Ce que la physique nous dit vraiment sur l’Univers
Tronche en Live 153
Émission enregistrée le 4 novembre 2025
Invité : Thibaut Coudarchet
Editorial
L’intuition contre la science.
Si la pratique de la science est souvent compliquée, difficile et rébarbative pour pas mal d’entre nous, c’est parce que c’est une activité qui ne correspond pas tout à fait à la rationalité par défaut dont nous sommes équipés et qui tient compte du fait que nous avons en général intérêt à croire ce que croient nos parents, ce que croient nos compagnons, nos voisins, de sorte à partager un monde en commun à propos duquel nous pouvons communiquer et agir.
Nous sommes dotés d’une appréhension naïve du monde très efficace pour une compréhension basique : nous avons une physique naïve, une biologie naïve, une psychologie naïve, et même une sociologie naïve : et nous acquérons tout cela dès nos premières années de vie.
C’est amplement suffisant pour la plupart des tâches quotidiennes, mais pour faire de l’astronomie ou de la médecine ça devient très vite limitant ; notre espèce a produit et raffiné une manière d’interroger la nature, de poser des hypothèses, de les tester et de les remettre en question. On appelle cela la science, la recherche, et c’est compliqué parce qu’après plusieurs siècles d’effort, et de nombreuses générations de penseurs, nous avons obtenu des modèles, des théories qui sont très éloignés de nos intuitions sur le monde.
La matière est composée de vide — rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme — le vivant évolue et se transforme sur de grandes échelles de temps — la lumière a une vitesse, et c’est la vitesse maximale atteignables dans l’univers — l’univers lui-même a une histoire, avec un big bang au moment qui pourrait être un début, mais pas tout à fait — les photons ne sont pas des particules. Ni des ondes, mais un peu des deux à la fois — La gravité qui nous enfonce tous les jours un peu plus dans le canapé, c’est une déformation de l’espace-temps — Et les particules élémentaires, figurez-vous qu’elles pourraient être des petites cordes vibrantes à onze dimensions enroulées. Débrouillez-vous avec ça !
C’est compliqué, c’est quantique, et ça pousse certains d’entre nous à considérer qu’ils ont bien le droit, eux aussi, d’apporter leur vision des choses avec leurs propres concepts de rétrocausalité ou leur version à eux de la relativité, ou au contraire d’une théorie qui réfute la relativité. Parce que pourquoi pas. De toute façon personne ne comprend rien, alors on a bien le droit d’utiliser les mots vibration, énergie, quantique et causalité dans le sens qu’on veut !
Le problème qui se pose à nous est que nous avons d’excellentes raisons de penser que l’univers existe, qu’il est bien là, qu’il se manifeste à travers des phénomènes réguliers, compréhensibles, appréhendables, en un mot : explicables. Et si l’univers existe et qu’il est explicable, alors nous partageons une réalité qu’il serait idiot de décrire n’importe comment selon nos caprices et envies du moment.
On a besoin d’une description objective, vérifiable, amendable et qui fasse des prédictions ; on a besoin de modèles et de théorie. Et on a besoin de les comprendre au moins assez pour savoir qui dit des choses sensées et qui baratine du bullshit en barre.
C’est tout l’objet du livre de l’invité de ce soir « découvrir la physique fondamentale » aux Éditions Matériologiques. Un livre étonnamment accessible qui nous explique la géométrie de l’espace-temps, le principe d’incertitude, les champs quantiques et les programmes de recherche pour comprendre où se rejoignent les phénomènes quantiques et ceux de la gravitation.
Il n’y a aura pas d’équation ce soir, il n’y en a que très peu dans le livre. Mais je crois que nous ressortirons avec un peu plus de connaissance sur l’univers, et en étant moins à risque de croire n’importe quoi.
Thibaut Coudarchet est chercheur post-doctoral en physique théorique des hautes énergies, spécialisé dans la théorie des cordes.




Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !