La chaîne aborde sur un ton décalé dans la forme mais sérieux sur le fond les raisons qui font que notre lecture du monde est souvent bancale.

Avec Nathan Uyttendaele, Samuel Buisseret et Richard Monvoisin

Enregistré en confinement, le 1er avril 2020

Emission diffusée en simultané sur la Tronche en Biais, Le Chat Sceptique et Mr Sam.


Editorial

La première étape de la démarche scientifique et plus généralement de la pensée méthodique, c’est le scepticisme a priori sur les faits. Cela veut dire qu’on ne prend rien pour acquis, et qu’avant de croire une chose, on s’assure qu’il existe de bonnes raisons de penser que c’est vrai. Depuis ses débuts, la zététique (qu’on utilise le terme ou pas) met en avant le scepticisme dans le but de contrecarrer les mécaniques de remport d’adhésion qui fonctionnent parfois trop vite pour qu’on s’avise qu’on a été influencé, y compris par soi-même.

Selon certains (et j’en fais parie) la pensée critique consiste a accepter de ralentir le raisonnement, à prendre le temps de se questionner sur la valeur qu’on accorde à nos conclusions, et, le cas échéant, sur la nécessité de ne pas avoir d’opinion. Il faut parfois du courage pour accepter de ne pas avoir d’opinion sur des sujets qui fâchent, qui polarisent, qui font polémique, qui exigent qu’on choisisse un camp. Ce n’est pas de la lâcheté que de dire : « je ne sais pas, il me faudrait plus d’information pour pouvoir me prononcer » ou encore de se taire à propos des sujets sur lesquels on n’a rien à dire.

Mais la suspension du jugement n’est pas une fin en soi, tout le monde le comprend bien. Et on peut se demander si, parfois, le contexte n’est pas trop impérieux pour qu’on se paie le luxe d’être difficile, de trier les données, et tout simplement d’attendre.

J’aimerais vous dire que j’ai la recette miracle pour sortir de ce dilemme, mais je ne veux pas voler leur job aux gourous patentés ou en devenir. Je n’ai pas à ce jour de réponse ferme, et en quelque sorte je suspends mon jugement au sujet de la nécessité inconditionnelle de la suspension du jugement… Peut-être mes estimés confrères réunis ce soir éclaireront-ils cette question.

Invité : Olivier SILBERSTEIN

Enregistré à la Bibliothèque Stanislas de Nancy le 15 janvier 2020

Editorial

Vieille mégère au nez crochu, une verrue au menton, à cheval sur son  balai, elle vole sous la pleine Lune vers la forêt pour participer au sabbat et, toute la nuit, danser, copuler avec le diable, jeter des mauvais sorts et manger des bébés. La voilà, la sorcière !

On en a tué soixante mille en Europe, mais d’autres en ont réchappé.

La vilaine sorcière du folklore affolait les bonnes gens d’il y a quelques siècles. En tout cas, c’est ce qu’on s’imagine aujourd’hui. Et déjà il faut bien se souvenir qu’on tuait encore par chez nous, au nom de l’abominable crime de sorcellerie jusqu’en 1856 ! On avait commencé dès les années 1430 du côté de la Suisse. La sorcière est donc une figure bien implantée dans notre culture. Cela ne veut pas dire que nous comprenons bien ce qu’elle représente réellement ni les raisons de son succès. Savons-nous en quoi exactement elle faisait peur, cette créature un peu mythique, ce bouc émissaire que la population, dans une bouffée de déraison criminelle, accuse de tout et brûle en place publique pour conjurer ses angoisses ?

Les blâmait-on d’être des femmes fortes, émancipées, savantes, autonomes, des sortes de féministes d’avant l’heure que la société ne pouvait que rejeter au nom d’un ordre établi ? Mais d’ailleurs, est-ce que les accusations ciblaient uniquement les femmes ? Ou bien les marginaux, d’où qu’ils viennent, les originaux, les gens bizarres ou les malades, dont le décalage avec les us et coutumes les rendaient suspects d’une manière ou d’une autre ? Mais peut-être encore décochait-on le « vilaine sorcière » uniquement comme un stigmate social, un coup d’épée visant la réputation afin de détruire un rival économique, de spolier une veuve, de régler un conflit familial…

Des hommes érudits, puissants et (très) religieux, ont écrit sur la question des ouvrages ahurissant de superstition et de haine en mêlant à leur discours la religion qui était la leur. La chasse aux sorcières en devient-elle un phénomène religieux ? Et aujourd’hui ? Nos régions sont plutôt épargnées par le type de croyance qui conduit à ces débordements, mais il se produit encore, en quelques endroits du monde, au 21ème siècle, des histoires abominables de lynchages, de mises à mort au prétexte de sorcellerie. Les victimes sont souvent des femmes, des marginaux, des enfants, des personnes infectées par le VIH…

Les humains d’aujourd’hui, sur Twitter ou à la machine à café, ont des cerveaux indiscernables de ceux que réjouissaient l’exécution des sorcières. Et la société actuelle a conservé bien des codes, des fonctionnements, des automatismes qui nous rappellent cette époque. Sommes-nous traversés aujourd’hui des mêmes types de réaction, des mêmes désirs de vengeance, de punition, d’annihilation sociale, dans des mécaniques d’une même nature ? Si oui, qui sont nos sorcières à nous ?

Cela fait beaucoup trop de questions pour une seule soirée ; nous allons commencer avec un regard d’historien sur la période de cette chasse aux sorcières en Europe avec notre invité, Olivier SILBERSTEIN qui nous vient de l’Université de Neuchâtel. Bonsoir Olivier.


Sur presque le même sujet et dans un registre différent, vous pouvez être intéressé par « Le marteau des sorcières », une pièce de théâtre d’Acermendax.

Invité : Lyokoï (Lucas Levêque)  — Membre de Wikimédia France

Enregistré le 14 novembre 2019 chez RCN.

Editorial

Ah, si seulement nous avions accès à la connaissance et à la culture gratuitement. Si seulement, en un clic, on pouvait connaître la biographie de Pocahontas, trouver un sonnet de Verlaine ou tout savoir sur le pylore.

« Le pylore (du grec πυλωρός, pylôros, « qui garde la porte, portier ») est la région de l’estomac qui connecte ce dernier au duodénum, on parle de région pylorique. » ceci est le début de l’article Wikipédia dédié à cette petite partie méconnue de notre anatomie.

Il y a deux millions d’articles en français, plus de 38 millions au total, Wikipédia est l’un des sites les plus visités du monde, l’un des plus cités aussi. Et tout le monde peut le consulter gratuitement. C’est un bien commun, le produit de l’intelligence collective motivée par un but commun : réaliser la plus grande encyclopédie du monde.

Mais évidemment, vous savez je suppose qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on lit sur Internet. Cette encyclopédie, nous n’en connaissons pas les auteurs. Peut-être cherchent-ils à nous tromper, à mettre en avant des idées ou des produits. Nous ne connaissons pas très bien ses créateurs : quel était leur but, ont-il des intérêts cachés. La plupart des gens ne connaissent pas les coulisses de ce vaste projet où certaines personnes détiennent le pouvoir de bloquer une page, d’en interdire la modification, où sévissent parfois des guerres d’édition.

Alors réparons ces lacunes avec Lucas, membre de la fondation Wikimédia

Entretien Sceptique avec Charles-Éric de Saint Germain (professeur de philosophie)

Enregistré le 21 octobre 2019

Editorial

Dieu, c’est une vieille histoire. Le divin, le monde des esprits, le surnaturel, tout cela est peut-être aussi vieux que les humains. Dans le paradigme déiste c’est encore pire, Dieu était là avant l’existence de tout, y compris le temps. Et selon les théistes Dieu est resté dans les alentours, penché sur son œuvre, attentif, bienveillant mais sévère, plein d’amour et génocidaire, figure déconcertante, évasive, irréfutable, échappant si résolument aux définitions qu’il existe encore aujourd’hui des milliers de religions monothéistes incompatibles.

Toutes les religions ne peuvent pas dire le Vrai. Evidemment, toutes peuvent se tromper, et c’est l’avis des athées et des agnostiques, ou bien une seule d’entre elle a raison et toutes les autres ont tort.

Je ne vous teaserai pas davantage, la vraie religion, c’est bien sûr le protestantisme, je serai plus précis c’est l’église évangélique. Encore mieux, c’est la version personnelle de Charles-Eric de Saint Germain, notre invité, puisqu’il affirme savoir sur Dieu des choses que d’autres ne savent pas ou ne reconnaissent pas ou ne comprennent pas.

Je le cite dans un échange sur mon propre mur Facebook il y a quelques semaines :

L’émission d’aujourd’hui a lieu car j’ai réagi à un article de l’invité intitulé « Comment prouver à un athée – en moins d’une minute – que Dieu existe, par une preuve extrêmement simple mais imparable »[1]

La preuve proposée dans cet article est ce qu’on appelle la preuve par le commencement. Monsieur de Saint Germain vous enjoins à questionner l’athée comme suit :

« Demandez-lui s’il croit que l’existence du monde a un commencement dans le temps.

S’il vous répond « non », c’est qu’il croit que le monde a toujours existé.

En supposant que le monde a toujours existé, demandez-lui comment on fait pour parvenir jusqu’à l’état actuel du monde, vu que la série des états du monde successifs va à l’infini en arrière. Si l’on cherche à remonter la série depuis moins l’infini jusqu’à aujourd’hui, on n’y arrivera jamais.

➡ L’hypothèse que le monde n’a pas de commencement dans le temps est donc absurde. 

S’il vous répond « oui », demandez-lui ce qu’il y avait avant que le monde soit créé.

S’il vous répond « rien », demandez-lui comment le monde a-t-il fait pour apparaître à partir de rien, vu que quelque chose (le monde) ne peut provenir de rien (du néant), car le néant n’est pas créateur de quoi que ce soit (Gros silence et soupir…).

S’il vous répond « rien », demandez-lui comment le monde a-t-il fait pour apparaître à partir de rien, vu que quelque chose (le monde) ne peut provenir de rien (du néant), car le néant n’est pas créateur de quoi que ce soit (Gros silence et soupir…).

➡L’hypothèse la plus probable est qu’il faut bien qu’il y ait un Dieu lui-même éternel et incréé, qui ait créé le monde à partir de rien (création ex nihilo). Donc Dieu existe nécessairement pour expliquer que le monde existe.

CQFD »

Nous y reviendrons peut-être, mais je vous livre d’emblée ma réfutation : cette preuve apologétique confond un « Univers sans commencement » et un « Univers avec un commencement infiniment ancien ». Ces deux univers ne répondent pas à la même définition, ils ne peuvent pas être considérés comme étant la même chose ; ce qui invalide complètement l’argument. Avec la même logique défaillante, souvenons-nous que Zénon avait conclu à l’impossibilité du moindre mouvement. Par ailleurs, cette « preuve » aborde le temps d’une manière intuitive et naïve, alors que la science nous démontre depuis Einstein au moins que le temps n’est pas ce que, spontanément, l’on croit qu’il est. Enfin, la conclusion ne s’impose que par la force d’un sophisme de l’appel à l’ignorance selon lequel si l’on ne sait connait pas la réponse, c’est donc que Dieu doit être appelé.

J’ai donc de fortes réserves sur la force d’une telle démonstration, mais il faut offrir à Charles-Eric de Saint Germain le droit de nous convaincre, notre oreille attentive, la suspension de notre jugement et le secours des questions que nous inspirera notre esprit critique. Il a accepté de se frotter à la zététique avec nous ce soir, et cela mérite d’être salué.

Dans l’heure qui vient, nous allons aborder : 1) Foi et Raison. 2) Bible et Sciences. 3) Les preuves de l’existence de Dieu. 4) La vérité du christianisme par rapport aux autres religions.

Avant de démarrer je vous rappelle ce qu’est un Entretien Sceptique comme celui-ci. Il ne s’agit pas d’un débat entre deux spécialistes où nous allons argumenter pied à pied dans le but de démontrer une fois pour toute qui a raison. Le véritable but et de porter un questionnement sceptique à la rencontre d’énoncés du type de celui que j’ai cité un peu plus tôt. Le format live nous permet une chose importante, demander des précisions, interroger un point qui paraît faible, flou ou incohérent, et nous aider à terminer l’entretien en comprenant mieux pourquoi notre interlocuteur pense et parle comme il le fait. Car cela peut s’avérer précieux pour réévaluer la manière dont nous pensons ce que nous pensons.

Bonsoir Charles-Eric.



[1]https://www.infochretienne.com/comment-prouver-a-un-athee-en-moins-dune-minute-que-dieu-existe-par-une-preuve-extremement-simple-mais-imparable/

Enregistré le 7 janvier 2020 au Lycée Stanislas de Villers-lès-Nancy

Invités : Clément Freze — MaxEstLà — Victor Rességuier — Bastien Chevallier

Editorial

La mort est une chose à laquelle il semblerait bien qu’aucun être vivant ne puisse échapper. Les humains ont cela de spécial qu’ils le savent et qu’ils ont construit des systèmes de croyance très complexes, très couteux, très ostentatoires et parfois très agressifs pour se convaincre du contraire. On pense aux religions, mais il y a également les nationalismes et toutes les idéologies qui permettent à l’individu de trouver une raison d’être plus grande que lui-même : la famille, l’art, la culture, la science… ou une chaîne YouTube.

L’existence d’une vie après la mort serait une réponse parfaite à de nombreuses angoisses humaines. C’est un sujet important ; la plupart d’entre nous avons perdu des proches, et s’il nous était offert de leur parler à nouveau, de les sentir vivants, nous voudrions y croire. Il est normal de vouloir croire à l’existence d’une vie après la mort, cela ne signifie pas forcément que certaines personnes puissent être en communication avec l’au-delà. Et surtout cela ne dit pas comment on pourrait les distinguer, ces gens-là, de tous ceux qui pourraient singer de tels talents dans le but de se sentir spécial, de réconforter une amie endeuillée, d’être regardé comme quelqu’un d’important, de récolter un peu de fric au passage, de se construire une petite secte autour de soi… Qui sait les motivations qui animent les imposteurs ?

Celles et ceux qui consultent des médiums ne sont pas très différents de celles et ceux qui trouvent cette pratique malhonnête ou stupide. Ce qui les distingue est un ensemble complexe d’attentes, de besoins, d’exigences, de contextes psycho-sociaux, de sympathie pour telle ou telle vision du monde. Pour le dire autrement : les performances d’un médium n’épateront pas tout le monde. Le problème est que cela ne nous dit objectivement pas grand-chose sur la réalité du phénomène allégué.

La satisfaction du client ne nous dit rien non plus. N’oublions pas que le client n’arrive pas neutre et sans préconception chez un médium ; il est souvent bien content que le médium l’aide à croire ce qu’il veut croire, il est co-auteur de la séance, et il en fera généralement après coup un récit qui correspondra à ses attentes. Les témoignages des gens convaincus ne peuvent pas nous servir à évaluer la qualité du service rendu ou vendu par le médium.

Le cas de la médiumnité ne fait que poser la question de la testabilité d’allégations de la part de personnes qui tirent profit de la croyance des autres. Et c’est un peu ça le vrai sujet. Nous allons bien sûr parler du cas de Bruno Charvet, le médium a la mode qui s’est montré capable de parler à une défunte totalement inventée. Le propos de cette émission ne sera pas de s’acharner sur ce monsieur ou sur ses clients mais de nous servir du matériel pédagogique qu’a produit le travail combiné du médium et de la petite équipe de sceptiques rassemblée ici ce soir.

Nous essaierons de décrire l’affaire en  question, et surtout d’en tirer des enseignements sur les discours qui entourent ce genre de profession et sur l’usage de la rhétorique. La rhétorique est souvent ce qui permet de distinguer un propos honnête d’une stratégie de protection d’un business model. La rhétorique est hélas souvent le voile que les professionnels du paranormal tentent d’employer pour échapper au questionnement des sceptiques et à la mise à l’épreuve de leurs allégations.

Si vous voulez croire à la vie après la mort et à l’existence de véritables médiums, mais sans tomber dans la crédulité indigente qui profite aux margoulins, la zététique est votre meilleure alliée.

Ce soir nous allons discuter sur la manière dont un médium pourrait nous convaincre qu’il n’est pas un charlatan avec : Clément Freze, Victor Rességuier, Max Est Là, et (via skype : Bastien Chevallier).

Sur le même sujet :

Editorial

Les gens qui pensent manquer d’esprit critique, c’est rare. En revanche, ceux qui imaginent en avoir forcément plus que le gars d’en face ne manquent pas. C’est le piège qui attend tout aspirant à la zététique et c’est l’image que se traîne un peu notre communauté (si on peut parler de communauté, ça c’est un autre débat). Des aspirants au doute raisonnable, c’est ce que nous sommes sur cette chaîne, et je ne connais personne autour de moi qui se présente comme un expert, une référence, un zététicien pur sucre. Si vous, vous en connaissez, c’est étonnant. Je dirais même que c’est suspect.

Dans la recherche de la zététique, de l’art du doute, de l’esprit critique, quand on se croit arrivé c’est qu’on est perdu.

Alors, bien sûr, se demander ce que c’est qu’un bon zététicien ou un mauvais zététicien a peu de chance de recevoir une réponse définitive ; que ça ne nous empêche pas d’y réfléchir. D’abord le zététicien (ou la zététicienne) est un être humain disposant d’un cerveau humain avec tous les biais que ça implique. Autrement dit le zététicien n‘est pas moins biaisé que les autres. Comme tout le monde, il est parfois tenté, sans bonne raison, par certaines conclusions plutôt que par d’autres. Il est frappé de préjugés. Il est sous l’influence de son milieu, de sa culture, de ses émotions. Ni plus ni moins que n’importe qui.

Mais son petit atout, celui qui fait toute la (petite) différence, c’est qu’il sait qu’il est biaisé, il connait les pièges, il peut identifier les situations les plus périlleuses, et, s’il consent à réagir, il peut activer sa vigilance épistémique et ainsi éviter de se tromper ou de persister dans l’erreur. Son petit atout doit le conduire à une plus grande prudence épistémique. C’est un super-pouvoir peu télégénique, mais il peut être très important.

Le « bon » zététicien sait que s’engueuler avec quelqu’un est un mauvais moyen de lui faire changer d’avis. Il sait quels types d’arguments ne pas employer, les sophismes… mais avouons que parfois les moisissures argumentatives fusent plus vite qu’on ne voudrait, et que le zététicien, n’étant pas parfait, peut aussi échouer à débattre proprement. Twitter, par exemple, n’est pas un environnement favorable à la zététique et le bon comme le mauvais zététicien peuvent l’apprendre à leurs dépens.

Sommes-nous, ici même, de bons ou de mauvais zététiciens, on aura bien du mal à trancher. La zététique c’est l’art du doute, mais historiquement et tel que nous tentons de la pratiquer c’est aussi une forme de didactique des sciences, une façon de s’initier à la méthode scientifique, de promouvoir l’esprit critique, et bien souvent (historiquement encore une fois) une exploration rationnelle et sceptique des thèses liées au paranormal.

Tous ceux qui utilisent ce terme et s’y reconnaissent ne donnent pas la même importance à ces différents aspects, et, évidemment, leurs avis divergeront sur ce qui fait un bon ou un mauvais zététicien. Tout ce que l’on pourra faire ce soir, c’est vous aider à réfléchir à la question et à trouver quel type de zététique vous avez envie de pratiquer.

Nous sommes réunis par la même croyance, celle que l’esprit critique est important, que certaines idées sont dangereuses, surtout si elles sont confortables, que notre société a besoin de remettre en question ses certitudes, que l’ignorance est toujours pire que la connaissance et que l’illusion de la connaissance fait des ravages autour du monde.

Rappelons-nous toujours de ça au moment de débattre entre nous des moyens que nous voulons employer, des attitudes que nous devons adopter. L’un des adages de la zététique nous dit que « l’alternative est féconde », alors prêtons oreille aux manières de penser des collègues en nous retenant de croire que notre manière de faire est la seule qui vaille.


Des amis créateurs de contenu ont apporté leur contribution à la réflexion sous forme de petits messages autour de la question c’est quoi un bon zététicien » ?

Message de Christophe Michel (Hygiène Mentale)

– Je ne propose PAS d’être bienveillant par ce que ce serait « bien » ni que être agressif serait « mal ». (déontologisme)

– Je propose d’être bienveillant par ce que je pense que c’est « utile » pour la réalisation de mes objectifs (conséquentialisme)

Mes objectifs sont aller vers une société plus rationnelle et plus tolérante. (J’ai bien sur des objectif de plus haute priorité encore, comme améliorer ma propre metacognition, mais ici dans le contexte ca n’a rien a voir) Pour réaliser cet objectif, j’essaye de « améliorer la connotation positive » de la pensée critique (ouverture d’esprit, dialogue entre tenants et sceptiques) , ce qui est un peu différent de simplement « enseigner » la pensée critique. Je ne propose pas que TOUS les créateurs de contenus sceptiques aient la même approche, car je sais que différents types de public sont convaincus par différents types d’approche (les croyances les plus ancrées nécessitent parfois d’être bousculée).

 Par contre je propose que TOUS les créateurs de contenus sceptiques s’entendent pour dénoncer ouvertement tous les appels a des violences physiques contre les croyants, tel que – leur donner des baffes. – les cogner – leur foutre des coups de chevrotine dans le cul

C’est sur ce dernier point que je trouve que je n’ai pas beaucoup de soutiens en ce moment.

Et bien sur (disclaimer) je reconnais que il existe des circonstances où la violence physique est nécessaire (se libérer d’une oppression, etc) mais ici dans un contexte epistémologique (sur les questions de croyances) je ne pense pas qu’il existe es circonstances où la violence physique est justifiée, et le simple fait de faire un parallèle entre les platistes et des oppressions systémique est choquant.

Message de Nathan, le Chat Sceptique.

Les meilleurs penseurs critiques sont des personnes incroyablement bienveillantes, compréhensives, soucieuses du bien-être des autres, approchant tout le monde avec douceur, y compris les tenants les plus virulents. Ce sont des personnes qui ne perdent jamais leur moyen, ne s’expriment jamais avec sarcasme ou ironie, n’insultent jamais qui que ce soit.

Les penseurs critiques que j’identifie comme se rapprochant de cet idéal sont peu nombreux mais existent et sont de véritables trésors à mes yeux. L’équipement des concernés pour faire face à une certaine réalité de terrain pose toutefois question. Dans un monde où tout le monde serait bienveillant, l’approche des concernés serait parfaite. Mais nous ne vivons pas dans ce monde.

Certains tenants de croyances et de pratiques en désaccord avec la réalité sont prêts à tout pour mater les penseurs critiques, vus comme des ennemis quoi qu’ils fassent ou disent, quitte à passer à l’intimidation, au procès, au harcelement ou aux coups et blessures. Je pense que face à ces tenants-là, nous avons besoin de penseurs critiques capable de résister et, *parfois* de rendre des coups aux concernés.

Des gens comme Mendax de la Tronche en Biais, Arnaud d’Astronogeek ou encore DEFAKATOR. Ces gens ne correspondent pas à ma vision de ce qu’un penseur critique idéal devrait être, mais je suis sûr d’une chose : on ne peut pas se passer d’eux à l’heure actuelle. Merci de tout cœur à eux d’exister. Ces propos n’engagent que moi et non toute une communauté que je ne prétends pas représenter.

Message de Monsieur Sam.

Pour moi c’est plus simple que ça. Le bon zététicien sait faire la différence entre une information discriminatoire et une affirmation qui doit inviter à plus de vérification. Le grand classique devant l’hypothétique éternel: le conflit d’intérêt.

De mémoire, environ 8 à 10% des études présentant un conflit d’intérêt sont + favorables au produit testé que les études indépendantes. De nombreux « experts » de tout poils considèrent donc le conflit d’intérêt comme un marqueur fiable d’information corrompue. Or, moi ce que je lis de ces résultats, c’est qu’au contraire, sous conflit d’intérêt, 9 études sur 10 sont fiables ! Non seulement je trouve cela relativement encourageant, mais en plus bien souvent, les meilleurs experts ne peuvent échapper aux conflits d’intérêt, ce qui est parfaitement logique: si je veux mettre un produit sur le marché, je vais tenter de financer des études menées par les meilleurs experts. Il en va de même des sophismes, des arguments fallacieux, des biais. Aucune de ces catégories ne contient d’argument qui pourrait discriminer la thèse défendue avec ces illusions logiques. Voilà pourquoi, bienveillance ou pas, il me semble être du devoir du bon zététicien d’encourager son interlocuteur à produire de meilleurs arguments pour défendre son affirmation, plutôt que rejeter son propos au prétexte qu’il est mal défendu, ce que font la plupart des mauvais zététiciens et des zététiciens débutants, si on peut se permettre un peu de manichéisme.

Ce qui est discriminatoire pour une affirmation, c’est une preuve contradictoire dont le résultat est produit par l’expérimentation scientifique, c’est à dire, l’expérience du réel dont on a soigneusement exclu au maximum l’expérience de la perception. Et lorsque le bon zététicien détient une telle preuve, mieux vaut, selon les circonstances, demander à l’opposant ce qu’il en fait que de lui dire frontalement que son raisonnement tombe à l’eau. Les bons zététiciens sont curieux de connaître ce qui soutient un raisonnement et désireux d’aider la personne à produire de meilleurs arguments. Le désir de déconvertir est un objectif personnel, intime, une véritable pulsion primitive oserais-je dire, qui est bien souvent plus coûtante que payante dans un échange dés lors que chacun y met un minimum de bonne volonté.

Dans l’extrême opposé, cela ne signifie en aucun cas qu’il « faut être gentil, tolérant et respectueux » en toutes circonstances, il n’existe aucune approche à ma connaissance qui soit généralisable, universelle. Le bon zététicien n’a donc en somme que 3 questions en tête: Quel est mon objectif ? Cet objectif est-il le fruit de ma réflexion ou de mon impulsivité ? Est-ce que ce que je suis entrain de faire me rapproche ou m’éloigne de mon objectif réfléchi ou de mon objectif impulsif ? À mon sens, à partir de cette « auto-cohérence », il est bon de cultiver la diversité des approches.

Message de Un Monde Riant.

Allez, à moi : je crois qu’il faut arrêter de percevoir le zététicien / sceptique / rationaliste / whatever comme qqn de référent. De plus en plus, je nous vois comme une bande de gens qui avons trouvé une méthode déjà connue et prétendons qu’elle est l’alpha et l’omega de la connaissance sur tout un tas de sujets. Et je nous trouve mauvais en fait.

Parce qu’on tente de réinviter l’eau chaude sur la base de découvertes (pour nous) qui sont en fait des champs de recherches entiers déjà existants sur lesquels on lorgne à peine. Je nous trouve mauvais en philo, en épistémo, en histoire des idées. On investigue très peu nos propres places dans l’espace social et on parle comme si la sagesse nous avait touché de sa grâce et qu’on était le pinacle du savoir. On passe pour des pédants aux yeux de ceux qui savent pas, et pour des glands aux yeux de ceux qui savent et qui nous voient faire n’importe quoi.

On est armé d’un sabre laser et on s’en sert comme d’un lance-pierre. Je crois qu’on a tout intérêt à arrêter de nous prendre pour des cadors à donner des leçons au monde entier alors qu’on a raison sur une poignée de sujets et qu’on se plante sur une montagne d’autres. Va falloir qu’on arrête de nous prendre pour des phares immuables alors qu’on est juste des bateaux un peu plus solides que les autres, rien de plus.

Message d’Astronogeek.

Puisque Mendax nous laisse une tribune dans son live, je me permets d’ajouter mon grain de sel, sans mauvais jeu de mots. Car quand Mendax nous a laissé cette tribune, Nathan, alias le Chat Sceptique, a répondu à l’appel et s’est fendu d’une intervention tout à fait pertinente, avant d’hésiter à dire à notre cher Mendax de la délivrer en public, de peur que les gens l’interprètent de manière erronée.

Je comprends les craintes de Nathan, et c’est là-dessus que je souhaiterai revenir. Internet, Youtube dans la même veine, et surtout Twitter, sont des endroits impitoyables, où les interactions sont bien pires que dans la vraie vie. Oh, entre proches ou amis, en général, tout se passe bien, mais entre inconnus, les échanges sur les réseaux sociaux tiennent plus d’Omaha Beach que de l’amphi n°4 de la Faculté de lettres. Et sur ce champ de bataille, tout le monde est à armes égales : le scientifique fort de 30 ans d’expériences dans son domaine ne vaut guère mieux que l’imbécile qui s’est formé à la médecine sur Doctissimo. Je dirais même plus, qu’un chercheur compétent vaut souvent MOINS qu’un ignare sur Internet, car pendant que l’érudit s’employait à maîtriser un sujet complexe, l’ignare s’est formé à la rhétorique fallacieuse. Et le problème de Nathan se trouve là.

Une idée simpliste et terrifiante circulera toujours plus vite qu’une vérité complexe et chiante comme la pluie, et les savants auront toujours une longueur de retard sur les sacheurs. Mais sur les réseaux sociaux, là où les gens de bonne volonté s’emploient à utiliser des arguments, ils se retrouvent bien souvent en face d’idéologues qui leur opposent des armes rhétoriques bien affutées. Là où dans la vraie vie, les armes servent à embrocher, empaler, éventrer ou mutiler, les armes des réseaux sociaux servent à insulter, déshonorer, diffamer, décrédibiliser. Si tu ne peux contrer les arguments de ton opposant, fait le passer pour un machiste, un homophobe, un gauchiste, un droitard, un facho, voir même un nazi, ou le tout en même temps, déshonneur qui, une fois balancé, contraint souvent la victime à se perdre dans des justifications que la bonne foi de son adversaire rendrait bien inutiles, au lieu de se concentrer sur ses arguments.

Et je comprends que mon ami Nathan se sente pris en étau entre deux possibilités, celle de faire des circonvolutions à rallonge afin de justifier de toutes les manières possibles un propos simple afin qu’il ne puisse pas être retourné contre lui, et celle de tenir un propos simple, clair et efficace, mais dans lequel les gens de mauvaise foi trouveront une faille qu’ils parviendront à transformer en arme contre lui. Et pour éviter ça, Nathan en vient à envisager le silence de l’autocensure. Nathan, tu sais que je t’apprécie. Et nous savons tous les deux que dans ce grand débat des sceptiques pipous contre les sceptiques hardcores, nous ne sommes pas du même bord. Donc je me permets de répondre publiquement à tes craintes privées par cet argument probablement lui aussi hautement rhétorique : nous, on est là pour débattre des idées.

Ceux qui sont trop cons pour les comprendre, ou trop ignares pour y répondre autrement que par des insultes ou de la diffamation, on les emmerde. On me range souvent dans le camp des sceptiques hardcore. Mais la vision que je défends, moi, des débats sur Internet, c’est celle des échanges courtois avec les gens de bonne volonté. Des débats constructifs avec ceux qui veulent débattre, des discussions polies avec ceux, nous compris, qui veulent apprendre. Par contre, les bas du front qui polluent les échanges par leurs insultes ou leur diffamation méritent notre attention que le temps de leur fermer leur clac-merde d’une bonne baffe rhétorique. Je SAIS que derrière les insultes se cache souvent une souffrance ou une peur. Mais cette souffrance et cette peur se trouvent dans l’esprit de tous ceux qui ont peur de l’inconnu, moi y compris. Mais si certains parviennent à échanger de manière courtoise là où d’autres n’ont que des insultes dans leur inventaire, c’est, je pense, qu’il y a un élément supplémentaire à prendre en considération : l’éducation et le respect. Nous sommes tous effrayés par la mort ou la maladie, et nous avons tous du mal à remettre en question notre vision du monde. Pourtant, certains parviennent à débattre. Pourquoi ? Parce qu’Internet libère les comportements les plus méchants et révèle la vraie nature de nos interlocuteurs. Là où dans la vraie vie, on ne s’autoriserait pas à insulter un inconnu de peur de se prendre un retour de kharma bien réel, bien caché derrière son écran, voir même derrière l’anonymat des réseaux sociaux, la vraie nature des connards se révèle au grand jour.

Voulons nous réellement débattre avec ces gens là, souhaitons nous leur accorder de l’importance ? Ou bien devrions nous concentrer nos efforts sur les personnes avec qui le dialogue est possible, tout en adressant notre mépris aux autres ?

Message de Defakator.

Pour ma part je m’efforce de mettre en pratique une démarche sceptique, mais je ne suis pas zététicien, et il serait donc un peu prétentieux de ma part d’affirmer de manière péremptoire (et donc sans aucun parallèle) qui est un bon ou un mauvais zététicien.

Mais vu de ma position extérieure, et en particulier depuis les commentaires dans les réseaux sociaux, il me semblent que ceux que j’ai vu font des interventions pertinentes lorsqu’ils soulignent tel ou tel biais, tel ou tel sophisme, ou telle assertion sujette au doute, en le faisant dans un but pédagogique incitant à faire prendre conscience de la méthode et à la donner en exemple. Là où cela devient improductif, et peut-être qu’on pourrait alors parler de zététicien moins bon, c’est lorsque sa critique devient trop extrême, en recherchant systématiquement l’absolu du doute, sans plus tenir compte de l’endroit d’où part celui qui s’est exprimé. C’est au fond un principe pédagogique que d’encourager ce qui va dans le bon sens, tout en tenant compte de l’endroit d’où l’on part, et en étant donc raisonnable sur l’objectif si l’on part de très loin… donc sans chercher à viser immédiatement l’excellence, faute de quoi la démonstration tourne à l’écrasement et perd tout caractère d’exemplarité, elle devient au contraire l’expression d’une sorte d’intégrisme qui peut faire peur – et donc conduire à s’en détourner. Tout en n’ayant comme résultat que de frustrer celui qui reçoit la critique, et celui qui la formule.

Donc le bon zététicien, je ne sais pas ce que c’est dans l’absolu, mais parmi ses qualités il devrait y avoir le sens de la mesure pour s’adapter au contexte dans lequel il s’exprime.

Message de Primum Non Nocere.

Pour ma part j’essaie d’être le plus EBM (Evidence based medicine) possible c’est a dire m’appuyer sur les données de la science mais prendre en compte aussi mon expérience pro et ce que veut le patient. Avoir participé a Fakemed ma obligé a remettre en question beaucoup de mes pratiques et de m’interroger dessus

J’essaie d’être le plus bienveillant possible envers les gens que je juge en recherche d’informations. Par contre j’ai très peu de bienveillance et de patience pour les gens qui sont déjà convaincu et partisans. Je suis pas là pour faire de l’épistémologie avec tout le monde et tant pis si je passe pour un connard auprès de prosélytes plus ou moins conscients ou de mauvaise foi. On peut pas plaire à tout le monde et je suis pas là pour être gentil ou débattre avec tout le monde

J’évite certains sujets polémiques qui s’enveniment très vite. J’essaie d’être sceptique et éclairé mais clairement pas zeteticien.

Message de Stardust.

Je ne suis pas zététicien et c’est vrai que je ne suis pas non plus un habitué de l’exercice de debunking en public, dans le sens où je concentre la majorité de mon énergie (bien vu Vled pour ce point là) à plutôt parler de belles histoires que de tenter de retourner une audience qui nous crache dessus. Oui, elle nous crache dessus.

Ça a commencé pour moi en janvier 2017, où j’ai appris l’existence de gens qui remettaient en cause la forme de la Terre, l’existence de l’ISS, ou des concepts aussi simples que la gravité. Je ne suis pas allé à eux, c’est eux qui sont venus à moi, avec véhémence, comme un banc de piranhas apercevant un petit poisson qui se balade de façon insouciante. Depuis, leurs attaques sont quotidiennes, même si je dois parler d’eux ou faire du debunk une fois par an seulement. Je comprends alors Arnaud qui doit faire face, avec la visibilité qui est la sienne, de perdre sa patience. Les mots que l’ont reçoit viennent d’anonymes, mais on n’est pas tous assez blindés pour résister à ces petits calibres. Donc parfois, on ne tend pas l’autre joue, mais on sort notre propre calibre. Comme le disait un des vulgarisateurs précédemment, oui, on a besoin de plusieurs manières d’exposer l’esprit critique, parfois la méthode douce comme Christophe, parfois la forte comme Arnaud. Car les personnalités sont différentes.

En cela, je ne suis pas contre les méthodes des uns et des autres, j’aime le contenu de Mr Sam comme des moins pipous, mais ce que je pense qu’il faut éviter, surtout, c’est se juger les uns les autres sur quelle méthode est meilleure que les autres, car au lieu d’être unis malgré les méthodes différentes, on parait divisés, inconsistants et du coup pas crédibles. Vous avez vu, je viens de dire nous. Pas en tant que zététicien, mais en tant que personne, comme vous, qui prône l’esprit critique, la recherche, la vérité, mais aussi, la conscience qu’il faut sourcer ce qu’on dit aux gens pour ne pas les emmener dans le dark side. Bisous, je vous aime. Sincèrement.

Bruno Charvet est un médium qui propose des séances de contact avec les morts, notamment en vidéo sur YouTube sur une chaîne qui s’appelle « Bruno, Un Nouveau message ».

On a montré récemment (un travail réalisé avec Clément Freze, Bastien, Victor, Max) que Bruno pouvait sans le moindre problème voir, entendre et transmettre des messages d’une femme morte mais malheureusement totalement inventée par la personne qui le consultait. Cela devrait, je pense, poser problème à tous ceux qui veulent le croire. Pour bien comprendre l’ensemble de l’affaire, je vous renvoie vers 3 vidéos réalisée par Clément Freze, et une quatrième faite par Max Est Là. Les liens sont en bas de l’article.

Après cet échec publié en vidéo, Bruno et son équipe ont réagi en « toute transparence » en effaçant ladite vidéo, en supprimant tous les commentaires négatifs qui y font allusion, en bloquant les personnes non convaincues. Tout ça est un indicateur du niveau de confiance qu’on doit leur accorder. Et puis ils ont publié sur leurs pages un message à l’adresse de leurs abonnés. Je souhaite y apporter une réponse, également destinée à ces abonnés. Aussi je vous serai reconnaissant de leur faire connaître l’existence de ce petit vlog.

Je vais rappeler un principe fondamental de notre démarche : pour penser moins mal nous devons respecter les individus, nous devons questionner les idées, nous devons ausculter les arguments (Cf ce que j’ai appelé la Triade zététique)

Je vais lire le message de Bruno en faisant des pauses pour commenter et expliquer ce qui me gène. Sur Twitter, j’ai proposé à Bruno de venir sur notre chaîne pour avoir un échange cordial au cours duquel il pourrait nous expliquer comment il sait qu’il a raison, pourquoi les critiques des sceptiques seraient injustes, et au final pourquoi il serait raisonnable de lui faire confiance. Je n’ai pas eu de réponse mais je renouvelle mon invitation : Bruno, il vous sera très facile de me joindre sur les réseaux sociaux. Je crois que toutes les conditions sont réunies aujourd’hui pour qu’une discussion entre vous et un sceptique soit utile et pertinente.

Voici le message

« Hello à tous !

Ici l’équipe de Bruno : Un Nouveau Message 🙂

Voilà bientôt 4 ans que la chaîne existe. Quelle chance nous avons eue depuis nos débuts! Le ciel nous a été tout le temps serein, nous n’avons rencontré que respect et bienveillance. C’est grâce à vous tous!

Toutes les personnes qui ont croisé notre chemin, en tournage, en conférence, ou à travers leurs écrans, chacun d’entre vous, nous vous remercions pour toute la chaleur humaine échangée et ces magnifiques moments partagés.

Mais d’un autre côté, nous savions, en mettant en avant le don de Bruno, que nous allions nous attirer des critiques sceptiques, voire cyniques. Nous nous attendions à ce que certaines personnes pensent que ce programme est truqué. À présent, des détracteurs arrivent et même si nous y étions préparés depuis longtemps, c’est peut-être le moment de nous adresser plus sérieusement à vous. »

On voit que les producteurs savaient que des critiques se manifesteraient. J’espère qu’ils sont d’accord avec moi pour dire qu’il ne faut pas tout gober, qu’il faut se méfier au moins un peu des gens qui prétendent savoir des choses qui ne sont pas accessibles aux autres, et qu’il est préférable d’avoir de bonnes raisons avant de croire quelque chose. En fait je suis même sûr et certain qu’ils le pensent car toute la chaîne de Bruno sert à ça : mettre le médium dans une situation où il fait une démonstration, où on peut voir qu’effectivement les gens valident les informations qu’il donne. Cette idée de validation est centrale dans les vidéos visibles sur la chaîne, ainsi que dans sa pratique de séances individuelles dont j’ai pu voir une captation réalisée à son insu… Non, je ne vous la diffuserai pas. Mais sincèrement c’est assez édifiant.

Nous avons créé la chaîne pour « montrer » ce qu’est la clairvoyance et la démocratiser. Notre intention est de décomplexer un domaine qui peut être tabou dans notre société. C’est pour cette raison que nous tournons dans la rue : pour transmettre l’idée que tous ces sujets font partie du quotidien.

Nous avons également choisi de rencontrer des personnes de tous les âges et de tous les horizons, « au hasard » si l’on veut, parce que la réalisatrice ne se renseigne jamais sur les personnes qui s’inscrivent sur la chaîne, et Bruno rencontre des personnes dont il ne sait strictement rien. C’est le principe même de la chaîne, son fondement, son ADN.

Ils ne se renseignent jamais sur les personnes qui s’inscrivent. Ils nous le disent et il faut les croire. Dès lors qu’on les croit, alors c’est vrai. Et ça éliminerait la suspicion de Hot reading.

Le HOT READING (lecture à chaud) est une méthode utilisée où le médium se renseigne sur la personne avant la séance et utilise ces informations glanées notamment sur Internet pour en récupérer d’autres pendant la séance et donner l’illusion qu’un processus paranormal est à l’œuvre.)

Mais si on doute, si jamais on estime que le comportement de ces gens est un peu suspect, par exemple : supprimer tous les commentaires critiques sur leurs pages, bannir les gens qui doutent ou qui partagent des liens vers les critiques, ne laisser la place à aucun débat, à aucun moyen pour les abonnés de prendre du recul, traiter les critiques de « groupuscule de gens malveillants »… si on fait la somme de ces comportements et qu’on se demande si c’est identique ou différent du comportement qu’adopteraient des gens malhonnêtes désireux d’empêcher leur public de se poser des questions afin de protéger un business qui comporte des livres, des spectacles, des séances privées à 135€ la demi-heure… Alors je suis désolé mais une simple déclaration de ce genre n’est pas suffisante pour qu’on les croit. Je ne traite pas ces gens d’escrocs, mais je veux insister sur le fait qu’il est troublant de constater que leur méthode ressemble beaucoup à celle qu’emploieraient des escrocs. Ça devraient inquiéter les gens qui veulent y croire. Et s’ils sont honnêtes, ça devrait les alarmer !

Nous avions évoqué nos soupçons sur les méthodes de Bruno dans un Bénéfice du Doute avec Clément Freze.

Certains nous ont déjà confié ne même pas être inscrits sur les réseaux, et pour tout dire, aucun d’entre nous n’accepterait de travailler sur cette chaîne si elle était truquée.

Alors soit : c’est possible. Je ne dis pas que j’y crois, mais il est possible que des membres de l’équipe n’aient pas conscience des méthodes employées par Bruno ou par le montage qui participe lui aussi à l’illusion, simplement par manque de questionnement et de culture scientifique.

Maintenant, vous savez que nos détracteurs nous ont tendu un piège mais à nos yeux, celui-ci ne vaut rien. La méthode, la motivation, l’argumentation ne tiennent pas.

C’est une posture de victimisation attendue. Bruno prétend avoir des talents, son équipe met en place un format dos à dos en réaction aux critiques pour tenter de montrer l’absence de cold reading.

Le COLD READING (lecture à froid) c’est lorsque le médium va à la pêche aux informations en lançant des phrases vagues et en guettant l’assentiment du client.

Exemple : « Je reçois la lettre M, ou bien un prénom qui se finit en ette… Quelque chose en rapport avec la nature, peut-être un jardin. Elle n’avait pas mal dans la poitrine votre maman ?… etc.»

En quelques phrases bien tournées, il peut finir par se rapprocher du portrait robot attendu sans que le client se rende compte que c’est lui qui éteint ou qui allume les différentes pistes explorées par le médium.

Ce nouveau format dos à dos, a même le mot « challenge » dans le titre. Eh bien le challenge a juste été accepté.]

Déjà, si vous cherchez « Bastien Chevallier » sur Facebook ou internet, vous vous apercevez qu’il en existe… beaucoup ! Pour nous, c’est impossible de savoir qui nous sélectionnons. En plus, un abonné a retrouvé après coup le profil, et non seulement Bastien a entre-temps changé de nom, mais aucun statut public n’évoque de Dana… S’agissait-il d’un montage photo ? On ne saura jamais. 

Vous saurez tout de Bastien, de sa démarche et de la photo de Dana le 7 janvier dans un Tronche en Live spécial où nous accueillerons Clément, Victor et Max-est-La.

Mais pour éviter de gober tout cru ce qui vient d’être dit, quelques précisions tout de même : les profils Facebook indiquent souvent la ville de résidence. Ça ne marche pas à chaque fois, mais sur un coup de bol on peut avoir une manne d’informations. Indépendamment tout le reste, dire le contraire là-dessus, c’est vous mentir.

Ensuite, il est évident que si quelqu’un décide de mentir à Bruno et de nous mener en bateau, personne ne pourra l’en empêcher. Bruno n’est pas un détecteur de mensonges. Il ne peut pas se passer de la collaboration de son interlocuteur et transmettre des messages comme une machine.

Prenons un exemple. Si vous vous rendez chez le médecin pour une migraine mais que vous dites avoir mal à la jambe, ce médecin examinera votre jambe. Est-il un escroc, un incompétent? Non, il aura été dupé et le patient repartira bredouille avec sa migraine persistante.

Si l’on tient à cette comparaison : admettons que je vienne avec une migraine chez un médecin en lui disant qu’en fait j’ai mal à ma jambe, normalement le médecin ne va pas me dire qu’il est d’accord avec moi et me trouver une maladie à la jambe. Ce serait grave. Seul un charlatan aurait ce genre de comportement.

Si un petit malin glisse la nuit un vase contrefait sur un chantier et que l’archéologue le découvre le lendemain, dira-t-on que l’archéologue est un charlatan ? Bien sûr que non. Et le pire, c’est que l’archéologie est pleine de ce genre d’histoires. 

Cette dialectique est très intéressante, mais elle donne une fausse image de ce qu’on attend d’un médium. Bruno ne prétend pas qu’il sait détecter le mensonge, mais en revanche il a déjà affirmé être certain de pouvoir communiquer avec les morts, et que cette connexion ne pouvait pas être confondue avec quelque chose d’autre. S’il vous plait, allez vérifier, c’est Bruno lui-même qui le dit, et il est censé savoir ce quoi il retourne.

Dans le dos à dos, si on pense que les talents de Bruno sont réels, l’exercice ne consiste pas pour lui à croire Bastien sur parole comme s’il prétendait avoir la migraine alors que c’est faux, mais à lui transmettre un message d’une défunte que Bruno a bel et bien affirmé qu’il voyait. Bruno n’est pas un médecin ou un archéologue, mais un homme qui dit pouvoir transmettre des messages de l’au delà. C’est dans le titre de la chaîne, sur la quatrième de couverture de son livre. Or, nous avons vu qu’il pouvait inventer ou au minimum halluciner une défunte, et on aimerait bien avoir une explication à cela. Bruno et son équipe n’en fournissent aucune.


NB : Au sujet de l’archéologie, voici la réponse de Dari qui anime la chaîne Temps Mort : « Je me permets mais si un petit malin vient déposer un vase sur un chantier archéo, même enterré, l’archéologue le verra et l’identifiera (grâce à la stratigraphie) comme étant postérieur au site, et largement postérieur grâce à la fosse creusée par le petit malin. L’argument est pauvre et j’aimerais que Bruno ne souille pas notre discipline comme ça. Merci et bisous ! »


Bruno reste un être humain et un être humain résolu à ne pas se méfier des gens, à ne pas polluer son don de médium avec des soupçons et de la suspicion. On peut donc très bien le manipuler.

Notre hypothèse à nous est que Bruno a accès à la conscience, partagée par l’univers entier. Nous vous invitons à vous renseigner sur les travaux scientifiques autour de la conscience, des expériences de mort imminente, de la médiumnité, etc. Les scientifiques sont nombreux à défendre l’idée que notre cerveau est un réceptacle de conscience et non le producteur de celle-ci. Nous partageons ces théories. Nous continuons à nous interroger et petit à petit, des médiums, des scientifiques, mentalistes et des praticiens de tous bords qui nous entourent nous offrent des pistes de réponse. Merci à eux infiniment pour leur soutien.

C’est une très bonne idée d’être curieux, d’avoir des hypothèses et notamment au sujet des expériences de mort imminente. J’ai été curieux moi même et j’ai cherché dans la littérature scientifique ce qui avait été fait sur le sujet. Si Bruno veut discuter avec moi de ces aspects, faisons-le. Je peux même lui envoyer mon livre sur le sujet s’il le souhaite.

Mon point de vue est qu’il vaut mieux appuyer son raisonnement sur des choses connues, même imparfaitement et avec prudence plutôt que sur des choses inconnues ou sortant juste de la bouche de telle ou telle personne. Car les gens peuvent se tromper et parce que deux précautions valent mieux qu’une.

Nous en arrivons à nos détracteurs. Qui critique la chaîne ? Des zététiciens. Quelle est leur pensée ? La zététique se définit comme « l’art du doute », c’est-à-dire qu’elle rejette en bloc tout ce qui n’est pas prouvé par les raisonnements scientifiques les plus rigoureux. Cela veut dire qu’elle bannit de la société des pans entiers de la connaissance et de l’être humain : la psychanalyse, l’hypnothérapie, la naturopathie, le magnétisme, la médiumnité, l’acupuncture, l’homéopathie, l’ostéopathie, etc. etc. Tous ces domaines sont rejetés par la zététique, qui ne laisse aucune place à la spiritualité, puisqu’on n’a pas encore réussi à la disséquer. »

Quand on caricature ainsi ses critiques on commet ce qu’on appelle un homme de paille. Je ne vais pas m’arrêter sur les exemples parce que ça demanderait beaucoup trop de temps, mais notez comme l’exercice du doute est ici traduit en « rejet en bloc ».  Si je résume, la zététique serait un rejet de la spiritualité, et je vais corriger toute de suite : c’est un rejet des affirmations péremptoires sur la spiritualité. C’est une posture de scepticisme vis-à-vis de ceux qui nous disent qu’ils savent des choses en attendant qu’ils puissent nous en convaincre avec de bons arguments ou des preuves.

Ceux qui affirment que la vie après la mort n’existe pas ne font pas de la zététique. Ils ont parfaitement le droit de le penser et de le dire, tout autant que ceux qui affirment l’inverse, mais quand on veut douter on évite ces deux postures là, on suspend son jugement et on reste ouvert aux preuves. Ce qui ne veut pas dire qu’on soit sans opinion.

C’est d’ailleurs pour ça que depuis ses débuts la zététique s’intéresse aux médiums : des gens dont les actions disent en elles-mêmes qu’ils savent quelque chose sur la spiritualité, le surnaturel ou le paranormal. Nous savons bien que certains médiums sont des filous sans aucun pouvoir qui profitent de la crédulité des gens. Personne n’osera le nier, pas même Bruno.

Alors la question est de savoir comment on les repère, comment on évite de se faire avoir. Eh bien la zététique, en tant que méthode, malgré tous ses défauts, répond à ces questions. Et cela dérange beaucoup les arnaqueurs.

Soyons clairs, nous n’affirmons pas que la clairvoyance permet de tout savoir. Il est déjà difficile de comprendre nos propres pensées, nos émotions… Alors oui, bien sûr, un clairvoyant peut se tromper aussi.

Mais la science évolue, et la zététique l’oublie. Elle fige la Science. Avoir une pensée scientifique, c’est accepter de ne pas tout savoir, sinon, à quoi bon chercher ? C’est attendre la prochaine découverte qui nous permettra de mieux comprendre l’univers, les planètes, les espèces vivantes, la conscience. C est espérer l’étonnement. »

Les gens qui aiment et pratiquent la zététique aiment et souvent pratiquent la science. Je ne crois pas que ce soit le cas de Bruno et de son équipe. Merci de me corriger si je me trompe. En zététique on sait bien que la science progresse et que nous avons beaucoup de choses à découvrir. Admettre cela n’entraîne pas qu’on doive croire le premier truc infondé et sympa qu’on croise.

Tous les grands de ce monde ont été décriés avant de voir leurs idées acceptées. La zététique critique, mais ne découvre rien.

Ici on retrouve ce qu’on appelle le Syndrome Galilée, l’idée que les grandes découvertes se feraient toujours contre l’adversité d’un monde intellectuel dogmatique et fermé. C’est une lecture fantasmée et romantique de l’histoire des idées. Non : tous les grands de ce monde n’ont pas galéré avant de faire accepter leurs idées. Meilleur exemple : Einstein a fait accepter ses travaux très rapidement. Et dire que la critique ne contribue pas aux découvertes et à leur validation est aussi une marque d’incompréhension du fonctionnement de la science.

Bref, cette phrase est sans doute un petit mouvement de panique et on le pardonnera volontiers si on peut rencontrer des preuves de bonne foi de la part de Bruno et de son équipe.

Nous n’avons pas la prétention de nous intégrer dans un processus scientifique, loin de là. Nous voulons simplement mettre en valeur des phénomènes qui restent inexpliqués aux yeux de la science, comme bon nombre de choses dans ce monde. Les sceptiques essaient juste de réduire cette part d’inexplicable à quelque chose de connu comme le mentalisme, et c’est un défaut profond de leur raisonnement. 

Je ne sais pas s’il s’agit d’incompréhension de leur part ou d’une tentative de manipulation, parce qu’en réalité ce que nous disons est très simple : Si l’on peut reproduire exactement les mêmes exploits, les mêmes types de révélation qu’un médium sans avoir recours à une capacité paranormale : alors cela indique que l’hypothèse de l’existence de ce don est très très faible. Et avant de faire commerce de ce talent, il faudrait consentir quelques efforts pour se distinguer des arnaqueurs. C’est le principe du rasoir d’Ockham.

Libre à eux de ne pas partager notre vision du monde. Cependant, nous ne pouvons accepter le harcèlement envers nos abonnés et nous-mêmes. La haine, la moquerie, l’intolérance, sont les premiers pas vers le communautarisme et les guerres idéologiques.

Je suis bien d’accord avec ça. Le harcèlement est détestable. Qu’il vienne des uns ou des autres. Croyez bien que nos avons à subir des comportements très violents de la part de certains croyants. Donc oui : le harcèlement est condamnable. L’escroquerie aussi. Ainsi que l’apologie du suicide ou l’abus de faiblesse. Il faut pouvoir le dire sans haine ni moquerie.

La série « Bruno : Un Nouveau Message » est, grâce à sa visibilité, une vitrine pour les médiums, clairvoyants, hypersensibles, pour les témoins d’EMI et tous les domaines de la spiritualité. Ce n’est pas un personnage public qui est attaqué mais un courant de pensée, des expériences réelles vécues par des millions de personnes.

Ici Bruno et son équipe cherchent à se cacher derrière leur communauté. Une communauté qui n’est attaquée par aucun de ceux qui ont publié des contenus sur cette affaire. Je vous le redis au cas où : je n’ai rien contre les croyants, je passe mon temps à dire qu’il ne faut pas les prendre pour des imbéciles et que les sceptiques ne doivent pas se montrer hautains et cassants avec eux en première intention. Ce dont il est question ici, ce n’est pas la liberté de croyance, c’est la crédibilité de Bruno.

Renier ces faits est ridicule. Chercher l’erreur est vain.

Quoi ? Là, sérieusement c’est un peu gros, même pour ceux qui veulent y croire. L’erreur est humaine, et un homme pourrait très bien croire toute sa vie qu’il parle aux morts et se planter. Dans ce cas il ferait bien de chercher l’erreur. Surtout s’il fait des tournées dans toute la France pour délivrer des messages aux personnes endeuillées. Je ne crois pas que les gens paient pour recevoir des messages à travers quelqu’un qui considère que ce n’est pas son job de chercher où il pourrait commettre des erreurs.

Enfin, les insultes et les mensonges à l’égard de Bruno et de la chaîne sont intolérables. Nous rappelons, qu’il s’agisse de tarifs de consultation, de durée de tournage, de sélection des candidats, etc., que tout ce qui est raconté est faux ou transformé.

Nous tenons également à vous informer que nous supprimons les insultes, les moqueries et les messages de haine, car ils peuvent blesser les personnes qui ont perdu un être cher. Ce n’est pas parce qu’on est caché derrière son écran qu’on peut se permettre de dire n’importe quoi. Toute critique constructive et réfléchie sera évidemment laissée en ligne.

Cela est malheureusement un mensonge, sauf si la moindre expression de doute ou de soutien envers le travail des sceptiques est considéré comme une agression, ce qui n’est pas rassurant car cela conduit au sectarisme. Les messages un tant soit peu critiques sont effacés de manière systématique. Ce n’est pas le cas chez les sceptiques où le débat est encouragé. Niveau ouverture d’esprit, cela suscite des questions…

Voilà, toute l’équipe de la chaîne voulait vous faire part de son point de vue, par respect pour vous qui nous suivez depuis longtemps. Encore un grand merci à tous pour votre soutien et vos mails encourageants ! L’amour que vous partagez est essentiel, presque vital. Nous entrons en 2020 avec plus de force et de conviction que jamais.

À très bientôt,

L’Équipe de « Bruno : Un Nouveau Message ».

Eh bien voilà. Je ne vais pas prétendre que ce message m’a surpris. On retrouve hélas les ingrédients attendus.

1. Une victimisation associée à une diabolisation du camp adverse

2. Une caricature de la position sceptique (mais il faut bien avouer que parfois les croyants reçoivent des critiques caricaturales. Il y a des soi-disant sceptiques qui se comportent comme des gros gougnafiers.)

3. Zéro réponse sur le fond. Zéro explication sur le fait que Bruno a parlé avec une morte qui n’existe pas. Zéro respect pour le questionnement et la recherche de l’erreur.

Pour conclure je rappelle que Bruno est le bienvenu sur notre chaîne pour une conversation. Sur la Tronche en Biais nous n’avons pas d’ennemi a priori, et on peut croire à la bonne foi des gens s’ils nous aident à y croire. On a tous intérêt à cultiver l’art de discuter, de débattre, de nous expliquer plutôt qu’à s’enfermer dans des forteresses de certitude.

Et à défaut, il nous reste le débunkage, la mise à l’épreuve (comme l’a été cette séance à la recherche de Dana) et l’analyse de la rhétorique comme je viens de le faire sur ce blog.


ADDENDUM

La réponse ci-dessus est donnée à une première version du texte de Bruno. Un paragraphe a été ensuite ajouté et je ne voudrais pas le laisser sans réponse.

Si Bruno a vraiment accès à la conscience, alors il est possible qu’il ait eu accès à ce que pensait Bastien. Il est aussi possible que Bruno ait été en contact avec une autre conscience (« âme » pour être plus clair), et Bastien aurait laissé croire qu’il s’agissait de sa fausse amie. Nous continuons à nous interroger. Et petit à petit, des médiums, des scientifiques, mentalistes et des praticiens de tous bords qui nous entourent nous offrent des pistes de réponse. Merci à eux infiniment pour leur soutien.

Ici, on peut trouver encourageant que Bruno et son équipe s’ouvrent à des hypothèses nouvelles, en l’occurrence celle de la télépathie. Bruno n’est pas tout jeune, il fait carrière depuis des années dans le paranormal, s’il est télépathe il est bien temps qu’il s’en rende compte. La télépathie est une hypothèse qui ne repose à ce jour sur aucune donnée fiable, mais sur le désir de beaucoup de gens d’y croire. Dans le contexte qui nous intéresse, c’est une hypothèse plus crédible que le contact avec les morts, car cela est plus cohérent avec un détail crucial dans la pratique de Bruno : le fait qu’il ne révèle jamais rien que le client ne sache déjà… (et qu’il ne soit jamais en mesure de donner la parole à une victime de meurtre pour élucider l’affaire par exemple…)

Mais notez comme cette réponse évasive doit jeter un froid considérable dans l’esprit de ceux qui ont consulté Bruno. En effet Bruno admet tout bonnement qu’il ne peut jamais être sûr que c’est bien le bon défunt qui parle, ou même un défunt tout court. Il était sûr de lui quand il s’agissait de « voir Dana », tout aussi sûr que dans tous les autres cas. Bruno viendrait-il de nous dire qu’il ne faut plus le croire ?

Ce challenge, Bruno aurait pu le « remporter » en ne réussissant pas à contacter Dana, en doutant de lui, en montrant qu’une séance peut échouer. Mais nous avons constaté qu’à chaque étape, l’important c’est que ça valide. Et c’est bien ce qu’il se passe : nos doutes sont validés. Nous n’avons aucune raison de croire dans les facultés alléguées de Bruno, et en l’absence de raison de croire, soyons un peu exigeants et prudents.


Liens vers les vidéos

Vidéos de Clément Freze

Acte 1 : Supprimé

Acte 2 : https://www.youtube.com/watch?v=pPd6SBNl2fc

Acte 3 : https://www.youtube.com/watch?v=zJuZzRsR4_c&feature=emb_logo

Vidéo de Max Est Là

1. Ce YOUTUBER parle aux M0RTS (Bruno un nouveau message) : https://www.youtube.com/watch?v=Eot3bdeElpg

2. On a PIÉGÉ BRUNO un nouveau message (FAKE MÉDIUM) : https://www.youtube.com/watch?v=EfRCYDsxNwo


Editorial

Les abeilles ne sont pas des insectes tout à fait comme les autres. Nous éprouvons à leur égard un peu plus de respect qu’envers les mouches, les guêpes ou les sauterelles. Avouons-le. C’est que nos civilisations ont commencé à les domestiquer il y a quelques millénaires ; ça crée des liens. Cette sympathie particulière que nous inspire l’abeille, associée à son poids dans l’économie, en fait un sujet politique et médiatique : on en parle beaucoup. Et comme toutes les choses dont on parle beaucoup dans les média, on entend beaucoup d’âneries.

On ne saurait mieux exprimer l’intensité approximative de notre relation à cet animal qu’en citant l’incontournable phrase attribuée à Albert Einstein (ce que les biographes du physicien nous conseillent de ne pas croire) :

« Si les abeilles disparaissent de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre ».

Einstein ? Non.

Un peu dramatique, cette citation nous rappelle que les abeilles ne font pas que nous fournir du miel ou de la cire, mais qu’elles jouent un rôle important dans la pollinisation de nombreuses espèces que nous cultivons pour nous nourrir. En leur absence, les choses seraient un peu compliquées.

Or il semble bien que leur destin ne soit pas au beau fixe : on entend partout que la mortalité des ruches bat des records, on parle d’un syndrome d’effondrement des colonies, on s’inquiète des conséquences de tout cela, mais aussi de ce que cela révèle peut-être de l’état de notre environnement. L’abeille serait un indicateur que nous avons sur la nature un impact grave qui met en danger des équilibres fragiles, ce qui nous plonge dans l’incertitude sur l’état des écosystèmes dans un futur proche.

Cette inquiétude, il ne faut pas la mettre au service des discours de récupération et de panique généralisée, mais l’employer pour se poser des questions urgentes : que savons-nous vraiment des dynamiques de population des abeilles ? Que savons-nous vraiment sur les facteurs qui influencent ces populations ? De l’importance du syndrome d’effondrement, et de ses causes ? Et qu’ignorons-nous à propos de tout cela qu’il faudrait instamment étudier ?

De par son importance écologique, économique, culturelle, symbolique, l’abeille est un sujet qui ne nous laisse pas indifférent, mais son cas ne doit pas nous cacher le reste du paysage, et nous évoquerons les autres populations d’insectes, car de ce côté-là aussi l’inquiétude est réelle et les données issues du terrain sont probablement plus alarmantes encore.

Pour ce Tronche en Live , nous recevons un ingénieur agronome, apiculteur, spécialiste des pesticides pour essayer de nous poser les bonnes questions. Merci d’accueillir André Fougeroux.

Invité : Clément Freze, Mentaliste.

Editorial

Nous n’avons pas toutes les réponses. Le monde est peuplé de phénomènes auxquels nous ne comprenons pas tout. Il faut donc être prudent et garder l’esprit ouvert à la réfutation de nos idées. Parmi ces idées, il y a la croyance dans le paranormal, les facultés de l’esprit, et de manière générale les capacités de ce qu’on appellera les médiums. Nous ne manquons pas de personnes qui prétendent pouvoir lire dans l’esprit des autres, dans leur avenir, dans leur passé, ou bien disent entendre la voix des défunts.

Le médium, par définition, se veut un intermédiaire. À l’interface entre le monde banal et celui des esprits, les médiums se font les interprètes de ce qui est censé échapper aux autres. Mais peut-on avoir confiance ? Nous savons que le monde contient des menteurs, des escrocs, des aigrefins, des faussaires, des mythomanes, des fous ou des farceurs. Il faudrait pouvoir les distinguer de ceux qui possèdent réellement des facultés paranormales.

Si ces pouvoirs existent, nous avons tous intérêt à les reconnaître, à les cultiver, à honorer ceux dont les talents extraordinaires peuvent nous permettre d’appendre des tas de choses et de réaliser des prouesses. Et on pourrait s’attendre à ce que cela change notre quotidien.

À quoi pouvons-nous nous attendre dans un monde  où il y aurait de « vrais » médiums ?

  • Les mediums devraient être capables de compléter, sous la dictée, l’œuvre inachevée de grands artistes disparus. Et nous pourrions découvrir des inédits de Flaubert, Tolkien ou Freddy Mercury.
  • Les grands artistes du passé pourraient authentifier sans peine les œuvres dont la paternité reste douteuse, et enrichir considérablement nos connaissances sur l’histoire de l’art.
  • Les historiens pourraient revivre en détail le quotidien de nos ancêtres en interrogeant des esprits ou bien les vies antérieures de ceux qui jadis ont connu le temps des pharaons. Ils en tireraient des informations vérifiables que l’on ne saurait obtenir sans ces capacités. Quel progrès dans la recherche en histoire !
  • Les personnes assassinées trouveraient des interlocuteurs idéaux pour révéler leur calvaire. Aucun tueur en série ne pourrait sévir bien longtemps. Jack l’Eventreur serait démasqué aujourd’hui, preuve à l’appui. Et la police embaucherait des voyants désireux d’apporter leur aide.
  • Les jeux d’argent, la loterie, seraient une activité périmée, car les voyants trouveraient à chaque fois le bon numéro et pourraient en faire profiter des œuvres de charité.
  • Les cracs boursiers seraient anticipés par les équipes de consulting paranormal des grandes entreprises.
  • Les défunts nous apporteraient des informations de valeur, des détails sur des relations gardées secrètes, l’emplacement de documents confidentiels, d’innombrables détails inconnus et vérifiables.

Si l’on n’observe pas toutes ces prouesses désirables et profitables à tous, il doit y avoir une raison. La réponse facile est « On nous cache tout, on veut pas qu’on sache » de type conspirationniste, mais il y a probablement une meilleure explication. Même dans l’hypothèse où les facultés médiumniques existent, la plupart de ceux qui disent en avoir disent peut-être des sornettes. Et alors il est crucial de ne pas se laisser avoir.

Un remède peut être la question que posent tous les sceptiques : «  Quelle raison me donnez-vous de vous croire plutôt que de penser que vous vous trompez ou que vous essayez de me tromper ? »

Et pour en parler, je reçois un trompeur professionnel, un manipulateur revendiqué, un menteur honnête, le mentaliste Clément Freze.

Les questions idiotes existent : celles qui présupposent des absurdités ou tiennent pour acquis ce qui est douteux.
Néanmoins, elles peuvent nous apprendre des choses, et en particulier nous révéler combien un sujet s’avère plus complexe qu’on avait pu le croire.
Car oui, les questions idiotes n’ont pas forcément des réponses simples, et elles nous mettent au défi de les prendre au sérieux et de savoir y répondre de manière satisfaisante.
C’est justement le rôle du vulgarisateur d’appréhender ces questions, d’en faire son matériau de travail.


NB : c’est précisément en prenant au sérieux des questions à priori idiotes que j’ai écrit « L’Evolution, ça marche ! »