Quelques notes à peu près sérieuses sur le rire et l’humour.
C’est à Rabelais que l’on doit, semble-t-il, l’adage selon lequel le rire est le propre de l’Homme. On sait aujourd’hui que le rire est un phénomène plus courant dans la nature que l’on a bien voulu le croire pendant longtemps. Il n’est pas impossible toutefois que le rire soit intimement lié à des fonctions sociobiologiques qui, elles, seraient bel et bien l’apanage de l’espèce humaine[1]. Cela reste pour l’heure à confirmer…
Le rire est contagieux (et c’est moins trivial que ça en a l’air)
Petite définition du rire.
Le rire est une communication non verbale facio-vocale. Il s’agit d’un invariant transculturel au même titre que le langage. Ces mots savants signifient que le rire est un phénomène très particulier, ce qui explique qu’il ait suscité la curiosité des philosophes depuis de nombreux siècles avant d’être examiné d’un point de vue évolutionniste depuis quelques décennies à peine. Il partage avec le bâillement la fascinante particularité d’être contagieux (Provine 1992 ; Schurmann et al. 2005). Autre particularité fascinante : le rire est parfois incoercible, plus fort que nous. Nous sommes impuissants à le contrôler pleinement et souvent incapables de le simuler correctement. Ce faible contrôle est également vrai pour le sourire, comme le prouva l’électrophysiologiste Guillaume Duchenne au XIXème siècle. C’est pourquoi on nomme rire Duchenne, le rire ‘réel’ non simulé accompagné d’une vocalisation et d’une mobilisation, notamment, des muscles orbicularis oculi. Lire la suite
Les homéopathes et les patients qui les consultent ont raison de s’inquiéter de l’usage abusif des antibiotiques qui est responsable de la résistance croissante des bactéries et fait craindre des maladies infectieuses de plus en plus difficiles à combattre dans l’avenir. Souvent, ils pointent du doigt les effets secondaires de la médecine conventionnelle qu’ils qualifient d’allopathique. En effet, la prise de médicament n’est pas sans risque pour l’organisme, surtout qu’ils peuvent avoir entre eux des interactions qui ne sont pas nécessairement toutes connues. Si l’on ajoute à cela que nombre de médecins, pour garder leur clientèle, prescrivent des médicaments inutiles pour satisfaire les malades et leur donner l’impression qu’ils les aident à aller mieux, nous aboutissons à une surconsommation de médicaments qui n’est une bonne nouvelle que pour ceux qui nous les vendent.
Il ne sera pas question ici de s’interroger sur l’absence totale d’une théorie un tant soit peu démontrée du mode d’action des traitements homéopathiques. Le lecteur trouvera sur d’autres pages les informations sur les problèmes de cette médecine alternative qui a besoin, pour expliquer son action, de remettre en cause les connaissances actuelles de la physique[1]. Contentons-nous d’en constater l’usage omniprésent, puisque plus de la moitié des mères de famille y ont recours. Et admettons qu’il existe un effet qu’il suffira d’appeler placebo pour être scientifiquement à peu près exact.
Les homéopathes ont parfaitement raison de souligner que les produits homéopathiques font l’objet d’une garantie d’innocuité avant leur mise sur le marché[2], coûtent bien moins cher que leurs alternatives conventionnelles et ne présentent aucun risque connu d’effet secondaire.
Cela ne les empêche pas d’avoir tort.
Les vertus des produits homéopathiques en font-ils pour autant de vrais médicaments ? La médecine est une pratique qui s’appuie sur des tests cliniques, biochimiques, biophysiques, en mot : scientifiques. La science est l’activité qui a pour but de produire de la connaissance : formuler des questions pertinentes et leur apporter des réponses solides. C’est parce que la démarche scientifique a fait mille fois ses preuves dans le passé avec les vaccins qui sauvent chaque année des centaines de milliers de vie, les modèles physiques et chimiques qui permettent le développement des technologies de communication, de transport, etc. que les citoyens lui font confiance quand il s’agit de leur santé ; il est préférable de faire soigner un cancer par un radiothérapeute que par un marabout. Or, l’homéopathie qui a toutes les caractéristiques du chamanisme, se drape dans les habits de la science, et c’est là que le bât blesse.
Les études scientifiques sérieuses et indépendantes montrent que les traitements homéopathiques ont un effet sur la santé des patients. Cependant cet effet n’est pas différent de l’effet placebo, ce qui veut dire qu’il n’est pas lié à la composition du médicament ingéré. Dans l’état actuel de nos connaissances, on ne peut pas affirmer comprendre tous les tenants et aboutissants de cet effet placebo, mais on a quelques pistes, et parmi elles le fait que les praticiens homéopathes écoutent davantage leurs patients. La prise en charge psychologique est donc supérieure. Cette écoute s’accompagnerait du sentiment que le traitement est plus spécifique à l’état du patient, ce qui accroitrait le sentiment de contrôle, ce qui en retour peut améliorer la manière dont le patient perçoit ses symptômes. A l’appui de cette explication, il est curieux de constater que la prescription ne fonctionne que si l’on y croit.
Dès lors on peut se poser une série de question.
Quel service cette médecine alternative rend-elle au malade ?
Certes, un certain nombre de patients se sentent mieux, mais pas plus qu’avec n’importe quel autre système de croyance envers une source de guérison non scientifique comme le sanctuaire de Lourde ou les télévangélistes.
Quel service l’homéopathie rend-elle à la médecine et à la science ?
L’homéopathie entretient l’idée que n’importe qui peut arriver avec une « théorie » faite maison, en parfait désaccord avec tout ce que l’on sait en biologie, en chimie et en physique, et obtenir des résultats inexpliqués (et inobservés d’ailleurs). Des résultats qui seront validés par les prescriptions médicales, car après tout, si le docteur vous donne un médicament, il sait ce qu’il fait, non ? La contre-productivité est ici totale, le déni de la science n’est pas loin, et c’est une pente dangereuse.
Quel service l’homéopathie rend-elle à la société ?
D’un point de vue pragmatique, les produits homéopathiques permettent de prescrire aux patients qui n’en ont pas réellement besoin des traitements sans danger et moins chers que de vrais médicaments. C’est connu : les médecins homéopathes coûtent moins cher que les médecins « classiques » qui soignent les mêmes maladies. Et il est connu également que la plupart de nos affections disparaissent spontanément grâce à une vieille invention de la nature : le système immunitaire. Mais en dehors de cet aspect comptable, on se retrouve à légitimer une pseudo-médecine qui fait sa publicité à la télévision, dans les journaux, partout, pour des produits qui n’ont aucune vertu par eux-mêmes.
Le leader mondial de la fabrication des pilules homéopathiques est le laboratoire français Boiron. Le chiffre d’affaire, en constante progression, dépasse 500 millions d’euros depuis 2009, un chiffre qui n’est peut-être pas étranger à la bienveillance dont jouit l’homéopathie en France (55% des ventes du labo). On a donc quelques centaines de millions qui quittent les caisses de la Sécurité Sociale, pour arriver dans celles des laboratoires homéopathiques. Dans le même temps, on est en pleine vague de « déremboursement » des médicaments, on instaure un ticket modérateur… Il est bien possible que les décideurs fassent des choix peu éclairés, et nous en payons le prix.
L’homéopathie ne pose pas de problème à la science. Il serait parfaitement possible d’enquêter sur les mécanismes d’action de ces traitements si jamais un effet était mis en évidence. En attendant, l’homéopathie n’est qu’une pseudo-médecine comme les autres, avec des prétentions frauduleuses et un corpus « théorique » qui relève de la sorcellerie. En revanche un dilemme se pose aux médecins pratiquants et aux législateurs. Quel type de médecine veut-on pratiquer ? Doit-on traiter les patients comme des êtres doués de raison, les responsabiliser, ou bien leur mentir pour les rassurer, les habitués à être manipulés pour leur bien ? Quelle société veut-on ? Une qui soit fondée sur l’examen rationnel des faits ou bien sur les intérêts financiers ?
Conclusion
Si la critique de la médecine conventionnelle est indispensable, et si freiner les dépenses est utile pour assurer les meilleurs soins pour tous, peut-on pour autant instiller l’idée qu’il existerait une médecine « officielle » agressive, voire dangereuse, à laquelle il faudrait substituer une « médecine » douce ? Le jeu en vaut-il la chandelle ?
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