La chaîne aborde sur un ton décalé dans la forme mais sérieux sur le fond les raisons qui font que notre lecture du monde est souvent bancale.

Emission enregistrée le 8 juin 2022.

Invité : Stéphane DEBOVE (Homo fabulous)

Editorial

Qu’est-ce que le bien ? Qu’est-ce que le mal ? À de telles questions, on dit souvent que la science est impuissante à répondre : ce n’est pas son rôle. La réponse est toujours subjective, elle dépend de votre culture, de l’époque où vous vivez, de votre éducation, de mille paramètres de votre environnement. Sur ce qui est bien ou mal, nous constatons des désaccords irréductibles à travers le monde mais également à petite échelle, à la maison, au travail : une impossibilité de mettre tout le monde d’accord. Et puisqu’un consensus semble tout à fait exclus, comment imaginer que la science puisse se mêler à cette affaire ?

Tout cela est si évident que nous n’avons aucune raison de faire une émission qui poserait la question ridicule des bases biologiques de la morale… Sauf que nous le faisons quand même, parce que les évidences méritent qu’on les questionne.

Evidemment, nous ne trouverons jamais le gène de l’altruisme, la protéine de l’égalité, le neurone de la fraternité ou la glande de l’allergie à l’hypocrisie. Aucun programme de recherche un tant soit peu sérieux n’envisage un tel réductionnisme. Mais vous devez quand même avoir conscience que pour éprouver un jugement moral sur une situation, il vous faut un cerveau, avec ses neurones, ses neurotransmetteurs, ses glycoprotéines, ses domaines développés sous l’influence de gènes, d’une biochimie complexe, de contraintes structurales, d’un héritage biologique. Il faut un cerveau pour être moral, et le cerveau est un organe produit par la nature au fil du temps à travers les méandres de l’évolution selon des modalités qui ne sont pas totalement mystérieuses. Et cela amène des chercheurs à enquêter sur l’existence d’une sorte de grammaire morale qui pourrait être universelle.

En effet, des travaux effectués sur diverses populations ont mis en évidence des constantes dans les jugements des humains qu’ils soient étudiants en fac de psycho, membre de sociétés de chasseur-cueilleur, ou bambins pas encore doués de la parole. Il y a en nous une propension à réagir d’une manière prévisible à des situations de nature morale. Et on retrouve une partie de ces réactions dans le monde animal, nous avions évoqué cela dans La Tronche en Live numéro 31 du mois d’aout 2016 avec Stéphane Debove.

Depuis lors, Stéphane a écrit un livre remarquable « Pourquoi notre cerveau a inventé le bien et le mal ? » qui a reçu le Grand Prix du Livre sur le Cerveau 2022 remis par la Revue Neurologique, et il continue son travail de vulgarisation sur sa chaîne Homo fabulous, où il s’est donné pour mission de désamorcer les très nombreuses incompréhensions que suscite le sujet de ce soir.

Dans certaines sphères, il est très mal vu de « naturaliser » un phénomène aussi hautement intégré dans les processus culturels que la moralité. On se demande si ce n’est pas une manière d’imposer une vérité morale en instrumentalisant la science. Du reste on peut légitimement se demander si l’on dispose seulement d’une définition de la morale qui autoriserait à tirer la moindre conclusion. N’est-ce pas une façon de dépouiller les individus de leur libre arbitre en prétendant savoir mieux que chacun d’entre nous les vraies raisons de nos jugements et de nos raisonnements moraux ? N’est-ce pas ouvrir la porte aux pires manipulations ? N’est-ce pas profondément immoral ?

Stéphane Debove, vous n’avez pas honte ?

 

 

 

Emission enregistrée le 25 mai 2022.

 

Editorial

 

Les sceptiques ont parfois la dent dure dans leur critique des théories infondées. L’âpreté du ton, des airs de condescendance, de jugement permanent, voilà quelques petites choses qui sont reprochées aux gens de notre sphère, il faut intégrer cette critique et voir comment s’améliorer.

Parce que le problème est que nous pouvons donner l’impression que l’on condamne les tenants-croyants à rester dans la croyance parce qu’on jugerait qu’il faut être très bête pour croire de telles fadaises. J’aimerais ne plus lire ce genre de commentaire, même si je comprends que ce qu’on exprime dans ces cas-là c’est de l’incompréhension devant des croyances qui nous semblent impossibles, irrationnelles et folles. Ne laissons pas cette incompréhension se transformer en un jugement définitif des personnes.

Beaucoup de sceptiques sont passés par la croyance ; ils ont parfois défendu activement des idées qui leur semblent aujourd’hui fausses. Il faut donc que nous soyons très ouverts à la possibilité que les croyants d’aujourd’hui sont des sceptiques de demain, des hommes et des femmes qui seront bien placés pour savoir comment on peut parler aux croyants pour les aider à se poser des questions et à se débarrasser des idées qui souvent ne sont pas seulement fausses, mais qui sont aussi dangereuses, au moins parce qu’elles savonnent la pente de la crédulité vers d’autres croyances qui font de même et mènent, in fine, à la pensée extrême.

Nous avons tous des croyances. Elles sont plus ou moins justifiées, plus ou moins alignées avec les connaissances communes, plus ou moins vraies, plus ou moins importantes pour nous. Et nous n’en avons pas toujours conscience. Je vous renvoie vers la série d’entretien réalisés à Toulouse lors des Rencontres de l’Esprit Critique où les confrères sceptiques répondent à la question « quelle croyance un peu extrême avez-vous eu ? ». Et il se trouve que répondre à cette question n’est pas si facile.

Je vais me permettre de donner ma réponse personnelle ici même. Et Vled pourra en faire autant.

À titre personnel, je n’ai pas vécu d’abandon de croyance ou de déconversion parce que je ne suis pas du genre à défendre beaucoup de certitudes. Ca m’arrive bien sûr, je l’ai fait ici même sur cette chaîne plus d’une fois mais dans un périmètre assez limité. Les certitudes que je dépends publiquement, à ce jour, ne sont pas réfutées, et le temps nous aidera à voir ce qu’il se passera si jamais cela arrivait : serai-je capable de changer publiquement d’avis sur un sujet important. Je pense que oui, mais c’est au pied du mur qu’on reconnait le maçon. Je n’ai donc pas de belle histoire de déconversion à vous raconter. Et ça  m’ennuie un peu. Parce qu’avec une telle histoire je pourrai vous donner une sorte de gage, un élément permettant de dire : Acermendax est capable de se remettre en question, de changer d’avis, d’admettre qu’il a eu tort. Ce serait très utile.

Alors, bien sûr mes opinons évoluent avec le temps, comme tout le monde, mais n’ayant jamais vécu d’épisode ou ce que je pense aujourd’hui est radicalement différent de ce que je croyais hier, je vis dans un sentiment illusoire d’être toujours exactement la même personne que lorsque j’étais adolescent ; mes changement d’opinion sont doux, diffus, progressifs et in fine invisible, alors que la déconversion est une discontinuité visible.

La discontinuité n’est pas nécessaire pour changer d’avis. Il y a sans doute des tas de gens qui croient des choses et qui se rendent compte, des années plus tard, qu’ils n’y croient plus,, sans pouvoir établir à quel moment ça a changé. C’est probablement arrivé à beaucoup d’entre vous mais je m’attends à ce que ce genre de chose ne soit pas abordé ce soir, en vertu de ce principe de discontinuité sans laquelle il est difficile de statuer sur un changement de croyance. C’est pourquoi j’ai voulu en parler : l’évolution insensible de notre vision du monde est rarement évoquée, nous pourrions bien sous-estimer le phénomène. J’ai tendance à croire qu’il est au contraire omniprésent… mais qu’il concerne surtout des croyances avec peu d’enjeux identitaire, qui cristallisent peu d’antagonisme dans la société ou notre entourage. Mais cette analyse que je vous livre n’est finalement que mon opinion d’aujourd’hui, sensiblement similaire à mes convictions sur le sujet depuis longtemps… mais peut-être aussi sensiblement différentes sans que je m’en aperçoive, peut-être en évolution au moment où je vous parle, et bien divergentes des idées que j’aurai sur la question dans dix ans. Pour le savoir, rendez-vous en 2032.

Mais d’ici là la Tronche est à VOUS

 

 

 

Les neuf témoignages de l’émission

 

 

1 — « Lafayette »

« Je suis né dans une famille de scientologues.

Mon père était toxicomane, et a guéri dans un centre de désintoxication scientologue. Il y rencontra ma mère, bénévole là-bas. Mon père y a trouvé la spiritualité qu’il cherchait et ma mère fut également convaincue suite à cette guérison radicale. J’ai passé presque toutes ma vie à pratiquer la Scientologie à travers des cours, de l’audition et du bénévolat. Cela me prenait généralement 1 journée par semaine. C’était un sujet que je tenais pour tabou, je n’en parlais à personne. J’avais peur des réactions, connaissant la réputation de la Scientologie. Ma déconversion : Suite à une mise à jour de certains documents en Sciento, on m’a fait reprendre un bout de formation (toujours payant bien entendu). A la deuxième « mise à jour » j’ai eu le sentiment de me faire pigeonner. Plus tard, ma copine, curieuse et ouverte d’esprit, à testé un cours. Peu convaincue, elle a posé des questions qui ont planté une petite graine de doute dans mon esprit. Il se trouve que les parents de ma copine se sont lancés dans des croyances de type Chamanisme. Ouverts d’esprit, nous comparons et discutons de nos spiritualités.

Comment toutes ces croyances pouvaient-elles être vraies en même temps ? Sur les conseils d’une amie, nous découvrons la chaine de la TeB avec l’interview de Grégoire Perra qui trouve un fort écho en moi. Puis la série sur l’homéopathie qui m’a fait prendre conscience de l’importance de l’esprit sceptique. Enthousiasmé par cette manière de réfléchir, j’en parle à ma famille. Et je découvert qu’ils sont très butés et fermés à toute remise en question sur certains sujets. Je comprends petit à petit que c’est la logique intellectuelle même de la Sciento qui inhibe le scepticisme. La goute d’eau qui a fait débordé le vase c’est l’arrivé du Covid, l’élection de Trump, qui ont fait ressortir les penchants les plus complotistes et stupides de nombre de mes connaissances scientologues. »

2 — Claire

«Je peux m’exprimer sur le sujet de la déconversion religieuse : j’ai été élevée dans la religion catholique et j’ai été très pratiquante durant ma vie de jeune adulte. J’ai même rencontré mon mari sur un site de rencontre chrétien. Il y a environ 2 ans mon mari, très cartésien, s’est déconverti presque du jour au lendemain. J’ai suivi peu à peu mais le processus est extrêmement couteux et difficile pour moi, je trouve que se déconvertir passé la trentaine demande un effort énorme et je ne suis pas certaine d’y être gagnante. Je peux m’exprimer sur ces aspects-là.»

3 — Florian

« J’ai étudié puis pratiqué pendant 8 ans. Aujourd’hui deconverti depuis maintenant 3 ans des médecines alternatives, je voudrais parler de mon vécu durant mes études, mes années en cabinet ainsi que ma deconversion jusqu’à mon changement de carrière. Des discours anti scientifiques au charlatanisme, en passant par des prises de paroles dangereuses et complotistes, je veux éclairer les gens qui nous écoutent sur cette thérapie manuelle qui se fait passer comme scientifique et logique, mais aussi l’impossibilité de pouvoir émettre une parole critique, et comment ce système a complètement verrouillé cet aspect de moi durant des années. Je veux également revenir sur ma déconversion, comme il fut difficile d’en parler, de l’avouer, ainsi que de l’impact psychologique sur moi et mes proches, ainsi que du soutien extraordinaire de la communauté zet. J’ai récemment écrit un témoignage de 7 pages pour mettre tout cela par écrit et le partager sur une page sceptique, mais je pense qu’il est temps que je prenne la parole pour dire tout cela publiquement.»

4 — SisterOfSIn

« J’ai passé une vingtaine d’année dans le protestantisme évangélique, dans lequel je suis née et que j’ai vécu sous un angle particulièrement rigoriste, mon père êtant pasteur. Je suis arrivée à fuir le dogme non sans mal, car ça a impliqué pour moi la perte totale de contact avec ma famille, pour tomber pendant un temps sous l’influence de Thierry Casas Novas. Ce dernier a heureusement eu une place seulement temporaire dans ma vie, mais là encore non sans mal : orthorexie, perte de cheveux, évidemment adhésion au discours complotiste anti-médecine. Et j’en suis finalement sortie grâce à l’influence de la Tronche en Biais. »

5 — Esteban

« J’ai grandi dans une famille de Témoins de Jéhovah et je suis devenu un membre actif par la suite. Jusqu’à mes 20 ans j’étais actif à Paris en tant que Témoins de Jéhovah.

La TeB et (notamment le documentaire “les lois de l’attraction mentale”) m’a aidé à arrêter de reléguer les interrogations que j’avais et à vraiment me les poser.

J’ai quitté les Témoins de Jéhovah il y a 3 ans. »

6 — Quentin

« Salut! Quentin, 30 ans.

Je sombre dans la pensée complotiste très tôt, vers 2007-2008, d’abord par le 11/9. La chose s’aggrave quand en 2009-2010 je deviens membre actif d’égalité et réconciliation, mouvement d’Alain Soral. J’y fais mes classes paranoïaques pendant quelques temps, en goutant sans surprise au complot judéo-maçonnique, au révisionnisme historique Faurissonien et autres. Puis je continue sur la lancée de « quête de sens » en m’intéressant alors à « la spiritualité », d’abord par les courants orientalistes à la René Guénon.

Parallèlement, j’erre un peu professionnellement, en validant une licence d’histoire, avant, en 2015, de « reprendre des études » en suivant une formation de naturopathie de 2015 à 2017. A cette école je touche à toutes les dérives pseudo scientifiques possibles, radiesthésie, kinésiologie, iridologie. Mais surtout, j’y rencontre un catholique intégriste, qui voit vite en moi le potentiel de conversion. Je me convertis alors au catholicisme « intégral » en 2017-2018, jusqu’à l’extrême puisque le parcours se conclut chez les sédévacantistes, secte parmi les sectes catholiques traditionnalistes… Messe dans des granges ou des salles d’hotel, fun times.

Malgré tout je doute souvent, et ce doute d’abord me conduit à critiquer ma pratique de naturopathe … et à me lancer dans le concours de 1ere année de médecine en 2018, à 26 ans. Concours que je réussis, et qui m’a sauvé l’existence, puisque ça a été le déclic de sortie des croyances. D’abord, j’abandonne mes dogmes « hygiénistes » en comprenant que la santé c’est plus compliqué que ce que je pensais, et, la fréquentation des cercles scientifiques ainsi que de bons contenus sceptiques aidant, hé bien tout le château de carte de croyance finit par se fissurer. L’explosion finale de l’édifice déjà bien affaibli a lieu avec le début du Covid, en 2020. Je m’éloigne de la pratique catholique en 2020, et je m’assume déconverti auprès de la famille dans la foulée.

7 — Saba

« Je suis née dans une famille de confession musulmane. Depuis l’enfance j’essayais de me soumettre à tous les interdits qu’impose cette religion : pas de viande non halal, pas de porc, pas d’alcool… mais aussi, interdiction de fréquenter des membres du sexe opposé, et donc pas de relations amoureuses, encore moins avec des non-musulmans, interdiction de dessiner des êtres vivants — ce qui a été douloureux, car je rêvais d’une carrière dans un domaine artistique. Je croyais en l’existence des djinns (ou démons), au pouvoir de la sorcellerie, j’ai vécu des expériences d’exorcisme, que ce soit sur moi ou sur des personnes de mon entourage, je croyais aussi aux rêves prémonitoires. Quand j’outrepassais l’un des interdits cités plus haut (comme le dessin) j’en ressentais une grande culpabilité et une frayeur de ce qui m’attendait dans l’au-delà. Aussi, j’ai porté le voile pendant six ans, du lycée jusqu’en janvier de cette année. Je me souviens de la date exacte quand j’ai commencé à le porter : c’était le lundi qui a suivi les attentats du Bataclan. Depuis quelques temps, je suivais des chaînes youtube d’esprit critique, je m’ouvrais de plus en plus à la critique de ma religion. Je posais des questions peu dogmatiques à ma mère, ce qui me valait des disputes avec elle, j’ai essayé de calmer le jeu pour ne pas être en froid avec elle, mais dans le fond, ces questions sans réponses satisfaisantes de la part de la religion me troublaient et me poussaient à creuser davantage sur mes doutes. J’avais lu en parallèle des livres qui ont remis en question ma vision du monde comme Sapiens de Harari, Manières d’être vivant de Baptiste Morizot, et je m’intéressais de plus en plus aux livres de Richard Dawkins et à ses arguments. Le coup de grâce fut le live de la TeB avec le concordiste musulman, où beaucoup de points critiques ont été soulevés. Cette vidéo m’a orientée vers la chaîne de Majid Oukacha, qui n’a fait que de me conforter dans ce que je doutais. »

8 — Erendis

J’ai proposé mon témoignage sur  1) astrologie (avec thème astral et tout) / caractère selon les prénoms… dans mon adolescence (quand on se cherche), déconvertie seule par une prise de conscience personnelle

2) Radiesthésie ; déconvertie seule par une prise de conscience personnelle

3) Homéopathie car soignée très jeune « par homéopathie après essai de médecine conventionnelle », déconvertie par constat qu’en pratique, « ça ou rien… ça à l’air pareil » + la Tronche en Biais

4) L’avion sur le Pentagone car pas de trace de l’avion et apparence de prouesse de vol pour y parvenir, déconvertie par le Debunker des Etoiles

Les croyances autour de l’astro et des prénoms m’a possiblement aidé à découvrir qui j’étais durant l’adolescence.»

9 — Guru Djoz

«Je suis de confession juive et mon compagnon s’est converti. On a été très investit dans la religion et les communautés juives. J’ai vécu une déconversion de ma croyance religieuse mais aussi de mes croyances sur la santé (Thierry casanovas, etc…) ma mère est décédé d un cancer pour lequel nous avions fait le choix de tenter des méthodes naturelles etc….J ai étudié la médecine chinoise.  Et je vois les choses totalement différemment aujourd’hui. Donc de multiples déconversions en fait. »

 

 

Emission enregistrée le 4 mai 2022

Invitée : Coraline HINGRAY, médecin psychiatre

 

Editorial

Peut-on être plusieurs dans sa tête ? Les personnes qui ont de multiples personnalités, qui peuvent passer de l’une à l’autre, toutes très différentes, parfois très nombreuses, on en croise dans la fiction qui n’est jamais avare d’effets spectaculaires et de situations médicales très propices à la narration d’histoires palpitantes mais peu fidèles à la réalité des conditions et des traitements appropriés. La fiction, bien sûr, a tous les droits. Un film comme Split de Night Shyamalan, qui verse allègrement dans le fantastique, n’a pas la prétention de nous décrire un syndrome psychiatrique, mais de nous faire vivre une aventure étonnante au cinéma.

Le problème, lorsqu’on veut savoir ce que sont les maladies mentales, comment elles se manifestent, quels effets elles ont sur la vie des gens, c’est que nous n’avons pas tous la « chance » d’avoir autour de nous des personnes vivant avec tous les troubles psychiatriques du monde, ou plus exactement —ces conditions étant en bonne partie invisibles— on en côtoie, mais sans le savoir, et nous avons pour quasiment seule fenêtre sur les maladies mentales ce que la fiction en dit.

Il serait un peu indélicat de demander à tous les concernés par les troubles mentaux de bien vouloir se signaler afin qu’on prenne conscience de leur présence, qu’on s’avise qu’ils ne ressemblent pas tant que ça aux images que l’on s’en fait et qu’on se débarrasse au moins un peu des stéréotypes porteurs de psychophobie. On n’aide pas les minorités invisibles en forçant les individus à se montrer.

Le Trouble Dissociatif de l’Identité (TDI) qu’on appelait autrefois trouble de la personnalité multiple est une affection psychiatrique méconnue du grand public… Et peut-être même des professionnels de la santé mentale eux-mêmes.

Si nous en parlons ici, sur une chaîne dédiée à l’esprit critique, c’est parce que ce trouble fait l’objet de beaucoup d’attention via les chaines TikTok, Instagram ou YouTube de personnes, essentiellement des jeunes femmes, qui se disent concernées et se mettent en scène sous l’identité de leurs diverses alters afin de raconter leur vie, de raconter leur maladie, leurs traumas et sans doute bien d’autres choses, je ne connais pas assez ces contenus pour vous les décrire.

Face à ce phénomène relativement récent, je dois confesser ma perplexité. Je ne suis pas en mesure de savoir si ces troubles sont authentiques, ni de quantifier le danger potentiel que représenteraient des simulations exerçant sur le public assez d’influence pour causer une forme de contagion. J’éprouve une sorte d’incrédulité personnelle que je dois absolument éviter de confondre avec une bonne raison d’affirmer que les concerné·e·s mentent, sont mythomane, inventent tout, car il est bien possible que ce trouble me semble baroque à cause de préjugés de ma part, d’une certaine conformité à des idées sur la structure de la psyché. À ce stade, ce que je dois faire c’est garder l’esprit ouvert.

L’un des problèmes avec le TDI c’est qu’il est encore aujourd’hui controversé : nous ne sommes pas en présence d’un consensus scientifique permettant de dire définitivement que la multiplicité de l’identité est nécessairement le résultat de traumatismes, car certains spécialistes estiment que c’est l’approche thérapeutique ou l’influence des médias qui produisent cette impression et induisent les symptômes du TDI. Ce n’est pas sur un plateau de télé ou dans un programme sur YouTube qu’on résout une controverse scientifique, on ne va donc pas débattre de la réalité du TDI ce soir, mais on va essayer de comprendre le point de vue d’une personne qu’on m’a chaudement recommandée lors du Congrès de l’Encéphale, l’évènement français avec la plus grande densité de psychiatre au mètre carré.

Coraline Hingray, médecin psychiatre, Praticienne hospitalière au CPN, responsable du centre Psychotrauma de Nancy est sans doute la meilleure spécialiste française des traumas psychologiques et du diagnostic et de la prise en charge des TDI.

Elle va nous aider à comprendre les concepts sur lesquels repose ce trouble et à évacuer les idées les plus fausses.

 

Sur les RS on se trouve parfois en butte à l’opiniâtreté d’encombrants spécimens qui tiennent à obtenir que vous changiez publiquement d’avis, que vous retiriez un contenu, que vous vous excusiez. Souvent ils se trouvent ses alliés dans la même catégorie de radicalisés ou dans une catégorie annexe mais qui vous est hostile pour d’autres raisons (alliance de circonstance).

NB : le harceleur n’est pas juste un contradicteur, un commentateur un peu remonté, un collègue qui pose une critique, c’est une personne qui revient à la charge pendant des semaines, mois ou années parce que vous n’avez pas le droit de ne pas être d’accord avec elle. L’agressivité et la répétition sont des critères importants.

 

Mais la répétition on la mesure du côté de la victime. Si vous êtes le 250e à me dire que je suis un bègue au corps de lâche et que j’ai le physique de mes idées, même si c’est votre premier message du type, vous participez à un phénomène collectif (Dogpiling), et d’ailleurs vous le savez. C’est pour ça qu’un tribunal peut vous condamner.

 

« Le fait de harceler autrui par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende. » [Code pénal – Article 222-33-2]

 

Le harcèlement prend diverses formes. D’abord les simples insultes. Répétées. Mais aussi les menaces. Voilées ou explicites. Le harceleur vous rabaisse, il s’en prend à votre nom à votre physique, à vos origines, votre situation sociale, votre entourage, vos addictions réelles ou supposées, votre sexualité, etc. Le harcèlement dont je veux vous parler est moins flagrant car il prend l’apparence d’une opposition purement intellectuelle. Il veut se faire passer pour un débat d’idées.

 

J’ai une mauvaise nouvelle. Je peux vous « démontrer » que vous avez tort et que votre harceleur a raison avec cette petite feuille de route du cyberharcèlement militant. Naturellement, la militance n’est pas en cause, c’est la toxicité de certains individus qui est ici le problème.

Regardons pourquoi le harceleur a forcément raison. Pourquoi vous n’avez aucune chance.

  1. Le harceleur a raison. [ça arrive parfois ! C’est une question à se poser] Il croit que cela justifie son comportement (Ne faites pas ça chez vous!).
  2. Vous ignorez le harceleur. C’est la preuve que vous n’avez rien à répondre.
  3. Vous répondez au harceleur, mais sans être convaincu. C’est la preuve que vous êtes fermé à la critique.
  4. Vous bloquez le harceleur. C’est la preuve que vous vous radicalisez.
  5. Vous répondez au harceleur, et vous avez un nombre d’abonnés bien plus grand que le sien (c’est logique, il ne s’attaque souvent à vous que parce que vous avez de l’influence). C’est la preuve que vous le jetez en pâture à vos abonnés.
  6. Vous répondez en utilisant un compte secondaire ou perso, en tout cas un média avec moins de visibilité. C’est la preuve que vous cherchez à étouffer l’affaire.
  7. Vous dénoncez le harcèlement. C’est la preuve que vous vous victimisez pour invisibiliser le vrai sujet qui tient très à cœur au harceleur.
  8. Vous précisez que les sujets évoqués par le harceleur sont importants mais que ce comportement est contre-productif. C’est la preuve de votre insupportable arrogance à croire que vous pouvez dire aux autres comment défendre leur cause. Vous êtes coupable d’un odieux et irréparable : #TuDessersTaCause.
  9. Vous évitez le sujet pour avoir la paix. C’est la preuve que vous n’avez aucune valeur, que vous ne servez à rien, que vous vous désintéresser des vrais problèmes.
  10. Vous décidez de traiter le sujet qui tient à cœur à votre harceleur. Du mieux possible, en consultant les meilleurs experts. C’est la preuve que vous croyez pouvoir traiter des choses qui ne vous concernent pas, que vous prenez la place de ceux qui savent, que vous êtes un oppresseur.
  11. Si en fait vous êtes concerné par le sujet de société en cause et résistez malgré tout à la position du harceleur. C’est la preuve que vous êtes un token, un simple pion inféodé à un système dont il est la victime et le complice, car le harceleur est seul apte à parler pour les concernés, qu’il en soit un ou pas. (ceci est arrivé au collègue Penseur Sauvage)
  12. Vous tentez d’expliquer la mécanique du harcèlement perpétré par ceux qui ont échoué à vous convaincre malgré leur agressivité. C’est la preuve que vous êtes l’ennemi des militants (c’est le harceleur et sa bande qui parlent, pas *les* militants).
  13. Vous faites une vidéo pour décortiquer l’implacable tourbillon du harcèlement où vous n’avez aucune chance d’avoir raison. C’est la preuve que vous êtes tellement fragile qu’au lieu de travailler vous faites du drama.
  14. Etc.

 

Le harceleur ne peut pas accepter un narratif où il est un harceleur bête et méchant, il choisira donc toujours une interprétation qui lui donne le beau rôle, qui confirme ses convictions, qui cajole son amour-propre et vous n’êtes qu’un instrument de son récit personnel. Le harceleur ne s’intéresse pas à vous, il ne s’intéresse qu’à lui, vous êtes un outil dans le scénario de cette facette de sa vie. Il vous reste à espérer que les autres parties de son existence sont assez intéressantes pour qu’il se lasse de son rôle de héros numérique. Quand le harceleur a une vie de merde, vous êtes foutu.

 

Je souhaite donc à tous les harceleurs du monde d’avoir une vie riche bien remplie et heureuse. Ça pourrait bien aider leurs victimes.

 

Nuance

Finissons avec une note d’autocritique nécessaire. La position du harceleur est irréfutable ; pour lui, le méchant c’est vous. Mais attention, parce que vous et moi nous avons un cerveau similaire. Si nous commençons à considérer qu’une personne est un harceleur alors nous aurons toujours un narratif disponible pour le confirmer. Cette situation est un peu moins grave parce que le scénario s’arrête quand on bloque la personne en question, on risque moins de faire souffrir autrui. Mais le danger c’est de prendre l’habitude de considérer toutes les critiques comme des agressions. C’est un piège très tentant dans lequel on tombe en douceur, sans en avoir conscience.

Bref, comme d’habitude le réel est infiniment complexe et le doute est salvateur.

Mais nous n’avons pas à négocier notre santé mentale contre les priorités de la militance d’autrui. Leur colère ne leur donne pas raison. Et quand bien même ils auraient raison, s’ils ne prennent pas en compte le fait que nous ne réagissons pas seulement avec notre intellect mais aussi avec toute la gamme des émotions humaines, ils sont irrationnels, leur approche est vouée à l’échec et leur attitude est au mieux inutile.

Dans tous les cas, prenez soin de vous.

 

 

Pour vous documenter

https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32239

 

Dans les 52 minutes de la nouvelle justification d’Idriss Aberkane (la dernière, a-t-il promis), il y a beaucoup de mensonges. Je ne peux pas tout traiter. Vous trouverez sur twitter et captain fact et d’autres réseaux le travail d’analyse et de rectification réalisé par des tas de gens compétents.

Ma méthode de travail consiste à vous montrer, en  vidéo, sur la Tronche en Biais,  un extrait ou une capture d’écran qui vous permet de constater ce qui a été dit, sans avoir à vous fier à mon interprétation. Et ensuite j’explique pourquoi ça me pose problème. Monsieur Aberkane ne fait pas cela, et il me prête parfois des propos que je n’ai pas tenus sans qu’on puisse savoir si c’est délibéré ou par erreur. Il ne donne pas à son public les moyens de savoir s’il s’attaque à des propos réels ou à une version fantasmée. J’irai même jusqu’à dire qu’il ne se donne pas à lui-même les moyens de le savoir, ce qui est très très baroque.

Ici, on est plus méthodique.

Je vais m’arrêter sur un petit nombre d’allégations parmi beaucoup et je finirai avec un « scoop », une information nouvelle qui va vous aider à évaluer la distance séparant la réalité des faits de la légende aberkanienne. Nous n’aurons pas des infos de ce genre à chaque fois. Il faudra veiller à lui donner son juste poids !

 

 

« Pierre Collet est linguiste »

Pierre Collet a une licence en linguistique, mais le reste de sa carrière est entièrement situé dans le domaine de l’informatique. On attend d’un membre de jury de thèse qu’il soit expert d’un domaine exploré par la thèse. Une licence en linguistique ne confère pas un statut d’expert pour être dans un jury. C’est un anomalie.

 

« P. Collet a dirigé plein de thèses en littérature. »

Ca c’est faux. Pierre Collet est intervenu dans une seule autre thèse en littérature. Et c’est une thèse où il était question d’Internet, ce qui permet d’expliquer la présence d’un informaticien (source).

Pourtant monsieur Aberkane veut que nous pensions que monsieur Collet intervient régulièrement dans des thèses de littérature. J’en conclus qu’il juge nécessaire de mentir pour justifier la participation de Pierre Collet à son jury de thèse. Et s’il estime nécessaire de mentir pour justifier une chose avérée, cela veut dire qu’il pense qu’elle est injustifiable avec la seule vérité. Dont acte.

 

Les autres thésards sont interchangeables

Déjà, nous avons vu que ce qui est interchangeable chez monsieur Aberkane, ce sont les sujets de thèse et/ou les membres des jury. Je pense qu’il faut montrer un peu plus de respect à des gens qui se lancent dans la recherche sans compter leurs heures et sans garantie de débouché à la fin.

Je ne vais pas débunker cette histoire absurde de thésard interchangeables, je vais me contenter de saluer les nombreux docteurs et maîtres de conférence qui doivent savoir qu’ils sont tous interchangeables, que c’est leur directeur de thèse qui a tout décidé et qu’un autre doctorant aurait produit les mêmes données qu’eux. Je glisse, au cas où ça vous intéresse, que mon sujet de thèse, qui ne vaut pas mieux que les autres, c’est moi qui l’ai proposé, négocié, rédigé en co-tutelle entre un laboratoire français et un laboratoire luxembourgeois. Je salue chaleureusement tous ceux que j’ai croisés pendant ces quatre années entre Orléans et Belvaux. Vous me manquez ; je vous aime. Même si je dois vous avouer que je m’épanouis mieux dans mon métier actuel.

« Le doctorat [d’I Aberkane] de l’université de Strasbourg n’est pas une thèse »

Je n’ai dit ça à aucun moment. C’est vraiment gênant. C’est là qu’un peu de méthode de sa part nous aiderait à savoir quelle phrase il interprète de cette manière. Là, on ne sait pas.

 

Le M2 de l’ENS

Idriss Aberkane, lisant ses notes explique que j’aurai dit qu’il n’aurait pas de « M2 en systems biology ». Or le diplôme existe et il a été publié, je n’ai donc rien dit de tel. En revanche je dis qu’il n’a aps de M2 de l’ENS puisque ce M2 a été obtenu à Paris Diderot.

Or, regardez son CV actuel. C’est à dire la version 2022, déjà bien corrigée par rapport à la légendaire version de 2016. Et vous voyez une section Ecole Normale Supérieure. Dedans : une ligne M2. Cette ligne n’a rien à faire là et monsieur Aberkane l’admets puisqu’il répond ainsi

« Idriss Aberkane revendique un master 2 de l’ENS » : Non j’ai jamais dit ça nulle part.»

En conséquence, Monsieur Aberkane détient zéro diplôme de l’ENS. Et des tas de gens très brillants sont dans ce cas. Ca n’est pas grave du tout, il ne faut pas pleurer. Mais il ne faut pas non plus faire un CV avec des lignes qui disent le contraire.

 

 

J’en profite pour passer directement à Stanford. Monsieur Aberkane dit qu’il a évidemment publié le travail réalisé là bas. Quand on cherche, on trouve en effet une publication. Un poème. On a le droit d’aimer, tout en se disant qu’on est loin des neurosciences de la diplomatie du management de l’économie de la connaissance.

S’il a publié des travaux de recherche effectués à Stanford, il doit avoir pour co-auteur des chercheurs de Stanford. S’il nous fournit cela, alors on pourra le croire. Ce n’est pas à  nous de prouver l’inexistence de son travail.

 

CAMBRIGDE !

Dans sa vidéo, Monsieur Aberkane, répète que ceux qui le critiquent et en particulier moi (je suis nommé une bonne quarantaine de fois au moins) mentent, qu’ils sont motivés par l’argent ou la haine, mais sans apporter rien de plus que sa parole qui est justement remise en question. Je note d’ailleurs qu’il n’atteste plus rien sur l’honneur. Ayant encore le mien, je peux attester que ce qui va suivre est parfaitement authentique.

Un étudiant de Cambridge qui souhaite garder l’anonymat m’a proposé son aide pour contacter le professeur Brian Moore. Je vous rappelle que monsieur Aberkane a écrit sur son CV et a dit publiquement à plusieurs reprises qu’il avait été invité là bas par ce professeur, que son travail était jugé assez important pour qu’on le rémunère, qu’il a été co-auteur final d’un article avec monsieur Moore. Ce concept de co-auteur final m’avait interpellé en 2016 et m’avait permis de voir qu’en réalité ce ‘n”tait pas un article mais une communication dans un congrès par poster, ce qui est pas mal du tout mais qui ne correspond pas, dans les sciences du vivant à une véritable publication revue par les pairs.

Voici la réponse de Brian Moore

Traduction « Idriss a travaillé un court moment dans mon laboratoire en tant que bénévole non payé. Son travail a servi de base à l’abstract (résumé scientifique) d’un papier présenté à un séminaire de l’Acoustical Society of America. Ce travail n’a aps donné lieu à un véritable article scientifique. le travail en MEG n’a pas été fait avec moi. Il peut avoir été fait dans le laboratoire du prof. Lorraine Tyler. »

 

Nous avons également contacté Lorraine Tyler, avec qui Idriss Aberkane aurait pu faire de la recherche lors de son deuxième passage en 2009. Et nous avons sa réponse.

 

Traduction « Idriss était dans mon laboratoire. Pour autant que je m’en souvienne, ce fut une visite très brève. J’ai bien peur de n’avoir aucun souvenir de la recherche qu’il a pu faire, ce qui pourrait bien vouloir dire quelque chose. Les éventuelles traces de tout cela sont dans mon laboratoire om je ne travaille pas actuellement. Je me souviens qu’il était « visitor ». Si je trouve quoi que ce soit de concret, je vous le ferai savoir.  »

 

Conclusion

Ces informations me semblent suffisante pour établir qu’Idriss Aberkane raconte des sornettes monumentales. Dans le même temps, il accuse tout le monde de mentir, bien entendu, parce qu’admettre son baratin, ce serait renoncer à la raison même de son succès auprès de son public, et de ses revenus : il est génial, brillant, polymath, hyperdocteur. 

Maintenant vous devez décider à qui vous accordez votre confiance ; personne ne peut le faire à votre place. Mais rappelez-vous que si vous avez l’impression que les humains sont vraiment des moutons qui croient n’importe quoi, il faut accepter de se souvenir que vous aussi vous êtes un humain, que tout le monde peut se tromper, que nous pouvons tous nous faire avoir par un beau parleur. Ils existent depuis la nuit des temps, et maintenant ils sont sur LinkedIn, YouTube, Twitter.

Je vous invite à douter de tout ce que je viens de dire, cela vous motivera à aller vérifier par vous même.

__________________

Epilogue

Le 25 février, Idriss Aberkane réagit sur Twitter de cette manière.

 

Ce qui suscite quelques questions :

En faisant cela Idriss Aberkane apporte sa validation personnelle à l’authenticité des mails de Brian Moore diffusés ci-dessus. Une authenticité que j’aurais par ailleurs été dans l’incapacité de prouver à tous ceux qui auraient choisi de m’accuser de les avoir inventés. Le manque d’intelligence d’une telle réaction est assez inespéré. Depuis le 25 février, Idriss Aberkane s’est récyclé en expert de géopolitique et fait des lives très suivis où il « analyse » la crise ukrainienne avec la même pseudo-autorité qui a accompagné ses élucubrations sur la pandémie. Désormais, il fera son beurre sur la guerre, une situation où la désinformatione st encore plus nocive que lors d’une épidémie

 

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    6. — Conférence d’Idriss Aberkane – Fact checking
    7. — Bullshitez votre cerveau et libérez votre bullshit : La méthode Aberkane et l’effet « Gourou inverse ».
    8. — Masterclass en imposture : Idriss Aberkane & Didier Raoult
    9. — Le CV Hypertruqué d’Idriss Aberkane
    10. — Le bluf et le deshonneur d’Idriss Aberkane
    11. — Le LEGENDAIRE Idriss Aberkane
    12. — IDRISS J. ABERKANE : Le cas de la thèse en littérature comparée
    13. Enquête financière sur les entreprises d’Idriss Aberkane
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Acermendax

Très à la mode, la biodynamie n’est peut-être as ce que vous croyez. En connaissez-vous l’origine et les principes ?

Dans le format La Tronche est à VOUS, l’antenne est ouverte. Vous pouvez nous rejoindre sur Discord et demander la parole.

Ce soir, 16 février 2002, nous allons parler de Dieu. Et de science. Entendez par là que j’aimerais entendre des gens qui défendent l’idée que la science prouve l’existence de Dieu. Ils sont minoritaires mais ils existent, et s’ils sont très loquaces par écrits, on les entend moins souvent. Quelle joie ce serait que quelques-uns viennent ce soir nous expliquer en direct pourquoi ils ont raison.

Je voudrais aussi entendre des internautes sur la thèse du conflit entre science et religion. Il est devenu classique de nos jours de considérer qu’il n’y a pas de conflit parce que les sciences et les religions auraient des domaines de compétences distincts, ce qui empêche les interférences, ce qui garantit la paix, ce qui balaye les vieilles histoire de Galilée et des victimes de l’intolérance religieuse du temps où la théologie était la première de toutes les sciences et ne souffrait aucune contradiction de la philosophie de la nature.

Bien sûr nous pourrons aussi donner la parole à des sceptiques ou des croyants en l’inexistence de Dieu, le principal but de La Tronche est à VOUS est de multiplier les points de vue, les sensibilités, de souligner les nuances, de montrer qu’on a jamais vraiment fini de faire le tour d’une question compliquée.

Au cours de cette émission, il sera donc question de science. Elle sera conjuguée indifféremment au singulier ou au pluriel, évitons la pédanterie. Dans ma bouche, il s’agit de la démarche d’exploration du réel répondant à l’excellente définition de Yves Gingras ici même sur notre chaine (TenL106 « Peut-on encore se fier à la science ?« ) : « Faire de la science, c’est rendre raison des phénomènes par des causes naturelles. »

Une fois cette définition posée, vous comprenez immédiatement que si Dieu est un être surnaturel, on va avoir au moins quelques difficultés à le faire coïncider avec le concept de science.

 

Il sera question de Dieu, et cela ne doit pas être confondu avec la question des religions. Le concept de religion lui-même est hyper discutable, difficile à définir, généralement mal employé (Cf le livre de Daniel Dubuisson « l’invention des religions »). Mais la question de la religion est évidemment connexe, et on pourra si vous le souhaitez aborder le problème de la compatibilité entre adhésion religieuse et littératie scientifique (Cf livre de Benjamin Germann « Les obstacles de la pensée religieuse à l’apprentissage des sciences »).

Je voudrais rappeler que les mouvements rationalistes, sceptiques, de libre pensées se sont construits dans le passé en bonne partie en opposition au dogmatisme religieux, à l’autorité intellectuelle, morale, apodictique des Ecritures, au poids qu’exerçait sur la société un pouvoir qui se revendiquait de droit divin. Le rapport au religieux est donc historiquement l’un des plus importants de l’histoire de la pensée critique. Et pourtant dans le paysage de la zététique ce thème est quasiment absent. On parle bien sûr de paranormal, de plus en plus de pseudosciences, un peu de spiritualité, mais quasiment rien sur Dieu et la religion. Or, je pense qu’on a besoin de faire circuler les idées du scepticisme en ce domaine qui touche de nombreuses personnes et qui partout ou presque n’est traité que par des croyants.

Une citation pour finir cette introduction : Arthur Schopenhauer dans Sur la religion : « On ne peut servir deux maîtres à la fois : donc, ou la raison, ou l’Écriture. S’asseoir entre deux chaises, se nomme « juste milieu ».» Doit-on donner tort à l’auteur de L’art d’avoir toujours raison ?

 

NB : Le 1er mars, ne manquez pas L’entretien avec Olivier Bonnassies, co-auteur de « Dieu, la Science, les preuves »

En réponse à nos deux vidéos démontant sa rhétorique manipulatoire et le trucage de son CV, sans me nommer, peut-être par lâcheté, Idriss Aberkane a répondu par plus de mensonges (sur la nature et la valeur de ses publications et de ses stages) par l’esquive (sur la composition de ses jurys, sur la non reconnaissance d’un de ses doctorats, sur son statut « d’officier de marine ») et par l’injure : nous sommes (je suis ?) des chiens, des escrocs, des putaclics, des déséquilibrés racistes, des intriguants racistes…
Depuis 7 ans je me fais insulter tous les jours, je n’ai jamais porté plainte pour diffamation ; peut-être faudrait-il changer de stratégie (un avocat volontaire dans la salle ?)
Dans sa vidéo du 13 février intitulée « Je BALAYE quelques youtubeurs racistes et putaclic » Idriss Aberkane déclare en substance « Depuis 2014 j’atteste sur l’honneur que je n’ai jamais menti. La preuve que je dis la vérité c’est que personne ne m’attaque en justice pour fausse déclaration sur l’honneur. »
Ma réponse en vidéo :

 

Attestation sur l’honneur ?

  • J’atteste sur l’honneur que monsieur Idriss J Aberkane a truqué son CV, maquillé la vérité, menti sur son parcours et manipulé son auditoire pour passer à la télévision, vendre des livres et faire des conférence à plus de 10k€ qu’il n’aurait jamais été invité à faire s’il n’avait fait miroiter une excellence scientifique qui n’est qu’un mirage.
  • J’atteste sur l’honneur que le H index de monsieur Aberkane, à ce jour strictement égal à zéro, signifie que son apport à la science est totalement négligeable, conformément à un critère défendu haut et fort par Didier Raoult.
  • J’atteste sur l’honneur que le CV d’Idriss Aberkane, truqué, fait rigoler les chercheurs en neurosciences cognitive et que ses prétentions concernant la conjecture de Syracuse font pouffer les mathématiciens de profession.
  • J’atteste sur l’honneur que je trouve pathétique d’être traité de chien, d’escrocs de déséquilibré raciste par monsieur Aberkane qui montre un bien mauvais exemple à des dizaines d’internautes si plein d’autonomie intellectuelle qu’ils viennent réciter cet angélus sur mes pages. Pour ma part, je le redis n’allez ni harceler ni insulter monsieur Aberkane s’il vous plait.

Si les propos de Monsieur Aberkane sur la valeur d’une déclaration sur l’honneur sont exacts, je viens de lui donner les moyens de m’attaquer en justice.

 

J’ajoute, en attestant sur l’honneur que la justice Suisse enquête depuis un an sur des soupçons de gestion déloyale de la part de monsieur Aberkane, telle que dénoncé par ses associés. J’atteste sur l’honneur qu’un comité d’éthique est saisi pour statuer sur une accusation de plagiat concernant l’un de ses trois manuscrit de thèse. Evènement rare. Evénement grave.

 

Mais en fait rassurez-vous l’attestation de monsieur Aberkane n’a aucune valeur, et donc la mienne non plus.  Soit il ne le sait pas et c’est bien bête et présomptueux de sa part de parler sans savoir. Soit il le sait, et il bluffe en comptant sur la bêtise / l’ignorance de son public pour ne pas s’en apercevoir. Je vous ai déjà dit qu’il vous prenait pour des cons.

 

Dans sa réaction aux analyses critiques fournies sur cette chaîne, Monsieur Aberkane se contente de réciter la version 2022 de ses mensonges curriculaires — qui est différente de la version 2016, demandez-vous pourquoi— sans donner aucune source ni répondre dans le détail aux démonstrations de mensonge qu’il a proférés en vidéo, ni sur ses publications prétendument scientifiques, ni sur la composition des jurys de ses thèses, ni sur son absence de post-doctorat. Il ne mentionne jamais mon nom quand il se livre à des injures, c’est prudent de sa part. Et lâche aussi, un peu. Depuis 2016 j’ai écrit des articles et maintenant trois vidéos, dans lesquels je l’accuse nommément de mentir, d’être malhonnête, de ne pas avoir de carrière scientifique contrairement à ce qu’il veut affirmer pour continuer de vendre ses conseils de coach.

Dans cette situation, comment se fait-il qu’il n’attaque pas en justice, depuis 6 ans, lui si prompt à affirmer que c’est ainsi qu’on démontre qu’on a raison ?

Ne faisons pas semblant de ne pas voir qu’il patauge dans la tartufferie, niveau Jérôme Cahuzac.

 

Idriss Aberkane exerce de l’influence. Il ment sur des questions scientifiques et sanitaire. Il porte atteinte à la crédibilité des sciences qui est un bien commun. Il porte atteinte à l’honneur de tous ceux qui osent contredire ses mensonges et prétentions. Ces raisons sont suffisantes pour que je décide de prendre la parole. Ses afficionados vont continuer de m’insulter et de me menacer, mais je veux croire que de la même manière que nous avons réussi il y a quelques années à le mettre hors des circuits des médias mainstream où il adorait se pavaner (et que maintenant il conspue) nous allons réduire l’attrait qu’il exerce sur des gens honnêtes, curieux, qui cherchent juste à penser out of the box et s’engouffrent dans ses récits sans se douter de sa nature de wanabe gourou.

 

Je finirai en répétant que je n’ai jamais mesuré la qualité d’une personne à son parcours académique, contrairement à Monsieur Aberkane. En revanche je considère que le mensonge et la manipulation vont de pair avec une petite, minuscule, humanité qui m’inspire un mépris en proportion inverses.

Chers amis je compte sur votre soutien, sur votre envie de nous aider à démontrer ce qui est vrai et ce qui est faux. Par exemple si vous avez des amis à Stanford ou à Cambridge, peut-être pourront-ils nous aider à savoir quel travail scientifique Idriss Aberkane a produit chez eux. N’hésitez pas à venir m’en parler.

 

Acermendax

 

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    13. Enquête financière sur les entreprises d’Idriss Aberkane
    14. Idriss Aberkane a-t-il piégé l’Express ?

Un diplôme n’est pas indispensable pour avoir une parole pertinente. Un doctorat en science n’est pas obligatoire pour tenir un propos valable et intéressant sur un sujet scientifique. Un autodidacte qui sait sourcer ses affirmations peut être plus fiable qu’un chercheur titré mais biaisé. Bref, un CV ne prouve pas grand-chose.

Mais nous devons apprendre à muscler notre vigilance pour reconnaître les petits malins qui revendiquent des titres universitaires, des expertises, une supériorité académique et intellectuelle au nom de laquelle ils rabaissent tous les autres. C’est souvent très mauvais signe. Quand on est un chercheur reconnu dans un domaine, on n’a pas besoin de passer son temps à répéter qu’on est un chercheur reconnu.

Celui qui passe son temps à rappeler qu’il est tellement brillant que ses mots sont forcément dignes de notre attention, de notre temps, est en réalité en train de pirater notre cerveau.

 

1.   L’Essor médiatique

Cette vidéo sur le CV d’Idriss Aberkane existe uniquement parce que ce CV est la pièce maitresse de la communication de ce monsieur depuis le début. Moi, a priori, je m’en fous de son CV, ce n’est pas ça qui nous renseigne sur la véracité de ses propos. Mais eux problèmes se posent :

S’il ment sur son CV, alors on est obligé de revoir la confiance qu’on accorde à tout ce qu’il dit. Comme disent les latins : « Semel mendax, semper mendax » (menteur un jour, menteur toujours)

Deuxième problème : s’il insiste autant sur son CV, s’il en fait l’ingrédient de base du produit Idriss Aberkane™, c’est que c’est effectivement important. Par respect, je propose de prendre cela au sérieux, même si je préfèrerais consacrer mon temps à autre chose.

 

Revenons en 2015. Je découvre Idriss Aberkane dans une courte conférence sur le biomimétisme et je me dis que c’est quelqu’un de très intéressant, qui parle bien et qu’il faudra suivre parce qu’il semble vouloir mettre en avant la science et le formidable gisement de connaissance qu’est le vivant, deux choses qui entrent en résonnance avec mes propres valeurs puisque je travaillais avec l’équipe de la Tronche en Biais depuis presque deux ans.

A cette époque, sur Twitter Idriss Aberkane a 10.000 abonnés, il a pour bannière l’argument de son livre « Traité de neurosagesse pour changer l’école et la société », il se dit Hyperdoctor et polymath et glisse le arobase du journal Le Point qui appartient au milliardaire François Pinault[1] .

  • Hyperdoctor est un mot qu’il a inventé pour dire qu’il est plus docteur que les autres.
  • Polymath est carrément le synonyme de génie.

Petite faute de goût : il n’a pas pensé à ajouter qu’il était modeste. Rien de tout cela ne nous montre que monsieur Aberkane ment. Il peut simplement avoir besoin de se vanter publiquement pour des raisons personnelles. On ne juge pas.

Mais dès ma deuxième rencontre avec sa parole mes alertes zététiques ont frétillé. Je ne sais plus quel était le contexte : une autre conférence, une émission ou un billet. A l’époque on pouvait le croiser partout : à la télévision :  Les Extra-ordinaires sur TFI, E=M6, Le grand journal Canal + ,On n’est pas des pigeons sur France 4 (lol), BFM TV, France 5 la quotidienne, France 2 télématin, mais aussi à la radio : France inter, Europe 1, Atlantico, Radio 702 en Afrique du Sud, etc.

Et à chaque fois on nous rappelle que ce « consultant international » a 3 doctorats (littérature, « neurosciences cognitives », « diplomatie ») serait « professeur d’économie de la connaissance », « professeur à Centrale Supélec, chercheur à Polytechnique, chercheur affilié à Stanford », mais aussi « interne à Cambridge ». Rendez-vous compte qu’il a fondé plusieurs sociétés (formation, jeux vidéo, microcrédit), dirigé « plus d’une vingtaine de thèses de Master » et donné à travers le monde « plus de 160 conférences sur quatre continents ». Cerise sur le gâteau, il est l’auteur d’un livre à succès chez Robert Laffont pour vous aider à libérer votre cerveau. Et il n’a même pas 30 ans.

En somme, chaque passage médiatique se fait sous les lauriers de ses scintillants titres académiques. Il joue de l‘argument d’autorité à fond pour le plus grand plaisir des émissions et journaux qui le croient ou tournent son récit à leur avantage ; comme Le Point qui appartient au milliardaire François Pinault[2]. Sa renommée actuelle, Idriss Aberkane la doit aux médias d’il y a 5 à 7 ans qu’il a su séduire.

Lors de cette deuxième écoute en 2015, je me rends compte que je me suis fait avoir. Je lui ai accordé du crédit, comme beaucoup de gens, comme vous peut-être et je dois réévaluer mon opinion parce que derrière la posture, les phrases stéréotypées et séduisantes, le name dropping impressionnant, la mise en avant de son parcours académique digne d’une Mary Sue[3] de fanfiction, il reste peu de place pour la science, l’analyse et les vraies connaissances. A cette époque la page Wikipédia d’Idriss Aberkane est une véritable tribune publicitaire, à tel point qu’elle sera supprimée le 11 novembre 2015[4]… Monsieur Aberkane avait beaucoup protesté et demandé à ses fans d’aller le défendre sur le site de l’encyclopédie. Cela veut dire qu’il soutenait publiquement la véracité des informations visibles sur cette page. Or, nous verrons qu’il y avait des mensonges.

 

En 2015-2016 pour savoir quoi penser d’Idriss Aberkane, vous aviez sa présence médiatique héroïque, les éloges émotifs des journalistes de plateau impressionné par ses référence … Et la parole inaudible de nombreux chercheurs qui avaient immédiatement repéré l’imposture mais que personne n’écoutait. Les quelques blogs et compte twitter plutôt modestes de chercheurs critiques ont d’ailleurs fait l’objet d’une vengeance d’Idriss Aberkane qui a tenté de les faire censurer en 2018 avec l’aide de son éditeur Robert Laffont.

Exemple de blog : « Les dangers de la poudre aux yeux » par Thibault Charron[5].

 

En somme la presse était unanime en 2016, tout comme elle l’est aujourd’hui. Monsieur Aberkane était un véritable génie alors, il est un manipulateur complotiste maintenant. Si cela vous inspire de la méfiance envers l’avis des médias, je vous comprends. Il va donc falloir travailler un peu. Je vais vous accompagner pendant vos recherches sur la véritable histoire de monsieur Aberkane, sa crédibilité, derrière les manchettes de journaux et les effets de manche sur Youtube.

 

2.   C’est important un CV ?

Un curriculum vitae est un outil professionnel. C’est un document qui permet de voir si vous maîtrisez les codes d’une profession, si vous avez les bonnes références, si vous avez su vous créer du réseau et si votre parcours atteste certains savoirs et compétences. Je ne suis pas capable d’évaluer la qualité d’un CV de pilote de ligne, d’une chirurgienne ou d’un analyste économique. Et il est probable que vous non plus. Je me fie aux gens du métier, ils sont les mieux placés pour lever un loup, poser la question pertinente qui distingue le profil authentique du fake.

Dans le monde de la recherche, par exemple, que je connais mieux que celui des compagnies aériennes ou de la finance, vous ne trouverez pas d’expert renommé ayant validé trois doctorats en trois ans. Ça n’arrive pas, parce que ça n’a aucun sens, parce qu’un doctorat est censé vous occuper à plein temps pendant trois ou quatre ans. C’est un diplôme qui sanctionne un investissement massif de temps, d’énergie, d’attention, de travail pour poser une problématique et effectuer les travaux de recherches qui permettent d’apporter des réponses, de les faire connaître, et de produire de nouvelles questions. À la fin d’un bon doctorat en sciences du vivant — le domaine en dehors duquel mes compétences décroissent rapidement, mais dans lequel je sais reconnaître un champion d’un dilettante— à la fin d’un bon doctorat le docteur a écrit au moins 3 articles de recherche publiés dans des revues à comité de lecture dont au moins un dans une revue dont l’impact factor est dans le premier quartile de son champ de compétence. Les très bons font 7 ou 10 papiers, et ceux qui sont moins chanceux ou ont moins de ressources, n’en ont qu’un. Avec zéro article on n’est pas censé être autorisé à soutenir par une École doctorale, et on ne devient pas docteur.

 

Mais être docteur diplômé, ça n’est pas être chercheur. Pour faire carrière dans la recherche il faut ensuite trouver des emplois à durée déterminés appelé post-doctorats dans des équipes réputées quelque part dans le monde, vous y faire un réseau. Et surtout publier avec ces équipes. Après plusieurs années d’itinérance, si vous avez de la chance, vous pourrez postuler dans une université ou un centre de recherche et être classé premier parmi vingt ou quarante candidats. Devenir chercheur, c’est beau, c’est compliqué, c’est un peu ingrat, c’est en tout cas le métier qu’il faut exercer pour se dire spécialiste en neurosciences cognitives par exemple.

Or, nous allons voir que monsieur Aberkane, depuis le début, n’a pas le profil d‘un chercheur mais celui d‘un coach en développement personnel. Ça n’est grave, je ne suis pas là pour lui reprocher son absence de carrière scientifique. Si je fais cette vidéo c’est parce que monsieur Aberkane exerce de l’influence, désinforme son public comme nous l’avons vu dans la vidéo précédente… Et mythonne comme si sa vie en dépendait. Puisque tant de gens veulent absolument croire à ses sornettes, j’estime utile d’expliquer pourquoi il vaudrait mieux s’en abstenir.

 

Parenthèse : Si le contenu de cette vidéo ne vous plait pas, vous avez le droit de citer ce qui est dit et de nous expliquer en commentaire en quoi ce serait faux ou trompeur, ce serait très utile. Si je me trompe, je veux qu’on me le dise. Mais si votre réaction se limite à dire que je suis jaloux, mal intentionné, méchant, stipendié, lâche, juif, franc-maçon, pédé, macronien (lol) voire même bête… Non seulement je m’en remettrai mais vous vous faites du mal et ne rendez pas service à Monsieur Aberkane qui passe pour un gourou défendu par des ahuris incapables de tenir un discours argumenté. S’il vous plait pour votre bien, argumentez. Fin de parenthèse.

La section commentaire est ouverte, ici comme sur la Tronche en Biais. Ce n’est pas le cas sur la chaine de Didier Raoult. Vos critiques ne sont pas censurées, sauf par YouTube et son algorithme légèrement débile, parce que nous voulons que les gens voient le niveau de la contradiction que vous apportez à nos contenus.

 

3.   Examen du CV

Version 2016 en français : https://web.archive.org/web/20160823165903/http://idrissaberkane.org/index.php/cv/

Le CV en anglais : https://t.co/bpuIA1EGt0

 

Lorsqu’on se trouve face à un curriculum vitae dont le contenu est remis en cause par diverses personnes, la bonne réaction est de se donner les moyens de vérifier l’adéquation entre ce document et les faits tels qu’ils sont vérifiables auprès des sources les plus solides. C’est un peu laborieux, mais nous allons faire ça ensemble, venez.

Je vous laisse le soin de regarder la version 2022 du CV de monsieur Aberkane, nous allons, nous, travailler sur celle de 2015-2016, c’est-à dire celle qui circulait au moment où il s’est fait connaître, et donc le document qui lui a servi de sésame dans les médias.

 

·      Bac mention très bien.

·       « DEUG, Biologie théorique, option Chimie, mention Très Bien.»  Université Paris Sud

Il a fourni des copies de ces diplômes. Rien à dire. C’était certainement un bon élève.

 

·      Entré en Biologie (promotion ENS Bio ’05)

Vrai. Pour être précis, il a été admis à préparer le diplôme de l’ENS sur dossier, non sur concours, ce qu’il ne dit jamais.

 

·      L3, M1, M2, spécialisé en neurosciences cognitives:

Vrai et faux.

Il est vrai qu’il a eu une L3 en biologie, puis un M1 en sciences cognitives (Cogmaster), dans la filière neurosciences cognitives. En revanche il est faux qu’il ait obtenu un M2 de l’ENS, que ce soit en neurosciences cognitives (comme indiqué sur son CV) ou en Systems Biology (comme indiqué sur Linkedin).

Vérification faite auprès du Service des Admissions et des Etudes de l’ENS, Aberkane n’a pas effectué de M2 à l’ENS. Il n’a donc pas de diplôme de master issu de l’ENS. Il n’a pas non plus obtenu le Diplôme de l’ENS. Il ne figure pas sur l’annuaire des anciens élèves de l’ENS, ni sur la liste des anciens élèves du Cogmaster.

Corrigé dès 2016, le CV indique comme M2 le master AIV.  Cette précision a le mérite d’être correcte, si ce n’est qu’elle est toujours placée fallacieusement sous la catégorie Ecole Normale Supérieure, alors qu’il s’agit d’un master de l’université Paris Diderot, qui n’est pas co-habilité par l’ENS. Idriss Aberkane continue donc à revendiquer à tort un diplôme de master de l’ENS.

 

·      Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales – Cogmaster, coaccrédité avec l’ENS.

C’est à la fois, vrai, faux et redondant.

Il est vrai qu’il a validé le M1 du Cogmaster, mais il s’agit de la même formation que celle citée sous l’entrée ENS (le master est co-habilité par l’ENS, l’EHESS, et l’université Paris Descartes). Elle n’a donc pas à constituer une ligne supplémentaire sur un CV. Et il reste bien sûr faux qu’il ait validé le M2 et obtenu le diplôme de ce master.

 

·      École Militaire — Préparation Militaire Supérieure – Officier de Marine, spé: Etat-Major, Relations internationales.

Ça en jette. Mais qu’est-ce donc ?

« La PMS Etat-major est destinée aux étudiants et jeunes diplômés de niveau Bac+3 validé minimum. Elle s’articule en 12 conférences dispensées à Paris et réparties sur une année scolaire (12 samedis). La formation est complétée par une formation pratique de 5 jours dans un port militaire. Elle se déroule pendant les vacances de printemps. »

Source : le site La marine recrute[6].

 

En somme cette formation est un stage découverte de deux semaines pour ceux qui souhaiteraient s’engager dans l’armée comme officier ou sous officier. Ce que n’a pas fait monsieur Aberkane.

Monsieur Aberkane appelle ça « Ecole militaire » mais en réalité une école militaire forme des militaires préalablement engagés (de carrière ou sous contrat). L’intitulé est donc impropre, surtout avec la mention « Officier de marine ». Un officier de marine, c’est 5 ans de formation, pas 17 jours. Si Monsieur Aberkane juge important de mentionner cette formation, le bon intitulé est « officier de marine de réserve », il détient bien ce titre-là.

Sans doute que les gens de l’armée qui regardent cette vidéo apprécieront moyennement cette désinvolture.

Nous allons arriver au plat de résistance avec les trois fameux doctorats, mais avant cela une petite mise au point.

 

4.   Oh, ça va, tout le monde le fait !

Démontrer la malhonnêteté d’un CV peut sembler impertinent aux yeux de ceux qui admirent le discours et qui ne voient aucune raison de le remettre en question, même quand se font jour des raisons de douter de l’honnêteté intellectuelle du concerné. Cela signifie que la parole en question est évaluée à l’aune de l’assentiment quelle inspire (y compris à des gens érudits et intelligents) plutôt qu’à celle de la véracité qu’elle peut légitimement revendiquer. En d’autres termes on est un peu trop tentés de raisonner avec nos sentiments, et ça nous conduit à dire des conneries comme :

« Oui, oh tout le monde optimise son CV ».

J’ai lu ça cent fois en défense de Monsieur Aberkane. Eh bien non, tout le monde ne maquille pas son CV pour faire croire qu’on a occupé un poste imaginaire. Celui qui ment sur ses compétences cherche à prendre la place de plus compétent que lui, à attirer une attention qu’il ne mérite pas. Il y a sans doute des gens très brillants que vous n’avez jamais vu à la télé et que dont n’entendrez jamais les idées à la radio parce qu’Idriss Aberkane a pris toute la place.

Le monde autour de vous est rempli de gens qui ne sont même pas effleurés par l’idée de tricher sur leur CV. Mais si vous trouvez ça normal de pipeauter, je vous en prie dite le bien fort à visage découvert pour que tout le monde puisse vous voir. Et en tirer les conséquences.

 

5.   Les trois doctorats

 

Quelle information Idriss Aberkane nous donne-t-il sur ses trois doctorats ?

·      Docteur en Diplomatie et Noopolitique. Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques de Paris (2013).

Si vous voulez plus de détails, un article de fact-checking vous attend sur la Menace théoriste[7].

En résumé le Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques de Paris n’est pas habilité à délivrer le doctorat en France. Vous vous y inscrivez, vous payez les frais et vous finissez avec un PhD qu’aucune université ne reconnaîtra mais qui peut faire cool sur une carte de visite.

Pour soutenir une thèse, il faut avoir un jury d’universitaires, des spécialistes de votre discipline qui peuvent attester que votre travail répond aux standards attendus de la communauté scientifique.

Pour ce PhD dont nous ne pouvons lire que le résumé et la couverture et qui n’apparait dans aucune base de données, les membres du jury sont :

  • Un certain professeur Mahmoud M. Musa dont la spécialité n’est pas précisée et qu’on ne retrouve nulle part sur Internet, sur aucune publication scientifique… Sauf s’il est médecin à Detroit[8], mais pour une thèse en diplomatie c’est étrange. Monsieur Musa a par ailleurs figuré parmi la liste des professeurs du CEDS, c’est-à-dire l’établissement privé qui donne le diplôme.
  • Le deuxième membre du jury affiché, Michael J. Strauss, serait professeur de géopolitique et de relations internationales… Au CEDS. Pas de trace de ce monsieur sur Google Scholar. Il semble n’avoir pas produit de travaux scientifiques.
  • Troisième et dernier membre du jury, Paul Bourgine, est directeur de recherches au CNRS. C’est le seul à avoir un statut universitaire clairement établi. En revanche, sa compétence sur le sujet de la thèse paraît moins évidente puisqu’il est biologiste.

Trois membres pour un jury de thèse, c’est peu, a fortiori quand deux sur les trois sont internes à l’institution (la plupart des universités imposent un nombre ou une proportion minimale de membres extérieurs, pour assurer une évaluation un minimum indépendante).

Bref, s’il est probable (au regard des nombreux articles déjà écrits) qu’Aberkane ait pu soumettre le mémoire de 300 pages nécessaire pour soutenir une thèse selon les critères du CEDS, la réalité et la valeur du diplôme de PhD revendiqué sont hautement douteux.

Dans la section commentaire de l’article que j’ai rédigé en 2016 un message de l’Agence Bibliographique de l’Enseignement Supérieur a apporté les informations suivantes :

« Pour information, le site theses.fr est un site ministériel qui recense l’ensemble des thèses de doctorat soutenues en France. Les données de theses.fr se veulent exhaustives, mais sont sous la responsabilité des établissements de soutenance. (…) La page de M. Aberkane signale deux thèses de doctorat : http://theses.fr/183588231, celle de 2014 (http://theses.fr/2014STRAC005) et celle de 2016 (http://www.theses.fr/2016SACLX005). La thèse de 2013 n’est donc pas une thèse de doctorat aux yeux de l’Etat français. Il existe néanmoins d’autres types de thèses, qui n’ont pas valeur de doctorat : thèse d’exercice pour les médecins, thèses de l’Ecole des chartes, thèses de doctorat « canonique » de l’Institut Catholique de Paris, etc. »

·      Docteur en Etudes méditerranéennes et Littérature comparée. Université de Strasbourg (2014).

Exact.

Notons que l’on retrouve Paul Bourgine dans le jury, bien que sa compétence en littérature comparée ne soit pas plus attestée qu’en relations internationales. Le jury a été présidé par Pierre Collet, un professeur en informatique dont la compétence sur ce sujet est tout aussi mystérieuse.

Je n’ai pas trouvé de publication scientifique issue de ce travail doctoral. C’est au minimum alarmant.

 

·      Docteur bidisciplinaire en Neurosciences cognitives et Economie de la connaissance. Ecole Polytechnique Université Paris Saclay (2016).

Un peu comme les Bogdanoff, Idriss Aberkane se prévalait de ce doctorat avant de l’avoir, par exemple dans Ouest France dès 2015[9].

Premier problème, ce doctorat a été défendu dans la discipline « Sciences de gestion », comme l’indique le diplôme que Monsieur Aberkane a mis en ligne sous la pression des contestations. La notion de doctorat bidisciplinaire est donc fantaisiste et le nom des disciplines citées correspond plus à une description par l’auteur du contenu de sa thèse que des disciplines officielles qui n’existent ni l’une ni l’autre au sein de cette école doctorale.

Cette fois Paul Bourgine est co-directeur de la thèse. On retrouve Pierre Collet dans le jury.

 

Il est très étonnant que trois thèses soient soutenues à si peu d’intervalle, ce qui interroge sur la quantité de travail réellement fournie dans ces projets de recherche. Il est étonnant de retrouver un chercheur comme Paul Bourgine dans un jury de thèses n’ayant rien à voir avec son domaine. Il est très étonnant que cela se produise trois fois, et avec le même doctorant.

Mais pire que tout, il existe un critère pour évaluer la qualité d’une thèse, je vous en ai parlé, c’est le nombre de publications. Je ne suis pas en mesure de vous dire si une thèse en « Etudes méditerranéennes et Littérature comparée » est de bonne qualité. Si vous le pouvez alors consultez la thèse que monsieur Aberkane  a soutenu à l’Université de Strasbourg et dites-nous ce qu’il en est. Il n’y a aucune raison non plus que vous vous fiez à mon avis sur le doctorat en sciences de gestion de monsieur Aberkane. Si vous n’êtes pas expert du domaine, vous ne savez pas ce qu’elle vaut. Pour en avoir une idée, il faut s’en référer à ce que dit le monde de la recherche.

Le monde de la recherche exerce un contrôle sur les chercheurs via le système des publications scientifiques. Si vous avez un ou une docteur autour de vous demandez-lui comment ça marche.

Comme je vous l’ai dit plus tôt une thèse de doctorat en science est considérée valable, digne d’être soutenue, et porte d’entrée vers une carrière de chercheur si et seulement si le doctorant a publié au moins un article dans une revue scientifique à comité de lecture. Tous les doctorats ne sont pas de grande qualité, il y a des docteurs médiocres, il y en d’excellents et ce qui les distingue c’est la qualité et la quantité de leurs publications.

Et là les choses sont extrêmement simples. On peut émettre un jugement objectif grâce à ces critères imparfait mais acceptés par tout le monde. Quel est le verdict ? On n’a pas rendu service à Idriss Aberkane en l’autorisant à soutenir trois doctorats pour lesquels il n’a pas publié un seul article scientifique.

On ne trouve aucune trace d’Idriss Aberkane dans les bases de données du monde académique, sur Scholar, science direct, Pubmed ou scopus : il est inexistant pour le monde académique.

Les youtubeurs qui vulgarisent les sciences sans se prétendre plus malins que vous ont pour la plupart réellement publié des articles, c’est-à-dire contribué à produire de la connaissance. Idriss Aberkane n’a jamais produit de connaissance scientifique de sa vie.

 

6.   Trois doctorats pour quoi faire ?

Avoir trois PhD et zéro article scientifique, c’est un exploit, il est peut-être le seul en France à avoir réussi cela, et cela fait de lui, non pas un mauvais chercheur, mais quelqu’un qui n’a strictement aucune chance d’être recruté et de devenir ne serait-ce qu’un mauvais chercheur.

Il se vante d’avoir été interne à Cambridge en 2006 et 2009. Si c’est vrai il s’agit de stage de licence. « Interne » ça veut dire stagiaire. Il a peut-être passé quinze jours sur place, en tout cas il n’a publié aucun travail lors de ces deux passages ; êtes-vous étonné ?

Il se vante d’avoir été « visiting scholar » à l’université de Stanford en 2007. Aucun problème, cela veut juste dire qu’il était un étudiant venu sur place par ses propres moyens auquel on accordait le droit d’utiliser la bibliothèque. Du reste, il n’a pas profité de ce passage pour publier quoi que ce soit. Evidemment.

Mais son grand talent d’auteur est de tourner tout cela dans un document où il met en avant les noms de Stanford et Cambridge avec des termes anglais qui sonnent flou et laissent penser les non scientifiques qu’il y a exercé le métier de chercheur.

On pourrait continuer longtemps et constater que malgré 3 doctorats, Idriss Aberkane se fait remettre à sa place par l’Ecole Polytechnique qui dément le statut de professeur dont il se vante sur son CV, sur LinkedIn et dans les médias.

Malgré trois doctorats, quand il se dit affilié au CNRS, on ne le trouve nulle part dans l’annuaire du Centre qui pourtant comprend même les personnels des universités qui font leur recherche dans un labo où le CNRS est seulement partenaire.

Malgré trois doctorats Centrale Supelec est obligée de démentir officiellement monsieur Aberkane qui se disait enseignant-chercheur chez eux.

Ne me croyez pas sur parole, consultez Wikipédia, vous y trouverez des sources

  

7.   Que dit Wikipédia ?

Article Idriss Aberkane. Section  « Controverse sur son curriculum vitae »

« En octobre 2016, Idriss Aberkane se présente encore comme « consultant International titulaire de trois doctorats ayant donné plus de 160 conférences sur quatre continents, dont cinq TEDx, et créé trois entreprises en France et en Afrique »22. La Une du Point (qui appartient au milliardaire François Pinaut) le présente comme « chercheur à CentraleSupélec et à l’École polytechnique […] également affilié à l’université Stanford et au CNRS », précisant être « enseignant-chercheur à Paris-Saclay via CentraleSupélec »12. Ce CV « hors norme » est généralement mis en avant lors de ses interventions télévisuelles, par exemple dans l’émission Actuality du 12 octobre 2016 où Thomas Thouroude le présente comme « enseignant-chercheur à l’École polytechniquedocteur en neurosciences »12. Le 25 février 2015 il est présenté comme « professeur à Centrale-Supélec, chercheur à Polytechnique » lors de son audition officielle par le Conseil économique, social et environnemental puis de nouveau en séance plénière lors de la restitution de l’avis de ce conseil.

Toutefois, l’existence de ces titres est démentie officiellement par Polytechnique, qui précise qu’il est titulaire d’un doctorat de l’université Paris-Saclay préparé à l’École polytechnique, mais qu’il n’est pas enseignant-chercheur chez eux23. CentraleSupélec indique qu’il travaille chez eux en qualité d’intervenant en mastère spécialisé Stratégie et développement d’affaires internationales, et non d’enseignant-chercheur titulaire24. Le 25 octobre 2016, Le Monde, à la suite de « plusieurs alertes faisant mention d’erreurs » dans la description du parcours d’Idriss Aberkane, publie un article rectifié faisant un premier point sur le sujet, qui précise entre autres qu’Aberkane n’est pas « normalien » comme annoncé précédemment, mais a été prédoctorant à Normale Sup5.

En novembre 2016, c’est au tour d’articles de L’Express, de Marianne, et de Libération de mettre en cause la véracité de ce curriculum vitæ, « dopé » à des fins promotionnelles, confirmant après vérification auprès des divers établissements qu’Idriss Aberkane n’est ni normalien, ni enseignant-chercheur au CNRS ou à Polytechnique. Il a par contre bien été pendant un an chercheur associé (c’est-à-dire bénévole) au Centre de recherche en gestion de l’École polytechnique, lequel est affilié au CNRS12,25.

Par ailleurs, s’il est souvent présenté comme « neuroscientifique », son doctorat porte sur l’« économie de la connaissance » et il s’agit d’un diplôme en « gestion », non en biologie ni en neurosciences.

Des trois doctorats revendiqués par Idriss Aberkane, deux seulement sont recensés sur la base de données françaises sur les thèses (theses.fr) : une thèse de doctorat en Littérature générale et comparée à l’université de Strasbourg, et une autre en sciences de gestion sur l’« économie de la connaissance »O 3. Aucun n’implique la moindre compétence en « neurosciences ». En outre la composition du jury de sa thèse en littérature est sujette à caution, les professeurs présents n’étant pas spécialistes du domaine abordé10.

Par ailleurs, si cet empilement académique peut impressionner, les scientifiques sont plus critiques : Sebastian Dieguez, chercheur en neurosciences, résume par exemple « trois thèses en trois ans, si ça peut époustoufler des animateurs de télévision et des journalistes, c’est en principe quelque chose de complètement rédhibitoire pour un scientifique »21. Il ajoute « De fait, si un chercheur ou un chef de laboratoire voyait la présence de trois thèses sur le CV d’un candidat, dans la plupart des cas il le rejetterait immédiatement, d’autant plus si le candidat, sur toute la durée de ces « doctorats », n’a pas su produire la moindre publication scientifique. « Avoir » trois thèses n’est absolument pas un gage de compétence, bien au contraire, c’est la preuve qu’on a probablement affaire à un touriste académique, quelqu’un qui n’a ni projet, ni discipline, ni à vrai dire aucun sérieux. De plus, un employeur universitaire, constatant que les trois thèses ont été acquises en moins de trois ans, et sachant qu’une véritable thèse demande à peu près 4 ans de travail assidu dans un laboratoire, aurait à se demander si celles-ci ne sont pas, peut-être, des thèses de complaisance »21.

Fin de citation.

 

8.   Finalement, c’est logique

Quand on a tout cela en tête il n’y a vraiment rien d’étonnant à voir monsieur Aberkane tirer à boulet rouge sur le monde académique et sur la revue par les pairs parce qu’il sait que ce qui est le plus dangereux pour lui c’est que son public soit tenté d’écouter les vrais experts, ceux qui publient, qui travaillent, qui sont prudents et font des choses au lieu de fanfaronner ; parce que dans ce monde-là monsieur Aberkane est clairement identifié pour ce qu’il est et qu’il veut pas que vous voyez : une imposture complète, un gâchis monumental, un tricheur qui a fusillé sa potentielle carrière.

Plus récemment, se piquant de mathématiques, monsieur Aberkane a affirmé avoir prouvé la conjecture de Syracuse, un problème mathématique qui résiste aux plus grands esprits depuis les années 1950. Evidemment, vous vous doutez que cette facétie n’est pas prise au sérieux par les chercheurs en mathématiques, mais si vous voulez y croire, sur la seule foi que c’est Idriss Aberkane qui vous le dit, demandez vous jusqu’où il peut se vanter avant que vous commenciez à vous dire que vous avez misé sur un mauvais cheval.

Je n’ai aucune compétence en mathématique. Mais nous avons en France de vrais mathématiciens, et il est bien possible que je revienne bientôt avec un entretien où un professeur d’université va nous expliquer comment il faut s’y prendre pour démontrer au monde qu’on a prouvé la conjecture de Syracuse.

Vous verrez qu’il en va ici comme d’ailleurs : Idriss Aberkane a juste assez de science, et plus qu’il ne faut de culot et d’abattage pour se jouer d’un public qui a baissé sa vigilance.

 

9.   Conclusion

Le message de la zététique ce n’est pas qu’il faut écouter Untel parce qu’il est docteur en science, mais c’est justement se souvenir qu’il n’existe pas de source de vérité absolue et qu’il y a en définitive deux types de gens dans le monde qui peuvent nous manipuler : ceux qui disent des choses qui nous plaisent, que l’on est motivé à croire, qui nous donnent le sentiment d’être spéciaux… et nous-mêmes.

On ne va pas pouvoir se débarrasser de nous-même (même si on peut apprendre sur nos biais et devenir plus réflexif, prudent, vigilants). Mais on peut faire du ménage du côté de ceux qu’on a plaisir à écouter et je vous propose un raccourci efficace : quand on a la preuve qu’un individu ment à répétition par intérêt personnel, alors on n’a aucune raison de lui faire confiance. Si on accepte de se ranger du côté du menteur parce qu’il dit aussi des trucs sympas, on abdique totalement sa liberté de pensée pour devenir un pion dans la main d’un autre.

La section commentaire de la vidéo précédente en offre l’illustration désastreuse : des centaines de gens viennent nous insulter et dire combien Monsieur Aberkane vaut mieux que nous. Ont-ils des arguments ? Donnent-ils des raisons de douter de notre travail ? Non, ils expriment des émotions, le besoin criant de continuer à le croire parce qu’il leur fournit quelque chose qui leur fait du bien. Idriss Aberkane, imposteur de la science, est aussi un dealer de fake news, un cajoleur addictif. Il intoxique des gens qui par ailleurs sont sans doute des citoyens parfaitement respectables, mais viennent quand même vomir des injures sur notre travail. Et, surtout, ne vous méprenez pas. Si Monsieur Aberkane agit comme il le fait c’est parce qu’il en tire profit.

La bonne nouvelle c’est que vous avez le droit d’être intelligent, d’être autonome et exigeant avec les idées que vous acceptez de mettre dans votre tête.

À vous de jouer, soyez gentil dans la section commentaire. Et si vous soutenez financièrement notre association de promotion de la science et de l’esprit critique, un grand merci.

 

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[1] toujours préciser à qui appartient un journal pour dire implicitement que cette information est pertinente et donc suggérer une forme d’influence est une méthode aberkanienne par excellence

[2] Idem

[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Mary-Sue

[4] https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Idriss_Aberkane&oldid=120388462

[5] https://medium.com/@tibo/idriss-aberkane-ou-le-danger-de-la-poudre-aux-yeux-b4f8b94ce202#.l8qdp5wsw

[6] https://www.lamarinerecrute.fr/metiers-et-formationsvivre-une-premiere-experience/preparations-militaires-et-stages

[7] https://menace-theoriste.fr/idriss-aberkane-fact-checking/

[8] https://health.usnews.com/doctors/mahmoud-musa-2548962

[9] https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/management-idriss-aberkane-29-ans-chercheur-sans-limites-4487066

Idriss Aberkane est crédible parce que c’est un génie. Et c’est un génie parce qu’il faut le croire quand il le dit, vu sa crédibilité. Et quoi de mieux pour défendre sa réputation contre un monde académique qui n’est pas dupe de sa valeur que de voler au secours d’un « renégat » de la science pourfendeur de la méthode, vilipendeur des critiques et semeur de chaos. Dans la défense de Didier Raoult, Idriss Aberkane s’attaque à ceux qui mettent en danger sa petite légende personnelle. Mais admettons-le, il maitrise l’art de l’imposture comme un chef.

 

Tronche de Fake 6.3

Ce texte s’appuie en bonne partie sur le travail d’autres personnes. Notamment l’article de debunk rédigé par Antoine Daoust sur le site Fact and Furious. Je remercie également Judith Kalfa, Ari Kouts, Max Notter, Muriel Leal, Pac Abenakis, pour leur aide dans la collecte d’informations.

 

Le baratineur, l’escrocs, l’aigrefins, le filou, l’intoxicateur lambda a deux chemins devant lui. S’il est peu doué, désagréable, hésitant, sans imagination, il se fait repérer très vite, il reçoit quelques corrections, quelques leçons de la vie qui lui ouvrent les yeux aux avantages de la vertu ou bien il finit ostracisés, dépouillé de toute crédibilité, amers, aigris, condamné à rester dans l’ombre pour pouvoir nuire encore un peu à son prochain. Mais s’il a du charisme, s’il présente bien, s’il s’exprime avec une ferveur en acier trempé et se fait passer pour une personne compétente et bien intentionnée, il n’y a pas de limite au nombre théorique de ses victimes.

Pour être un menteur professionnel, il faut posséder les qualités qui aident votre public à croire que vous êtes tout sauf un menteur.

Nous pouvons trouver des menteurs et des menteuses professionnels dans tous les médias, et dans beaucoup d’autres professions. Ne comptez pas sur la seule zététique pour les épingler tous, pour les débusquer, pour les débunker tous et rétablir l’ordre et la justice dans la galaxie. Chacun agit à son échelle, là où il pense faire œuvre utile, et aujourd’hui nous allons parler de monsieur Idriss Aberkane.

 

Je vais procéder par ordre chronologique.

Monsieur Aberkane s’est rendu célèbre il y a environ six ans avec quelques conférences puis un livre, tous vendus avec l’argument que nous avons affaire à un véritable génie des sciences, bardé de 3 doctorats, inventeur de neuroconcepts, d’une équation de la connaissance, entrepreneur humaniste, un vrai héros de la Start Up nation de Macron.. En 2015, Idriss Aberkane adore Jean-Michel Blanquer, il tweet son admiration pour lui et souhaite le voir devenir ministre. Une fois que c’est fait, la brosse à reluire continue de s’activer, et Monsieur Blanquer renvoie l’ascenseur. Ca n’est pas un problème en soi, il a bien le droit d’avoir des amitiés mais ça cadre mal avec la carte du franc tireur rebelle qui est désormais son atout majeur. Malgré le succès médiatique des années 2015-2016 il y avait tromperie sur la marchandise comme plusieurs chercheurs l’ont signalé dans leurs blogs[1] ou à la presse. J’ai rédigé plusieurs articles qui démontraient l’imposture du curriculum d’Idriss Aberkane, son insistance dans le mensonge, la nullité scientifique de ses interventions et la stratégie de storytelling, l’effet Gourou inverse, qui est au cœur de son succès. Je verrai si j’ai le temps de revenir sur tout cela dans une prochaine vidéo.

Je souligne qu’on n’a pas besoin d’avoir un diplôme pour dire des choses pertinentes, et que je n’ai aucun grief envers les gens qui s’expriment sans doctorat. En revanche je vous invite à trouver suspect celui qui répète ad nauseam qu’il a plus de diplômes que les autres, qui s’appuie sur eux pour établir sa crédibilité, mais qui tire à boulet rouge sur le système universitaire où il n’a pas fait carrière quand celui-ci fait part de ses doutes.

 

Parenthèse pour vous informer que monsieur Aberkane réagit mal aux critiques puisque en 2018, avec son éditeur Robert Laffont il tente de faire censurer plusieurs articles de blogueurs scientifiques hébergés notamment sur les sites de Marianne et de Libération[2]. La censure, ou en tout cas la tentative de censure fait partie des pratiques d’Idriss Aberkane. Ce n’est pas une preuve d’intelligence. Fin de parenthèse.

 

Maquiller son CV tout en s’exhibant sur les plateaux télé ce qui conduit des gens à s’interroger sur votre parcours et à détecter l’imposture, ce n’est pas non plus une preuve d’intelligence. Mettons de côté le pedigree douteux du personnage pour nous intéresser au contenu de ses propos et évaluer la crédibilité —et le niveau d’intelligence— que l’on peut lui accorder.

Tout récemment il a sorti une vidéo qui entend débunker 18 mensonges sur Didier Raoult. Et c’est vraiment très gentil de sa part, parce qu’ainsi on va pouvoir mélanger l’analyse de la parole de monsieur Aberkane avec le rappel des sérieux problèmes que pose Didier Raoult, lequel a semble-t-il trouvé le temps de passer 26 minutes devant la vidéo de monsieur Aberkane puisqu’il l’a postée sur son compte Twitter à 900k abonnés.

Je signale que suite au débunkage par Fact and Furious de cette vidéo, monsieur Aberkane a publié une sorte de droit de réponse sous la forme d’un article sur son blog intitulé « les mensonges du blogueur Daoust » le 24 janvier[3]. Le format est amusant, il a mis un abstract, comme dans un vrai article scientifique, c’est écrit sous LaTeX ; on sent l’homme qui fait comme s’il était en train d’écrire de la science. Et il insiste encore et toujours sans que personne ne lui ait rien demandé sur ses trois PhD, c’est à dire ses diplômes de docteur. Je me suis laissé dire que le monde académique avait décidé de regarder sérieusement ces trois fameux diplômes. Il est bien possible qu’on en reparle prochainement.

Moi tout ce que j’ai au mur c’est un diplôme de sacheur, dont je suis très fier. Je n’exhibe pas mon doctorat sur ma bio, alors que (ça reste entre nous) j’ai un indice H plus grand que celui de monsieur Aberkane. On reparlera de l’indice H tout à l’heure.

 

Nous allons regarder ensemble des extraits de la vidéo du 18 janvier. Je vous préviens que j’ai choisi de ne pas traiter tout le contenu de ces 26 minutes. C’est déjà assez pénible. Les points que je ne traite pas trouvent leurs réponses dans l’article d’Antoine Daoust sur Fact and Furious.

Je voulais ajouter une exploration des prises de parole de monsieur Aberkane sur Twitter depuis 2020, mais le script s’avère trop long. Alors nous verrons ça plus tard.

1.  Raoult ne déclare pas ses liens d’intérêt avec Sanofi qui produit l’Hydroxy-chloroquine

Argument de monsieur Aberkane : « Sanofi a bien été partenaire fondateur de l’IHU à la demande du gouvernement mais Raoult n’a jamais reçu d’argent direct ou indirect du laboratoire comme le confirme la base de données Eurosfordocs »

 

Les conflits d’intérêt, c’est la grande passion de messieurs Raoult et Aberkane. Ils en parlent tout le temps chez les autres. Ces conflits seraient l’explication aux critiques émises contre l’IHU Méditerranée, contre Raoult, contre l’hydroxychloroquine. N’étant pas dans la tête des uns ou des autres, je ne sais pas ce qui les motive. Personne ne peut savoir. C’est pourquoi il existe des règles qui imposent aux auteurs d’un article scientifique de révéler tous les liens d’intérêt qui pourraient potentiellement devenir des conflits, c’est à dire des situations entachant la sincérité de leurs conclusions. C’est parce que nous voulons croire les scientifiques que nous avons besoin de cette transparence.

 

Il faut que les journalistes appliquent leurs propres règles et demandent toujours aux personnes qu’ils invitent de déclarer leurs liens d’intérêt. Ils ne le font pas. Presque jamais. C’est anormal, et ça empoisonne la confiance que l’on devrait pouvoir placer dans l’information qui nous est donnée. Là dessus je suis d’accord avec Idriss Aberkane.

En image : la passion des conflits d’intérêt de messieurs Aberkane et Raoult

 

Quand un scientifique, appelons-le Didier, accuse la majorité de la communauté des experts d’être corrompue, on peut s’attendre à ce qu’il prenne un soin méticuleux à être transparent, qu’il soit zélé dans ses déclarations. Montrer l’exemple, c’est la moindre des choses

Le journal scientifique International Journal of Antimicrobial Agents dans lequel les équipes de Didier Raoult ont publié de nombreux papiers sur le covid19 propose un formulaire pour la déclaration des conflits d’intérêt à ses auteurs. Ce formulaire précise qu’il faut indiquer les liens financiers, mais aussi les liens non-financiers tels que les relations professionnelles ou les affiliation.

Dans le livret de l’IHU publié en Novembre 2018, l’entreprise SANOFI apparaît comme partenaire, notamment sur la période 2015-2020 avec l’Unité de Virus émergents (UVE, p.44), ou encore avec l’équipe pathovirome (p.45). Les chercheurs de l’UVE ont d’ailleurs publié ce mois de janvier 2022 un article indiquant l’inefficacité de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19. [Sont-ils corrompus ?]

Les partenariats entre Didier Raoult et Sanofi sont nombreux même s’ils sont anciens, remontant même à l’époque où il dirigeait l’infectiopôle Sud avec notamment un projet sur le Chikungunya en 2008. L’éditeur du journal, Jean-Marc Rolain, également auteur de l’article, a été référent Sanofi en 2010. L’entreprise apparaît comme partenaire dans des courriers en 2016. Elle est toujours présentée comme partenaire sur le site officiel de l’IHU dans la version anglaise, alors que la version française indique une fin de convention en 2015 depuis une mise à jour postérieure à la parution de la tribune de Stéphane Foucart dans Le Monde. [Source : 4]

 

Je précise qu’aujourd’hui, fin janvier 2022, personne n’accuse Didier Raoult d’avoir truqué ses résultats pour plaire à Sanofi. Les trucages suspectés, parce qu’on en est là aujourd’hui, suite à des témoignages internes de l’IHU méditerranée dont nous reparlerons… Les trucages s’ils existent, sont plutôt là parce qu’il fallait plaire à Didier Raoult, à son sentiment d’être génial, number one, d’avoir raison avant tout le monde. Les conflits d’intérêt n’expliquent pas tout.

Que peut-on dire sur ce point ? :

  1. Didier Raoult aurait du indiquer les liens d’intérêt que lui et l’un des co-auteurs ont avec Sanofi. Parce que c’est la règle.
  2. Idriss Aberkane n’a aucun problème avec les conflits d’intérêt quand Didier Raoult est concerné. Il ne veut pas qu’on en parle.

J’aimerais que monsieur Aberkane se mette d’accord avec lui-même : soit les conflits d’intérêts sont un problème majeur, LE critère qui permet de savoir qui est fiable, et il faut donc appliquer des règles strictes… soit on ne se contente pas de crier conflit d’intérêts pour disqualifier la parole adverse. Il faut faire un choix.

 

2.  La première étude conduite par Raoult sur l’hydroxychloroquine n’avait pas de groupe contrôle

Aberkane —  « La première étude de l’équipe Raoult sur l’hydroxychloroquine n’avait pas de groupe contrôle, (…) un  mensonge repris en cœur par toutes les sectes no fake med. Mais réfutation : l’étude avait bien un groupe témoin à l’hôpital de Nice. Il n’était pas en double aveugle, rien de lus. Il aurait été immoral bien entendu d’administrer de l’eau sucrée ou n’importe quel autre placebo à des patients juste pour voir s’ils survivent quand même. C’eut été un parjure direct aussi au serment d’Hippocrate. et contre la déontologie des essais médicaux. Entendez concrètement : les terroristes intellectuels en veulent à Raoult de ne pas être tombé dans ce piège. Parce que s’il avait fait son étude en double aveugle  là ils auraient pu l’abattre justement pour avoir donné des placebo à des patients à risque. »

C’est fascinant ce qu’il se passe. Monsieur Aberkane construit un narratif où tout ce qui serait reproché à Didier Raoult c’est de ne pas avoir fait un test en double aveugle. En réalité, c’est la faible qualité du groupe témoin, soigné dans un autre lieu par d’autres équipes dans un autre contexte qui a soulevé des critiques. Une expérience bien faite isole toujours le paramètre qu’elle veut tester, c’est fondamental.

Cette séquence est très intéressante parce qu’elle ne peut s’expliquer que par la stupidité de monsieur Aberkane (je ne vais quand même l’accuser de mentir délibérément). Quand on écoute monsieur Aberkane, on dirait bien qu’il ne sait pas ce qu’est un groupe témoin. On peut lui pardonner, il n’a jamais écrit aucun article scientifique. Mais il devrait être prudent et ne pas répandre son ignorance sur tout le monde. Quand on teste un traitement, on n’est pas obligé d’avoir un groupe placebo à qui on ne donne rien à part de l’eau sucré. Quand on teste une molécule, on la compare aux effets du meilleur traitement disponible par ailleurs, on ne laisse évidemment pas 50% des gens mourir du cancer quand on teste de nouvelles chimiothérapies, même en double aveugle. C’est évident.

Monsieur Aberkane peut ânonne toutes les inepties du monde, il demeure que le 3 avril 2020[5] la société savante propriétaire du journal où a été publiée cette première étude de Raout sur l’hydroxychloroquine, la société internationale de chimiothérapie antimicrobienne,  déclare que cet article ne correspond pas à ses standards, en particulier pour ce qui concerne l’explication des critères d’inclusion et de triage des patients qui destinés à assurer leur sécurité. En d’autres termes c’est de la mauvaise science, c’est acté depuis avril 2020. Or nous sommes en 2022, et figurez-vous qu’on peut se montrer encore plus critique. Et on le verra juste après…

 

3.  Raoult a exclu les morts de sa première étude pour tricher

Idriss Aberkane affirme que l’étude Gautret et al. s’intéressait uniquement au portage viral après traitement à l’hydroxychloroquine, afin d’étudier la contagiosité des patients. Selon lui la question de la mortalité était hors sujet, et cela justifierait la manière dont elle a été menée.

Dès mars 2020, juste après la publication de Gautret et al. beaucoup de chercheurs ont souligné la faible qualité de la publication sur la foi de laquelle Didier Raoult voulait affirmer qu’il avait trouvé le premier remède. Quelles étaient ces critiques ?

  • L’étude porte sur seulement 36 malades. C’est peu. Un correctif publié en janvier 2021 annonce qu’en réalité ils étaient 42[6].
  • Les bonnes pratiques exigent de n’inclure dans un essai que les patients qui ont accepté de prendre le traitement même s’ils finissent dans le groupe témoin. Ce n’est pas ce qui a été fait.
  • Ont été écartés du groupe traité par HCQ des patients avec des problèmes cardiaques, un électrocardiogramme anormal, de la dyskaliémie ou qui suivaient déjà un traitement médical contre-indiqué. A-t-on pris soin de faire la même chose avec le groupe témoin ? On ne sait pas, on doit donc supposer que… Non.
  • Sur les 26 patients traités avec le protocole marseillais dans la première version de l’article, 3 partent en soins intensifs et quittent donc le protocole, un meurt, un autre quitte l’hôpital et un dernier cesse le traitement pour cause de nausée. L’élimination pure et simple de ces patients dont 4 vivent une aggravation de leur état est évidemment de nature à améliorer artificiellement le résultat du groupe traité[7].
  • Dans le correctif de 2021 on apprend qu’il y avait un deuxième mort dans le groupe traité.
  • Les données sur les patients exclus ne figurent nulle part dans l’étude.
  • Le critère pour évaluer si le patient est porteur du virus est la charge virale dans les écouvillons, mais l’étude ne mentionne pas la valeur de leur charge virale initiale, ni leur état clinique en début d’essai.
  • L’étude est publiée dans un journal dont l’éditeur en chef travaille pour Didier Raoult, cela est un conflit d’intérêt. Les bonnes pratiques en science demandent à éviter ce genre de situation. Des dizaines d’autres journaux auraient pu être choisi pour publier ces travaux.
  • Enfin le portage viral au jour 6 (et pas un autre) choisi comme critère d’efficacité est jugé suboptimal par la communauté scientifique car ce n’est pas un critère clinique, il ne nous dit rien de l’état du patient. Par exemple l’un des patients était négatif au jour 6 (donc « guéri ») mais positif au jour 9 (donc « pas guéri »).

 

Tout le monde s’accorde aujourd’hui pour dire que les conclusions de cette étude ne valent rien. Sauf ceux qui travaillent chez Raoult ou qui font profession de plaire à la cohue confusionnée par l’intoxication de la complosphère.

 

Aberkane — « Les travaux ultérieurs ont bien démontré que la chloroquine réduisait la probabilité de mourir. En effet. »

Et là on pourrait s’attendre à des sources si on avait affaire à quelqu’un de compétent et honnête. Mais rien.

Faisons nos propres recherches ! Regardons ensemble sur Scholar les résultats d’une recherche avec les mots « covid hydroxychloroquine meta-analysis » où nous constatons que  TOUTES ces méta analyses concluent que ce traitement n’apporte aucun bénéfice au malade. La plupart soulignent même qu’il cause au contraire une augmentation de la mortalité. Cela veut dire que Didier Raoult s’est planté, ce qui est beaucoup beaucoup moins grave que ce qu’il a fait après : refuser d’admettre qu’il a tort.

Je n’ai aucun intérêt personnel à défendre ou à attaquer l’hydroxychloroquine. Je m’en fous. Mais j’ai un intérêt personnel similaire au vôtre : qu’on arrête d’écouter des nuisibles qui font des millions de vues en disant l’inverse de ce que la littérature scientifique a conclu encore et encore. Parce que ça crée du chaos, et que nous n’en avons pas besoin.

À partir de là, je suis comme vous, je me demande ce qui peut bien pousser Idriss Aberkane a dire autant de conneries. Didier Raoult à la limite, un type absolument certain d’avoir eu l’idée du siècle, grisé par le pouvoir, piégé par sa communication hâtivement triomphante, noyé d’éloge par des séides aux ordres… on peut imaginer, qu’en fin de carrière, dans sa folie des grandeurs il tente le baroud d’honneur seul contre tous, des fois que ça fonctionne et qu’il passe pour un héros. bon. Mais Aberkane ? A-t-il réfléchi plus loin que le buzz immédiat ? Pas sûr. Si on arrête de le prendre pour un type intelligent, d’un seul coup tout ça a beaucoup plus de sens.

 

4.  Raoult a minimisé le danger du COVID, il s’est trompé en parlant de “gripette” qui ferait moins de morts que les accidents de trottinette

Aberkane : « Raoult a toujours déclaré que les prédictions de mortalité étaient impossibles. Quand au mot grippette il ne l’a simplement jamais prononcé. »

Le mot grippette on s’en fout. S’il ne l’a pas prononcé il ne faut pas affirmer qu’il l’a fait, évidemment. Mais Raoult a minimisé la pandémie, tout le monde l’a vu. Même les médias qui ont adoré l’inviter s’en sont rendu compte. Ca ne rime à rien de nous dire le contraire.

Le 31 janvier 2020 il disait « Une certitude, nous ne sommes pas dans le cas d’un ‘super spreader’, ces virus ou un individu a la capacité de contaminer un grand nombre de personnes. (…) Si on fait le compte, depuis 2002 l’anthrax n’a fait aucun mort en France, le Sras un (…) le chikungunya aucun. L’an dernier il y  a eu 5 morts en trottinettes en France, plus que tout cela réuni »[8]. 22 mars 2020. Dans la Provence : « Là, on en est à moins de 500 [morts]. On va voir si on arrive à en tuer 10 000, mais ça m’étonnerait ». Il a affirmé tout seul comme un grand, dans son amphi, sans journaliste pour le piéger que le covid était « l’infection respiratoire la plus facile à soigner de toutes », puis il a nié l’existence d’une deuxième vague, même quand elle était en train de se produire, préférant dire « c’est une autre épidémie ». (Voir  « le grand bêtisier de Didier Raoult »[9] et l’Agence Science presse : « 17 affirmations douteuses de Didier Raoult »[10])

Didier Raoult a passé une bonne partie de son temps, devant une caméra, à nier avoir dit ce qu’il avait dit, plus tôt, devant une caméra. Nous aurions tous gagné du temps à ce qu’il se taise.

On a dépassé le stade où il fallait démontrer que Didier Raoult raconte des salades. On n’en est plus là. Les preuves abondent et ceux qui veulent continuer de croire que c’est lui qui a raison le font pour autre chose que l’amour de la vérité, pour des motivations, je ne sais pas, idéologiques, politiques, psychosociales… qu’on peut respecter mais ne changent rien au fait qu’on ne peut pas passer notre vie à réexpliquer aux réfractaires ce que la science dit et comment elle marche. Je vous renvoie vers l’enquête de médiapart qui est l’un des rares journaux français à en pas appartenir à un milliardaire et qui est me semble-t-il ce qu’on fait de plus indépendant « Didier Raoult : deux ans d’enquête sur une imposture »[11].

 

 

5.  Raoult gonfle son index de publications en publiant dans des revues amies

Aberkane — « Ce sont moins de 8% des articles de Raoult qui sont publiées dans des revues ou siègent des collègues (…). Gingras sait qu’une telle proportion est banale pour n’importe quel chercheur. Le h-index est calculé sur les meilleurs articles, ceux publiés dans les revues les plus prestigieuses comme Science ou Nature, là où aucun copain de Raoult ne siège de toute façon.»

Ce passage est intéressant parce qu’on voit que Monsieur Aberkane ne sait pas comment fonctionne le H-index. C’est peut-être parce que le sien a une valeur strictement égal à zéro. Ce qui fait que d’un point de vue bibliométrique cent pourcents de ceux qui regardent cette vidéo sont au moins aussi scientifique que lui. Avec ou sans doctorat. Il ne sait pas comment ça marche mais vous avez vu qu’il parle malgré tout avec l’air de celui qui survole son sujet. Et c’est ça son talent ; il faut reconnaître les qualité des gens que l’on critique : Monsieur Aberkane est diablement doué pour imiter l’attitude de celui qui sait exactement de quoi il parle.

 Le facteur H (ou h-index) est un indicateur censé mesurer « l’impact citationnel » des travaux d’un chercheur. Il combine la quantité de publications (nombre d’articles) avec le nombre de citations de ces mêmes articles. Cet index peut varier en fonction de la base de données (Web Of Science, Scopus, Google ScholarPublish, ou Perish par exemple). [Fact & Furious]

Il prend en compte aussi bien les citations positives que négatives qui ont lieu dans n’importe quelle revue avec facteur d’impact, et donc pas du tout à partir des seuls articles publiés dans les revues les plus prestigieuses.

Selon The Conversation, dans la base de données Web of Science (WoS), Didier Raoult compte 2053 articles publiés entre 1979 et 2018, ayant reçu un total de 72 847 citations. Son indice h calculé à partir de ces deux données est de 120. On sait cependant que la valeur de l’indice h peut être gonflée artificiellement grâce aux citations faites par un auteur à ses propres articles, ce que l’on appelle des autocitations. Or, le WoS indique que parmi les citations totales attribuées aux articles co-signés par Didier Raoult, 18 145 proviennent d’articles dont il est légalement cosignataire, ce qui équivaut à un taux d’autocitations de 25 %. En ignorant ces autocitations, l’indice h de Raoult baisse de 13 % à une valeur de 104 écrivent les auteurs de l’article : Yves Gingras et Mahdi Khelfaoui (F&F [12]).

 

La bibliométrie est une manière très imparfaite de se faire un avis sur le poids scientifique d’un individu, mais Didier Raoult en raffole. C’est lui qui passe sont temps à en parler, tout comme les conflits d’intérêt. Sur la chaîne YouTube de l’institut qu’il dirige, le 28 février 2020[13], toujours vêtu de sa blouse blanche, il entend expliquer à tout le monde ce que c’est qu’un expert en faisant la démonstration que sur le site Expertscape.com, son nom arrive en tête dans la catégorie des maladies infectieuses. « Je suis désolé, je suis le premier expert. (…) il y a des manières de quantifier le niveau scientifique des gens qui est facile à évaluer ».

Les auteurs du site Expertscape tweetent le 9 avril : « Le professeur Raoult est peut-être un expert en maladies infectieuses… mais son étude ne tient pas bien. » puis : « le problème réside vraiment dans la communauté scientifique européenne. Ce type « d’optimisation de la publication » n’est pas toléré dans la communauté scientifique américaine. » (Ce tweet peut-être un peu trop sincère a été retiré depuis). En d’autres termes, la position de leader mondial de Didier Raoult n’est pas franchement validée par le site qu’il utilise pourtant pour la revendiquer[14].  [Extrait de la Science des Balivernes]

D’un simple point de vue logique, ca ne veut pas forcément dire que Raoult n’est pas le meilleur, mais au minimum ça veut dire qu’il ne sait pas très bien comment on évalue qui est le meilleur. J’en conclus qu’il n’est pas véritablement en mesure d’affirmer qu’il l’est et qu’il devrait employer son temps de travail dans un bureau payé par l’argent public à faire de la science plutôt qu’à se vanter.

 

6.  Raoult aurait recommandé d’utiliser du Vicks Vaporub contre le COVID 19

Cette sortie de Didier Raoult est anecdotique. Au moment ou il dit ça, le 3 aout 2021, on est déjà dans une phase où l’honnêteté de son travail n’est plus une hypothèse privilégiée, ou sa rhétorique conspirationniste est installée. À la limite on s’en fout de cette phrase : il y a beaucoup plus grave à débunker. Il n’empêche que le fabricant Vicks s’est senti obligé de s’exprimer pour éviter les effets néfastes d’une automédication sauvage comme il y en a eu avec l’hydroxychloroquine [15].

La marque tweet le message suivant : « Comme mentionné sur l’étiquette, VapoRub ne doit être appliqué que sur la poitrine et la gorge pour soulager une toux et sur les muscles et articulations pour les douleurs. Il ne doit pas être utilisé sous le nez, dans la bouche ou ingéré. Un produit gras pour se retrouver dans les poumons si mal utilisé. »[16]

L’affaire est close : Raoult a dit un dinguerie ; elle est moins grave que d’autres, on a d’autres chats à fouetter. Mais non, monsieur Aberkane a choisi de revenir sur ce sujet dans sa vidéo pour blanchir complètement ce brave Didier Raoult. Et cet acharnement est intéressant parce qu’il nous permet de voir de quelle manière monsieur Aberkane se sent en mesure de nous faire croire que nous n’entendons pas ce que nous entendons. On appelle cette méthode le Gaslighting ou le détournement cognitif.

Aberkane — « Didier Raoult n’a jamais mentionné le Vicks VapoRub »

Ecoutons l’extrait, à la 15ème minute de la vidéo « Il n’y a pas de thaumaturge! « [17] sur la chaine de l’IHU Méditerranée.

Didier Raoult — « Si vous n’aimez pas l’hydroxychloroquine je m’en fiche. Mais testez donc l’ivermectine maintenant, la cyclosporine… Est-ce que la paraffine dans le nez, ou la vaseline dans le nez qu’on a dans certains produit comme le Vicks (ils me paient pas le Vicks, j’ai pas de conflit d’intérêts avec eux). »

Didier Raoult hésite, il ne retrouve pas le nom du produit, il parle de vaseline dans le nez, et tout le monde a compris. Cela explique pourquoi Vicks a réagi, puisque mettre son produit dans le nez fait courir le risque d’une pneumopathie lipidique. Affaire classée ? Toujours pas. Dans son article de réponse à Fact and Furious Monsieur Aberkane s’obstine et c’est fascinant. Voici ce qu’il écrit. Je suis désolé, on va être obligé de lire un gros paragraphe.

 

Texte d’Idriss Aberkane :

« Mensonge 7. “Didier Raoult n’a jamais mentionné le Vicks VapoRub“ Daoust prétend que cette affirmation est fausse, en l’appuyant d’une vidéo où Raoult prononce la marque ”Viks”

 Réfutation. Mensonge colossal de Daoust (vraiment, je me demande comment quelqu’un a pu croire qu’il s’agissait de fact-checking. Plus je debunke ce billet de blog plus je me demande s’il ne s’agit pas réellement d’un troll pour parodier le fact-checking). En effet Viks est une marque du groupe Procter & Gamble, et Viks Vaporub en est un produit bien précis, un décongestionnant topique qui ne
s’applique absolument pas par voix nasale. Daoust triche donc sans aucun scrupule en transformant la mention d’un fabriquant en la mention d’un produit précis comme si déclarer ”nous devons  étudier les freins de la Renault Alpine” pouvait loyalement être considéré comme  équivalent à ”nous devons étudier les freins de la Renault Clio”. Car c’était bien ce produit précis (le vaporub donc) qui était mensongèrement identifié dans l’article incriminé de l’Express, pour laisse entendre que Raoult l’avait recommandé.

D’ailleurs le titre de l’Express  était très clair: ”Du Vicks Vaporub dans le nez contre le Covid : la dernière sortie polémique du Pr Raoult” … et cela, c’était un mensonge éhonté. l’Express le savait, Daoust le savait, mais pour protéger son récit coûte que coûte le pseudo-fact-checkeur n’hésite donc pas une seule seconde à tricher avec les faits.

Soyons donc très clairs: quand Daoust utilise une vidéo de Raoult qui utilise le terme ”Viks” pour défendre un article d’Altice-l’Express intitulé ”Du Vicks Vaporub dans le nez contre le Covid : la dernière sortie polémique du Pr Raoult” il produit un mensonge direct, délibéré et aggravé par la tentative de le présenter comme du fact-checking »

 

Très très énervé, Idriss Aberkane. Et confus. Pourquoi ne nous dit-il pas de quoi voulait parler Didier Raoult, lui qui semble avoir tout compris ?

Quand on en revient à ce que dit Didier Raoult, on voit qu’il est question de paraffine et de vaseline dans le nez. J’ai demandé sur Twitter qu’on demande à Monsieur Aberkane (qui m’a bloqué) de quel produit Vicks il est question dans la bouche de Didier Raoult. Mais de réponse je n’ai pas eu, puisque de toute évidence, et Vicks l’avait compris, il n’y a pas d’autre produit Vicks que le Vaporub qui contiendrait de la vaseline ou de la paraffine et qu’il ne faut jamais utiliser dans le nez car il y a risque de pneumopathie lipidique. Monsieur Aberkane joue l’indignation, la colère, l’outrage, mais quand on reste calme devant toute cette agitation, on constate qu’il aurait mieux fait de ne pas parler de ce sujet. Y revenir de lui même deux fois, sans avoir les moyens d’éviter le ridicule, ça n’est pas une preuve d’intelligence.

 

7.  Raoult s’est trompé en disant qu’il n’y aurait jamais eu de deuxième vague

Aberkane — « Didier Raoult s’est trompé en affirmant qu’il n’y aurait jamais eu de deuxième vague, un texte sans contexte est un prétexte, Didier Raoult a affirmé plusieurs que la maladie pouvait devenir saisonnière. […] l’article de RTL, qui fait cette fausse déclaration, n’a toujours pas été ni rétracté, ni excusé, ni souligné par les fact-checkers » .

Monsieur Aberkane aime beaucoup demander la rétractation de ce qui lui déplait. Et des excuses. Il voudrait que tout le monde s’excuse auprès de lui.

Mais l’article de RTL qui le met en colère se contente de citer Didier Raoult dans une vidéo de sa chaine YouTube le 12 mai 2020[18].

Didier Raoult — « L’épidémie est en train de se terminer.» (…)  « Il n’y a nulle part de deuxième vague, ni de dos de chameau, c’est la courbe banale. » « On voit que cet épisode est en train de se résoudre. »

Il l’a dit c’est comme ça. C’était une connerie, mais on n’y peut rien. Ce n’est pas à nous qu’il faut en vouloir. Et ce n’est pas accident de parcours, il disait la même chose le 30 avril 2020 chez BFMTV :

Didier Raoult — « Des infections respiratoires dans lesquelles il y a des secondes vagues, il n’y en a pas. Je vois pas pourquoi il y en aurait pour celle-là. »

Des tas de gens qui ont parlé pendant cette épidémie se sont trompés. Ca ne veut pas dire qu’ils sont nuls. Mais on leur demande de le reconnaître. Didier Raoult n’y arrive pas, c’est au dessus de ses forces.

Vous voulez un scoop ? Ici, sur cette chaîne j’ai dit que les vaccins protégeaient contre la contagion. c’était vrai avant le variant Delta mais au moment où ma vidéo est sorti, c’était douteux. C’était un peu imprudent de le dire. La recherche ne s’arrête pas et aujourd’hui pour Delta et Omicron la science dit que ce n’est plus vrai. Résultat : j’ai eu tort.

Attendez, je checke… On dirait qu’admettre qu’on a eu tort ne provoque pas la combustion spontanée. C’est bon signe. Ca devrait rassurer messieurs Aberkane et Raoult.

 

 

8.  Les factures salées de l’IHU

Aberkane — « Enorme mensonge, Libération annonce des factures salées de l’IHU […] un vrai journaliste aurait indiqué que les factures mentionnées ne sont pas émises par l’IHU de Didier Raoult mais par l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille. Donc elles correspondent aux factures fixées par l’état bande de débiles [sic] » .

[F&F] L’article de Libération[19] en question ne mentionne nulle part que les factures sont établies par l’IHU. Dans son chapeau, l’auteur écrit : “Des malades du Covid ont découvert stupéfaits les factures de leurs passages à l’IHU de Marseille” . Même émise par l’AP-HM, cela reste de fait une facture du passage à l’IHU. Par ailleurs, dans le paragraphe “Sommes en jeu substantielles“, le quotidien rapporte ses échanges avec l’AP-HM en écrivant : “L’AP-HM, elle, affirme que les facturations sont établies en fonction des textes officiels” . De l’état donc. [F&F]

 

Ce que l’article pointe en réalité, et que monsieur Aberkane prend soin de ne pas comprendre, c’est que le choix de traiter les gens avec de l’hydroxychloroquine  nécessitait une hospitalisation en vertu des risques cardiaques avérés, avec les frais que cela engendre, là où les autres traitements dont nous savons qu’ils sont préférables ne requièrent qu’une consultation externe. Les dépense de santé ont donc connu une forte augmentation dans les services de l’IHU Méditerranée à cause du protocole HCQ.

On a le droit de considérer que ce n’est pas scandaleux, mais il ne faut pas essayer de nous faire croire que ce n’est pas arrivé.

 

 

9.  Raoult serait lâché par ses équipes qui dénoncent une falsification des tests PCR dans sa première étude sur la chloroquine

 

Monsieur Aberkane ne s’étend pas du tout sur le problème de la PCR. Il l’évacue en citant le tweet d’un chercheur qui critique Médiapart. Et ensuite il enchaîne sur une histoire de 305 études qui prouveraient l’efficacité de la chloroquine. Nous avons réglé leur sort à ses propos sur les 305 études qui prouvent que… Intéressons-nous au tweet censé anéantir le travail de Médiapart…

 

Le professeur Froguel ne m’a pas répondu publiquement, mais nous avons échangé brièvement sur Twitter. NB : Philippe Froguel (H Index de 147 au cas où vous vous demanderiez) enseigne à l’université de Lille l’endocrinologie, la biologie moléculaire et la génétique.

 

Thomas Durand — Validez-vous l’usage fait de votre tweet par Idriss Aberkane dans sa vidéo ?

Philippe Froguel — Je n’écouterai pas ses conneries.
Le nombre de PCR cycles dépend de la machine et de la chimie utilisée. Donc il est différent d’un endroit à l’autre, mais modifier la sensibilité pour avoir les résultats qu’on attend, c’est de la fraude.

Thomas Durand — Raoult semble dire que toutes les PCR ont été faites à Marseille. Cela change-t-il quelque chose ?

Philippe Froguel — Si tout est fait a Marseille, on ne peut avoir des critères PCR différents entre les groupes de patients.

 

En somme, si tous les tests sont faits à Marseille comme le dit Didier Raoult (Le 10 novembre 2021 face à Bruce Toussaint sur BFMTV), et si des critères de seuil différent ont été utilisés comme le révèlent ses collaborateurs à Médiapart, alors il y a fraude. Merci à Idriss Aberkane de m’avoir permis d’échanger avec ce chercheur.]

 

Avant le papier de Médiapart où « plus d’une dizaine de personnes (biologistes, médecins, internes ou assistants) » membres de l’IHU accusent Didier Raoult d’avoir truqué son protocole[20], personne n’avait lancé de telles accusations publiques. Même ceux qui pensaient qu’il disait des conneries partaient du principe qu’il s’appuyait sur des papiers mal foutus mais honnêtes.

Or, que savons-nous désormais ? Raoult et al. ont choisi de comparer des malades soignés à Marseille avec leur protocole —en retirant du lot ceux qui meurent dans les trois jours sans apporter de justification, mais c’est encore un autre problème—, avec des malades soignés à Nice selon un protocole différent. Comment évaluait-on si les malades étaient guéris ? Avec des test PCR, une technique vieille de 35 pratiquée dans tous les laboratoires de biologie moléculaires du monde. Même moi je l’ai utilisée.

Ces tests permettent de détecter le matériel génétique spécifique de l’organisme que l’on étudie. Première étape avec le SARS-Cov2: convertir l’ARN du virus en ADN. Puis effectuer des copies de cet ADN à travers un processus appelé cycle. Chaque cycle permet de doubler la quantité d’ADN dans l’échantillon, on appelle ça l’amplification. Au bout d’un certain nombre de cycles, l’ADN présent devient détectable par un capteur optique dans la machine.

Selon Didier Raoult lui-même les échantillons des malades de Nice n’ont pas été analysés sur place mais envoyés à Marseille. Sur ces échantillons on effectue 39 cycles d’amplification avant de regarder si le seuil optique est atteint, et alors on a un signal binaire : positif ou négatif. Si le test est positif alors on valide que l’échantillon contenait la séquence spécifique que l’on testait : le patient est porteur du virus. Mais à Marseille on a choisi de s’arrêter à 34 cycles. Avec 5 cycles de moins, l’échantillon final était 32 fois moins concentré que s’il avait été testé à Nice. Vous comprenez sans mal, sans doute mieux qu’Idriss Aberkane, qu’on ne fait pas un travail scientifique un tant soit peu correct quand on divise par 32 la quantité d’ADN viral potentiellement présent chez le groupe que l’on traite.

Vous voyez que le problème avec cet article n’a rien à voir avec la présence ou non d’un placebo, comme nous le racontait monsieur Aberkane tout à l’heure. Nous sommes dans une situation de science sale, d’un protocole biaisé afin d’obtenir les résultats espérés. Une nouvelle enquête interne a été demandée par l’Assistance Publique des hôpitaux de Marseille[21] ; et vous comme moi sommes condamnés à attendre que cette enquête arrive à son terme pour porter un jugement définitif.

 

 

 

10. Bruce Toussaint déclare que tous les essais ont démontré que l’Hydroxychloroquine n’était pas efficace ce qui explique que Raoult soit accusé de fraude.

 

Aberkane — « Bruce Toussaint déclare que tous les essais ont démontré que l’HCQ n’était pas efficace […] Toussaint ment, car il ne pouvait ignorer que l’on était déjà, à l’heure où il parle, à 303 études scientifiques

On ne sait pas à quel moment Bruce Toussaint est censé avoir dit ça. On n’a pas de source. S’il l’a dit, c’est pas bien parce que ce n’est pas vrai. Mais si monsieur Aberkane pense à l’interview de Raoult sur BFMTV d’avril 2021[22], voici ce qui est dit par Bruce toussaint (à 1’30) : « Vous savez aussi qu’il y a des études qui disent que l’hydroxychloroquine est inefficace. »

 

Voilà. Il y a des études qui ne vont pas dans le sens de Didier Raoult. Rien que ça apparemment, c’est insupportable. D’ailleurs  Raoult lui-même a une parade à toute épreuve : les études qui le contredisent sont faites par des gens corrompus. Toutes. Partout dans le monde. «

Didier Raoult — « Non, non, non, non, toutes les études, toutes les études, toutes les études… toutes, on a fait les analyses extrêmement précises de ça. Toutes les études qui montrent que ça marche pas sont liées avec des gens qui ont des conflits d’intérêts avec Gilead. Cent pourcents. »

Cette phrase magique s’appuie sur une publication de Didier Raoult et de son chargé de communication Yanis Roussel où les deux auteurs concluent à une corrélation de 1 (!) entre l’attitude hostile à l’hydroxychloroquine et une affiliation pécuniaire envers Gilead. Les auteurs ont refusé les demandes des chercheurs qui vouilaioen connaître le détail de leurs calculs et méthodes. Un article sorti en octobre 2021  démolit complètement ce papier dont la seule fonction est de permettre à Didier Raoult de refuser la confrontation avec les études scientifiques afin de demeurer certain de d’être jamais contredit

 

Ceci étant posé, vous avez le droit de penser que l’hypothèse 1 « des milliers de chercheurs dans le monde entier sont corrompus pour s’attaquer à une molécule et personne n’ose le dire » est plus crédible que l’hypothsèe 2 : « Une équipe de Marseille a du mal à admettre qu’elle a mal travaillé. » C’est votre droit. On a le droit de penser des idioties.

 

11. Addendum

 

Cette vidéo dure une heure et je n’ai pas pu traiter tout ce qui l’aurait mérité. La densité et le flux de bullshit produits par Idriss Aberkane sont tels qu’il faudrait être en permanence sur son dos pour espérer débunker chaque ineptie. Il se trouve que nous avons mieux à faire de nos vies vous et moi. Cependant dans l’avenir proche attendez vous à plusieurs choses.

  • Les rageux vont venir pourrir la section commentaire de cette vidéo. Merci de leur réserver un accueil débordant d’amour et de patience. Je ne suis pas ironique ; nous énerver en réaction aux trolls c’est leur donner le control de nos émotions, c’est nous mettre au service de leur soif de  pagaille. Répondez avec des arguments et des sources, une fois, mais ne vous lancez pas dans des débats. Ne vous énervez pas.
  • Idriss Aberkane va continuer à dire des dingueries ; je ne vois aucun signe d’amélioration. Ne laissez pas ses mensonges sans réaction. Là aussi, répondez avec des sources solides, bien identifiées, sans vous énerver. Ne le harcelez pas.
  • Un comité d’éthique universitaire, saisi pour plagiat sur l’une des thèses de monsieur Aberkane, va statuer. Bientôt, j’espère.
  • La justice suisse va continuer son travail. Elle enquête sur des malversations financières de monsieur Aberkane. Quelle surprise.
  • Enfin, selon une source (du genre de celles qu’on ne divulgue pas), la justice française s’intéresse aussi à la fiscalité divergente qui entoure les activités de monsieur Aberkane.

 

Attendez-vous, disais-je à découvrir toutes les facettes DU grand talent d’Idriss Aberkane : l’absence de scrupule.

 

 

12. Conclusion & avis aux indécis

 

Je fais l’impasse sur le reste de la vidéo, il est à l’avenant, un étalage de mauvaise foi, de cherry picking, d’écran de fumée et d’inversion accusatoire. Tout cette vidéo de défense de Didier Raoult par monsieur Aberkane me rappelle une phrase de Friedrich Nietzsche : «La façon la plus perfide de nuire à une cause, c’est de la défendre, intentionnellement avec de mauvaises raisons. »

Et si Idriss Aberkane était un agent double payé par une puissance étrangère pour pourrir les débats, pour semer la confusion, pour nous abêtir collectivement. Je n’affirme rien, évidemment… Emettre des hypothèses dans le vent pour semer le trouble, le soupçon et empoisonner toute réflexion ne fait pas partie des méthodes plébiscitées sur ces pages. Mais avouez que c’est au moins aussi crédible que tout ce à quoi nous avons dû répondre tout au long de cette vidéo.

 

Si vous en êtes là de votre lecture, il y a des chances que vous soyez plus convaincus par ce que je dis que par les propos de monsieur Aberkane. Les autres, en majorité n’ont pas la patience d’écouter le camp d’en face. Mais si vous hésitez encore, laissez-moi vous dire que ce n’est pas une preuve de bêtise d’être séduit par les propos d’Idriss Aberkane. Il ne parle pas à votre intelligence ou à votre stupidité, il parle à votre colère, à votre indignation devant les erreurs du gouvernement, (elles sont réelles), devant sa brutalité (les manifestants d’avant la pandémie en savent quelque chose), devant l’arrogance de Macron (authentique !), devant les justifications parfois lapidaires des restrictions de liberté, devant un manque de démocratie qui ne date pas d’hier.

Votre colère, votre dégout ne sont pas injustifiés. Je les connais, je les partage. Mais cette disposition d’esprit, si elle est abordée avec les mots consolateurs d’un manipulateur habile vous rend sensible à tout semblant d’argumentaire qui démolirait cent pourcent des décisions du gouvernement, tout ce qui ressemble à une autorité, toutes les informations, en fait, qui se mettent en travers de notre désir commun de mettre toute cette histoire derrière nous pour pouvoir être à nouveau libre.

Je ne crois pas que monsieur Aberkane plaise uniquement à des gens idiots. Raoult n’est pas idiot, et Aberkane lui plait beaucoup. Mais vous comprenez bien que ça n’a rien à voir avec la qualité du personnage ou la rigueur de son argumentaire. C’est parce que monsieur Aberkane a choisi un camp dans lequel il pouvait être quelqu’un. Je ferais plus de vue si j’adoptais sa ligne polémique. Mais j’ai pour faiblesse d’être attaché à mon intégrité

 

Faire ses propres recherche, c’est bien plus compliqué qu’il n’y parait. Admettre qu’on a accordé du crédit à un imposteur, c’est douloureux. Changer d’avis publiquement, dans notre société, ça demande du courage. C’est bien plus confortable d’avoir raison dès le départ… même quand on a tort. Mais la vraie sagesse, c’est de commencer par douter, comme ça quand le temps nous permet d’avoir un avis, on peut le partager sereinement.

 

Prenez le temps de vous faire un avis, n’hésitez pas à suspendre votre jugement. Mais dans tous les cas, faisons tous attention aux idées que nous acceptions de mettre dans notre tête.

 

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Acermenda

 

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Notes

[1] https://scilogs.fr/raisonetpsychologie/baratin-a-francaise/

[2] https://www.arretsurimages.net/articles/pressions-sur-des-blogueurs-qui-critiquent-idriss-aberkane

[3] https://idrissaberkane.org/les-mensonges-du-blogueur-daoust/

[4] https://factandfurious.com/fact-checking/les-18-erreurs-didriss-aberkane?fbclid=IwAR1AqBMvhLgpT3lX_L3qxrFpsTyJaklmU5XDhskFqrLrbnEbfhBoK9yNIKs

[5] https://www.isac.world/news-and-publications/official-isac-statement

[6] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7779282/

[7] https://zenodo.org/record/3725560#.YfVKLOrMIuV Dahly et al. (2020)  Statistical review of ​Hydroxychloroquine and azithromycin as a treatment of COVID-19: results of an open-label non-randomized clinical trial

[8] https://www.youtube.com/watch?v=qG4i7XebOH4&ab_channel=BFMTV

[9] https://www.youtube.com/watch?v=BvwnuO2Eg0A&ab_channel=NicolasBonneel

 

[10] https://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/detecteur-rumeurs/2021/05/26/17-affirmations-douteuses-didier-raoult

[11] https://www.youtube.com/watch?v=-p92CwIHgIA&ab_channel=Mediapart

[12] https://theconversation.com/einstein-vaut-il-la-moitie-du-dr-raoult-pour-en-finir-avec-lindice-h-141169

[13] Vidéo intitulée « Chloroquine : pourquoi les Chinois se tromperaient-ils ? » : https://www.youtube.com/watch?v=mJl2nPHAo2g&feature=youtu.be&fbclid=IwAR0KUeyFspGiZXlgYHnTy9QX09wkTMiXpIHVwQRVcZ7HAR9BXI0t7klfzQo&ab_channel=IHUM%C3%A9diterran%C3%A9e-Infection.

[14] Raoult est roi de l’autocitation, et de la signature de complaisance : il ne lit pas les artiucles que d’autres écrivent et sur lesquels il met son nom. La preuve dès qu’un papier est visé pour fraude sa défense est “je l’ai pas lu”.

→ «Je n’ai pas chapeauté ce papier et je n’ai même pas lu la dernière version.» source : https://www.liberation.fr/checknews/2020/09/22/didier-raoult-a-t-il-vraiment-signe-3-500-publications-internationales-dans-sa-carriere_1800096/

[15] https://www.lepoint.fr/sante/exclusif-coronavirus-plusieurs-cas-mortels-d-usage-de-la-chloroquine-en-france-30-03-2020-2369285_40.php

Par exemple : au moins 58 morts selon l’ARS Nouvelle Aquitaine https://twitter.com/ARS_NAquit/status/1244319668896182272

[16] « As mentioned on the label, VapoRub should only be applied to the chest and throat to relieve a cough, and on muscles and joints for aches and pains. It shouldn’t be used under or in the nose, in the mouth, or ingested. An oil base product can get into the lungs if used improperly »

https://www.lefigaro.fr/conso/apres-les-declarations-de-didier-raoult-vicks-deconseille-l-application-de-sa-pommade-vaporub-sous-le-nez-20210805

[17] https://www.youtube.com/watch?v=xgE5MLF4EJg&ab_channel=IHUM%C3%A9diterran%C3%A9e-Infection

[18] https://www.youtube.com/watch?v=nGPaQsh_rVM « COVID19  Quelles leçons doit-on tirer de l’épidémie ? »

[19] https://www.liberation.fr/societe/sante/hydroxychloroquine-si-on-mavait-prevenu-du-tarif-de-lhospitalisation-je-ny-serais-meme-pas-alle-20210310_YCN2NUE7ENC7DJWETRQN55EVIY/

[20] https://www.mediapart.fr/journal/france/191121/les-equipes-de-didier-raoult-denoncent-les-falsifications-de-leur-patron-sur-l-hydroxychloroquine?onglet=full

[21] https://www.leparisien.fr/societe/sante/didier-raoult-accuse-davoir-falsifie-des-resultats-de-tests-pour-ses-travaux-lhopital-ouvre-une-enquete-interne-19-11-2021-XPFMQ52W75C67CYHNOHYL7TEBY.php

[22] en avril 2021, dans une interview de Didier Raoult