La chaîne aborde sur un ton décalé dans la forme mais sérieux sur le fond les raisons qui font que notre lecture du monde est souvent bancale.

Enregistré le 15  mars 2017 – Invités Sylar (de Sylartichot) & Samuel Buisseret (Fake?)

 

Editorial

Youtube a 12 ans et quelques millions de vidéos. Nous regardons collectivement plus d’un milliard d’heures de vidéo sur ce site chaque jour. On y trouve des discours, des sketchs, des court-métrages, des chats, des morceaux de film, de série, de journaux et des chats. On y trouve des histoires, des témoignages des documentaires, et parmi ceux-là plus d’heures de vidéo que vous ne pourrez en vivre concernent des phénomènes paranormaux.

Combien d’ovnis captés par des appareils à la focale défectueuse ou truqués par photomontage, combien d’esprits frappeurs, d’exorcismes, de démonstrations de télékinésie, de transes, de communication avec l’au-delà, de cités perdues, de tables tournantes et de créatures bizarres ?

Eh bien beaucoup ! Tant et tant qu’on devrait dans le lot trouver de quoi prouver définitivement ce que l’on classe aujourd’hui au rang des croyances. Tant de chasses aux fantômes ont rapporté des images déroutantes ; c’est bien qu’il y avait là-bas quelque chose à trouver, il suffit d’y retourner, de chercher avec méthode, et alors on élucidera des mystères. Mais les mystères qu’on nous vante et qu’on nous vend s’évertuent à perdurer, et la croyance devient un entêtement.

Depuis douze ans, sur Youtube, nous avons accès à plus d’images qu’aucun de nous ne pourra en voir dans son existence, mais les grandes croyances liées au paranormal demeurent improuvées. Cela n’empêche pas qu’on entende dite le contraire tous les jours. Ceci est prouvé ! nous dit-on sur les forums, sur les réseaux, dans les commentaires.  Et la preuve en question, bien souvent est un lien vers une vidéo mal fichue. Il est à craindre, mesdames et messieurs, que Youtube soit un médiocre outil pour prouver la réalité de quoi que ce soit.

Se pose donc la question de ce que le public attend, de ce qu’il pense pouvoir appendre sur le monde à travers Youtube. A vrai dire la question se pose aussi au sujet de la télévision, laquelle nous donne tous les jours des raisons de la débrancher. Mais il ne vous aura pas échappé sur nous sommes sur le web et plus précisément sur Youtube. La charité bien ordonnée dirige donc tout naturellement notre questionnement sur ce média-là.

Et nous recevons Sylar dont la chaîne Sylartichot s’intéresse aux phénomènes étranges, aux mystères. Mais pas n’importe comment. C’est avec Sylar, que nous avons réalisé la vidéo « Esprit critique es-tu là ? » sur la manière de tester ce que nous croyons pouvoir interpréter lors d’une séance de spiritisme. Avec lui nous parlerons de la place du paranormal sur Youtube, de la manière dont il est traité, du public qui s’y intéresse, et du problème de la véracité, de l’honnêteté de ceux qui nous montrent des images estampillées véridiques, mais qu’entoure un fumet de soupçons.

Loki Jackal, notre Loki a nous, sera partie prenant de la discussion, car il connait bien le sujet lui aussi. Et dans la troisième partie, nous aurons un invité supplémentaire, j’ai nommé Samuel Buisseret.
Nous ne sommes pas à l’abri de passer une bonne soirée, et nous accueillons tout de suite Sylar.

 

Enregistré le 13  mars 2017 – Invité  Laurent Gouyneau Freeman.

 

Editorial

On trouve tout, absolument tout sur Internet. La masse de l’atome de molybdène[1], la date de naissance de Céline Dion, l’aire de répartition du genre Drosera, le texte du Traité de Rome, le traitement secret contre le cancer à base de jus de légumes, les preuves de la vie après la mort, l’autopsie d’un alien, des photos floues du yéti, les miracles du Coran, et tous les complots que vous pouvez concevoir, plus d’autres encore qui dépassent votre imagination.

La quantité de données à notre disposition excède de très loin ce que chacun d’entre nous est physiquement capable de lire. À cela s’ajoutent la barrière de la langue et celle de la technicité, car nous ne sommes pas tous en mesure de comprendre les mêmes choses. Devant cette marée d’informations de qualité diverse, nous devons donc faire des choix et laisser de côté la grande majorité des textes, des podcasts et des vidéos qui sont publiés tous les jours.

Comment nous faisons ce choix va déterminer à quelles idées nous nous exposons, et donc la manière dont nous nous représentons le monde. Ceux qui font le choix de s’exposer à des informations fausses ne savent sans doute pas qu’elles sont fausses. Et puisqu’ils ne savent pas qu’elles sont fausses, ils vont les utiliser pour se construire une représentation du monde qui a toutes les chances d’être biaisée et très éloignée de la réalité.

Pour qui est dans une démarche de recherche vers plus de compréhension du monde, la question du choix des informations auxquelles se fier est primordiale.

Si vous consultez un site nommé Stop Mensonges, c’est que vous pensez qu’une partie de ce qui circule dans les médias est non seulement faux, mais encore mensonger. Des informations sont diffusées dans l’intention délibérée de vous induire en erreur. Et c’est bien possible, mais en toute rigueur ce soupçon doit s’appliquer à Stop Mensonges lui-même et il faut donc trouver un moyen d’évaluer la confiance que l’on peut accorder à cette source comme aux autres.

Pour en parler nous recevons Laurent Freeman, le webmaster de StopMensonges.

[1] La réponse est 95,95.

***

Première partie sur La Tronche en Biais.

 

Deuxième partie de l’entretien

Script de l’épisode

Introduction

Vled dans la Bibliothèque Stanislas.

La science nous éclaire sur le fonctionnement du monde, sur la matière qui le compose. C’est l’approche naturaliste : expliquer la nature par les manifestations même de la nature plutôt que par des concepts imaginaires ou des scénarios attrayants.

En science, on emploie une méthodologie matérialiste. Rien à voir avec une idéologie, ce matérialisme méthodologique forme un cadre à l’intérieur duquel nous savons que nous pouvons produire une connaissance valide, solide, vérifiable.

Et justement, la démarche comporte toujours un volet empirique : on se donne les moyens de tester les hypothèses par l’expérimentation.

C’est un travail ardu, complexe, qui requière beaucoup de temps et d’efforts. Et les résultats ne sont jamais garantis. Alors on peut se poser la question. Est-ce suffisant ? N’y a-t-il rien d’autre à découvrir ?

Et par exemple on pourrait bien se tromper complètement sur la nature des phénomènes lié à l’esprit, lié aux esprits.

Le spiritisme est une doctrine et une pratique tournée vers le monde des esprits. Il existerait des entités immatérielles avec lesquelles l’humain pourrait interagir, dialoguer. Une telle hypothèse est passionnante. Si elle est exacte, il faut que le monde le sache.

Mais comment savoir ?

Comment tester cette hypothèse et passer du statut de croyance à celui de connaissance ? Nous avons été contacté par le vidéaste Sylar afin de l’accompagner sur le terrain et d’exercer un regard critique sur une séance de spiritisme proposée par une jeune femme nommée Farah. J’ai envoyé ma meilleure équipe pour réaliser cette mission.

Acermendax et Loki Jackal se sont déplacés en personne dans des contrées éloignées pour vous rapporter les images qui vont suivre.

Les protocoles utiles.

  1. Test en aveugle (1)
    • Utiliser des cartons où figurent les lettres et chiffres plutôt q’une planche oui ja.
    • Une fois le contact établi, retourner et mélanger les cartons. Numéroter leur verso.
    • Hypothèse testée : l’esprit peut répondre même quand les participants ne voient pas les lettres.
  2. Test en aveugle (2)
    • Bander les yeux des participants un par un. Attendre d’obtenir au moins une réponse avant de bander les yeux du suivant.
    • Hypothèse testée : un seul participant est responsable des réponses. Quand il est aveugle, les réponses perdent leur pertinence.
  3. Information externe
    • Jeter 4 dés dans une boite ouverte sans que personne n’en voit les résultats.
    • Demander à l’esprit de lire les dés.
    • Hypothèse testée : une entité peut avoir accès à des informations que ne possèdent pas les participants.
  4. Le contact du verre.
    • Découper deux feuilles de papier aux dimensions de la surface du verre où les participants posent leurs doigts.
    • Frotter les feuilles avec du savon. Placer les deux feuilles en contact avec leurs faces savonnées. Déposer ce sandwich sur le verre.
    • Hypothèse testée : le verre se déplace seul, les doigts des participants ne font que suivre. (si tel est le cas, alors la feuille de papier du dessus sera en retard sur le mouvement du verre)

Conclusion

L’approche rationnelle de la séance à laquelle vous avez assisté nous a permis de réaliser plusieurs choses. D’abord nous avons pu dialoguer avec une personne qui croit dans l’existence des esprits. Nous avons pu nous mettre d’accord sur un moyen de tester cette croyance. Nous avons mis en place un protocole, validé par tous. Nous avons analysé les faits observables par chacun. Enfin, nous avons pu aboutir une conclusion commune.

Tout cela s’est déroulé avec cordialité, avec respect et avec méthode.

Nous n’avons pas prouvé que notre hôte était malhonnête et cherchait à nous manipuler. L’inverse non plus n’a pas été prouvé. Laissons donc cette question de côté. Nous n’avons pas prouvé que le spiritisme permet réellement de dialoguer avec un esprit… mais nous n’avons pas non plus prouvé le contraire. Nous n’avons pas prouvé l’inexistence des esprits.

En effet on peut imaginer mille hypothèses nouvelles pour rendre compatible notre expérience avec l’existence des esprits. C’est sans fin et c’est épistémique injuste : il est parfois difficile de prouver l’existence d’un phénomène, mais il est souvent impossible de prouver son inexistence.

En conséquence, si les esprits n’existent pas, tout continuera exactement comme aujourd’hui, avec les mêmes allégations, la même absence de preuve. S’ils existent, en revanche, on devrait s’attendre à des découvertes qui ne viennent pas. Chacun est libre d’en tirer ses conclusions personnelles.

 

Une chose a été prouvée au cours de cette expérience ; c’est qu’il est possible aux gens de bonne volonté de se mettre d’accord sur la manière de tester des hypothèses, même quand elles sortent du cadre des objets de la science classique.

Si on propose l’existence d’une entité capable d’interagir avec l’être humain, alors cette interaction est testable, et elle entre dans le champ d’action de la méthode scientifique. Mais avant d’échafauder des thèses, des scénarios et de savantes explications sur les manifestations du paranormal, faisons preuve d’humilité et vérifions que des explications prosaïques ne suffisent pas à rendre compte des faits.

Pour juger avec prudence et méthode, suivons le conseil de scepticisme de Fontenelle : « Assurons-nous bien du fait avant de nous inquiéter de la cause »

***
En complément : la vidéo de Sylar réalisée sur cette même expérience.

Enregistré le 1er  mars 2017 – Invité  Jean-Michel Abrassart.

 

Editorial

Nous croyons tous un tas de choses impossibles.

Nous croyons en l’immortalité de l’âme ou à l’origine extraterrestre des ovnis. Nous croyons à la chance, au destin. Nous croyons aux qualités que nous prêtent nos amis, parfois aux défauts que les moins sympathiques nous attribuent. Nous croyons au pouvoir de l’esprit sur la matière, ou bien aux promesses électorales. Nous croyons aux vertus de la chimiothérapie ou à celles du reiki. Nous croyons l’AFP ou les médias de ré-information. Nous croyons comprendre le monde un peu mieux que ce dont nous sommes capables en réalité. En fait nous ne croyons pas tous les mêmes choses, et vous doutez certainement d’une partie de ce que je viens de lister.

Il y a des choses incroyables. Et pourtant d’autres que nous y croient. Pourquoi y croient-ils ? C’est une bonne question. Mais commençons par élucider le mystère de nos propres croyances respectives. Et pour cela ayons l’humilité de nous souvenir que notre ignorance jette une ombre immense sur l’univers, et que nos explications sur les phénomènes naturels sont souvent incomplètes, partielles, voire fausses. Le monde est infiniment complexe, et nous sommes limités. Nos meilleurs moyens d’investigation sont pour l’heure impuissants à résoudre certaines énigmes. Nous ne possédons pas les outils technologiques et / ou conceptuels pour explorer tous les processus.

On utilise la notion de « paranormal » pour rassembler une gamme de phénomènes réels ou supposés que la méthode scientifique n’aurait –dit-on– pas encore su expliquer. Le paranormal, c’est en quelque sorte ce que la science ne sait pas expliquer aujourd’hui.

Inexpliqué ne veut pas dire inexplicable. Bien téméraire est celui qui prétendrait que tel ou tel phénomène est condamné à échapper éternellement au pouvoir explicatif de la science. Par le passé l’épilepsie et de nombreuses maladies mentales échappaient à toute explication rationnelle. Elles relevaient du paranormal, voire du surnaturel : des entités semi-divines étaient tenues pour responsables de ces événements.

Les vagues scélérates ou les expériences de mort imminente font partie de ces choses dont l’existence fut d’abord remise en question, puis qui défièrent la science avant de trouver des explications toujours plus détaillées et complètes.

Tout phénomène dont l’humain fait l’expérience peut faire l’objet d’un travail scientifique, car pour paraphraser Terence : rien de ce qui est humain n’est étranger à la démarche empirique. On peut enquêter efficacement sur les phénomènes supposés paranormaux. On peut trouver une explication aux témoignages sur les ovnis, les fantômes, les soins énergétiques et autres étrangetés, et bien souvent sans entacher l’honneur des témoins qui sont de bonne foi et rapportent une observation subjective qu’il faut savoir remettre dans son contexte pour lui donner du sens.

Mais tout ce que nous venons de dire est terriblement frustrant, car ce que vous voulez, cher spectateurs, c’est une preuve de l’existence des Petits Gris, de l’authenticité des lettres Ummites, une réponse définitive sur l’Atlantide et sur l’au-delà. Le genre de réponse abondamment fournies dans les livres qui achalandent le rayon Esotérisme les librairies, dont regorgent les sites internet dédiés au paranormal, le genre de réponse dont sont prolixes des centaines d’experts autoproclamés qui ont toujours un petit quelque chose à vous vendre.

Ce soir, nous serons un peu plus exigeants que cela avec notre invité, Jean-Michel Abrassart. Il est l’animateur du podcast Scepticisme Scientifique. Il est aussi docteur en psychologie, sa thèse portait sur « Le modèle sociopsychologique du phénomène OVNI », et il a récemment publié un livre « 60 questions étonnantes sur le paranormal ».

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Sur le même sujet :

Enregistré le 1er  février 2017.

 

Editorial

 

Nous sommes en 2017. Le Président des États-Unis bafoue les règles internationales et de la morale en voulant bannir les musulmans du sol américain. Au Québec il y a quelques jours, une tuerie a eu lieu dans un centre islamique. Bien sûr, personne n’a oublié non plus les attentats sanglants revendiqués au nom de l’Islam en France et ailleurs depuis plus de quinze ans.

Ça n’est Pas La Joie !

Nous sommes en 2017, en France, et quand nous annonçons le sujet de cette émission, nous constatons sur les réseaux des réactions étonnantes  « quel courage ! » nous dit-on. Ou encore « on vous aimait bien », signe d’une connexion directe, dans nos esprits, entre Islam et violence, entre religion, intégrisme et terrorisme. Autant vous le dire tout net : ce n’est pas le sujet de ce soir.

Nous ne nous sentons pas menacés par l’Islam, nous savons que les musulmans autour de nous ne sont statistiquement pas plus violents que les autres. Nous savons aussi que les premières victimes du fondamentalisme islamique… sont des musulmanes et des musulmans. Nous n’accordons guère de crédit aux thèses du choc des civilisations, et nous ne sommes pas ici pour militer ou combattre qui que ce soit. Nous allons essayer de comprendre un peu ce qu’il y a de spécifique ou au contraire de banal dans les relations entre la science (au sens de démarche scientifique, de processus de production de connaissances) et les autorités intellectuelles du « monde musulman » avec des guillemets.

La science et l’islam au XXIe siècle. Pas l’Occident contre l’Orient. Pas la science contre l’islam. Non : la science et l’islam, de nos jours. Mais même ce sujet soulève des difficultés et se voit opposer des objections classiques. Nous ne parlons pas arabe. Or il faudrait connaître l’arabe pour pouvoir parler de l’islam. Toute traduction serait par définition fausse, fautive et biaisée, et donc toute critique de notre part serait nécessairement infondée : nous serions d’emblée disqualifiés.

Cette critique n’est pas valable. Jamais ou presque nous n’entendons des objections de ce genre au sujet des autres textes religieux, pourtant eux aussi traduits maintes et maintes fois. Personne ne nous enjoint de lire les encycliques papales en latin sous peine d’être incapable d’en rien dire. Qui estime qu’il nous est impossible de comprendre la pensée de certaines philosophes grecs qui ne nous sont connus qu’au travers de textes… arabes ? L’argument des biais de traduction est un écran de fumée qui vise à éteindre la critique. Il s’accompagne souvent d’une accusation d’ethnocentrisme, de biais colonial, voire d’épistémicide (le monde occidental chercherait à tuer les sciences venues d’ailleurs).

Il est impossible de nier que certaines idéologies cherchent à invisibiliser les apports scientifiques venus de loin. Nous devons redire que l’écriture, les mathématiques, l’astronomie, la médecine doivent énormément au monde non occidental. Nos chiffres arabes sont indiens ! Arabes en revanche sont les noms de la majorité de nos étoiles. Mais nous sommes au 21è siècle, nous disposons d’une démarche scientifique qui tend à l’universalité, à l’objectivité maximale. La « science » n’est occidentale que par les contingences de l’histoire. Elle n’appartient à aucun peuple en particulier. Or, cette démarche scientifique universelle n’arrange pas tout le monde ; on le voit avec les pseudosciences, avec les médecines parallèles, mais aussi avec de nombreuses formes de fondamentalisme religieux. Nous nous questionnerons ce soir sur les rapports qu’entretiennent avec la science des intellectuels qui se réclament de l’Islam et qui ont une forte influence sur la manière dont les gens se représentent ces deux entités.

Et pour en parler mieux que nous, Alexandre Moatti s’est déplacé à Nancy. Auteur de plusieurs livres de critique de la science, il est notamment celui du livre intitulé « Islam et science, antagonismes contemporains ».

 

Enregistré le 4 janvier 2017.

 

Editorial

 

Beaucoup parmi vous, certainement, dans leur plus tendre enfance, se sont vu complimentés – ou critiqués – pour leur intelligence plutôt “littéraire” ou plutôt “mathématique”, à un âge où les bonnes notes suffisent à ravir petits et grands, un âge où l’on ne s’inquiète pas encore pour son avenir.

Sans doute que par la suite, cela s’est corsé et légèrement latéralisé : On vous conseillait de mieux travailler les matières scientifiques pour partir en S parce que, c’est bien connu, un bac S vaut mieux qu’un bac L (cette filière de fainéant). Il se trouve qu’avec un bac scientifique, on a accès à tout ce qu’offre un bac littéraire alors que l’inverse n’est pas vrai, n’est ce pas ?

Le message est clair : les filières scientifiques dites “dure”, filles légitimes du baccalauréat scientifique, valent mieux que les filières sociales, celles des sciences humaines, enfantes du baccalauréat Littéraire. D’ailleurs, si les unes sont qualifiées de “dures”, c’est bien en opposition aux autres qui, en comparaison, ((doivent bien être…)))sont “molles”.

Le terme “dure” est d’ailleurs facultatif. On parle de “sciences” tout court parce que ce sont bel et bien les sciences “humaines” qui sont les variations ((mineures)) d’un matériaux noble et originel.

A partir de là, on peut concevoir la facilité relativiste avec laquelle on considère les découvertes des sciences humaines. Au fond : que savent ils ces sociologues qui prétendent qu’une petite fessée ne fait pas de bien à l’éducation ? Et ces psychologues, comment peuvent-ils prétendre savoir ce qui se trame dans notre tête ? Que dire de ces musicologues qui prétendent avoir des choses à dire sur le génie d’un Beethoven ? Peut on vraiment faire confiance aux économistes ? In fine, ne faudrait il pas tout simplement supprimer les sciences humaines, si ce sont des découvertes au rabais qui sont plus de l’ordre de la masturbation analytique que de la véritable recherche ?

Pourtant on reconnait des découvertes des sciences humaines ! On juge avec beaucoup de dureté ceux qui nient l’Histoire et on admet sans trop de peine les conclusions des archéologues.

Si les sciences souvent qualifiées de dures s’opposent si frontalement à leurs sororales semblables, les nonchalantes sciences humaines, molles ou que sais-je, c’est forcément signe qu’il y a sujet à discussion sur ci et sur ça. Sans quoi nous ne serions pas ici siégeant séant chacun les uns face aux autres à spéculer sur le sens de ces riches et sinueux champs de recherche et je ne serais pas plus en train de soliloquer non sans moultes crachats et souffrance mon éditorial de qualité supérieure 76,667% pur allitérations qui, chantant sort donc sans surprise de l’esprit tortionnaire du seul suspect et responsable possible : mon complice, ce salaud chétif sadique et revanchard sans scrupule de Vled Tapas.

Alors pour des raisons évidentes de méthode, posons comme autant de jalons les questions qui nous intéresseront ce soir afin d’éviter les débordements propres aux sujets si vastes. Qu’est ce qu’une science ? A partir de là, qu’est ce qu’une science humaine ? Pourquoi une science humaine ne pourrait pas être une science tout court ? Est-ce que le précédent paragraphe avait pour but avoué de torturer le présent lecteur, responsable patenté de la prose qui tourmente habituellement Vled ?

Pour répondre à tout cela, nous recevons Charlotte, des langues de Cha et Manon, de C’est une Autre Histoire.

Enregistré le 21 décembre 2016

 

Editorial

À vous aussi, on a sûrement raconté l’histoire de cet homme opulent, à la barbe fleurie et au rire débonnaire, cet homme du pôle Nord altruiste comme nul autre, qui passe toute l’année à confectionner les jouets qu’il distribue lui-même à tous les enfants sages du monde. Avec une célérité inexplicable, sur un traineau volant tiré par des rennes, ce personnage visite les maisons, se glisse dans les cheminées et dépose les cadeaux à la faveur de la nuit.

Veuillez, s’il vous plait, éloigner les enfants de votre poste. Il ne nous appartient pas de briser le charme innocent des fausses croyances que vous leur avez inculquées afin d’éprouver égoïstement la nostalgie d’une illusion perdue sur la magie de ce monde. Nous ne jugerons pas la facilité avec laquelle vous leur mentez – pour leur bien dirons-nous – et les habituez à croire des histoires farfelues. Vous êtes par ailleurs fortement encouragés à prendre ces déclarations au second degré.

Mesdames et messieurs, beaucoup ont cru à cette histoire de Père Noël. Les membres de notre équipe ont cru à cette histoire !

Mais désormais, et bien malgré eux, ils n’y croient plus. Ils ont abandonné cette croyance, non pas après avoir reçu une preuve de la non existence des rennes volants ou une image satellite de la Laponie démontrant l’absence de chaumière peuplée d’elfes. On sait aujourd’hui, grâce à des calculs savants, que la distribution des cadeaux par un seul et même personnage au cours d’une seule nuit nécessiterait que le traineau se déplace à une vitesse approchant celle de la lumière avec des frottements contre l’air et des accélérations qui réduiraient en purée d’atomes n’importe quel homme opulent à la barbe fleurie, tout débonnaire fut-il. Aucun d’entre nous n’a obtenu les preuves irréfutables que les cadeaux déposés sous le sapin, étrangement semblables à ceux contemplés dans le catalogue du supermarché trois semaines plus tôt, n’avaient pas pour origine un atelier d’elfes juché au milieu du cercle arctique. Nous avons cessé de croire pour diverses raisons, bien souvent parce que nos parents nous y ont autorisés, en nous révélant la vérité.

Sauf s’ils nous ont menti bien sûr. Et comme on sait que les parents peuvent mentir à leur progéniture, alors on n’est plus sûr de rien. Et nous voilà bien embêtés. Comment savoir ce qu’il est raisonnable d’accepter pour vrai. Doit-on croire seulement ce que nous voyons, tel Saint Thomas ? Est-ce raisonnable d’évoquer Saint Thomas si on ne l’a pas vu ? Les rat-taupe nus existent-ils si je n’en ai jamais croisé en vrai ? Le Moyen-âge a-t-il vraiment eu lieu ? Mystère et boule de gomme. Si ça se trouve on ne saura jamais.

Et de fait, la certitude absolue ne fait pas partie de ce que nous sommes autorisés à attendre raisonnablement. Il nous reste donc à faire de notre mieux avec ce dont nous disposons, à juger prudemment de la véracité des idées qu’on nous propose. Et ce qui est valable pour l’existence du Père Noël l’est également pour un tas d’autres personnages historiques dont on ne nous a jamais dit qu’ils pouvaient ne jamais avoir existé… et dont on a donc toujours cru que l’existence était certaine.

Et pour parler de ces sujets sensibles, je reçois Mendax… parce que personne d’autre n’a eu envie de se mouiller dans cet épisode de Noël.

Regarder l’émission.

Quelques réflexions supplémentaires sur Le Père Noël et la thèse du Jésus mythique dans un article à consulter ici.

Enregistré le 16 novembre 2016
Invités : Jidé (Cardiologue de la chaîne Ascl&pios) Pauline (Ingénieur agronome, Dr en immunologie, sa chaîne : Un peu pointu) et Ronan (vaccinologue).

 

Editorial

Prenez un être humain en bonne santé et contre qui vous n’avez aucun grief. Injectez-lui dans les veines une préparation pharmaceutique contenant des morceaux de pathogènes et des produits chimiques toxiques à haute dose qui vont affoler son corps et le forcer à se défendre.
Mais qui a bien pu pondre une idée pareille ? N’est-ce pas absurde au plus haut point que d’injecter des choses comme ça à des gens qui ne sont pas malades ; et dès le berceau ? Il faut bien que certains y trouvent leur intérêt !

On peut difficilement imaginer une pratique plus contre-intuitive, plus dérangeante que celle-là. Personne n’a envie de jouer avec la santé de ses proches, en particulier de ses enfants. Il est tout à fait normal pour un parent d’être attentif et prudent vis-a-vis des soins que son enfant reçoit. Et on entend des affaires de scandale, des histoires glaçantes liées à la cupidité des industriels qui méprisent les risques qu’ils font courir à tout le monde. Et on a peur.

On a peur car on ne veut pas que la santé soit un marché financier comme un autre, que l’argent règne partout et que, finalement, la vie et la mort soient une question de prix. On a peur car on sait qu’en tant que pays, nous, Français nous consommons trop de médicaments. Et si le mot trop a du sens alors on devrait en consommer moins, à commencer par ceux qu’on nous donne alors que nous ne sommes même pas malades ! On a peur car il est difficile de comprendre la balance bénéfice / risque qui va dépendre de beaucoup de paramètres et qui détermine le choix des professionnels de la santé dans les conseils qu’ils nous donnent.

Et puis on a peur car on nous dit d’avoir peur. On nous dit que les vaccins causent l’autisme ou la sclérose en plaque ; et ça fait la une des journaux. On oublie facilement que ces résultats ont été réfutés, notamment parce que ça ne se retrouve pas à la une des journaux ! On a peur parce que notre confiance dans la médecine s’est érodée, parce que notre vision de la science est désenchantée. L’an 2000 est passé, et nos vies sont toujours au moins un peu merdiques. Ça ne ressemble pas au futur qu’on nous avait décrit. On se sent un peu trahi.

Tout ça pour dire que le scepticisme vis-a-vis des vaccins est compréhensible. Se demander si un médicament est vraiment utile, s’il est vraiment sûr, ce n’est pas insensé. Les parents inquiets ne le sont pas sans raison même si elles sont mauvaises. Et puis vous avez les antivax, et c’est une autre catégorie. Ceux-là ne doutent pas, ils sont sûrs de leur combat, de leur idéologie. Et leur prosélytisme agressif prêche un anathème définitif : les vaccins sont une invention dangereuse

Et pourtant les faits leur donnent tort, constamment. Les vaccins ont sauvé des millions de vie, ont épargné à d’autres les séquelles d’affections graves. Nous serions moins nombreux ce soir dans cette émission sans les vaccins sur lesquels nous allons tenter de dire des choses vraies, intéressantes et utiles avec trois invités, professionnels de la santé qui déclarent n’avoir aucun conflit d‘intérêt avec l’industrie médicale.

Regarder l’émission.

Invité : Didier Pachoud.

Président du GEMPPI.

Emission enregistrée à Nancy le 2 novembre 2016.

Editorial

Nul ne voudrait être décrit comme une personne sectaire. Le mot « secte » fait peur ou fait rire, il a rejoint tout entier le registre de l’injure et de l’imprécation. Le sectaire, c’est toujours l’autre, celui qui refuse de changer d’avis, celui qui refuse d’être d’accord avec moi. Le sectaire, c’est toujours le méchant de l’histoire.

Sauf que les sectes, ça existe, et donc ça n’arrive pas qu’aux autres. Derrière les caricatures rassurantes où le grotesque des gourous et la stupidité des adorateurs nous permettent de nous convaincre, chacun de nous, que jamais nous ne tomberions dans un piège aussi grossier, il y a une réalité toute simple : les gens qui tombent dans des sectes ne savent pas qu’elles tombent dans des sectes.

Les victimes de ces mouvements ne sont pas plus bêtes ou moins instruites que les autres. Croire le contraire nous arrangerait bien, cela nous donnerait le sentiment que ce qui se produit dans le monde n’arrive pas sans raison. L’exercice de la pensée critique nous force à nous débarrasser de ce genre de préjugé.

Une secte, c’est dangereux, parce que ça ne ressemble pas à une secte. Les méchants manipulateurs, ils sont certes manipulateurs et ils sont sans doute méchants, mais quand ils le sont, eh bien c’est parce qu’ils le sont qu’on leur accorderait le bon Dieu sans confession. Ceux qui ont l’air d’être des aigrefins, des pervers et des filous, ceux-là sont bien moins efficaces dans leurs méfaits. Ce sont les autres, les plus séduisants, les plus affables qui peuvent faire de grands dégâts.

Quand on dit secte, on pense à gourou et on pense sans doute à Raël et à son cortège d’élucubrations soucoupiste et de messages venus des étoiles. On se dit qu’il faut y aller, quand même, pour avaler des histoires pareilles. Il ne nous vient pas forcément à l’esprit que la porte d’entrée dans des mouvements sectaire n’est pas toujours frappée du sceau du paranormal, du spirituel ou de l’irrationnel, en tout cas au premier abord.

À côté du saugrenu et du loufoque, les sectes qui réussissent sont celles qui font croire qu’elles peuvent aider les individus à aller mieux, à se débarrasser d’un mal-être, d’une angoisse, elles répondent à des besoins qui n’ont rien de ridicule !

Le bien-être, les médecines douces, la pseudo-diététique et toutes les pratiques liées au ressenti de la personne dans son corps et dans sa vie… sont un nid de propos creux mais rassurants, de pratiques et de soins inefficaces mais engageants, et on est souvent bien loin de la magie, des esprits ou des discours religieux, car les sectes s’habillent désormais de scientificité. À travers l’usage d’un jargon impressionnant, une usurpation des codes de la communication scientifique et un recyclage des concepts habituels autour de l’antagonisme entre un monde externe brutal, agressif et l’environnement du groupe jugé épanouissant et protecteur, les sectes d’aujourd’hui passent parfois inaperçues. Mais leurs conséquences sont réelles, et parfois irréparables.

La plus célèbre affiche sa stratégie dans son nom même : la scientologie. Et on entre en scientologie comme on entre en thérapie, pour se débarrasser de ce qui nous aliène, des mauvaises influences, et s’émanciper sur un chemin de vérité. Ironie des ironies, les victimes courent tout droit vers les dangers qu’elles veulent fuir.

Nous recevons ce soir Didier Pachoud du GEMPPI, le Groupe d’Etude sur les Mouvements de Pensée en vue de la Protection des Individus, pour comprendre mieux la mécanique des sectes, les vrais dangers, les solutions qui existent actuellement, pour qu’il nous aide à nous débarrasser des idées reçues sur ces sujets.

Nous intervenons en conférence à diverses occasions. Et c’est toujours un plaisir de travailler en public ! Toutes n’ont pas été enregistrées, mais voici de quoi vous donner un aperçu.

Néocast 2015

La première représentation de Vled & Mendax s’est faite en 2015 lors de la Néocast. C’était l’occasion de faire quelques expériences visuelles avec le public et de se rendre compte que notre cerveau n’a pas accès à grand chose de son environnement.

Geekopolis 2015

Intitulée Le Côté Obscur du Cerveau », pour répondre au thème du salon, cette présentation reprend le décalage entre réalité et perception déjà présenté ci-dessus.

 

Convention Nota Bene 2015 : Le Scepticisme dans l’Histoire.

Intervention d’Acermendax dans l’enceinte de la forteresse de Montbazon pour évoquer la longue et épineuse histoire du scepticisme, cette pensée qui dissous les certitudes sur son passage.

 

Videocity 2015

Grand salon du « Youtube-Game », Videocity c’est les vidéastes du Net sous l’angle de Youtube et sous le prisme des gens de la Télé. Autant dire que nous n’étions pas vraiment dans notre monde. Néanmoins, aller à la rencontre du public là où il est fait entièrement partie du travail.

 

La Conjuration Open Source #1 – Le Créationnisme

La veille de Vulgarizators, nous avons voulu organiser une petite rencontre avec des collègues sceptiques / zététiciens. Et avec ces gens les choses s’énchaînent très vite. En quelques échanges sur skype, nous sommes passés d’une discussion derrière un verre à un format vidéo enregistré en public. Organisé un peu à l’arrache, ce format nous donne envie de reproduire l’expérience… un de ces jours.

Vulgarizators 2015

Une soirée parfaite, à l’ENS de Lyon avec une belle brochette de collègues talentueux. Notre meilleure prestation de l’année !

 

« Le doute et l’erreur en sciences »

Notre première visite de Nice était un événement : la rencontre avec le papa de la zététique française, Henri Broch. Une jolie table ronde dans un bel amphithéâtre presque plein. Des choses comme ça, on veut en faire tout le temps.

 

Le Moyen-âge a-t-il réellement existé ?»

Convention Nota Bene. Le Moyen-Âge a-t-il existé (le Récentisme) ? 23 juillet 2016 à Montbazon lors du weekend des abonnés de Nota Bene