La zététique consiste à questionner les raisons pour lesquelles nous pensons que quelque chose est vrai.

Suite à la vidéo « Fausse expertise chez les anti-complotisme » publiée le 9 aout, j’ai d’abord reçu une mise en demeure exigeant le retrait sous 24 heures de la vidéo de la part d’une avocate « pantoise ». J’ai gentiment répondu à ce courrier le jour même. Puis est arrivée une « mise au point » le vendredi 12 aout dans la soirée, consistant en un droit de réponse préparé par une impressionnante (?) phalange d’avocats, auquel j’accorde évidemment toute mon attention, même si je déplore que la réponse se résume à « je suis experte car on m’invite dans les médias, j’ai écrit une tribune et je publie des livres » à quoi s’ajoute la carte de la victimisation sexiste tout en oblitérant totalement le harcèlement de deux contributrices de la sphère rationaliste qui est à l’origine de l’existence de ladite vidéo (invisibiliser les femmes ne fait pas partie de notre projet.)

Après cela, vous pourrez lire le courrier que j’avais moi-même adressé à Marie PELTIER le 5 aout, pendant la préparation de la vidéo, afin qu’elle puisse apporter des réponses qui m’eurent évité de proférer d’éventuels propos incorrects ou trompeurs.

Ainsi, vous allez pouvoir découvrir la correspondance dans son intégralité et vous faire un avis sur l’honnêteté de ma démarche et de celle de Marie PELTIER.

Je rappelle que la vidéo concernait également Stéphanie LAMY, laquelle a d’abord choisi de ne pas réagir publiquement avant de publier abondamment des propos agressifs sur les réseaux, sans toutefois me communiquer un droit de réponse. Et je précise enfin que Madame PELTIER qui annonçait partout quitter les réseaux au moment de la sortie de la vidéo n’en a rien fait, y écrit beaucoup, et like encore des messages d’injures et de menaces.

 

Elle a même trouvé pertinent de déclarer qu’elle ne se « vengerait pas » des chercheurs/chercheuses ayant témoigné anonymement dans la vidéo, le genre de déclaration qui semble dire qu’elle serait en mesure et en droit de le faire. J’ignore si une vengeance est de mise contre le chercheur Pascal Wagner-Egger qui a témoigné non anonymement.

1. La vidéo (9 aout)

 

 

2. Courrier de mise en demeure (10 aout)

« C’est en ma qualité de conseil de Madame Marie PELTIER que je vous adresse la présente lettre de mise en demeure

Vous avez publié sur votre chaîne YouTube, ce 9 août 2023, une vidéo qui porte gravement atteinte à l’honneur et à la considération de ma cliente

En effet, vous y traitez ma cliente de « parasite » et vous y soutenez qu’elle est une fausse experte (<< Nous parlons de faux experts qui passent dans les médias de manière assez massive, qui se font un nom et qui prennent la place de celles et ceux qui travaillent »; « Le premier devoir de celui qui veut qu’on l’écoute, c’est d’éviter de se faire passer pour ce qu’il n’est pas « chercheuse« , « experte« , « universitaire » »)

Vous tentez également de jeter le discrédit sur son travail («< Elle s’est faite connaitre comme experte sur la Syrie sans parler la langue du pays »; « Il y a certainement de vrais experts [sur la Syrie] qui n’ont jamais pu parler dans les médias parce que la place était prise ») de manière gratuite et non fondée, allant même jusqu’à affirmer que ma cliente, spécialiste reconnue de l’anticomplotisme, appliquerait (avec Madame LAMY) « les méthodes d’un manuel de radicalisation et de dérive complotiste en ligne »). 

Ces affirmations sont purement mensongères et l’agressivité de vos propos révèlent une flagrante intention de nuire à ma cliente

Ces faits sont constitutifs d’infractions pénales graves tant en droit belge qu’en droit français (injures, calomnie et diffamation, harcèlement notamment) et causent un grave préjudice à ma cliente, lequel ouvre un droit à l’obtention de dommages et intérêts (responsabilité quasidélictuelle)

Je constate de surcroît que vous vous permettez d’affirmer connaître mon propre point de vue sur la situation de ma clientetout en discréditant mon propre travail, ce qui me laisse pantoise (« Je pense que l’avocate de Madame Peltier est d’accord avec moi car dans un de ses courriers que j’ai pu lire, qui est une mise en demeure, l’avocate ne mentionne aucun propos incriminant [] Donc c’est du bluff, de l’intimidation judiciaire« ). Ces affirmations, à nouveau mensongères et sans fondement, sont révélatrices de votre arrogance et du peu de sérieux de votre démarche. Permettezmoi, pour le bon ordre, de vous confirmer que le harcèlement dont a été victime Madame PELTIER fait actuellement l’objet de poursuites pénales

Je dois encore constater que vous diffusez, consciemment et volontairement, des extraits de vidéo de conférence privées tenues par ma cliente et pourtant couverts par la confidentialité, laquelle est clairement annoncée avant le début des conférences (« Elle en parle dans des vidéoconférences payantes auxquelles le public n’a pas accès mais que j’ai pu voir ») à ce sujet, la ou les personne.s vous ayant transmis ces vidéos ont ainsi violé cette confidentialité et la législation sur les droits d’auteur, ce qui pourrait justifier également des procédures judiciaires, outre votre implication personnelle. 

Votre intention de nuire à ma cliente et de discréditer son travail et son expertise est éclatante et ne souffre ainsi aucune contestation possible

Ceci alors même que ma cliente (à l’instar d’autres personnes de son entourage) vous a instamment demandé, en insistant sur son état de grossesse actuel et sa fragilité, de ne pas diffuser cette vidéo en l’état et à l’heure actuelle

Votre acharnement à son encontre sur ce point laisse sans voix et justifie par luimême une demande d’indemnisation en raison du préjudice subi

Dès lors, par la présente, je vous somme et vous mets en demeure de retirer immédiatement et au plus tard sous 24 heures la vidéo en question. 

A défaut, ma cliente agira par la voie judiciaire et notamment celle de la procédure d’urgence du référé civil, pour obtenir votre condamnation au retrait de cette vidéo, ceci outre des éventuelles procédures pénales, tant en France qu’en Belgique

J’ose encore espérer que nous ne devrons pas en arriver là

Je vous informe enfin que, au vu du caractère public de vos accusations, ma cliente se réserve le droit de diffuser publiquement la présente lettre

Olivia Venet 

Avocate »

 

3. Ma réponse à la mise en demeure (10 aout)

 

Bonjour Madame,

Merci pour votre très gentil message.
Comme je l’ai déjà dit dans la vidéo que vous avez vue, je propose évidemment à Madame Peltier de lui octroyer un droit de réponse afin de rétablir des faits que j’aurais présentés d’une façon qui lui semblerait erronée ou trompeuse, comme il convient, particulièrement dans une situation de désaccord scientifique.
Bien cordialement,
Thomas C. Durand

4. Le « droit de réponse » intitulé  « Mise au point concernant une vidéo de la Tronche en Biais » (12 aout)

« Monsieur,

Je fais suite à votre courriel de ce 10 août 2023.

Je vous informe que j’interviens à présent en cette cause aux côtés de Mes Emmanuel Daoud et Agathe Quinio, avocats au Barreau de Paris, qui me lisent en cc tout comme ma collaboratrice Me Chloé Licata.

Vous trouverez en annexe la mise au point rédigée par notre cliente Mme Marie Peltier, en réponse aux affirmations inexactes tenues dans votre vidéo.

Nous vous demandons d’en assurer une diffusion équivalente à celle de la vidéo litigieuse.

Bien cordialement,

Olivia Venet »

Mise au point concernant une vidéo de la Tronche en Biais

« Dans un contexte déjà lourd, marqué par un harcèlement constant de la part d’un groupe restreint, contre lequel des actions en justice sont déjà engagées, je tiens à réagir suite à la récente publication
vidéo de la Tronche en Biais. Depuis novembre 2022, j’ai fait l’objet d’attaques répétées consécutives à mon positionnement sur l’affaire « Facts and Furious ». Après une brève mention de cette affaire en juin dernier sur Twitter, implorant qu’on me laisse enfin en paix avec cette histoire, je pensais le sujet clos.

C’était sans compter, outre une importante vague d’attaques renouvelées durant le mois de juillet, sur un courrier reçu le 5 août, en plein milieu de mes vacances et alors que je traverse une période particulièrement délicate de ma grossesse. Une demande « urgente » de réponses à des questions orientées dont le ton malveillant était évident, rappelant par ailleurs une nouvelle fois l’affaire « Facts and Furious ». Nous avons aussitôt prévenu la Tronche en Biais des conséquences judiciaires qu’entraînerait une telle diffusion, étant donné le contexte. Deux témoins ont même pris la peine de contacter Thomas Durand à titre privé pour souligner l’inapproprié de cette démarche vis-à-vis de ma situation personnelle.


Je ne souhaite pas m’attarder sur chaque point avancé dans cette vidéo tant les imprécisions, les mensonges et surtout l’intention de nuire y sont flagrants. Personne ne devrait avoir à répondre à de telles accusations, visant clairement le discrédit professionnel. Mais je tiens à rectifier trois points majeurs :


1.
Sur mes « titres »

Ma transparence concernant mon parcours a toujours été de mise. Le titre de « chercheuse » ne m’a pas été attribué de ma propre initiative, même si mon travail en centres de recherche en Belgique a été reconnu. Bien souvent, les médias et organisations accueillantes m’ont associée à ce titre en raison de mes ouvrages sur le complotisme. Cependant, je m’en distancie volontiers quand la question m’est posée. Mon expertise repose sur la reconnaissance de mon travail et non une auto-proclamation. Si le but est de discréditer, alors ôtez-moi tout titre. Je préfère être jugée sur la qualité de mon travail – et je n’estime pas que Twitter est mon lieu de travail.

A cet égard, je renvoie à mes deux ouvrages : « L’ère du complotisme. La maladie d’une société fracturée » (2016, réédition 2021) et « Obsessions. Dans les coulisses du récit complotiste » (2018). Un troisième ouvrage est en cours de rédaction et sa parution est prévue l’an prochain. Je renvoie aussi à de plus récents entretiens, qui témoignent particulièrement de cette transparence sur mon parcours, à l’instar de la série en 5 épisodes sur le complotisme chez « Méta de Choc » diffusée en juin 2022 ou encore mon témoignage dans le podcast « Eloquentes » en mars dernier. Je pense par ailleurs, en termes de
reconnaissance de mon travail, à mon entretien en mars 2023 dans La Revue Défense Nationale (2023/3 – N° 858) sur le sujet :
« Propagande et complotisme : la Russie peut-elle
gagner la guerre des narratifs ? »
ou à ma participation en juin dernier au podcast « Sources Diplomatiques » de la Diplomatie Française sur le thème « Une société saturée par l’image et
l’impact sur la diplomatie ? ».
Rappelons enfin que mon activité principale est une activité d’enseignement en Histoire à l’Institut Supérieur de Pédagogie de Bruxelles (rebaptisé
désormais
Ephec Education).

2. Sur mon expertise

Il a été notamment mentionné que j’évoquais mon expertise sur la Syrie malgré mon absence de maîtrise de la langue arabe, un point que je ne cesse de rappeler moi-même. Mon travail se concentre sur la manière dont les démocraties occidentales perçoivent et reçoivent la propagande des dictatures, un sujet qui m’a conduit à me pencher sur le complotisme. Une simple étude de mes ouvrages aurait montré la vacuité de cet angle d’attaque. Pour un aperçu rapide, je renvoie à une tribune rédigée pour le quotidien Le Monde le 14 décembre 2016 intitulée « La chute d’Alep, c’est la victoire de la propagande complotiste », qui témoigne de cette étude conjointe au long cours de la propagande des dictatures et du phénomène complotiste au sein des pays occidentaux.


3.
Divulgation d’informations confidentielles

La publication d’extraits vidéo issus d’une conférence privée sans mon consentement constitue une grave violation de mes droits d’auteur et de la confidentialité. L’obtention de ces vidéos par des moyens qui interrogent m’amène à questionner les méthodes de la Tronche en Biais.
Je suis persuadée que de telles attaques n’auraient pas été dirigées contre des collègues masculins travaillant sur les mêmes questions, ayant pourtant pour certains une notoriété similaire ou
supérieure, et un parcours vis-à-vis duquel je n’aurais pas à rougir. Cette entreprise de discrédit semble plus aisée à mener contre une femme engagée dans le débat public. Espérons que, lorsque la
situation s’apaisera, nous pourrons enfin nous recentrer sur l’essentiel, à savoir la lutte contre la désinformation et le complotisme, dans une perspective éthique commune redéfinie.

J’ai inlassablement, ces derniers mois, ramené les « querelles » et « attaques » au sein de nos milieux à des enjeux et des questions de fond. Le débat de fond peut être confrontant et inconfortable. Mais
je le privilégierai toujours aux procès en disqualification et aux règlements de compte personnels. Je vous informe que consécutivement à la diffusion de cette vidéo, j’ai donné mandat à Me Olivia Venet,
avocate au barreau de Bruxelles, et Me Emmanuel Daoud, avocat au barreau de Paris, pour intenter toute action de nature à préserver mes droits.

Marie PELTIER

Je me permets un commentaire

Vous verrez ci-dessous toutes les questions esquivées par Marie PELTIER, je ne peux réagir qu’à ce qu’elle écrit et pas à ce qu’elle n’écrit pas. Je m’arrête sur une seule phrase : « Le titre de « chercheuse » ne m’a pas été attribué de ma propre initiative« . Et je l’accuse, c’est bien triste, d’être un mensonge.

La tribune ci-dessous signée Marie PELTIER dans Libération n’a pas pu être écrite, ni présenter son autrice comme « Chercheuse (Syrie, complotisme, questions interculturelles) et enseignante à Bruxelles » sans que l’autrice en soit pleinement responsable.

  • Dans cette conférence, à la 45e seconde, Marie PELTIER parle de sa « casquette de chercheuse sur le racisme »

En de maintes occasions, Marie PELTIER est présentée dans la presse en tant que chercheuse, ce qui apparait désormais comme une fausse information. Selon la « mise au point », il faudrait croire à l’incompétence générale des journalistes de presse écrite. D’accord, mais…

  • En 2016, sur la RTS, l’animateur présente « Marie Peltier. Vous êtes chercheuse et enseignante à Bruxelles. Vous travaillez sur la narration du conflit Syrien. » Marie PELTIER approuve
    • https://www.rts.ch/audio-podcast/2016/audio/l-action-en-syrie-de-la-russie-est-elle-diabolisee-25732777.html
  • En 2020, sur la RTS l’animateur de l’émission Geo Politis la présente « Historienne, essayiste chercheuse, professeur » ; Marie PELTIER ne le corrige pas.
    • https://www.rts.ch/play/tv/geopolitis/video/marie-peltier-le-complotisme-est-une-arme-politique?urn=urn:rts:video:11811499
  • En 2021 sur France Inter « Vous êtes historienne, chercheuse et enseignante (…) vos travaux font foi dès qu’il s’agit d’aborder la question du complotisme« …. Marie PELTIER acquiesce
  • La fiche de son livre de 2018 « Obsession » est identique à celle de son livre « l’ère du complotisme » de 2021, chez un autre éditeur : « Marie Peltier est historienne, chercheuse et enseignante à Bruxelles. » A-t-elle pu échapper à sa vigilance ? L’incompétence en série frappe-t-elle aussi les éditeurs ?

  • Ajout le 27 aout 2023. Le blog personnel de Marie Peltier sur Médiapart la présente ainsi : « Enseignante et chercheuse »

  • Etc.

Le débunkage de la moindre phrase nous met face à l’asymétrie de Brandolini… Mais le verdict, dont je vous laisse juge, me semble très clair. Un expert, c’est quelqu’un qui ne nous oblige pas à passer des heures à tout revérifier en raison de son habitude au mensonge.

 

5. Le courrier adressé à Marie PELTIER (5 aout)

 

Madame PELTIER,

Je m’intéresse à votre activité en ligne, notamment aux propos que vous tenez au sujet des « fact-checkers ». Je cherche à vérifier quelques informations ainsi qu’à bien cerner certains de vos propos afin de ne pas les dénaturer dans le script que je prépare pour analyser vos positions et formuler une critique que j’espère utile au public.

Je vous serais reconnaissant de bien vouloir me répondre dans les tous prochains jours, la publication étant imminente. Naturellement, je serai attentif à vous accorder un droit de réponse si vous en désirez un.

 

  •  Vous êtes parfois présentée comme enseignante-chercheuse[1]. Je voudrais savoir quelle université vous a recrutée avec ce titre ou s’il s’agit d’erreurs ?
  • À d’autres moments c’est simplement le terme chercheuse que vous employez (souvent en disant « enseignante et chercheuse », ce qui peut prêter à confusion, vous l’avouerez). Ce titre n’est pas protégé, mais il reste inhabituel de se dire chercheur sans avoir un doctorat. Pouvez-vous justifier de l’emploi de ce titre ?
  • Vous vous présentez comme une « spécialiste de la Syrie »[2] dont vous ne parlez pourtant pas la langue. Quels sont vos travaux scientifiques sur le pays qui permettent de dire que vous avez une expertise ?
  • En 2015, dans une tribune sur Libération vous vous présentez ainsi : « Chercheuse (Syrie, complotisme, questions interculturelles) et enseignante à Bruxelles »[3] Quels étaient alors vos travaux de recherches ?
  • À partir de 2017, vous vous présentez comme historienne[4]. Sur quoi cela repose-t-il ?
  • À partir de 2021, vous vous présentez dans les médias comme une spécialiste de la propagande[5]. Quels travaux permettent-ils de dire que vous avez cette expertise ?
  • À partir de 2023, vous êtes « historienne spécialiste de la mise en récit des questions étrangères et de la manipulation des médias »[6]. Sur la base de quels travaux ?

Mes recherches ne m’ont permis de trouver aucune publication scientifique à votre nom en dehors de votre mémoire de master. Mais je peux avoir raté quelque chose.

 

J’ai également des questions plus circonstanciées :

  • Quelles informations vous ont-elles permis de traiter Antoine Daoust « d’agresseur » le 29/11/2022 dans « l’affaire Fact n Furious » ?  Vous l’avez publiquement comparé au meurtrier Bertrand Cantat, pouvez-vous m’en expliquer la raison ?
  • Votre engagement pour le féminisme ne vous a pas conduit à condamner les vicieuses attaques misogynes de France Soir à l’adresse de Yogina, nouvelle compagne d’Antoine Daoust, visée par une campagne de diffamation durant des mois, alors même que vous avez tweeté quotidiennement sur cette affaire. Pourquoi ?
  • Pourquoi avoir choisi d’empêcher que quiconque puisse répondre sous vos tweets ? Cette stratégie ne risque-t-elle pas d’accroitre les QRT que vous accusez d’être une pratique de harcèlement ?
  • Quelle est votre position sur le doxxing ? Est-il normal d’utiliser un étudiant en stage pour qu’il « organise les données » récoltées en vue de démontrer que vous êtes victime de harcèlement sur Twitter ? L’institut Galilée valide-t-il ce genre de mission pour les étudiants placés en stage auprès de ses enseignantes(-chercheuses) ?

 

N’hésitez pas à me faire part de vos questions si jamais les miennes n’étaient pas suffisamment claires.

Bien cordialement

Thomas C. Durand, PhD

__________________

Notes

[1] Par exemple ici : « Père Paolo, la Syrie et l’Europe », Migrations Société, 2018/4 (N° 174), p. 91-95. DOI : 10.3917/migra.174.0091. URL : https://www.cairn.info/revue-migrations-societe-2018-4-page-91.htm

[2] Marie Peltier 🔜🐘 on Twitter: « Et quand en sus on y ajoute la dégueulasserie de m’attaquer sur le sujet de la propagande en Syrie, qui est non seulement mon domaine d’expertise mais aussi et surtout celui pour lequel j’ai donné toute mon énergie depuis plus de 10 ans, on révèle bien ce qu’on est devenu(s). » / X

[3] https://www.liberation.fr/debats/2015/09/02/terrorisme-complotisme-drame-des-migrants-et-si-l-europe-perdait-le-sens_1374430/

[4] https://www.youtube.com/watch?v=y-7s_luKXjg

[5] https://www.rtbf.be/article/sputnik-cite-dans-une-epreuve-du-ce1d-francais-inadmissible-caroline-desir-interpelle-son-administration-11015109

[6] https://www.podcastics.com/podcast/episode/table-ronde-la-photo-tout-un-monde-22-242626/

Article invité

Gautier Corgne, ingénieur de formation, m’a proposé cet article après avoir mené une enquête comprenant une prise de contact avec David Lefrançois dont les activités sont ici analysées. Ce travail sourcé et bénévole pose maintes questions.

Acermendax

Récemment épinglé par un rapport de la DGCCRF pour “manque de compétences, de titres professionnels ou de mentions valorisantes”[1], le secteur du coaching bien-être ne manque pas de cartes dans son jeu pour attirer de nouveaux adeptes. Dans l’une des dernières vidéos du youtubeur Squeezie, un ostéopathe fait mention de l’institut des neurosciences de Levallois. Un institut des neurosciences à Levallois, cela attire l’attention. Parce qu’il existe bien un Institut des Neurosciences à Paris sous l’égide du CNRS, mais sur le plateau de Saclay. Ici, c’est d’un tout autre type de centre dont il est question: un “institut des neurosciences appliquées” domicilié à Levallois-Perret, qui forme des coachs en “neurosciences motivationnelles”. Enquête.

 

Institut fictif, diplômes aux mentions fallacieuses ?

Les neurosciences se définissent comme étant l’ensemble des disciplines scientifiques étudiant le système nerveux. Si ces études passionnent de nombreux spécialistes en France et dans le monde, pour le commun des mortels le cerveau reste un organe au fonctionnement si complexe que se sont développés sans difficultés de nombreux neuromythes. Cerveau gauche et cerveau droit, nous utilisons 10% de notre cerveau,… ces propos alimentent des croyances encore fortes aujourd’hui que se mettent désormais à cultiver les coachs en bien-être: qui ne rêverait pas d’être capable d’utiliser toutes ses capacités cérébrales à l’aide de secrets validés par la science ?

Du côté des formateurs de cet institut tout d’abord, une seule intervenante est réellement titulaire d’un doctorat en neurosciences mais s’est tournée dans le coaching bien-être et n’a par conséquent plus d’activité scientifique dans le domaine. Parmi les autres intervenants annoncés en présentiel comme en distanciel: un kinésiologue formateur en hypnose, un psychologue sophrologue formateur en PNL, des coachs eux-mêmes formés par l’institut se disant diplômés en “neurosciences motivationnelles”: une présence alarmante de pseudo-sciences pour une formation qui se veut s’appuyer sur la science et la recherche. On peut légitimement se questionner sur la pertinence scientifique de la formation proposée, d’autant que celle-ci prétend former au niveau master. En effet, l’organisme propose l’obtention d’un “Master en Neurosciences Motivationnelles”. Pourtant en France, le grade de master est délivré par des organismes répertoriés sur France Compétences et depuis peu sur la plateforme MonMaster, parmi lesquels on ne trouve pas cet institut. Le master est une formation à l’appellation encadrée légalement délivré par les établissements d’enseignement supérieur accrédités par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche [2] qui forme des étudiants issus d’une licence 3, à plein temps, avec plusieurs sessions de partiels et avec -sauf rares exceptions- des formateurs tous docteurs, doctorants ou agrégés dans le domaine du master. Ce qui n’est pas le cas ici.

 

L’appellation « neurosciences motivationnelles » utilisée dans les intitulés des formations de l’Institut est une invention de toute pièce, dont la consonance scientifique peut séduire. A Levallois Perret, aucun chercheur ni scientifique pourtant, uniquement une domiciliation dans un immeuble de bureaux. Sur le site de l’institut, un “numéro RCS” qui renvoie vers une SARL unipersonnelle créée en 2014 mais dont le gérant change régulièrement: curieux. Lorsqu’on tente d’acheter un contenu parmi les formations en ligne proposées, la plateforme renvoie vers un autre site web géré par une entreprise anglo-saxonne à qui on paie la formation choisie.

 

Liste d’une partie des formations proposées en ligne entre 197€ et 797€

 

Aux yeux de l’État français [3], c’est pourtant la société unipersonnelle du directeur de l’institut qui a obtenu la certification Qualiopi dont le logo est bien mis en valeur dans le footer, tandis que les formations en ligne sont facturées par une autre entité anglo-saxonne. Parmi ces formations: “Neuro reset”, “Quantum system”, “Psycho-neuro-nutrition”, “High level”, “Volonté et détermination”,… les intitulés et les descriptifs peuvent questionner. Les conditions générales de vente sur le site de l’institut indiquent que la loi applicable est la loi française, mais dès qu’on bascule sur la seconde plateforme, les conditions générales de vente diffèrent et indiquent que la loi applicable est la loi anglo-saxonne. La multiplicité des entités intrigue.

L’institut propose, avec cette structure particulière, plusieurs formations pour “former les meilleurs coachs du monde francophone” à 5997€ net sans facturation de la TVA. Or une SARL est soumise à TVA dès 36800€HT de chiffre d’affaires: soit l’institut vend au plus six formations par an -ce qui est incompatible avec les affichages de 1500 à 2000 coachs formés en quinze ans-, soit la non facturation de la TVA intrigue. Elle pourrait relever d’une exonération (Art. 261.4.4 a du Code Général des Impôts), mais la formation semble inclure du coaching et les prestations de coaching ne sont pas sujettes à exonération par cet article. De plus la formation est proposée pour « simplement vous développer personnellement » sur la page d’accueil, ce qui ne semble pas relever de la formation professionnelle continue dans ce cas précis, donc serait sujet à TVA.

Diplôme délivré en 2022 faisant mention d’une spécialisation en Neurosciences

 

Enfin, la brochure de l’Institut consultée comprend onze occurrences du terme “neurosciences”, parle de “neurobiologie de la motivation”, “neurobiologie de la peur”, “neuroponcture” (définie comme une technique de transformation émotionnelle), “neuromarketting”, “neurovente”… L’ajout du préfixe “neuro” donne un aspect très scientifique mais relève en réalité de ce que certains vrais spécialistes appellent du neuro-bullshit ou neuro-washing [4]. Les contenus “s’inspirent de très nombreuses années de recherches” d’après le descriptif de la plaquette de formation, mais de quelles recherches exactement ? Probablement de celles réalisées par le directeur de l’institut, David Lefrancois, chercheur -selon ses dires-.

 

Docteur et chercheur, ou imposteur ?

En interviews, dans ses vidéos, sur ses réseaux, sur son site ou sur les sites utilisés pour créer du référencement, le directeur de l’institut David Lefrancois se présente ou est présenté comme docteur/expert en neurosciences, scientifique, enseignant à l’université de Paris Sud,  psychologue et psychosocialiste, chercheur, titulaire d’une chaire d’études à Tel Aviv… un parcours académique on ne pourrait plus brillant. Il met en avant “ses recherches” sans jamais les préciser, pour appuyer ses dires et revendique plusieurs passages télévisés, après avoir été “expert” pour l’émission Toute Une Histoire sur France 2 il y a plusieurs années.

On retrouve l’un de ces passages sur Youtube [5] et ce dernier laisse perplexe. En effet, David Lefrancois y affirme qu’à vingt ans, un adulte a reçu vingt-deux à vingt-six mille heures de marques d’attention négatives. En comptant dix secondes par marque négative, cela correspond à plus de mille marques négatives par jour depuis sa naissance, ou encore trois ans de sa vie à recevoir des marques négatives en continu nuit et jour: cela n’a évidemment aucun sens.

Concernant le parcours académique prestigieux que prétend avoir eu David Lefrancois, on peut aussi émettre d’importants doutes. Il se dit chercheur mais Google Scholar ne recense aucune publication en revue à comité de lecture, ce qui est incompatible avec le parcours d’un docteur qui aurait des activités de recherche depuis un certain temps. Concernant son poste de titulaire d’une chaire d’études à Tel Aviv, cela semble également curieux pour un chercheur sans publications de se voir confier un tel poste, en général occupé par un Professeur des Universités qui a su se faire remarquer au sein de son laboratoire. Contactée, l’université de Tel Aviv m’a répondu ne pas connaître M. Lefrancois qui n’a en réalité jamais occupé un tel poste dans leur université.

Contacté à son tour à plusieurs reprises avant la rédaction de ce billet, David Lefrancois a fini par me répondre et affirme être docteur en neurosciences, un diplôme qu’il aurait obtenu à l’Université de Kiev, mais n’a su me fournir de document ni le DOI d’un article de recherche pouvant attester sans difficultés du parcours académique qu’il prétend avoir eu, réservant ces documents à ses clients. Il m’a proposé de me remettre son mémoire en ukrainien, uniquement en mains propres au cours d’une de ses conférences, ce que je n’ai pu accepter. Il a reconnu ne pas avoir été titulaire d’une chaire à l’université de Tel Aviv, et que cela était une invention d’un collaborateur qui l’a interviewé. Pourtant, ce propos se retrouve sur plusieurs articles et il est publié depuis un certain temps sur plusieurs plateformes, peut en témoigner la wayback machine. Enfin, il m’a précisé accompagner chaque année plusieurs futurs doctorants en neurosciences, ce qui sans jamais apparaitre en tant que co-auteur du moindre article scientifique, semble peu probable. Contactée par mes soins à la suite de ces échanges, l’Université académique de Kiev -via son directeur académique et son chef du département Biophysique moléculaire- m’a confirmé ne pas connaître M. Lefrancois et m’a précisé ne pas proposer de formations en neurosciences au-delà du niveau master.

De plus, la dénomination de “psychologue” est en France réservée aux titulaires d’un diplôme reconnu (français ou ayant été reconnu par un centre ENIC-NARIC) qui ont l’obligation de s’inscrire au répertoire ADELI [6] s’ils exercent. Ce qui ne semble pas le cas pour David Lefrancois, qui n’a répondu à mes demandes concernant ses diplômes.

En 2001, David Lefrancois ouvre sa première entreprise luxembourgeoise [7] dans le domaine du coaching, qui abrite le premier “Institut des Neurosciences Appliquées” à Paris XX, créé en 2007 sous cette appellation. Cette société est liquidée en 2011 et radiée du Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) en 2012 pour insuffisance d’actifs. En 2011, il ouvre une nouvelle entreprise en France [8], rapidement liquidée en 2012, dont il annule la liquidation en 2014 [9]. En septembre 2015, il est interdit de gestion pendant douze ans par le Tribunal de Commerce de Nanterre [10]; et cette entreprise finit clôturée en 2021 pour insuffisance d’actifs. Une nouvelle entreprise ouvre alors en 2014 [11] sous la gestion d’une coach diplômée de l’institut la même année, qui sera dissoute en 2016 et radiée en 2017. En octobre 2016, David Lefrancois ouvre alors l’entreprise anglo-saxonne [12] dont il prend la direction en 2017. Toujours interdit de gestion en France, il parvient ainsi à engendrer des revenus via cette structure au Royaume Uni et via sa société unipersonnelle ouverte en 2014, gérée depuis 2017 par des tiers qui changent régulièrement.

 

Enfin, en plus d’être interdit de gestion depuis 2015, David Lefrancois a été condamné en 2019 à vingt quatre mois de prison dont dix-huit avec sursis dans l’affaire “Defaix”, une escroquerie où il a “joué un rôle moteur dans la conception de l’argumentaire commercial des coopératives”[13] qui récoltaient des fonds d’investissement dans des PME locales, fonds qui étaient en réalité détournés. De sérieux doutes peuvent apparaître à la lecture de ces éléments et au vu de ce passif.

Coachs en neurosciences ? Méfiance !

Depuis son existence, cet institut a délivré de nombreux diplômes dont on peut douter de la réelle valeur scientifique à l’issue de ce billet. Si j’ai été amené à mener cette investigation, c’est parce que j’ai rencontré en école d’ingénieurs un coach diplômé de cet institut, qui tenait des propos scientifiquement si discutables qu’ils m’ont poussé à interpeller mon école, puis à m’intéresser davantage à cet institut. Ce coach n’était pas de mauvaise foi, il avait acheté une formation un certain prix et était persuadé d’être compétent en neurosciences, au point d’être vacataire dans le supérieur, de s’inspirer par exemple de citations d’Idriss Aberkane, de tenir des propos flous sur les énergies dans le corps humain, le tout devant un amphithéâtre rempli d’étudiants -eux réellement- de niveau M2 dans l’une des plus grandes écoles d’ingénieur de France.

Le répertoire de l’institut compte à ce jour plus de deux cent coachs, l’institut annonce plus de mille cinq cent coachs formés en quinze ans -ou plus de deux mille en vingt ans suivant les pages-, et chacun a sa visibilité propre auprès de son public -David Lefrancois compte 346 000 abonnés sur Youtube, 114 000 sur Facebook à ce jour-. Parmi tout ce public, comment savoir combien de personnes en souffrance pensent trouver en ces discours une réelle expertise tandis que de vrais professionnels de santé sont susceptibles de leur porter assistance ?

 

Gautier Corgne

_________________

Cet article existe en version Vidéo sur YouTube

 

_______________

Sources:

[1] https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/secteur-du-coaching-bien-etre-lenquete-de-la-dgccrf-releve-80-danomalies-chez-les-0

[2] https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/le-diplome-national-de-master-dnm-46220

[3] https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/liste-publique-des-organismes-de-formation-l-6351-7-1-du-code-du-travail/

[4] https://www.usinenouvelle.com/blogs/le-blog-des-experts-des-neurosciences/neuromanagement-neuroleadership-neuropedagogie-prenons-garde-au-neuro-washing.N806560

[5] https://www.youtube.com/watch?v=f3GEf1bKLKw

[6] https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/psychologue-une-profession-reglementee-en-france-46456

[7] https://annuaire-entreprises.data.gouv.fr/entreprise/coach-up-institut-sa-institut-des-neurosciences-appliquees-440139368

[8] https://annuaire-entreprises.data.gouv.fr/entreprise/cabex-strategie-533265088

[9] https://www.verif.com/societe/CABEX-STRATEGIE-533265088/

[10] https://www.bodacc.fr/pages/annonces-commerciales-detail/main/?q.id=id:A201600512478

[11] https://annuaire-entreprises.data.gouv.fr/entreprise/799789383?redirected=1

[12] https://find-and-update.company-information.service.gov.uk/company/SC547387/filing-history

[13] https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/affaire-defaix-sept-anciens-collegues-de-defaix-juges-en-appel-6210936

 

Archiviste et responsable du patrimoine de la ville de Megève, David-Alexandre Rossoni est historien de formation. Il est l’auteur de Les OVNI du CNES (2007) et vient de publier dans la Collection Zététique de Book-e-Book « La pseudo-histoire décodée. L’exemple de Rennes-le-Château » qui revient en détail sur l’une des plus célèbres histoires de trésor du territoire français.

La légende de l’Abbé Saunière parle de passages secrets menant au fabuleux butin que les templiers auraient enfoui dans ce petit village du Languedoc, mais d’autres versions évoquent un trésor spirituel, et même Jésus Christ… et ont tout bonnement soufflé à Dan Brown la trame de son best-seller Le Da Vinci Code !

 

David Rosssoni a accepté de répondre à quelques questions.

 

Pourquoi avoir choisi l’affaire de Rennes-le-Château pour traiter le sujet de la pseudo-histoire ?

Cette « énigme historique » factice présentait à mes yeux plusieurs facteurs d’intérêt.

Déjà, elle n’avait jamais été étudiée par des historiens professionnels, si l’on excepte le travail de René Descadeillas il y a maintenant près d’un demi-siècle. Un ouvrage de référence sur le sujet restait donc à produire.

Et ce n’est pourtant pas la matière première qui manquait : ce petit coin du Razès a donné lieu depuis le milieu du XXe siècle à une invraisemblable quantité d’écrits divers et variés, de témoignages oraux, de documents audiovisuels, de controverses, etc. Il a même généré son propre sous-genre littéraire – dont le plus célèbre représentant reste le Da Vinci Code, qui a tout simplement été un des livres les plus lus au monde.

Au fil du temps, ce récit collectif a agglutiné beaucoup des thèmes de prédilection des pseudo-historiens : l’Atlantide, les cathares, les Templiers, les sociétés secrètes, la mythologie chrétienne en général… Il a connu tellement de développements qu’il a fini par refléter à peu près toutes les facettes de la pseudo-histoire : spiritualistes, conspirationnistes, relativistes… Il a aussi sollicité les différents types de croyances : religieuses, parareligieuses, pseudoscientifiques, politiques… Bref, il y avait de quoi faire !

Enfin – ou peut-être d’abord –, l’épicentre du prétendu Mystère se situait géographiquement au cœur de ma région natale, attrait supplémentaire évidemment, d’ordre affectif cette fois. Il faut dire que cette partie de l’Occitanie regorge de « puits à mythe », pour reprendre une expression de l’écrivain Henri Gougaud, avec le « triangle ésotérique » formé par la « montagne sacrée » du Bugarach, la cité thermale de Rennes-les-Bains et le village perché de Rennes-le-Château dans la haute vallée de l’Aude, le château de Montségur et les autres « citadelles du vertige », un peu plus loin les spoulgas cathares et les cavernes ornées paléolithiques dans la haute vallée de l’Ariège, encore un peu plus loin, sur l’autre rive de la Garonne, le territoire de la « race maudite » des Cagots… Toutes choses qui ont fait les beaux jours de « l’histoire mystérieuse » hexagonale…

Contrairement aux légendes traditionnelles des temps passés, ce récit collectif a pu être observé en continu de sa naissance à sa mort si l’on peut dire. Les apports respectifs des différents auteurs, les sources, dates et modes d’introduction de thèmes et personnages, les types de déformations imprimés aux faits historiques, etc. sont donc très bien identifiés. On peut retracer en détail l’ensemble du processus.

Le livre aurait pu ainsi s’intituler « Vie et mort d’un récit collectif » car, depuis une décennie environ, la « Belle histoire » – la version merveilleuse de l’affaire – avance à la manière d’un zombie : elle continue à être évoquée, utilisée à différentes fins, touristiques surtout, mais a quasiment cessé d’être objet de croyance. Je situerais sa mort effective vers 2013. Après l’affaire du Pech d’En-Couty qui a scellé en 2011 l’échec de la quête d’un trésor matériel, le fiasco encore plus grotesque de la prédiction de fin du monde à Bugarach en 2012 puis le refus par la DRAC en 2013 de donner suite aux spéculations para-archéologiques de l’architecte Paul Saussez en autorisant de nouvelles fouilles dans l’église de Rennes. En cette même année 2013 est paru le dernier livre à avoir un tant soit peu marqué les esprits, Le secret dévoilé de Christian Doumergue, un « true believer contrarié » devenu la bête des médias en France sur Rennes-le-Château et les sujets connexes. Les étrangers, principalement les Anglo-saxons, paraissent également avoir lâché l’affaire à la même époque, après y avoir été de très actifs mythmakers à partir du début des années 1970. Au moins implicitement, la cause semble désormais entendue.

 

 

 

Le livre de David Rossoni (cliquez !)

Que dit la version légendaire de cette histoire ?

De façon caractéristique, il n’existe pas une seule version légendaire mais plusieurs variantes. Et cette histoire imaginaire a de plus changé de genre au fil du temps, ce qui en accroît encore l’intérêt.

En règle générale, une légende se forme par l’exagération de faits réels, leur transposition dans un contexte différent, leur amalgame à des évènements indépendants ou/et leur remodelage pour épouser un scénario préexistant. On peut suivre sa construction progressive à partir de versions précédentes imparfaites, voir certains évènements disparaître, de nouveaux épisodes s’amalgamer au récit, etc.

Dans un premier temps, à la Belle Époque, nous avons ici un fait divers mineur mais revêtant un caractère insolite et une dimension symbolique – l’enrichissement en apparence inexpliqué d’un pauvre curé de campagne devenu bâtisseur, l’abbé Bérenger Saunière (1852-1917). Le caractère fastueux – selon les critères locaux – des constructions et du train de vie du prêtre ainsi que l’incertitude sur l’origine de l’argent dépensé ne tardent pas à donner lieu à des rumeurs villageoises. Une rumeur est un récit présenté comme authentique – le narrateur se réfère généralement à une source – mais dont il n’est pas possible en l’état de contrôler la véracité.

Un embryon de légende traditionnelle relative à la découverte d’un trésor (légende dorée) et à une pénitence posthume du prêtre (légende noire) prend naissance à partir de ces rumeurs dans l’entre-deux-guerres, après la mort de Saunière. Certains disent que les somptueuses bâtisses de son domaine ont été édifiées « avec l’argent d’un trésor trouvé », d’autres que la statue hideuse qui porte le bénitier de l’église est « l’ancien curé qui a été transformé en diable ». La découverte d’un trésor enfoui et la condamnation d’un prêtre séculier à une pénitence posthume en raison de péchés commis pendant sa vie – et surtout parce qu’il n’a pas dit les messes qui lui avaient été payées – sont des motifs narratifs communs dans le légendaire français.

La société française se modernise cependant rapidement après la Seconde Guerre mondiale. Les évènements originels sont à nouveau altérés dans la légende contemporaine, forgée, signe des temps, dans un but d’emblée commercial par un homme d’affaires d’origine citadine.

Ce premier auteur, déjà romancier amateur à ses heures, met habilement en récit la vie de Saunière et l’histoire antérieure du petit village audois en puisant plus dans la rumeur/mémoire collective que dans les documents d’archives pourtant à sa disposition. Afin de rendre sa pseudo-histoire plus attractive, notre inventeur en omet les points ordinaires et souligne, ou invente purement, des détails propres à frapper l’imagination. Les faux souvenirs déjà nourris à propos de Saunière par des gens du pays se trouvent favorisés par les échanges d’informations, la lecture d’articles journalistiques, des interviews guidées, consciemment ou pas, etc. D’autres motifs légendaires, plus ou moins rationalisés, viennent ainsi enrichir le récit.

En peu d’années, la croyance en une histoire remarquable se généralise. D’autres auteurs aux motivations variées reprennent cette version sensationnelle, avec des élaborations et des embellissements successifs.

Mais la légende d’un trésor matériel fait bientôt place à celle d’un trésor spirituel, qui se coule à son tour dans le mythe du Grand Monarque avec l’épisode de la descendance mérovingienne puis dans le grand mythe de l’Occident, le mythe chrétien, avec l’entrée en scène de Jésus-Christ et de Marie-Madeleine.

Le mythe contemporain est d’inspiration gnostique : une personne humble – Saunière ou son confrère de Rennes-les-Bains Boudet dans certaines versions plus tardives – découvre l’existence d’un secret pouvant changer le monde et accède à l’état de grand initié. Ce modèle gnostique est tout à fait compatible avec la spiritualité individualiste de notre époque qui se livre à un bricolage généralisé des croyances religieuses. Une nouvelle génération d’auteurs produit alors une multiplicité d’opinions théologiques « hérétiques » en explorant diverses variantes possibles du mythe.

La petite histoire rennaine permet désormais de récapituler l’histoire mythologique du monde occidental. De plus en plus, elle sert de prétexte à remettre sur le tapis et à discuter tout son fond de traditions ésotériques et religieuses, ses mouvements et dissidences spirituels, avec des élargissements successifs.

Mais, un jour, les mythes aussi peuvent mourir…

 

Comment avez-vous travaillé ? Avec quelles sources ? Sur combien de temps ? Quelles difficultés en chemin ?

L’ouvrage a bien sûr nécessité un gros travail de documentation, qui s’est étendu sur plusieurs années, accompagné de nombreux échanges avec des saunièrologues patentés et de multiples excursions dans le Razès. J’en ai rédigé une première version entre 2007 et 2010, date de sa publication sous le titre de l’Histoire rêvée de Rennes-le-Château – Éclairages sur un récit collectif contemporain. Le professeur Henri Broch a vivement souhaité le republier une dizaine d’années plus tard dans sa collection zététique. Je l’ai alors refondu pour en faire une version plus aboutie et mise à jour, ce qui m’a occupé une année de plus.

L’histoire de l’abbé et de son trésor ont fait l’objet de très nombreux ouvrages

Dans ce cheminement, avez-vous découvert des éléments jusqu’ici ignorés de ceux qui parlent de l’affaire ?

Il m’a plus fallu lutter contre le chaos informationnel, la surabondance anarchique d’informations, que contre la pénurie d’informations… Cette affaire, comme beaucoup d’autres domaines au XXIe siècle, a besoin de tout, sauf d’informations supplémentaires ! J’ai évidemment parcouru les rares publications académiques sur le sujet et consulté les fonds d’archives accessibles, mais la plupart des données factuelles avaient déjà été mentionnées « quelque part » – souvent éparpillées dans des documents produits par d’obscures associations, auto-édités par des chercheurs amateurs, publiés anonymement ou sous pseudonyme sur internet, etc. Mon apport personnel sur ce plan s’est limité à des éléments comme le positionnement politique de membres de la famille Saunière ou la source d’influence de tel évènement fictif introduit dans la biographie du héros. Plus qu’ajouter de nouveaux renseignements, l’essentiel de mon travail a consisté à rassembler, organiser, vérifier, analyser et synthétiser des sources partant absolument en tous sens pour enfin donner une vision claire et détaillée de l’ensemble du puzzle correctement reconstitué.

 

Quelles objections rencontre votre travail ?

Depuis que nous sommes entrés dans l’ère de la post-vérité avec notamment le développement des réseaux sociaux, on ne peut plus guère s’attendre, surtout sur un pareil sujet, à de quelconques objections argumentées… Lors de la parution de la première mouture de l’ouvrage, des controverses entre « croyants » et « sceptiques », ou opposant différentes chapelles de croyants, subsistaient encore. À titre d’exemple, le fortéen Philippe Marlin, par ailleurs propriétaire alors de la principale librairie de « la Colline envoûtée », m’avait essentiellement reproché la dureté de mes analyses critiques – concernant notamment le véritable inventeur de la légende – et s’inscrivait en faux sur la fin prochaine de cette histoire en tant qu’objet de croyance. Ma prédiction s’est pourtant réalisée peu après… si bien que M. Marlin a dû vendre son commerce en faillite. La disparition des controverses signe d’ailleurs le fait que le récit légendaire est devenu une fable à laquelle quasiment plus personne ne croit.

Plus généralement, chacun tend aujourd’hui à rester confiné dans sa bulle informationnelle, à l’abri des micro-agressions de ceux qui ne pensent pas comme soi. Le biais de confirmation fonctionne à plein. Les informations « déplaisantes » sont ignorées – elles ne nous parviennent simplement pas – ou sinon sont rejetées sans examen, balayées d’un tweet ou dans une brève vidéo… Le site de la Gazette de Rennes-le-Château passe simplement sous silence l’existence de mon livre, pourtant centré sur sa raison d’être. Le relativisme ambiant, nouvelle philosophie dominante de notre monde occidental, tend à tout transformer en simples opinions non contraignantes.

 

Quelle leçon principale devons-nous tirer de l’histoire de l’Abbé Saunière ?

Premièrement, que nous sommes bien une sacrée « espèce fabulatrice » ! Puis, que le mythe est plus fondateur que l’histoire à visée scientifique, et la rumeur plus forte que l’information. Enfin, qu’informer correctement reste le plus souvent insuffisant pour convaincre quelqu’un qui s’est déjà formé sa propre petite opinion sur un sujet.

Certaines personnes veulent continuer de croire ceux dont on a prouvé maintes fois qu’ils mentaient dans leur intérêt et pour salir autrui ; le remède ne se trouve pas ici. Celles et ceux qui ont conscience que la confiance se mérite, et pas seulement en prononçant les phrases qui font plaisir aux oreilles convoitées, trouveront ici matière à réflexion.

 

Le 4 décembre 2022, Idriss Aberkane tweetait ceci :

« Tout est sous contrôle.

La Réalité : les accusations contre Fact and Furious ont reçu de nombreuses preuves (ordinateurs, documents photoshoppés, certificats médicaux, plaintes, procès verbaux)

Wikipedia : c’est rien que des mensonges sans preuves complotés par @france_soir »

Pour appuyer le narratif que Wikipédia est employé pour désinformer le public, Aberkane ajoute une image captant un paragraphe.

On peut y lire : « En novembre 2022, un site français, Facts & Furious, ferme suite à des accusations d’articles sur commande et de trafics de test au COVID-19, sans aucune autres preuves que les dires de Francesoir. » Sont associés trois liens vers le site de Xavier Azalbert.

 

Quel est le problème ?

 

Premier indice : la graphie « facts & Furious » avec un s à « facts » se retrouve dans certaines publications d’Idriss Aberkane ainsi que dans le titre de son passage vidéo chez André Bercoff.

 

Idriss Aberkane ne donne pas la source de cette capture, mais en cherchant un peu on finit par trouver quelque chose d’intéressant sur la page de l’article « Vérification des faits« , autrement dit le fact-checking, qui est la Némésis d’Idriss Aberkane.

 

A partir de là, on peut se poser quelques questions.

 

Petit TUTORIEL

Sur une page wiki, vous pouvez avoir accès aux modifications successives apportées par les internautes  en cliquant sur Voir l’historique.

 

On arrive sur cette page :

La ligne qui nous intéresse est celle du 4 décembre à 9h23.

En cliquant sur « diff » on peut voir l’état du passage avant et après la modification :

 

Sur la droite, on voit les modifications. Elles sont mises en évidence par un surlignage bleu. Ici a été rajouté à l’ancienne version «  sans aucunes autres preuves que les dires de Francesoir. » Ce sont ces quelques mots qui permettent à Idriss Aberkane de prétendre, dans son tweet, que pour Wikipédia : « C’est rien que des mensonges sans preuves complotés par @france_soir »

NB : la version actuelle de cette page ne contient plus la mention à France Soir, mais informe toujours sur l’existence des accusations portées. Le « s » fautif à « Facts » est toujours là…

 

Et maintenant nous pouvons regarder la chronologie des faits. La modification sur Wikipédia est validée à 9h23. Le tweet d’Idriss Aberkane est posté à 9h29.

Quelle coïncidence qu’il ait visité cette page dans les 6 minutes qui ont suivi cette modification faite par un internaute anonyme.

Je ne dis pas qu’Idriss Aberkane a modifié lui-même la page Wikipédia pour pouvoir nourrir le narratif complotiste qui lui sert à dissuader son public d’avoir confiance dans l’encyclopédie qui dresse de lui un portrait fiable et donc peu flatteur. Je n’en ai pas la preuve. Mais 6 minutes c’est court pour y glisser d’autres hypothèses.

 

Attendez. Regardons mieux.

Le tweet est envoyé à 9h29, mais la capture d’écran porte un horaire différent : 9h24.

 

Autrement dit, c’est dans la minute qui a suivi la modification de la page Wikipédia, qu’Idriss Aberkane disposait de la capture d’écran qui a servi à écrire dans la foulée son tweet accusant Wikipédia de désinformation.

Je vous laisse vous faire votre propre avis. Je dirais simplement que la fiabilité de Wikipédia se situe notamment dans sa transparence et dans la possibilité de retracer les modifications des articles pour comprendre comment ils sont construits. L’encyclopédie n’est pas parfaite, mais elle sait se défendre contre la plupart des manipulations.

 

__________________

Je me permets une petite conclusion

Une règle semble s’imposer depuis le temps que j’observe le comportement des stars du complotisme. Chaque fois qu’Idriss Abekane porte une accusation, il s’agit très exactement de ce qu’il commet lui-même et veut camoufler en désignant un coupable ailleurs. Ce mode de projection n’est pas nouveau, mais il est ici pratiqué avec une régularité étonnante et un culot qui pourraient forcer l’admiration si les mensonges ne portaient pas sur des sujets graves avec pour conséquence des vies mises en danger.

 

Mes remerciements à Lez qui a repéré ce détail chronologique.

 

_______________________________

Articles liés : Dossier Aberkane.

  1. — Qui parle pour la science ? Idriss Aberkane ?
  2. — Idriss Aberkane à l’épreuve des faits
  3. — Idriss Aberkane a menti
  4. — Le triomphe du Storytelling
  5. — Idriss Aberkane, icône d’une fausse ère
  6. — Conférence d’Idriss Aberkane – Fact checking
  7. — Bullshitez votre cerveau et libérez votre bullshit : La méthode Aberkane et l’effet « Gourou inverse ».
  8. — Masterclass en imposture : Idriss Aberkane & Didier Raoult
  9. — Le CV Hypertruqué d’Idriss Aberkane
  10. — Le bluf et le deshonneur d’Idriss Aberkane
  11. — Le LEGENDAIRE Idriss Aberkane
  12. — IDRISS J. ABERKANE : Le cas de la thèse en littérature comparée
  13. — Enquête financière sur les entreprises d’Idriss Aberkane
  14. — Idriss Aberkane a-t-il piégé l’Express ?
  15. — Idriss Aberkane : le goût du scandale

Par Alexis Seydoux, historien

 

Dans sa dernière vidéo Idriss Aberkane propose une analyse géopolitique visionnée plus de 320 mille fois. Même si l’on sait que l’individu ment effrontément sur son parcours, ses accomplissement, ses compétences (etc.), il pourrait malgré tout rester un analyste pertinent et utile. Hélas, quand un historien se penche sur ce travail, rien de subsiste.

Acermendax

 

Nous avons regardé Idriss Aberkane, titulaire d’un PhD en géopolitique (non reconnu par l’Etat français) nous faire ses prédictions sur l’Arabie Saoudite. Dans une vidéo de moins de vingt-cinq minutes (Bientôt un coup d’état en Arabie Saoudite ? publiée le 28 novembre 2022), il nous explique que l’Arabie Saoudite tente de changer de camp et que les États-Unis ne vont pas se laisser faire et vont provoquer un coup d’état à Ryad au rythme de la CIA[1]. Prévision révolutionnaire qui s’appuie sur une lecture de l’histoire de l’Arabie saoudite et des relations extérieures des États-Unis.

 

Nous allons ici décrypter les arguments historiques de monsieur Aberkane, en suivant le fil de sa vidéo. Nous cherchons à montrer la pertinence de ses arguments.

 

L’idée générale de la vidéo, c’est la perte de puissance des États-Unis, et notamment de la présence du dollar. Monsieur Aberkane met en avant l’argument qu’on perçoit la perte de puissance d’un état par sa tolérance aux contestations de son pouvoir (20 premières secondes de la vidéo)[2]. Et de nous mettre en parallèle la récupération des aigles perdus par Crassus à Carrae par Agrippa, après un accord politique avec les Parthes[3]. On ne voit pas ici le rapport avec la perte de puissance, au contraire ; c’est bien une marque de la puissance romaine qui est déployée. Ajoutons un “n’importe quoi” : les survivants des légions de Crassus auraient des descendants jusqu’en Chine. On a ici une lecture historique datant du XIXe siècle, totalement inutile (à part à faire étalage d’anecdotes qui font « cultivé »)[4].

 

L’hypothèse posée veut que l’Empire américain accepte le début de la fin du dollar[5]. Là, Aberkane nous lance une tirade sur ce qui arrive classiquement aux pays qui refusent d’accepter le paiement en dollars sur le marché des hydrocarbures. Il nous donne trois exemples de pays que les États-Unis ont menacé ou attaqué pour ne pas avoir joué le jeu : le Venezuela, la Libye et la Syrie[6].

Le Venezuela a toujours vendu son pétrole en dollars[7]. La rupture avec Washington est liée à la Révolution bolivarienne mise en place par le président Hugo Chavez, qui entend s’opposer à la domination nord-américaine, et par sa volonté de fédérer les états d’Amérique du Sud contre le géant états-uniens[8]. Concernant la Libye, son affrontement avec les États-Unis date des années 1980 ; elle est liée aux actions terroristes pilotées par Tripoli, comme l’attentat de Lockerbie ou l’attentat de Berlin[9]. Quant à la Syrie, elle n’a pas tourné le dos à la politique américaine sur la question des hydrocarbures. D’une part, elle est depuis les années 1950 une alliée de la Russie Soviétique et fait partie de longue date du camp anti-américain[10]. Et si Damas s’est rapproché un moment de Washington durant la Guerre du Golfe en 1991, la Syrie s’est de nouveau tournée vers Moscou dès le début de la Guerre civile. D’autre part, la Syrie n’est qu’un tout petit producteur de pétrole, avec moins de 0,5 % de la production mondiale en 2010 et environ 5,5 millions de barils en 2018[11]. Donc, les trois exemples donnés par Idriss Aberkane pour montrer qui les États-Unis punissent en cas de sortie du système du dollars dans la vente des hydrocarbures sont tous faux.

Il ajoute un exemple, celui de l’Iran qui aurait aussi voulu sortir du dollar et qui aurait été puni par les États-Unis et spécialement par la CIA. On est ici dans une totale confusion et dans des assertions fausses. Il cite l’exemple de Mossadegh, renversé en 1953 avec l’aide de la CIA et de la Révolution islamique de 1979 choisie par les États-Unis pour éviter la révolution marxiste. Dans le premier cas, le Premier ministre iranien, le docteur Mossadegh, allié au parti marxiste Tudeh, a nationalisé le pétrole iranien ; il est renversé lors d’un coup d’état orchestré par les Britanniques et les États-Unis, car ces deux états craignent leurs pertes d’influence respectives[12]. Dans le second cas, les États-Unis ne sont pas face à un choix entre l’islamisme – dont on ne connaît encore pas bien les contours, et le marxisme, mais face à la prise de pouvoir par les religieux chiites soutenus par les libéraux et les Moudjahidines du Peuple ; à cette date, le parti Tudeh et la gauche marxiste iranienne n’est que l’ombre de ce qu’elle était dans les années 1950[13]. Enfin, quand l’Iran sort du marché du pétrole, c’est du fait de l’embargo onusien, qui interdit à Téhéran de vendre ses hydrocarbures après la révélation de son programme nucléaire. On voit ici toute l’ignorance d’Idriss Aberkane sur ces questions.

 

Terminons sur les délires autour de l’Iran et de l’Arabie Saoudite. Depuis sa fondation dans les années 1920, l’Arabie Saoudite et l’Iran sont antagonistes , autant sur le plan politique que religieux. Le Wahhabisme saoudien a pour ennemi le chiisme, au nom du Tahwid, l’unicité de Dieu. Dans le même temps, Téhéran et Ryad sont adversaires pour le contrôle du Golfe. Seulement, l’Iran avec une population bien plus nombreuse et une armée plus importante, devient dans les années soixante-dix le gendarme du Golfe. L’Arabie Saoudite ne peut rivaliser. Les deux pays sont alliés des États-Unis, ce qui n’empêche pas Ryad et Téhéran d’être opposés[14].

Terminons sur les multiples erreurs risibles sur la fondation de l’Arabie Saoudite, qu’un élève de L1 n’aurait pas commises. D’abord, sur le Wahhabisme considéré comme une secte[15]. Fondé au début du XVIIIe siècle par Ibn Abd al-Wahhab, c’est au départ un mouvement fondamentaliste qui insiste l’unicité de Dieu et condamne les nouveautés[16]. Devenu la doctrine de la tribu des Saoud, dans le Nedjed, le Wahhabisme est marginalisé et considéré comme hétérodoxe, surtout après le pillage de La Mecque en 1803. En marge du sunnisme, le Wahhabisme est réintégré après la Congrès du Monde Musulman en 1926 ; qui se tient à La Mecque sous la direction du roi Abdul Aziz. Il n’est donc plus une secte contrairement aux affirmations d’Idriss Aberkane[17].

Le pire est à venir.

Pour Idriss Aberkane, l’Arabie Saoudite est une fondation britannique, plus précisément issue de la volonté de Winston Churchill. Selon notre YouTubeur, c’est ce dernier qui, après l’échec des Dardanelles, aurait mandaté Thomas Edward Lawrence, Lawrence d’Arabie, d’armer la meilleure tribu ennemie des Ottomans. C’est encore complètement faux. En fait, dès l’entrée en guerre de l’Empire ottoman contre l’Empire Britannique, en novembre 1914, le Foreign Office, le ministère britannique des Affaires étrangères, cherche des alliés parmi les groupes arabes de la péninsule. Cette mission est confiée au commissaire britannique en Égypte, sir Henry MacMahon, qui ouvre en juillet 1915 une correspondance avec les Hachémites, sheriff de La Mecque. Donc, ce n’est pas Churchill qui a l’idée de s’allier aux tribus de la péninsule arabique, et la correspondance n’est pas adressé au Saoud du Nedj, qui reste en dehors du conflit, mais aux Hachémites du Hedjaz.

À cette erreur initiale s’en ajoute une seconde. Selon notre géopoliticien en herbe, les Britanniques reconnaissent l’état arabe et le donnent aux Saoud à la fin de la guerre[18]. C’est toujours faux. À la fin de la guerre, les interlocuteurs des alliés sont les hachémites, et spécialement le roi Hussein. Les Britanniques et les Français, ont déjà discuté de leurs intérêts respectifs et divisés la région en zones d’influence. Alors que les Hachémites veulent former un royaume Arabe comprenant la péninsule arabique, la Syrie et les territoires mésopotamiens, les Britanniques et les Français divisent la région en trois, créant Irak, la Syrie et la Palestine. La seule partie indépendante est l’Arabie, confiée à Hussein.

Donc, contrairement aux affirmations d’Idriss Aberkane, les Anglais ne donnent pas à la secte wahhabite les lieux saints et d’énormes ressources. Les Saoud prennent le pouvoir tout seul, obligeant le souverain Hachémite à abdiquer le 3 octobre 1924 ; quelques jours plus tard, ibn Saoud entre dans La Mecque[19]. À cette date, l’Arabie n’est pas encore une terre productrice de pétrole. Les premières prospections commencent dans les années 1930 et l’exploitation n’est réellement lancée qu’après la guerre. Quant à la conférence du Quincy, le 14 février 1945, entre le président Roosevelt et le roi Saoud, elle a d’abord pour objet l’acceptation par le roi saoudien de l’entrée en Palestine des Juifs survivants des camps de la mort[20]. La véritable alliance entre l’Arabie Saoudite et les États-Unis intervient encore plus tard, lors de l’adoption le 9 mars 1957 par le Congrès de la Doctrine Eisenhower[21].

 

À partir de 09 :39, Aberkane se lance dans des prédictions saupoudrées d’erreurs ou d’hypothèses plus qu’hasardeuses, indiquant par exemple que même si Joe Biden est le président des États-Unis, c’est en fait l’ex-président Obama qui est aux manettes. Ou encore affirmant que Enrico Mattei, dirigeant de la compagnie pétrolière italienne ENI, mort dans l’accident de son avion ; aurait bien été assassiné à l’instigation de la CIA, alors que cette hypothèse n’est pas assurée[22]. Les dernières minutes ne sont que des conjectures et des prévisions qui ne s’appuient sur aucune donnée tangible, mais ressemblent plus à des conclusions numérologiques qu’à une analyse politique.

 

Que dire en conclusion ? Idriss Aberkane ne connait pas le sujet qu’il traite. Au mieux, il fournit des analyses de comptoirs ; en général, il débite des banalités truffées d’erreurs factuelles ; au pire, il délire dans une vision complotiste digne d’un abonné de Q-Anon.

 

Alexis Seydoux

______________

REFERENCES

[1] https://www.youtube.com/watch?v=Rvsp8sba5AM, 00 :23 :09, consulté le 29 novembre 2022

[2] https://www.youtube.com/watch?v=Rvsp8sba5AM, 00 :00 :20, consulté le 29 novembre 2022

[3] Claude BRIAND-PONSART et Frédéric HURLET, L’Empire romain d’Auguste à Domitien, Paris, Armand Colin, 2001, page 64 ; Michel CHRISTOL, Pierre COSME, Frédéric HURLET, Jan-Michel RODDAZ, Histoire romaine, tome 2, D’Auguste à Constantin, Paris, Fayard, 2021.

[4] https://www.youtube.com/watch?v=Rvsp8sba5AM, 00 :01 :09, consulté le 29 novembre 2022.

[5] https://www.youtube.com/watch?v=Rvsp8sba5AM, 00 :01 :32, consulté le 29 novembre 2022.

[6] https://www.youtube.com/watch?v=Rvsp8sba5AM, 00 :02 :52, consulté le 29 novembre 2022.

[7] https://www.letemps.ch/monde/venezuela-pret-approvisionner-marche-mondial-petrole-assure-nicolas-maduro, consulté le 29 novembre 2022.

[8] Michael MANN, The sources of Social Power, vol. 4, Globalization 1945-2011, Cambridge, CUP, 2013, page 289 ; Justin JENNINGS, Globalization and the Ancient World, Cambridge, CUP, 2011, page 149.

[9] Russel CRANDALL, America’s Dirty Wars, Irregular Warfare from 1776 to the War on Terror, Cambridge, CUP, 2014, pages 447 et suivantes ; Stefano MARCUZZI, The EU, NATO and the Libya conflict. Anatomy of a Failure, Londres, Routledge, 2022 ; ce livre analyse largement les relations entre la Libye et l’OTAN, dont les États-Unis.

[10] Sylvia CHIFFOLEAU, Le Moyen-Orient 1876-1980, Paris, Atlande, 2017, pages 201 et 202.

[11] https://d9-wret.s3.us-west-2.amazonaws.com/assets/palladium/production/atoms/files/myb3-2017-18-sy.pdf, consulté le 29 novembre 2022.

[12] Mohamed-Reza DJALILI et Thierry KELLER, Histoire de l’Iran contemporain, Paris, La Découverte, 2017 , page 58 ; Yann RICHARD, “L’islam politique en Iran”, in Politique étrangère, 2005, n°1, page 63.

[13] Yann RICHARD, “La prise de pouvoir de l’Ayatollah Khomeiny”, in L’Iran des Perses à Nos jours, L’Histoire, Paris, Fayard, 2010cité, page 191 ; Imane-Hélène CHAMES-EDDINE, Le Moyen-Orient, les années 1980, Paris Atlande, 2017, page 94

[14] Mohamed-Reza DJALILI et Thierry KELLER, Histoire de l’Iran contemporain, op. cité, page 69.

[15] https://www.youtube.com/watch?v=Rvsp8sba5AM, 00 :04 :45, consulté le 29 novembre 2022.

[16] Henry LAURENS, L’Orient Arabe Arabisme et Islamisme 1798-1945, Paris, Armand Colin, 2000, page 46.

[17] Henry LAURENS, L’Orient Arabe Arabisme et Islamisme 1798-1945, , Paris, Armand Colin, 2000, page 251.

[18] https://www.youtube.com/watch?v=Rvsp8sba5AM, 00 :07 :16, consulté le 29 novembre 2022.

[19] Henry LAURENS, L’Orient Arabe Arabisme et Islamisme 1798-1945, op. cité, page 250.

[20] Charlie LADDERMAN, “The Rise of Modern Middle East”, in Brooke BLOWER et Andrew PRESTON (edit), The Cambridge History of America and the World, volume III, 1900-1945, Cambridge, CUP, page 242.

[21] VIncent CLOAREC et Henry LAURENS, Le Moyen-Orient au XXe siècle, Paris, Armand Colin, 2005, page 117.

[22] Christopher DUGGAN, A concise History of Italy, Cambridge, CUP, 2014, 2e edition, page 266 : l’affaire n’est pas close et il est possible que l’accident de l’avion qui transportait Enrico Mattei a été causé par une charge explosive ; en revanche, rien ne relie directement les États-Unis à cette mort.

 

(34min36) « Thomas Durand est sous le coup d’une plainte pour association de malfaiteurs avec un juge d’instruction qui est nommé et qui s’occupe de son dossier à l’heure où nous parlons. Il est pourtant proche de Julien Pain. »

Ah bon ?

 

La meilleure défense c’est l’attaque ?

À ma connaissance, Idriss Aberkane n’a jamais porté plainte après le « coup de filet » dans la sphère zététique annoncé en avril 2022 par lui et France Soir, et la promesse de « 5 plaintes dans trois pays ». Si finalement il le faisait, cela ne prouverait rien d’autre que ça : il  a porté plainte. Jamais M Aberkane n’a su répondre par autre chose que des injures au détricotage de la fiction qu’est son CV et au débunkage de ses « travaux » par les rares chercheurs qui s’y intéressent. Son succès, il le doit à la couverture médiatique lénifiante de 2016 dans les grands journaux et les grandes télés qu’il vilipende aujourd’hui mais qui ont propulsé son premier livre en tête des ventes, et au prosélytisme fervent de la complosphère qu’il drague depuis sa disgrâce dans les milieux académiques et des grands médias.

En démocratie, il faut supporter que des arnaqueurs jouent avec les limites du système et se fassent le porte-voix d’idéologies indifférentes à la vérité : c’est le jeu de la liberté d’expression.

Mais ce 22 novembre 2022, Idriss Aberkane passe à l’attaque d’une manière indécente. Il aurait pu choisir de livrer une enquête tentant de démontrer qu’il a raison sur ceci ou sur cela (les sujets sur lesquels il s’exprime sont nombreux et il est constamment démenti par les faits…). Il aurait pu publier un article scientifique à l’appui de sa prétention d’avoir résolu la conjecture de Syracuse (pour vous donner un ordre de grandeur du ridicule, disons qu’il se targue d’avoir grillé Usain Bolt au 100 mètres, mais pleurniche que les autres athlètes ne courent pas assez vite pour s’en rendre compte). Il aurait pu rassembler des chercheurs de premier plan pour défendre le traitement à base d’hydroxychloroquine contre le covid. Il aurait pu livrer une enquête journalistique démontrant l’existence de malversations, de mensonges, d’intentions malhonnêtes chez ceux qui le critiquent. Il aurait pu prouver la « corruption » dont il accuse tout le monde en  échappant à ce jour à des plaintes en diffamation qu’il mérite. Et cetera.

Mais il choisit d’exploiter un contentieux matrimonial en donnant la parole, en direct, à une dame très remontée contre son ex-mari qui, selon elle, n’est « qu’un pion, l’abruti de service ». Antoine Daoust, mis en cause ici, a porté plainte pour diffamation, ce qui n’est jamais signalé par M Aberkane. La réaction d’Antoine Daoust, pour le moment, consiste en quelques tweets.

 

Pour ce que cela vaut : je déclare sur l’honneur n’avoir aucun lien d’intérêt avec Fact & Furious ou Antoine Daoust et ne m’être concerté avec personne pour écrire ce billet (sauf relecture par des membres de l’ASTEC). Je n’ai pas vocation à le défendre, ce n’est pas le but de ce billet. Ici, je veux souligner la manière dont Idriss Aberkane communique ; cela a toujours été son grand talent.

 

Un long entretien en vidéo sans coupure

Pendant 55 minutes, Monsieur Aberkane donne la parole à l’ex-femme d’Antoine Daoust, créateur de Fact & Furious, journaliste qui, pour informer le public, débunke régulièrement la désinformation délibérée de France Soir et de la complosphère associée à… Idriss Aberkane. Antoine a par exemple suivi de très près le travail du comité d’éthique chargé de statuer sur l’accusation de plagiat sur l’une des thèses de monsieur Aberkane. Histoire qui est sortie dernièrement dans l’Express.

Cette dame, Malika Daoust, dit tout le mal qu’elle pense de son ex-mari à un Idriss Aberkane assez malin pour rappeler constamment que le ciblé est présumé innocent, qu’il s’agit d’opinion, mais en choisissant le format du direct devant 700k abonnés déjà abreuvés au narratif d’un « gang mafieux », d’une « secte » qui serait aux trousses du héros Aberkane. [Pourquoi avoir choisi le format du direct au lieu d’un entretien enregistré permettant de s’assurer qu’on ne s’écarte pas du sujet ? Peut-être en prévision de la difficulté de plaider ne pas être responsable des propos tenus s’ils avaient été le résultat d’un choix lors du montage. Manœuvre habile si un éventuel juge s’y laisse prendre.]

Les accusations reposent, pour l’essentiel, sur la seule parole du témoin. Selon elle, et avec l’assentiment d’Idriss Aberkane qui choisit de publier l’entretien, Antoine Daoust est un menteur, un arriviste, un escroc qui maquille et vend de fausses ordonnances ou tests PCR, un journaliste corrompu et un mari violent.

Alors bien sûr, SI C’EST VRAI C’EST TRES GRAVE, comme d’habitude avec les histoires balancées par la complosphère. Si Antoine Daoust est coupable, je veux qu’il soit puni. Mais quand on veut la justice, et pas juste détruire la vie d’un individu, ou pousser à la violence une communauté déjà prompte aux menaces et aux passages à l’acte (Cf l’agression de Thomas Huchon), on ne se lance pas dans une attaque brouillonne sur la chaine d’un polémiste en recherche désespérée d’un moyen de raviver l’adhésion de son public.

 

 

Le monde du journalisme est vaste : l’histoire de Malika Daoust pourrait intéresser n’importe quelle rédaction où le respect des principes déontologiques permettrait de savoir que les journalistes ont procédé à des vérifications avant de publier le témoignage. Les journaux sont remplis de gens aux idées diverses, aux sensibilités de tout bord, et vous trouverez toujours quelqu’un pour s’intéresser aux casseroles de n’importe qui. Ici, nous devons nous contenter de la crédibilité d’Aberkane-Azalbert, et c’est gravement insuffisant : ils ont désinformé par le passé, ils n’ont jamais montré de remord. Les intérêts de Malika Daoust et la valeur même de sa parole sont gravement mis en péril par cette stratégie de communication. Idriss Aberkane aurait dû aiguiller cette personne vers des médias plus sérieux, aptes à accueillir son témoignage.

 

 

Avec cette vidéo, le lynchage numérique d’Antoine Daoust par la complosphère est assuré. Il a commencé. Je ressens moi-même, pour avoir été tagué par le blogueur complotiste Xavier Azalbert et quelques autres, les contrecoups du harcèlement intensif dont Antoine Daoust est l’objet. Xavier Azalbert a publié sur Twitter des extraits d’échanges privés avec lesquels il entend prouver l’existence d’une sorte de gang mafieux.  » J’ai enquêté sur des affaires mafieuses par le passé » nous dit Aberkane (à 39 minutes) pour mieux décrire le milieu du fact-checking comme un réseau mafieux. Le contenu des échanges publiés montre-t-il autre chose qu’un journaliste entretenant des relations cordiales avec des personnes à même de fournir des informations avant qu’elles ne circulent ? Ce n’est pas mon impression. Alors dans quel but les publier ?

Le but semble évident : valider tous les autres contenus. Affirmer qu’Antoine Daoust « obéit à des ordres » quand il critique Raoult, Perronne, Azalbert, Aberkane, reparler encore de « blanchiment de terrorisme intellectuel » (48min), de l’apparition d’un réseau « ex nihilo » (55 min), de « la coordination de ce réseau » : des sources non indépendantes qui se protègent entre elles, bref de nous brosser un tableau complotiste de la situation. Comme d’habitude.

 

Instrumentalisation de la parole des victimes

Cette vidéo de monsieur Aberkane constitue la montée d’une nouvelle marche dans l’escalier de sa radicalisation.

Désormais, les histoires privées de celles et ceux qui le critiquent sont exploitées. Désormais, la chasse aux rumeurs est lancée, l’escalade des accusations est amorcée. Et nous voyons la pauvreté de la récolte étirée sur 55 minutes de malaise d’une vidéo titrée « SCANDALE au pays des fact-checkeurs » et destinée non seulement à abattre un homme mais à soutenir l’idée d’un gang organisé (dans lequel mon nom est cité, je suis bien placé pour vous dire que le délire est authentique). Sans doute que des gens qui agissent comme le groupe « CIA » dénoncé dans Complément d’enquête imaginent que tout le monde a le même mode opératoire. Mais en fait : non.

 

Le témoignage de Malika Daoust intervient dans un contexte où la parole des victimes de violences et d’abus se libère. Nous encourageons ce mouvement de fond afin que les victimes se fassent entendre et qu’on épargne le même sort à de futures potentielles victimes. C’est d’autant plus important que bien des obstacles se dressent contre la reconnaissance et la répression des violences faites aux femmes. Idriss Aberkane qui  prétend s’en prendre au système dans ce qu’il a de plus pernicieux, n’a jamais abordé la thématique de ces violences à ma connaissance, mais soudain elle devient assez importante pour la mentionner dans une émission en direct. Ce que Mediapart peut se permettre, fort de toute équipe de rédaction ayant le sens des responsabilités, Aberkane ne le peut pas.

Ce qui est particulièrement pervers ici, c’est que le témoignage de Malika Daoust est présenté sous cet angle, celui où l’on doit respecter la parole des victimes, les croire et espérer que la justice enquête… pour vriller aussitôt vers des propos qui n’ont rien à voir et qui sont des accusations de corruption.  J’attire votre attention sur le tour d’illusionnisme d’Idriss Aberkane qui cherche à rendre crédible des accusations au prétexte qu’elles émanent d’une personne par ailleurs présentée comme une victime de faits sur lesquels la justice devra se prononcer. Comme si ces accusations ne se suffisaient pas à elles-mêmes.

Si Malika Daoust a été la victime de mauvais traitements de la part de son ex-mari, c’est grave, il faut que son statut de victime soit reconnu. Mais, évidemment, dans le contexte très conflictuel d’un divorce qui se passe mal, les accusations méritent d’être accueillies avec précaution ; cela pourrait être faux. Dans les deux cas, ce n’est pas censé avoir d’impact sur la crédibilité de sa parole concernant la prétendue corruption d’Antoine Daoust. Idriss Aberkane aurait dû être prudent et ne pas mélanger les registres, sauf si, comme d’habitude il compte enfumer le public à l’instant présent en exploitant la lenteur du travail d’enquête nécessaire pour contrer son baratin. Cette histoire a tout de l’assommoir : un moyen commode de discréditer Antoine Daoust dans tous ses prochains travaux, dont certains concerneront certainement… Idriss Aberkane.

L’histoire de la conjecture de Syracuse est tellement absurde qu’il n’a aucune chance d’échapper au verdict de la science, et pourtant il baratine, il enfume, c’est sa stratégie. Elle est perdante en toute logique. Or, nous constatons que, dans certains territoires, la logique n’est pas aussi puissante qu’elle devrait l’être. Mise-t-il sur la bêtise de son public ?

 

Au final, Idriss Aberkane et France Soir multiplient les allégations, les soupçons, les insinuations tout en prétendant remettre sur les seules épaules de Malika Daoust la responsabilité de ce qu’ils publient. Antoine Daoust aurait fait de fausses ordonnances et de fausses PCR : si c’est vrai c’est grave, mais si c’est faux… Eh bien si c’est faux c’est pas leur faute : c’est Malika. Parce que derrière tout cela, il n’y a aucun travail d’enquête.

Les faits seront finalement avérés ou réfutés. Par d’autres. Ni Aberkane ni Azalbert n’ont travaillé à la manifestation de la vérité, ils ont manœuvré pour salir leurs ennemis. Leurs méthodes continuent de s’enlaidir pour le plus grand plaisir d’une frange du public qui demande du sang. Et qui pourrait bien finir par en obtenir.

 

 

L’objectif de tout cela est résumé dans un Tweet d’Aberkane : détruire la crédibilité du travail d’Antoine Daoust… Sans jamais répondre sur le fond de la critique émise par lui, mais en accumulant les couches de soupçon jusqu’à ce qu’on ne voit plus que le narratif aberkanien, du héros assailli par des vilains. Nous avons affaire à un exercice de manipulation par excellence. Et bien sûr des centaines de gens sont très heureux de colporter l’histoire (en y croyant peut-être, mais pas forcément) car elle permet de se prendre pour des citoyens plus avisés, plus courageux, plus éveillés (que des ennemis réels ou fantasmés) sans avoir à travailler ou à se mettre à réfléchir. Mais les contenus des articles et vidéos critiques demeurent ; les démonstrations sont là, factuellement indiscutées, progressivement incontestables.

 

Un peu de vigilance épistémique !

Demandez-vous ce que valent les informations que vous recevez. Si vous y croyez pour de bonnes raison. Si on vous les présente de manière complète ou tronquée. Si vous avez les compétences pour juger les faits, pour savoir s’il s’agit vraiment de faits, si les sources sont valides, si l’interprétation est correcte. S’il est bon d’avoir un avis maintenant ou s’il est préférable d’attendre que des procédures soient suivies pour que les informations soient triées.

Si toutes ces questions vous semblent superflues parce que la vérité est évidente, je suis bien désolé de devoir vous dire que c’est la preuve que vous avez besoin de vous les poser un peu plus sérieusement.

 

_______________________________

Articles liés : Dossier Aberkane.

    1. — Qui parle pour la science ? Idriss Aberkane ?
    2. — Idriss Aberkane à l’épreuve des faits
    3. — Idriss Aberkane a menti
    4. — Le triomphe du Storytelling
    5. — Idriss Aberkane, icône d’une fausse ère
    6. — Conférence d’Idriss Aberkane – Fact checking
    7. — Bullshitez votre cerveau et libérez votre bullshit : La méthode Aberkane et l’effet « Gourou inverse ».
    8. — Masterclass en imposture : Idriss Aberkane & Didier Raoult
    9. — Le CV Hypertruqué d’Idriss Aberkane
    10. — Le bluf et le deshonneur d’Idriss Aberkane
    11. — Le LEGENDAIRE Idriss Aberkane
    12. — IDRISS J. ABERKANE : Le cas de la thèse en littérature comparée
    13. — Enquête financière sur les entreprises d’Idriss Aberkane
    14. — Idriss Aberkane a-t-il piégé l’Express ?
    15. — Idriss Aberkane : le goût du scandale
Acermendax

Une affaire qui commence en novembre 2021

En novembre j’ai critiqué un enseignement donné par une enseignante de l’université de Lorraine. On peut dire que la critique a été plutôt mal reçue. Mes emails sont restés sans réponse, et à la rentrée suivante, sans avertissement, des sanctions sont tombées contre l’ASTEC et contre moi.

J’ai voulu en savoir plus. Mais sans réponse de l’université, je vous ai fait part de ces développements dans une vidéo récente qui a attiré l’attention des médias (l’Est Républicain, L’Express) sur la question de la présence de pseudosciences dans les enseignements. Nous avons par ailleurs reçu le soutien de très nombreuses personnes, notamment de chercheurs et de doctorants, mais aussi de la Ville de Nancy pour l’hébergement de nos émissions, et je les en remercie chaleureusement. Le nombre important des personnes ayant pris tout cela au sérieux est le premier signe encourageant que je veux souligner.

Nous en étions là. Et les esprits étaient assez échauffés… Et maintenant ?

 

Le 5 octobre, j’ai été reçu par Mme la Présidente de l’Université en présence notamment de M le Doyen de la faculté de pharmacie pour éclaircir cette affaire. Elle n’est pas très simple à résumer, et surtout elle a été obscurcie par un grave défaut de communication.

Des mesures sont déjà en cours de réflexion pour permettre la prise en compte des critiques sur les enseignements sans que cela menace la liberté académique des universitaires. C’est une équation compliquée, je n’ai pas de détails sur la manière dont cela sera fait. Je n’ai pas de raison de douter que c’est un effort sincère qui se met en place.

Durant cette crise, devant une politique de « on ne répond pas » mise en place par l’équipe administrative précédente (la présidente est nouvellement élue), chaque « camp » a porté des jugements sur la base d’informations incomplètes et de soupçons. Dans le contexte, c’était légitime, d’où les crispations nombreuses.

 

Dans mes vidéos, j’ai commis une erreur en disant que le cours critiqué était destiné à des étudiants de la faculté de pharmacie. Cette erreur aurait peut-être pu être évitée si j’avais contacté la faculté avant la vidéo, ou si la faculté avait répondu à mes deux emails. Mais on a déjà admis ce problème de communication.

Le fait que le cours critiqué soit en réalité donné à des étudiants infirmiers ne change pas la substance de ma critique scientifique. Et je dois appuyer sur le fait qu’aucun de mes interlocuteurs n’a contesté le contenu de cette critique. Personne au sein de l’UL n’a devant moi défendu ni cet enseignement, ni l’homéopathie.

 

Mais pour régler le problème, encore fallait-il l’identifier, ce qui a été complexe car l’Université de Lorraine est en contrat avec une quinzaine d’IFSI (Instituts de Formation en Soin infirmier) qui utilisent des vidéos de cours enregistrés parfois depuis 4 ans (comme celui de Madame Laurain-Mattar) et hébergés au milieu de dizaines de milliers de documents en ligne, sans en référer plus haut. De fait : le cours en question a été utilisé à la rentrée 2022 devant une nouvelle promotion d’étudiants infirmiers. L’un d’eux m’a alerté car il estime qu’il s’agissait d’une apologie de l’homéopathie où les objections recevaient un « Chut. Chacun pense ce qu’il veut. » Mme la Présidente a pris connaissance de l’existence de ce cours de 2022 lors de la réunion, avec déplaisir. M le Doyen et la faculté de pharmacie ne sont pas concernés par cette affaire. Je crois que ce cours sous sa forme actuelle va tout simplement disparaître maintenant que le problème a été mis en lumière.

 

J’avais des doutes sur l’enseignement prodigué aux étudiants en pharmacie. Le pharmacien qui donnait le cours d’homéopathie en 2021 et qui a tenu dans la presse des propos nourrissant mes inquiétudes sur son rapport aux connaissances scientifiques sur le sujet, n’intervient plus à la faculté depuis cette rentrée. Je ne peux pas juger le cours actuel dont je ne connais pas le contenu, mais à tout le moins il semble que des mesures sont bel et bien prises à Nancy sur ce sujet, je peux donc estimer maintenant que la communication existe avec l’établissement.

 

Une fois qu’il nous a été possible de nous entretenir, l’échange avec les dirigeants de l’Université a pu se faire de manière très ouverte et détendue. Je suis pour ma part rassuré sur la possibilité de porter une critique, sur l’écoute des dirigeants, et aussi sur le poids que votre soutien collectif a donné à l’alerte émise. Je veux insister sur cet aspect positif : j’ai pu voir l’attachement de très nombreuses personnes à ne pas laisser sans réponse des enseignements qui posent ce genre de problème.

L’université reste un milieu très imparfait, il va sans dire que de très nombreuses critiques peuvent encore être portées. Toujours sur le thème de l‘homéopathie on peut par exemple s’interroger sur la valeur de thèses d’exercice en pharmacie nombreuses prônant cette pseudo-médecine comme le signale ce communiqué de l’Association Française pour l’Information Scientifique.

 

 

Toutefois, je dois finir sur une note amère : les acteurs de cette affaire ont reçu beaucoup trop d’agressivité. J’en reçois suffisamment, tous les jours, pour des tas de raisons plus ou moins mauvaises, pour être attentif à ce problème envahissant. Je ne veux pas que les valeurs que nous tentons de promouvoir au sein de l’ASTEC soient l’alibi permettant à certains de se défouler sur des cibles. Si vous avez porté des accusations envers des individus alors même que vous en saviez forcément moins sur l’affaire que moi-même et les intéressés, si vous leur avez envoyé des courriers injurieux, je vous invite à plus d’autocritique.

Bien sûr, il ne faut pas baisser la vigilance face aux pseudosciences. Oui, une affaire comme celle-ci, qui implique une administration, prend du temps, passe par des filtres, et c’est frustrant. Il est légitime de demander des comptes à des institutions publiques. Mais nous devons garder notre calme quand nous voulons défendre l’intégrité du monde académique pour ne pas nous inventer des ennemis là où il n’y en a pas. Notre défense du rationalisme a besoin que nous soyons raisonnables.

 

Après ces incompréhensions et moments de flottement, la collaboration de l’ASTEC avec l’Université, et le module transversal « zététique et esprit critique » que je donnais pour les écoles doctorales, devraient être rétablis prochainement. Merci à tous pour l’attention que vous portez à cette problématique.

 

Acermendax
et le CA de l’ASTEC

 

 

 

Mauvaise nouvelle pour l’esprit critique au sein d’une Université française.

 

NB : Ce billet est la version texte de cette vidéo postée ce même jour.

 

En novembre dernier, je publiais une vidéo où je faisais l’analyse d’un support de cours transmis par un ou une étudiante qui tenait à garder l’anonymat, par peur de représailles — J’insiste : par peur de représailles. Cette personne tenait malgré tout à critiquer le cours d’homéopathie obligatoire qui lui semblait ne pas avoir sa place à l’université, en 5e semestre de licence. Elle avait raison, le cours est une honte. C’est une immense publicité pour les vertus magiques et les croyances de l’industrie homéopathique. Ce n’est par un travail de professeur d’université, c’est une réunion Tupperware.

Le but de ma vidéo, où j’ai pris soin de ne pas nommer l’enseignant, était d’alerter la faculté de pharmacie de Nancy dont j’estimais qu’elle verrait l’intérêt de réexaminer ce cours et de proposer mieux à ses étudiants. J’ai eu tort.

 

Mon objectif était d’attirer assez l’attention pour qu’un cours qui est là, depuis des années dans des conditions qui me semblent anormales, puisse être remis en question pour le bénéfice des étudiants et de la réputation de la Faculté. Bien sûr, je savais que je risquais de me faire des inimitiés à l’Université, alors même que j’ai un intérêt personnel à entretenir de bonnes relations avec cette institution, mais j’ai pensé qu’envoyer un simple courrier n’aurait servi à rien et qu’il valait mieux utiliser le poids et la renommée de cette chaîne YouTube pour faire changer les choses. [Les derniers développements valident mon jugement de l’époque, vous verrez que l’Université n’est actuellement pas disposée à tolérer la critique.]

 

Et donc, comme je vous le disais, j’ai une mauvaise nouvelle. Tellement mauvaise que j’ai demandé par deux canaux à l’Université de Lorraine de me donner quelques explication sur deux décisions prises en haut lieux, et que j’ai contacté le référent à l’intégrité scientifique de l’Université le 9 septembre. Si vous voulez voir à quoi ressemble une séance de cet enseignement obligatoire, je vous recommande le visionnage des deux vidéos précédentes ou je passe en revue le support de cours, puis un extrait du cours déposé sur l’Environnement Numérique de Travail. Autrement dit j’ai la capture vidéo des propos que je critique, ce qui permet d’être certain que je ne les déforme pas.

Un seul exemple.

Je donnerai ici un seul exemple de ce que je trouve problématique, en dehors de l’absence totale de science, de méthodologie, de perspective temporelle (ne disons même pas historique), de concepts notamment liés au placebo (un vrai sujet qui mérite des heures de cours !), c’est l’étude de cas donné en fin se séance.

Aux étudiants, on explique quoi répondre à une Maman qui vient dans une pharmacie pour son enfant de 8 ans, Arthur. Depuis 24h, le petit a le nez qui coule, il fait des cauchemars et a… 40°C de fièvre. La bonne réponse, soit-dit entre nous,  est « Madame, emmenez votre fils voire un médecin, et en attendant, voici un antipyrétique pour faire baisser la fièvre. » La réponse de madame la professeure Dominique LAURAIN-MATTAR est toute différente. En substance la voici : « Donnez-lui Oscillococcinum jusqu’à disparition des symptômes. Accompagné de Belladona 9CH (contre la rhinorrhée, la congestion tympanique, les cauchemars) et de Allium cepa 9CH contre la rhinorrhée.»

Madame la professeure ne fournit aucune source scientifique concernant l’efficacité de ces remèdes. Elle ne le pourrait pas d’ailleurs, puisque ça n’existe pas. En revanche, laisser sans vrai traitement Arthur qui souffre de fortes fièvres depuis plus de 24h, c’est dangereux, et je suppose que, comme moi, vous n’avez pas envie d’être reçu par un pharmacien qui suivrait ces conseils. Je suis très choqué par ce cours d’un point de vue scientifique et d’un point de vue éthique. Mais je suis ouvert  à toute explication qui montrerait que j’ai tort d’émettre cette critique. J’ai déjà dit que je partagerai tout droit de réponse qui serait demandé par l’enseignante ou par la faculté.

Je n’ai pas eu de réponse dont je puisse vous livrer lecture. Et pourtant il y a eu une réponse, à la rentrée de septembre. Le plus simple est que je vous lise le courrier que j’ai envoyé à Monsieur le Référent Intégrité le 9 septembre.

 

Message envoyé à l’adresse [email protected]

« Monsieur H

Je vous écris pour vous faire part de ce qui, à mon sens, est un sérieux problème d’intégrité scientifique dans l’enseignement dispensé dans la Faculté de pharmacie de Vandoeuvre-les-Nancy, mais aussi dans la manière dont l’Université de Lorraine gère la critique en son sein.

Je suis co-fondateur et directeur de la rédaction de l’Association pour la Science et la Transmission de l’Esprit critique (ASTEC). Depuis 2016, j’y exerce le métier de vulgarisateur scientifique, conférencier et formateur à l’esprit critique. Depuis six ans, j’interviens environ deux fois par an avec un module de l’École doctorale « Esprit critique et zététique » prévu pour 12 à 22 étudiants. Ce module reçoit un accueil très positif de la part des dizaines de doctorants ayant fait le choix de le suivre. Les évaluations sont disponibles auprès de l’Ecole Doctorale.

J’anime une émission de vulgarisation, La Tronche en Biais, qui a reçu le prix Diderot de l’AMCSTI en 2016. L’Université de Lorraine est un partenaire récurrent de nos émissions en direct durant lesquelles nous recevons en public des chercheurs et chercheuses pour discuter avec eux de thèmes sciences-société, afin d’inciter le public à questionner les concepts dont il dispose pour comprendre et agir. Nous avons d’excellentes relations avec le service Culture Scientifique qui nous aide beaucoup dans ce travail.

Le 15 novembre 2021, j’ai publié une vidéo[1] critiquant un enseignement prodigué à la Faculté de pharmacie de Vandœuvre-lès-Nancy suite au signalement d’un·e étudiant·e qui désire garder l’anonymat. Cet enseignement d’homéopathie de troisième année (semestre 5) ne lui semblait pas à sa place dans une formation universitaire.

J’ai analysé les documents mis à ma disposition pour évaluer la conformité de ce cours avec les connaissances scientifiques sur l’homéopathie. J’ai publié en vidéo une revue du support de cours et proposé plusieurs critiques à partir de constats d’inadéquation scientifique et pédagogique de cet enseignement, tel qu’actuellement administré. J’ai pris soin de ne pas nommer l’enseignante et de ne pas centrer mes critiques sur sa personne. Toutefois, j’ai suggéré que la Faculté devait prendre la mesure du problème constaté et rectifier le tir, par exemple en confiant cet enseignement – dont je ne conteste pas l’importance – à un enseignant-chercheur plus apte à restituer les éléments scientifiques disponibles sur cette question controversée.

Je sais que cette vidéo a suscité beaucoup de discussions au sein de la Faculté, et notamment une recherche de la source des « fuites », mais je n’ai reçu aucune réponse de l’établissement.

Le 18 novembre 2021 j’envoyais un mail à la direction de la faculté à l’attention du Doyen Raphaël DUVAL.

En voici le verbatim.

À ce courrier, je n’ai reçu aucune réponse.

L’ASTEC a décidé de laisser du temps à l’administration pour gérer cette situation. Je n’ai entamé aucune démarche ni produit aucun contenu en rapport avec cette affaire, ni jamais, bien entendu, attenté à la réputation de l’Université, de la faculté de pharmacie, ou de son doyen. J’ai appris en février qu’un rapport du Collégium Santé auquel je ne suis pas censé avoir accès me citait nommément. On m’a fourni un extrait du rapport validé le 7 janvier.

 

Le 21 février 2022, j’ai alors écrit un deuxième email, toujours à l’adresse [email protected]

 

 

Ce courrier est également resté sans réponse. C’est la seconde et dernière fois que j’ai essayé d’entrer en contact avec le Doyen DUVAL. Le 30 mars, je faisais le compte rendu de ces développements sur ma chaîne. Et je m’en suis tenu là. Derechef, avec l’ASTEC, nous avons estimé qu’il fallait laisser du temps à l’Université pour évaluer la meilleure conduite à tenir.

Mes critiques sur le cours de Madame la professeure LAURAIN-MATTAR ont fait respectivement 198 000 et 123 000 vues en date du 1er septembre 2022. Elles n’ont donc rien de confidentiel. J’ai pourtant été invité lors des URPS Pharmaciens d’avril 2022 à venir parler d’esprit critique devant cette profession, à Paris, ce qui me semble indiquer que mes propos ne dérogeaient pas aux principes rappelés par les Académies de Médecine et de Pharmacie quant à l’homéopathie et à la manière dont on attend qu’elle soit traitée en milieu universitaire[4].

 

Aujourd’hui, les conséquences de cette histoire sont les suivantes :

  • Madame LAURAIN-MATTAR continue de professer le même enseignement à cette rentrée 2022. Notamment : UE Obligatoire PAH « Phythothérapie, Aromathérapie et Homéopathie » du DFA-SP2 OFF, pour DIPLÔME DE FORMATION APPROFONDIE EN SCIENCES PHARMACEUTIQUES 2ÈME ANNÉE, filière OFFICINE.
  • Le service Culture Scientifique m’annonce avant-hier qu’il devait cesser toute collaboration avec l’ASTEC, et ne pas communiquer sur notre prochain événement programmé le 13 septembre avec la venue à Nancy du généticien Thomas HEAMS. Aucune explication n’a accompagné cette rupture.
  • L’École Doctorale m’annonce hier que le module « Esprit critique et zététique » devait disparaître après de nombreuses années d’activité. La formation programmée les 22 et 29 novembre est annulée. Sans explication.

Je ne dispose pas de traces écrites de ces décisions.

 

Ces fins de collaboration ne sont pas directement imputées aux critiques transmises à la Faculté de pharmacie, sur lesquelles je n’ai jamais obtenu de réponses directes. Toutefois, je me permets de voir un lien entre ces situations, du fait de leur synchronisme et de l’absence systématique de justifications. Dès lors, j’en conclus que la Faculté de pharmacie et l’Université de Lorraine ont choisi de protéger un enseignement actuellement administré de manière pseudo-scientifique sans prendre la peine d’accepter le dialogue que j’avais pourtant engagé en toute cordialité, sans argumenter, sans faire preuve de la moindre autocritique. L’Université de Lorraine, qui se fait fort de nourrir le dialogue entre sciences et société, et qui vient d’obtenir le label « Science Avec et Pour la Société », me semble se compromettre dans ses manières d’agir.

Dans le même temps et « pour apaiser des tensions internes » d’après ce qui m’a été expliqué, il a été décidé non seulement de s’en prendre à la personne ayant émis ces critiques, mais de faire disparaître le seul module dédié à l’esprit critique au niveau de la formation doctorale et d’empêcher que se tiennent dans les locaux universitaires des évènements de culture scientifique qui intéressent nos 280 000 abonnés, dont une portion importante sont étudiants ou personnels de l’Université de Lorraine.

 

Cher Monsieur H, je me permets de poser clairement mes attentes suite à cette affaire.

Je ne réclame ni excuse ni démission, mais une déclaration officielle de l’Université où elle expliquerait ses décisions et ce qui les justifie.

Elle peut décider de :

  • Défendre coûte que coûte un professeur qui promeut une industrie pseudo-scientifique au lieu d’enseigner la science.
  • Supprimer le module « Esprit critique et zététique » proposé aux doctorants et dont les évaluations anonymes sont irréprochables.
  • Cesser toute collaboration avec une association loi 1901 de promotion des sciences et de l’esprit critique dont le sérieux est reconnu dans le monde académique, qui a donné plus de 100 conférences partout en France et reçu 150 scientifiques dans des émissions de vulgarisation dont la qualité n’est pas remise en cause.

L’Université peut aussi décider de revenir sur ces décisions et de cultiver la relation très importante que notre association a noué avec ses chercheurs, ses personnels et ses étudiants.

Il me semble que ces considérations émargent au champ de l’intégrité scientifique de la Faculté de Pharmacie et de l’Université toute entière s’il s’avère, comme je le crains, qu’on est en train de punir une association de promotion de l’esprit critique pour avoir fait son travail proprement et courageusement.

 

Dans l’attente d’une réponse de votre part, je me tiens à votre disposition pour toute information complémentaire.

 

Bien cordialement, »

 

Je vous recommande voir la deuxième vidéo dans laquelle je diffuse des extraits vidéos de Madame la professeure LAURAIN-MATTAR en train de professer. Diffusion rendue nécessaire par l’accusation lancée contre moi par monsieur le Doyen. S’il ne m’avait pas traité de menteur, notamment en disant à un journaliste, qui me l’a confié par téléphone, que le cour critiqué « n’existe pas », je n’aurais pas eu besoin de prouver le contraire.

 

L’Université refuse de répondre

Depuis ce courrier du 9 septembre, je n’ai toujours reçu aucune réponse à ma demande d’explication via le service culture scientifique sur la fin des collaborations, et via l’école doctorale pour la suppression du module d’enseignement. Plusieurs enseignants que j’ai avertis ont demandé des explications, notamment à l’école doctorale et n’ont reçu… aucune réponse. Je pense que, quel soit votre avis sur le fond, vous serez sans doute d’accord pour dire qu’il est anormal que cette institution publique refuse de répondre à la simple question de : pourquoi prenez-vous ces décisions ?

Vous savez sans doute que je ne suis pas médium, je ne suis donc pas en mesure de vous dire quelles sont les intentions et les raisonnements des instances dirigeantes de l’Université. Si je m’y aventurais, je pourrais me rendre coupable de diffamation. Dieu m’en garde. Ce que je peux faire c’est constater, avec vous, l’étonnant synchronisme entre ma critique et ce qui ressemble à une sanction, mais aussi le silence absolu de l’institution qui pourrait très bien choisir de nous expliquer les raisons de ses décisions si elles étaient défendables. J’en conclus que ces décision ne sont pas aisément défendables sur le plan de l’éthique universitaire et j’attends que l’Université joue son rôle en revenant sur ces dernières. Elle est dans son rôle en nous permettant de continuer à travailler avec ses services et avec l’immense majorité des personnels qui sont sur notre ligne, celle de la défense de la science, et en permettant que continue d’exister le module d’esprit critique qui me semble (hélas peut-être) très utile aux doctorants.

 

Dans l’état actuel des choses, l’ASTEC, notre minuscule association, n’a pas vocation ni aucunement les moyens de se battre contre l’Université, mais vous, cher lecteur, si vous étudiez dans cette université ou encore mieux si vous y enseignez, vous pouvez demander des comptes, vous pouvez questionner ces décisions, vous pouvez exercer de la pression pour que l’on nous explique si vraiment la pseudoscience doit être défendue contre les critiques au sein même de l’Université de Lorraine.

 

Aux étudiants en pharmacie j’adorerais proposer un cours gratuit (et facultatif !) sur la véritable histoire de l’homéopathie, ses principes, ses méthodes, sur pourquoi on y croit, et sur ce qu’on peut en faire aujourd’hui que l’on sait qu’elle n’a strictement aucun effet spécifique, mais qu’on serait bien sot de négliger les effets contextuels. Sauf que, je ne dispose d’aucun amphithéâtre et que je crois n’être plus le bienvenu sur le campus en ce moment. Je lance donc un appel pour faire exister un tel cours à toutes celles et tous ceux qui ont envie que le monde universitaire soit un lieu où l’on respecte la science et où l’on cultive l’esprit critique.

Si u tel soutien ne se manifeste pas, l’ASTEC et moi-même, qui avons choisi de ne pas détourner le regard devant la présence d’une pseudoscience au sein d’une institution que nous aimons et fréquentons depuis des années, nous aurons sacrifié cette relation au nom de nos principes, nous aurons toujours notre honneur. (Tant mieux !). Mais nous aurons aussi beaucoup perdu.

 

Cela va sans dire  : que personne n’aille insulter ou harceler qui que ce soit à cause de cette affaire, vous ne rendriez service à personne.

 

Et maintenant ?

Pour conclure je veux croire que tout ça est un immense malentendu de la part de décisionnaires qui ont crus être attaqués, qui ont pensé devoir se défendre et qui, un peu paniqués, ont mal jugé la situation car, évidemment ils sont eux aussi attachés à la libre pensée, à la liberté d’expression, au débat et à la libre critique. Disons qu’ils ont choisi une étrange façon de défendre ces principes en l’occurrence, mais bien sûr je suis certain qu’ils voudront rectifier le tir et ont à cœur que leurs étudiants, non seulement reçoivent des cours de science, mais soient en plus capables d’être exigeants sur la qualité de ces cours. Je ne peux pas imaginer qu’ils n’aient pas à cœur que plus aucun étudiant, jamais, n’aille se confier à un YouTuber par peur des représailles s’il osait émettre des critiques en interne.

 

Par conséquent, je m’attends à ce que tout rentre dans l’ordre et à pouvoir passer plus de temps à parler du travail des chercheurs de l’université que des doutes que m’inspirent les décisions des administrateurs.

Merci d’avance à celles et ceux qui voudront nous aider à régler cette situation. Et aussi à tous ceux qui nous soutiennent en finançant le travail que nous réalisons.

Comme toujours, faites attention aux idées que vous acceptez de mettre dans votre tête.

Acermendax

France Soir a publié hier l’entretien de deux journalistes de l’Express avec Idriss Aberkane. (à retrouver ici)

Ce genre d’entretien est tout à fait classique, j’en ai fait un certain nombre. Le ou la journaliste vous appelle pour vous parler du papier en cours et vous demande de donner votre opinion sur une information, d’expliquer une notion, de réagir à un propos, et quand tout se passe bien vous envoie avant publication les phrases que vous avez prononcées et qu’il désire mettre dans l’article final, afin que vous validiez bien que vos propos n’ont pas été déformés. Il arrive que le travail soit mal fait, par maladresse ou malice. Il n’est donc pas inutile d’enregistrer l’échange pour disposer d’un document qui atteste de la bonne foi de chacun au moment de juger quels propos ont été tenus. Les interviews, ce n’est pas toujours très agréable, on a parfois l’impression que les questions sortent de nulle part. Tout ça pour dire qu’un peu de prudence, ce n’est pas idiot du tout.

 

L’ExpressGate

Pour un article dans lequel des chercheurs ont démonté les prétentions de l’imposteur académique Idriss Aberkane (à lire ici), celui-ci a été contacté pour répondre aux critiques et défendre sa position. Mais Idriss Aberkane avait décidé que cet interview était autre chose : c’est lui qui enquêtait sur l’Express, c’est lui qui avait des questions pour les journalistes. Et il annonce tout de go qu’il utilisera cet enregistrement malgré le refus des journalistes qui ne sont pas venus offrir leur temps à l’enquêteur Aberkane mais qui lui tendent leur micro pour écrire leur article. Quand vous allez au restaurant, il ne suffit pas de dire que vous êtes venus évaluer la cuisine pour qu’on vous fasse visiter les lieux et qu’on oublie, qu’en fait, vous êtes juste un client.

Idriss Aberkane a en réalité une seule question (chargée) pour Victor Garcia. Et cette question suggère que celui-ci, parce qu’il aurait des liens avec le milieu zététique* (cherchez pas, on vous dit qu’il a des liens, c’est comme ça : il le voit sur Twitter [je n’invente rien]), ne pourrait traiter avec neutralité le sujet des formations et conférences d’Idriss Aberkane. On appelle cette technique l’empoisonnement du puits.

Notez bien que la neutralité des journalistes est une vraie question. Mais si Idriss Aberkane est un génie des neurosciences, il peut défendre son travail contre les critiques, il dispose des arguments, des références et même de noms d’experts à contacter qui valideront ses positions ; il n’a nul besoin de chercher à salir l’image des journalistes qui enquêtent (au pire, il refuse l’interview s’il pense que le risque d’être manipulé est fort, cela m’est déjà arrivé). Bref, ce procédé accusatoire devrait être étranger à celui qui dit faire de la science.

Mais de science il n’est pas vraiment question ici ; Idriss Aberkane n’a pas de carrière scientifique. Il est en revanche coutumier du renversement accusatoire : c’est moi (Thomas Durand) qui suis un mythomane quand je dénonce ses mensonges, il le répète presque cent fois en vidéo  ; c’est lui qui « audite le monde académique » quand ses prétentions à résoudre la conjecture de Syracuse font rigoler les chercheurs, c’est lui qui juge les travaux des neuroscientifiques quand ceux-ci rappellent que les siens… n’existent pas.

Et nous en arrivons à cet enregistrement d’un peu plus d’une heure où Idriss Aberkane passe son temps à rabaisser les deux journalistes, à décider qu’ils ignorent absolument tout, à les interroger à l’aide de questions chargées (plurium interrogatum), à dénoncer leurs intentions cachées, leur obéissance à des autorités qui voudraient du mal à Idriss Aberkane… Le feu d’artifice sophistique, teinté de paranoïa et gorgé de grandiloquence, est saisissant.

 

Idriss l’acrobate

La publication de cette interview par le blog-dépotoir France Soir vise à allumer un contre-feu dans une stratégie  digne de Charles Pasqua :

« Quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire, jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien. »

Bien sûr, la plupart d’entre nous ne sont pas dupes. Si vous lisez ce texte, c’est que vous vous interrogez un peu et voulez lire un avis qui ne soit pas celui de l’hyperdoctor (il se surnomme comme ça lui-même). Quand je regarde cette vidéo, je détecte les manœuvres dilatoires, le name dropping me saute aux yeux, je vois bien les mensonges sur des prétendues publications scientifiques qui n’en sont pas, sur son expertise internationale imaginaire, je vois tout ce qui est suggéré sans être dit (des travaux top secrets, un réseau de chercheurs qui le respecteraient, une cabale lancée contre un homme qui dérange). La tromperie, flagrante, clignote en néon capital au fronton d’un égo boursouflé.

Mais il faut admettre aussi que l’exercice est bien exécuté ! Idriss Aberkane a un bagout d’enfer, il enchaîne avec aisance les idées, les noms, les concepts, les dates. Il y a du brio dans ce numéro d’acrobate où il déploie tout le clinquant de dix ans de pratique de l’enfumage. À un détail près : naguère c’était sur les plateaux télé, désormais c’est sur France Soir. J’en tire deux leçons.

  • D’abord, sa crédibilité est en flamme. Les journaux qui autrefois avalaient goulument sa faconde pour la vendre sur papier glacé se sont retournés contre lui. L’imposture éventée les fait passer pour un tas d’imbéciles éblouis par un miroir aux alouettes. Idriss Aberkane est cramé, non seulement dans le monde académique où il n’est personne, mais aussi dans le monde de la presse où il déchoit du rôle d’expert-tellement-intéressant à celui de désinformateur des sphères du complotisme. C’est pourquoi il est réduit à une position défensive qu’il camoufle derrière de l’agressivité.
  • Mais la deuxième leçon est plus négative. Il a réussi son exercice ! Il a gardé la face dans sa petite farce mise en scène pour le dépeindre aux commandes d’un échange où il fait la leçon, distribue des baffes virtuelles, ricane, accuse, et virevolte en citant des noms, des lieux, des travaux. Nous n’avons pas affaire à un imbécile. Il a de la mémoire et du talent, et notamment celui de faire passer sa mémoire pour la preuve qu’il est assez intelligent pour maîtriser tous les sujets.

 

Ca prouve quoi ?

Pour ceux d’entre nous qui savons à qui nous avons affaire, la séquence est la preuve que nous avions raison : l’escroquerie intellectuelle est évidente d’un bout à l’autre. Sans doute. Mais ceux qui pensent qu’Idriss Aberkane est un génie qui dérange, un homme brillant qui a dit la vérité trop fort et doit désormais le payer en devenant la cible du système, la séquence est aussi la « preuve » qu’ils ont raison. Et c’est là que le vrai talent du faussaire prend toute sa mesure. Ce que les manipulateurs malhonnêtes savent faire mieux que vous et moi, c’est se mettre en scène pour envoyer à la population déjà sensible à leur cause tous les signaux qui disent : « Lui, il a peut-être des défauts, mais il ne peut pas être malhonnête ».

L’échange avec les deux journalistes de l’Express est un cas d’école de manipulation où tout l’enjeu n’est pas de répondre aux lecteurs de l’Express désormais informés de l’imposture, mais de dissuader les fans d’Aberkane de s’intéresser à la position adverse en agitant la formidable roue d’un paon, dont l’effet hypnotique nous fait oublier qu’en dessous se trouve un faisan.

La fuite en avant d’Idriss Aberkane va certainement continuer. Il n’a pas d’autre choix que de jouer le rôle de la victime géniale. Il n’admettra pas ses mensonges (il en croit peut-être un certain nombre), il n’abandonnera pas la partition, et il est plutôt doué au pipeau.

 

Acermendax

 

* Je n’ai aucun lien avec Victor Garcia, pas plus qu’il n’en a avec aucun autre zététicien à ma connaissance. Il m’est arrivé de partager ses articles parce qu’ils touchent à des sujets qui m’intéressent. J’en atteste en termes aberkanniens : « Je le jure sur l’honneur, attaquez-moi en justice si vous pensez que c’est faux, sinon c’est que c’est vrai. »

_______________________________

Articles liés : Dossier Aberkane.

    1. — Qui parle pour la science ? Idriss Aberkane ?
    2. — Idriss Aberkane à l’épreuve des faits
    3. — Idriss Aberkane a menti
    4. — Le triomphe du Storytelling
    5. — Idriss Aberkane, icône d’une fausse ère
    6. — Conférence d’Idriss Aberkane – Fact checking
    7. — Bullshitez votre cerveau et libérez votre bullshit : La méthode Aberkane et l’effet « Gourou inverse ».
    8. — Masterclass en imposture : Idriss Aberkane & Didier Raoult
    9. — Le CV Hypertruqué d’Idriss Aberkane
    10. — Le bluf et le deshonneur d’Idriss Aberkane
    11. — Le LEGENDAIRE Idriss Aberkane
    12. — IDRISS J. ABERKANE : Le cas de la thèse en littérature comparée
    13. Enquête financière sur les entreprises d’Idriss Aberkane
    14. Idriss Aberkane a-t-il piégé l’Express ?

Article invité.
Ce texte est le transcrit de l’essentiel de la vidéo du même titre publiée le 27 mars sur YouTube.

 

 

Avec un riche passé médiatique, des formations de coaching vendues par centaines, 2 livres devenus des best-sellers, près de 500 000 abonnés sur Youtube et plus d’un million de vues pour sa vidéo sur « Pfizer », l’entreprise pharmaceutique, il est normal que cet incontournable polémiste surdiplômé et réputé génie inspire la confiance voire la fascination d’un public en colère contre la société.

Pourtant, au fil du temps, les passages dans les médias ont diminué, les dramas et révélations sur internet se sont succédés et certains ont commencé à le qualifier de “menteur”, d’”escroc”, de “gourou”, de “complotiste”. Ça ne l’a pas empêché de rester un pilier pour sa communauté et même un exemple car tenant bon, seul contre tous. D’après lui, c’est parce-que la vérité ne peut être censurée et ses fans en sont convaincus, il est le porteur courageux de cette vérité que le gouvernement chercherait laborieusement à faire taire. C’est pourquoi, à leurs yeux, il faut le soutenir, le défendre face aux attaques de ses opposants, quoi qu’ils disent. C’est pourquoi il faut garder… la foi ?

CF quelques articles dans L’Express, le Midi Libre, Le Parisien.

Sa carrière semble de prime abord admirable, mais les scandales ont continué, notamment avec l’affaire #Karim, du nom de cette personne décédée du Covid-19 pour avoir eu la foi dans les propos anti-vax de cet influenceur. Une multitude de spécialistes et de débunkers sont d’ailleurs venus contredire les propos et faits qu’il choisit pour supporter ses idéologies séduisantes et si tout cela ne signifie pas forcément qu’il se fourvoie, cela inquiète et mérite donc vérification. Si ce qu’il avance est vrai, alors c’est extrêmement grave et il faut en effet avertir la population mais si ce qu’il dit est faux, alors c’est encore plus terrible parce qu’il trompe et met en danger des milliers voire des millions de personnes sur des sujets majeurs comme la santé.

Exemple, dans cette fameuse vidéo sur Pfizer où il ne parle pas tant que ça de Pfizer : il déclare que des centaines de méta-analyses existent en faveur de l’hydroxychloroquine contre le Covid, préconisée par son ami le professeur Didier Raoult, mais les moteurs de recherche de publications scientifiques n’en recensent qu’une poignée, jugées douteuses par les meilleurs experts, face à une écrasante majorité en sa défaveur ; il mentionne également les conseils de la Haute Autorité de Santé qui seraient infondés, alors qu’ils sont pour leur part prouvés par des centaines de scientifiques ; il accuse Bill Gates de diriger l’OMS et c’est vrai que c’est un donateur conséquent mais non majoritaire et sans rôle décisionnaire alors comment prouver ça ? ; il attaque enfin les vaccins, confondant manifestement thérapie génique et technologie ARN messager, prenant la courbe des contaminations au Covid comme preuve de l’inefficacité vaccinale et contredisant encore la science, comparant l’incomparable, oubliant les variants plus contagieux et le taux de réplication r0 ; sans parler de toutes les autres idées diverses qu’il déroule sans lien avec son thème et qui sont également réfutables grâce à quantité de sources et preuves en l’occurrence. Avec ce résumé de la situation… je ne sais déjà plus. Je ne peux pas me faire d’avis de cette façon, la science n’est absolument pas mon domaine de prédilection mais j’en ai d’autres et… je veux savoir.

Quelques ressources pour explorer le contexte : https://coronavirusquebec.com/pfizer-idriss-aberkane/ ; https://factandfurious.com/fact-checking/les-18-erreurs-didriss-aberkane ; https://scilogs.fr/raisonetpsychologie/baratin-a-francaise/ ; https://menace-theoriste.fr/idriss-aberkane-fact-checking/ ; https://web.archive.org/web/20161209064920/http://hemisphere-gauche.blogs.liberation.fr/2016/10/31/une-critique-consanguine-du-livre-didriss-aberkane/ ; https://www.scepticisme-scientifique.com/episode-362-limposteur/ ; https://web.archive.org/web/20161209064920/http://hemisphere-gauche.blogs.liberation.fr/2016/10/31/une-critique-consanguine-du-livre-didriss-aberkane/ ; https://web.archive.org/web/20161210094640/http://hemisphere-gauche.blogs.liberation.fr/2016/10/27/la-science-et-les-medias-ce-que-revele-le-succes-litigieux-didriss-aberkane/ ; https://www.facebook.com/mathieu.leocmach/posts/1528068607210568 ; https://www.scepticisme-scientifique.com/episode-362-limposteur/

 

Idriss Aberkane, communiquant avéré, est accusé par ses détracteurs d’avoir déformé la vérité sur bon nombre d’affirmations factuelles comme on l’a suggéré précédemment, mais aussi personnelles, notamment sur son CV et ses véritables compétences. Alors, n’ayant aucune reconnaissance scientifique, il est compréhensible qu’il soit en quête de légitimité. Je ne lui jette pas la pierre, la société est académique et je félicite même son habileté oratoire, mais cela donne encore des raisons suffisantes de se méfier des propos de l’”hyperdocteur”, comme il aime se qualifier. Le CV publié sur son site internet principal déclare qu’il serait aussi à la tête d’entreprises philanthropiques. Ça, ça sent l’enquête financière, pas ma tasse de thé mais considérant la fiabilité approximative de son discours et de son parcours, je ne résiste pas à la tentation d’aller jeter un peu plus qu’un coup d’œil.

 

Chapitre 1:1 Un homme de cœur

Quelques clics suffisent pour tomber sur le site et la brochure de Bioniria, sa fondation humanitaire suisse, dont on ne retrouve aucune trace ailleurs sur le web. Vient ensuite l’entreprise Eirin International, censée planter 20 000 arbres et accompagner une quarantaine de familles au Sénégal. Aucune trace non plus sur internet, rien de rien cette fois, pas de site internet, pas la moindre présence dans les registres administratifs et professionnels africains. Commençons donc par là : Rapport d’activité de Bioniria 2018-2020.

La brochure de la fondation Bioniria m’offre plusieurs pistes malgré des défauts et imprécisions qui ne font pas très sérieux. Elle signale que son champ d’activité relève de “conférences, d’interventions dans la presse télévisée et écrite et d’événements sportifs”, ce qui colle avec les activités habituelles et pas spécialement humanitaires d’Aberkane. Selon le premier paragraphe du PDF : “l’action physique de la fondation Bioniria est majoritairement localisée au Sénégal”. Donc, le Sénégal, siège de l’entreprise Eirin International. Premier signe de son existence.

Plus loin, c’est la confusion entre Eirin International et Bioniria. Le tract explique entre autre que “la fondation Bioniria finance le micro-crédit social à taux zéro” des femmes peuls qui cultivent le Moringa d’Eirin à Richard-Toll au Sénégal, mais, pourtant, Idriss Aberkane affirme dans son CV que c’est l’entreprise Eirin qui est opérateur de micro-crédit. Étrange. Le Moringa est un super-aliment qui pousse dans les milieux désertiques. Bioniria rachèterait celui cultivé par Eirin pour le revendre ensuite en Europe et permettre aux femmes africaines une plus grande autonomie financière en les payant avec ces micro-crédits, dispositif africain comparable au salaire classique. En définitive, Eirin et Bioniria ont été créées par la même personne, Idriss Aberkane, et font la même chose en partenariat, c’est-à-dire cultiver le Moringa et apporter un revenu aux ouvrières en échange de la marchandise.

Pour mieux saisir la distinction entre ces deux entités, mais surtout leur indistinction, revenons au CV d’Idriss Aberkane. Dans une nouvelle tentative de se légitimer, ce dernier a récemment joint des documents prouvant chaque expérience et responsabilité revendiquées. Pour le cas d’Eirin, il a mis à disposition un scan du papier notarial qui officialise l’existence légale de la société. Ni une ni deux, je recherche le notaire, Maître Samuel Baloucoune. Problème, ce pauvre homme a rejoint les cieux il y a deux ans, je ne m’avoue pas vaincue et quelques démarches plus tard, son remplaçant par intérim me répond. La société a bien été officialisée à Richard-Toll, Saint-Louis, en 2009, co-créée par un local et Idriss Aberkane, mais, nouvelle alerte, n’a jamais été opératrice de micro-crédit comme l’a écrit ce dernier. De fait, ce n’est qu’une simple entreprise agricole. Idriss Aberkane aurait-il oublié le statut de sa propre société en la confondant avec la mission de sa fondation ?

On continue. Le site internet de Bioniria n’est pas très fourni, mais il offre quelques photos à analyser, par exemple avec Pic2Map, un extracteur de métadonnées. Grâce à lui, j’obtiens la localisation exacte de certains clichés. Sur Google Maps, ces coordonnées pointent bien vers une petite zone aride à quelques kilomètres de Richard-Toll, bien qu’en dé-zoomant, l’évolution du décor intrigue. Il est compréhensible de parler de “zone désertique” mais pourquoi avoir choisi cet espace en particulier ? Il est entouré d’immenses champs agricoles, d’un aéroport et de cette ville, Richard-Toll, considérée comme prospère et industrielle. D’après le tract Bioniria, la culture du Moringa dans cette région participerait à “la lutte contre la désertification” au Sahel et accompagnerait “plus de 1600 personnes” sur le territoire avec des campagnes d’alphabétisation et des cours d’agriculture. Soit, mais en dézoomant encore, on découvre plusieurs écoles sur Richard-Toll. Des écoles élémentaires, un collège, un lycée, un centre professionnel pour apprendre l’agriculture aux adultes et encore un autre centre pour se former à toute sorte de métiers. La brochure évoque un énième projet de crowdfunding, introuvable sur le net, pour construire une école primaire dans la zone en collaboration avec une juriste locale en droits de l’homme, Marième Misse. Pourquoi pas, mais surtout pourquoi ? L’école la plus proche est à 2 km, soit 30 min à pied selon Google Maps, sans parler des bus qui passent dans la région. Niveau impact humanitaire, on a vu plus impressionnant. Enfin, c’est mieux que rien.

J’approche Marième Misse qui s’avère aussi perdue que moi. Elle ajoute ne pas avoir concrètement collaboré avec Idriss Aberkane, elle témoigne de l’existence des femmes peuls cultivant le Moringa mais ignore tout des cours déjà dispensés, pourtant à l’initiative du projet d’école. Avant sa rencontre avec Idriss Aberkane, c’était un projet de construction écologique plus qu’une école et c’était son projet à elle. Au final, 2 ans plus tard, rien n’a jamais été fait, pas même commencé. Pourquoi la principale collaboratrice du projet d’école n’est-elle pas au courant pour les campagnes d’alphabétisation et les cours d’agriculture de Bioniria, alors qu’ils devaient à la base collaborer ensemble sur ce projet ? Encore des approximations de la part d’Idriss Aberkane ? J’appelle alors les autres établissements scolaires de la ville, ainsi que la mairie, la chambre d’agriculture et le tribunal régional de Saint-Louis. À ce jour, personne n’a entendu parler ou ne trouve trace ni de l’entreprise, ni de la fondation, ni de l’homme. Pourtant, 20 000 arbres plantés et 1600 personnes touchées depuis plus de 10 ans, ça ne devrait pas passer inaperçu. Peut-être que l’entreprise n’existe plus du tout aujourd’hui, même juridiquement. Peut-être qu’elle n’a jamais existé ailleurs que chez le notaire.

Idriss Aberkane mentionne cette grave injustice en vidéo sur sa chaîne YouTube. Elle serait liée à une autre de ses entreprises suisses. Mais nous y reviendrons dans un instant. Finissons d’abord avec la fondation Bioniria et ses œuvres charitables invisibles. En fait, je peux en comptabiliser… deux, mais parce que je suis gentille au fond. La première, une campagne de crowdfunding hébergée par le site d’une autre et “véritable” association humanitaire pour créer une réserve naturelle en Amérique Latine, mais cette campagne n’ayant reçu presque aucune publicité, pas même grâce à la visibilité d’Idriss Aberkane, son score restera de 0%. La deuxième, une vente d’œuvres digitales en cryptomonnaie sur le site non sécurisé et, depuis sa création complètement vide, Bioniria.io pour financer, je cite, “en majeure partie” la fondation Bioniria. Pour vérifier, voir les liens : https://wildangels.io/projects/la-reserve-de-yvy-tenonde ; http://bioniria.io/

 

 

Chapitre 1:2L’injustice des femmes peuls

Comme je le disais, Idriss Aberkane possède d’autres organisations. L’une d’entre elles est également basée en Suisse, il s’agit de General Bionics, une boite qui prétend produire des jeux et des logiciels. La page Wikipédia d’Idriss Aberkane rapporte sa mise en examen par la justice suisse pour soupçon de gestion déloyale, c’est-à-dire l’utilisation d’actifs, d’argent de la société, à des fins personnelles. Ce n’est pas tout, l’enquête en cours a eu pour conséquence de geler les actifs non seulement de la société General Bionics mais également ceux de la fondation suisse Bioniria depuis 2020.

Mais Idriss Aberkane ne comptait pas se laisser faire. En réponse à un article d’un journaliste de la RTS, radio télévision suisse, qui exposait l’évènement, il a sorti une série de vidéos pour protester contre son inculpation et le blocage de son argent. 174 femmes peuls d’Eirin se seraient plaintes auprès du gouvernement suisse car dépourvues de leur moyen de subsistance. Eh oui, puisque la fondation Bioniria n’a plus accès à ses comptes, elle ne peut ni racheter le Moringa d’Eirin ni payer en micro-crédit les femmes peuls, ça se tient. Mais est-ce la faute du gouvernement ou des délits d’Idriss Aberkane ? Peut-être que le gouvernement suisse veut vraiment obliger des sénégalais à marcher 30 min à pied, qui sait.

J’ai donc contacté d’anciens employés de Bioniria pour comprendre. Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que selon toute vraisemblance, la fondation n’avait même pas encore trouvé d’acheteurs pour le Moringa. Elle transférait simplement de l’argent de ses propres caisses à Eirin tous les mois. Comment pouvait-elle gagner autant d’argent en n’ayant aucune activité ? Pourquoi Eirin ne s’est-il pas cherché d’autres acheteurs lorsque Bioniria a cessé de financer ? Les collaborateurs supposent que vendre le Moringa aux locaux était trop peu lucratif depuis la création d’Eirin en 2009. Alors pourquoi s’allier à Bioniria qui n’avait aucun moyen de revendre la marchandise, n’ayant aucun acheteur ? Pourquoi Eirin ne se tourne-t-elle pas vers de nouvelles fondations ou clients, même européens si les locaux ne payent pas assez ? Veulent-ils vraiment vendre du Moringa, ou ce montage de société sert-il d’autres desseins ? Idriss Aberkane dirige Eirin, c’est lui qui est responsable de ses employés, pas le gouvernement suisse qui mène une simple enquête basique …et justifiée.

Selon Idriss Aberkane, ses anciens associés de General Bionics seraient des traîtres, le journaliste de la RTS un menteur aggravé, presque criminel, et la procureur chargée de l’affaire, une corrompue. Sa preuve, un document rédigé par cinq “témoins citoyens journalistes” démontant point par point l’article de la RTS. C’est amusant à lire, je commence à comprendre pourquoi les détracteurs d’Idriss Aberkane l’accusent d’avoir un discours mélodramatique, vague et décousu. Mais ce n’est pas lui l’auteur, même s’il brandit le PDF pour sa propre vidéo de défense. Effectivement, le document indique avoir été rédigé et signé par Mame Fatma Sene, Apolline Bossy-Guérin, Gabriel Uribe, Emilie Beyou et Benjamin Castel. Mais qui sont ces témoins citoyens journalistes courageux qui viennent au secours d’Idriss Aberkane, la victime ? https://idrissaberkane.org/wp-content/uploads/2016/10/eirin-international.pdf

L’examen de leurs profils publics sur les réseaux sociaux dissipe les ténèbres, ou pas. Ces cinq individus sont quasi tous des associés d’Idriss Aberkane, il n’y en a que deux qui sont plus ou moins reliés à l’affaire et strictement aucun n’est journaliste. Mame Fatma Sene est assistante dans une entreprise au Sénégal, donc ni citoyenne suisse, ni citoyenne française et sans rapport avec General Bionics. Ensuite, Apolline Bossy-Guérin, jeune femme de 22 ans, est chargée d’affaire pour Bioniria et Game of Logos, autre entreprise d’Idriss Aberkane, mais elle est aussi, même si elle ne le mentionne pas dans son CV, dirigeante de la société Scanderia, qui propose les formations de coaching d’Idriss Aberkane (à retenir). Puis vient Benjamin Castel, entrepreneur, trader et co-auteur d’une formation de trading justement avec Idriss Aberkane. Gabriel Uribe, graphiste pour Idriss Aberkane et General Bionics. Grâce à notre échange de mails que je garderai privé, je sais qu’il a voulu soutenir amicalement et sincèrement son ami en co-signant le document. Enfin, il y a Emilie Beyou, ancienne gérante chez General Bionics, autre potentiel témoin de l’affaire parmi les cinq auteurs. Bref, ces fameux “témoins citoyens journalistes” ne sont rien d’autre que des amis d’Idriss Aberkane, voire, pour la plupart, des gens dépendants de lui professionnellement. Pas super objectifs comme témoignages.

Quelques petits coups de fil au service juridique du canton suisse et à d’autres contacts bien renseignés confirment que l’enquête est toujours en cours et qu’Idriss Aberkane est en mauvaise posture. Sa contre-attaque envers la RTS aura néanmoins servi à retarder l’affaire, car la procureure accusée de corruption par Idriss Aberkane a décalé sa responsabilité sur un autre canton, pour plus d’objectivité. Tiens, pas si méchant ce gouvernement.

 

Chapitre 1:3L’empire Aberkane

En réalité, ce n’est pas moins de sept sociétés que gère de près ou de loin notre bon Idriss Aberkane dont une société de conseils aux entreprises. C’est qu’il doit être sacrément fort en affaires, dites donc. Malheureusement, au bord de la faillite, cette dernière a dû mettre la clef sous la porte, bon. Quoi d’autre, trois entreprises de jeux et logiciels dont celle en Suisse liquidée également et mise en examen. En parlant de jeux, quelques recherches dans la Wayback Machine, site d’archives Internet, permettent de démontrer l’absence de commercialisation de jeux (sauf « kFlow » qui a été arrêté), malgré toutes les annonces d’Idriss Aberkane sur les réseaux et médias ainsi que 3 entreprises consacrées à cette tâche. Et leurs chiffres d’affaires alors ? Là, il y a un gros problème. D’où peuvent-ils bien sortir, lorsque l’entreprise n’est pas en déficit ? Voir cette autre enquête.

Quand on creuse davantage avec des outils en ligne sur les entreprises comme Pappers, on découvre tout un tas d’autres étrangetés que je vais énumérer brièvement :

  • Aucun employé dans les 4 entreprises françaises mais des collaborateurs, associés et/ou bénéficiaires récurrents.
  • Idriss Aberkane est quasi toujours démissionnaire de son poste de président juste après avoir créé la société pour y laisser un de ses associés tout en restant le principal voire le seul bénéficiaire. Un moyen de se dédouaner en cas de soucis ?
  • La gérante de Scanderia formations, notre Apolline témoin citoyenne journaliste, se dit dans son LinkedIn chargée d’affaires chez Game of Logos et Bioniria mais pas gérante de Scanderia. C’est pourtant une belle promotion.
  • L’ancienne société de conseils aux entreprises fait penser à du conseil pour optimisation fiscale. Idriss Aberkane revendique des clients qui pour la plupart sont coupables de fraudes fiscales grâce à des montages financiers complexes et des évasions fiscales à l’étranger. Selon M. Soudoplatoff : l’entreprise ne donnait pas de conseils mais vendait le jeu « kFlow ». C’est pourtant la société Scanderia qui le commercialisait, pas la société de « conseils aux entreprises », donc prudence. http://www.gestion-daf.com/wordpress/contact/
  • parlons aussi des sites web de l’ensemble de ces sociétés. Tous très similaires, amateurs et incomplets. Par exemple, les liens vers les réseaux sociaux sont tous inactifs et les seules pages proposées manquent d’informations de base. J’ai eu beau envoyer plusieurs messages dans leur formulaire de contact, aucune réponse non plus, comme si ces URL n’étaient que des vitrines factices.

Les liens de l’enquête : https://www.pappers.fr/entreprise/scanderia-794269548 ; https://www.pappers.fr/entreprise/aberkane-803145945 ; https://www.pappers.fr/entreprise/gol-co-893033084 ; https://www.pappers.fr/entreprise/scanderia-894121334

 

Que s’est-il vraiment passé avec General Bionics en Suisse ? J’ai appelé les deux anciens associés d’Idriss Aberkane pour ma petite contre-enquête, je préserverai leur anonymat ainsi que celui de tout autre informateur comme le veut l’article R631-9 du code de déontologie des détectives privés. Verdict : selon le premier, la stratégie financière consistait à mettre l’entreprise en faillite pour ne plus payer de taxes et pointer du doigt un bouc émissaire, en l’occurrence cet associé qui a été acquitté par la justice suisse. Selon le second, qui n’a jamais été inculpé et qui collabore avec le Fisc, Idriss Aberkane faisait passer l’argent des droits d’auteur de ses livres publiés dans l’entreprise suisse pour ensuite l’utiliser à des fins privées avec moins d’impôts. À la base, cet associé aidait Idriss Aberkane à optimiser légalement ses ressources grâce aux avantages du pays, mais avec le temps, il s’est aperçu des manœuvres borderline de ce dernier. Ce n’est que lorsque la police l’a interrogé et informé des 400 000 francs, soit environ 380 000€, transférés sur ses comptes personnels, qu’il a saisi l’ampleur de l’affaire. Cela faisait alors déjà quelque temps qu’Idriss Aberkane avait coupé des salaires, renvoyé ses associés ainsi que plusieurs employés.

Ce second collaborateur en a fait un burn-out, il avait vraiment cru au projet et investi de son argent. Il explique qu’Idriss Aberkane plumait ses sociétés, se débarrassait des associés trop gênants, établissait ses sièges sociaux dans des cantons plus favorables fiscalement et créait de fausses factures ou des certificats non conformes. Sa logique : puisque c’est lui qui ramenait l’argent à General Bionics, la société lui devait le mode de vie auquel il aspirait, c’est-à-dire : hôtels de luxe, bouteilles de champagne, restos gastronomiques, etc. Sauf que légalement, les fonds injectés dans General Bionics devaient servir General Bionics et ses projets de jeux qui ont tous échoué du coup, eh oui. Pareil pour la fondation Bioniria, elle servait à blanchir de l’argent tout en ne produisant presque aucune action sauf Eirin, très bonne vitrine pour les inspecteurs suisses. En effet, les fondations en Suisse sont très faciles à créer et à exonérer fiscalement tant qu’elles ont un air d’intérêt public. Pratique.

Ces paroles humaines n’ont pas vocation à prouver quoi que ce soit, même si elles sont toujours plus objectives que celles des amis d’Idriss. Dans une mission officielle, le témoignage écrit avec une attestation légale a beaucoup de poids devant un tribunal et celui du détective dans un rapport d’enquête peut même faire office de preuve, mais sur internet en tant que citoyenne, c’est différent, les indices doivent être beaucoup plus conséquents. Il me faut donc encore creuser.

Idriss Aberkane a créé son entreprise General Bionics en Suisse mi 2018 et devinez quoi ? C’était quelques mois à peine avant la levée du secret bancaire en Suisse septembre 2018. Le secret bancaire, c’est l’interdiction qu’avaient les banques suisses de livrer des informations sur leurs clients, même à leur pays d’origine. Mauvais timing du coup, je le plains. On peut aussi noter qu’Idriss Aberkane a créé son entreprise Eirin International au Sénégal en 2009 qui n’est redevenue vraiment “active” avec un site internet et des actions concrètes qu’en 2018. Et devinez quoi ? Des avantages fiscaux pour les entreprises agricoles ont vu le jour au Sénégal début 2018.

Sa stratégie de faillite pour General Bionics soulève des doutes pour l’autre société radiée, la société de conseils aux entreprises. Les bilans comptables de cette dernière laissent envisager une fraude à la TVA et cette même stratégie d’abandon pour éviter les impôts en France. L’entreprise ne cessait de dépenser des sommes d’argent énormes sans gagner grand-chose. Dans le jargon, on parle de modus operandi, “mode opératoire”. Ce qui pose d’autant plus question, c’est qu’il est encore coach en optimisation et investissement auprès de ses abonnés, preuve qu’il maîtrise ou s’intéresse au moins au sujet. Bref, ce montage complexe et incohérent de nombreuses entreprises, souvent identiques, provoquant des amalgames dans la bouche d’Idriss Aberkane lui-même, fait sérieusement penser à des sociétés écrans pour faire circuler l’argent de son véritable business, la communication, par ses conférences, formations, coachings, passages médias, livres et vidéos, en toute discrétion.

J’admets que la fiscalité en France n’est pas des plus optimales mais elle est censée soutenir les plus défavorisés et garantir un service public de qualité. Notre cher Idriss Aberkane serait largement plus philanthrope et ses entreprises plus humanitaires si, au lieu de cacher de l’argent pour ne rien accomplir, tout ce beau petit monde payait ses taxes à l’Etat Français. Au lieu de ça, Idriss Aberkane passe le plus clair de son temps à répandre des informations erronées et souvent dangereuses. Si seulement je vous disais tout ça par jalousie, vengeance, conflit d’intérêt, orgueil ou n’importe lequel des 7 péchés capitaux… mais je ne travaille ni pour le gouvernement, qui n’a par ailleurs pas mon soutien, ni pour les détracteurs d’Idriss Aberkane. Enfin bon, pour cette manipulation fiscale, il n’y a pas mort d’homme non plus, mais des vies d’employés brisés, des clients lésés, des femmes peuls pas si indépendantes que ça, des gens leurrés par ses propos qualifiés de pseudo-scientifiques par ses pairs. Tous ces faux espoirs, cela méritait bien un peu d’attention. Et j’en passe…

 

Chapitre 1:4Entre folie et génie

Je vais quand même citer encore deux ou trois petites étrangetés, pour le plaisir du mystère. Exemples :

  • Idriss Aberkane est foncièrement opposé au vaccin Pfizer et ses petits cousins. Pourtant, en parallèle, il soutient publiquement le vaccin russe Spoutnik en déclamant son efficacité soit disant supérieure. Je suis tentée de faire un lien avec le scandale de la Russie qui voulait payer des influenceurs pour discréditer le vaccin Pfizer avec des sommes conséquentes et des fake news. Aujourd’hui, l’agence de liaison, Fazze, n’existe plus. Il est donc presque impossible de déterrer les preuves d’une potentielle collaboration avec Idriss Aberkane et ce n’est pas très important de toute manière, Idriss doit sincèrement croire au complot. C’est d’ailleurs son droit. Par contre, il n’a pas le droit de faire passer son opinion pour un fait, au risque de mettre en danger ceux qui croient en lui.
  • Un informateur du comité d’éthique de l’école polytechnique où a étudié Idriss Aberkane m’a révélé il y a quelques semaines que ce dernier aurait plagié, au moins en partie, l’une de ses thèses publiées et que le comité est en cours de délibération. Décidément, rien ne va dans le sens de ce pauvre Idriss.
  • Le meilleur ou plutôt le pire pour la fin : ses fameux crowdfundings, on en a parlé à plusieurs reprises. Il y en a eu d’autres mais strictement aucun n’a réussi. Idriss Aberkane opte malgré tout souvent pour cette option de financement, curieux. L’argent de la campagne pour les jeux ergonomiques Chréage (qui deviendra plus tard General Bionics, tout est lié) ne semble pas avoir été rendu aux participants après son échec, au vue de la colère exprimée dans les commentaires Youtube et du site internet indépendant qui l’hébergeait, site créé par Gabriel Uribe, le graphiste. Peut être parce que l’entreprise a fini en liquidation à cause de l’enquête en cours et de tous les actifs d’Idriss Aberkane gelés, ce qui n’aurait pas dû l’empêcher de rembourser les gens avec d’autres sources d’approvisionnement. Il possède tout de même 4 autres entreprises actives. En discutant encore avec Gabriel, j’apprends qu’il ignore où l’argent a bien pu s’envoler mais qu’il pense que son ami n’a juste pas de chance. Et ces contributeurs généreux alors ? Ils en ont de la chance ?

Il n’y a pas 36 000 hypothèses. Soit Idriss Aberkane n’est vraiment pas très doué, il croit savoir mais ne sait pas gérer son argent ni faire un travail scientifique correct. Il joue à des jeux dangereux et se plaint quand on lui enlève ses jouets. Soit c’est un génie du mal qui veut détruire le monde, mais ces fascinantes créatures sont beaucoup trop rares pour que ce soit une hypothèse plausible. Soit c’est un escroc qui arnaque les gens, peut-être parfois avec de bonnes intentions, peut-être parfois avec maladresse aussi. Le rasoir d’Hanlon ne dit-il pas : “Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer” ? Mais bon, si on s’arrête à ça, on ne punit plus personne. Or, c’est un commerce juteux, cette notoriété qui permet à ses livres d’être des best-sellers et à ses formations de rencontrer un grand succès pendant qu’il contourne les lois et abuse de son public fatigué de la folie du monde ?

Attention, nouveaux témoignages subjectifs, à prendre avec précaution pour ne pas basculer dans la diffamation : selon plusieurs anciens collaborateurs que je ne citerai toujours pas, et les confirmations d’une source très importante que je garderai également confidentielle, mais qui fait partie de son entourage proche et que j’ai approché sous un faux prétexte… Idriss Aberkane serait très intelligent mais mentalement instable, il ferait du chantage affectif en menaçant de se suicider, serait obsédé par l’argent et se convaincrait qu’il est quelqu’un de bien, qu’il fait le bien… j’ai envie de le croire, j’ai de la peine pour lui.

Alors, très cher Idriss, j’ai fini de te re-checker légalement, ce que tu redoutais. À ton tour de te manifester et d’apporter les réponses à toutes les interrogations soulevées, des réponses claires, sourcées, scientifiquement et juridiquement valides. Défends-toi, je t’écouterai avec grand plaisir, bien que mes recherches ne puissent être interprétées comme des inculpations, je laisse ce travail aux professionnels qui ne vont pas tarder.

 

Pour ce qui est du discours d’Idriss, je ne suis pas spécialiste des sujets illustrés en début de vidéo, pas plus que lui d’ailleurs ni la majorité de son auditoire. Cette enquête concerne uniquement son passif d’entrepreneur-coach. Pour se faire une opinion épistémique sur un des sujets de santé publique ou de science en général qu’il aborde régulièrement, une personne non-experte comme vous et moi devrait se tourner vers de véritables experts, l’OMS, les scientifiques… et non pas vers des showman de pop-science qui ne se focalisent que sur les aspects négatifs d’une question pour mieux justifier leur discour, comme le fait Idriss Aberkane. Nous ne devrions nous tourner ni vers des youtubeurs ni vers des détectives comme moi qui ne traitent également que de certains aspects de ces questions éminemment complexes. Comment se faire une opinion véritablement rationnelle quand on ne peut pas comprendre une situation dans son ensemble, quand on se contente du son de cloche d’un dénonciateur spécialiste en communication ? Peut être qu’en dé-zoomant, comme pour le Sénégal, on se rendrait compte que les autres pièces du puzzle sont positives ou que la balance bénéfices risques vaut le coût. Mais pour dé-zoomer sur des connaissances scientifiques précises, il faut maîtriser ces connaissances scientifiques précises et ce ne serait pas de trop que d’user de cette prudence commune dans le débat public.

En ce qui concerne son parcours, je ne suis pas non plus experte comptable ou inspectrice du fisc. Je ne sais pas tout et sans doute me manque-t-il des informations essentielles pour véritablement saisir toutes les subtilités de la situation. Je pourrais prendre en filature la cible et rentrer dans sa vie privée, mais ce ne serait ni légal ni sain, je me suis donc arrêtée aux éléments publics et témoignages. J’ai simplement créé le faisceau de présomption. Maintenant, il faut des preuves et pour cela une enquête beaucoup plus poussée sur les entreprises d’Idriss Aberkane, sur leurs factures de société, leurs bilans, leurs chiffres d’affaires annuels, leurs statuts ainsi que sur sa fiche d’imposition individuelle.

J’agis en tant que citoyenne, une citoyenne dont le métier est détective privé. Idriss Aberkane est suspecté de faire de la fraude à la TVA, de la fraude fiscale, du faux et usage de faux, de l’abus de biens sociaux et en définitive d’enfreindre tous les articles de loi affichés à l’écran. Rien que ça. Si on part du principe qu’il est intelligent et conscient et que ce ne sont pas des fautes de gestion mais des délits, il peut encourir, au minimum, une peine de 5 ans d’emprisonnement et une amende de 500 000€, et encore, ça peut monter jusqu’à 10 ans de prison et au million d’euros d’amende, tout dépend de l’ampleur réelle de son petit cache-cache financier.

Et vous ? Où vous mènent vos propres recherches ? Arrivez-vous aux mêmes conclusions que moi en enquêtant ? Est-ce que j’ai oublié quelque chose ? Est-ce que j’ai commis des erreurs ? Est-ce que vous me rejoignez pour garder un œil sur les activités de ce monsieur et pour signaler aux autorités compétentes ses agissements suspects ? Quoi d’autre ? Le haïr, l’insulter, le menacer, le harceler ? Pourquoi faire? Vous ne feriez que le conforter dans son auto-persuasion d’être persécuté et muselé parce-que prophète de la sacro-sainte vérité cachée, comme tant d’autres. Une chose est sûre, il n’est pas digne de confiance, que ce soit au niveau de son discours et de son parcours, comme ça a été démontré maintes et maintes fois, ou de ses responsabilités comme je viens moi-même de le démontrer ici. Alors, vous pouvez toujours lui accorder votre crédit, mais ce sera en connaissance de cause et à vos risques et périls.

Finalement, les seuls moyens réellement efficaces de l’empêcher de nuire davantage tout en préservant ses droits fondamentaux, c’est le partage de l’information au plus grand nombre et sur son propre terrain, celui de la communication, comme avec cette vidéo publique. Mais il y a aussi un autre moyen efficace, et ça fait parfois mal de l’admettre, il s’agit de la justice légale. Le système juridique français n’est pas optimal lui non plus mais si nous nous y mettons ensemble, nous pouvons grandement aider à la bonne exécution de son processus, c’est pourquoi nous devons nous rassembler.

Evidemment, j’ai moi-même remis mes investigations au service des impôts français qui ont immédiatement enclanché les vérifications judiciaires nécessaires et qui vont à présent manifester une grande méfiance face aux entreprises françaises récentes d’Idriss Aberkane. Mieux vaut pour lui qu’elles se tiennent à carreaux. Pour ma part, j’ai terminé mon enquête, ici s’arrête le pouvoir du détective. La boucle est bouclée, je peux m’attaquer à plus important. Désormais, la justice est entre vos mains. C’est à vous de jouer. Partagez cette vidéo pour informer autant que possible, continuez de vous intéresser à tous les aspects de la question et non pas juste à ceux qui vont dans votre sens, faites même vos propres recherches et si vous vous sentez l’âme d’enquêteur, je vous laisse toutes mes sources en description. Je posterai les potentielles corrections dans les sous-titres latins de la vidéo. Vous avez ce pouvoir vous aussi, saisissez-le.

 

Parce qu’être détective au fond, c’est être habité par ses missions, vouloir aider son prochain, c’est ne pas craindre les cauchemars de la réalité, être prêt à poireauter des heures dans une bagnole, à se torturer les méninges devant un ordinateur, à se déguiser en petit ange pour cacher le diable, tout ça pour un peu plus de justice en enfer.

 

Sur cette chaîne, je vous prends avec moi dans cette invocation de la connaissance, dans cette tentation de connaître les péchés des autres. Je vous lance un appel à toutes et à tous pour que vous participiez concrètement à cette quête de justice populaire, donc démoniaque. Guettez votre montre lorsqu’elle affiche 6h66, il se pourrait qu’elle présage l’arrivée de l’une de mes prochaines enquêtes inédites et publiques sur les petits secrets d’internet et sur ces gens qui profitent de leur pouvoir à vos dépends. Vous êtes moi, je suis vous. Rejoignez moi, rejoignez nous et enquêtons. Notre mission : nous défendre par l’investigation. Fin de rapport.

 

_______________________________

Articles liés : Dossier Aberkane.

    1. — Qui parle pour la science ? Idriss Aberkane ?
    2. — Idriss Aberkane à l’épreuve des faits
    3. — Idriss Aberkane a menti
    4. — Le triomphe du Storytelling
    5. — Idriss Aberkane, icône d’une fausse ère
    6. — Conférence d’Idriss Aberkane – Fact checking
    7. — Bullshitez votre cerveau et libérez votre bullshit : La méthode Aberkane et l’effet « Gourou inverse ».
    8. — Masterclass en imposture : Idriss Aberkane & Didier Raoult
    9. — Le CV Hypertruqué d’Idriss Aberkane
    10. — Le bluf et le deshonneur d’Idriss Aberkane
    11. — Le LEGENDAIRE Idriss Aberkane
    12. — IDRISS J. ABERKANE : Le cas de la thèse en littérature comparée
    13. Enquête financière sur les entreprises d’Idriss Aberkane
    14. Idriss Aberkane a-t-il piégé l’Express ?