La chaîne aborde sur un ton décalé dans la forme mais sérieux sur le fond les raisons qui font que notre lecture du monde est souvent bancale.

L’épreuve.

Mettons notre esprit critique à l’épreuve du paradoxe des paradoxes, le symbole même de l’indécidable, le fameux dilemme de l’œuf et de la poule. Une poule vient nécessairement d’un œuf. Et un œuf est forcément pondu par une poule. Dès lors comment tout cela a-t-il pu commencer ? Comment ce cercle sans fin ni début a-t-il été initié ?

Eh bien sachez d’abord qu’une réponse existe !

Dans l’Antiquité, un certain Aristote a un avis bien arrêté sur la question. Démocrite, avant lui, avait déjà quelques lumières sur l’évolution du vivant, mais cette idée va être anéantie pour longtemps, car Aristote est fixiste : les espèces sont éternelles ; les chiens ne font pas des chats, et une poule ne sort pas d’autre chose que d’un œuf de poule.

Dans ces conditions, Aristote s’estime autorisé à conclure que la raison d’être de ce duo œuf-poule est nécessairement le plus accompli des deux, le meilleur : la cause finale (car Aristote est finaliste). La maison n’existe pas pour qu’il y ait des briques, mais les briques existent pour qu’il y ait une maison. Aristote pense qu’avant même qu’il y ait une maison ou une brique, il y avait l’essence de la maison qui seule permet l’existence des briques. Eh oui, Aristote est essentialiste.

La Poule étant la raison d’être de l’œuf (qui n’est qu’une poule en puissance), Aristote tient sa réponse : c’est la Poule qui existe avant l’œuf. Problème résolu.

Si la réponse ne vous satisfait pas, tant mieux car une observation attentive du vivant nous montre justement que celui-ci n’est ni fixiste, ni essentialiste ni finaliste. Aristote n’avait pas nos connaissances actuelles pour s’aviser de son erreur.

Une démarche rationnelle portant sur une question d`œuf et de poule est une démarche d’ordre biologique. Et en biologie, il y a deux manières de voir ce problème : ou bien à l’échelle de l’évolution du vivant, ou bien à celle de l’espèce de la poule.

1 — Réponse évolutionnaire.

L’espèce Gallus gallus domesticus, de la famille des Phasianidés est l’oiseau dont la population mondiale est la plus importante avec plus de 52 milliards d’individus. Comme tous les oiseaux, ils sont apparentés aux dinosaures, et les formes fossiles les plus anciennes de l’ordre des Galliformes datent de la fin du Crétacé, c’est-à-dire d’il y a 85 Millions d’années. Pour les besoins de la démonstration nous prendrons une définition très large de ce qu’est une poule, et nous daterons la plus ancienne d’entre elles a -85 Millions d’années. Tout ancêtre plus ancien était donc autre chose qu’une poule

Et qu’en est-il de l’œuf ? Au sens large, les œufs sont presque aussi anciens que les organismes pluricellulaires. Dans le langage courant, toutefois il est synonyme de l’œuf amniotique des oiseaux, reptiles et monotrèmes : celui que recouvre une coquille dure. Celui-ci fait son apparition sur Terre il y  a quelque-chose comme 340 Millions d’années.

C’est donc clair et net : les œufs ont existé bien avant que n’apparaissent les poules. Mais c’est une explication qui ne parle pas spécifiquement des œufs de poule. Et on est en droit de demander une réponse plus précise : qui est apparu en premier entre la poule et l’œuf de poule ?

2 — Réponse génétique.

Pour comprendre l’évolution, on travaille essentiellement au niveau des populations, mais pour résoudre le paradoxe, nous allons artificiellement nous focaliser sur les individus. C’est à l’intérieur des individus, et plus spécialement dans leurs cellules sexuelles que se produisent les mutations héréditaires qui sont la matière première de l’évolution.

Les mutations qui vont caractériser la génération N se produisent dans les cellules sexuelles de la génération N-1. Concrètement, cela veut dire que la poule adulte est le même organisme que l’embryon présent dans l’œuf. La poule et l’œuf dont elle provient sont un seul et même individu. En revanche on change de génération entre l’organisme et la cellule sexuelle qui va donner l’œuf, et donc le tout premier individu correspondant aux critères qui distinguent la poule de la non-poule a été un œuf de poule pondu par une non-poule. L’œuf est donc bien venu en premier, dans tous les cas de figure.

3 — Les concepts flous et le paradoxe du « tas »

Naturellement, notre petite démonstration ne doit pas vous laisser penser qu’il ait pu y avoir une première poule, pas plus qu’il n’y a eu une première baleine, un premier acacia ou un premier champignon. Rappelons-le, c’est à l’échelle des populations que s’isolent les lignées qui forment ce que nous appelons des espèces. Le passage d’une espèce mère à une espèce fille se fait au travers d’un réseau étroit de croisements génétiques entre les générations. La distance génétique augmente entre l’espèce ancestrale et l’espèce fille ou bien entre deux espèces sœurs, et finalement cette distance interdit les croisements, et isole donc les lignées sans qu’on puisse établir un moment précis de spéciation.

Depuis l’antiquité on connait le paradoxe sorite. Si à un grain de sable vous ajoutez un deuxième grain, vous n’avez pas un tas de sable. Et en ajoutant un grain à un non-tas vous n’obtenez pas un tas. Par conséquent il est impossible de former un tas de sable en empilant des grains de sable un à un, même des milliards de fois. C’est évidemment faux, et l’erreur réside dans le concept de tas, un « concept flou » : nous savons reconnaître un tas de sable mais nous ignorons comment définir ce qu’est un tas afin de le distinguer d’un non-tas.

Conclusion

Nous avons notre réponse, mais le paradoxe demeure pour des raisons qui ne sont pas biologiques. Le paradoxe de l’œuf et la poule, tout comme celui du tas, nous met face aux limites du langage et des concepts que nous utilisons pour comprendre le monde. Comme l’écrit Wittgenstein : « Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde. »

Le paradoxe est en réalité de nature sémantique : les mots poule et œuf constituent des outils conceptuels, des représentations du réel, et ils sont donc subtilement différents des véritables objets qu’on trouve dans la nature. Dans la nature les œufs de poule sont tous un peu différents les uns des autres, et les poules également, et il n’existe pas réellement d’ensemble homogène qu’on puisse appeler « les poules » ou « les œufs de poule », car ils sont tous le produit d’un processus historique, d’une multitude de combinaisons et d’accumulations de modifications génétiques sans qu’il soit possible de définir ce que serait une mutation qui ferait qu’un œuf pondu par une poule serait d’une espèce différente.

Les catégories des objets de la nature nous apparaissent fixes, et c’est une illusion. Notons que Diderot, déjà, avait bien compris la dimension temporelle du problème :

« Si la question de l’œuf sur la poule ou de la poule sur l’œuf vous embarrasse, c’est que vous supposez que les animaux ont été originairement ce qu’ils sont à présent. Quelle folie ! » (Le Rêve de d’Alembert – 1769)

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Pour aller plus loin :

http://ssaft.com/Blog/dotclear/index.php?post%2F2013%2F04%2F04%2FHave-Fun-With-Eggs un article sur les œufs.

Merci à Pierre Kerner pour ses remarques et commentaires sur la première version du script de cet épisode.

Editorial

Ainsi que l’a écrit Daniel Dennett, faire de la science, c’est faire des erreurs en public.

L’erreur est féconde. C’est en corrigeant nos erreurs que l’on accède à des connaissances nouvelles, et il faut parfois se tromper pour constater qu’on ignore une chose qu’il reste à découvrir. L’acquisition d‘un savoir-faire passe également par un processus heuristique qui consiste à répéter les essais, à commettre des erreurs jusqu’à trouver le moyen de ne plus en faire.

L’erreur est féconde car elle nous signale que quelque-chose cloche, que nous avons négligé un détail, mal posé une question, mal modélisé le monde autour de nous. Modéliser le monde, c’est justement le rôle de la science, qu’elle réalise en mettant au point des théories. Une théorie est un ensemble de concepts capables de rendre compte du fonctionnement du monde. Comme il ne faut jamais confondre la carte et le territoire, les scientifiques savent que leurs représentations sont toujours un tout petit peu différentes du monde réel, leurs théories sont donc toujours au moins un petit peu fausses : il reste toujours un plus à découvrir, un plus de nuances à expliquer. Par conséquent les scientifiques ont toujours un peu tort, mais certains plus que d’autres, et souvent beaucoup moins que s’ils n’employaient pas la méthode scientifique.

Car c’est tout l’intérêt de la science, sa spécificité, son super-pouvoir : la recherche systématique de l’erreur qui en fait une activité laborieuse, exigente, difficile, mais en définitive compréhensible par tout le monde.

Cela étant dit, nous avons tous un problème : nous n’aimons pas avoir tort. Il nous est souvent  désagréable de reconnaître que nous nous sommes trompés, ou que nous avons été trompés. Et si dans un débat d’idée il s’avère que vous êtes celui des deux qui a tort, il y a un risque que vous ne l’envisagiez pas sereinement, que vous n’acceptiez pas les arguments de votre interlocuteur, que vous vous sentiez agressé et donc que vous deveniez agressif ; et ce risque est d’autant plus grand que le sujet en question vous est cher, qu’il est déterminant pour votre vision du monde.

Et ainsi vous risquez d’avoir tort et de vous entêter dans l’erreur sans le savoir, peut-etre parce que vous n’aurez pas saisi l’importance de l’erreur, peut-être que vous pensez que changer d’avis est une marque de faiblesse, peut-etre parce que vous ignorez que les grands savants, avant de faire leurs découvertes, étaient eux aussi ignorants ou dans l’erreur.

Pour tenter de vous éviter cela, ou encore pour aider ceux d’entre vous qui ont raison à le faire comprendre à leurs interlocuteurs sans les braquer, nous allons parler de la gestion de l’erreur, de son rôle, de la manière de la chercher, de la reconnaître, de la faire accepter. Et pour cela nous accueillons Pierre Kerner, Biologiste en génétique évolutive du développement, Maître de Conférence à l’Université Paris VII. Pierre est aussi connu sous le pseudo de Taupo qu’il a pris en démarrant son Blog de Vulgarisation Scientifique en 2009, Strange Stuff and Funky Things (SSAFT pour les intimes). Il a ensuite rejoint la communauté et association de blogueurs scientifiques francophones du Café des Sciences dont il est aujourd’hui le Vice Président. Il est aussi le fondateur de deux plateformes d’agrégations de contenu scientifique: l’une d’illustration qui s’appelle Strip Science, et l’autre de vidéos qui s’appelle… Vidéosciences.

 

Pour aller plus loin, reportez-vous au dossier écrit par Pierre Kerner, avec tout plein de références et de liens. Ca se passe ici.

Editorial

Internet est-il un média comme un autre ? On est tenté de dire Non. L’internaute, après tout, est acteur de sa navigation, il peut aller vers les informations, intégrer des communautés, et même communiquer lui-même, ouvrir un blog ou une chaine Youtube. Il peut devenir vidéaste, créateur de contenu, être à la source des informations que d’autres vont rechercher, commenter et partager.

La technologie du web a démocratisé un peu plus la culture et aboli les frontières entre le spectateur et le créateur de programme. Ou bien est-ce seulement une illusion ?

Depuis quelques mois on assiste à un boum du côté des vidéastes dit « culturels », les chaînes proposant des analyses d’œuvre ou de la vulgarisation scientifique se multiplient. Youtube compte désormais des chaines sur le cinéma, la bande dessinée, la peinture, la musique, la littérature, l’histoire, l’économie, le droit, la biologie, la psychologie, l’astronomie et toujours plus de sujets traités de manière classique ou originale, pointue ou simplifiée.

Cela pose la question du statut de ces nouvelles références que représentent les vidéastes qui jouissent d’une large audience. Et nous allons explorer cette question avec notre invité de ce soir qui est le créateur d’une des meilleures chaines de vulgarisation francophones, comme son nom ne l’indique pas : Dirty Biology.

Nous allons d’abord voir ce que peut nous apprendre l’histoire de sa chaîne, depuis ses débuts il y a un an et demi jusqu’à aujourd’hui et ses deux cent mille abonnés. Comment s’est construit ce succès ? Quelle est la place de la relation avec le public dans la gestion d’un tel projet ? YouTube est-il un média horizontal ? (ça ne veut pas dire qu’il faille coucher, désolé) Nous parlerons également du rôle de la « communauté » des vidéastes culturels au sens large et plus spécialement de vulgarisation dans ce qui est un écosystème en pleine expansion dont il est difficile de prédire jusqu’où il va se développer.

Sans plus attendre, accueillons Léo Grasset de Dirty Biology.

 

Quelques références

Livres :
  • Le coup de la Girafe, Léo Grasset.

Editorial

L’histoire est écrite par les vainqueurs. Il faut donc se méfier de ce que nos prédécesseurs tenaient pour vrai. Ils peuvent s’être racontés des histoires à eux-mêmes, des histoires où ils se donnent le beau rôle, où sont mises en avant des valeurs qui sont peut-être davantage celles des chroniqueurs que des protagonistes des évènements. Il faut donc remettre en question les grands récits sur nos origines : la suprématie de l’homme blanc, de l’Européen, le mythe aryen, ou encore le roman national sont plus affaire d’interprétation que de faits. Mais certaines personnes veulent y croire et perpétrer un point de vue auquel elles s’identifient. Elles voudraient que leur version de l’histoire, romanesque et ethnocentrée continue d’être enseignée et d’avoir le rôle de mètre étalon.

À l’inverse il existe des courants de pensée selon lesquels tous les consensus actuels sont faux, tout est mensonge, tout est complot, tout est secret, et tout doit donc être dénoncé, déconstruit : les premiers pas de l’Homme sur la Lune, la mort de Kennedy, les chambres à gaz, les attentats terroristes sont ainsi niés ou travestis à travers des théories pseudo-historiques qui font la part belle aux sociétés secrètes, aux extraterrestres et à des plans machiavéliques orchestrés par des génies du mal. Car si les Récentistes ont raison, par exemple, alors une organisation secrète (probablement liée à l’église catholique) a inventé le Moyen Age de toute pièce : huit siècles ont été injectés dans la chronologie de l’Europe et du monde sans que personne ne s’en soit aperçu. Il y a des gens pour croire cela, pour y trouver de la cohérence, pour y voir une meilleure explication à l’état du monde que celle donnée par le consensus des savants.

Et ce soir, nous allons évoquer certaines de ces théories, avec l’histoire de France telle qu’on la racontait à l’école il y a encore quelques années pour révéler aux élèves leurs origines… gauloises.

Nous verrons également les théories alternatives construites par les archéomanes (qui pratiquent l’archéologie de manière non scientifique) qui n’acceptent pas l’idée que les Pyramides d’Égypte ou d’Amérique, ou les statue Moai, ou bien d’autres édifices impressionnants du passé aient pu être l’œuvre de civilisations qui n’avaient pas notre raffinement évidemment supérieur d’Hommes du 21ème siècle.

Enfin nous évoquerons l’histoire plus récente, toujours un peu plus délicate à regarder en face, sujette à controverses et à influences. Et nous nous demanderons comment fonctionne l’Histoire, qui est une discipline scientifique, et qui à ce titre doit produire des modèles explicatifs du passé. Pour quelle raison devons-nous ou ne devons-nous pas faire confiance aux historiens d’aujourd’hui ?

Et pour en parler, nous recevons Dari Beliakhov, enseignant en histoire, diplômé en histoire et archéologie, chroniqueur et locataire de la chaine YouTube “Temps Mort

Quelques références
Livres :
  • Les pyramides de Bosnie. Faut-il réécrire l’histoire des civilisations ?, par IRNA, 2014 (ISBN 978-2-915312-94-2) book-e-book, collec. Une chandelle dans les ténèbres.

Suite à sa vidéo sur le sujet diffusée le 4 juillet, nous avons contacté Chris, alias Poisson Fécond. En effet, tout en livrant son point de vue personnel sur l’existence d’une vie après la mort, ce à quoi nous n’avons pas grand chose à dire, il s’est autorisé à dire que certaines phénomènes avérés n’étaient pas expliqués par les scientifiques.

Nous avions envie d’apporter un peu de scepticisme à ce sujet en analysant ce que la science dit vraiment des Expériences de Mort Imminente, et Chris a accepté de se livrer à l’exercice périlleux de l’autocritique avec nous.

Autour de cette vidéo, retrouvez quelques articles de fond sur le sujet, notamment :

 — Les EMI ont-elles un lien spécifique avec la mort ?

 — Et d’autres à venir…

 

 

Quelques références utiles

http://scepticismescientifique.blogspot.fr/2009/07/petite-mise-au-point-sur-les.html
http://sciencepost.fr/2015/04/lexperience-de-mort-imminente-est-finalement-due-une-communication-chimique-entre-le-cerveau-et-le-coeur/
https://www.ulg.ac.be/cms/rv_2912328/fr/les-souvenirs-dexperiences-de-mort-imminente-nde-plus-reels-que-la-realite
http://sites.unice.fr/site/broch/articles/DB_maria1/index.html

Le débunkage est un exercice qui consiste à prendre des déclarations et à montrer en quoi elles sont erronées ou trompeuses. Nous avons besoin de débunkages à cause de l’invasion de l’Internet par les pseudosciences et les discours idéologiques.
Mais parfois la présentation de faits, la réfutation claire et nette d’une proposition ne suffit pas à convaincre. Pire, elle peut provoquer le sentiment d’être agressé chez la personne qui croit profondément en cette proposition.

La réactance est un mécanisme de défense psychologique qui se met en place quand une personne se sent forcée dans les choix qu’elle veut pouvoir faire librement. L’accumulation de preuves allant à l’encontre d’une croyance peut donner l’impression à celui que vous voulez convaincre que vous cherchez à avoir un ascendant sur lui, et cela a pour conséquence de renforcer sa croyance initiale parce qu’il investira toutes ses facultés à repousser ce qu’il perçoit comme une menace à son autonomie. Si vous donnez l’impression que tout ce qui vous intéresse c’est faire admettre à l’autre que vous avez raison, ne vous attendez pas à ce que ça fonctionne.

L’alternative est alors l’entretien épistémique.

Cela consiste à discuter avec l’autre : discuter, sans débattre, sans chercher à rien prouver. Je ne vous cache pas que ça demande quelques efforts. Vous devez restez concentré sur votre tâche : aider votre interlocuteur à exprimer clairement la manière dont il arrive à sa vision des choses. Si vous le coupez tout le temps, il ne peut pas développer son point de vue et en réalité vous n’avez pas connaissance de ce sur quoi reposent ses convictions.

Mais pire : votre interlocuteur lui-même n’a peut-être pas cette information, et sans elle il ne peut pas aisément douter de ce qu’il croit car il ne peut pas savoir quel type d’information est susceptible de lui prouver qu’il pourrait avoir tort.

A minima, il faut faire comprendre à la personne que celui qui n’est pas capable de changer d’avis et qui n’a pas la science infuse est condamné à l’erreur.

Bien sûr, ce n’est pas vraiment une méthode nouvelle, car déjà la maïeutique de Socrate consistait en cela : amener votre interlocuteur devant ses propres contradictions, devant les limites de ses connaissances actuelles. En constatant lui-même les anomalies de sa méthode, il vous verra moins comme un adversaire que comme un partenaire dans l’examen des raisons pour lesquels il croit ce qu’il croit. Si vous réussissez à maintenir le dialogue, vous ne faites qu’accompagner l’autre vers l’apprivoisement de ses doutes. Et même si c’est difficile pour vous, c’est l’autre qui fait le plus gros du travail, c’est pour lui que c’est le plus dur, et le résultat sera durable. Alors un peu de patience.

Merci à Max Moore qui nous a aidé lors de la préparation du script de cet épisode.

Pour plus d’information sur l’entretien épistémique, visitez par exemple les pages :
https://www.facebook.com/EntretienEpistemique?fref=ts
Ou encore :
http://www.samharris.org/blog/item/street-epistemology

Maintenant vous connaissez la dissonance cognitive (Episode 3) vous ne serez pas surpris d’apprendre que le cerveau humain est capable de se raconter des belles histoires complètement fictives sur ce qui se passe afin de se rassurer. C’est la rationalisation.

Même si le résultat de ce phénomène ressemble beaucoup à la mauvaise foi, c’est sensiblement différent, car la véritable rationalisation se produit en silence, à l’insu de nous-même, et elle frappe continuellement tout le monde sur tous les sujets. La plupart du temps elle n’aboutit qu’à de petites incohérences avec lesquelles nous acceptons volontiers de vivre car nul n’exige de l’être humain qu’il soit purement rationnel.

Hélas, les conséquences peuvent aussi être dramatiques, raison pour laquelle il est bon de savoir qu’elle existe afin d’en limiter les effets quand il le faut.

Pour votre santé cognitive, consommez 5 pages zététiciennes par jour
— https://latheierecosmique.wordpress.com
— http://tatoufaux.com/
— La chaine Psynect : https://www.youtube.com/watch?v=FyFHXgpDPKQ
— Eglise de pastafarisme (en anglais) http://www.venganza.org/
— VSauce : https://www.youtube.com/user/Vsauce

Ufologie & entretien cognitif

Le direct La Tronche en Live du mardi 9 juin 2015 recevait Patrice Seray et Francine Cordier, enquêteurs de terrain sur les phénomènes aériens non expliqués (PANE… c’est-à-dire ce qu’on appelle généralement les ovnis, rappelez-vous).
Ils sont aussi les administrateurs du site UFO scepticisme (et de la page facebook qui va avec). Ce sont donc des sceptiques qui traitent chaque témoignage de manière neutre et objective de manière à recueillir le plus d’informations possibles en vue d’une explication du phénomène.

Tous les ufologues ne sont donc pas des « exoticiens », c’est-à-dire des partisans de la thèse extraterrestre ; beaucoup sont des sceptiques qui cherchent à éviter de préjuger sur les causes des phénomènes et tiennent à mettre en œuvre une méthode fiable pour pouvoir conclure. Cela rentre de plain pied dans la définition de la zététique.

Au cours de l’émission, nos invités présentent quelques cas symptomatiques, comme Roswell et la fameuse vidéo d’autopsie dont il a été établi qui l’avait réalisée et de quelle manière (information que nous ignorions complètement avant que nos invités nous l’apprennent), mais aussi les techniques qu’ils utilisent, les moyens de vérifier à quoi peuvent correspondre certains types d’observation, et ils nous présentent l’entretien cognitif.

L’entretien cognitif

L’entretien cognitif est une discussion avec un témoin qui s’organise en plusieurs étapes de manière à permettre à la personne de livrer toutes les informations à sa disposition. L’intérêt est que ce type d’entretien met en avant les faits et écarte les interprétations.

En partant du principe que le témoin est de bonne foi, l’entretien permet néanmoins de questionner son interprétation et de trouver si des explications alternatives ne sont pas plus convaincantes que l’hypothèse d’un objet volant d’origine inconnue.

Pour vous documenter sur cette technique d’entretien

http://psychotemoins.inist.fr/?Entretien-cognitif-avec-le-temoin

http://www.cours-psycho.com/2008/10/lentretien-cognitif-et-le-tmoignage.html

http://memovocab.perso.sfr.fr/glossaire/glossa_af/entretien-cognitif.html

 L’émission.

Les ressources.

Francine et Patrice nous ont remis une liste de ressources en ligne que vous pouvez consulter pour vous documenter plus avant sur ce qui est connu à propos des types d’observation.

Nous enrichirons éventuellement cette liste de vos suggestions.

GEIPAN (Groupe d’études et d’information sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés) http://www.cnes-geipan.fr/

CNEGU (Comité Nord-Est des Groupes Ufologiques) http://cnegu.info/

Questions réponses sur les ovnis :

♦ Pseudo archéologie – site d’IRNA

(J’ajoute la page archéologie et zététique)

♦ Astronomie pédagogique : Ciel des Hommes.

♦ Blog de Gilles Fernandez : http://skepticversustheflyingsaucers.blogspot.fr/

♦ Page de Nablator concernant les pseudo photos d’un « alien roswellien » : http://nabbed.unblog.fr/

♦ La page d’Oncle Dom : http://oncle-dom.fr/

♦ OVNI dans les peintures ? http://www.sprezzatura.it/Arte/Arte_UFO_fr.htm

♦ Le blog de Jean Michel Abrassart : http://scepticismescientifique.blogspot.fr/

 ♦ Logiciel gratuit à télécharger : Stellarium.

♦ Pour suivre les avions en direct : http://www.flightradar24.com/48.86,2.35/7

♦ Passages de satellites : http://www.heavens-above.com/

N’hésitez pas à commenter, à partager et cetera.

Vled et Acermendax explorent notre besoin de cohérence, celui qui cristallise notre perception de nous-mêmes. Lorsque ce que nous croyons savoir du monde ou de nous-mêmes est contredit par un élément nouveau… se produit la désagréable dissonance cognitive.

Réduire la dissonance peut passer par tout un tas de comportements logiques ou irrationnels. Et l’un de ces comportements se rencontre tous les jours sur Internet : l’attaque ad hominem et le Point Godwin.

C’est souvent pour réduire la dissonance cognitive, que nous nous livrons malgré nous à la rationalisation.

 

 

Vled et Acermendax parlent zététique, esprit critique et méthode. Ils posent notamment la question : comment sait-on que l’on sait ce que l’on sait ?

C’est l’occasion d’évoquer la méthode scientifique et sa spécificité : la recherche systématique de l’erreur.

 

[Vled and Acermendax talk about zetetic (i.e. scientific skepticism) and about the scientific mehod. How do we know that we know what we know ?]