En France la Kinésiologie (littéralement la science du mouvement) est une pratique qui n’est
pas scientifiquement validée, elle est également classée parmi les pseudosciences et sous
observation par la MIVILUDES [1].
Il existe deux types de kinésiologie :
- La kinésiologie appliquée professionnelle, organisée au niveau international et accessible uniquement aux seuls professionnels de santé (dentistes, médecins, ostéopathes,
chiropracteur, etc.). Les indications revendiquées sont notamment les perturbations du
système neuro-musculo-squelettique, mais également certains troubles fonctionnels, les
allergies et intolérances alimentaires, certains désordres hormonaux, les chocs émotionnels.
Elle ne compte que quelques dizaines de praticiens en France. [2]
- La kinésiologie non thérapeutique ou énergétique, bien plus représentée en France, est
accessible à toute personne souhaitant être formée à cette technique (sans aucune formation
préalable en santé). Il s’agit d’une profession non réglementée. Elle regroupe un ensemble de pratiques comme la « santé par le toucher », la « kinésiologie éducative ou Edukinesiologie », le « concept trois en un » mais aussi des déclinaisons plus ésotériques, telles que « l’astrologie kinésiologique ».
Selon le syndicat national de kinésiologie (SNK) : La kinésiologie n’est ni une médecine ni
une thérapie et n’a aucun désir de l’être. La kinésiologie travaille en amont, sur la santé et le
bien-être de l’individu et s’envisage comme une approche éducative et préventive. La
kinésiologie énergétique couvre ainsi de larges domaines d’application : professionnels,
familiaux, personnels, sportifs, éducatifs.
Il existe très peu de données concernant la sécurité de ces pratiques. Il faut souligner que la
kinésiologie énergétique a fait l’objet de plusieurs controverses : controverses internes à la
discipline (recours au test mental) ou controverses externes (suspicion de dérives diverses à
type de mise sous emprise, parfois sectaire). [2]
II – Auteurs fondateurs de la Kinésiologie
Dr George Goodheart (1918-2008),
chiropracteur à Detroit (USA). Il est notamment l’auteur
de
Applied Kinesiology Research manuals (1964), Muscle Testing and Function (1966),
Applied Kinesiology : A Training Manual and Reference Book of Basic Principles and
Practices (1976) ainsi que de nombreux articles dans la revue
chiropratic economics. Il a
également fondé l’
International College of Applied Kinesiology en 1976, qui a formé des
milliers de chiroprateurs et d’autres professionnels de la santé à la kinésiologie.
Il utilisait le test musculaire et fit le lien entre la faiblesse musculaire et certains types de
maladies. Au milieu des années 1960, il se mit à s’intéresser aux connaissances ancestrales du
système des méridiens d’acupuncture, système qui dressait une carte des flux d’énergie à
travers le corps. Finalement, il établit la relation entre organe stressé, muscle en faiblesse et méridien énergétique perturbé. Le Dr Goodheart se base essentiellement sur son ressenti lors
de ses consultations et son expérience personnelle pour en tirer des conclusions sur une
pratique générale comme en témoigne cet extrait de son livre You’ll Be Better The Story of
Applied Kinesiology (2000)
« Ma secrétaire, une femme allemande très sympathique, qui avait été avec moi pendant de longues années, avait des ennuis de sinus et montrait systématiquement une inflexion de la
tête lorsqu’elle avait une perturbation sinusienne. Malgré le fait que je pus trouver une
faiblesse musculaire associée à son inflexion de la tête, la technique originale utilisée sur le
jeune homme perdant ses cheveux ne produisit aucun renforcement musculaire, ni n’affecta
l’implication des sinus. Pensant qu’il fallait simplement palper et traiter le muscle, comme il
avait été fait avec le patient sciatalgique ce même après-midi, je testais ses fléchisseurs du
cou en lui faisant relever la tête et la tourner légèrement d’un côté ; les muscles testèrent
faibles. J’essayais de répéter la procédure qui avait aidé le patient sciatalgique en passant
ma main le long de l’aspect latéral du muscle sterno-cléido-mastoïdien qui va de l’arrière du
dos à la clavicule. Je ne sentais rien de différent en palpant et testant le muscle avec la
technique utilisée plus tôt dans la journée sur l’homme avec la névralgie sciatique. J’essayais
triomphalement de tester ses muscles du cou à nouveau, et, à mon grand chagrin, ses muscles
étaient possiblement encore plus faibles qu’avant, je lui blessai pratiquement la tête à cause
de l’effondrement soudain de son cou dans la direction de test de ma main. […] Puis je
pensais que j’avais peut-être pressé sur quelque chose non associé au muscle lui-même, mais
possiblement associé à des disjoncteurs lymphatiques posés en principe par un ostéopathe
nommé Chapman. Les réflexes de Chapman étaient associés à des organes et à des glandes.
Je stimulais le réflexe sinusien de Chapman et non seulement cela améliora son état sinusien,
mais aussi cela renforça le muscle sterno-cléido-mastoïdien. »
Dr John F. Thie (1933-2005), chiropracteur. Il développa une technique qui est aujourd’hui un
socle incontournable de la kinésiologie : Le Touch For Health (1973) (TFH), la Santé par le
Toucher. Une technique qui permet à chacun de réguler, d’harmoniser sa propre énergie, son
bien-être grâce à la connaissance des 14 muscles en lien avec les 14 méridiens principaux.
Des méridiens tous reliés à un organe précis.
III – Théories fondamentales
La kinésiologie s’appuie sur des conceptions préalables
1. La chiropraxie dont est dérivée la kinésiologie est une autre pratique sans efficacité prouvée
scientifiquement [3,4]. George Goodheart, considéré comme fondateur de la kinésiologie et John
Thie qui a introduit le concept de TFH, étaient tous deux chiropracteurs.
2. Selon la médecine traditionnelle chinoise les méridiens seraient des canaux du corps humain,
interconnectés, par lesquels circule le « qi », l’énergie vitale du corps. Il en existerait
plusieurs types, liés aux théories de l’anma, du Yin et yang et des cinq éléments.
L’acupuncture et le shiatsu font partie des applications les plus courantes de cette théorie, que
l’on retrouve également dans certains arts martiaux comme le Tai Chi Chuan et qui ne repose sur aucune donnée ou raisonnement scientifique valide. [5]
3. Une théorie également largement remise en question : « Le cerveau triunique » élaborée par le
neurobiologiste Paul MacLean dans les années 1960 [6]. Selon l’approche kinésiologique, le
cerveau fonctionnerait de manière tri-dimensionnelle, ces trois dimensions mettraient en
relation permanentes le néo-cortex (deux hémisphères cérébraux divisés en plusieurs lobes), le système limbique, ou cerveau moyen, et le tronc cérébral ou cerveau reptilien.
En cas de stress (corporel, émotionnel, chimique), la capacité d’utiliser simultanément ces trois dimensions serait diminuée.
La Kinésiologie proposerait alors :
- De rétablir la circulation énergétique entre les différentes parties au moyen des mouvements selon différentes techniques empruntées à la médecine traditionnelle chinoise.
- D’activer au niveau corporel ces dimensions afin de stimuler les zones correspondantes du
cerveau et favoriser leur intégration.
Dans ce cas, on cherche par test musculaire quels sont les mouvements qui vont permettre de
corriger le stress lié à l’objectif et la kinésiologie aiderait à libérer l’état émotionnel pour que
les personnes récupèrent leur potentiel énergétique vital pour profiter de l’enseignement prodigué.
IV – La kinésiologie concrètement
1) Une séance de Kinésiologie
Le kinésiologue demande au client/patient qui le consulte : « en quoi la kinésiologie peut
aider ? ». Il essaie de faire préciser les propos en utilisant des « c’est à dire …, « depuis
quand ?, où ?, mais encore…, en quoi c’est important pour vous de…, etc. » afin de
déterminer la demande et la source du blocage.
En kinésiologie les « tests musculaires » vérifient le « verrouillage » musculaire d’un muscle
et non sa force musculaire ni une pathologie quelconque du muscle. Il est d’ailleurs important
que le kinésiologue s’assure que le muscle qu’il teste ne soit pas pathologique.
Le test répond à
une logique binaire « on/off » et traduirait le stress émotionnel lié à une question, un
problème, une sensation, un souvenir, une image mentale, comme un moyen de communiquer
avec le corps.
- Réponse « déverrouillée » indique un stress, une émotion négative ou un « non » (appelé test
faible tf)
- Réponse « verrouillée » indique une absence de stress, une émotion positive ou un « oui »
(appelé Test Fort TF).
À ce jour, le test musculaire de kinésiologie n’a pas pu faire la preuve d’un intérêt diagnostic
puisqu’il ne repère pas mieux une pathologie, un stress ou un allergène que le hasard. [7]
Le praticien réalise alors des « pré tests » (sédation du muscle, hydratation, surcharges/
polarités, champ énergétique humain, croisements de la ligne médiane et ionisation) qui visent
à s’assurer de l’absence « d’interférences » ou des sortes de « vérifications préalables » qui
aboutiront le cas échéant à des « corrections ».
Trois exemples de pré-tests en kinésiologie :
- Pour pré-tester l’hydratation, le kinésiologue tirera doucement une mèche de cheveux. S’il
perçoit une émotion négative le client/patient devra boire un verre d’eau lentement.
- Pour tester le « champ énergétique humain », le kinésiologue vérifie la « connexion » entre
le champ énergétique humain et le cerveau en testant un « muscle indicateur » pendant qu’il
parcourt, dans le sens contraire de sa circulation énergétique, le méridien « Vaisseau
Conception ». Ce méridien est placé sur la ligne médiane du corps et remonte face antérieure
du pubis jusqu’aux gencives. Si le praticien obtient lors du pré test un « tf » cela lui indiquera
une « bonne connexion » dans le cas contraire il devra faire une correction en « balayant le méridien de haut en bas et de bas en haut »
- Pour tester le « croisement de la ligne médiane » (c’est à dire vérifier la « connexion » entre les deux hémisphères cérébraux) le client/patient doit observer une croix. Aussitôt après le praticien test un muscle indicateur des 2 bras. S’il obtient des tf (tests faibles = non) le client/patient devra réaliser des séries de mouvements alternatifs comme suit : 20 cross-crawl puis 20 homo-crawl puis 10 cross-crawl
.
Une fois ces pré-tests réalisés, le kinésiologue pose une question fermée ou fait une série
d’énumérations en fonction de l’objectif de la séance ou de la problématique à résoudre et
cherche un « changement d’indicateur ».
Soit il pose la question « est ce que… », dans ce cas TF= Oui et tf= Non
, soit il cherche une information parmi plusieurs possibilités (énumération) dans ce cas TF=
non stress (ça ne nous intéresse pas) et tf= stress (c’est le tf qui nous intéresse car le kinésiologue cherche les stress).
Exemple : quel est l’aliment stressant ? Le praticien énumère : la carotte (TF), la pomme de
terre (TF), la tomate (TF), l’aubergine (tf) donc l’aubergine est l’aliment stressant) -> Il y a eu
un changement d’indicateur.
Puis il demande l’autorisation de travailler avec le client/patient à l’aide d’un nouveau test
musculaire, s’il obtient un tf (non), il devra refaire les pré-tests et corriger les
« interférences ».
La phase d’équilibration permet d’éliminer les blocages qui ont été repérés dans la phase de
test. Ils peuvent faire appel à des rééquilibrations énergétiques selon des principes de
médecine chinoise et de vases communicants (si un méridien est trop faible c’est qu’un autre
méridien est trop fort). Par exemple le « contact fronto-occipital » consiste à placer une main sur le front pour « attirer le sang et l’énergie dans la partie antérieure du cerveau au niveau de l’APAC (Aire de la Pensée Associative Consciente) ». Ceci permettrait de déplacer la conscience d’une zone émotionnelle à une zone dite « froide » et placer l’autre main sur la zone occipitale pour « irriguer les deux parties du cerveau ce qui mettrait en relation la pensée consciente et la mémoire visuelle non émotionnelle ». Le kinésiologue pourra également s’appuyer sur des exercices de visualisation, la kinésiologie considérant que le cerveau répond exactement de la même manière aux expériences réelles et fortement imaginées. Ainsi que quelque chose soit historiquement réel ou construit dans le « schéma neurologique », l’émotion et le ressenti produiraient des réponses physiologiques similaires, « mettant en jeu tout l’arsenal hormonal, musculaire et circulatoire ». Ainsi le praticien pourra faire imaginer au patient/client de rassembler symboliquement le stress et en imaginant qu’il disparait selon son désir (s’envole à jamais comme une montgolfière, brulé, jeté, aspiré, gommé, etc.) ou encore créer des images mentales pour « modifier ses vérités internes».
Une des équilibrations également possible est « l’ionisation », en effet la kinésiologie estime que « l’équilibre ionique est la polarisation apportée par la respiration, chaque narine active un circuit complexe neuro-sensoriel, chimique et métabolique par la génération d’ions positifs (narine droite) et négatifs (narine gauche). L’alternance spontanée et inconsciente engendre la dominance d’une narine qui nous polarise et équilibre le rapport calcium/phosphore de la chimie corporelle. Or si pour des raisons conscientes ou inconscientes cette fonction est perturbée, des symptômes divers apparaissent comme des spasmes musculaires inexpliqués… » mais aussi que la paume de la main droite est chargée positivement, le dos de la main droite négativement, la paume de la main gauche négativement et le dos de la main gauche positivement. Ainsi pour tester l’ionisation il fera boucher une narine et inspirer de l’autre puis inverser les gestes.
La phase de Réévaluation : le kinésiologue vérifie que les corrections ont bien été faites à l’aide de nouveaux tests.
Variante : L’EDUK
L’Edu-Kinésiologie ou Kinésiologie pour Apprendre « a pour but l’amélioration des situations d’acquisition intellectuelle ou motrice ». « Toutes les étapes de la vie sont concernées : de l’enfant qui commence à marcher, lire ou écrire, à l’adulte qui apprend à conduire, se recycle professionnellement, gère un emploi du temps surchargé ou prépare une compétition, les situations d’apprentissage sont fréquentes. Lors des passages difficiles, tels la rééducation de traumatismes ou la récupération suite à des interventions chirurgicales, les stress émotionnels spécifiques viennent s’ajouter à ceux existants déjà et responsables des états dyslexiques fonctionnels ».
Selon la kinésiologie, les difficultés d’ apprentissage sont souvent le « résultat d’une séparation des fonctions attribuées aux deux hémisphères cérébraux ». Il en résulte un manque de coordination et de « synchronisation des deux hémisphères » qui se manifestent par des inversions de syllabes en parlant, de lettres ou de chiffres en écrivant, ou des pertes partielles et provisoires des facultés cérébrales et du sens de l’orientation. L’Edukinésiologie propose de « rétablir la circulation énergétique entre les différentes parties au moyen des mouvements et d’activer au niveau corporel ces dimensions afin de stimuler les zones correspondantes du cerveau et favoriser leur intégration ».
Concrètement, elle fait appel à la même structure qu’une séances de kinésiologie classique avec pré-test, équilibration et réévaluation mais avec des exercices spécifiques comme par exemple dessiner bras tendu le symbole de l’infini (à droite puis à gauche), faire des écritures en miroir, écrire des chiffres ou des lettres dans le symbole de l’infini (« huit couché »).
[4] Rubinstein SM, Terwee CB, Assendelft WJJ, de Boer MR, van Tulder MW. Spinal
manipulative therapy for acute low-back pain. Cochrane Database of Systematic Reviews
2012, Issue 9. Art. No.: CD008880.
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