Ce billet s’adresse en particulier à celles et ceux qui partagent des contenus complotistes, qui y croient plus ou moins et conspuent toute la sphère sceptique qui est à leurs yeux, ou bien corrompue ou bien une bande d’idiots utiles du pouvoir. Si ça ne vous dérange pas, je vais vous appeler complotistes.
Petite parenthèse le complotisme ce n’est pas un mot qu’on balance à la tête de quelqu’un qu’on n’aime pas, c’est un concept précis, utilisé par les chercheurs et qui désigne une forme de rhétorique ou de raisonnement où l’on pose comme prémisse l’existence d’un complot ; on en est sûr, on n’en doute pas. Et déploie ensuite tout un argumentaire qui finit par confirmer cette certitude dont il n’était de toute façon pas question de douter. C’est pour ça que l’expression théorie du complot est embêtante : en réalité il n’y a pas de théorie, il a une croyance.
Seconde parenthèse. Les complots existent. Et tous les complots découverts, dénoncés et punis à travers l’histoire n’ont jamais été prouvés par des complotistes. Soit ils ont été éventés par les comploteurs eux-mêmes parce qu’un secret c’est dur à garder, soit ils ont été mis au jour par des gens qui enquêtent, qui prouvent, qui travaillent avant de dire qu’ils savent.
La dernière fois que je me suis adressé à vous, chers complotistes, plus spécialement aux antivax parmi vous, pour dire à quel point je vous trouve cons, j’ai reçu beaucoup d’insultes en commentaire. J’en ai tiré une leçon : vous écoutez quand on vous parle, au moins un peu frontalement. Et déjà je vous en félicite, sincèrement. Écouter ce que pensent ceux qui nous critiquent est crucial. Ça ne veut pas dire qu’on va tomber d’accord, mais au moins on est ouverts.
Aujourd’hui je voudrais vous expliquer comment on vous voit, depuis ici. Je peux avoir tort dans ma perception, mais ma perception, je la connais et je ne peux pas me tromper quand je décris ce que vous m’inspirez. Attention, vous pourriez être surpris.
Quand vous prenez la parole, vous voulez exprimer votre individualité. Vous vous dressez contre un monde injuste et brutal dans lequel vous ne recevez pas ce que vous pensez mériter. Vous vous investissez d’une sorte de mission.
Vous souhaitez vous connecter avec des gens qui pensent comme vous, qui cherchent une autre réalité que ce qu’on nous sert dans les grands médias.
Vous vous méfiez de ceux qui ont l’air de défendre des vérités verticales, qui s’expriment avec des formules toutes faites, qui prétendent avoir raison parce qu’ils représentent une autorité.
Vous avez tendance à détester un peu vite les gens qui vous contredisent, à croire sans prudence les histoires négatives qui les concernent, à traiter le camp d’en face comme s’ils étaient tous interchangeable, tous coupables, tous malhonnêtes.
Voilà quatre choses que m’inspirent les complotistes. Ces quatre jugements, vous devriez les recevoir sans vous sentir insultés parce que je pense exactement la même chose des sceptiques et zététiciens (relisez pour voir !). Ces quatre caractéristiques, je les retrouve chez les complotistes comme chez les sceptiques militants. Cela veut-il dire que ces deux groupes font la même chose ? Non.
L’un des traits les plus problématiques de notre espèce, c’est le tribalisme, la pensée de groupe. C’est la rançon de notre sens étroit de la coopération en petite équipe, ce qui est le secret de notre réussite évolutionnaire en tant d’humains. Dans un millénaire où nous devons collaborer par millions, sans mise à jour de notre cerveau, évidemment on se retrouve face à gros chantier.
Chers complotistes, je ne vous connais pas, mais je pense que vous valez mieux que le conneries que vous partagez, que vous dites, et que vous pensez peut-être ; comme je sais que les sceptiques valent mieux qu’ils donnent d’eux, parce qu’ils ne sont pas toujours à la hauteur (moi non plus) des principes émancipateurs qu’ils défendent.
Chers complotistes, vous êtes en bonne partie semblables aux sceptiques, nous avons des qualités et des défauts communs. Il nous manque certainement des qualités, de la culture, du courage, du vécu, de la mise en pratique… Mais il vous manque à coup sur de la métacognition, de la méthode, de la logique. Si on s’écoutait ça se passerait mieux. Mais on ne s’écoute pas. On ne s’écoute pas parce que nous voyons l’autre comme un ennemi. Je considère que le voir comme un con est un peu moins grave, mais ça ne résout rien.
Chers complotistes. Vous êtes en colère. Une partie de cette colère est légitime ; une autre est cultivée par des gens qui existent à travers vous. Vous êtes dégoûtés par l’état du monde, par la concentration des pouvoirs, par la brutalité du gouvernement. Moi aussi.
Mais le problème du complotisme c’est que votre mouvement informe incite à croire tous les récits ulcérants agités par des personnages qui font profession de surfer sur votre indignation pour se payer une carrière politique. Le complotisme colporte toutes les Fake news qui s’attaquent au pouvoir dans l’espoir que ça va lézarder le système, mais en réalité ça n’aboutit qu’à créer de la confusion alors que nous avons tous besoin de savoir distinguer ce qui est vrai de ce qui est faux pour pouvoir nous débarrasser des menteurs et des hypocrites.
« Moi j’aime pas trop les voleurs et les fils de pute. »
Je n’ai rien de personnel contre vous. Et en réalité vous non plus, parce qu’on ne se connait pas, et parce que vous n’êtes statistiquement pas aussi cons que les antivax sur lesquels je m’énervais la dernière fois et qui vociféraient des horreurs en bas de chez moi. Le problème, c’est que vous vous sentez insultés dès qu’on vous dit que vous êtes complotiste. Et, du reste, certains utilisent ce mot comme une insulte ; nous seront peut-être d’accord pour dire que ceux là se comportent comme des cons.
Le complotisme existe, c’est une mauvais manière de raisonner, de militer, d’affirmer savoir ce qu’on ne sait pas, de déshumaniser l’adversaire et de donner du pouvoir à des manipulateurs un peu tarés qui croient au satanisme ou à des pervers qui ne croient qu’à leurs propres ambitions. Les leaders du complotismes n’ont aucune solution. Ils n’en cherchent pas : ils tirent profit du merdier qu’ils entretiennent, ils ont un intérêt personnel à vous voir en colère, dégoutés, révulsés par les histoires fausses qu’ils agitent sous votre nez.
Des scénarios qui circulent dans la complosphère, on peut presque toujours dire : « Si c’est vrai, c’est très grave ». Et quand on n’est pas con, on veut d’abord vérifier si c’est vrai avant de hurler partout que c’est très grave.
Le nazisme, par exemple, est une idéologie complotiste. Sauf que ce qui était vraiment grave c’était la haine générée par les scénarios complètement fous des propagandistes. Si une histoire absolument révoltante de complot meurtrier impliquant des milliers de scientifiques, techniciens, ingénieurs et fonctionnaires œuvrant à dépeupler la planète vous prend aux tripes et vous donne envie de tout casser parce que c’est pas possible de vivre dans un monde pareil… Rappelez vous que, peut-être, en effet, c’est « pas possible », qu’on a vu dans l’histoire des manipulations de masse qui exploitent la colère, et de cette mise en garde attribuée à Voltaire : « Ceux qui peuvent vous faire croire à des absurdités peuvent vous faire commettre des atrocités ».
Chers complotistes, enfin, je tiens à vous dire que votre cerveau est très probablement en parfait état de marche, que vous disposez d’un accès internet pour vérifier les infos que vous recevez et que le complotisme n’est pas votre identité, vous avez le droit de changer d’avis. On a du côté des sceptiques pas mal de gens qui ont cru à ce que vous croyez.
Chers sceptiques, vous savez le bien que je pense de vous. Attention à notre propre tribalisme, à la tentation d’une pureté militante qui nous pousserait à rabaisser les autres. Essayons de nous rappeler ce que nous avons en commun et que si la bienveillance est importante pour parler aux tenants-croyants de théories farfelues, elle ne devient pas subitement une option superflue quand on discute entre nous.
Ca Coule de Source, magazine de Zététique s’organise en 3 Segments.
— Confluences : Une revue des publications récentes des sphères sceptiques et zététique
— En direct de la source : Un entretien avec un invité (une source !) pour traiter un sujet.
— Résurgences : Réflexions sur les actualités autour des sujets traités dans la zétosphère.
Jean-Baptiste Cesbron est l’avocat de l’UNADFI, l’Union Nationale des Association de défense des Familles et de l’Individu, une structure qui se bat pour défendre les victimes de dérives sectaires et, parfois, traîne les gourous devant les tribunaux. Jean-Baptiste Cesbron poursuit notamment Thierry Casasnovas, mais aussi Cyrille Adam, le gourou surnommé Loup Blanc, accusé de viol.
En quoi consiste son travail ? Que peut-il nous dire des affaires en cours ?
1. Confluences
Les publications de la Zétosphère depuis le 28 septembre.
19 aout. AFIS «Peut-on encore breveter le génome humain ? » Conférence de Dominique Stoppa-Lyonnet. Cheffe du service de génétique de l’Institut Curie, professeure de génétique médicale à l’Université de Paris
« L’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (UNADFI) est une association française fondée en 1982, reconnue d’utilité publique en 1996. Elle a pour but de prévenir les agissements des groupes, mouvements et organisations à caractère sectaire ainsi que de défendre et d’assister les familles et l’individu victimes de groupes, mouvements ou organisations à caractère sectaire, quelles que soient leur appellation, leur forme et leurs modalités d’action, portant atteinte aux Droits de l’Homme et aux libertés fondamentales définis par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Elle regroupe et coordonne les Associations de défense des familles et de l’individu (ADFI). » (Source : Wikipédia)
Les actions de cette association concernent historiquement l’église de l’unification (la secte Moon), l’Eglise de Scientologie, la Famille (ex-Enfants de Dieu), l’Association pour la conscience de Krishna, la Méditation transcendantale[1], les Ecoles Steiner,
Depuis quarante ans ce travail a suivi les modes des dérives sectaires qui aujourd’hui ont très souvent une connotation santé – bien être, et notre invité de ce soir, avocat de l’UNADFI est en charge d’une action en justice contre Thierry Casasnovas que l’on connait bien sur cette chaîne, pour exercice illégal de la médecine et de la pharmacie, mais aussi contre Cyrille Adam, alias Loup Blanc, gourou chaman accusé par au moins 6 adeptes de viol, agression sexuelle et abus de faiblesse.
3. Résurgence
— Y a-t-il des cours d’homéopathie et de pseudosciences à l’université ?
Bonne nouvelle ; la question est désormais surveillée de près par la présidence de l’université de Lorraine. Je n’affirme pas qu’il n’y a plus de problème, mais j’ai constaté que ça devrait aller dans le bon sens.
Les relations entre l’ASTEC et l’université redeviennent normales et nous serons accueillis sur le campus le 12 décembre pour la Tronche en live sur les sciences du sommeil. Mon module Zététique et esprit critique reprendra en janvier pour les doctorants de l’université.
Mais j’ai reçu plusieurs email d’étudiants de Cannes par exemple, ou de Nanterre qui me signalent des enseignements qui n’ont peut-être pas leur place à l’université. Je vais prendre le temps de bien lire les courriers qui m’ont été envoyés et de contacter les facultés concernées pour voir ce qu’il en est. Je vous ferai un compte rendu de cette démarche. J’espère que ce sera pour vous dire que les choses se passent bien.
— La quintuple plainte internationale du toutologue baratineur poids lourd Idriss Aberkane n’est toujours pas arrivée. Il est possible que l’incapacité du susnommé à orthographier un nom aussi exotique que Durand avec un d soit en cause. Mais il est possible également qu’il ait juste mythonné. Je vois bien d’ici qu’une telle éventualité ne vous surprendrait pas
— Une plainte qui a abouti c’est celle contre Didier Raoult. Lonni Besançon a porté plainte pour diffamation publique contre le professeur marseillais qui l’accusait gravement je cite « Il y a un autre qui écrit des trucs, qui a même proposé d’envoyer une voiture suicide sur l’IHU, il s’appelle Lonni Besançon, mais qui c’est ces gens ? C’est quoi, ils recrutent ça dans les hôpitaux psychiatriques ? ».[2]
Soutien à Lonni qui fait un superbe travail contre la mauvaise science
— Est-ce que l’ordre des médecins, c’est de la merde ?
Le 22 octobre le blog complotiste France Soir sort un article triomphant «Victoire complète pour le Pr Perronne devant la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins »[3].
Au moment où il sort, le billet parle d’un verdict qui n’a pas encore été prononcé, et donc il faut être prudent : France Soir s’y connait en Fake news. Mais l’info est confirmée sur France Info
Dans cette affaire pour une fois le Conseil National de l’Ordre des Médecins a fait quelque chose. Je dis bravo à cette institution catatonique qui n’est d’ordinaire émue par aucune des alertes données sur la diffusion de pseudo-médecines par les praticiens, qui sert essentiellement, on en jurerait, à défendre une corporation où des privilégiés en poste, élus par leurs pairs veillent à ce que personne ne remette en cause leur tranquillité. Le tribalisme de l’ordre des médecins s’exprime dans les punitions infligées au titre de non-confraternité comme on a pu le voir en 2018 lors des débat houleux autour du déremboursement de l’homéopathie.
Un médecin n’a pas le droit d’en critiquer un autre publiquement. Et quand l’un d’entre eux déblatère sur un plateau télé, eh bien on ne peut pas dire qu’il fait de la désinformation, qu’il embrouille le public, qu’il contrevient à la méthode scientifique, et qu’il est pour tout dire un médecin dangereux. Ca n’est pas autorisé, quand on est médecin.
Le Conseil National de l’Ordre des Médecins poursuivait monsieur Christian Perronne pour diffusion de fausses informations de santé en vertu de l’article 13 du code de la santé publique «Lorsque le médecin participe à une action d’information du public à caractère éducatif, scientifique ou sanitaire, quel qu’en soit le moyen de diffusion, il ne fait état que de données confirmées, fait preuve de prudence et a le souci des répercussions de ses propos auprès du public. »
Monsieur Perronne a pendant des mois multiplié les prises de parole azimutées dans tous les médias français : il prétend que l’hydroxychloroquine et l’ivermectine sont efficaces contre le covid. Or c’est faux nous dit la littérature scientifique ; elles ne sont pas plus efficaces que le remdesivir par exemple. Selon M Perronne, non seulement les vaccins ne protègent pas, mais ils ne méritent pas d’être appelés vaccins et pire que tout, ils font plus de morts que la maladie. En 2021, Christian Perronne dit à la télévision que les vaccins ont causé plus de 20 000 morts en Europe.
Les médecins laisseraient « crever les malades », dit-il ; et la plupart sont corrompus par l’argent qu’ils touchent en déclarant un patient atteint de la covid19. Je ne vais pas vous faire la liste de toutes les dingueries proférées. Mais rappelons que dans le même temps M Perronne a publié deux livres complotistes qui font de lui un homme plus riche que la plupart des médecins.
Extrait de la conclusion de la chambre disciplinaire de Première instance (CDPI)
« Le Dr Perronne, spécialiste internationalement reconnu comme un expert dans le domaine de l’infectiologie, était le mieux à même de comprendre les enjeux de santé publique. S’il s’est exprimé dans la presse sur l’action du gouvernement et sur l’industrie pharmaceutique, ainsi qu’il était légitime à le faire et en avait même l’obligation dans ce domaine qui relevait de sa compétence, il s’est borné à porter publiquement, mais sans invectives, une voix discordante sur un sujet d’intérêt général ».
Et là on est surpris parce que si Christian Perronne a été un chercheur reconnu sur le VIH il y a plus de vingt ans, il n’a jamais eu une stature internationale et il est clairement disqualifié en tant qu’expert en infectiologie (c’est l’avis de la SPILF[4] par exemple) depuis ses prises de position délirantes sur la maladie de Lyme. On connaissait les dérives de Perronne avant la pandémie, il était même rabaissé par Didier Raoult en 2016 qui le qualifiait de « confrère qui a pris une position de leader du Lyme, sans bagage scientifique spécifique dans ce domaine, autre que ses croyances et le support de ses disciples »
Voir notre émission de septembre 2019. TenL#79 «Maladie de Lyme : le diagnostic & la rumeur »
–> La chambre disciplinaire fait carrément l’éloge de la compétence de Christian Perrone, et cela va avoir du mal à passer puisque nous parlons d’un homme qui accuse tout le monde de corruption tout en niant les résultats de la science, qui est soutenu par les mouvements antivax, et qui s’affiche dans les milieux conspirationnistes et désormais auprès de l’extrême droite. On est loin du chercheur, du médecin stoïque et méthodique, qui donne un avis scientifique.
L’ordre des Médecins a annoncé qu’il ferait appel… Si la réunion de décembre vote en ce sens.
Dans le même temps, la chambre disciplinaire a puni le docteur Nathan Peiffer Smadja pour quatorze tweets où il critiquait vertement le Dr Perronne. Il reçoit un avertissement pour non-confraternité.
Voici comment la complosphère a réagi.
Nous avons reçu des dizaines de commentaires triomphants pour nous dire que Perronne avait raison, puisqu’il est soutenu par la chambre disciplinaire. Puisqu’il est blanchi (en attendant l’appel) c’est la preuve qu’on avait tort et qu’il avait raison. Et Nathan Peiffer-Smadja n’est qu’un petit arriviste chercheur d’attention qui a été remis à sa place.
Ayant accès à des univers parallèles je peux vous livrer la réaction de la complosphère à un verdict différent. Si la DCPI avait condanmé Christian Perronne et relaxé Nathan Peiffer-Smadja, nos complotistes adorés auraient hurlé que cela prouve qu’un système aux ordres au pognon veut faire taire un courageux lanceur d’alerte et récompense un jeune médecin débutant d’avoir été au service des mensonges de Big Pharma.
C’est le grand avantage du complotisme : tous les événements leur donnent forcément raison.
— Autre affaire liée à la médecine.
Médoucine et la pratique illégale de la médecine qui ne dérange absolument pas sa patronne Solange Arnaud, est apparue dans l’émission Quotidien de TF1 et on a eu droit à une séquence de grand malaise quand madame Arnaud a refusé de reconnaitre sa voix dans une captation du webinaire quand elle dit « il faut détruire les preuves » . Finalement, elle admet que c’est elle. OK, mais qu’il faut remettre ça dans son contexte papati.
Je rappelle que l’on parle dans ce wébinaire de complicité d’exercice illégal de la médecine.
— La revue « En quête de Sens » et l’interview d’Acermendax[5]
— Invité par le CNRS
Mendax était à La Rochelle les 13 et 14 octobre pour Les Prospectives de l’INEE (Institut écologie et environnement) du CNRS : deux journées de réflexions, de conférences tables rondes et ateliers où des chercheurs du CNRS et quelques gens de l’extérieur viennent réfléchir aux concepts autour de leur discipline : environnement et évolution.
Il a été question de savoir définir le vivant ou la biodiversité. j’ai assisté à la session « Sexe, genre, espèce et évolution ». On a parlé de la place du chercheur dans la société : doit-il s’investir politiquement puisqu’il est mieux renseigné sur les enjeux ou rester le plus neutre possible pour protéger sa légitimité. Quels modes d’actions a-t-il en dehors de la production des savoirs, quelles options pour leur co-construction, quelle stratégie pour la vulgarisation. C’était très intéressant, je vous ferai un petit compte rendu en vidéo quand j’aurai un après midi libre.
— STIM à Poitiers.
Vled était à Poitiers pour le sixième séminaire de STIM (science, technique, ingénierie ,mathématique), organisé par une association de sourds du même nom dont la vocation est de crée un signaire (comprenez, un dictionnaire de signes) pour parler de science. En effet, l’arsenal de la langue des signes françaises est hélas trop pauvre pour parler de science, et ce groupe de jeunes motivés s’est fait une mission de régler ce problème. Au programme, j’ai assisté à trois conférences signées passionnantes ainsi que des ateliers de création de signe, avec des débats très enrichissants. Il me tarde déjà de savoir où et quand aura lieu le septième séminaire !
— La psychanalyse sur France Inter.
Mendax découvre aujourd’hui que tous les dimanches France Inter propose une émission complètement azimutée ou un certain docteur Juan-David Nasio ânonne des inepties symboliques pour le plus grand plaisir d’un public qui croit avoir à faire à de la connaissance.
Une critique a été émise à la médiatrice de France Inter qui répond le 30 septembre que « la science n’est pas un critère d’évaluation de la qualité d’un propos » (puis elle vante la série En thérapie dont le « succès incroyable » est bien la preuve qu’il faut donner plus de place à la psychanalyse sur les antennes.
https://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2015/08/menace_theo2-300x145.png00Acermendaxhttps://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2015/08/menace_theo2-300x145.pngAcermendax2022-10-25 23:43:382022-10-25 23:43:38Ca coule de Source #3 — Un avocat qui s’attaque aux sectes —
Enregistré le 19 octobre 2022 au Muséum Aquarium de Nancy
Invités
Hervé MARTINI, médecin et addictologue, secrétaire général de Addictions France
Yaël PANOT, directeur d’établissement médico-social et de service de prévention.
EDITORIAL
Ici c’est la France. Le pays des fromages, de la blanquette de veau, de la bouillabaisse, du bœuf bourguignon, du Baba au rhum, de l’Armagnac, du Pastis, de la Suze, du Châteauneuf du pape, du Sauvignon, et du Champagne !
Ici on sait vivre. Et un petit miracle est à l’œuvre : le French Paradox. Nous vivons vieux malgré une forte consommation de graisses animales, et ce en vertu des propriétés protectrices du vin que nous buvons en quantité.
Quelle belle histoire, quelle formidable ironie ! Comme il est bon d’être français.
Je suis désolé, j’ai le devoir de vous dire, et nous développerons cela au cours de l’émission : ce French Paradox n’existe pas. Il s’agissait de la conclusion hâtive d’une étude isolée et mal fichue. Mais ça faisait du bien d’y croire, n’est-ce pas ?
L’industrie de l’alcool, en France, c’est un chiffre d’affaires de 28 milliards d’euros avec une fiscalité complaisante qui traite le vin comme si ce n’était pas tout à fait de l’alcool, mais rapporte quand même un peu plus de 4 milliards d’euros à l’État. Et tout cela emploie 600 000 personnes. Autant vous dire que nous allons avoir de nouveaux ennemis dès demain. Merci de vous abonner pour compenser. L’alcool, chez nous c’est 45.000 morts évitables par an. C’est un coût social de 118 milliards d’euros par an. Je tiens ces chiffres du dossier dédié à la question dans le dernier numéro de Science & Pseudo-sciences (heureuse coïncidence).
L’alcool est la première cause de cancer du sein, la première cause d’hospitalisation. Mais c’est aussi et surtout un compagnon de fête, de célébration, des grandes étapes de la vie. Parce que l’alcool c’est chouette. Si on le consomme avec modération.
À consommer avec modération.
Cette petite phrase que nous connaissons tous n’est pas, comme je l’ai cru moi-même, règlementaire. Elle s’est installée, comme un refrain, au point de supplanter le vrai message imposé par la loi : « L’abus d’alcool est dangereux pour la santé ». S’agit-il d’un coup de maître des communicants des grands lobbys de la boisson qui fait rigoler avant de faire mourir, ou bien d’un simple choix discutable du CSA, difficile à dire.
En tout cas ce petit message est bien plus confortable pour tout le monde, car il ne dit pas que la substance est dangereuse, mais que la consommer avec modération est une chose souhaitable. Et cela s’appuie sur l’idée qu’un verre de vin par jour, une petite dose, c’est bon pour la santé. Sauf que le French Paradox est une idée fausse.
Quand on vous conseille de consommer avec modération, on vous conseille de consommer. Or les études les plus récentes le disent les effets néfastes sur la santé arrivent dès le premier verre. Personne ne vous conseille de consommer de l’acrylamide avec modération. Cette substance cancérogène, mutagène et reprotoxique, on vous conseille de ne pas la consommer.
« L’alcool est à consommer avec modération » est peut-être le message publicitaire le plus retors de la société actuelle, la manipulation de masse la plus cynique. Et cela est rendu possible à cause de la relation bien particulière que notre beau pays entretient avec l’alcool.
Et pour en parler mieux que je ne saurais le faire, nous recevons Hervé MARTINI et Yaël PANOT.
https://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2022/10/2022.10-TenL115-Alcool.jpg10801920Acermendaxhttps://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2015/08/menace_theo2-300x145.pngAcermendax2022-10-20 09:55:372022-10-20 09:55:37La France a-t-elle un problème avec l’alcool ? [TenL115]
Cher programme génétique, je dois prendre la plume pour faire avancer notre histoire. Oh, je t’aime, tu le sais. Nous avons passé bien des années ensemble. Tu m’as séduit sur les bancs de l’école, notamment parce que tu offrais une image intelligible de la vie. Avec toi, je me sentais plus fort, en terrain sûr, comme avec un livre rempli des secrets de l’univers qu’il suffirait d’apprendre patiemment à lire pour n’avoir jamais plus de mauvaises nouvelles. Tu sais bien comment, enfant, j’adorais parcourir les vieilles encyclopédies, simplement heureux d’être au contact des connaissances qu’elles renfermaient.
Et puis l’ADN, mon cher Programme !
L’ADN avait son langage, et j’avais le sentiment que cela me rapprochait du vrai, qu’il s’agissait d’une connaissance objective, inscrite dans nos cellules par la nature elle-même. Sans intermédiaire. Sans clergé ou académie pour décider ex cathedra de ce qu’il était convenable de dire ou de savoir. Tu m’as aidé à me passionner pour le vivant et à m’accrocher à cette idée d’un code universel, d’une forme ultime de simplicité quand dans mes études j’ai dû faire face aux concepts que les généticiens inventaient pour rendre compte de ce qui, finalement, n’était pas si simple.
Tu m’as menti. Un peu. Mais j’étais pour ainsi dire consentant. Comme tout le monde, je fréquente plus facilement les idées qui flattent mes attentes. Et puis ta molécule-totem, notre ADN bien aimé a fait des merveilles. Sur certaines maladies génétiques, tu as obtenu des résultats formidables, on avait peut-être raison de te croire. Ceux dont la vie a changé grâce à toi n’ont aucune envie d’être ingrats. Mais, tu comprends, même les idées brillantes sont parfois temporaires. Le progrès de la connaissance n’est possible que si nous restons ouverts d’esprit.
Et je me rends compte que j’attendais trop de toi. Je ne peux pas te demander l’impossible, cher programme. J’aurais dû voir plus tôt que quelque chose clochait. Dans cette histoire, le problème, c’est moi. Mais si !
Tout de même, j’avais tiqué, quand on m’a appris ton « dogme central ». Oui c’est comme ça qu’on l’appelait dans les classes et dans les laboratoires : l’idée fondamentale d’une correspondance parfaite, d’une continuité simple entre la séquence des acides nucléiques de l’ADN et celles des acides aminés des protéines, ce qui rendait chaque fonction biochimique prédictible à partir de la séquence génétique et entretenait la métaphore de la technologie appliquée sur les systèmes vivants, le rêve de pouvoir un jour reconstituer virtuellement un organisme tout entier à partir de sa séquence.
C’était un peu orgueilleux de se croire au seuil du grand décryptage, de la dernière étape vers la compréhension du vivant. Et dans mon attachement à toi, c’est peut-être à l’ombre de cet orgueil qui je m’agrippe. Parce que j’ai peur d’être bien seul si je te laisse partir. Mais il le faut. Pour respecter notre histoire, les bons moments, les vraies découvertes, les avancées, nous n’avons pas le droit de chercher à la retenir indéfiniment dans le présent.
Aujourd’hui je vais tenter de tourner la page, mais sans te tourner le dos. Je veux qu’on revisite ensemble notre histoire et qu’on se rassure sur le fait que demain nous aurons des mots de remplacement pour décrire ce qui se passe dans la matière vivante, comment elle s’organise, comment elle se perpétue en transmettant quelque chose, peut-être de l’information, peut-être des structures ou des lois encore à découvrir.
Ce n’est pas un Adieu, cher Programme. Restons en contact s’il te plait.
Et pour aller au-delà de l’émotion qui vous étreint certainement autant que moi je vous demande d’accueillir notre invité. Il est généticien, enseignant-chercheur à AgroPariTech, il a contribué à documenter l’hétérogénéité et l’imprévisibilité des fonctionnements cellulaires. Il est l’auteur du livre Infravies. C’est aussi un romancier nommé au Goncourt du premier roman pour « Cent seize chinois et quelques ». Thomas HEAMS.
https://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2022/10/2022.09-TenL114_mini.jpg10801920Acermendaxhttps://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2015/08/menace_theo2-300x145.pngAcermendax2022-10-19 09:33:412022-10-19 09:33:41Il n’y a pas de programme génétique [Tronche en Live #114]
Ca Coule de Source, magazine de Zététique, s’organise en 3 Segments.
— Confluences : Une revue des publications récentes des sphères sceptiques et zététique
—En direct de la source : Un entretien avec un invité (une source !) pour traiter un sujet.
— Résurgences : Réflexions sur les évènements, mise à jour des dossiers en cours. Réactions aux commentaires, messages et courriers que vous nous adressez.
1. Confluences
Les publications de la Zétosphère durant les mois de aout et septembre 2022.
–> N’hésitez pas à m’envoyer des liens vers les publications de qualité que vous croisez : vidéo, billets de blog, thread twitter…
NB : Ghaïs prépare une grande vidéo très sourcée sur le soulevé de charge avec dos rond. Jje vous rappelle que je suis sans avis sur le sujet, car incompétent. Et donc, dans ce cas je me fie à ceux qui ont la meilleure méthode. La meilleure méthode ne pouvant pas être, « Moi je vends beaucoup de livres, les autres c’est des cons ».
Documentaire équilibré sur les aspects intéressants et les dérives de la psychologie positive… Jusqu’à des pratiques bullshit qui ont pour « vertu » de justifier le système capitaliste.
Sur le sujet, voir le livre de Thierry Jobard « Contre le développement personnel »
Vincent s’est payé le petit monde du coaching de coach, c’est à dire des arnaqueurs qui arnaque des gens qui ont une certaine tendresse à l’idée d’arnaquer les autres.
Un travail quantitatif d’analyse des rapports de communautés antagonistes sur Twitter. La vidéo pose la question de la négativité agressive employée sur les réseaux
Ma réflexion –> Si votre stratégie agressive ne porte pas ses fruits, avez-vous raison de continuer quand même. Oui, peut-être si vous êtes face à des ennemis idéologiques, à des gens qui vous semblent dangereux et dont il faut détruire la parole. Non dans les autres cas.
Sur TikTok
— Mr Sam sur TikTok : Le Paradoxe du médecin.
— Contradico (Appel à la sagesse populaire)
— La Tronche en Biais !
2. En direct de la source
Le Dr Jérôme Barrière est oncologue au Pôle Santé Saint-Jean de Cagnes-sur-Mer.
Il a pris la parole durant la pandémie au sujet de la vaccination des malades du cancer.
Quand la covid19 est arrivée en 2020, quand on a commencé à s’inquiéter, à porter des masques, à compter les morts. Une partie de la population était encore plus inquiète que toutes les autres : celles et ceux qui souffrent de longues maladies, et tout spécialement les malades du cancer (qui sont environ 3,8 millions en France aujourd’hui) dont les traitements sont lourds (chimiothérapie, immunothérapie), fatigants et bien souvent impactant pour le système immunitaire, ce qui rendait le covid franchement effrayant.
La question de la vaccination de cette population fragile était donc un sujet grave… Et bien sûr de la désinformation s’est abattue très vite pour distiller l’idée que les malades devaient absolument éviter le vaccin car il était plus dangereux que la maladie.
Pire que cela, désormais, les non-malades sont concerné par la rumeur puisqu’on nous annonce carrément que les vaccins anticovid… donnent le cancer.
C’est la conclusion d’un article de recherche publié en juin 2022 dans une revue scientifique à comité de lecture : « Food and Chemical Toxicology« , un journal à l’impact factor de 5,57, classé » dans le premier quartile en toxicologie, c’est à dire que dans cette spécialité il est jugé « meilleur » que 75% des autres journaux.
Il s’agit donc du type même de publication que nous, zététiciens, nous considérons comme faisant partie de ce qu’il y a de plus fiable au monde pour se faire un avis sur un sujet donné. Un document a priori fiable nous dit que les vaccins donnent le cancer.
Nous sommes dans la situation où c’est notre devoir de rester attentifs aux effets secondaires des vaccins (parce qu’il y en a) afin de réévaluer constamment la balance bénéfice/risque pour décider des recommandations en santé publique. Et là, évidemment, échapper au covid pour attraper un cancer, je ne suis pas d’accord. Et sans doute que vous non plus. Ça mérite qu’on sache si cette publication dit vrai !
Notre invité a justement travaillé et écrit sur ce sujet, le cancer c’est sa spécialité. Docteur Barrière, vous voulez qu’on rétracte cette publication, c’est à dire que la communauté scientifique lui retire toute validité, l’écarte du corpus des connaissances fiables. Pourquoi ? Est-ce que vous fautes ça dès qu’une étude conclut un truc qui vous dérange ? Etes-vous payé par quelqu’un qui a intérêt à cacher des preuves ?
https://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2022/09/2022.09-Miniature-Coule-de-Source-Ep02.png6571197Acermendaxhttps://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2015/08/menace_theo2-300x145.pngAcermendax2022-09-29 10:28:572022-09-29 11:05:25Ca Coule de Source 2 (28/09/2022) La Rétractation des Etudes Pourries
En novembre dernier, je publiais une vidéo où je faisais l’analyse d’un support de cours transmis par un ou une étudiante qui tenait à garder l’anonymat, par peur de représailles — J’insiste : par peur de représailles. Cette personne tenait malgré tout à critiquer le cours d’homéopathie obligatoire qui lui semblait ne pas avoir sa place à l’université, en 5e semestre de licence. Elle avait raison, le cours est une honte. C’est une immense publicité pour les vertus magiques et les croyances de l’industrie homéopathique. Ce n’est par un travail de professeur d’université, c’est une réunion Tupperware.
Le but de ma vidéo, où j’ai pris soin de ne pas nommer l’enseignant, était d’alerter la faculté de pharmacie de Nancy dont j’estimais qu’elle verrait l’intérêt de réexaminer ce cours et de proposer mieux à ses étudiants. J’ai eu tort.
Mon objectif était d’attirer assez l’attention pour qu’un cours qui est là, depuis des années dans des conditions qui me semblent anormales, puisse être remis en question pour le bénéfice des étudiants et de la réputation de la Faculté. Bien sûr, je savais que je risquais de me faire des inimitiés à l’Université, alors même que j’ai un intérêt personnel à entretenir de bonnes relations avec cette institution, mais j’ai pensé qu’envoyer un simple courrier n’aurait servi à rien et qu’il valait mieux utiliser le poids et la renommée de cette chaîne YouTube pour faire changer les choses. [Les derniers développements valident mon jugement de l’époque, vous verrez que l’Université n’est actuellement pas disposée à tolérer la critique.]
Et donc, comme je vous le disais, j’ai une mauvaise nouvelle. Tellement mauvaise que j’ai demandé par deux canaux à l’Université de Lorraine de me donner quelques explication sur deux décisions prises en haut lieux, et que j’ai contacté le référent à l’intégrité scientifique de l’Université le 9 septembre. Si vous voulez voir à quoi ressemble une séance de cet enseignement obligatoire, je vous recommande le visionnage des deux vidéos précédentes ou je passe en revue le support de cours, puis un extrait du cours déposé sur l’Environnement Numérique de Travail. Autrement dit j’ai la capture vidéo des propos que je critique, ce qui permet d’être certain que je ne les déforme pas.
Un seul exemple.
Je donnerai ici un seul exemple de ce que je trouve problématique, en dehors de l’absence totale de science, de méthodologie, de perspective temporelle (ne disons même pas historique), de concepts notamment liés au placebo (un vrai sujet qui mérite des heures de cours !), c’est l’étude de cas donné en fin se séance.
Aux étudiants, on explique quoi répondre à une Maman qui vient dans une pharmacie pour son enfant de 8 ans, Arthur. Depuis 24h, le petit a le nez qui coule, il fait des cauchemars et a… 40°C de fièvre. La bonne réponse, soit-dit entre nous, est « Madame, emmenez votre fils voire un médecin, et en attendant, voici un antipyrétique pour faire baisser la fièvre. » La réponse de madame la professeure Dominique LAURAIN-MATTAR est toute différente. En substance la voici : « Donnez-lui Oscillococcinum jusqu’à disparition des symptômes. Accompagné de Belladona 9CH (contre la rhinorrhée, la congestion tympanique, les cauchemars) et de Allium cepa 9CH contre la rhinorrhée.»
Madame la professeure ne fournit aucune source scientifique concernant l’efficacité de ces remèdes. Elle ne le pourrait pas d’ailleurs, puisque ça n’existe pas. En revanche, laisser sans vrai traitement Arthur qui souffre de fortes fièvres depuis plus de 24h, c’est dangereux, et je suppose que, comme moi, vous n’avez pas envie d’être reçu par un pharmacien qui suivrait ces conseils. Je suis très choqué par ce cours d’un point de vue scientifique et d’un point de vue éthique. Mais je suis ouvert à toute explication qui montrerait que j’ai tort d’émettre cette critique. J’ai déjà dit que je partagerai tout droit de réponse qui serait demandé par l’enseignante ou par la faculté.
Je n’ai pas eu de réponse dont je puisse vous livrer lecture. Et pourtant il y a eu une réponse, à la rentrée de septembre. Le plus simple est que je vous lise le courrier que j’ai envoyé à Monsieur le Référent Intégrité le 9 septembre.
Je vous écris pour vous faire part de ce qui, à mon sens, est un sérieux problème d’intégrité scientifique dans l’enseignement dispensé dans la Faculté de pharmacie de Vandoeuvre-les-Nancy, mais aussi dans la manière dont l’Université de Lorraine gère la critique en son sein.
Je suis co-fondateur et directeur de la rédaction de l’Association pour la Science et la Transmission de l’Esprit critique (ASTEC). Depuis 2016, j’y exerce le métier de vulgarisateur scientifique, conférencier et formateur à l’esprit critique. Depuis six ans, j’interviens environ deux fois par an avec un module de l’École doctorale « Esprit critique et zététique » prévu pour 12 à 22 étudiants. Ce module reçoit un accueil très positif de la part des dizaines de doctorants ayant fait le choix de le suivre. Les évaluations sont disponibles auprès de l’Ecole Doctorale.
J’anime une émission de vulgarisation, La Tronche en Biais, qui a reçu le prix Diderot de l’AMCSTI en 2016. L’Université de Lorraine est un partenaire récurrent de nos émissions en direct durant lesquelles nous recevons en public des chercheurs et chercheuses pour discuter avec eux de thèmes sciences-société, afin d’inciter le public à questionner les concepts dont il dispose pour comprendre et agir. Nous avons d’excellentes relations avec le service Culture Scientifique qui nous aide beaucoup dans ce travail.
Le 15 novembre 2021, j’ai publié une vidéo[1] critiquant un enseignement prodigué à la Faculté de pharmacie de Vandœuvre-lès-Nancy suite au signalement d’un·e étudiant·e qui désire garder l’anonymat. Cet enseignement d’homéopathie de troisième année (semestre 5) ne lui semblait pas à sa place dans une formation universitaire.
J’ai analysé les documents mis à ma disposition pour évaluer la conformité de ce cours avec les connaissances scientifiques sur l’homéopathie. J’ai publié en vidéo une revue du support de cours et proposé plusieurs critiques à partir de constats d’inadéquation scientifique et pédagogique de cet enseignement, tel qu’actuellement administré. J’ai pris soin de ne pas nommer l’enseignante et de ne pas centrer mes critiques sur sa personne. Toutefois, j’ai suggéré que la Faculté devait prendre la mesure du problème constaté et rectifier le tir, par exemple en confiant cet enseignement – dont je ne conteste pas l’importance – à un enseignant-chercheur plus apte à restituer les éléments scientifiques disponibles sur cette question controversée.
Je sais que cette vidéo a suscité beaucoup de discussions au sein de la Faculté, et notamment une recherche de la source des « fuites », mais je n’ai reçu aucune réponse de l’établissement.
Le 18 novembre 2021 j’envoyais un mail à la direction de la faculté à l’attention du Doyen Raphaël DUVAL.
En voici le verbatim.
À ce courrier, je n’ai reçu aucune réponse.
L’ASTEC a décidé de laisser du temps à l’administration pour gérer cette situation. Je n’ai entamé aucune démarche ni produit aucun contenu en rapport avec cette affaire, ni jamais, bien entendu, attenté à la réputation de l’Université, de la faculté de pharmacie, ou de son doyen. J’ai appris en février qu’un rapport du Collégium Santé auquel je ne suis pas censé avoir accès me citait nommément. On m’a fourni un extrait du rapport validé le 7 janvier.
Le 21 février 2022, j’ai alors écrit un deuxième email, toujours à l’adresse [email protected]
Ce courrier est également resté sans réponse. C’est la seconde et dernière fois que j’ai essayé d’entrer en contact avec le Doyen DUVAL. Le 30 mars, je faisais le compte rendu de ces développements sur ma chaîne. Et je m’en suis tenu là. Derechef, avec l’ASTEC, nous avons estimé qu’il fallait laisser du temps à l’Université pour évaluer la meilleure conduite à tenir.
Mes critiques sur le cours de Madame la professeure LAURAIN-MATTAR ont fait respectivement 198 000 et 123 000 vues en date du 1er septembre 2022. Elles n’ont donc rien de confidentiel. J’ai pourtant été invité lors des URPS Pharmaciens d’avril 2022 à venir parler d’esprit critique devant cette profession, à Paris, ce qui me semble indiquer que mes propos ne dérogeaient pas aux principes rappelés par les Académies de Médecine et de Pharmacie quant à l’homéopathie et à la manière dont on attend qu’elle soit traitée en milieu universitaire[4].
Aujourd’hui, les conséquences de cette histoire sont les suivantes :
Madame LAURAIN-MATTAR continue de professer le même enseignement à cette rentrée 2022. Notamment : UE Obligatoire PAH « Phythothérapie, Aromathérapie et Homéopathie » du DFA-SP2 OFF, pour DIPLÔME DE FORMATION APPROFONDIE EN SCIENCES PHARMACEUTIQUES 2ÈME ANNÉE, filière OFFICINE.
Le service Culture Scientifique m’annonce avant-hier qu’il devait cesser toute collaboration avec l’ASTEC, et ne pas communiquer sur notre prochain événement programmé le 13 septembre avec la venue à Nancy du généticien Thomas HEAMS. Aucune explication n’a accompagné cette rupture.
L’École Doctorale m’annonce hier que le module « Esprit critique et zététique » devait disparaître après de nombreuses années d’activité. La formation programmée les 22 et 29 novembre est annulée. Sans explication.
Je ne dispose pas de traces écrites de ces décisions.
Ces fins de collaboration ne sont pas directement imputées aux critiques transmises à la Faculté de pharmacie, sur lesquelles je n’ai jamais obtenu de réponses directes. Toutefois, je me permets de voir un lien entre ces situations, du fait de leur synchronisme et de l’absence systématique de justifications. Dès lors, j’en conclus que la Faculté de pharmacie et l’Université de Lorraine ont choisi de protéger un enseignement actuellement administré de manière pseudo-scientifique sans prendre la peine d’accepter le dialogue que j’avais pourtant engagé en toute cordialité, sans argumenter, sans faire preuve de la moindre autocritique. L’Université de Lorraine, qui se fait fort de nourrir le dialogue entre sciences et société, et qui vient d’obtenir le label « Science Avec et Pour la Société », me semble se compromettre dans ses manières d’agir.
Dans le même temps et « pour apaiser des tensions internes » d’après ce qui m’a été expliqué, il a été décidé non seulement de s’en prendre à la personne ayant émis ces critiques, mais de faire disparaître le seul module dédié à l’esprit critique au niveau de la formation doctorale et d’empêcher que se tiennent dans les locaux universitaires des évènements de culture scientifique qui intéressent nos 280 000 abonnés, dont une portion importante sont étudiants ou personnels de l’Université de Lorraine.
Cher Monsieur H, je me permets de poser clairement mes attentes suite à cette affaire.
Je ne réclame ni excuse ni démission, mais une déclaration officielle de l’Université où elle expliquerait ses décisions et ce qui les justifie.
Elle peut décider de :
Défendre coûte que coûte un professeur qui promeut une industrie pseudo-scientifique au lieu d’enseigner la science.
Supprimer le module « Esprit critique et zététique » proposé aux doctorants et dont les évaluations anonymes sont irréprochables.
Cesser toute collaboration avec une association loi 1901 de promotion des sciences et de l’esprit critique dont le sérieux est reconnu dans le monde académique, qui a donné plus de 100 conférences partout en France et reçu 150 scientifiques dans des émissions de vulgarisation dont la qualité n’est pas remise en cause.
L’Université peut aussi décider de revenir sur ces décisions et de cultiver la relation très importante que notre association a noué avec ses chercheurs, ses personnels et ses étudiants.
Il me semble que ces considérations émargent au champ de l’intégrité scientifique de la Faculté de Pharmacie et de l’Université toute entière s’il s’avère, comme je le crains, qu’on est en train de punir une association de promotion de l’esprit critique pour avoir fait son travail proprement et courageusement.
Dans l’attente d’une réponse de votre part, je me tiens à votre disposition pour toute information complémentaire.
Bien cordialement, »
Je vous recommande voir la deuxième vidéo dans laquelle je diffuse des extraits vidéos de Madame la professeure LAURAIN-MATTAR en train de professer. Diffusion rendue nécessaire par l’accusation lancée contre moi par monsieur le Doyen. S’il ne m’avait pas traité de menteur, notamment en disant à un journaliste, qui me l’a confié par téléphone, que le cour critiqué « n’existe pas », je n’aurais pas eu besoin de prouver le contraire.
L’Université refuse de répondre
Depuis ce courrier du 9 septembre, je n’ai toujours reçu aucune réponse à ma demande d’explication via le service culture scientifique sur la fin des collaborations, et via l’école doctorale pour la suppression du module d’enseignement. Plusieurs enseignants que j’ai avertis ont demandé des explications, notamment à l’école doctorale et n’ont reçu… aucune réponse. Je pense que, quel soit votre avis sur le fond, vous serez sans doute d’accord pour dire qu’il est anormal que cette institution publique refuse de répondre à la simple question de : pourquoi prenez-vous ces décisions ?
Vous savez sans doute que je ne suis pas médium, je ne suis donc pas en mesure de vous dire quelles sont les intentions et les raisonnements des instances dirigeantes de l’Université. Si je m’y aventurais, je pourrais me rendre coupable de diffamation. Dieu m’en garde. Ce que je peux faire c’est constater, avec vous, l’étonnant synchronisme entre ma critique et ce qui ressemble à une sanction, mais aussi le silence absolu de l’institution qui pourrait très bien choisir de nous expliquer les raisons de ses décisions si elles étaient défendables. J’en conclus que ces décision ne sont pas aisément défendables sur le plan de l’éthique universitaire et j’attends que l’Université joue son rôle en revenant sur ces dernières. Elle est dans son rôle en nous permettant de continuer à travailler avec ses services et avec l’immense majorité des personnels qui sont sur notre ligne, celle de la défense de la science, et en permettant que continue d’exister le module d’esprit critique qui me semble (hélas peut-être) très utile aux doctorants.
Dans l’état actuel des choses, l’ASTEC, notre minuscule association, n’a pas vocation ni aucunement les moyens de se battre contre l’Université, mais vous, cher lecteur, si vous étudiez dans cette université ou encore mieux si vous y enseignez, vous pouvez demander des comptes, vous pouvez questionner ces décisions, vous pouvez exercer de la pression pour que l’on nous explique si vraiment la pseudoscience doit être défendue contre les critiques au sein même de l’Université de Lorraine.
Aux étudiants en pharmacie j’adorerais proposer un cours gratuit (et facultatif !) sur la véritable histoire de l’homéopathie, ses principes, ses méthodes, sur pourquoi on y croit, et sur ce qu’on peut en faire aujourd’hui que l’on sait qu’elle n’a strictement aucun effet spécifique, mais qu’on serait bien sot de négliger les effets contextuels. Sauf que, je ne dispose d’aucun amphithéâtre et que je crois n’être plus le bienvenu sur le campus en ce moment. Je lance donc un appel pour faire exister un tel cours à toutes celles et tous ceux qui ont envie que le monde universitaire soit un lieu où l’on respecte la science et où l’on cultive l’esprit critique.
Si u tel soutien ne se manifeste pas, l’ASTEC et moi-même, qui avons choisi de ne pas détourner le regard devant la présence d’une pseudoscience au sein d’une institution que nous aimons et fréquentons depuis des années, nous aurons sacrifié cette relation au nom de nos principes, nous aurons toujours notre honneur. (Tant mieux !). Mais nous aurons aussi beaucoup perdu.
Cela va sans dire : que personne n’aille insulter ou harceler qui que ce soit à cause de cette affaire, vous ne rendriez service à personne.
Et maintenant ?
Pour conclure je veux croire que tout ça est un immense malentendu de la part de décisionnaires qui ont crus être attaqués, qui ont pensé devoir se défendre et qui, un peu paniqués, ont mal jugé la situation car, évidemment ils sont eux aussi attachés à la libre pensée, à la liberté d’expression, au débat et à la libre critique. Disons qu’ils ont choisi une étrange façon de défendre ces principes en l’occurrence, mais bien sûr je suis certain qu’ils voudront rectifier le tir et ont à cœur que leurs étudiants, non seulement reçoivent des cours de science, mais soient en plus capables d’être exigeants sur la qualité de ces cours. Je ne peux pas imaginer qu’ils n’aient pas à cœur que plus aucun étudiant, jamais, n’aille se confier à un YouTuber par peur des représailles s’il osait émettre des critiques en interne.
Par conséquent, je m’attends à ce que tout rentre dans l’ordre et à pouvoir passer plus de temps à parler du travail des chercheurs de l’université que des doutes que m’inspirent les décisions des administrateurs.
Merci d’avance à celles et ceux qui voudront nous aider à régler cette situation. Et aussi à tous ceux qui nous soutiennent en finançant le travail que nous réalisons.
Comme toujours, faites attention aux idées que vous acceptez de mettre dans votre tête.
Invitée : Christine Dugoin-Clément (Chercheuse associée à la chaire « risques » du Laboratoire de Recherche IAE de Paris-Sorbonne Business School)
EDITORIAL
C’est la guerre. Nous enregistrons cette émission, aujourd’hui le 13 juillet 2022, dans le contexte du conflit ukrainien. Nous sommes loin de la ligne de front, et pourtant nous assistons à un conflit jusque chez nous où ce qui se joue, c’est l’opinion publique, et éventuellement la confusion et le chaos du clash entre les points de vue sur le sujet.
Quels sont les faits ?
En février 2022 la Russie a déclenché une opération militaire spéciale dans le but de libérer la population civile des exactions d’un régime nazi qui sévit en Ukraine depuis des années et opprime la minorité russophone. Cette situation inacceptable a été encouragée par l’OTAN qui souhaite étendre son influence jusqu’aux frontières russes en dépit des accords passés, raison pour laquelle l’occident est le vrai responsable de la crise en cours. D’ailleurs la population locale accueille les libérateurs russes en héros et souhaite acquérir la nationalité russe.
Vous avez le droit de croire tout ceci ou de préférer une autre version.
Celle d’une invasion brutale frappant des objectifs civils comme militaires de la part d’un régime autoritaire où la contradiction est punie de prison, ou le mot guerre est interdit, où une milice privée est engagée par le pouvoir et perpétue des crimes de guerre qui n’ont aucune importance puisque seule compte la version officielle fondée sur une réécriture de l’histoire où l’Ukraine n’est pas un vrai pays mais une invention des ennemis de l’Union Soviétique, une fiction occidentale destinée à voler à la Russie son territoire.
C’est fort différent. L’une de ces deux versions est forcément fausse. Et la ‘vérité vraie’ est peut-être ailleurs, sous une forme plus nuancée, plus complexe, plus difficile d’accès.
Sur nos réseaux et jusque dans le chat ce soir et dans les commentaires sous cette vidéo se joue une autre forme d’antagonisme. Des internautes s’écharpent et s’insultent en se dressant sur leurs certitudes, parmi lesquelles la principale est que le camp d’en face est un ramassis d’imbécile biberonnés de fausses informations. Le désinformé, c’est l’autre.
L’humain le plus intelligent ne peut atteindre que les conclusions éclairées par les informations dont il dispose. Si vous êtes mal informé, vous aurez beau raisonner le mieux du monde, vous n’arriverez pas à poser un verdict correct. Si vous êtes sage, vous suspendrez votre jugement, c’est l’attitude sceptique. Mais parfois il faut juger, il faut s’engager, il faut agir. Quand c’est la guerre, notre incapacité à juger peut devenir une arme dans les mains de ceux qui sèment la confusion. Or nous n’avons pas envie d’être les complices des menteurs, des manipulateurs, des agresseurs.
La célèbre phrase de Rudyard Kipling dit que «La première victime d’une guerre, c’est la vérité ». Il y a des morts dans ce conflit, des vies détruites parce que des forces armées ont été mise en branle suite à des discours qui méprisent la vérité ; il a fallu lui régler son sort avant de sortir les armes.
Les guerres modernes s’emmitouflent de propagande, se saoulent de Fake News et se répandent sous la forme de récits qui titillent nos émotions, exploitent nos penchants, flattent nos préjugés. Nous sommes sous influence, mais nous voulons résister.
Et pour se faire il sera utile de comprendre ce que sont les guerres hybrides, les guerres cognitives quelles stratégies d’influence sont à l’œuvre et comment les démocraties sont censées se distinguer des régimes autoritaires en respectant des règles qui leur défendent d’employer les techniques de guerre de l’information sur leur propre peuple.
Notre invitée, Christine Dugoin-Clément est Chercheuse associée à la chaire « risques » du Laboratoire de Recherche IAE (Institut d’Administration des Entreprises) de Paris-Sorbonne Business School. Ella a écrit « Influence et manipulations – Des conflits armés modernes aux guerres économiques » et « L’Ukraine : entre déchirements et recompositions ».
L’humain est un animal d’une déconcertante banalité. Entendez par là que comme toutes les autres espèces, il est très spécial. Il perçoit le monde comme aucune espèce ne le fait. Il éprouve des états internes en partie incommunicables. Il a une image de lui-même différente de ce que perçoit un observateur externe. C’est difficile de se figurer ce que vit, ce que ressent réellement un humain, à moins d’être dans sa peau. Et encore.
Et les autres animaux alors ? Eh bien ce sont pas des humains comme les autres. Et pourtant, nous avons bel et bien tendance à les regarder de la sorte, à leur attribuer des intentions, des pensées, des désirs qui correspondent à ce que nous sommes capables d’éprouver nous-mêmes. Comment pourrions-nous faire autrement ? Nous avons un cerveau d’humain adapté à lire dans le monde des signaux qui sont utiles à notre survie, et notamment en comprenant nos congénères. Nous avons l’habitude de parler aux animaux dans notre langage, mais un peu plus lentement et un peu plus fort, comme des touristes un peu idiots qui espèrent se faire comprendre des autochtones. Et nous nous complaisons dans cette idée : « Il ne leur manque que la parole ». « Regardez, il sait qu’on parle de lui !! » Nous projetons sur la vie mentale des animaux des quantités de choses qui ne viennent que de nous.
Se débarrasser de ces fantasmes, c’est le rôle de l’éthologie, la science du comportement animal. Et pour citer les cours du professeur Robert Sapolsky de Stanford « l’éthologie consiste à interroger l’animal dans sa propre langue, à faire comprendre ce qui a du sens pour lui pour éventuellement saisir la manière dont il traite l’information et comment il pense ». C’est la seule manière de nous débarrasser de l’anthropomorphisme, cette tendance que nous avons à donner des attributs humains à ce qui n’est pas humain. Cela pose bien sur la question de sa voir ce qui est véritablement et irréductiblement humain chez l’humain, la question du propre de l’homme sans cesse ressassée.
On trouve de l’altruisme chez les autres animaux ; on y trouve aussi des meurtres prémédités. la culture n’est pas notre apanage, ni l’outil. Le rire se retrouve chez le rat. Et l’humour, peut-être, chez les grands singes. Le mensonge résiste encore ; c’est peut-être notre singularité. Mais pour dire cela, il faudrait être sûr de ce que cela veut dire et disposer des moyens de le détecter. Par exemple, chez les corneilles. Le langage en tout cas se retrouve dans la nature sous bien des formes. Chez les oiseaux, mais pas seulement. l’une des dimensions les plus fascinantes de ces langages, c’est le rôle qu’y jouent les émotions, ces signaux que l’animal émet sans toujours pouvoir les contrôler, ces manifestations d’une vie mentale qui reste à ce jour, pour nous, une boite noire.
C’est pour parler de ces émotions et du langage des animaux que nous recevons Pauline Delahaye, Dr en science du langage, spécialiste en zoosémiotique et autrice du livre « Des signes pour le dire » aux Presses universitaires de Rennes. Bonjour Pauline
Qu’est-ce que le bien ? Qu’est-ce que le mal ? À de telles questions, on dit souvent que la science est impuissante à répondre : ce n’est pas son rôle. La réponse est toujours subjective, elle dépend de votre culture, de l’époque où vous vivez, de votre éducation, de mille paramètres de votre environnement. Sur ce qui est bien ou mal, nous constatons des désaccords irréductibles à travers le monde mais également à petite échelle, à la maison, au travail : une impossibilité de mettre tout le monde d’accord. Et puisqu’un consensus semble tout à fait exclus, comment imaginer que la science puisse se mêler à cette affaire ?
Tout cela est si évident que nous n’avons aucune raison de faire une émission qui poserait la question ridicule des bases biologiques de la morale… Sauf que nous le faisons quand même, parce que les évidences méritent qu’on les questionne.
Evidemment, nous ne trouverons jamais le gène de l’altruisme, la protéine de l’égalité, le neurone de la fraternité ou la glande de l’allergie à l’hypocrisie. Aucun programme de recherche un tant soit peu sérieux n’envisage un tel réductionnisme. Mais vous devez quand même avoir conscience que pour éprouver un jugement moral sur une situation, il vous faut un cerveau, avec ses neurones, ses neurotransmetteurs, ses glycoprotéines, ses domaines développés sous l’influence de gènes, d’une biochimie complexe, de contraintes structurales, d’un héritage biologique. Il faut un cerveau pour être moral, et le cerveau est un organe produit par la nature au fil du temps à travers les méandres de l’évolution selon des modalités qui ne sont pas totalement mystérieuses. Et cela amène des chercheurs à enquêter sur l’existence d’une sorte de grammaire morale qui pourrait être universelle.
En effet, des travaux effectués sur diverses populations ont mis en évidence des constantes dans les jugements des humains qu’ils soient étudiants en fac de psycho, membre de sociétés de chasseur-cueilleur, ou bambins pas encore doués de la parole. Il y a en nous une propension à réagir d’une manière prévisible à des situations de nature morale. Et on retrouve une partie de ces réactions dans le monde animal, nous avions évoqué cela dans La Tronche en Live numéro 31 du mois d’aout 2016 avec Stéphane Debove.
Depuis lors, Stéphane a écrit un livre remarquable « Pourquoi notre cerveau a inventé le bien et le mal ? » qui a reçu le Grand Prix du Livre sur le Cerveau 2022 remis par la Revue Neurologique, et il continue son travail de vulgarisation sur sa chaîne Homo fabulous, où il s’est donné pour mission de désamorcer les très nombreuses incompréhensions que suscite le sujet de ce soir.
Dans certaines sphères, il est très mal vu de « naturaliser » un phénomène aussi hautement intégré dans les processus culturels que la moralité. On se demande si ce n’est pas une manière d’imposer une vérité morale en instrumentalisant la science. Du reste on peut légitimement se demander si l’on dispose seulement d’une définition de la morale qui autoriserait à tirer la moindre conclusion. N’est-ce pas une façon de dépouiller les individus de leur libre arbitre en prétendant savoir mieux que chacun d’entre nous les vraies raisons de nos jugements et de nos raisonnements moraux ? N’est-ce pas ouvrir la porte aux pires manipulations ? N’est-ce pas profondément immoral ?
Les sceptiques ont parfois la dent dure dans leur critique des théories infondées. L’âpreté du ton, des airs de condescendance, de jugement permanent, voilà quelques petites choses qui sont reprochées aux gens de notre sphère, il faut intégrer cette critique et voir comment s’améliorer.
Parce que le problème est que nous pouvons donner l’impression que l’on condamne les tenants-croyants à rester dans la croyance parce qu’on jugerait qu’il faut être très bête pour croire de telles fadaises. J’aimerais ne plus lire ce genre de commentaire, même si je comprends que ce qu’on exprime dans ces cas-là c’est de l’incompréhension devant des croyances qui nous semblent impossibles, irrationnelles et folles. Ne laissons pas cette incompréhension se transformer en un jugement définitif des personnes.
Beaucoup de sceptiques sont passés par la croyance ; ils ont parfois défendu activement des idées qui leur semblent aujourd’hui fausses. Il faut donc que nous soyons très ouverts à la possibilité que les croyants d’aujourd’hui sont des sceptiques de demain, des hommes et des femmes qui seront bien placés pour savoir comment on peut parler aux croyants pour les aider à se poser des questions et à se débarrasser des idées qui souvent ne sont pas seulement fausses, mais qui sont aussi dangereuses, au moins parce qu’elles savonnent la pente de la crédulité vers d’autres croyances qui font de même et mènent, in fine, à la pensée extrême.
Nous avons tous des croyances. Elles sont plus ou moins justifiées, plus ou moins alignées avec les connaissances communes, plus ou moins vraies, plus ou moins importantes pour nous. Et nous n’en avons pas toujours conscience. Je vous renvoie vers la série d’entretien réalisés à Toulouse lors des Rencontres de l’Esprit Critique où les confrères sceptiques répondent à la question « quelle croyance un peu extrême avez-vous eu ? ». Et il se trouve que répondre à cette question n’est pas si facile.
Je vais me permettre de donner ma réponse personnelle ici même. Et Vled pourra en faire autant.
À titre personnel, je n’ai pas vécu d’abandon de croyance ou de déconversion parce que je ne suis pas du genre à défendre beaucoup de certitudes. Ca m’arrive bien sûr, je l’ai fait ici même sur cette chaîne plus d’une fois mais dans un périmètre assez limité. Les certitudes que je dépends publiquement, à ce jour, ne sont pas réfutées, et le temps nous aidera à voir ce qu’il se passera si jamais cela arrivait : serai-je capable de changer publiquement d’avis sur un sujet important. Je pense que oui, mais c’est au pied du mur qu’on reconnait le maçon. Je n’ai donc pas de belle histoire de déconversion à vous raconter. Et ça m’ennuie un peu. Parce qu’avec une telle histoire je pourrai vous donner une sorte de gage, un élément permettant de dire : Acermendax est capable de se remettre en question, de changer d’avis, d’admettre qu’il a eu tort. Ce serait très utile.
Alors, bien sûr mes opinons évoluent avec le temps, comme tout le monde, mais n’ayant jamais vécu d’épisode ou ce que je pense aujourd’hui est radicalement différent de ce que je croyais hier, je vis dans un sentiment illusoire d’être toujours exactement la même personne que lorsque j’étais adolescent ; mes changement d’opinion sont doux, diffus, progressifs et in fine invisible, alors que la déconversion est une discontinuité visible.
La discontinuité n’est pas nécessaire pour changer d’avis. Il y a sans doute des tas de gens qui croient des choses et qui se rendent compte, des années plus tard, qu’ils n’y croient plus,, sans pouvoir établir à quel moment ça a changé. C’est probablement arrivé à beaucoup d’entre vous mais je m’attends à ce que ce genre de chose ne soit pas abordé ce soir, en vertu de ce principe de discontinuité sans laquelle il est difficile de statuer sur un changement de croyance. C’est pourquoi j’ai voulu en parler : l’évolution insensible de notre vision du monde est rarement évoquée, nous pourrions bien sous-estimer le phénomène. J’ai tendance à croire qu’il est au contraire omniprésent… mais qu’il concerne surtout des croyances avec peu d’enjeux identitaire, qui cristallisent peu d’antagonisme dans la société ou notre entourage. Mais cette analyse que je vous livre n’est finalement que mon opinion d’aujourd’hui, sensiblement similaire à mes convictions sur le sujet depuis longtemps… mais peut-être aussi sensiblement différentes sans que je m’en aperçoive, peut-être en évolution au moment où je vous parle, et bien divergentes des idées que j’aurai sur la question dans dix ans. Pour le savoir, rendez-vous en 2032.
Mais d’ici là la Tronche est à VOUS
Les neuf témoignages de l’émission
1 — « Lafayette »
« Je suis né dans une famille de scientologues.
Mon père était toxicomane, et a guéri dans un centre de désintoxication scientologue. Il y rencontra ma mère, bénévole là-bas. Mon père y a trouvé la spiritualité qu’il cherchait et ma mère fut également convaincue suite à cette guérison radicale. J’ai passé presque toutes ma vie à pratiquer la Scientologie à travers des cours, de l’audition et du bénévolat. Cela me prenait généralement 1 journée par semaine. C’était un sujet que je tenais pour tabou, je n’en parlais à personne. J’avais peur des réactions, connaissant la réputation de la Scientologie. Ma déconversion : Suite à une mise à jour de certains documents en Sciento, on m’a fait reprendre un bout de formation (toujours payant bien entendu). A la deuxième « mise à jour » j’ai eu le sentiment de me faire pigeonner. Plus tard, ma copine, curieuse et ouverte d’esprit, à testé un cours. Peu convaincue, elle a posé des questions qui ont planté une petite graine de doute dans mon esprit. Il se trouve que les parents de ma copine se sont lancés dans des croyances de type Chamanisme. Ouverts d’esprit, nous comparons et discutons de nos spiritualités.
Comment toutes ces croyances pouvaient-elles être vraies en même temps ? Sur les conseils d’une amie, nous découvrons la chaine de la TeB avec l’interview de Grégoire Perra qui trouve un fort écho en moi. Puis la série sur l’homéopathie qui m’a fait prendre conscience de l’importance de l’esprit sceptique. Enthousiasmé par cette manière de réfléchir, j’en parle à ma famille. Et je découvert qu’ils sont très butés et fermés à toute remise en question sur certains sujets. Je comprends petit à petit que c’est la logique intellectuelle même de la Sciento qui inhibe le scepticisme. La goute d’eau qui a fait débordé le vase c’est l’arrivé du Covid, l’élection de Trump, qui ont fait ressortir les penchants les plus complotistes et stupides de nombre de mes connaissances scientologues. »
2 — Claire
«Je peux m’exprimer sur le sujet de la déconversion religieuse : j’ai été élevée dans la religion catholique et j’ai été très pratiquante durant ma vie de jeune adulte. J’ai même rencontré mon mari sur un site de rencontre chrétien. Il y a environ 2 ans mon mari, très cartésien, s’est déconverti presque du jour au lendemain. J’ai suivi peu à peu mais le processus est extrêmement couteux et difficile pour moi, je trouve que se déconvertir passé la trentaine demande un effort énorme et je ne suis pas certaine d’y être gagnante. Je peux m’exprimer sur ces aspects-là.»
3 — Florian
« J’ai étudié puis pratiqué pendant 8 ans. Aujourd’hui deconverti depuis maintenant 3 ans des médecines alternatives, je voudrais parler de mon vécu durant mes études, mes années en cabinet ainsi que ma deconversion jusqu’à mon changement de carrière. Des discours anti scientifiques au charlatanisme, en passant par des prises de paroles dangereuses et complotistes, je veux éclairer les gens qui nous écoutent sur cette thérapie manuelle qui se fait passer comme scientifique et logique, mais aussi l’impossibilité de pouvoir émettre une parole critique, et comment ce système a complètement verrouillé cet aspect de moi durant des années. Je veux également revenir sur ma déconversion, comme il fut difficile d’en parler, de l’avouer, ainsi que de l’impact psychologique sur moi et mes proches, ainsi que du soutien extraordinaire de la communauté zet. J’ai récemment écrit un témoignage de 7 pages pour mettre tout cela par écrit et le partager sur une page sceptique, mais je pense qu’il est temps que je prenne la parole pour dire tout cela publiquement.»
4 — SisterOfSIn
« J’ai passé une vingtaine d’année dans le protestantisme évangélique, dans lequel je suis née et que j’ai vécu sous un angle particulièrement rigoriste, mon père êtant pasteur. Je suis arrivée à fuir le dogme non sans mal, car ça a impliqué pour moi la perte totale de contact avec ma famille, pour tomber pendant un temps sous l’influence de Thierry Casas Novas. Ce dernier a heureusement eu une place seulement temporaire dans ma vie, mais là encore non sans mal : orthorexie, perte de cheveux, évidemment adhésion au discours complotiste anti-médecine. Et j’en suis finalement sortie grâce à l’influence de la Tronche en Biais. »
5 — Esteban
« J’ai grandi dans une famille de Témoins de Jéhovah et je suis devenu un membre actif par la suite. Jusqu’à mes 20 ans j’étais actif à Paris en tant que Témoins de Jéhovah.
La TeB et (notamment le documentaire “les lois de l’attraction mentale”) m’a aidé à arrêter de reléguer les interrogations que j’avais et à vraiment me les poser.
J’ai quitté les Témoins de Jéhovah il y a 3 ans. »
6 — Quentin
« Salut! Quentin, 30 ans.
Je sombre dans la pensée complotiste très tôt, vers 2007-2008, d’abord par le 11/9. La chose s’aggrave quand en 2009-2010 je deviens membre actif d’égalité et réconciliation, mouvement d’Alain Soral. J’y fais mes classes paranoïaques pendant quelques temps, en goutant sans surprise au complot judéo-maçonnique, au révisionnisme historique Faurissonien et autres. Puis je continue sur la lancée de « quête de sens » en m’intéressant alors à « la spiritualité », d’abord par les courants orientalistes à la René Guénon.
Parallèlement, j’erre un peu professionnellement, en validant une licence d’histoire, avant, en 2015, de « reprendre des études » en suivant une formation de naturopathie de 2015 à 2017. A cette école je touche à toutes les dérives pseudo scientifiques possibles, radiesthésie, kinésiologie, iridologie. Mais surtout, j’y rencontre un catholique intégriste, qui voit vite en moi le potentiel de conversion. Je me convertis alors au catholicisme « intégral » en 2017-2018, jusqu’à l’extrême puisque le parcours se conclut chez les sédévacantistes, secte parmi les sectes catholiques traditionnalistes… Messe dans des granges ou des salles d’hotel, fun times.
Malgré tout je doute souvent, et ce doute d’abord me conduit à critiquer ma pratique de naturopathe … et à me lancer dans le concours de 1ere année de médecine en 2018, à 26 ans. Concours que je réussis, et qui m’a sauvé l’existence, puisque ça a été le déclic de sortie des croyances. D’abord, j’abandonne mes dogmes « hygiénistes » en comprenant que la santé c’est plus compliqué que ce que je pensais, et, la fréquentation des cercles scientifiques ainsi que de bons contenus sceptiques aidant, hé bien tout le château de carte de croyance finit par se fissurer. L’explosion finale de l’édifice déjà bien affaibli a lieu avec le début du Covid, en 2020. Je m’éloigne de la pratique catholique en 2020, et je m’assume déconverti auprès de la famille dans la foulée.
7 — Saba
« Je suis née dans une famille de confession musulmane. Depuis l’enfance j’essayais de me soumettre à tous les interdits qu’impose cette religion : pas de viande non halal, pas de porc, pas d’alcool… mais aussi, interdiction de fréquenter des membres du sexe opposé, et donc pas de relations amoureuses, encore moins avec des non-musulmans, interdiction de dessiner des êtres vivants — ce qui a été douloureux, car je rêvais d’une carrière dans un domaine artistique. Je croyais en l’existence des djinns (ou démons), au pouvoir de la sorcellerie, j’ai vécu des expériences d’exorcisme, que ce soit sur moi ou sur des personnes de mon entourage, je croyais aussi aux rêves prémonitoires. Quand j’outrepassais l’un des interdits cités plus haut (comme le dessin) j’en ressentais une grande culpabilité et une frayeur de ce qui m’attendait dans l’au-delà. Aussi, j’ai porté le voile pendant six ans, du lycée jusqu’en janvier de cette année. Je me souviens de la date exacte quand j’ai commencé à le porter : c’était le lundi qui a suivi les attentats du Bataclan. Depuis quelques temps, je suivais des chaînes youtube d’esprit critique, je m’ouvrais de plus en plus à la critique de ma religion. Je posais des questions peu dogmatiques à ma mère, ce qui me valait des disputes avec elle, j’ai essayé de calmer le jeu pour ne pas être en froid avec elle, mais dans le fond, ces questions sans réponses satisfaisantes de la part de la religion me troublaient et me poussaient à creuser davantage sur mes doutes. J’avais lu en parallèle des livres qui ont remis en question ma vision du monde comme Sapiens de Harari, Manières d’être vivant de Baptiste Morizot, et je m’intéressais de plus en plus aux livres de Richard Dawkins et à ses arguments. Le coup de grâce fut le live de la TeB avec le concordiste musulman, où beaucoup de points critiques ont été soulevés. Cette vidéo m’a orientée vers la chaîne de Majid Oukacha, qui n’a fait que de me conforter dans ce que je doutais. »
8 — Erendis
J’ai proposé mon témoignage sur 1) astrologie (avec thème astral et tout) / caractère selon les prénoms… dans mon adolescence (quand on se cherche), déconvertie seule par une prise de conscience personnelle
2) Radiesthésie ; déconvertie seule par une prise de conscience personnelle
3) Homéopathie car soignée très jeune « par homéopathie après essai de médecine conventionnelle », déconvertie par constat qu’en pratique, « ça ou rien… ça à l’air pareil » + la Tronche en Biais
4) L’avion sur le Pentagone car pas de trace de l’avion et apparence de prouesse de vol pour y parvenir, déconvertie par le Debunker des Etoiles
Les croyances autour de l’astro et des prénoms m’a possiblement aidé à découvrir qui j’étais durant l’adolescence.»
9 — Guru Djoz
«Je suis de confession juive et mon compagnon s’est converti. On a été très investit dans la religion et les communautés juives. J’ai vécu une déconversion de ma croyance religieuse mais aussi de mes croyances sur la santé (Thierry casanovas, etc…) ma mère est décédé d un cancer pour lequel nous avions fait le choix de tenter des méthodes naturelles etc….J ai étudié la médecine chinoise. Et je vois les choses totalement différemment aujourd’hui. Donc de multiples déconversions en fait. »
https://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2022/05/2022.05-06-Tronche-est-a-vous-DECONVERTIS.jpg10801920Acermendaxhttps://menace-theoriste.fr/wp-content/uploads/2015/08/menace_theo2-300x145.pngAcermendax2022-05-26 09:27:592022-05-26 09:27:59La parole aux déconvertis [La Tronche est à VOUS #6]
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