrigants, parfois ambigus, mais qui ne permettent pas de conclure de manière rigoureuse et définitive.
Sur la base de ce dont nous sommes certaines quelle est la probabilité que Trump soit un asset russe ? Plutôt faible en réalité. Pourquoi ?
Parce qu’on peut analyse les faits énumérés à la lumière d’une autre lecture, celle du capitalisme sans foi ni loi.
L’URSS de Gorbatchev (1985-1991) cherchait à attirer des hommes d’affaires occidentaux dans un cadre de glasnost économique. Trump n’était pas seul : d’autres entrepreneurs et célébrités ont reçu le même traitement (notamment des figures comme Armand Hammer ou le magnat immobilier Robert Tishman). Après la chute de l’URSS, une vaste partie de l’élite russe cherchait à recycler son argent à l’étranger, surtout dans l’immobilier à Miami, New York ou Londres. Trump a bénéficié de cette manne comme d’autres (Rudin, Related Group, etc.). Il n’y a pas besoin de complot — le capitalisme mondial suffit.
Trump flatte les autocrates (Poutine, Kim Jong-un, Xi) c’est vrai. Et apparemment parce qu’il respecte la force et le pouvoir personnel — pas spécifiquement parce qu’il est contrôlé. De plus, il s’oppose fréquemment à la CIA, au FBI, à l’armée — toutes institutions qui remettent en cause son autorité. Cela s’explique sans doute aussi bien par sa psychologie que par un contrôle extérieur.
Quand au cercle qui l’entoure et qui semble être infiltré par des hommes proches des intérêts russes, on peut plaider le « qui se ressemble s’assemble ». Trump a attiré des opportunistes ayant eux-mêmes des liens russes (Manafort, Flynn, etc.) parce qu’ils servaient ses ambitions politiques ou immobilières.
Aucun de ces personnages n’a été condamné pour trahison ou espionnage. Ils ont été sanctionnés pour mensonges, fraudes, ou lobbying non déclaré. Cela ressemble davantage à une culture d’opacité et de corruption, plutôt qu’un réseau d’agents coordonnés.
Le meilleur argument est peut-être ce que n’ont pas dit les ennemis politiques de Trump.
Aucun rapport officiel, même ceux initiés par ses opposants, n’a conclu qu’il était un « asset ».
- Le rapport Mueller ne conclut pas à une collusion.
- Le rapport du Sénat (bipartisan) de 2020, bien qu’il reconnaisse des « liens profonds » avec des acteurs russes, ne va pas jusqu’à affirmer une relation agent-active.
- Hillary Clinton, Adam Schiff, Nancy Pelosi ou d’autres figures majeures du Parti démocrate ont critiqué Trump violemment — mais jamais en le traitant d’espion.
Les services de renseignement américains (CIA, NSA, FBI) n’ont jamais produit de note concluant qu’il était un agent contrôlé ou recruté. Ce silence indique que l’accusation ne tient pas juridiquement ou empiriquement — même pour ses adversaires.
Conclusion
La thèse d’un Trump « asset russe » est séduisante narrativement car elle offre une explication simple et cohérente à des faits complexes et parfois dérangeants. C’est une forme de récit complotiste qui, malgré l’absence de preuve solide, persiste dans le débat public. Mais elle échoue à passer le test de parcimonie : elle n’explique pas mieux les faits qu’un Trump vénal, narcissique, et politiquement opportuniste[7].
En somme, il est plausible, que Donald Trump ait été utilisé par la Russie comme agent d’influence — conscient ou non. Comme d’autres ont tenté de l’amadouer, de le flatter pour obtenir des faveurs. Mais la thèse selon laquelle il aurait été délibérément “recruté” par le KGB dans les années 1980 comme “asset” durable reste, aujourd’hui, hautement spéculative.
Oui, c’est un homme profondément malhonnête et corrompu, mais tous les malhonnêtes de la terre ne travaillent pas pour la Russie.
[1] https://fr.euronews.com/my-europe/2025/03/13/euroverify-donald-trump-a-t-il-ete-recrute-par-le-kgb-sous-le-nom-de-krasnov
[2] https://basta.media/Le-plan-des-Etats-Unis-pour-l-Ukraine-fruit-de-40-ans-d-histoire-entre-Trump-la-Russie-Poutine
[3] https://www.americanbar.org/news/abanews/aba-news-archives/2019/03/mueller-concludes-investigation/?utm_source=chatgpt.com
[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Ing%C3%A9rences_russes_dans_l’%C3%A9lection_pr%C3%A9sidentielle_am%C3%A9ricaine_de_2016
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_Russiagate
[6] https://www.businessinsider.com/paul-manafort-exclusive-interview-trump-campaign-polling-data-russia-kilimnik-2022-8?utm_source=chatgpt.com
[7] https://lvsl.fr/trump-est-a-la-solde-de-la-russie-retour-sur-une-theorie-conspirationniste-a-la-vie-dure/
Deux socles argumentaires définissent la position de Thomas Durand pour justifier qu’une théorie n’est pas un théorème. La TEB nous avertit qu’un faisceau d’indices et de présomption ne possèdent pas la force d’une preuve. C’est vrai et pourtant …..
Le premier argument s’inscrit dans la pensée républicaine de Thomas Durand: l’impartialité des institutions rend possible la poursuite et l’établissement de la vérité. Est-ce vrai en France? Pas certain. Est-ce vrai aux USA? Le doute est permis. Pour Thomas Durand, il est préférable de se ranger du coté des institutions et de reconnaitre l’objectivité des enquêtes établies par les contre pouvoir d’un état comme l’incarnent le FBI, la CIA, la NSA ainsi que les rapports établis par le Congrès. Soit me direz-vous. Cette confiance dans les institutions d’un état constitue un barrage infranchissable contre l’attaque de toutes les théories farfelues que pourraient défendre un état ennemi: exemple: les électeurs de TRUMP ont cru à l’existence d’une pizzeria située à Washington et dans laquelle H.Clinton et son directeur de campagne se livraient à un traffic d’enfants dans la cave du restaurant. Beaucoup de crétins ont été offusqués mais rien de tout cela n’a réellement existé.
Le deuxième argument s’inscrit dans la défense d’une idéologie que les économistes sérieux considèrent comme étant primaire et infantile: le libéralisme économique pour ne pas dire le capitalisme est le responsable du comportement avide et cupide de l’individu en général et de TRUMP en particulier. Si TRUMP est tenu par les « génitoires » par son vieux copain POUTINE c’est parce qu’il a cédé à son penchant capitaliste dont l’appétit démesuré l’a envoyé comme une boule de billard dans les bras de la pieuvre russe…. Sérieusement Thomas Durand ….. Le délirium tremens cause des dégâts connus bien que tu as l’air sobre. Soyons sérieux, tu es train de sortir de ta manchette l’argument ultime du capitalisme mondial …. Arrête la drogue et reprend le footing…. Lorsque TRUMP s’est rendu à Moscou, il a dormi dans la suite « Lénine ». Or les services savent que des caméras et des micros ont enregistré le déroulement des nuits et des soirées que l’homme d’affaire a « consommé »sans se douter qu’il était un dindon….. La bêtise de l’individu est une certitude…. Petit oubli; sa Villa en Floride a été acheté par un russe le double du prix de vente affiché puis a été rasé bien que le russe ne soit jamais venu sur place……..
Reprenons le fil: Le premier argument ne tient pas la route – L’affaire Madof a suivi un cap pendant 30 ans. Puis un fonctionnaire habité par le tempérament de Colombo fut largement aidé par la conjoncture des faillites bancaires pour faire tomber le « Mozart de la finance ». Les rapports des institutions n’ont pas été capables de faire éclater la fiction Madof. Seule la perspicacité d’un individu est à l’origine de la chute.
Le deuxième argument est un argument idéologique. La manifestation d’un parti pris rend inopérante la démonstration de la thèse. Thomas Durand tu déconnes……
Conclusion: A partir de combien de faisceau d’indices il est possible d’envisager que TRUMP est condamné à travailler pour les Russes sachant que l’administration du FSB travaille à faire sombrer l’occident selon les thèses exposées dans le « protocole chaos » d’une part et qu’il est TENU par les Russes d’autre part, sans que l’on sache pour l’instant ce que possède le FSB? L’argument du « pognon » ne tient pas la route. C’est au retour de son voyage à Moscou qu’il décide de s’engager en politique.
Avec mes salutations courtoises.