Cet article passe en revue un an de traitement de l’homéopathie par les médias français. Il est le produit du travail qui a permis d’écrire le livre « Connaissez-vous l’homéopathie ? » à paraître aux Editions Matériologiques.
Le chapitre dédié à l’analyse du traitement des médias occupait un volume trop important dans le livre papier, il a donc été grandement réduit et vous trouverez ici l’ensemble de cette analyse s’étalant de mars 2018 à mars 2019. Un tel article est l’occasion de revoir se dérouler l’affaire, épisode après épisode, et de voir évoluer la stratégie des homéopathes, d’abord certains que rien ne pouvait faire chanceler leur position, puis évasifs, procéduriers, à la fois victimaires et agressifs, et enfin mobilisés dans un lobbyisme de masse. En fin d’article nous ferons le point sur les médias qui ont traité correctement ce sujet, qui ont contribué à l’information correcte du public, et sur ceux qui ont fait obstacle à l’information et à l’éclairage du public par la science.
Une polémique scientifique dans un
écosystème médiatique
La belle polémique autour de l’homéopathie de 2018, celle qui va finalement, selon toute vraisemblance, aboutir au déremboursement de ces produits après 30 ans d’incohérence des pouvoirs publics, n’est pas due aux travaux impeccables des chercheurs, à l’exemplarité académique, au zèle des universitaires à transmettre l’évolution des connaissances, ni à l’application des journalistes à tisser le nécessaire lien entre les experts et la population, ni à la discipline des politiques qui s’astreindraient à ne prendre que des décisions éclairées par la science, mais à une tribune provocatrice rédigée par 124 professionnels de santé et rendue possible par la relative célébrité des premiers signataires qui animent des chaînes de vulgarisation de la médecine sur Internet.
Ce sont les vulgarisateurs de la science qui ont lancé ce pavé. C’est d’abord une initiative de culture scientifique, un ras-le-bol devant la mésinformation généralisée… et bien sûr les conséquences qu’on peut imaginer quand cela touche les métiers de la santé. Je tiens donc à leur rendre hommage pour leur pugnacité sans laquelle les rationalistes auraient continué à faire des critiques que personne n’écoute vraiment.
La tribune intitulée « L’appel de 124 professionnels de la santé contre les «médecines alternatives » » est publiée dans le Figaro le 18 mars 2018. Dans la mesure où nous souhaitons tous pouvoir disposer des meilleurs traitements sans risquer notre vie où celle de nos proches à chaque pilule, et sans risquer non plus de retard dans la prise en charge des troubles graves, nous voulons que toutes les thérapies soient testées afin de s’assurer qu’elles ne peuvent pas nous nuire et qu’elles effectuent bel et bien le soin que l’on attend d’elles. Par conséquent, la tribune qui se borne à rappeler cette exigence et à en tirer les conclusions devrait être d’une grande banalité. Mais elle ne l’est pas du tout, et c’est la réaction des médias qui nous le montre.
NB : Pour accéder aux articles ici passés en revue, cliquez simplement sur le nom du média.
19 mars. Science & Avenir — 124 médecins et professionnels de santé veulent la peau des médecines alternatives.
Malgré un
titre largement excessif, l’article
décrit la tribune et ajoute une explication sur l’exception dont jouissent les
produits homéopathiques dans leur autorisation de mise sur le marché, ainsi que
la décision des États-Unis sur l’étiquetage de l’absence d’effet de ces produits.
19 mars. Journal 20 minutes — Homéopathie: Des professionnels de la santé signent une tribune contre les médecines alternatives.
L’article
relaie les points essentiels de la tribune.
19 mars. France Soir — « Rien de scientifique » dans l’homéopathie et les médecines alternatives.
Le titre de l’article est encourageant, en accord avec l’état des connaissances scientifiques. Mais il donne la parole au Syndicat National des Médecins Homéopathes Français (SNMHF), en citant leur communiqué : « le syndicat a si souvent répondu aux arguments médicaux, scientifiques et réglementaires avancés par les adversaires de l’homéopathie qu’il est devenu inutile de le faire. »
La rédaction cite l’avis très négatif des Académies de Science européennes sur l’homéopathie, mais accorde le mot de la fin aux homéopathes qui critiquent les études sur lesquelles se fonde un avis qu’ils jugent invalide en dénonçant « une sélection parfaitement contestable des recherches existantes, puis sur des assertions fausses relatives à la sécurité du médicament comme à la pratique médicale. » En cherche à ménager la chèvre et le chou afin de traiter la question avec un équilibre illusoire, cet article illustre l’asymétrie qui frappe les controverses scientifiques médiatisées.
Principe d’asymétrie de Brandolini.
Il faut dix fois plus d’énergie et de temps pour réfuter une baliverne que pour l’énoncer.
En conséquence un média qui accorde autant de temps à une « théorie » a-scientifique qu’à sa critique installe une pseudo-équité de traitement qui revient à donner l’avantage au propos trompeur.
Ce
communiqué commence par dénoncer l’attaque, puis propose une première argumentation
pour défendre la doctrine et la pratique homéopathiques.
« Si l’on ne se crispe pas sur la nature diffamatoire de cette attaque, la meilleure attitude pour faire progresser le débat est de nous questionner ensemble : pourquoi notre pratique, dérange-t-elle aussi fortement ceux qui veulent lui dénier toute valeur, voire dénoncer sa « dangerosité », jusqu’à exiger que les médecins et professionnels de santé qui l’utilisent ne puissent plus faire état de leur titre professionnel ?
Nous rappellerons seulement quelques faits décidément têtus :
– l’homéopathie donne satisfaction à des millions de patients en France, bien plus encore dans le monde ;
– le nombre de prescripteurs, témoins des résultats au quotidien et tout au long de leur carrière, atteste que l’homéopathie s’avère particulièrement utile dans une démarche préventive et pour les traitements des maladies chroniques, l’une et l’autre étant des priorités de santé publique ;
– le caractère économique de la pratique des médecins homéopathes, l’absence de prise de risques, ont été rigoureusement démontrés lors d’une vaste étude pharmaco-épidémiologique dirigée par des scientifiques de renom et publiée dans des revues médicales internationales, qu’aucun « expert » n’a critiquée*. »
On peut constater que les deux premiers arguments sont des ad populum, c’est-à-dire des sophismes : le grand nombre de gens convaincus serait une preuve des bienfaits de l’homéopathie. Nous savons bien que beaucoup de gens, même de bonne foi, peuvent se mettre d’accord sur quelque chose de faux. Le troisième argument est une diversion, car ces aspects ne sont pas mis en cause par la tribune. Le caractère économique de l’homéopathie n’est pas réellement garanti, car il nous faudrait être sûrs des conséquences indirectes sur les futures habitudes qu’aura sur la population la prescription systématique de « médicaments » inutiles qui flattent le réflexe : un problème à un médicament. Enfin, la référence * renvoie vers une présentation avantageuse de l’étude EPI3 que j’analyse dans mon livre. En résumé les auteurs de l’étude EPI3 écrivent eux-mêmes que leurs résultats ne prouvent pas l’efficacité de l’homéopathie, or c’est de l’efficacité dont il est question dans la tribune.
19 mars. LCI — Homéopathie, acupuncture, mésothérapie… : des professionnels de santé dénoncent les « fake médecines »
Cette
émission est un exemple parfait du mauvais traitement de la question dans les
médias français. Sur le plateau est invité le docteur Jérémy Descoux, co-auteur
et signataire de la tribune. On lui donne le temps d’expliciter la démarche des
signataires qui plaident pour une pratique reposant sur des preuves
scientifiques, mais très vite il sera noyé sous un torrent de sophismes
goguenards.
Roselyne
Bachelot, ex-ministre de la santé et ex-pharmacienne, est co-animatrice de
l’émission : « L’homéopathie française et les laboratoires
homéopathiques français sont les plus renommés dans le monde et vous allez donner
un véritable coup de poignard à une industrie française. (rire) »
Un autre
invité, le rappeur Rost, président de Banlieue
active et membre du Conseil Économique, Social et Environnemental, cite
l’anecdote d’un ami qui se serait débarrassé de douleurs articulaires grâce à
l’acupuncture. Puis il avance que les produits critiqués sont issus des
plantes, mais on ignore ce qu’il désire en conclure car il est corrigé par R.
Bachelot et n’a pas l’occasion de finir son propos.
Un homme
d’affaire et politicien, Charles Beigbeder va ensuite faire une déclaration
absolument remarquable : « Votre tribune est très violente, et comme
Talleyrand je pense que « tout ce qui est excessif est
insignifiant » (…) Il y a une sagesse populaire qui, depuis des
milliers d’années… Eh oui ! L’acupuncture, c’est la civilisation chinoise
qui nous l’apporte. C’est 3000 ans de pratique. Et ça marche ! Vous savez,
vous dites « oui la science ne peut pas démontrer… [« que ça
marche » je complète son propos] » oui, mais elle ne peut pas démontrer
non plus que ça ne marche pas, et elle ne comprend pas. Je crois qu’il faut
être humble, modeste par rapport à notre compréhension du corps humain. Vous
savez que dans l’embryogenèse on sait toujours pas comment ça marche. (…)
soyons humbles. Il y a beaucoup de français qui utilisent ces médecines. (…)
n’allons pas tout rejeter au nom de la science, c’est un ingénieur qui vous le
dit »
C. Beigbeder se livre ici à un exploit sophistique. Il fait la leçon à des médecins en leur disant d’être plus modestes envers des homéopathes qu’il place en victimes, puis lance un appel à l’ancienneté, un appel à la sagesse populaire , un appel à l’ignorance et enfin un appel à l’humilité que suit un appel à l’autorité dans une étourdissante enfilade sophistique qui fait un excellent cas d’école pour un cours sur l’esprit critique.
Ensuite intervient Alexandre Malafaye, président fondateur du think tank Synopia « Quand je vous écoute, j’ai un peu le sentiment de revenir à une époque où beaucoup de gens pensaient que la Terre était plate et ceux qui disaient que la Terre était peut-être pas plate, qui n’avaient pas encore de preuve scientifique, se retrouvaient en difficulté . (…) Quand tout d’un coup on jette le bébé avec l’eau du bain comme vous le faites, je suis par nature méfiant. Je n’ai aucune compétence médicale mais j’ai des expériences tout à fait probantes d’un proche très récemment qui était atteint d’une névralgie cervico brachial extrêmement douloureuse qui a été soigné ; j’ai été témoin même d’expériences médicales avec simplement le fait de placer un médicament dans la main et de voir l’interaction que cela produit avec le corps, et on voit bien effectivement quel effet cela peut avoir… tout ça à l’aveugle… Cet hiver, je ne vais faire aucune pub, mais j’ai pris un traitement antigrippal homéopathique, ma femme aussi, c’est la première fois que je traverse l’hiver sans grippe. Alors vous allez me dire que c’est contextuel et cetera. »
Ces dernières phrases n’ont pas vraiment de sens, car il n’y a pas d’effet contextuel (donc placebo) s’il n’y a pas de symptôme à améliorer. Alexandre Malafaye a simplement été victime d’un effet de corrélation illusoire du type post hoc ergo propter hoc (après ceci, donc en raison de). Le fait d’avoir avalé un remède « antigrippal » est naïvement associé au fait de ne pas avoir eu la grippe ; le cerveau humain qui adore voir de la causalité établit un lien entre les deux. Cela fait une jolie histoire à raconter sur un plateau télé pour alimenter le mille-feuille argumentatif auquel nous assistons. Au passage, on peut douter qu’en l’absence de ce remède, A. Malafaye ait subi la grippe à chaque hiver, sauf s’il défie toutes les statistiques. Si on regarde de plus prêt, il se rend coupable de ce qu’on appelle le Syndrome Galilée, l’idée que des savants en petit nombres seraient victimes d’un establishement hostile à une vérité qui dérange. Ce sophisme est très courant dans la bouche des auteurs de « théories » farfelues. Après avoir avoué n’avoir aucune compétence, il s’adonne à une anecdote, ce qui constitue le mode d’administration de la preuve favori des pseudo-médecines : sans aucune preuve d’efficacité, elles alignent les témoignages des patients satisfaits, ce qui suffit trop souvent à faire oublier qu’on ne dispose pas de l’avis des patients non satisfaits ou décédés… Il finit en faisant allusion à Oscillococcinum dont vous saurez ce qu’il faut penser dès le chapitre 1 de « Connaissez-vous l’homéopathie ? ».
La science sert justement à ne pas se
laisser abuser par les liens de causalité excessifs que nous voyons partout.
Tenir un tel propos, c’est donc très exactement défendre une posture
antiscientifique. Que ce soit probablement fait de manière involontaire
n’empêche pas le problème.
« Moi j’ai mieux, Alexandre Malafaye, intervient Roselyne Bachelot. Moi, j’ai soigné mon chien à l’homéopathie, alors là l’effet placebo est assez limité (rires sur tout le plateau) enfin peut-être qu’il me voyait avec mon tube de granules et qu’il se disait cette femme-là me veut du bien (rires) c’est peut-être ça qui s’est passé parce que ça marchait très très bien (rires). »
Madame Bachelot n’est pas bien informée sur ce que la science sait sur l’effet placebo observé chez les animaux. Oui, cet effet existe. Oui, on peut croire indûment qu’on améliore la santé de son animal ou de son bébé en lui administrant un remède privé d’effet spécifique.
Malheureusement, tous ces sophismes
ont été proférés sans que personne ne les relève. Jérémy Descoux était là pour
expliquer en un temps très limité la raison d’être de la tribune, pas pour
corriger les fautes logiques des intervenants. Le public a donc pu se laisser
influencer par des déclarations très assertives mais illogiques ou
factuellement fausses. Cela n’est pas de nature à contribuer à la liberté
éclairée de leurs choix thérapeutiques. Cette émission n’a donc pas informé
proprement le public, mais à probablement contribué à le mésinformer.
19 mars. France TV Info. Allô docteur — Des médecins partent en guerre contre les médecines alternatives
Invité sur le plateau, sans contradicteur et sans salade de sophismes, Jérémy Descoux a cette fois le temps d’évoquer un aspect du problème des médecins généralistes à orientation homéopathique : « On souhaiterait que lorsqu’on adresse quelqu’un pour voir son médecin traitant, il puisse consulter pour une consultation de médecine générale. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a un manque de médecins en France et le problème est que ces consultations qui n’ont pas d’efficacité démontrée occupent un temps médical qui n’est pas du tout négligeable. Et ce temps médical, qui n’est pas occupé à faire de la médecine, c’est un temps médical qui est perdu pour les patients. Nous disons que si les gens veulent pratiquer la médecine, qu’ils la pratiquent en tant que médecin. S’ils veulent faire de l’homéopathie, qu’ils le fassent sur un temps d’homéopathie. Il est temps de séparer complètement les deux pratiques afin de redonner un peu de clarté aux patients qui veulent accéder à une médecine scientifique. Ils doivent avoir accès aux meilleurs soins disponibles et aujourd’hui, ces médecines alternatives ne sont pas le meilleur choix possible. »
19 mars France Info — Des médecins et professionnels de la santé signent une tribune contre les médecines alternatives comme l’homéopathie.
Il s’agit
d’un résumé honnête du contenu de la tribune.
20 mars. Sud Ouest — Des médecins s’insurgent contre les médecines alternatives, « irrationnelles et dangereuses »
Article
favorable à la critique exprimée dans la tribune des 124.
20 mars. Le vrai de l’info — L’homéopathie protège-t-elle de la grippe ?
Géraldine
Woessner rétablit la vérité scientifique en réponse aux propos d’Alexande
Malafaye la veille sur LCI : non l’homéopathie ne protège pas contre la
grippe. Elle présente également le concept de placebo encore trop souvent mal
compris, et explique que l’homéopathie encourage plus qu’elle ne combat la
« culture de la gélule ».
Cette
émission est l’un des cas où la presse française prend clairement parti pour la
vérité de science plutôt que pour un semblant de neutralité entre deux camps
qui auraient autant de légitimité l’un que l’autre. Cette rupture de fausse
symétrie sur les questions scientifiques devrait être encouragée dans la
pratique journalistique.
20 mars. Site du magazine Top Santé — Les médecines alternatives, des « fakes médecines » ?
Article « équilibré » qui explique les grandes lignes de la tribune, cite l’avis de l’ordre des médecins tiré d’un article du journal Le Quotidien du Médecin, puis donne la parole à la défense, avec l’avis du Dr Dominique Pierrat, généraliste et médecin-conseil à Top Santé :
« Quelle mouche a piqué les 124 signataires de cet appel ? On peut comprendre qu’en cette période de défiance envers certains médicaments et les vaccins, des médecins souhaitent remettre les pendules à l’heure. Quand c’est grave, l’homéo ne suffit pas ! Mais rejeter une médecine millénaire comme l’acupuncture, qui soigne encore aujourd’hui de nombreux patients en Asie, cela parait étrange. Quant au remboursement de ces médecines « alternatives », plus justement qualifiées de complémentaires par de nombreux soignants, c’est un autre problème. Les veinotoniques ont été déremboursés, ce n’est pas pour cela que les médecins ont arrêté d’en prescrire, ni qu’ils doivent être interdits de le faire… L’objectif des médecins n’est-il pas de soulager les patients ? Et les soins de supports en cancérologie sont-ils inutiles ? » »
On
retrouve des ingrédients connus : position victimaire face à ce qui est
présenté comme une agression, appel à l’antiquité millénaire de la doctrine
comme preuve de sa validité. Il termine par un homme de paille, c’est-à-dire
une contrefaçon de la position qu’il attaque : personne ne dit que les
« supports en cancérologie sont inutiles ». Consciemment ou inconsciemment,
ce docteur produit un argumentaire malhonnête.
20 mars 2018. France Bleu — #FakeMed : homépathie, acupuncture… une tribune contre les thérapies alternatives secoue la communauté médicale
Résumé de la
tribune des 124, et interview de Florence Paturel, secrétaire générale du
Syndicat national des médecins homéopathes français qui pose évidemment les
homéopathes en victimes et déclare ne pas comprendre quelle est la volonté des
signataires : « J’ai bientôt 55 ans, j’ai passé 12 ans en oncologie à
l’hôpital de Vannes, et tout c’est toujours très bien passé avec mes confrères
du service ».
Son expérience
personnelle est probablement censée prouver quelque chose sur la fausseté du
contenu de la tribune, mais nous n’aurons pas droit à une démonstration
logique. La réponse est d’ordre affectif.
20 mars. Le Huffington post — L’homéopathie est-elle une « fake médecine »? Ce que disent les études scientifiques
L’article, très sérieux, rappelle le consensus scientifique, et donne la parole à Edzard Ernst, spécialiste mondial des thérapies alternatives qui livre un avis modéré « des patients peuvent aller mieux après, non pas grâce à un pseudo-médicament, mais grâce à l’effet placebo et à une longue consultation avec un clinicien compatissant. »
20 mars. Editorial sur le site Pourquoi docteur — Des médecins partent – un peu rapidement – en guerre contre les médecines alternatives
La journaliste
Charlotte Arce éclaire le contexte de la pratique homéopathique et cite deux
des rares arguments raisonnables de ceux qui la défendent : « Mais il
faut savoir que si l’Assurance maladie continue de rembourser ces médicaments,
c’est pour une raison … d’économie. Un débat difficile à mettre sur la place
publique, parce qu’il devrait rester entre médecins. La raison n’est pas
forcément très noble mais elle est pragmatique. En France, les malades ont du
mal à sortir de chez le médecin sans ordonnance. »
Et
deuxièmement : « il vaut (…) mieux que ces traitements soient
prescrits par des professionnels de santé que par des personnes sans connaissance
sur les maladies. Au moins, les médecins ont une obligation de moyens vis-à-vis
de leurs malades… et ils sont responsables devant la justice en cas
d’erreur. »
Toute la
question est de savoir si ces deux arguments sont suffisants pour justifier la
pratique de l’homéopathie telle qu’on la connaît aujourd’hui.
20 mars. La dépêche.fr — Homéopathie, acupuncture, sophrologie… : des médecins signent une tribune polémique contre «les médecines alternative
Relai honnête du
contenu de la tribune.
20 mars. RTL — L’homéopathie c’est clairement de la tromperie », alerte un cardiologue
Florian Zores,
cardiologue et signataire de la tribune des 124, est interrogé : « Il
y a une période où on rencontre des soucis de financement dans la médecine
traditionnelle et on rembourse des médecines qui n’ont fait aucune preuve de
leur efficacité. À l’heure des choix budgétaires, je pense qu’il faut arrêter
de rembourser les choses qui ne marchent pas. (…) L’homéopathie c’est
clairement de la tromperie et de la charlatanerie puisqu’on sait grâce à de
multiples études qu’elle n’a aucun effet thérapeutique, c’est un
placebo. »
L’article est donc un relai de la parole critique des #fakemed.
Nous ne sommes pas
vraiment dans le monde des médias ici, puisqu’il s’agit de la communication
d’une institution publique. Mais celle-ci va irriguer les conversations
médiatiques.
« Le ministère rappelle également que les PSNC ne s’appuient pas sur des études scientifiques ou cliniques montrant leurs modalités d’action, leurs effets, leur efficacité ou encore leur non dangerosité.
Et si certaines de ces pratiques ont effectivement une efficacité sur des symptômes, cette efficacité est insuffisamment ou non démontrée. Par ailleurs, lorsqu’elles sont utilisées pour traiter des maladies graves (cancers par exemple) ou en urgence à la place des traitements conventionnels reconnus, elles peuvent annihiler les chances d’amélioration ou de guérison des personnes malades. »
20 mars. Marie Claire — Homéopathie, acupuncture : des médecins dénoncent ces « fausses médecines »
Article faussement équilibré.
20 mars. France Inter. Edito Carré — Editorial de Mathieu Vidard : « Charlatans d’homéopathes ! »
Cet éditorial est un joyau de sophistique
qui flirte outrageusement avec une pensée antiscientifique. C’est d’autant plus
problématique qu’il est écrit et prononcé par l’animateur de l’une des plus
importantes émissions scientifiques de la radio française.
A l’époque je m’étais d’ailleurs fendu d’un billet d’analyse qui a servi de base à ce que j’écris ci-après.
L’animateur donne la parole à Mathieu Vidard au sujet du « texte contre les médecines alternatives publié hier dans le Figaro. »
Mathieu Vidard — « Et signée par 124 médecins et professionnels de santé, qui ont pris la plume pour dire tout le mal qu’ils pensaient des thérapies non conventionnelles en dénonçant en particulier les médecins homéopathes.
Surfant sur le thème des fake news, nos docteurs déguisés en oies blanches, se drapent dans l’arrogance de leur respectabilité scientifique pour dézinguer –je cite- ces fausses thérapies à l’efficacité illusoire. »
En réalité les auteurs de la tribune
ne parlent pas du « mal » qu’ils penseraient des thérapies
critiquées, mais de leur efficacité. Nulle part il n’est question de
« dézinguer ». M Vidard choisit une lecture morale, c’est l’angle de
la fabrication scénaristique à laquelle il se livre. La démarche scientifique
rigoureuse devient ici de l’arrogance et une forme de candeur stupide digne
d’oies blanches.
« Et d’en appeler au Conseil de l’ordre des médecins pour sévir contre les fous furieux de la granule et renvoyer au fin fond du Larzac ces dangereux baba cool qui empoisonnent les patients à coup de Nux Vomica et d’Arnica Montana 30 ch. »
Un journaliste consciencieux ne
prétendrait pas que la tribune dénonce un « empoisonnement » puisque
ce mot n’apparaît nulle part, pas plus que « fou furieux de la granule » ni
aucun des termes employés dans cette phrase. Il construit un épouvantail, une
contrefaçon grossière de la position qu’il désire attaquer.
L’homéopathie prise à haute dose risque
surtout d’empoisonner les gens intolérants au lactose. Les auteurs de la
tribune explicitent clairement dans quelle mesure il est raisonnable de juger
l’homéopathie « dangereuse » (Un chapitre sur les dangers de l’homéopathie
figure dans mon livre).
« Si cette tribune n’était pas franchement insultante pour les praticiens comme pour les 40% de Français qui ont recours aux médecines alternatives, on s’amuserait des arguments de ces pères la morale. »
« L’insulte aux patients » est un
sophisme du chiffon rouge qui travestit la tribune pour en faire un acte de
pure malveillance, donc indéfendable. La tribune n’insulte personne, relisez-la
bien. Naturellement, il n’est pas plaisant de voir critiquée une pratique
médicale dont on est soi-même consommateur ; on se sent remis en cause alors
qu’on n’a rien demandé. Et certains patients éprouveront un sentiment très
désagréable à la lecture de cette tribune (peut-être une forme de dissonance
cognitive). Mais est-il raisonnable d’accuser de vous traiter d’idiot celui qui
vous prévient que l’empereur est nu ? Comment espérer ne pas réellement
passer pour quelqu’un qui manque de jugeote ?
« Et pourquoi montent-ils au créneau ?
Pour alerter contre la dangerosité et le manque d’éthique des médecines parallèles avec des praticiens qui menacent selon eux de devenir les représentants de commerce d’industries peu scrupuleuses.
Lorsqu’on pense aux dizaines de milliers de personnes qui sont devenues gravement malades ou qui ont passé l’arme à gauche en raison des effets secondaires de médicaments allopathiques type Médiator ou Distilbène, ou lorsque l’on sait que les somnifères ou les anti-dépresseurs sont prescrits de façon excessive, qu’ils représentent des bombes à retardement tout en faisant la fortune de laboratoires pharmaceutiques véreux ; on se dit que notre club des 124 pourrait légèrement baisser d’un ton. »
Ici le sophisme est celui de la double
faute :
X n’est pas une discipline sans défaut, elle pose des problèmes ;
sous-entendu : alors ne venez pas critiquer Y, c’est injuste ! Cette
manœuvre est de nature à convaincre les déjà-convaincus qui ont besoin de
n’importe quel argument pour défendre leur position. La faute qui serait
commise par X n’est en rien une réponse montrant que la critique de Y n’est pas
justifiée. Nous sommes également en plein dans le faux dilemme, les
signataires étant repeints en agents du lobby des grands industriels du
médicament.
Mais au-delà du simple sophisme, permettez qu’on s’étonne que monsieur Vidard emploie le mot allopathie, terme inventé par les homéopathes pour (dis)qualifier la médecine scientifique et instaurer une illusion d’équivalence entre les deux. On serait tenté de faire remarquer que Mathieu Vidard adopte la rhétorique des Laboratoires industriels Boiron, mais nous n’en concluons pas qu’il faut le soupçonner de le faire à dessein.
« Dans cette tribune, les médecins écrivent que l’homéopathie n’est pas scientifique.
Et ils ont raison puisqu’aucune étude sérieuse n’a prouvé à ce jour une quelconque efficacité de cette thérapie. Le contenu scientifique des médecines alternatives est vide. Rien d’autre que l’effet placebo. Et alors ?
Est-ce que tous les allopathes peuvent se vanter de pouvoir soigner chaque maladie de façon rationnelle ? Non bien sûr. »
Nouveau sophisme, celui de la
solution parfaite : les praticiens de la médecine fondée sur les sciences (qui
ne s’appellent jamais des allopathes) travaillent à étayer avec des preuves les
prétentions thérapeutiques de leurs pratiques. Qu’ils échouent à soigner tout
le monde ne valide évidemment aucune forme de charlatanerie alternative, et on
ne devrait pas laisser croire le contraire sur une antenne sérieuse.
« Alors n’est-il pas possible d’admettre qu’il existe parfois une part de magie permettant de soigner ? »
Que dire ? Devons-nous vraiment subir
une obscurantiste défense de la pensée magique de
la part d’un journaliste scientifique sur un sujet de santé ? Que la science
actuelle n’explique pas tout est une chose bien connue, et d’abord par les
scientifiques eux-mêmes. Mais invoquer la magie n’a jamais fait progresser la
connaissance, et nul n’est censé l’ignorer.
« Comme le rappelle le pharmacologue Jean-Jacques Aulas, l’illusion constitue un outil redoutablement efficace, qui peut avoir sa place dans l’art difficile de la thérapeutique.
En conclusion de leur tribune, les 124 exigent que l’ensemble des soignants respectent une déontologie et qu’ils proposent à leurs patients une écoute bienveillante. Il fallait oser ! Car c’est précisément à cause d’une médecine conventionnelle déshumanisée que les malades fatigués d’être considérés comme de simples organes sur pattes, se tournent vers des praticiens capables de passer du temps avec eux et de les écouter. »
Oui, il fallait oser ! Car
Mathieu Vidard a raison sur un point : la médecine conventionnelle laisse
sans réponse certains besoins des patients, elle est vécue comme déshumanisante
par certains patients au parcours difficile. Il est grand temps qu’elle s’en
rende compte, fasse son autocritique et travaille à apporter des réponses
compatibles avec l’éthique scientifique et le respect du consentement éclairé
du patient, plutôt que de se laver les mains des conséquences des choix que les
patients font par défaut, par désespoir de se sentir pris en charge. Or, c’est
exactement le sens de la tribune qu’ici il malmène à mauvais escient.
« En accusant les médecins homéopathes de charlatanisme et en dénigrant la fonction humaniste apportées par ces thérapeutes, les signataires de ce texte se trompent de cible et font courir le risque à des patients de se retrouver vraiment entre les mains de pseudo médecins. »
Comme dirait l’autre : vous
n’avez pas le monopole de la fonction humaniste. La plupart des médecins
pratiquant leur métier de manière rationnelle écoutent leurs patients, sont
attentifs à leur besoin et leur accordent un respect authentique.
La caricature que Mathieu Vidard
dresse de la tribune et de ses auteurs n’informe pas les auditeurs du service
public sur la réalité du contenu de cette tribune. Elle est la pure
manifestation d’une volonté de contre-argumenter… sans argument.
Le communiqué est une litanie
plaintive sur la nature prétendument diffamatoire et insultante de la tribune. Aucun
argument pour asseoir la validité scientifique de leurs pratiques n’est
apporté.
Débat entre pro et
anti-homéopathie avec les ingrédients classiques.
Alain Sarembaud, représentant du
Syndicat National des Médecins Homéopathes Français : « [Dire] “vous
donnez quelque chose qui ne dépasse pas le placebo”, c’est insulter d’une part
les patients, c’est d’autre part insulter tous les médecins qui font ça
depuis des années […] et c’est aussi insulter les laboratoires qui les
fabriquent! »
Mathieu Van Dessel, médecin
généraliste et signataire de la tribune du Figaro, évoque le rôle d’éducateur
du médecin: « [Dire que l’homéopathie ne marche pas] c’est comme quand on
dit que le Père Noël n’existe pas, ça fait pleurer les enfants. […] Il faut que
la société grandisse, il faut qu’elle se coltine la vérité ».
21 mars. Pharma radio — Violente tribune contre l’homéopathie
L’article qualifie la tribune de
« violente » et « acide » puis donne de larges extraits du
communiqué du syndicat des homéopathes. Ce faisant, il met en avant la
« défense » en propageant sans la dénoncer la logique
conspirationniste du SNMHF.
22 mars. Le midi libre — Homéopathie, acupuncture… un collectif de médecins s’en prend aux « fake medecines »
Article basique et «
équilibré », donc asymétrique.
« Le Conseil national de l’Ordre des médecins regrette que la forme véhémente de l’interpellation publique, dans laquelle l’Ordre est impliqué, ait davantage alimenté le buzz médiatique d’un moment qu’une réflexion sereine et argumentée sur le sujet. »
Depuis des décennies et
l’accumulation de données scientifiques montrant l’absence d’efficacité de l’homéopathie,
la critique de cette doctrine n’a jamais été entendue pour ce qu’elle
est : un rappel de l’exigence de se plier à la rigueur de la méthode qui
fournit des preuves. L’ordre des médecins aurait pu regretter l’inertie durable
qui a rendu nécessaire le ton virulent de la tribune pour qu’elle ne reste pas
sans lendemain au lieu d’accuser, en substance, les auteurs de la tribune
d’avoir été forcés de compter sur l’effet buzz.
22 mars. Le Moniteur des Pharmacies — Homéopathie et « fake médecine » : le syndicat des médecins libéraux refuse tout amalgame
Le SML rappelle que quatre médecines alternatives et complémentaires sont officiellement reconnues par l’ordre des médecins : homéopathie, acupuncture, mésothérapie et médecine manuelle ostéopathie.
« Ces pratiques et notamment l’homéopathie, sont faites par des médecins diplômés, capables de poser des diagnostics au même titre que les confrères signataires de la tribune. Ils n’embarquent pas leurs patients sur des pistes de traitement qui ne seraient pas pertinentes », ajoute le syndicat, affirmant au passage que « l’homéopathie rend service et permet d’apporter une réponse à de nombreux patients »
C’est à cela que ressemble un article
corporatiste.
27 mars. Site La Veille des acteurs de la santé — Les fake médecins déposent des plaintes disciplinaires auprès de l’ordre des médecins (Communiqué)
Première annonce des plaintes devant
l’ordre des médecins contre les auteurs de la tribune.
« L’Union collégiale, le Syndicat des Médecins Indépendants
Libéraux Européens, le
Syndicat de la Médecine Homéopathique, le Syndicat des Mésothérapeutes
Français, l’Association pour
l’Utilisation Rationnelle des
Médecines Alternatives
(association de patients comptant plus de 1 000 membres) et des médecins libéraux pratiquant les spécificités thérapeutiques agressées ont
déposé des plaintes disciplinaires auprès de l’Ordre des Médecins
envers les signataires de la tribune insultante et anti-confraternelle médiatisée la semaine dernière
concernant les Médecines à Orientations Spécifiques
Thérapeutiques.
Ils invitent tous ceux qui
considèrent cette inadmissible agression idéologique comme une incitation à l’intolérance à se
joindre à ces
plaintes. »
27 mars. France culture. Du grain à moudre — Les médecines alternatives font-elles plus de mal que de bien ?
L’émission compte trois invités.
Christian Lehman, signataire de
la tribune, rappelle que le mot de « charlatanisme » est celui
utilisé par le conseil de l’ordre des médecins dans certaines conditions, il
n’a pas été sorti de leur chapeau par les auteurs de la tribune. L’homéopathie
lui semble correspondre à la situation décrite.
Helène Renoux,
homéopathe, conteste les études qui concluent à l’absence d’efficacité de
ces produits et affirme au contraire qu’elle prescrit des médicaments qui ont
un effet pharmacologique.
Bruno Falissard, biostatisticien,
explique qu’en science on ne peut pas démontrer l’absence totale d’efficacité
d’un produit. Il plaide pour l’utilité de médicaments-placebos dans la pratique
médicale, car ils rendent des services aux patients.
Christian Lehman craint la
logique de la pilule automatique alimentée par le recours au placebo. Au
journaliste qui lui fait remarquer « Mais si ça fait du bien ?
», il répond : « La musique me fait du bien aussi, je ne demande pas
qu’elle soit remboursée. »
Hélène Renoux « Je suis très en demande d’étude dont la méthodologie serait adaptée pour évaluer le bénéfice de la médecine homéopathique. C’est une médecine exigeante, lente et individualisée. »
Elle nous explique donc que ce
serait à la science de s’adapter à l’homéopathie, et pas à celle-ci de répondre
aux exigences de la méthode admise par tous. Quelques minutes plus tard,
pourtant elle prétend détenir des preuves scientifiques : « Il y a
des méta-analyses qui ont été réalisées, en particulier par Robert Mathie en
Angleterre. Il a pris toutes les études randomisées en double aveugle contre
placebo de traitements homéopathiques individualisés et il a conclu que l’effet
de l’homéopathie est supérieur à placebo. Ça marche mieux que le placebo, plus
vite. »
Bruno Falissard : « Moi je crois que l’homéopathie n’a pas intérêt à se lancer dans des études randomisées face au placebo parce que de mon point de vue ce n’est pas la bonne question. Et il faudrait abandonner le mot placebo ; aujourd’hui on utilise « soins contextuels », eh bien je préfère ça. »
Christian Lehman insiste sur le
fait qu’une individualisation du soin existe déjà de plein droit dans la
pratique du médecin qui prend toujours en considération le vécu du patient et
son contexte avant d’appliquer les consignes d’indication ou de posologie. Pour
lui, il n’y a pas besoin d’une doctrine d’individualisation comme celle de
l’homéopathie.
L’émission est plutôt bonne, mais
elle souffre des limites du genre : les invités peuvent se contredire sur
des éléments factuels, ou bien avancer des choses fausses sans que les autres
n’ait forcément les moyens de rétablir les faits. C’est par exemple le cas avec
l’étude de Robert Mathie citée par Hélène Renoux, un parfait exemple de cherry picking
(cueillette de cerise) où l’on sort un petit bout de littérature comme si le
reste ne comptait pas. Par ailleurs, je reviens sur ce que démontrent
réellement les travaux de Mathie dans un chapitre du livre.
Soulignons l’incohérence de la
position d’Hélène Renoux qui mélange deux stratégies des homéopathes. La
première consiste à dire que cette discipline est trop subtile pour la méthode
scientifique telle qu’elle existe aujourd’hui, et l’autre consiste à citer
quelques rares études qui montreraient son utilité. Madame Renoux devrait
choisir : ou bien la science est incompétente, ou bien la littérature est
de son côté, elle ne peut pas jouer sur les deux tableaux et être prise au
sérieux.
27 mars. Europe 1. Le débat d’Europe Soir — Les médecines alternatives, dont l’homéopathie, sont-elles de fausses médecines ?
Une émission débat où l’on
retrouve des éléments et des arguments déjà cités plus haut.
27 mars 2018. Site du journal Le Quotidien du médecin — Tribune anti-homéopathie : des médecins disent avoir déposé des plaintes à l’Ordre
Le bref article relate le dépôt de
plainte auprès de l’Ordre des Médecins de la part de L’Union collégiale conte les signataires de la tribune du 18.
Victimisation des homéopathes, victimes d’une « attaque violente et sectaire » et propos anti-scientifiques habituels de cet « institut » connu pour ses positions anti-scientifiques (et notamment antivaccin).
4 avril. Ip Réunion — Homéopathie : vraie arnaque ou vraie médecine ?
La parole est donnée à deux
médecins, un pro-tribune et un homéopathe, le Dr Branlat qui affirme qu’on
ne peut pas parler de placebo quand l’efficacité des traitements homéopathiques
est démontrée sur plusieurs centaines de patients souffrant de la même pathologie :
« Ces traitements ont montré leur efficacité sur des enfants, et même sur
des animaux. »
Il dénonce le « manque de
déontologie » des auteurs de la tribune que représente le fait de
qualifier l’homéopathie de dangereuse
et d’ésotérique. Il glisse ensuite
vers un type de soupçon qui ne l’honore pas « Ce sont des ignorants. Le
tout est de savoir s’ils sont réellement ignorants ou s’ils y ont un autre
intérêt. » et estime que « la France est aussi fermée aux médecines
alternatives. »
Article
faussement équilibré.
6 avril. RFI — Faut-il condamner les médecines alternatives?
Débat avec Daniel Scimeca, médecin homéopathe, président de la fédération française de la société d’Homéopathie, et Céline Berthié, médecin généraliste et signataire de la tribune parue dans Le Figaro. On retrouve tout une série de sophismes dans la bouche du Dr Sciméca dont on peut s’attendre à ce qu’ils fassent malheureusement illusion auprès des auditeurs. Cette émission est le parfait exemple du faux équilibre, aussi appelé asymétrie de Brandolini : le discours vrai ne peut pas se permettre les raccourcis, figures de styles et effets de manche du discours de type bullshit
Journaliste — « L’homéopathie s’appuie sur quelles preuves ?
D. Sciméca — J’ai le même diplôme que mes confrères. Je n’ai pas de leçon de médecine à recevoir. (…) vous clivez (…) votre tribune m’a plus surpris qu’attristé car ce sont des arguments qu’on entend depuis longtemps. Nous sommes aujourd’hui à l’heure de la médecine intégrative.
Journaliste — Quand le conseil scientifique des académies des sciences européennes estime qu’il n’y a aujourd’hui pas de preuve de l’efficacité de l’homéopathie, qu’est-ce que vous répondez ?
D. Sciméca — Moi, j’ai pas peur des acronymes et des académies. Je regarde. Je suis un scientifique, vraiment. (…) en ce qui concerne les niveaux de preuve, je suis désolé, mais c’est pas avec des acronymes qu’on se bat, c’est avec des études. (…) l’étude EPI3 n’a pas été financée par Boiron[8] c’est une étude pharmaco-épidémiologique, si vous l’avez bien lu on ne peut plus avoir le même regard sur l’homéopathie après avoir lu EPI3 avec honnêteté scientifique en regardant les faits. »
S’ensuit une description de
l’étude…
C. Berthié — « C’est une collection de cas cliniques. C’est une observation. Une étude pour prouver quelque chose doit être randomisée.
D. Sciméca — Vous prenez les patients pour des imbéciles (…) vous pensez qu’ils sont suffisamment bêtes pour ne pas faire la différence.
C. Berthié — Ce n’est pas une question de bêtise, c’est une question de culture médicale et il y a des gens qui ne comprennent pas ce qu’est un niveau de preuve. (…)
D. Sciméca — Ne faites pas de hold up sur la science, elle ne vous appartient pas à vous toute seule. (…) depuis deux siècles si c’était de la poudre de perlimpinpin ça se saurait. (…) 50% des français ne sont pas des imbéciles, donc si depuis deux siècles ils y sont attachés c’est parce qu’ils ont des résultats.
(…)
Journaliste — Le Centre Contre les Manipulation Mentale estime que les médecines alternatives constituent une porte d’entrée vers les dérives sectaires.
D. Sciméca — Ben écoutez… Une porte d’entrée par où ? Je répète encore : nous sommes des médecins. Il ne faut pas confondre les non médecins qui proposent tout un tas de choses avec la pratique médicale d’approches alternatives. Cette approche alternative, en plus elle est plébiscitée et par le public et par les services hospitaliers. »
Il ne doit plus être utile de
souligner les sophismes employés, ce sont toujours les mêmes. On notera tout de
même la facilité avec laquelle Daniel Sciméca esquive les questions pour
marteler l’argument qu’il voulait faire passer ce jour-là : les
homéopathes sont des médecins, donc l’homéopathie est de la médecine. Le reste
ne serait que littérature, en quelque sorte. Une rhétorique dévastatrice, car
en effet l’auditeur lambda veut qu’un médecin lui parle médecine, et pas
statistique. Et pourtant…
10 avril. La Croix — Faut-il en finir avec l’homéopathie ?
L’article présente le point de
vue des anti #FakeMed, puis celui des homéopathes.
Le SNMHF : « L’homéopathie donne satisfaction à des millions de patients en France, bien plus encore dans le monde (…) J’aimerais dire aux signataires que les milliers de médecins qui utilisent l’homéopathie sont tout aussi compétents qu’eux. »
L’avis du laboratoire Boiron est
demandé ; pour les labos les produits homéopathiques représentent un « coût
faible pour l’assurance-maladie puisqu’ils ont représenté 0,29 % des
remboursements » de médicaments en 2016, c’est-à-dire la modeste
somme de de 56 millions d’euros sur un total de 19 milliards.
L’article ne précise pas qu’il faut ajouter le coût à la charge des mutuelles.
Le laboratoire précise comme
d’habitude que 25 % des généralistes et 75 % des sages-femmes
prescrivent très régulièrement de l’homéopathie, et que 50 % des Français
y ont déjà eu recours.
« Ce n’est quand même pas
sans raison si autant de patients se tournent vers l’homéopathie »,
lance le docteur Antoine Demonceaux, généraliste homéopathe à Reims. Au cours
de sa carrière longue de 35 ans, il a vu sa patientèle s’accroître. « Au
début, c’était plutôt des classes moyennes supérieures assez bobos et intellos.
Aujourd’hui, toutes les catégories sociales viennent me voir ».
L’article couvre également le
point de vue des signataires de la tribune en restituant les contenus des
interventions de Jérémy Descoux et Christian Lehman dans les jours précédents.
On rappelle que l’ordre des médecins a demandé son avis à l’Académie de
médecine… qui l’avait déjà donné en 2004.
11 Avril. Le Figaro — Appel des 124 contre les «médecines alternatives» : premières plaintes contre les signataires
Les premières plaintes
nominatives ont été envoyées au CNOM. Le Dr Meyer Sabbah, médecin généraliste
adepte des médecines alternatives et président de deux des organisations
syndicales à l’origine de la plainte fait une annonce digne d’un preneur
d’otage : « Nous allons
ensuite tirer au sort deux médecins dans la liste tous les quinze jours pour de
nouvelles plaintes. »
11 avril. RMC. Agnès Buzyn chez J-J Bourdin :
Madame la ministre : «
L’homéopathie est la seule [des pratiques de soin non conventionnelles] à être
remboursée. Les français y sont attachés. C’est probablement l’effet placebo.
Si ça permet d’éviter des médicaments toxiques, je pense que nous y gagnons
collectivement. Ça ne fait pas de mal. (…) Si ça continue à être bénéfique,
sans être nocif, ça continuera à être remboursé. »
12 avril. Le Monde — Des médecins portent plainte au conseil de l’ordre après une tribune contre les médecines alternatives
L’article relaie d’abord
l’information du Figaro : « des
organisations syndicales de médecins homéopathes, mésothérapeutes ou
d’acupuncteurs ont déposé plainte auprès du conseil de l’ordre de la profession
contre 10 des 124 signataires – cinq médecins qui se sont exprimés dans les
médias après la publication de la tribune, et cinq autres l’ayant signée. (…)
Les syndicats reprochent des propos « offensants, diffamatoires et même
insultants » et « contraires aux principes déontologiques de confraternité, de
considération de la profession », rapporte Le Figaro.
Ils demandent des « excuses publiques ».
Vincent Ropars, l’un des
signataires de la tribune qui devra s’expliquer devant le conseil de l’ordre
des médecins, et médecin généraliste remplaçant dans le Finistère, se dit« fier
de ce qui [lui] arrive » sur Twitter : « Si des contradicteurs amènent les
débats sur le terrain de la plainte ordinale, c’est parce que probablement
aucun argument valable ne leur paraît possible d’amener sur le terrain du débat
public. »
12 avril. BFMTV — Des médecins visés par une plainte après avoir signé une tribune contre les médecines alternatives
L’article, de bonne qualité, relate la plainte et l’avis du conseil des
Académies des sciences émis en 2017.
12 avril. Science et avenir — Agnès Buzyn favorable au remboursement de l’homéopathie malgré un « probable effet placebo »
Etat des lieux de la polémique et citation du site
du ministère de la santé avec un avis datant de 2016 : « L’utilisation des médicaments homéopathiques
ne s’appuie pas (…) sur la médecine basée sur les preuves, mais sur la notion
d’usage traditionnel » et de ne jamais l’utiliser en remplacement des
médicaments dans les « maladies graves telles que le cancer » sous
peine d' »interférer de façon préjudiciable sur l’évolution de ces
pathologies ». »
13 avril. Le Figaro Santé — Comme le dit Agnès Buzyn, l’homéopathie est-elle vraiment sans danger?
L’article reprend les déclarations de la ministre sur RMC deux jours
plus tôt, et en particulier une idée très répandue sur l’homéopathie, mais
aussi très contestée, qui est que cela « ne fait pas de mal ».
Le Pr Jean-François Bach, membre de l’Académie des Sciences, est
interviewé : « Il y a toujours un risque de détourner le malade de
traitements réellement efficaces. »
« L’homéopathie peut avoir un effet nocif en retardant la
consultation d’un médecin ou en dissuadant le patient de rechercher les soins
médicaux appropriés, qui seront basés sur des preuves scientifiques»,
expliquaient en 2017 les experts des Académies des sciences européennes
Un bon article qui apporte une information scientifique.
13 avril. Le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF) envoie une lettre recommandée au Conseil national de l’ordre des médecins.
La plainte s’avèrera irrecevable, car «Il ne peut pas y avoir d’action de
groupe et une plainte ne peut être déposée qu’à l’encontre d’un individu, et à
l’échelon départemental.»
13 avril. Slate — Fake médecines, vraies questions de société
Article très complet qui récapitule les évènements qui ont suivi la
publication de la tribune puis Propose l’interview de Juliette Ferry-Danini,
philosophe des sciences. Elle montre la pertinence des préoccupations mise en
avant par la tribune et la faiblesse des réponses qui lui sont apportées :
« [Selon] les philosophes Tom L. Beauchamp et James F. Childress, il y a
quatre principes en tension qu’il faut s’efforcer de faire cohabiter en
médecine : le respect de l’autonomie du patient (information et respect
des choix), la bienfaisance (promouvoir ce qui est le plus avantageux pour le
patient), la non-malfaisance (éviter de causer un préjudice) et enfin, la
justice (établir des priorités dans l’allocation des ressources). Dans leur
tribune, on constate que les auteurs plaident clairement en faveur de
l’autonomie du patient (en valorisant l’information sur l’homéopathie), leur
démarche s’intéresse aussi à la justice (en demandant à ce que les ressources
allouées à l’homéopathie soient détournées vers des dispositifs mieux
éprouvés), ainsi qu’à la bienveillance (en souhaitant valoriser les traitements
les plus efficaces pour le patient). Leurs arguments sur la non-malfaisance,
c’est-à-dire sur les dangers de l’homéopathie, sont sans doute les moins
solides, donc les plus souvent attaqués par leurs contradicteurs. Mais on n’a
pas besoin de valider tous les critères pour pouvoir trancher : il est
suffisant de reconnaître que l’autonomie et la justice sont bafouées par les
médecines qui ne montrent pas leur efficacité.»
Un très bon article qui place la réflexion scientifique et
épistémologique au cœur de la question de ce que l’on sait à propos des
pratiques thérapeutiques.
19 avril. Europe 1 — Agnès Buzyn : « Nous allons fluidifier l’accès à l’hôpital »
La ministre : « En tant que scientifique je considère que
l’homéopathie ne peut pas fonctionner autrement que par effet placebo. (…)
Si on doit se poser la question du remboursement de l’homéopathie, on doit plus
généralement se poser la question du remboursement de médicaments très peu
efficaces. »
Et l’hôte de l’émission, Patrick Cohen, de réagir « Et bien voilà.
Oui…. Non ? »
La ministre explique que ce n’est pas une priorité car l’économie
engendrée serait très faible. On constate que l’argument spontané est
budgétaire, et que la femme politique refuse d’aller au bout de la logique
qu’elle a elle-même expliquée.
26 avril. Le Figaro. Toc toc docteur — Homéopathie : retour sur une tribune polémique
Une émission qui informe bien le
public et remplit donc parfaitement son rôle.
Les invités : le médecin
Christian Lehman et la philosophe des sciences Juliette Ferry-Danini sont tous
les deux critiques envers l’homéopathie. Les journalistes présents expliquent
le principe de la dilution hahnemanienne et la dérogation dont jouissent les
produits homéopathiques pour être mis sur le marché, mais aussi l’histoire de
la mémoire de l’eau et le principe du placebo.
Christian Lehman donne l’exemple
de l’Espagne où les Universités qui avaient ouvert des diplômes d’homéopathie
il y a quelques années ont ensuite pris la décision de les fermer.
Ajoutons l’exemple du Georgian college, à l’université de l’Ontario au Canada, qui a fermé son diplôme d’homéopathie en février 2018. Sur ce dossier, Joe Schwarcs,
directeur du bureau Science et société de l’Université McGill déclare :
« Qu’à notre époque, avec tout ce que nous connaissons de la science, une
tartufferie vieille de deux cent ans soit légitimée et scandaleux. (…)
Laisser les étudiants traverser trois ans d’absurdités afin qu’ils puissent
aller pratiquer des traitements placebo est totalement injuste envers eux, et
c’est injuste envers le public. »
Enfin, C. Lehman précise que beaucoup
de psychothérapies efficaces ne sont pas remboursées, pas plus que les
consultations chez les nutritionnistes, tandis que d’autres soins sans
efficacité sont remboursés, qu’il s’agisse des médicaments anti Alzheimer… ou
de l’homéopathie.
30 avril. Reporterre — Efficace et bon marché, l’homéopathie est la bête noire de l’industrie pharmaceutique
Article de mésinformation, une habitude de la part de ce site qui
carbure souvent en suscitant la panique. L’auteur, Patrice Rouchossé, est
vétérinaire depuis 25 ans. Il pratique l’homéopathie auprès d’éleveurs en
recherche de solutions alternatives. L’article tout entier est coloré de
conspirationnisme : Big Pharma et son lobby tentent de détruire
l’homéopathie.
3 mai. Contrepoints — Homéopathie remboursée : à quoi joue donc Agnès Buzyn ?
Dans cet article d’opinion, le docteur Richard Guédon autopsie la rhétorique de Boiron :
« Boiron met en avant, à défaut d’une efficacité improuvable par définition, « l’efficience » de l’homéopathie, autrement dit : nos produits ne sont pas plus actifs qu’un placebo, mais ils ont quand même une certaine efficacité puisqu’un placebo est actif.
Or un placebo ne peut être nocif, puisqu’il n’y a pas de produit actif dedans, donc nos produits sont légèrement actifs, comme le placebo mais non nocifs, ils sont donc supérieurs aux produits véritablement actifs, qui payent leur efficacité par des effets secondaires.
Au total, le Laboratoire Boiron et la Ministre tiennent aux médecins le raisonnement suivant : pour être sûrs de ne pas nuire à vos patients prescrivez des substances inactives. Nous touchons là le fond de l’absurdité du principe de précaution anti scientifique qui sévit un peu partout aujourd’hui. »
4 mai. Le Figaro Santé — Tribune contre les médecines alternatives : nouvelles plaintes contre les auteurs
On explique que le SNMHF ne peut porter plainte en une seule fois
contre le groupe des signataires de la tribune et qu’il va devoir les attaquer
individuellement pour « non-confraternité
et non-respect du code de déontologie ».
« Je constate que ceux qui nous attaquent ont choisi de ne pas le faire sur le fond scientifique de nos propos, à savoir l’absence de preuve de l’efficacité des médecines alternatives, mais simplement sur la forme, par la voie d’une procédure auprès du Conseil de l’ordre», regrette le Dr Jérémy Descoux, membre des 124.
« Notre double formation, conventionnelle et complémentaire, nous permet justement de conseiller au mieux les patients, afin de leur éviter de s’égarer sur des chemins hasardeux (…) C’est pourquoi nous refusons d’être confondus avec des « charlatans en tout genre ». Nous remercions vivement à cet endroit le Conseil National de l’Ordre des Médecins pour la prise de position exprimée dans son communiqué de presse du 22 mars 2018. »
9 mai. Le Quotidien du médecin — Fake médecines » : le syndicat des homéopathes veut porter plainte contre chacun des 124 auteurs de la tribune
L’article précise la position du président du SNMHF par la voix de son
président, Charles Bentz : « nous
attendons une sanction ». Il
demande le retrait de la tribune qu’il juge « diffamatoire » et exige
des « excuses publiques
et tout aussi médiatisées que la tribune ». Sur la nature de la sanction : « laissons faire le Conseil de l’ordre. »
Lors d’une plainte, le CNOM organise toujours une séance de
conciliation. Les plaignants ont informé qu’ils ne s’y rendraient pas tant que
des excuses publiques ne leur seront pas présentées. « C’est une faute déontologique de leur
part de ne pas vouloir trouver un terrain pour discuter », répond Jérémy Descoux.
L’UNADFI s’intéresse à la question car elle sait combien les « médecines douces », « thérapies alternatives » et autres mouvements non médicaux liés à la santé et au bien-être sont propice aux abus et aux dérives de nature sectaire.
21 mai. France Culture — Médecines alternatives, je soigne moi non plus
Mise en avant du besoin de croire, de la dimension spirituelle à côté
de l’importante rationalité.
23 mai. Le Monde — « Homéopathie : l’étrange exception française »
(Pas accès à la totalité de
l’article)
24 mai. LCI — Homéopathie : face aux menaces sur le remboursement, les homéopathes répliquent
Le docteur Florence Paturel, médecin à Vannes et secrétaire générale du
Syndicat national des médecins homéopathes français nous explique que l’homéopathie
fait partie intégrante de la médecine et affirme son efficacité avec deux
exemples pour lesquels on souhaiterait consulter les sources : « En
France, si on prescrit de l’homéopathie sans être médecin cela s’apparente à de
l’exercice illégal de la médecine. On est donc très loin du charlatanisme en
question. (…) On sait, par exemple, que les sages-femmes qui prescrivent de
l’homéopathie disent que les femmes accouchent de façon beaucoup plus douce et
plus rapide. Par ailleurs, de nombreux chirurgiens prescrivent de l’homéopathie
avant leurs opérations car ils savent que la récupération du patient sera bien
meilleure. » Puis elle cite la fameuse étude EPI3
Un autre médecin d’orientation homéopathe vient plaider l’impossibilité
de tester l’homéopathie comme les autres médecines en raison de
l’individualisation des soins qui interdirait les études en double aveugle.
L’article est tout entier au service du discours pro-homéopathie.
24 mai. France Inter — Le Grand Entretien avec Agnès Buzyn.
Agnès Buzyn, au sujet des vaccins : « Il faut voir réapparaître la
rationalité et la vérité dans le débat public. »
Un vœu qu’il faut conjuguer avec l’homéopathie, ce à quoi elle semble
déterminée : « L’homéopathie pourrait rentrer dans le droit commun et être
évaluée scientifiquement. Si elle est utile, elle restera remboursée. Si elle
est inutile, elle arrêtera de l’être. (…) Le problème de l’homéopathie est
qu’elle n’a jamais été évaluée comme les médicaments. »
Cette dernière phrase ne signifie pas que les études n’existent pas,
car la ministre de la santé ne peut pas ignorer ce qu’il en est. Ce qu’il faut
entendre, c’est que les autorités de santé n’ont jamais fait leur
travail : évaluer les produits homéopathiques comme n’importe quel autre
médicament. Cette mise au point a son importance.
24 mai. Allô Docteur — Agnès Buzyn : « On a décidé de rembourser l’homéopathie sans aucune évaluation scientifique »
L’article revient sur cette déclaration et rappelle l’état des
connaissances. En fait cette citation, signifie que la ministre prend acte que
la décision de remboursement n’avait pas de fondement scientifique.
25 mai. Le Monde — Homéopathie : Agnès Buzyn évoque une évaluation scientifique
L’article reprend les déclarations de la veille de la ministre.
L’article informe bien en rappelant les chiffres que représente le
remboursement même partiel de l’homéopathie en France.
25 mai. BFMTV — Vers la fin du remboursement de l’homéopathie?
Simple résumé de la polémique et de la position de la ministre.
De manière discrète, sans réellement entrer dans le débat, la HAS a laissé fuiter son avis sur l’homéopathie en publiant une fiche sur le produit « Aesculus » des laboratoires Boiron suite à une demande de renouvellement d’inscription au dossier des médicaments remboursés par la Sécurité Sociale : « La Commission s’étonne du maintien du taux de remboursement à 30% des médicaments homéopathiques à nom commun compte tenu du taux de remboursement à 30% voire 15% de médicaments ayant fait la preuve de leur efficacité. » La même remarque figure le même jour sur la fiche du produit « Hamamelis » des mêmes laboratoires.
La HAS s’est ensuite abstenue de donner un avis sur ce renouvellement alors
que la règlementation les y oblige en temps ordinaire. La déclaration va passer
inaperçue pendant plus d’un mois…
15 juin. Libération — « Homéopathie : la guéguerre repart à pleins tubes »
Avec 2 mois de retard, Libération couvre l’affaire de la tribune
(qualifiée de « brûlot ») avec une grande désinvolture, comme si le
sujet ne méritait pas qu’on s’y intéresse : « Ce sempiternel débat
s’est pris un sacré coup de jouvence le 19 mars. Dans le Figaro, une tribune au vitriol signée
par 124 médecins au passé plutôt respectable étrillait
les médecines alternatives, avec l’homéopathie pour cœur de cible. Comme
s’il y avait péril en la demeure, perdant toute nuance, les signataires parlent
de « fake
medicines », évoquent
des pratiques «ésotériques»,
«sans aucun fondement scientifique», «nourries par des charlatans» et «basées sur des croyances promettant une guérison miraculeuse». »
« Comme l’a déclaré au Monde, le 23 mai, le très silencieux Christian Boiron, patron du leader mondial du médicament homéopathique, tout cela n’a pas beaucoup d’importance : «Ces polémiques n’intéressent pas grand monde. Peut-être un microcosme. Cela ne change pas un gramme des granules que nous pouvons vendre ou ne pas vendre.»
Cet article ne respecte pas l’enjeu de l’affaire et fait de
Christian Boiron une sorte de sage au-dessus de la mêlée, indifférent à ces
vitupérations inutiles.
15 juin. Libération — Jean-François Masson : «Réduire l’homéopathie à un effet placebo ne tient pas»
Libération persiste et signe avec une interview qui donne le beau rôle
aux homéopathes au mépris des connaissances scientifiques. La journaliste
Sabrina Champenois fait sienne le mot allopathie tout au long de ses
phrases pour incriminer « La
tribune parue dans le
Figaro, texte d’humeur, de
haine et de mépris, [qui] est vide, dépourvue de chiffres et mensongère. »
L’homéopathe Jean-François Masson a toute latitude pour décocher
l’argument fallacieux de l’expérience personnelle : « Par exemple,
je vois des gosses en octobre qui ont fait l’année précédente
quinze otites avec des consultations de généralistes, de pédiatres,
d’otorhinos, avec des prises d’antibiotiques, et qui en quelques mois sont
vraiment guéris. Quand j’ai été nommé à Bichat en gynécologie, payé par
l’Assistance publique, j’ai appliqué l’homéopathie aux cystites et aux mycoses
à répétition. Je les guérissais en une heure ou deux avec des granules, et en
traitant le terrain, la répétition disparaissait. »
Ce que ce monsieur aurait dû fournir, ce sont les études qui valident
l’efficacité de l’homéopathie pour soigner les otites, les cystites, les mycoses…
car son appréciation personnelle pourrait bien, comme celle de n’importe qui,
être biaisée. On observe que le niveau d’efficacité qu’il allègue n’a rien de
subtil et d’inaccessible à la preuve scientifique.
L’article est très critiqué par le milieu sceptique et scientifique sur
les réseaux sociaux. La journaliste Sabrina Champenois y répond en ces termes
le 16 juin sur twitter : « C’est
émouvant, cette communauté d’esprits obtus #émotion. Et tous les Français qui
recourent à l’homéopathie sont juste des décérébrés de première catégorie,
allez un bûcher pour les médecins qui osent la pratiquer » Suivent
trois émoticones de mains qui applaudissent. Nous vous laissons le soin de
détecter le sophisme ici employé.
Le désaveu de l’homéopathie est feutré, mais il est bien là :
« Le Conseil national rappelle toutefois que le code de la santé
publique relatif à la déontologie médicale interdit de présenter comme
salutaires et sans danger des prises en charge ou des thérapeutiques non
éprouvées.
Tel est le cadre déontologique
qui s’impose à tous. »
19 juin. Le Figaro Santé — L’Ordre des médecins prend position contre l’homéopathie
Analyse du communiqué du CNOM : « L’Ordre précise
également – et c’est la première fois – que la délivrance d’un tel traitement
ne peut se faire qu’après avoir « délivré au patient une information
loyale, claire, et appropriée ». En d’autres termes, le médecin doit
prévenir les patients que l’efficacité de l’homéopathie est au mieux
équivalente à un placebo, au pire nulle, avant de leur en prescrire »
19 juin. Science et avenir — « Médecin homéopathe, ça n’existe pas » pour l’Ordre des médecins
Le titre est une citation de Jacques Luca, vice-président du CNOM, lors
d’une conférence de presse au sujet du communiqué de l’ordre : « J’espère
que les universités en tireront les conclusions », ajoute le président
de l’Ordre, Patrick Bouet, en évoquant les formations universitaires en
homéopathie, non reconnues.
19 juin. Le Parisien — Pour l’Ordre des médecins, l’homéopathie est une pratique «non éprouvée»
« Coup de grâce, l’instance plaide pour la disparition de la mention « homéopathie » des plaques des médecins, sauf si elle est précédée de la mention « médecin généraliste » ou « médecin cancérologue ». Après la tribune des 124 médecins, des syndicats de médecins homéopathes et autres avaient déposé plainte au Conseil de l’Ordre contre plusieurs signataires. Ils savent maintenant ce que l’Ordre en pense. »
19 juin. Le Point — L’Ordre des médecins prend ses distances avec l’homéopathie
Compte rendu de la position du CNOM.
21 juin. France Info — Effet placebo ou réelle efficacité ? Voici ce que la science nous dit sur l’homéopathie
Bon article sur l’effet placebo et l’absence d’effet spécifique de
l’homéopathie.
26 juin. Le Républicain Lorrain — Homéopathie : les petits granulés blancs en question
Cet article reprend les éléments de langage des pro-homéopathes sans
distance critique ni référence à l’état de l’art. Il ne remplit donc pas son
rôle d’information du public.
« Cette pratique qui repose sur la dilution forte de différents principes actifs ne répond pas aux critères, molécule par molécule, des tests scientifiques dédiés à l’allopathie. « Ils estiment que quelque chose que l’on ne peut pas quantifier ne peut pas marcher, s’étonne le Dr Maire. Or, l’homéopathie induit un processus, alors que le médicament induit de la chimie. C’est un processus informatif, envoyé dans le corps et qui peut déclencher immédiatement une réaction. Mais au moins, ça ne nuit pas. »
« Quand j’étais jeune et bête, à titre personnel, je n’y croyais pas, ose Laurent Jacques, pharmacien à Nancy (…) « Il est reconnu que les Français consomment trop de médicaments, qu’il n’y a pas assez de prévention. L’homéopathie fait partie des alternatives et ne coûte pas grand-chose. » Un peu de rondeurs dans cette polémique. »
26 juin. Le Point — TRIBUNE. L’homéopathie ne peut pas faire de mal, vraiment ?
Analyse pertinente des discours et des croyances au service de l’homéopathie. Premier argument, celui qui veut que l’homéopathie coûte moins cher
« L’épargne médicamenteuse alléguée grâce à l’homéopathe n’est pas démontrée. Cette idée préconçue est remise en cause par une récente étude de la CNAM : sur une année (2011-2012) de produits homéopathiques prescrits et remboursés, sept fois sur dix un médicament allopathique figurait aussi sur l’ordonnance. Ces données vont contre mais ne réfutent pas formellement l’argumentaire de l’épargne ; elles soulignent par contre la nécessité de sortir d’une idée préconçue et de disposer de données factuelles. »
La tribune insiste sur le danger d’une dépendance médicamenteuse… y
compris à un produit placebo. L’homéopathie pourrait donc faire partie des causes
des problèmes de surmédicamentation en France. Et cela contredit singulièrement
les idées reçues sur la question.
« En effet, une prescription médicamenteuse n’est a priori à effectuer que si elle est pharmacologiquement utile. Il y a déjà suffisamment de produits sans activité thérapeutique réelle dans la pharmacopée française pour ne pas en rajouter »
29 juin. Le Quotidien du médecin — Tribune contre l’homéopathie : l’Ordre du 92 s’associe à la plainte contre un généraliste signataire !
« Le Quotidien »
obtient des explications du président du conseil départemental, le
Dr Christian Hugue, phlébologue. Il souligne que la transmission de la
plainte est une procédure obligatoire. Le conseil ordinal n’est pas obligé
de s’associer à la plainte, mais dans ce cas, il a voulu condamner « la démarche anticonfraternelle du
médecin généraliste ». « La décision de s’y associer a été
votée à l’unanimité en conseil ordinal ». « Je ne soutiens ni les
médecins généralistes ni les médecins homéopathes. Mais nous ne trouvons pas
normal que les médecins se tapent les uns sur les autres comme cela. »
22 juillet. Le Généraliste — Évaluation de l’homéopathie : le ministère de la Santé n’a pas encore saisi la HAS
« Agnès Buzyn avait
indiqué le 25 mai que l’homéopathie ferait « l’objet d’une
évaluation » cet été par la Haute autorité de santé (HAS). »
Or, selon l’article, ce ne serait pas encore fait officiellement.
23 juillet. Site Pourquoi docteur — Homéopathie : la Haute autorité de santé tacle le remboursement
L’avis émis discrètement par la HAS le 19 juin est enfin détecté et
révélé au public.
25 juillet. Le Quotidien du médecin — La HAS « s’étonne » du maintien du remboursement de certains médicaments homéopathiques
Idem.
26 juillet. France Info — Le syndicat des homéopathes porte plainte contre les 124 professionnels de santé signataires d’une tribune contre les « médecines alternatives ».
Les 124 publient sur les réseaux les courriers afférents aux plaintes
qu’ils reçoivent.
27 juillet. Figaro santé — L’appel de 124 professionnels de la santé contre les «médecines alternatives»
Nouvel article qui rappelle l’ensemble de l’affaire. Le Figaro assure
la présence de cette affaire dans les médias et assume son rôle de journal où
la polémique a débuté.
27 juillet. Science et avenir — Tribune anti-homéopathie : les adeptes portent plainte auprès de l’Ordre des médecins
Information sur la poursuite de la campagne de plaintes contre les
auteurs.
27 juillet. Libération — Les homéopathes saisissent l’Ordre des médecins après une tribune anti-homéopathie dans le «Figaro»
Le récit de la plainte est livré du point de vue des homéopathes.
Libération confirme son parti pris.
28 juillet 2018. Le parisien — Homéopathes contre médecins classiques : « Ils nous ont traités de charlatans »
Après l’habituelle victimisation, Charles Bentz, président du
SNMHF, assène : « Allez dire à près de la moitié des Français que
l’homéopathie ne sert à rien… » ; pur sophisme d’appel à la
population (Ad populum). Un élément classique de la rhétorique des
pro-homéopathie.
29 juillet. France Inter — C’est la guerre des blouses blanches !
Minuscule chronique qui
rappelle la plainte devant le CNOM
31 juillet. Le Monde — « Après une tribune visant les médecines alternatives, les homéopathes saisissent l’ordre des médecins »
Les plaintes arrivent chez les 124.
2 août. La Croix — Les tensions autour de l’homéopathie se poursuivent
Bon article qui commence par offrir un droit de réponse au sophisme du
28 juillet.
François Loez, médecin à Lomme (Nord) et signataire du texte : « Nous n’avons pas attaqué des gens,
mais une pratique ». Il se
félicite que la tribune ait contribué à ouvrir un débat dans la société.
Mais la parole est malgré tout
donnée à Charles Bentz : « La
discussion autour de l’homéopathie n’est pas nouvelle, mais cette violence
contre nous est inédite ». Pour lui les plaintes ordinales sont
parfaitement justifiées parce que : « C’est une affaire de principe. On ne peut pas impunément laisser dire
tout et n’importe quoi. Il n’est pas admissible que les signataires de cette
tribune veuillent dénier notre titre de médecins : nous avons tous suivi des
études médicales complètes. »
2 août. La Voix du Nord — Convoqué devant l’Ordre des médecins pour une tribune hostile à l’homéopathie
Brève sur Matthieu Calafiore, médecin généraliste à Wattrelos, membre
des 124.
2 août. Consalud (journal espagnol) — « Los estudiantes de Medicina denuncian las pseudoterapias »
Les choses bougent aussi en Espagne. Traduction par le groupe facebook
« FakeMed » :
« Les futurs médecins dénoncent les pseudo-thérapies ou les thérapies alternatives sans fondement scientifique parce qu’ils considèrent qu’elles « nuisent gravement à la santé de la population en faussant et en interférant avec la pratique clinique « , comme l’a déclaré le Conseil d’État des étudiants en médecine (CEEM) dans une déclaration.
Dans la lettre, les étudiants en médecine ont déclaré : » Nous sommes très inquiets des dommages causés par ce que l’on appelle les pseudosciences, car ce sont des pratiques sans fondement scientifique qui peuvent nuire gravement au patient et à la société, puisqu’elles sont fondées sur de fausses promesses et sur le charlatanisme. »
Afin de réaffirmer sa position sur les thérapies alternatives, le CEEM a mené le 14 juillet une campagne dans le centre de Madrid où des informations ont été fournies à la population. En outre, pendant les 7 sessions de formation 2.0, un espace a également été consacré aux pseudosciences avec Jerónimo Fernández Torrente, trésorier et coordinateur de l’Observatoire contre les pseudosciences, les pseudo-thérapies et l’exercice frauduleux de la médecine de l’Organización Médica Colegial (OMC).
Dans ce sens, le CEEM prévoit de mener une campagne au cours des trois prochains jours à travers ses réseaux sociaux pour expliquer le sens et les risques des thérapies alternatives, dans le même ton que celui du 19 juillet dernier sous le hashtag #StopPseudociencias.
En outre, les étudiants en médecine demandent au gouvernement et aux autorités compétentes de s’efforcer d’informer la population sur la réalité de ces pratiques et les dangers qui y sont associés. » »
8 août. France Info — Les Informés.
Cette émission désastreuse est un exemple hélas révélateur du paysage médiatique français où trop souvent des individus rassemblés sur un plateau s’expriment sur des sujets qu’ils ne maîtrisent pas avec un tel aplomb qu’on se dit qu’ils doivent bien savoir de quoi ils parlent. De toute évidence, les participants du 8 août ne sont pas informés et relaient des éléments de langage vus ailleurs. Le public ne sera donc pas informé non plus, mais croira le contraire, ce qui est potentiellement grave.
Christophe Pierrel, ancien chef de
cabinet adjoint de François Hollande à l’Elysée est
désormais à la succursale de la Caisse des Dépôts et Consignations en Savoie et
enseignant à Sciences Po commence par affirme que les homéopathes
sont des « médecins spécialistes » : « C’est
des docteurs en médecine qui ont fait 10 ans d’études et qui à un moment, ont
choisi cette spécialité-là, parce qu’elle est plus douce, parce que, justement,
elle permet d’autres choses, mais c’est des gens aussi qui ne sont pas des
dangereux ! » En réalité homéopathe n’est pas une spécialité
médicale, et cet abus de langage démontre l’ambiguïté des DU d’homéopathie.
Julien Leclercq, éditeur
et écrivain, s’exprime sur la tribune « (elle) est portée par des médecins qui sont très attachés à ce qu’ils
ont appris à l’école et qui manquent cruellement de curiosité. (…) Il y a
d’ailleurs une centaine de médecins qui ont publié une lettre ouverte dans Le
Monde (en réalité dans le Figaro) il y a quelques mois mais d’une débilité
profonde, pardon, et d’un aveuglement profond surtout, qui ont
comparé les homéopathes à des charlatans. »
La troisième invitée, Patricia Balme, ex-journaliste et communicante politique, a le temps de donner son opinion selon laquelle l’homéopathie n’a pas plus d’effet qu’un placebo et constitue « une pharmacopée psychologique », mais aussitôt Christophe Pierrel la contredit en citant l’étude EPI3. (toujours la même étude qu’ils font mentir…)
Inarrêtable, il poursuit :
« Dans mon département, les Hautes-Alpes il y a des agriculteurs qui soignent leur bétail avec de l’homéopathie, donc c’est pas de l’effet placebo, c’est pas psychologique, alors à moins qu’on m’explique que les moutons chez moi savent ce qu’est un médicament, mais enfin… Ça veut dire qu’il y a des effets aussi chez les animaux, ça veut dire que c’est pas psychologique, ça veut dire qu’il y a d’autres ressorts. Il y a une chose qu’on ne dit pas dans l’homéopathie, c’est que c’est pas de la chimie, mais ça peut être aussi de la physique et que la question physique, elle peut aussi avoir des résonances sur le corps, et que ça on nous l’apprend pas à l’école. Et comme on ne l’apprend pas à l’école, et bah ça nous dépasse… »
Ensuite, Christophe
Pierrel explique que les antidépresseurs ont beaucoup d’effets
indésirables, défaut que n’a pas l’homéopathie : «
J’ai ramené un tube d’homéopathie mais
dessus, y’a pas 50 000 recommandations pour pas que ça fasse de mal. »
Patricia Balme — « Oui mais ça ne fait peut-être aucun effet »
Christophe Pierrel — « Y’a 50% , y’a exactement le même nombre de personnes qui se guérissent grâce à ça d’après l’étude que je viens de vous dire. Donc la preuve que ça marche. Cette question-là, je la trouve complètement déplacée dans un contexte où, en plus, on fait faire des économies à la sécurité sociale grâce à ça. »
C. Pierrel fait dire à l’étude
EPI3 ce qu’elle ne dit pas.
Jean-Christophe Gallien, politologue et président de JCGA apporte ses lumières :
« C’est un peu l’idée qu’il y a aussi de l’alternatif à la chimie et à ce qui se passe ailleurs. Il faut savoir que le professeur Montagnier, celui qui a découvert le virus du SIDA en France et qui a été un des premiers acteurs sur le traitement, il travaille encore sur ce que l’on a pu appeler dans l’histoire ancienne la fontaine de jouvence, en fait que l’eau peut nous aider, nous soigner. Il travaille en ce moment à la programmation, entre guillemets, je vais le faire très simple, de l’eau et ce qui serait presque comme une solution presque extraordinairement gratuite au traitement d’un certain nombre de maladies, pour ne pas dire beaucoup, et donc on peut aller beaucoup plus loin que la chimie peut nous permettre de le faire aujourd’hui, l’homéopathie c’est un chemin. »
Cette salade purement
pseudoscientifique s’étale à l’antenne sans aucune contradiction. Je rappelle
que nous sommes sur le service public.
Julien Leclerq —« Alors, Patricia Balme, la prochaine fois que vous avez une migraine, mettez de la lavande fine sur vos tempes, ça marche très bien (rires) »
Après cela, Julien
Leclerq livre une page de sa vie comme preuve de l’efficacité des
« médecines alternatives ». Avec plus de pudeur que lui-même, nous
n’y reviendrons pas.
Aucune information
véridique, sourcée, contextualisée, n’est fournie aux auditeurs. Comment ne pas
qualifier ce programme de mésinformation ? Et comment ne pas considérer
que cela jette le discrédit sur tous les autres numéros de cette émission où
l’on sera forcé de se demander si tous les invités ont ce niveau de compétence
des sujets qu’on leur demande de traiter.
9 août. Europe 1 — Europe midi.
Dix minutes de débat
animé par Marielle Fournier entre Daniel Sciméca, Président de la Fédération
Française des Sociétés d’Homéopathie, et Jérémy Descoux.
D. Sciméca attaque bille en tête avec les éléments de langage que l’on connait, in extenso :
« On ne peut plus dire aujourd’hui, on en a un petit peu assez de ce sempiternel argument qui ne repose sur rien que l’homéopathie est comparable a un effet placebo. Je vous donne une étude qui est celle sur les hautes dilutions d’aspirine qui montre que l’aspirine à faible dose fluidifie le sang et qu’à dilution élevée, au contraire, elle facilite les caillots. Il y a tout un tas d’études, contrairement à ce qui se dit partout, parce que c’est facile qu’une académie de ceci ou de cela… une académie ce n’est pas une étude scientifique. Les études scientifiques regardées avec un œil honnête, par exemple l’étude EPI3 qui est la dernière et la plus parlante, montrent que l’homéopathie a une réelle efficacité. Donc nous ne comprenons pas pourquoi nous qui sommes dans la médecine conventionnelle, il n’y a qu’une seule médecine, moi je suis médecin, je vois des patients tous les jours que je soigne soit avec des médicaments homéopathiques soit avec des médicaments classiques. Je suis généraliste et il n’y a qu’une seule médecine. La tribune qui a été publiée n’est pas une tribune pour défendre la médecine conventionnelle mais, pourrais-je dire, pour traiter de façon extrêmement anticonfraternelle – je pèse mes mots– vingt mille médecins en France, qui prescrivent de l’homéopathie parce que c’est rationnel de le faire, parce que dans une période où la iatrogénie, les effets secondaires, les mésusages de médicament, on pourrait parler des somnifères on pourrait parler des antibiotiques, on pourrait parler d’un certain nombre d’objectifs de santé publique, c’est rationnel d’utiliser chaque fois qu’on le peut un médicament qui n’a pas d’effet secondaire, qui a une efficacité et qui est un médicament extrêmement sûr. D’ailleurs les Français ne s’y trompent pas, puisque un Français sur deux nous font confiance. Vous pensez bien que l’effet placebo à ce niveau-là, ça n’est pas possible. En tout cas ce que je voudrais souligner c’est le caractère très anti-confraternel, comme vous l’avez dit il y a une procédure en ce moment au niveau ordinal donc l’usage c’est de pas se prononcer sur une procédure en cours mais je pense que l’ordre des médecins fera son travail et qu’il va le faire dans les semaines ou les mois qui viennent. »
Jérémy Descoux dénonce
le statut dérogatoire des médicaments homéopathiques remboursés sans preuve
d’efficacité, Daniel Sciméca l’interrompt puis ne lui laissera plus l’occasion
de développer une idée.
« Vous savez bien pourquoi on a besoin de ce statut dérogatoire, parce que nous avons une pharmacopée qui est complexe, qui contient un grand nombre de médicaments. Et faire une autorisation de mise sur le marché comme pour le paracétamol ou pour un antibiotique pour chacun des plus de mille sept cents médicaments à toutes les dilutions c’est matériellement impossible, vous le savez bien. (…) On est très contents que Madame la Ministre souhaite que l’homéopathie soit correctement évaluée à condition que l’on ne tombe pas dans le piège d’évaluer un médicament pour lequel chaque patient a son profil – et on ne peut pas faire des grands nombres, des grandes séries comme avec un antibiotique ou autre chose où on fait des groupes placebo et cetera– il y a la spécificité du patient. Chaque patient a son médicament. Si on nous propose des protocoles que nous permettent d’évaluer de façon honnête c’est-à-dire en respectant cette individualisation du patient, nous voyons cela d’un très bon œil parce que nous savons que ça marche. Nous savons que l’évaluation sera bonne si elle est honnête. »
L’argumentaire est redoutable : toute évaluation négative de l’homéopathie est… malhonnête. On retombe sur l’incohérence dénoncée chez Hélène Roux : Daniel Sciméca sait que l’homéopathie fonctionne (« vous savons que ça marche »), mais affirme que personne ne dispose d’une manière de le prouver. À son corps défendant, sans doute, ce médecin défend une forme de foi et non une conviction rationnelle. Sur ce que prouve l’étude EPI3 et l’étude de 1987 sur les effets des hautes dilutions d’aspirine, Cf mon livre.
Cette émission a laissé Daniel Sciméca dérouler l’entièreté de son discours en enchaînant les sophismes, les postures, les attaques, le cherry picking, sans que jamais il ne soit mis en difficulté ni rappeler aux exigences de la logique par les journalistes.
23 août. 20 minutes — Homéopathie: Le maintien ou non du remboursement de ces médicaments décidé fin février
« Faut-il rembourser les médicaments homéopathiques ? C’est ce que doit trancher la Haute autorité de Santé (HAS), saisie par le ministère de la Santé pour rendre un avis sur l’efficacité de l’homéopathie. Le rapport est attendu pour fin février. »
23 août. Le Parisien — Remboursement de l’homéopathie : des réponses attendues en février
Pour le Docteur Florence
Paturel, médecin à Vannes et secrétaire générale du Syndicat national des
médecins homéopathes français, « Il
n’est pas question qu’on dérembourse les médicaments homéopathiques. (…)
Rappelons que ce sont des médecins qui les prescrivent [les médicaments
homéopathiques]. Et qu’ils doivent justifier d’un cursus d’enseignement
d’homéopathie, validé dans une école reconnue par l’Ordre des médecins. »
On voit ici explicitement
que le fait qu’il existe des filières universitaires enseignant l’homéopathie
est brandi comme un argument qui validerait la scientificité de la doctrine.
Quelques jours plus tard des universités vont y répondre.
24 août. Les Echos — Homéopathie : bientôt la fin du remboursement ?
L’article révèle un
courrier du ministère de la santé à l’AFP daté du 1er
aout : « Nous souhaitons recueillir l’avis de la commission de
transparence quant au bien-fondé des conditions de prise en charge et du
remboursement des médicaments homéopathiques. »
30 août. Sud Ouest — Homéopathie : la science attend des preuves
La parole à Céline Berthié,
médecin généraliste attaquée devant le CNOM par les
homéopathes : « Non-confraternité
ou corporatisme ? En clair, ils estiment qu’on n’a pas le droit de critiquer
des confrères : vrai. La meilleure façon d’éviter le débat de fond, c’est
de critiquer la forme. J’ai signé parce que cette remise en question était
urgente, je vois dans mon cabinet des patients qui s’automédiquent avec des
trucs alternatifs, dont l’homéopathie, se substituant à des thérapies
éprouvées, au risque d’un retard de prise en charge. Idem pour la vaccination.
Des morts pourraient être évités. »
30 août. France Inter — Homéopathie et médecine classique : le conseil de l’ordre arbitre le match
Position victimaire de
Christine Bertin-Belot, vice-présidente du SNMHF : « Ils n’ont pas utilisé le terme de diseurs de bonne aventure mais
c’était quasiment ça. Ils ont leur opinion, d’accord, ça fait 220 ans qu’on
entend les détracteurs de l’homéopathie. Mais déconsidérer comme ça des
médecins, qui sont des médecins comme eux, qui ont fait les mêmes études qu’eux,
c’est invraisemblable. »
Céline Berthié, signataire
de la tribune : « On constate
en cabinet la montée des pseudo-sciences, la montée de l’obscurantisme en
santé. Si l’on veut pouvoir être crédibles contre les thérapies non prouvées,
qui peuvent faire du mal aux gens, il faut que nous aussi médecins, on ne
s’appuie que sur des choses prouvées. »
Le contenu de l’article
est en total décalage avec son titre : « Sur le fond, le conseil de l’ordre refuse de se prononcer, prétextant
qu’il n’en a pas l’autorité scientifique. »
31 aout. Déclaration du Doyen de la faculté de médecine de Lille.
La
faculté vient d’annoncer la suspension de son DU d’homéopathie en attendant le
rapport de la HAS.
Le
Doyen : « Force est de constater que nous enseignons une médecine
fondée sur les preuves – on tient à une rigueur scientifique,
absolue –, et force est de constater qu’en parallèle l’homéopathie n’a pas
évolué, que c’est une doctrine qui est restée en marge du mouvement
scientifique, que les études sont rares sur l’homéopathie, qu’elles sont peu
solides, maintenir notre enseignement serait le cautionner. »
31 aout. LCI — Les remèdes homéopathiques sont-ils des médicaments comme les autres ?
« Non,
ce ne sont pas vraiment des médicaments » On nous présente le statut
dérogatoire de ces remèdes. « N’oublions pas que nous sommes au pays du
laboratoire Boiron, le leader de l’homéopathie dans le monde. »
1er septembre. Huffington Post — La fac de Lille suspend son cursus en homéopathie après le cri d’alarme de professionnels sur les « médecines alternatives »
L’annonce
est faite via un tweet : « La Faculté de Médecine de Lille décide
de suspendre son Diplôme d’Université d’homéopathie pour l’année universitaire
débutante dans l’attente de la position de la H.A.S. et d’échanges nationaux
sur l’encadrement de cette pratique et de son enseignement. »
2 septembre. France Info — Suspension du diplôme d’homéopathie à la faculté de Lille : « On est inquiets pour nos patients »
Déroulé
du point de vue du docteur Didier Deswarte, vice-président du syndicat national
des médecins homéopathes français
« Dans le débat de fond, nous sommes d’accord pour que l’homéopathie soit évaluée et nous tenons à participer à cette évaluation, mais elle doit être faite avec nos critères qui nous sont propres, un médicament homéopathique n’est pas la même chose qu’un médicament chimique, c’est une complémentarité. (…) Il faut que les bases scientifiques s’adaptent à notre modèle, nous avons aussi des références scientifiques sur le mode d’action du médicament homéopathique qui n’est pas le même que le médicament chimique. »
C’est
l’un des refrains des homéopathes : leur discipline est tellement subtile
qu’elle exige que la science s’y adapte. C’est un subtil argument de
l’ignorance (ce qui est un sophisme) : la science ne saurait pas faire,
serait incapable d’apporter les preuves… Et alors on se demande comment les
homéopathes sont en mesure d’être si sûrs d’eux. D’où tirent-ils une
connaissance dont ils affirment que la science est impuissante à la fournir ?
« Alors que des milliers de médecins et des millions de Français sont attachés à la place de l’homéopathie au sein de notre système de soins, le SNMHF dénonce l’esprit de « chasse aux sorcières » qui se met insidieusement en place et qui tourne le dos à la vision d’une médecine intégrative et réconciliée, telle que la pratiquent les médecins homéopathes dans notre pays. »
3 septembre. France Inter — Qu’est-ce qui nous pousse vers les médecines parallèles ?
La
journaliste Fabienne Sintes ouvre son antenne aux témoignages. On sait que le
témoignage est le mode de diffusion des rumeurs, des intox et des croyances. Il
faut écouter les témoignages, mais ne pas imaginer qu’ils prouvent que le
contenu d’une croyance est vrai. Premier témoignage : « Laissez-nous
tranquille. Laissez-nous choisir la méthode qui nous soulage. »
Sur
le plateau, les invités sont toutefois des spécialistes qui abordent la
question avec pédagogie.
Bruno
Falissard,
pédopsychiatre, professeur de biostatistique, praticien hospitalier, directeur
de l’unité INSERM U669 (santé mentale de l’adolescent) : « C’est
parce que c’est une question d’éthique qu’il y a autant de tension. »
Yannick
Schmitt, médecin, vice-président
du syndicat ReAGJIR, Regroupement Autonome des Généralistes Jeunes Installés et
Remplaçants. « Le premier médicament c’est d’abord le médecin. L’effet
placebo fonctionne avec le médecin généraliste même quand il n’a rien prescrit.
On peut donc très bien sortir d’une consultation sans prescription. »
Témoin « Je ne comprends pas qu’on oppose ces deux médecines. Les médecines alternatives sont préventives. Si on n’est pas malade, les laboratoires ne mangeront plus, c’est évident. »
Les soupçons sur les intérêts de
ceux qui profitent des maladies reviennent dans d’autres témoignages. Revient
aussi l’idée que : peu importe comment ça marche, l’important c’est
d’aller mieux. Cette idée repose sur la prémisse implicite (et naïve) que les
individus n’ont besoin d’aucune méthode objective pour savoir qu’un traitement
leur fait du bien.
4 septembre. ARTE — Les origines allemandes de l’homéopathie – 28 minutes
Cette séquence de trois minutes s’ouvre sur le mot « allopathie » et nous narre la jolie histoire du Dr Hahnemann qui « sauve » une petite fille promise à la mort par les autres médecins. L’histoire, anecdotique, est belle, mais invérifiable : de quoi exactement la petite fille souffrait-elle ? Quel était son état précis ? Comment l’avait-on soigné avant l’intervention du héros, etc ? Nous n’en savons rien. Mais l’entrée en matière est brillante si le but est de convaincre les foules de l’efficacité de l’homéopathie.
« C’est la naissance de l’homéopathie, surtout le succès de l’homéopathie ! »
Dans
le contexte de la polémique, cette séquence est incroyablement légère en
information et ressemble davantage à un acte de communication.
4 septembre. Europe 1 — « Il n’est pas légitime » de rembourser « les médicaments homéopathiques »
Cette
déclaration est celle de François Chast, pharmacien des hôpitaux et président
honoraire de l’Académie Nationale de Pharmacie.
4 Septembre. La conférence des Présidents d’Université, Doyens de Fac de médecine et Doyens de fac de pharmacie rappelle l’importance de l’évaluation des formations et des thérapies.
4 septembre 2018. Europe 1 — Le tour de la question avec Wendy Bouchard : aujourd’hui, les homéopathes et les robots au boulot.
La journaliste lance un appel à
témoignage sur l’homéopathie « si
vous en êtes consommateur »[9], et
donne la parole à Didier Gosset, doyen de la faculté de médecine de Lille,
laquelle a suspendu son DU d’homéopathie. Il explique que « l’homéopathie
est resté une doctrine » qui n’évolue pas avec les progrès de la science.
La journaliste demande à ses invités
d’expliquer le principe de l’homéopathie en posant des questions à l’aide d’un
vocabulaire chargé de présupposés : « c’est que des principes
naturels, des produits naturels ? (…) et donc c’est une pratique
douce ? »
Sur le plateau, un pharmacien
homéopathe, Albert-Claude Quemoun, président de l’Institut homéopathique
scientifique : « J’ai fait des voyages au Bangladesh, j’ai fait des
missions humanitaires. Il y a de nombreux utilisateurs de l’homéopathie,
puisque pour détoxiquer une intoxication massive d’arsenic on a utilisé des
dilutions d’arsenic, et ça a marché. On a multiplié par 2, par 3 l’élimination
de l’arsenic. »
« Je suis un peu étonné de cette
pratique », réagit le second invité, François Chast, pharmacien des
Hôpitaux, chargé de mission à l’Hôpital Necker, Président honoraire de
l’Académie nationale de Pharmacie. « Dans les services de réanimation qui
accueillent les personnes victimes d’intoxications à Paris, on n’a jamais jugé
utile d’utiliser ce type de thérapeutique. Et malheureusement pour
l’intoxication au plomb des enfants (…) on sait bien que ce ne sont pas ces
types de médicaments qui fonctionnent. »
Pour souligner l’archaïsme de
l’homéopathie qui n’a pas évolué depuis Hahnemann, François Chast utilise une
image : « Qui accepterait d’être soigné aujourd’hui dans une salle
d’opération comme on en avait dans les années 1810 ? »
Albert-Claude Quemoun, tente de
valider les principes homéopathique en les comparant à ceux de la vaccination
« Beaucoup d’allopathes font de
l’homéopathie sans le savoir. Jenner lorsqu’il a découvert sa vaccination, c’est
exactement les semblables. »
En dehors du discours pro domo de l’homéopathe, l’attitude de
la journaliste pose un véritable problème, en dépit de sa bonne foi présumée.
Outre de fréquents appels à la nature, elle commet un faux dilemme qui ne peut
qu’empêcher le public de comprendre la complexité de la question : « j’ai des auditeurs qui veulent savoir si
c’est une médecine efficace ou si c’est du charlatanisme ou de l’escroquerie ».
En réalité ces deux options ne sont pas les seules, il s’agit d’une fausse
dichotomie qui empêche de penser aux alternatives et notamment à une lecture
contextuelle des succès d’estime de l’homéopathie.
Les auditeurs, du reste, ne se privent
pas pour énoncer des certitudes « L’homéopathie
est une médecine de la physique quantique. (…) Quelque chose qui dure deux cent
ans est forcément efficace ! On ne peut pas tromper tout le monde pendant
deux cents ans, c’est faux ! »
L’auditrice suivante dit en substance
que l’homéopathie ne peut pas avoir simplement un effet placebo ou psychologique
puisque ça marche sur son enfant qui ne sait pas qu’il prend un médicament.
Bien sûr, nous avons déjà rencontré tous ces arguments, et vous éprouvez
probablement une forme de lassitude à les retrouver encore et sans cesse
répétés par des gens qui souvent ne sont pas très motivés à retenir les
explications sur la nature des effets contextuels. Les sceptiques et
zététiciens sont confrontés quotidiennement à ces arguments depuis des
décennies.
En fin d’émission, Albert-Claude
Quemoun suggère à un auditeur de prendre Influenzinum,
ce qui fait réagir François Chast, pour quile « vaccin » antigrippal homéopathique « c’est du vrai vaccin dilué mille milliard de
fois. C’est de l’eau qui est prise par la bouche. (…) C’est typiquement une
escroquerie. »
4 septembre. RMC Les Grandes Gueules — Homéopathie: « On enseigne aux jeunes médecins des certitudes qui ne sont que les vérités d’aujourd’hui »
« Ca fait plus de trente ans que je pratique l’homéopathie. Je soigne actuellement la quatrième génération de patients. » déclare Charles Bentz, président du syndicat des médecins homéopathes.
À propos des signataires de la tribune
« ce sont souvent de jeunes médecins
issus des facultés où on leur enseigne des certitudes, qui sont les vérités
d’aujourd’hui, mais quand on a un certain âge on sait que les vérités d’hier ne
sont pas les vérités d’aujourd’hui. Donc ces certitudes qu’ils ont elles vont
être battues en brèches d’ici 10, 20, 30 ans, par la pratique. (…) Il faut une
certaine humilité par rapport à ce qu’on croit être la vérité. »
Ce procès misonéiste (anti-nouveauté)
est en soit un sophisme, mais il est surtout en totale contradiction avec
l’argument précédent, puisque Charles Bentz n’a pas changé d’avis durant les 30
longues années de sa longue expérience d’homéopathe.
5 septembre. Science et avenir — Le directeur général de Boiron sur le départ, en pleine fronde contre l’homéopathie
Christian
Boiron quitte son poste à 71 ans. Cette année l’entreprise a enregistré de
mauvais résultats.
6 septembre 2018. Est Républicain — Homéopathes : une pilule dure à avaler
Interview
de Christine Bertin-Belot, médecin homéopathe à Besançon et vice-présidente du
syndicat national. On la présente (pourquoi ?) comme fille et petite-fille
d’homéopathe. L’article est de mauvaise qualité car il donne sans contradiction
la parole à une défendresse de l’homéopathie qui décrit la tribune FakeMed
comme une insulte (ailleurs on aurait pu dire blasphème).
« La mission va être ardue. Car si tous les médicaments en France sont étudiés par classe thérapeutique (un médicament : une action), l’homéopathie, qui agit à l’échelle infra-moléculaire, procède par similitude (ainsi l’arnica peut être prescrite en cardiologie, traumatologie, psychiatrie…). Nous espérons seulement que la commission nous entendra et nous écoutera. »
Puis
on retrouve un argument désormais familier : « Comme l’a
révélé l’étude EPI3, réalisée de 2006 à 2010, l’efficacité de l’homéopathie
n’est plus à démontrer. » Et on finit avec l’habituelle victimisation,
sans crainte d’être dans l’outrance. : « C’est une véritable
chasse aux sorcières ! À écouter nos détracteurs, il n’y a plus qu’à
rallumer les bûchers ! »
6 septembre. France Info — Homéopathie : le chef d’un service d’urgences appelle à « arrêter de rembourser des trucs qui ne servent à rien »
Mathias
Wargon, chef de service des urgences SMUR de l’hôpital Delafontaine
(Saint-Denis), est signataire de la tribune : « C’est la relation
avec le médecin qui marche, pas le granule. »
7 septembre. France Info — On vous résume la polémique entre les partisans et les opposants à l’homéopathie en 6 actes
Suite
à la fermeture de son DU d’homéopathie, la faculté de médecine d’Angers
annonce : « Pour
le remplacer, un diplôme en réponse à la demande de soins non-conventionnels
des patients est en projet. »
7 septembre. Le Journal des Entreprises — Interview Laboratoires Boiron : « L’efficacité de l’homéopathie, nous la constatons tous les jours »
Interview
de Valérie Poinsot, directrice générale déléguée des laboratoires Boiron depuis
sept ans, qui succédera à Christian Boiron en tant que directrice générale de
l’entreprise lyonnaise en janvier 2019. On lui demande de réagir au problème du
manque de preuve d’efficacité : « C’est plus compliqué que cela et
je ne souhaite pas rentrer dans ce débat. Nous allons travailler d’arrache-pied
pour faire en sorte que les Français puissent encore bénéficier du
remboursement. L’homéopathie est une évidence sociale, une évidence
thérapeutique : 30 millions de Français l’utilisent chaque jour depuis plus de
200 ans. »
Les
chiffres sont emphatiques, et les certitudes prononcées avec une force de
conviction qui ne laisse place à aucun doute. V Poinsot explique ensuite
l’importance économique de l’homéopathie dans le monde. L’esquive est un peu
grossière.
7 septembre. BFMTV — Les médecins contestent l’homéopathie
On retrouve l’opposition
classique pro versus anti : Pascal Charbonnel, vice-président du Collège
de la médecine générale est face à Marie-Andrée Auquier, médecin généraliste et
homéopathe.
L’homéopathe défend sa perception
du service médical rendu à ses patients par sa pratique personnelle et défend
la « complémentarité » des pratiques. P. Charbonnel demande à ne pas
rester à ce niveau d’analyse et à se fier à l’avis de la faculté de médecine et
de la littérature scientifique. L’argument scientifique de l’homéopathe
consiste à citer l’étude de Marc Henry (2017), lequel aurait validé le principe
es hautes dilution en étudiant les propriétés de l’eau « qui est
probablement un phénomène quantique » ; il y aurait des domaines de
cohérences dans lesquels une information pet passer.
Réaction de P Charbonnel
« C’est la réponse habituelle : c’est quantique. Mais alors il faut
évaluer. »
Notons que Marc Henry est
enseignant chercheur à l’Université de Strasbourg, et il est beaucoup cité dans
les sites ésotériques et de promotion des pratiques de soin non
conventionnelles, mais du côté des publications scientifique, rien qui puisse
renseigner la question de l’efficacité de l’homéopathie.
L’étude évoquée par M-A Auquier
est celle-ci « Nuclear Magnetic Resonance characterization of traditional
homeopathically manufactured copper (Cuprum metallicum) and plant (Gelsemium
sempervirens) medicines and controls » publiée dans la revue Homeopathy en
2017. L’article n’aborde pas la question des effets biologiques des remèdes
homéopathiques mais s’intéresse à une autre question, celle de la possibilité
que les hautes dilutions se comportent autrement que comme de l’eau tout
simple. L’étude prétend montrer que ces dilutions provoqueraient un changement
dans la structure de l’eau. Elle a depuis été citée 5 fois dans la littérature
scientifique, uniquement dans des revues centrées autour de l’homéopathie. Ce
contexte en rend l’analyse malaisée : la communauté scientifique n’a pour
le moment pas accordé de crédit à ce travail, et à ce titre cette étude ne
saurait à ce jour être considérée comme une preuve de quoi que ce soit. Il
faudra attendre une réplication de ces résultats avant de les prendre au
sérieux.
8 Septembre. France 5. C dans l’air — Homéopathie, antidépresseurs : faut-il s’inquiéter ?
Jean-Paul Hamon, médecin généraliste, président de la Fédération des médecins de France, ne croit pas à l’efficacité de l’homéopathie, mais il est « pour la paix des ménages » et juge acceptable les prescriptions qui rassurent les gens.
Frédéric
Saldmann, cardiologue et nutritionniste, défend l’homéopathie en tant que
placebo qui soulage des petits maux sans risque d’effet secondaires.
Mélanie
Gomez, journaliste, spécialiste des questions de santé Europe 1, dit ne pas
croire à l’efficacité mais en consommer quand même et en donner à ses enfants
car elle croit à une « force de l’esprit ».
Gérard
de Pouvourville, économiste de la santé, est le seul invité à souligner
l’absence totale de preuve d’efficacité et de possibilité pour son mode
d’action.
Avec
un plateau ou personne ne croit vraiment à l’efficacité de l’homéopathie, on a
malgré tout un débat nuancé où est défendu un usage de l’effet placebo pour des
raisons de confort et sous l’hypothèse (à valider) d’économies financières.
8 septembre 2018. RMC — L’homéopathie n’est pas une médecine sérieuse. La Sécu ne devrait plus rembourser les traitements homéopathiques
L’animateur Eric Brunet commence
en disant qu’il s’est déjà soigné avec de l’homéopathie, puis qu’il s’est
documenté au cours de la polémique : « je suis tombé de
l’armoire ». D’où le titre qui reflète son opinion. Nous assistons à un
débat agressif, bruyant et désordonné où Pierre de Brémond d’Ars, signataire de
la tribune, peine à finir ses phrases, sans cesse coupé dans ses explications
par Marie Andrée Auquier, médecin homéopathe, notamment sur EPI3. Pierre
Brémond d’Ars explique l’importance des effets contextuels, verdict de
Brunet : « on comprend rien à
ce que vous dites ».
L’absence de preuve scientifique
est rappelé et admis par l’homéopathe, mais elle enchaîne « Moi, je suis médecin, je vois juste ce qui
marche. Du temps de Galilée, on était gêné quand même par l’héliocentrisme par
rapport au géocentrisme. Evidemment qu’on n’a pas encore de preuve. »
L’homéopathe oublie, ignore ou cherche à nier que le métier qui permet
d’établir si un traitement marche, ce n’est pas celui de médecin, mais bien
celui d’épidémiologiste.
L’avis de l’animateur occupe une
partie conséquente du temps d’antenne. Dans cette émission, c’est peu
préjudiciable puisque son avis est conforme à l’état des connaissances
scientifiques.
10 septembre. Journal International de Medecine — Homéopathie : les doyens appellent à la « rigueur » et en même temps à « l’ouverture d’esprit »
La
Conférence des Présidents d’Université, la Conférence des Doyens des Facultés
de Médecine et la Conférence des Doyens des Facultés de Pharmacie demandent
« la mise en place d’un observatoire universitaire des médecines
alternatives et intégratives qui puisse non seulement faire un inventaire
précis de l’offre de formation et de recherche mais aussi travailler pour
comprendre les déterminants psychosociaux qui font leur succès » et
recommandent que ces formations « soient encadrées et réalisées par des
enseignants universitaires en Santé et en toute transparence quand il peut
exister un lien d’intérêt »
« Les Conférences souhaitent donc assumer leur responsabilité universitaire en assurant avec rigueur et ouverture d’esprit la formation initiale et continue de leurs étudiants et de nos médecins et pharmaciens, en leur donnant une vision moderne et critique, mais toujours humaniste et en lien avec les réalités de terrain, des connaissances dans tous les domaines utiles à la prise en charge de nos patients ».
Quelques
heures plus tard, le vice-doyen de la faculté d’Angers postait ce message sur
les réseaux sociaux : « Juste un petit mot pour vous annoncer que la
Fac d’Angers supprime définitivement le DU d’homéopathie »…
10 septembre. France Info — Plusieurs doyens de facultés en faveur de l’enseignement de l’homéopathie
Titre
trompeur, puisque que les conférences des Présidents d’Université, des Doyens
de faculté de médecine et de facultés de pharmacie ne demandent pas
spécifiquement qu’on enseigne les pratiques de soin non conventionnelles, mais
surtout qu’on enseigne sur ces pratiques.
10 septembre. Le Quotidien du médecin — Homéopathie : les internes ouvrent le débat mais ne cosignent pas la tribune anti-fake médecines
L’ISNI
ne cosignera pas la fameuse tribune des 124, mais ouvre un débat interne
et « se laisse du temps pour réfléchir sur ce sujet très compliqué »,
annonce son président Jean-Baptiste Bonnet.
« L’ISNI (Intersyndicale nationale des internes) salue le rôle de lanceur d’alerte des signataires de la tribune : l’ouverture d’un débat sur les thérapies complémentaires et leur remboursement était nécessaire. Mais l’ISNI considère qu’il n’est pas de son rôle institutionnel de cosigner cette tribune et souhaite plutôt ouvrir une commission interne de réflexion sur le sujet. », explique Jean Baptiste Bonnet au « Quotidien »
Le collectif « FakeMed », fondé après la publication de la tribune avait adressé en aout un courrier aux structures d’étudiants (ANEMF), d’internes (ISNAR-IMG, ISNI) et de chefs de clinique (ISNCCA), afin qu’ils se joignent à sa démarche en faveur d’une médecine basée sur les preuves : « Nous souhaiterions que les jeunes médecins s’emparent avec nous de ce débat en faveur d’une médecine scientifique et indépendante. Nous souhaiterions pouvoir peser auprès des instances universitaires et des doyens, afin de les inciter à prendre position pour refuser d’accueillir des formations, diplômes et congrès sans aucune base scientifique. (… ) Comme vous pouvez le constater au sein de vos stages et de votre propre expérience professionnelle, la remise en question de notre exercice par des pratiques obscurantistes est permanente. Qu’il s’agisse de lutter contre les recommandations vaccinales, de l’arrêt de certaines chimiothérapies ou traitements indispensables… Cet esprit anti-scientifique prend de nombreuses formes. »
11 septembre. France Bleu — Homéopathie déremboursée ? Et pourtant ça fonctionne chez les agriculteurs de la Manche.
Le titre annonce la couleur d’un article-catastrophe. On interview Elisabeth Fleury, médecin généraliste et homéopathe depuis plus de trente ans à Cherbourg. « Il y a 56% de français qui y ont recours régulièrement, il y a des consultations dans les hôpitaux. Si c’était une médecine inefficace, ça fait longtemps qu’elle aurait disparu. »
La journaliste adopte totalement
ce point de vue et en rajoute dans le soupçon : « Et c’est peut-être parce qu’elle attire de plus
en plus que l’homéopathie effraie l’industrie pharmaceutique traditionnelle. »
On nous explique que les
homéopathes prescrivent moins d’antibiotiques, moins d’anti-inflammatoires,
moins de psychotropes, ce qui est vrai, mais ne signifie pas que les patients
sont mieux soignés. Puis on nous dit qu’un éleveur a choisi de faire confiance
à l’homéopathie qui lui a permis de « sauver
une bonne partie de son cheptel » toujours selon les mots de la
journaliste qui, plus loin, ne met aucune distance entre son texte et la
citation « en plus de soigner,
l’homéopathie renforce les défenses immunitaires, c’est donc très efficace pour
empêcher les récidives » d’Olivier Dossier, le vétérinaire de
l’éleveur. Avant de conclure « Et
cerise sur le gâteau, c’est aussi moins cher. »
12 septembre. Le Quotidien du médecin — Homéopathie : visés par des plaintes disciplinaires, les médecins anti-« fake med » entre colère et incompréhension
Le Dr Pierre-Marc Lallemand,
cardiologue au CHU d’Amiens : « La
tribune ne visait pas les médecins eux-mêmes mais une pratique ! Nous demandons
seulement aux médecins de se référer à des pratiques éprouvées par la science
comme l’a prévu le code de déontologie. »
Quant au Dr Charles Bentz :
« Nous n’avons aucune intention de
discuter sur le fond. »
14 septembre. Science et avenir — Évaluation de l’homéopathie: la Haute autorité de santé peaufine sa méthode
Dominique Le Guludec, présidente de la HAS : « Nous travaillons sur la méthode. Nous nous
baserons sur les données de la science, des avis de spécialistes et de
patients. ( …) très peu d’agences en Europe l’ont évaluée. Les Anglais
l’ont évaluée, et ils l’ont déremboursée. »
18 septembre. Le Populaire — Débat sur l’homéopathie : un médecin de Brive sous le coup d’une plainte
Le docteur Romain Abela explique
que la tribune va au-delà du seul problème de l’homéopathie pour questionner
l’ensemble des pratiques non fondées sur des preuves scientifiques :
« Dans mon cabinet, certaines
situations m’ont mis hors de moi. Un patient avait stoppé son traitement contre
la sclérose en plaques parce que son naturopathe lui avait conseillé de plutôt
arrêter le lactose. Un autre était allé se faire manipuler chez l’ostéopathe
alors qu’il avait une métastase sur la colonne vertébrale. »
À l’évocation des lobbys
pharmaceutiques que certains imaginent à la manœuvre :« Si vous vérifiez sur la base Transparence santé [base de données publique du ministère de la
Santé, qui recense les liens d’intérêt entre entreprises et professionnels de
santé], vous verrez
qu’aucun laboratoire ne m’a payé un seul repas. Je ne reçois pas de visiteur
médical et je paie mes formations moi-même. J’ai l’esprit tranquille. Mon seul
but est d’informer les patients et de les mettre en garde. »
18 septembre. Le Monde annonce la tenue d’un débat sur le sujet le 6 octobre.
L’annonce se fait dans un tweett
« Quand des médecins persuadés de détenir
cette vérité s’en prennent à d’autres médecins qui estiment leurs pratiques
bénéfiques à leurs patients, que doit penser le citoyen, qui peut-il
croire ? »
On rencontre ici un problème de
cadrage. « persuadés de détenir
cette vérité » véhicule l’image d’exaltés extrémistes qu’il est
impossible de raisonner… d’autant qu’ils « s’en prennent à d’autres médecins » et sont donc dans
l’agression. Le choix des mots d’un grand journal ne saurait être innocent, et
sans nécessairement suspecter une tentative de manipulation de l’opinion, on
peut au moins suspecter que la conviction de l’auteur transpire dans ce tweet
qui, sans doute, se voulait neutre, mais échoue à l’être. Après avoir suscité
quelques réactions, le tweet est rapidement retiré.
21 septembre. Le Monde — Efficacité de l’homéopathie : que dit la science ?
Très bon article de synthèse sur
l’histoire de l’homéopathie et la confiance qu’on peut accorder à ses
prétentions.
24 septembre. France Inter — Questions politiques. Agnès Buzyn
Dans cette émission de radio,
nous assistons à un spectacle proprement renversant où une femme politique fait
de la pédagogie scientifique tandis que les journalistes dégainent des
sophismes.
Ministre Agnès Buzyn :
« La question est celle-ci : faut-il continuer à rembourser à 30%
l’homéopathie alors que tous les médicaments aujourd’hui remboursés sont
évalués pour leur efficacité ? J’ai simplement demandé à la haute autorité
qu’elle évalue l’homéopathie comme n’importe quel médicament remboursé par la
solidarité nationale. Si c’est efficace cela continuera à être remboursé, si la
HAS dit qu’il n’y a pas de aucune preuve scientifique cela ne sera plus
remboursé.
Journaliste Ali
Baddou : « Mais enfin combien de milliards de personne ont
recours à l’homéopathie, regardez ce qui se passe en Asie, en Chine, en Inde
par exemple, Agnès Buzyn ! »
La ministre ne s’attarde pas sur
cet appel à la popularité (= si tout le monde le fait c’est que c’est bien) et
explique que l’utilisation de l’homéopathie ne sera pas interdite. Elle concède
même que, dans certains cas, cela limite le recours à des médicaments inutiles
et dangereux. Mais les journalistes reviennent à l’assaut
Journaliste Nathalie Saint-Cricq : « Vous croyez que c’est du placebo ce qu’il se passe en Inde, en Chine, c’est-à-dire que c’est juste la psychologie, les gens croient que c’est bien et puis… (…) Manifestement il y a une sorte de sagesse ancienne dans un certain nombre de civilisations. En Inde c’est une prescription qui est majeure. En Chine aussi. Je ne veux pas être obsédée par la Chine et l’Inde. Pensez-vous que c’est juste du pipeau absolu. »
Journaliste Ali Baddou : « Vous, vous faites confiance à la chimie »
Ministre : « Je suis incroyablement rationnelle, je crois en la science et donc je crois en la preuve scientifique. »
Journaliste Carine Bécard : « Vous avez tendance à pousser les français à avoir une démarche plus préventive par rapport à leur santé plus que curative, or les médecines parallèles que ce soit l’homéopathie ou d’autres choses… la réflexologie, l’ostéopathie on est vraiment là dans la culture du préventif, donc vous devriez encourager ça. »
Ministre : « Pour moi ce n’est pas ça la prévention. En prévention aussi, il y a des choses qui marchent. La réflexologie je ne sais même si c’est de la médecine, je ne crois pas d’ailleurs. La prévention c’est lutter contre le tabac, contre l’alcool, c’est la vaccination, c’est la pratique de l’activité physique. »
22 Septembre. Atlantico — Homéopathie : peut-on vraiment s’en remettre à la justice pour trancher des débats scientifiques ?
Dans cet article, Vincent Laget
analyse la stratégie des homéopathes « Ils cherchent à obtenir par les
tribunaux ce que la science leur refuse, afin de cautionner leur idéologie
auprès du grand public. Ce qui n’est pas sans poser un sérieux problème quant à
la recherche de la vérité et in fine, quant au fonctionnement normal de notre
démocratie en interdisant tout débat sur le fond… »
Cette stratégie procédurale est
choisie par les psychanalystes qui en 2012 ont attaqué Sophie Robert pour son
film « Le Mur, la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme », par
Gilles-Eric Séralini, auteur d’une étude discréditée sur les effets
cancérigènes des OGM sur le rat qui a poursuivi en 2010 Marc Fellous, président
de l’Association Française des Biotechnologies Végétales, ou par Stéphane
Edouard, le prétendu « expert » de l’émission Marié au premier regard
de M6 qui en 2018 attaque le sociologue Jean-Paul Kauffman pour avoir qualifié
d’«arnaque» ses «thèses scientifiques».
24 septembre. Santé magazine — Homéopathie : un non-débat pour les scientifiques.
Rappel historique et de l’état
des connaissances scientifique.
24 septembre. France Info — « Boiron, c’est plus qu’un monopole » : comment le laboratoire français règne sur l’homéopathie.
Le journaliste révèle la
stratégie de Boiron dans la polémique : « On n’a pas à se prononcer
publiquement. La minorité des médecins qui s’exprime ne connaît pas cette
thérapeutique et attaque l’homéopathie de manière aveugle. » et des
témoignages sur le statut de l’entreprise française « C’est plus qu’un
monopole, c’est une identification totale à l’homéopathie : Boiron c’est
l’homéopathie, et l’homéopathie c’est Boiron » selon Bernard Bégaud,
pharmaco-épidémiologiste. « Boiron, c’est comme Google : on n’y peut
rien », pour une gynécologue homéopathe à Paris.
Boiron possède deux centres de
formation, l’un destiné aux médecins, le CEDH, l’autre aux pharmaciens, le
CDFH, sans que les liens avec le laboratoire ne soient clairement affichés.
Face à la polémique l’article
nous apprend que Boiron travaille en coulisse avec les autres fabricants
français Weleda et Lehning pour se fédérer autour d’une stratégie commune.
26 septembre. Europe 1 — Homéopathie : le budget de la Sécu ouvre la porte au déremboursement
« Les « règles de prise
en charge » des médicaments homéopathiques, c’est-à-dire les conditions
dans lesquelles ils seront « admis ou exclus » du remboursement par
l’Assurance maladie, seront bientôt définies par un décret, selon le projet de
loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2019. »
L’information confirme la
position vers laquelle le ministère s’est progressivement déplacé : avoir
envers les produits homéopathique la même exigence qu’envers n’importe quel
produit prétendant être un médicament.
28 septembre. Le Figaro — L’Espagne veut que l’Europe retire à l’homéopathie le statut de médicament
(Pas
accès à l’article entier)
28 septembre. Le Monde — « Laissons les homéopathes trouver les moyens d’explorer les raisons de leur bonheur »
Détail amusant : le titre initial
de cet article de Philippe Pignarre est visible dans l’adresse de la page web
« La croisade des labos contre l’homéopathie ».
Cette tribune d’opinion est un
catastrophique exercice de confusionnisme. L’article commence par le sophisme
de la double faute en signalant l’existence de nombreux médicaments épinglés
pour leur balance bénéfice-risque insatisfaisante, pour en conclure qu’il ne
faut pas s’en prendre aux remèdes homéopathiques, qui « eux, au moins, ne
présentent pas de danger. » L’essentiel de l’article restera sur ce
registre, c’est ce qu’on appelle du « whataboutisme » : au lieu
de répondre sur l’efficacité de l’homéopathie, le monsieur dit « et est-ce
qu’on nous parle des magouilles des labos, hein ? Et puis est-ce qu’on
vous dit que les médicaments, en fait, des fois c’est dangereux ? Et
cetera. »
« Le plus important pourrait cependant ne pas être là, mais bien plutôt dans cette sorte de rage que déclenche tout ce qui échapperait à « la science ». Car, n’en doutez pas, les médicaments, c’est de la science ! La preuve ? Ils ont été testés contre un placebo ou un médicament dit de référence. Double bénéfice de cet argument : 1. les médicaments ne posent pas de problèmes (oubliées les affaires à répétition comme celles du Mediator) ; 2. on sait pourquoi les remèdes homéopathiques marchent : c’est « l’effet placebo » »
Une accusation implicite de scientisme est lancée contre les
critiques de l’homéopathie. Elle est bien sûr invalide, car ceux qui montrent
que certains médicaments posent problème le font… avec la méthode scientifique.
L’auteur reviendra plus tard sur l’effet placebo, nous en reparlerons à ce
moment-là.
« Dès qu’on y regarde d’un peu plus près, les choses se compliquent sacrément. Les études comparatives en double aveugle (contre placebo ou médicament de référence) me semblent justement être la démonstration qu’on n’est pas vraiment dans ce qui mériterait le nom de science. Si notre connaissance de la biologie du corps humain était ce que les naïfs (les vrais) croient, on n’aurait pas besoin de recourir à cette misérable procédure empirique.
On saurait pour des raisons « scientifiques » pourquoi un médicament ne peut qu’être efficace. Allons plus loin : on n’a, en général, que des hypothèses sur les raisons pour lesquelles un médicament « marche ». Le plus souvent, c’est par hasard que l’on s’est aperçu que telle molécule produisait tel effet. Et la plupart des nouvelles molécules sont testées sur des modèles animaux en tentant de retrouver un effet produit par des médicaments déjà utilisés. »
Le sophisme suivant est la
« solution parfaite » : puisque la science ne nous donne pas une
vision totale des mécanismes en jeu, alors nous serions dans l’impossibilité de
critiquer l’homéopathie. C’est totalement faux. Bien évidemment les expérimentations
scientifiques ne nous fournissent pas une connaissance totale des effets d’un
médicament sur l’organisme en toutes circonstances, notre connaissance est
incomplète. Mais nous ne sommes pas condamnés à l’ignorance, et les immenses
efforts consentis dans la recherche scientifique nous fournissent les réponses
les plus fiables dont nous puissions disposer. Etant entendu qu’il nous
faudrait accepter de changer d’opinion si des preuves étaient apportées qu’on
se trompe. Si l’auteur, monsieur Pignarre, avait raison et qu’on prétendait
qu’une fois le médicament sur le marché, on « sait » exactement
ce qu’il fait, il n’y aurait aucun programme de pharmacovigilance, car nous
n’en aurions pas besoin. C’est bien parce que l’on sait que l’on ne sait pas tout
que l’on surveille les médicaments.
« Le cri de rage, « c’est l’effet placebo », vient toujours couronner l’appel la guerre. Mais qu’est-ce que l’effet Placebo ? C’est l’effet « blouse blanche » nous disent les bouffis d’orgueil qui croient ajouter ainsi à leur compétence scientifique l’aura du guérisseur, pourtant persécuté deuis le temps des sorcières jetées au bûcher. C’est l’effet « symbolique » disent les férus de psychanalyse, sans élaborer beaucoup plus. Avez-vous déjà entendu un patient dire : « J’ai été guéri par l’effet placebo » ? Evidemment non. Le vocable est dévalorisant. Il abaisse le patient (ce naïf) et élève celui qui l’emploie.
Bref, constatons-le, on ne sait pas ce qu’est « l’effet placebo », sinon que cela revient à guérir « pour de mauvaises raisons » ! Mais si l’on ne sait pas ce qu’est l’effet placebo, alors on ne sait pas ce qui peut le « minimiser » ou le « maximiser », comme le faisait déjà remarquer, il y a longtemps, le philosophe François Dagognet. »
Il n’y a rien de dévalorisant
envers les patients dans le concept de placebo et d’effets contextuels, mais
c’est bien monsieur Pignarre qui exprime son profond mépris pour ces effets
scientifiquement démontrés et décrits (lui qui prétends faussement qu’on se
saurait pas ce que c’est) et dénigre les personnes qui bénéficieraient d’effets
non liés à une efficacité des granules homéopathiques. Personne n’a évidemment
jamais pensé qu’il y aurait de « mauvaises raisons » de guérir.
« Les études contre placebo, dites en double aveugle, sont aujourd’hui présentées comme le nec plus ultra de la démarche scientifique dans un nombre croissant de domaines (des médicaments à la psychanalyse en passant par les électrosensibles). C’est une illusion : elles signent plutôt notre incapacité à explorer positivement les raisons pour lesquelles les patients cherchent, par exemple avec l’homéopathie, à guérir. Elles sont le symptôme de nos ignorances scientifiques.
Laissons les homéopathes et ceux qui sont satisfaits de leurs remèdes trouver les moyens d’explorer les raisons de leur bonheur. Ce n’est pas en leur déclarant la guerre qu’on les aidera à le faire de façon intelligente et créative. »
Pour finir, l’auteur confesse sa propre ignorance en niant l’existence de travaux sur les raisons pour lesquelles les patients se tournent vers l’homéopathie (une question importante, du reste). Ce texte obscurantiste cherche à disqualifier la parole scientifique et l’analyse méthodique des allégations des homéopathes, et leur comparaison avec la réalité des effets obtenus. Parce que ne disposons pas d’un moyen plus fiable de distinguer les traitements fiables des illusions, nous ne devons pas accepter de nous en séparer.
28 septembre. Le Figaro — Attaqués devant l’ordre des médecins, les «124» s’associent.
Une soixantaine de signataires
sont déjà poursuivis devant l’ordre des médecins pour «non-confraternité et
non-respect du code de déontologie». Pour se défendre, les auteurs de la
tribune ont créé une association, le Collectif FakeMed.
11 octobre. France Info — Homéopathie : quand les médecins s’entredéchirent
D’abord une présentation honnête de la position des 124. La
parole est ensuite donnée à une homéopathe, le Dr Laville qui justifie la
plainte en non-confraternité « Entre médecins, on ne se traite pas de
charlatans. Manifestement ces médecins n’étaient pas au courant que l’option
thérapeutique qu’est l’homéopathie est pratiquée en France par des
prescripteurs qui sont légalement autorisé, qui travaillent dans un cadre
déontologique et règlementaire qui est le même que le leur. » Les 124 sont
en réalité parfaitement conscient de cela, et ils rappellent justement les
devoirs qu’exigent la déontologie et la dérogation réglementaire dont jouissent
injustement les produits homéopathiques
Le sujet donne ensuite la parole à une maman, comme si le
témoignage anecdotique d’une personne « convaincue que ça nous a
aidé » constituait une information
pertinente pour se faire un avis.
26 octobre. Le Figaro — «L’homéopathie face à ses accusateurs»
Tribune de Charles Bentz,
président du SNMHF, pour défendre l’homéopathie (et son remboursement) contre
la critique de la tribune des 124. « On
ne peut qu’être choqué par le ton et la virulence des signataires. »
dit-il dans une attaque de la forme des critiques formulées. Il poursuit avec
l’habituel appel à la popularité : « La
démarche, particulièrement regrettable, va à l’encontre des 30 millions de
français et des 20 000 médecins généralistes qui utilisent, prescrivent
des traitements homéopathiques. »
« Sur le fond du débat nous souhaitons répondre à deux points précis. » écrit C Bentz qui revient donc sur une précédente déclaration selon laquelle il ne souhaitait pas débattre du fond. Il évoque d’abord l’aspect économique.
« Oui certains médicaments homéopathiques sont remboursables par l’Assurance maladie à hauteur de 30%. Mais leur remboursement a représenté… 0,29 % seulement des remboursements de médicaments en 2016. Ce coût, minime, démontre que l’argument financier de ceux qui s’attaquent aveuglément à l’homéopathie ne tient pas. »
En réalité ce coût représente des
dizaines de millions d’euros, et il n’est certainement pas « minime »
pour tout le monde. Mais surtout, la rhétorique de Charles Bentz consiste à
dire qu’il est inutile de faire de petites économies. Notons l’ad hominem
coutumier des critiques repeints en individus qui « s’attaquent
aveuglément ».
Ensuite, Charles Bentz tente d’affirmer que l’homéopathie a une efficacité démontrée.
« … ces travaux, notamment en recherche fondamentale, qui ont permis de démontrer à plusieurs reprises que les hautes dilutions ont bien une activité propre. » (En réalité il n’en est rien, il suffit de se documenter sur l’état des connaissances scientifiques)
« Le programme de recherche EPI3, supervisé par un comité scientifique strictement indépendant et réalisé auprès de 825 médecins et 8559 patients sur un an, a fait l’objet de 12 publications dans des revues scientifiques de références entre 2011 et 2016. (…)Les médecins généralistes formés en homéopathie traitent leurs patients, à niveau de sévérité égal, avec un bénéfice clinique comparable tout en ayant recours (…) à moins de médicaments comportant des effets indésirables. »
Charles Bentz déploie ici une forme d’intimidation par les chiffres, comme si EPI3 prouvait quelque chose. Financé par Boiron, le programme EPI3 ne fournit aucune preuve d’efficacité des remèdes homéopathiques.
« Etant établi que les médicaments homéopathiques sont utiles et sans risque, nous souhaitons qu’ils restent remboursables. (…) Les signataires de la tribune, membres du collectif « Fake Medecine », commettent deux erreurs majeures en creusant encore un peu plus le fossé entre la population et le corps médical. La première est de prendre de haut les patients en leur expliquant qu’ils agissent de manière irrationnelle lorsqu’ils se soignent avec des médicaments homéopathiques. »
Nous avons ici un sophisme de
l’homme de paille ; les critiques ne disent rien des propos qui leur sont
prêtés. Monsieur Bentz joue ici la victime. On peut admettre en première
approximation que les patients sont globalement aussi rationnels (et donc aussi
irrationnels) les uns que les autres : ils font généralement le choix
délibéré et raisonnable de se fier à leur médecin, à l’autorité du titre de
docteur en médecine. L’erreur, quand elle existe, est d’abord imputable au
professionnel qui s’informe mal, souhaite rester ignorant de l’état des
connaissances, voire nie les résultats de la science, comme c’est le cas d’un
personnage médiatique comme Charles Bentz qui ne peut prétendre ignorer les
arguments qui lui sont adressés.
« La deuxième erreur est de s’ériger en gardiens d’une « vraie médecine » reposant sur une « vraie science » face aux prétendus disciples de pratiques ésotériques. (…) la médecine n’est toujours pas une science dure, parfaite et encore loin un champ de connaissances monolithiques. Qui peut s’arroger le droit d’exclure a priori une approche thérapeutique quelle qu’elle soit, sans considération de l’avis de nombre de professionnels de santé et surtout des premiers intéressés, les patients ? »
Avec ce sophisme, Charles Bentz
veut faire passer la conclusion d’un immense travail scientifique testant
depuis des décennies les allégations thérapeutiques de l’homéopathie pour un
simple « a priori » négatif, ce qui constitue un pur négationnisme
scientifique, une posture totalement incompatible avec le serment d’Hippocrate
qui exige que le praticien soit à jour des connaissances médicales.
Cette tribune est très intéressante en cela qu’elle condense en un seul texte l’ensemble de la rhétorique fallacieuse qui constitue l’essentiel de l’argumentaire pro-homéopathie. Une fois que l’on voit clair dans la manœuvre rhétorique, se forger une opinion sur le sérieux et l’honnêteté des défenseurs de l’homéopathie n’est plus une tâche très difficile.
31 octobre 2018. The Local — « Spain wages war on dubious homeopathy meds »
Le ministère de la santé espagnol a décidé de mettre
l’homéopathie en conformité avec les règlementations sur les produits de
santé. Parmi les plus de 15000
préparations homéopathiques commercialisées, la grande majorité ne pourra plus
être vendue en Espagne. Le ministère a retenu les 2008 remèdes qui ont fait
l’objet d’une demande d’accréditation par leurs fabricants, mais en exigeant
que soient fournies des preuves scientifiques d’efficacité. La grande majorité
de ces 2008 remèdes ont été enregistrés sans indication thérapeutique. À ce
jour les fabricants pourront tenter de défendre l’efficacité de… 12 produits.
9 novembre. Le point — Homéopathie : les Français plébiscitent son remboursement
Un sondage Ipsos paru dans
« Le Parisien » indique que 3 Français sur 4 sont
opposés à l’arrêt du remboursement de l’homéopathie par la Sécurité Sociale. «
Les patients ne viennent pas par croyance, mais bien parce que ça les soigne »,
affirme Christine Bertin-Belot, médecin homéopathe.
La question jamais adressée par
les homéopathes est : comment les patients savent-ils que les remèdes les
soignent ? S’ils ne disposent pas d’une méthode objective, force est
d’admettre qu’alors ils sont dans la croyance, comme nous le sommes tous sur
les sujets où nous ne sommes ni experts ni à jour des connaissances des
experts.
9 novembre. Le Parisien — Quand les sportifs défendent l’homéopathie.
Pour accompagner son sondage,
« Le Parisien » choisit de donner la parole à des sportifs : Camille
Lacourt et Christine Arron. L’article a tout de la campagne de communication
pro-homéopathie. Les sportifs sont des ambassadeurs de choix, souvent embauchés
dans les publicités pour vanter les mérites de produits en lien avec
l’alimentation, le corps, le bien être. Leur statut de champion ne les rend pas
experts des effets de l’homéopathie, par conséquent leur témoignage ne peut
objectivement rien apporter de plus qu’un capital symbolique de type
publicitaire, même si aucun d’eux n’est payé par les fabricants pour le faire.
Christine Arron souhaite «
défendre une homéopathie qui permet d’éviter de prendre des médicaments plus
chimiques », et la journaliste Florence Méréo ne juge pas utile de discuter la
pertinence du mot « chimique » dans une telle phrase.
27 Novembre. Le Monde — #Nofakemed : pourquoi cette croisade de professionnels de santé contre l’homéopathie ?
L’article rappelle l’insuccès des
précédentes tentatives de critiquer la place de l’homéopathie en France. (pas accès à la totalité de
l’article)
4 décembre. L’Express — Homéopathie: « Il faut dérembourser »
Comme une réponse du monde de la
recherche scientifique à celui de la pratique médicale, 131 membres des
Académies de science, de médecine et de pharmacie publient une tribune dont le
message clair et net tient dans son titre acéré.
« Dans le débat actuel sur l’homéopathie et son évaluation demandée par le gouvernement à la Haute Autorité de santé (HAS), nous, académiciens, estimons qu’il est de notre devoir de professionnels de santé et de scientifiques d’informer les patients.
Non, l’homéopathie n’est pas un médicament actif, même si elle bénéficie d’une autorisation de mise sur le marché et d’un remboursement. Un état de fait injustifié, car l’homéopathie, contrairement aux autres médicaments, n’a pas fait la preuve de son efficacité sur la base de démonstrations vérifiables et objectives reconnues par la communauté scientifique internationale.
Non, les produits homéopathiques ne peuvent plus continuer à entretenir le flou sur leur composition, qui doit être indiquée sur leur conditionnement (quantité de préparations actives et excipients). De même, leurs indications doivent être précisées.
Non, l’homéopathie n’est pas plus efficace qu’un autre placebo, comme l’ont démontré toutes les études. Cet argument mis en avant pour justifier son « efficacité » démontre seulement qu’un granule de sucre peut faire de l’effet si le patient y croit et fait confiance à son médecin.
Non, l’homéopathie n’est pas forcément inoffensive. Si un produit à base d’eau et de sucre ne peut évidemment pas faire de mal, il peut faire perdre du temps, voire mettre la vie en péril en cas de maladie aiguë ou chronique dont le traitement ne peut pas attendre.
Non, l’homéopathie ne saurait invoquer un effet thérapeutique. Sa publicité se fonde trop souvent sur de simples allégations. Ainsi, contrairement à certaines des affirmations de ses promoteurs, l’homéopathie ne prévient pas les états grippaux, et il n’existe pas de « vaccin » homéopathique, comme a dû le rappeler l’Agence nationale de sécurité du médicament en 2016.
Non, l’homéopathie ne doit plus être enseignée dans les facultés de médecine et de pharmacie, qui se discréditent en cautionnant une doctrine restée en marge de la science.
Non, l’homéopathie ne coûte pas moins cher à la collectivité que la médecine conventionnelle. Une récente étude internationale[11] démontre même que les patients soignés à l’homéopathie coûtent en réalité 20 % de plus aux assurances sociales.
En conséquence, nous estimons que le débat autour de l’efficacité de l’homéopathie qui perdure dans l’opinion publique n’a pas lieu d’être dans la communauté scientifique, comme l’a solennellement déclaré le Conseil consultatif des académies des sciences européennes. Nous réfutons le terme de « médicament » pour un produit qui ne fait pas la démonstration de son efficacité. Nous contestons donc son remboursement par la collectivité nationale. »
6 décembre 2018. Sud Ouest — Homéopathie : l’avis de la Haute autorité de santé repoussé au printemps
Initialement prévue fin février, la publication du rapport de la HAS est reportée au printemps.
À partir de décembre on assiste à ce qui ressemble une campagne de communication sur le net avec un tir groupé de contenus qui relèvent de la propagande pro-homéopathie sur Top Santé, Doctissimo et Cosmopolitan. D’autres articles du même calibre suivront en janvier… Puis viendra la pétition « Mon Homéo Mon Choix » largement diffusée par les fabricants et les médecins d’orientation homéopathique.
14 décembre. Top Santé — L’homéopathie, ma solution contre la grippe
Article de propagande.
« Il existe une préparation homéopathique qui permet de
traiter tous les symptômes de l’état grippal avec un seul produit : •
Oscillococcinum® »
17 décembre 2018. Doctissimo — Sevrage tabagique : et si vous essayiez l’homéopathie ?
Article de propagande pour les
différents remèdes employés pour le sevrage du tagabisme.
« Souvent, deux séances suffisent pour arrêter de fumer. » assure le médecin homéopathe questionné… le Dr Florence Paturel.
En fin d’article, la conclusion
effarante permet de se dédouaner de toutes conséquences négatives :
« Tout comme l’acupuncture ou l’auriculothérapie, l’homéopathie n’a pas démontré scientifiquement son intérêt dans le cadre d’un sevrage tabagique. Néanmoins, ces techniques étant dénuée d’effets secondaires majeurs, vous pouvez utiliser ces méthodes sans risque. Néanmoins, si cette prise en charge ne réussit pas, une prise en charge à l’efficacité prouvée pourra vous être proposée. »
21 décembre 2018. Cosmopolitan — Tout savoir sur l’homéopathie
Article de propagande pro-homéopathie.
« L’homéopathie aujourd’hui est incontournable. Elle est pratiquée en France bien sûr, d’autant que la fabrication des médicaments homéopathiques est dominée par deux leaders mondiaux qui sont français : Boiron et Pierre Fabre. Cocorico !
N’empêche que l’on pratique l’homéopathie dans près de 100 pays dans le monde. Ces derniers temps, beaucoup de médicaments allopathiques ont été retirés du marché et sont de moins en moins remboursés, voire pas du tout remboursés.
En cause : leur toxicité, voire leur inefficacité. Du coup, l’homéopathie y gagne d’autant plus qu’elle a l’immense avantage d’être sans danger pour la santé ! »
27 décembre 2018. HuffPost — Comment les médicaments homéopathiques sont-ils fabriqués?
Explication des dilutions fantastiques utilisées.
10 janvier 2019. Communique de presse du Collège National des Généralistes Enseignants.
« Il est temps de dérembourser les médicaments homéopathiques. Il est temps que l’homéopathie sorte du champ universitaire.
(…)
Elle vient en opposition avec tout le courant moderne et important de la médecine générale qui promeut les approches non médicamenteuses, les démarches d’éducation, d’autonomisation du patient, et le travail sur les changements d’habitude et de comportement, indispensables pour suivre des patients présentant des situations complexes, parfois fonctionnelles. »
10 janvier 2019. Le Quotidien du Médecin — Méthodes « ésotériques », pratique « mystérieuse » : il est temps de dérembourser l’homéopathie et de la sortir de l’Université, réclame le CNGE
« le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) appelle officiellement ce jeudi à « dérembourser » les médicaments homéopathiques et à bouter l’homéopathie hors du champ universitaire ! »
Le Pr Vincent Renard, président du CNGE, se veut très clair. « Une fois que l’on a démontré que l’homéopathie n’avait pas de fondement scientifique, il faut arrêter de l’enseigner. Sinon, pourquoi ne pas alors enseigner le tarot ou la voyance en médecine ? »
10 janvier 2019. 20 minutes — Homéopathie: Des généralistes demandent l’arrêt du remboursement de cette médecine alternative
Même information sur le communiqué du CNGE
15 janvier 2019. Le Quotidien du Médecin — Homéopathie, bientôt la fin ? Documentaire et débat ce mardi soir sur France 5, en pleine querelle médicale
Annonce d’une émission sur le sujet de l’homéopathie, et
citation du Syndicat national des médecins homéopathes français, qui regretté
le manque de « sérénité » dans les
débats. L’organisation « regrette que certaines instances
mettent à profit cette période pour exercer des pressions sur [la HAS],
plutôt que de contribuer à un débat dépassionné qui tienne compte des pratiques
médicales et de la liberté de choix des patients ».
15 janvier. France Soir — Grippe: l’homéopathie est-t-elle efficace pour le traitement ou la prévention?
Mise en garde contre la croyance en un « vaccin homéopathique
contre la grippe »
19 janvier 2019. Challenge — Malgré les moqueries, l’homéopathie se porte bien en France
L’article se penche sur les stratégies qui &assurent le
succès des produits de « santé naturelle »
Plus que la R&D, l’avenir de ces produits repose sur le marketing. Sur le terrain, le patron d’un réseau de pharmacies confirme : « Voilà des années que ces laboratoires orientent leur offre sur les spécialités de marque, pour la mise en avant comme pour négocier leurs conditions commerciales. »
21 janvier. France Inter — Pourquoi l’homéopathie attire de plus en plus les Français ?
L’article utilise le terme allopathie pour décrire la
médecine conventionnelle puis prend partie curieusement : « Dire que
l’homéopathie est un placebo est dangereux, surtout pour l’efficacité de la
pratique. »
« Les patients convaincus ont tous des témoignages de
guérison, dans les allergies par exemple. Une étude suisse a démontré qu’elle
est plus efficace qu’un placebo sur la dépression. Donc en Suisse, c’est
remboursé. »
À la question du danger de l’homéopathie, l’article répond avec candeur : « En France, les homéopathes sont des médecins. Ils sont formés comme les autres avec en plus une spécialisation en homéopathie, ils sont capables de ne pas passer à côté d’une maladie grave… »
Un très mauvais travail de journalisme.
24 janvier 2019. La Tribune — « Les fake news contre l’homéopathie et Boiron, ça suffit ! « , Valérie Poinsot (Laboratoires Boiron)
La nouvelle directrice de Boiron contre-attaque.
Chantage à l’emploi, prétentions à assurer un service à bas coût (avec toujours cette fameuse étude EPI3)… les sophismes dégainés sont analysés dans ce billet.
25 janvier. AlternativeSante.fr — L’homéopathie marche très bien, les preuves sont là
Pour cet article de propagande, l’efficacité de l’homéopathie serait un « mystère qui pose problème aux « scientistes purs ». » L’article cite l’étude EPI3 et c’est dommage car cette étude ne « prouve » aucunement l’efficacité de l’homéopathie. Il parle aussi du coût réduit de l’homéopathie, mais sans fournir de source.
25 janvier. France Culture — La nécessaire remise en question de l’homéopathie
Explication de l’origine de l’homéopathie et des limites de
ses concepts et de sa nature purement placebo.
« Une chronique de Ludivine Vendé, enregistrée en février 2018, produite par le Labo des savoirs. »
30 janvier 2019. Figaro Santé — Remboursement de l’homéopathie: une décision de la Haute Autorité de santé très attendue
La HAS reporte la publication de son rapport. L’article souligne une difficulté dans sa mission :
« Pour se prononcer sur le service médical rendu par les produits qu’elle évalue, la commission, composée d’experts indépendants, doit en effet se fonder sur la gravité de la pathologie visée et l’intérêt du médicament dans le cadre de cette pathologie (efficacité et effets indésirables, existence ou non d’alternative…). Or dans le monde des produits homéopathiques, seuls sont remboursés les médicaments dits «à nom commun» qui ne font pas l’objet d’une autorisation de mise sur le marché, mais d’un simple «enregistrement», à condition notamment de ne pas revendiquer d’indication thérapeutique! »
Un très long article indigeste qui prend fait et cause pour l’homéopathie, non pas parce qu’il y aurait des preuves d’efficacité mais par motivation politique de lutter contre une uniformisation de la médecine qui menacerait le libre arbitre. Un mélange des registres qui n’a aucune chance d’aider quiconque à comprendre le problème.
31 janvier. BFMTV — Homéopathie: 72% des Français y croient, les médecins restent sceptiques
Au-delà du titre, l’article montre surtout que les français
ont confiance dans la science et sont en recherche de repères pour distinguer
les pratiques fiables des autres.
« 77% des Français voudraient qu’un site Internet officiel labellisé par l’État leur indique quels soins sont reconnus scientifiquement, et lesquels ne le sont pas. »
7 février. RTL — VIDÉO – Homéopathie : efficace ou simple placebo ? Les médecins divisés
La vidéo est de M6 infos évoque la dilution infinitésimale
« qui peut avoir des effets étonnants » selon le journaliste.
La parole donnée au Dr Demonceaux est l’occasion de
nouvelles perles sophistiques : « Ça fait quand même 35 ans que
j’exerce, 35 ans que j’utilise Bryonia. 35ans que ça me donne de bons
résultats. »
Le remède Bryonia serait efficace contre l’arthrose car la Bryone (mousse à partir de quoi il est fait mais dont il ne contient aucune molécule) a des propriétés irritantes des tissus. Intéressons nous rien qu’un instant à ce « remède ». Selon le site Planète homéopathie il est tout désigné pour les personnes suivantes :
« Le malade de Bryonia est souvent un cholémique au teint bilieux, facilement irritable. Généralement maigre, sec, nerveux, aux cheveux noirs. Il prend facilement froid et est surtout sensible au froid humide qui survient dans les jours chauds après la pluie ou un changement atmosphérique brusque.
Dans le délire des fièvres, il parle surtout de ses occupations professionnelles et se croyant éloigné de son domicile, demande à y retourner. »
Chacun jugera du sérieux de l’approche.
La vidéo donne la parole au Dr Bachureau qui explique qu’en support des traitements anti-cancer l‘homéopathie réduisait fortement les nausées. La manipulation du public est ici totale puisqu’à aucun moment il n’est expliqué que le groupe contrôle (qui reçoit des granules ne contenant rien) connait la même amélioration, information que l’on peut retrouver ici dans un article datant de 2011. M6 donne dans la Fake News avec la complicité de RTL ?
11 février 2019. Santé Magazine — Les 8 médicaments homéopathiques les plus utilisés
Article de pur démagogie présentant les « granules
préférés » des français. Aucun travail journalistique.
13 février 2019. Sciences et avenir — Homéopathie, une pratique controversée en quatre points
Rappel des principes de l’homéopathie, de son statut, de sa
place dans l’économie française et de l’avis des autorités scientifiques.
13 février. La dépêche — Homéopathie, une pratique controversée en trois grands points
Rappel des objections scientifiques aux allégation des
homéopathes.
L’article apporte une nuance :
« Ce chef de service à l’hôpital Lariboisière (Paris) « n’accorde pas la moindre propriété pharmacologique à l’homéopathie », mais estime qu’il ne serait « pas rationnel de ne pas prendre en compte l’irrationnel chez l’homme ». »
13 février. Le Point — Homéopathie: dans son fief de Messimy, Boiron peaufine sa défense
« A mots couverts, Boiron espère que la crise actuelle autour du pouvoir d’achat sur fond des « gilets jaunes » enterreront l’idée de dérembourser l’homéopathie, alors qu’un avis de la Haute Autorité de Santé (HAS) est attendu ce printemps. »
6 mars 2019. Capital — Boiron : le géant de l’homéopathie a du souci à se faire
Une lecture économique des résultats de Boiron nous
renseigne sur la portée des débats dans la société française.
« Tout au long de l’année 2018, le champion de l’homéopathie a vu les ventes de ses petits tubes de granules prescrits sur ordonnance diminuer. Le recul s’est même accéléré au fil des mois, pour atteindre une baisse de 10,6% au troisième trimestre. (…) L’action a chuté de 50% depuis trois ans. »
Le danger qui plane sur les emplois de Boiron (il est réel et c’est bien dommage pour les personnes concernées) est imputable à un choix stratégique très ancien, celui de ne pas faire de véritable recherches scientifiques pour développer des produits fiables.
« Problème, le laboratoire lyonnais n’a pas de plan B : il n’a jamais innové et n’a pas cherché à se diversifier. «On ne voit jamais arriver de vraies nouveautés dans leur gamme» (…) Boiron n’a investi dans la recherche qu’à dose… homéopathique. »
Résultat : Boiron se tourne vers l’international pour
écouler sa marchandise.
5 mars 2019. Parents.fr — Rhume de bébé : et si on le soignait avec l’homéopathie ?
On nous prodigue les bons conseils du Dr Pierre Popowski,
pédiatre homéopathe.
- Si l’écoulement est clair et irrite la lèvre
supérieure : Allium Cepa 7 CH.
- Si l’écoulement vire au jaune/vert : Hydrastis
canadensis 7 CH.
- Si au contraire, le nez est bouché la nuit, et
l’écoulement clair dans la journée : Nux Vomica 7 CH quatre fois par jour.
« L’homéopathie, comment ça marche ? L’homéopathie agit sur le désordre énergétique à l’origine de la maladie, et selon le principe de similitude »
Bref, propagande pro-homéopathique.
5 mars 2019. INREES — L’homéopathie, Le vrai du faux
Ce site de promotion des croyances dans le paranormal ne rate jamais une occasion de répéter que la science n’a pas réponse à tout et qu’elle critique injustement ceux qui défendent des idées en désaccord avec les paradigmes en vigueur.
« L’argument est toujours le même : les petites granules ne produiraient qu’un effet placebo. Ces discordes n’ont jamais réussi à éradiquer cette médecine qui a le vent en poupe. Alors, qu’en est-il vraiment ? De nombreuses recherches scientifiques plaident en sa faveur, à condition d’ouvrir un nouveau paradigme.. »
8 mars 2019. France Bleue — L’homéopathie dans la tourmente
La parole est donnée, sans contradiction et avec complaisance, au Dr Martine Gardénal auteur du livre « Homéopathie pour se soigner au naturel » paru en Novembre 2018 chez Guy Trédaniel Editeur. C’est donc malheureusement une promotion de l’antiscience.
13 mars 2019. Pharma GDD —Comprendre et bien se soigner avec l’homéopathie
Article de propagande.
« il est vivement conseillé de noter sur un calendrier le mode précis de prise des diverses souches homéopathiques, et de bien s’y tenir pour une guérison assurée. »
L’homéopathie serait dénuée d’effets secondaires : « Vous l’avez compris, l’homéopathie est une médecine douce qui présente de nombreux avantages, l’idéal étant de conjuguer homéopathie et allopathie. »
18 mars 2019. Le Quotidien du Médecin — Homéopathie : tout est prêt pour un éventuel déremboursement
Un an pile après la tribune qui a mis le feu aux poudres le journal fait le point sur les critères d’évaluation de la HAS et sur la manière dont v& se dérouler l’évaluation.
Une évaluation que les homéopathes vont probablement contester, comme permet de le prévoir la déclaration du Dr Christine Bertin-Belot, vice-présidente du Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF), pour qui cette procédure ne tient pas compte de la particularité de l’homéopathie.
« Ces médicaments ne fonctionnent pas par classe thérapeutique. Dans la pratique, le médicament est prescrit pour un ensemble de symptômes différents et répond à de nombreuses classes thérapeutiques. Ce n’est pas possible de les évaluer en les regroupant par classe homogène, cela n’existe pas ».
Cette longue odyssée à travers la couverture médiatique de l’homéopathie depuis le 18 mars 2018 met en évidence de sérieux problèmes dans l’information à laquelle ont eu accès les français. L’opinion a souvent remplacé l’information sourcée. Le sophisme a trop souvent pu passer à l’antenne sans être dénoncé pour la faute logique qu’il est.
Je tiens à souligner la qualité du travail de quelques rédactions qui ont couvert le sujet à de multiples reprises comme Science et Avenir, le Figaro Santé ou Le Quotidien du Médecin. Certaines rédactions ont un bilan mitigé, avec quelques très bons sujets et d’autres plutôt mauvais, c’est le cas du Monde, d’Europe 1, de France Info et surtout France Inter qui flirte avec la désinformation. Les cancres sur ce sujet sont LCI, Libération, le Parisien. Les autres n’ont pas accordé suffisamment d’intérêt à l’homéopathie pour qu’on puisse véritablement évaluer la qualité de leur travail, mais force est de constater que le paysage général n’est pas encourageant. Il serait donc faux de chercher des responsabilités individuelles à ce qui est de toute évidence un problème systémique : nos médias ne savent pas traiter ce sujet correctement.
Sur des questions qui touchent à ce que la science sait éclairer, les médias devraient avoir pour rôle principal de distinguer clairement la polémique de la controverse. La polémique est un désaccord consommé, cultivé, porté en place publique, motivé par des intérêts divergents, par une stratégie partisane ou par l’engagement de personnalités. Sa dimension est politique. Elle est différente de la controverse scientifique dont le périmètre est épistémique (ce que l’on sait, ce qui est « vrai »). La controverse est simplement une question scientifique sur laquelle deux ou plusieurs avis en présence n’ont pas réussi à trancher qui aurait plus raison, ou moins tort, que les autres.
Il y a des controverses sur l’efficacité de certains médicaments, sur la position taxonomique de certains groupes de plantes ou d’animaux, sur la balance bénéfice/risque du nucléaire, sur le statut de certaines théories cosmologiques, etc. Mais il n’y a plus de controverse scientifique sur l’efficacité de l’homéopathie, sur le changement climatique ou sur l’importance de la couverture vaccinale. Laisser penser le contraire à répétition, ce n’est pas aider le public à se forger une opinion éclairée par les faits les plus pertinents dont nous disposons.
En réalité, la polémique autour de l’homéopathie est une question simple. La littérature scientifique est limpide depuis des années. Il est donc particulièrement alarmant de la voir si maltraitée, car cela force à reconsidérer la qualité du travail des médias sur des sujets plus complexes, et donc la confiance que l’on peut leur accorder. Or la crise de confiance envers les médias que nous vivons est le terreau parfait pour que se développent des discours extrêmes et antisociaux.
On ne peut décemment pas se moquer des conspirationnistes et dénoncer les fake news, si dans le même temps on donne le spectacle d’un refus de la remise en question de ses préjugés. La tribune sur les #FakeMed est un test que bien trop de médias n’ont pas su passer.