Autocritique après La Tronche en Live 35 – Féminisme & Théorie de l’évolution
Le 7 décembre 2016, nous avons reçu Peggy Sastre, journaliste et docteur en philosophie des sciences, pour évoquer la théorie de l’évolution et ce que les concepts darwiniens ont à dire sur les relations hommes-femmes. Nous n‘avons pas fait l’émission que j’aurais souhaité faire, des spectateurs ont été déçus, je le suis également, ainsi que mes collègues de la TeB. Il est donc important de faire un exercice d’autocritique le plus honnête possible pour comprendre ce qui s’est passé.
Pourquoi une telle émission ?
J’ai lu un certain nombre d’articles de Peggy Sastre ces dernières années, j’ai été intrigué par le titre de son dernier livre, me le suis procuré, et je l’ai trouvé très intéressant, bien documenté, et proche des notions et concepts que j’apprécie et aimerais faire mieux connaître. Vled en pensait le plus grand bien pour son passage chez Frédéric Taddéi où elle prenait soin d’éviter les jugements pour en revenir aux résultats des études, aux chiffres, aux faits.
Son approche dépassionnée, placide, factuelle, me convenait au plus haut point.
J’ai pu constater cependant, dès avant les polémiques sur nos pages, que ce discours naturaliste autour des questions du sexisme, irritait beaucoup de monde, et j’ai pu lire des critiques de très mauvaise qualité de la part de personnes qui n’avaient visiblement rien compris à l’éclairage que les sciences de l’évolution donnent sur les comportements humains. Première autocritique : n’y connaissant rien en féminisme, j’ai indexé mon niveau de confiance des critiques contre les déclarations de PS au sujet du féminisme, à ce que m’inspiraient les critiques sur les aspects que je connais mieux et au sujet desquels comme je l’ai dit je trouve la position de PS bien plus solide que celle de ses contradicteurs. J’ai donc pu prêter le flanc à un effet de halo.
Quoi qu’il en soit, j’étais heureux de pouvoir discuter en direct avec quelqu’un qui soit scientifiquement plus honnête qu’une Catherine Vidal qu’on nous cite en exemple et dont je suis navré de dire qu’elle raconte des cracs et use de raisonnements très approximatifs qui semblent plaire un peu trop à des féministes plus attaché(e)s aux conclusions qu’à la qualité des méthodes qui permettent de les obtenir.
Ce que n’était pas cette émission.
Ce n’était pas un référendum pour ou contre Peggy Sastre. Il n’était pas question de faire du debunkage ou de traiter notre invitée comme si elle était un récalcitrant Jacques Grimault, affabulateur et manipulateur, car ayant lu une partie du travail de PS, je suis convaincu de la justesse de beaucoup de ses déclarations.
Ce n’était donc pas non plus un débat contradictoire. Nous n’organisons pas (à ce jour) de débats dans la TeL, nous invitons des gens quand nous estimons que leur niveau « d’expertise » justifie qu’on écoute leur apport sur des sujets où nous avons identifié des idées reçues tenaces. Sur un thème proche, nous avions reçu Stéphane Debove pour parler de l’origine de la morale, un sujet de psychologie évolutionnaire qui a donné lieu à une émission dont je suis très fier. J’espérais renouveler l‘opération avec le même succès.
Enfin ce n’était pas une tribune offerte à une journaliste pour qu’elle nous raconte sa vie ou son point de vue, mais bien une discussion fondée sur les faits, et d’ailleurs PS était venue avec de nombreuses feuilles couvertes de notes.
Le souci du titre.
La deuxième erreur qui m’incombe a été le titre et le cadrage de l’émission.
Avec le recul, le mot féminisme n’avait pas sa place dans le titre. Ce dont nous voulions parler en réalité c’est des apports des sciences du vivant (et des principes darwiniens) sur les questions des relations entre les sexes et les genres, et de leur incidence sur les représentations mentales de ces relations… avec in fine la question de l’appropriation de ces connaissances par les intellectuel(les) du féminisme. Je reformule, pour être bien clair : le but était de mettre en lumière tout un volet explicatif sur les comportements humains qui passe souvent à la trappe, à savoir les explications naturalistes.
Nous sommes des animaux, et à ce titre, nous sommes en partie téléguidés par des mécanismes qui nous échappent… mais qui ont une logique interne qu’une approche darwinienne permet d’élucider. Tel était le cœur de l’émission. Donc, évidemment je sais qu’on s’est plaint que les explications sociales étaient mises de côté, mais c’était un peu le principe, il ne faut donc pas s’en étonner ou s’en offusquer. Les écarter de la discussion ne signifie pas qu’on les rejette ou qu’on les minimise, mais que pour un soir on s’intéresse aux autres explications et à ce qu’elles apportent.
Un choix d’invitée moins pertinent que prévu.
J’ai commis de bonne foi une erreur (ou bien je fais erreur maintenant en me déjugeant) en pensant inviter une spécialiste qui pourrait apporter un éclairage sur la pensée féministe que je reconnais volontiers ne pas connaître suffisamment pour prendre sur moi d’en faire une émission où je donnerais mon avis. Nous sommes loin d’être experts, nous avons sans doute des biais sur la question, et aussi des idées fausses. Ma principale idée fausse aura été de penser que PS allait dresser un tableau synthétique des formes de féminisme dans la première partie de l’émission, celle traditionnellement dévolue aux définitions, conformément à ce qui était convenu entre nous.
Cette erreur est en grande partie mienne, car Peggy Sastre ne s’est jamais présentée comme une experte du domaine. Dans nos deux échanges avant l’émission, elle me l’a bien répété. J’avais supposé que l’auteur de « Ex Utero pour en finir avec le féminisme » et de « La Domination masculine n’existe pas » aurait des définitions à donner aux branches de la pensée féministe, des éclaircissements à donner sur ces sensibilités, et des explications, par exemple, sur l’intersectionnalité. Vous aurez peut-être noté mon désarroi de me trouver contraint de donner des définitions moi-même alors que je ne m’estime pas légitime à le faire.
Au niveau scientifique
Un certain nombre de gens se sont offusqués des déclarations de PS et ont crié au faux. Notamment, le billet de Jérémy Royaux sur la page zététique liste un certain nombre d’affirmations qui seraient erronées, et il parle de catastrophe. Je n’ai pas la même lecture. Les déclarations où PS mentionne un phénomène et fait référence à la littérature me semblent correctes, ou pour être plus exact, je n’ai pas de raison de les penser fausses.
♦ Sur la testostérone. Même si des études récentes nuancent son rôle dans l’agressivité, ce rôle n’est pas réfuté. Le lien est très documenté et avéré chez l’animal, on sait qu’il est plus subtil chez l’humain (dont le comportement est plus complexe que les simples instincts). Je ne ferai donc pas de procès à Peggy Sastre sur ce chapitre jusqu’à preuve du contraire.
La littérature, même récente, confirme l’existence d’un lien (faible mais existant) entre testostérone et agressivité. Cf par exemple une méta-analyse de 2001 ou l’étude de Batrinos 2012. Un article de presse partagé par Jérémy semble contredire cette thèse, mais à ce sujet, je me permets de citer la réponse de Vincent Viton :
«Effet peau de chagrin. Remontez à la source de l’information. L’article de lapresse.ca : « La testostérone ne rend pas agressif ». Conclusion de l’étude : « La testostérone tend à accroitre la motivation et la capacité personnelle d’un individu à acquérir et défendre son status social » … ce qui, chez l’humain, ne se traduit pas exclusivement par l’agressivité physique.
L’étude confirme aussi que, d’après les études précédentes « le lien entre agressivité et testostérone est faible mais positif » et qu’il faudrait contrôler, pour chaque contexte expérimental, l’effet d’une démonstration agressivité sur les pertes/gains de status social du sujet, sachant que « ceci pourrait révéler une relation positive plus constante entre testostérone et agressivité adaptative en contexte de lutte pour le statut social » (p 264). L’étude scientifique dit clairement le contraire du titre de l’article ! Et apporte, évidemment, des nuances bien plus intéressantes et pouvant expliquer biologiquement certains constats sociaux. »
J’ajoute également que la testostérone (au stade fœtal) aurait un effet négatif sur l’empathie, ce qui peut évidemment la lier à des comportements plus violents. En tout état de cause, je ne vois pas ici de raison valable de dire que PS aurait commis une erreur.
♦ Sur la différence de jalousie entre les sexes, je ne vois pas où sont les études qui donneraient tort à celles évoquées par PS, et l’article Wikipedia dévolu au phénomène permet de voir, me semble-t-il, que cette hypothèse est au contraire solide et étayée par plusieurs travaux, quand bien même elle ne ferait pas l’unanimité et reçoit des critiques intéressantes. Je suis donc très surpris par la critique.
♦ Au sujet du viol (qui a occupé beaucoup trop de temps dans l’émission…) PS explique qu’être violée par un inconnu cause plus de traumatismes que lorsque le viol est commis par un proche. Je l’ai questionnée sur la source de cette donnée. Visiblement le niveau de traumatisme causé par un viol peut être mesuré, et PS nous fournira la source où nous pourrons vérifier ce qu’il en est. Là également je n’ai aucune raison objective de douter de cette affirmation (le hic résidant dans la définition de « traumatisme »), mais comme vous j’aimerais avoir la source et en connaître la robustesse. J’observe que cette déclaration est presque la même qui a valu à Richard Dawkins de se faire très fortement houspiller l’an dernier, conduisant à l’annulation de son intervention sur un campus. Beaucoup ont cru pouvoir traduire cela en « il y a des viols sans gravité », ce qui n’est pas ce qui est dit. Je n’aurais pas accepté d’entendre qu’il y a des viols sans gravité, et si vous croyez l’avoir entendu, je pense que vous sur-interprétez ce qui a été effectivement dit mercredi. Vled a immédiatement réagi quand a été dit qu’il existait des « viols sans violence », formulation qui est évidemment embarrassante, quand bien même la définition de “violence” est alors à questionner.
Les mots qui fâchent
Sur la « culture du viol », je plaide coupable. Je n’ai simplement pas entendu la phrase « la culture du viol n’existe pas » au moment où elle a été prononcée. J’étais dans mes pensées, à réfléchir à la suite. Il m’a fallu bien 10 secondes pour comprendre ce qui avait été dit… Et je me suis dit « non, elle n’a pas voulu dire ça » et je suis reparti dans mon fonctionnement « traduisons Peggy Sastre » (je reviendrai là-dessus).
Son explication « c’est puni, donc ce n’est pas une culture du viol » n’est évidemment pas satisfaisante et j’aurais dû le dire. Le concept de « culture du viol » (qui vient du monde militant) souffre d’un déficit de définition et d’abus de langage quotidiens qui m’ont incité à ne pas creuser le sujet. Je ne voulais pas qu’on s’étende là-dessus, je voulais aborder d’autres choses dont certaines n’ont au final pas été dites du tout (comme le créationnisme mental) et j’ai abrégé la discussion. Ici je pense avoir commis une véritable erreur. Il y a bel et bien des mécanismes dans la société qui facilitent le viol, qui réduisent sa dénonciation, qui blâment les victimes ; et ces mécanismes, liés aux biais cognitifs (erreur fondamentale d’attribution, croyance dans un monde juste, etc.), ont des explications qui dépassent le simple périmètre de la culture au sens où il serait faux de croire qu’il suffirait de faire évoluer les mentalités pour s’en débarrasser. C’est bien plus complexe, et cela rejoint les concepts darwiniens dont nous voulions parler. Par conséquent, nous aurions pu traiter mieux la question. Mais cela faisait sans doute trop pour une seule émission, et je n’avais tout simplement pas anticipé ce sujet.
Vled a été plus réactif que moi, sans doute parce qu’il est plus sensible à ces questions depuis longtemps, ou parce qu’il voyait les réactions du tchat ou encore parce qu’il avait plus de recul dans la discussion où je m’appliquais soigneusement à éviter les pièges de la polémique et à essayer d’expliquer ce que je pensais avoir compris des propos de notre invitée.
Pour autant toutes les critiques ne me semblent pas recevables :
« entendre quelqu’un dire que le viol n’est pas toujours traumatisant (j’ai pas la phrase exacte en tête), c’est choquant, »
En fait, ce n’est choquant que sous prétexte que certaines personnes seront choquées, et en soi ce n’est pas un argument. Tout peut être choquant. Il serait choquant, sans doute, de décider que toute personne violée est instamment priée de se sentir profondément traumatisée pour éviter aux autres d’être mal à l’aise. J’estime qu’on doit pouvoir entendre une parole qui dédramatise une situation qui ne représente pas la même souffrance pour toutes les victimes. Evidemment, dans le contexte de la soirée et des autres phrases expéditives, je comprends sincèrement qu’on s’en offusque.
Une parole problématique
La personnalité même de Peggy Sastre fait polémique sur nos pages depuis l’annonce du direct il y a deux semaines, et j’ai voulu évacuer cette question pour me concentrer sur les notions fondamentales qu’elle utilise dans son travail.
J’ai à plusieurs reprises demandé à Peggy Sastre de revenir sur les critiques qu’elle recevait, de les formuler, et d’y répondre. J’ai été très déçu de ne pas avoir de réponse, et par exemple de n’avoir au final rien à dire sur l’écriture inclusive par elle critiquée. J’eusse souhaité qu’elle puisse expliquer le point de vue de ceux qui défendent l’écriture épicène plutôt que de faire comme s’ils n’avaient aucun argument pour eux. Je n’étais pas préparé à défendre le point de vue de l’écriture inclusive, notamment parce que le concept ne me convainc pas totalement, pour des raisons que je ne veux pas présenter ici. Je me suis donc vu contraint à nouveau de rendre compte d’une notion que je ne maîtrise pas assez pour avoir envie d’en parler moi-même, et on a pu avoir le sentiment que je commettais un homme de paille, ou encore que j’étais complaisant avec l’absence d’argumentaire de PS. Plutôt désemparé, je dois vous avouer que je pense que ça faisait partie du travail de l’invitée d’expliquer pourquoi son avis est préférable en exposant au mieux l’avis adverse avant d’en montrer les limites. Je pensais que PS s’acquitterait de cette tâche, et je suis fort déçu qu’elle ne le fît pas.
Les positions de Peggy Sastre nous ont paru paradoxalement plus claires hors caméra. Il n’est pas question de gloser sur la psychologie de l’invitée, mais il semblerait que répondre aux interrogations et aux soupçons qu’inspirent ses propos n’entre pas dans ses intentions ou ses priorités, peut-être par provocation, par manque de pédagogie, par lassitude ou je ne sais. « C’est comme ça » est une réponse qui est venue plusieurs fois, et qui peut légitimement foutre en colère celles et ceux qui voudraient comprendre pourquoi elle dit certaines choses. Mieux comprendre, c’était le but de l’émission ; et c’est donc un peu raté.
Lors d’un petit débriefing avec elle, elle a estimé n’avoir pas fait une bonne performance (« j’ai été merdique ») et dit se battre contre de grosses difficultés d’expression orale (problème que je connais). Il y a donc, je crois, de la lucidité chez tous les intervenants. L’émission était un travail d’explication de la psychologie évolutionnaire qui n’a pas apporté pleine satisfaction.
« Traduire Peggy Sastre »
Je crois avoir une bonne explication à mon comportement que je qualifierais de suboptimal durant cette émission.
Mon état d’esprit au cours de la préparation de l’émission et durant tout le direct a été de prendre soin de faire passer au mieux les concepts dont je sais combien ils sont difficiles à intégrer, surtout quand ils touchent à des sujets chargés en affect. Les explications darwiniennes sont purement amorales (avec un a privatif) et elles interdisent toute espèce de saut logique entre la description, l’explication… et la justification. S’il l’on prouvait de manière catégorique que les hommes sont plus violents que les femmes en raison d’une molécule que leur corps synthétise naturellement, cela ne saurait jamais être une excuse aux comportements violents. Imaginez un peu que sous prétexte que les hommes sont en moyenne plus forts que les femmes, on estimait normal qu’ils usent de la force pour imposer leur volonté. Naguère on avait la très mauvaise idée de considérer l’état d’ivresse comme une circonstance atténuante dans les accidents de la route, et on a depuis appris, j’espère, qu’il était toujours mal inspiré de procéder à ce genre de dé-responsabilisation.
Devant la résistance souvent irrationnelle provoquée par les explications darwiniennes sur les comportements genrés, j’ai commis un excès de zèle. J’ai voulu à toute fin « traduire Peggy Sastre » en termes plus acceptables pour passer outre les résistances idéologiques. J’étais concentré sur cette tâche de donner du sens et de donner une chance à ces concepts, et n’entendant aucun propos qui me semblât réellement incongru sur ce terrain, je n’ai pas été attentif au vide argumentaire face auquel nous laissait PS.
Il nous a manqué pas mal de choses ce soir, et notamment de faire le lien entre la connaissance scientifique apportée par ces disciplines et nos choix de société. Je vole les mots d’une internaute sur Youtube qui fait elle-même le travail qui n’a pas été fait dans l’émission :
« Je crois que j’ai passé trop de temps à râler sur la culture du viol et que ça serait plus constructif de penser « nos gênes sont pourris, il faut créer une culture du consentement pour compenser. » Le résultat serait le même, mais je trouve que ça recadre l’énergie là où il faut. Merci pour cette émission. »
Expliquer ce n’est pas justifier
Mes efforts pour traduire les concepts et pour traduire PS n’ont jamais été une tentative de justifier les prises de position de notre invitée. Et mon explication sur cet état d’esprit n’est elle-même pas un moyen de justifier les choix que j’ai faits pour cette émission. Mais c’est en comprenant comment ce résultat décevant a été obtenu qu’on sera en mesure de faire mieux.
Au terme de cette autocritique, je regrette donc d’avoir conduit cette émission de cette manière, mais les regrets sont de peu d’utilité. Alors essayons d’en apprendre quelque chose. J’espère que nous aurons l’occasion de revenir sur les concepts de la psychologie évolutive dans un contexte plus apaisé, plus propice à ce que le message parvienne sans heurts, sans crispation, à un public non échaudé par des déclarations expéditives.
Acermendax
PS : Sur le sujet de l’évopsy…
— http://epjournal.net/blog/2011/01/coyne-on-evolutionary-psychology-its-all-our-fault/
— et plus généralement le site de Kurzban : http://epjournal.net/blog/
Si jamais tu veux un jour refaire une tentative d’explication de la psychologie évolutionniste, tu pourras inviter de véritables experts, notamment parmi la prolifique descendance de Dan Sperber: Nicolas Baumard, Hugo Mercier, Olivier Morin…
Hugo Mercier a déjà été invité 😉
https://www.youtube.com/watch?v=-TDu426tV2U&index=6&list=PLceYkF8JBqYTKNWGfvWIrhV6s6uyKl9qC
Nicolas Baumard aussi, mais c’est moi qui l’ai remplacé 🙂
Peggy Sastre a tendance à manquer de rigueur (de mémoire dans « La domination masculine n’existe pas » quand elle parle du viol comme stratégie de reproduction, elle ne mentionne pas les objections « évidentes » comme les viols sur personnes infertiles ou de même sexe, ce qui rend la compréhension difficile). Sur ce point l’effort de reformuler les déclarations de PS étaient bien menés.
J’ai aussi l’impression qu’on est plusieurs à avoir eu un effet de halo concernant les critiques contre PS qui montraient une non-compréhension de la théorie de l’évolution, avec le recul je pense que ça a été le principal problème (parce que ça vous a amenés à être pris au dépourvu pendant le live).
Ceci dit concernant PS, je peux aussi imaginer un certain stress quant à l’idée de parler en public à une conférence pour laquelle les insultes et menaces voilées avaient fusé à son encontre. Et il n’était pas invraisemblable d’imaginer que des gens viennent provoquer des désordres. Si elle a en plus des problèmes pour s’exprimer à l’oral cela peut être dur. Votre autocritique semble négliger cette hypothèse, alors qu’elle pourrait contribuer à expliquer la prestation moyenne de l’intervenante.
« elle parle du viol comme stratégie de reproduction, elle ne mentionne pas les objections « évidentes » comme les viols sur personnes infertiles ou de même sexe, ce qui rend la compréhension difficile »
A vrai dire, je ne vois même pas en quoi votre explication est censée constituer une « objection ». Je pense que vous raisonnez à l’envers. Si l’évolution a fait par exemple apparaitre la pulsion sexuelle, c’est parce que celle-ci était nécessaire et indispensable à la reproduction. Mais cela ne veut pas dire que cette pulsion conduise toujours à la reproduction. Elle est une condition nécessaire, pas une cause directe.
Bonjour,
tout d’abord merci pour cette démarche d’autocritique qui est aussi indispensable que peu souvent réalisée. Si je puis me permettre d’y ajouter mon analyse : ayant été présent à la conférence (et même ayant posé une question), j’ai eu le sentiment que la question du féministe pouvait à la fois être pensée sous un regard biologique et donc scientifique mais également avec une approche politique. Ces deux approches, aussi indispensables et légitimes l’une que l’autre, doivent être, dans le climat actuel, totalement distinguée. En effet, le féminisme politique (ou militant) a, pour des raisons historiques mais aussi raisonnables, une tendance à être extrêmement attentif sur les arguments qu’on lui propose ou oppose, ce qui peut conduire à un rejet total et infondé se focalisant sur de simple convention de langage non respectée. Quand bien même je trouve, qu’à terme, aucun sujet ne devrait avoir à être tellement sous tension qu’on en viennes à un rejet systématique d’une argumentation entière pour simple incompréhension sur un détail (le cas du vice de procédure/forme), pour ceux qui souhaitent entrer sur ces terrains de débat, il faut cultiver une irréprochabilité dans sa démarche encore plus forte que d’ordinaire.
Cependant il m’a semblé que dans son intervention, Peggy Sastre présentait correctement sa posture scientifique (très sourcées d’ailleurs) mais à donnée, volontairement ou non, des « avis » sur des thématiques politiques auxquelles les questions scientifiques ne répondent pas « à priori » (le débat autour de l’écriture inclusive par exemple). Ainsi même si sa posture scientifique était valide, son défaut de probité (si j’ose dire) à jeter un vent de discrédit sur toute son intervention et à rendu la conférence difficile à garder « dans les clous ». Même si je déplore le type de réaction négatives virulentes auxquelles elle doit faire face, je pense qu’elle se doit d’être consciente de la sensibilité du sujet et de l’importance d’adopter par conséquent une posture inattaquable sur la forme. Si ce n’est pas le cas, je pense qu’il vous incombe (la TeB), de vous assurez de bien faire la part des choses et de demander des distinctions claires et précises, même si j’en conçoit bien la difficulté.
Félicitations néanmoins pour votre travail et au plaisirs de participer à la prochaine conférence.
+1 🙂
À noter que cette attitude, qui m’attriste fort au demeurant, est notable également dans Ex Utero, et cela dès les premières pages. Plusieurs fois, les autres auteurs « se trompent », selon elle. Et c’est justement l’aspect-là qui est critiqué. L’effet « ce que disent les autres, c’est quand même bien d’la merde. » saute aux yeux dans cet ouvrage. Le comble, critiquer la notion d’hystérie dans l’avant-propos, et la réutiliser, à dessein, lorsqu’il est besoin de qualifier une catégorie féministe qu’elle méprise ouvertement.
Quant à l’evopsy, cette discipline est visiblement largement controversée. Le manque de sources fiables, l’incapacité de vérification semblent la rendre incertaine. Gérald Bronner en fait mention dans sa conférence sur la pensée extrême.
L’article me semble mal indexé. Il n’apparaît pas sur la page d’accueil et est en catégorie « uncategorized ».
Sinon rien a redire sur le travail d’auto-critique a part peut-être que le fait d’avoir un peu ignoré le live (de la part de Mendax, pas de Vled) vous a peut-être emperché de vous ressaisir en cours de live. C’est aussi vrai que dans celui-ci se côtoyait des affirmations sans preuve, des cris au scandale et parfois des trolls mais cela ne l’empêchait pas d’être parfois pertinent.
Cette émission a été de mon point de vue très décevante.
Non pas qu’elle m’ai choquée (des phrases maladroites étaient tout de même très crispantes), mais plutôt parce que je l’ai écouté sur la défensive.
Je me retrouve régulièrement confrontée à des « féministes » sur les réseaux sociaux et, de ce fait, à leur argumentaire.
Lorsque Peggy Sastre terminait une phrase je me retrouvais assez régulièrement à me dire : » Ça ne passera jamais formulé comme ça…. » « J’espère qu’elle ne voulait pas dire ça… » ou le fameux « Vled rebondi là dessus ! Il faut qu’elle précise son argument, je t’en supplie !! »
Je suis assez d’accord avec ce qui a été dit d’un point de vu « Evolution et différenciation des sexes ». Mais dès que le sujet s’est porté sur « La culture du viol » je me suis cru dans une discussion de comptoir.
Le sujet ne semblait maîtrisé par aucun des participants (d’où le folie dans le tchat), et l’absence d’argument ou de réel questionnement de fond rendait le tout flou et très irritant à l’écoute. (Petite phrase méchante de ma petite amie : « Comme si un politique venait me donner des leçons d’éthique » )
Trêve de critique passons plutôt aux attentes
Un sujet aussi sensible était impossible à gérer en live, même avec un(e) intervenant(e) plus à l’aise à l’oral.
En revanche c’est un sujet que vous ne devriez pas laisser tomber.
J’espère qu’une vidéo scriptée, argumentée, revue et corrigée avec votre rigueur habituelle verra le jour sur votre chaîne.
J’espère aussi un article plus complet reprenant les grandes lignes de la conversation mais avec des phrases construites et juste.
(La rediffusion du live mériterait une énorme annotation « A prendre avec des pincettes »
Il me faudra plus que ça pour me fâcher avec la TeB ^^ (Vous finissez tout au plus avec un froncement de sourcil, un air désapprobateur et une tape sur les doigts de ma part.)
De même qu’avec Peggy Sastre. J’ai eu du mal à la reconnaître tant son discours était en décalage avec ses écrits « habituels ».
Très bonne continuation à vous !
PS : Sympa la nouvelle coupe de Loki ^^
PS* : C’était n’importe quoi tes cheveux Mendax :p
« Je crois que j’ai passé trop de temps à râler sur la culture du viol et que ça serait plus constructif de penser « nos gênes sont pourris, il faut créer une culture du consentement pour compenser. » Le résultat serait le même, mais je trouve que ça recadre l’énergie là où il faut. Merci pour cette émission. » Si cela avait été l’enjeux de la première partie, la discussion aurait eu je pense de meilleures bases. Le vrai problème ayant été de sous entendre un antagonisme entre féminisme et Darwin, comme dirait sarko je te donne un radis tu me donne une salade ou je sais pas quoi (Or je ne pense pas que cette opposition soit justifié, comme le dis si bien mendax, la culture est darwinienne ( naturel ), et donc le féminisme aussi). Vous revenez bien dessus en expliquant l’erreur de choix du titre donc je passe 🙂 .
« Donc, évidemment je sais qu’on s’est plaint que les explications sociales étaient mises de côté, mais c’était un peu le principe, il ne faut donc pas s’en étonner ou s’en offusquer. » Pour le coup j’émettrai une réserve, vous avez parler de socio ( « culture du viol », interet de l’écriture genré..) mais cela sans réellement définir les termes et le cadre et sans dire que c’était avant tout des concepts sociologiques. Dès lors il y eu confusion et mélange des genre instillant une suspicion sur P.S de vouloir démonter des concepts à coup d’argument d’autorités.
Au lieu de dire » la culture du viol n’existe pas » dire » dans le cadre de ma théorie, la culture du viol n’est pas un concepte valide » permet de rester claire quand aux différents domaines de chacun ( je pense pas que le viol ai le même sens en socio et en bio ou la notion de violence psychoogique n’est pas très applicable aux animaux).
Pour conclure, je pense que le sujet meriterait d’être repris car intéréssant, mais sur des bases plus stables. De mêmes qu’un live avec un sociologue spécialiste du féminisme pourrait être une bonne démarche, afin de parler uniquement de feminisme sans le mêtre en opposition avec une science.
Bref j’espère avoir été claire dans mon argumentation ( j’en doute ^^ ) n’hésitez pas à me reprendre et je vous remercie sur ce retour nécessaire, on ressort plus serein de cet article que du live en lui même.
Merci des bisous et bonne continuation!
+Dorian Crenn
« la culture est darwinienne ( naturel ), et donc le féminisme aussi). »
J’en doute. Sur quoi bases-tu cette conséquence ? Comme pour toutes les tendances à l’égalitarisme. Mais maintenant que la question est posée, peut-être une recherche sur le sujet sera-t-elle lancée.
Salut Thomas,
je copie-colle ici mon commentaire de Facebook, histoire qu’il ne tombe pas dans l’oubli à jamais :
Je n’ai pas encore eu le temps d’écouter l’émission, mais je viens de lire ton article. C’est exactement la raison pour laquelle j’évite de parler de ces sujets, trop dangereux, trop glissants, ça peut partir à la moindre phrase. J’avais quand même, sur un sujet proche, écrit un article en trois parties, en pesant mes mots, et en citant mes sources : http://homofabulus.com/homme-est-il-un-polygame-refoule-partie-1-parasitisme-sexuel-monogamie/ C’est un des articles dont je suis le plus fier à l’heure actuelle, s’il peut te servir. Si un jour tu veux retenter un sujet polémique de psycho évo, tu peux me contacter, je pourrai au moins bosser sur la préparation de l’émission, sans forcément être l’invité. Mon blog est à la base un blog de psycho évo, même s’il ne le clame pas haut et fort, précisément pour les raisons évoquées plus haut, et la mauvaise réputation (souvent injustifiée) de la psycho évo.
Bonjour
La facilité d’élocution sera t il critère pour la sélection des futures invités ?
L’émission a été pour ma part assez décevante aussi : j’ai la chance d’appartenir à ces deux milieux que sont le féminisme et la zététique, et les groupes féministes que je côtoies sont aussi peu « science-based » que les groupes zét’ sont « safe ». C’est donc avec appréhension que j’ai regardé ce live, je me suis renseigné sur l’invité qui, si sur le plan scientifique a l’air de maîtriser son sujet, tend vers un naturalisme et une pseudo-critique du féminisme très déplaisants. Cette auto-critique revient très bien sur les points qui m’ont gêné durant l’émission : l’erreur du mot « féminisme » dans le titre, l’absence de féministe calé.e parmi les participant.e.s, pas assez de retour critique sur les propos (féministes comme scientifiques) de l’invitée, bref c’était malaisant mais ce retour critique est une bonne chose.
La catastrophe a été évitée on va dire, bonne chance pour la suite !
Ce debriefing est constructif ! Ne serait-il pas judicieux d’en faire une version vidéo ? Non pas parce que le support serait meilleur, mais simplement pour lui donner la même visibilité qu’au live.
Honnêtement, ça fait un moment que je vous suis, et il devient clair que vous avez un problème personnel avec le féminisme qui vous vous écarter d’une démarche rationaliste dès qu’on touche de trop près aux sujets tournant autour du genre.
Bonjour,
C’est rare que je commente. Mais je ressens le besoin de m’ouvrir quelque peu et j’espère trouver une oreille attentive. Je ne connaissais pas Peggy Sastres avant le Live. La 4e de couverture de son dernier livre m’avait un peu effrayée mais je pense avoir fait le minimum en allant lire ses articles disponibles. Sa plume est vive et intelligente. Parfois piquante. Les sujets sont variés. Le seul vrai reproche que je pourrais faire c’est que dans ses écrits « les féministes » semblent former une masse informe qui refuse toute explication scientifique alors que j’ai des raisons de penser que c’est plus compliqué que ça. Je n’avais pas d’a priori sur l’evopsy (je découvrais le mot) et il me semble évident que l’homme est un animal et qu’il n’y a pas de raisons de ne pas l’analyser au crible de la biologie et de l’évolution. Cela ne me pose pas de problèmes.
C’est vrai, j’avais des doutes sur les positions de Peggy Sastres car je ne comprenais pas certaines de ses prises de positions (le post d’Amanite Laurine sur la page de l’évènement reprend un peu mes interrogations). En fait, c’était très simple, je voulais juste qu’on m’explique. C’est tout. Je n’avais pas l’esprit anesthésié, je voulais comprendre et mes doutes me semblaient raisonnables pour une neophyte. Nous étions beaucoup dans ce cas sur la page de l’évènement (malgré quelques agitateurs dans le tas) et il y a eu des discussions constructives et courtoises. Les avez-vous vues ? Et avec ce live, je n’ai rien compris (autan vous dire que mes notes ne ressemblent à rien). Pour être complètement honnête, autan les écrits de Madame Sastres ont belle allure, autan là en l’écoutant, je ne pense pas que je lui confierai mon sèche-cheveu tellement elle n’inspirait pas la confiance. Mais ça, ce n’est pas ce qui m’attriste vraiment (on fait tous des boulettes). Ce qui me fait de la peine, c’est que j’ai cette impression que nous, qui mentionnons simplement des doutes, nous avons été snobés. Limite accusés de procès d’intention ou juste ignorés. Juste mis dans le clan des « resistants » au camp de la science, ceux qui ne voulaient pas accepter l’evopsy. Durant le live, nos critiques ont été caricaturées au point que oui, formulées d’une certaine manière nos questions avaient l’air complétement débiles (pour ou contre le viol ?). Même demander comment on fait pour savoir comment se comportaient nos lointains ancêtres avait l’air déplacé tellement ça a été vite emballé (c’est des modèles et puis c’est tout bla bla bla). Je me suis sentie méprisée et je ne suis pas la seule. Comme si au final, mes doutes étaient illégitimes. Comme si j’étais trop stupide pour comprendre que « c’est la science, les stats et puis c’est tout ». Je voulais juste qu’on m’explique. Et on ne m’a rien expliqué. Je suis triste… :'( J’espère ne plus avoir à poster un message comme ça.
Sur la testostérone, vous citez une méta-analyse de 2001 alors que Jérémy cite une synthèse de 2011, dont vous ne pipez mot. Voici ce qu’elle dit sur l’agressivité : « In summary, although there is some evidence suggesting a role for endogenous testosterone levels in physical and non-physical forms of aggression, results are conflicting and inconclusive. In addition, there is no evidence for a direct causal link between testosterone administration and laboratory measures of non-physical aggression in humans. »
En recherchant rapidement sur Pubmed on tombe sur une synthèse systématique datant de 2014 (ici : https://moscow.sci-hub.ac/1908df7fbfd5f53e3c1519dc53ec5517/duke2014.pdf) mais concernant spécifiquement les ados. Là aussi les conclusions sont loin de confirmer un lien : « This study by Halpern et al. [15] found a positive association between male testosterone and aggression but only in one of six measures of aggression and with variation of the direction of the relationship over time. The findings from 18 cross-sectional studies on the relationship between testosterone and aggression and risk taking were equivocal and conflicting. »
Concernant la jalousie, cela semble effectivement assez documenté. Voire ici une méta-analyse de 2012 : http://sci-hub.ac/10.1016/j.evolhumbehav.2012.02.006 ou une étude avec des couples homosexuels, bisexuels ou hétérosexuels : http://sci-hub.ac/10.1007/s10508-014-0409-9
Peggy Sastre dans des commentaires à votre autocritique sur Facebook fournit quelques références sur le fait que le viol serait moins traumatisant quand il est commis par un proche. Quelles références ? Une étude de 1990 et une étude de 1988. Elle mentionne aussi un article de presse afin de justifier que « yen a aussi plein qui s’en branlent en fait [sic] » d’avoir été violée. Il s’agit d’un sondage auprès d’étudiants, et une majorité de victimes n’a pas porté plainte car ce n’était pas « serious enough ». L’article ne permet pas de justifier de tels propos. L’hypothèse de PS peut être une explication, mais je ne vois pas en quoi cela rejette l’hypothèse du patriarcat, ou de la culture du viol. Je pourrais aussi formuler une autre hypothèse, qui n’a pas besoin de supposer que les victimes « s’en branlent » : les victimes pourraient rationnaliser leur non dépôt de plainte en se disant que finalement si elles n’ont pas porté plainte c’est que ce n’est pas si grave.
Bref, mettons de côté cela et revenons à nos deux études à la pointe de la recherche… d’il y a 25 ans. Pour rester dans la même époque, une review de 1993 mentionne un grand nombre d’études sur le sujet (et pas juste deux soigneusement sélectionnées), page 19 du PDF. Les résultats de l’étude de 1990 (citée par Sastre) et d’une autre de 1981 n’ont pas été reproduits par quatre autres études. Quant à l’étude de 1988 elle ne dit pas que c’est moins traumatisant, mais qu’il n’y a pas de différence significative (sauf pour une variable, au détriment des victimes violées par des proches). Voilà qui ne va pas vraiment dans le sens des études soigneusement choisies par Sastre. Je précise que j’ai trouvé la review en 5 minutes de recherche sur Google Scholar… Il y a certainement des choses plus pertinentes et plus récentes.
Enfin l’hypothèses des Thornhill (défendue par PS me semble-t-il), comme quoi une femme mariée violée serait plus atteinte psychologiquement qu’une femme non mariée du même âge, ne semble pas vraiment soutenue : http://www.akademiai.com/doi/pdf/10.1556/JEP.11.2013.2.1
Sur votre approche du débat et sur le refus de traiter chacun de vos invités comme un Grimaud, je disconviens. Pourquoi ne serions-nous critiques qu’avec les personnes avec lesquelles nous sommes en accord ? N’est-ce pas à la fois un biais de confirmation et un effet bi-standard ? Au contraire, nous devrions être d’autant plus critiques avec les personnes dont nous sommes proches, car nos biais cognitifs vont avoir tendance à anesthésier cet esprit critique. Si une personne dit « c’est comme ça », qu’elle s’appelle Jacques Grimaud, Peggy Sastre ou Albert Einstein, il faut creuser. Si la personne a de bonnes raisons de croire ce qu’elle croit, elle doit pouvoir nous les donner. Sinon, et là je disconviens à nouveau, il faut rejeter ses affirmations et non pas attendre que quelqu’un prouve le contraire (ce qui opérerait un renversement de la charge de la preuve).
Cette émission était trop timide n’abordait les problèmes qu’en surface, à quand des sujets plus approfondis pour dénoncer avec plus de pertinence les charlatanismes et autres escroqueries que sont le féminisme contemporain, l’intersectionnalité etc ?
Certes tout cela n’était pas parfait. Néanmoins je considère que c’était tout de même une réussite dans la mesure où vous avez contribué à faire connaitre des travaux tout à fait passionnants, qui nous poussent une nouvelle fois à réfléchir par nous-même et à remettre en questions certaines de nos idées préconçues, ce qui cadre parfaitement avec l’objectif de la chaine. Tout est toujours perfectible mais l’idée était excellente et ce fut malgré tout une vidéo instructive et enrichissante. Ne vous fustigez pas trop. Vous vous améliorerez sans aucun doute au fil des émissions et à force d’habitude.
Bonsoir!
Merci pour votre travail précieux. Mais:
Votre invitée était clairement confuse (et s’exprimait mal) sur un sujet que vous ne maitrisiez pas non plus: catastrophe assurée!!
Sur un sujet complexe à portée politique comme le féminisme vous devriez être plus précautionneux.
Ou alors vous limiter aux sujets plus « durs »? Vous le faites à merveille!
La critique scientifique (et non pas idéologique ou politique comme il a été dit) de la psychologie évolutionniste appliquée au genre a été caricaturée et ridiculisée.
Vous avez beau jeu ensuite d’en appeler au « principe de charité » dans l’argumentation. Mais je comprends que vous avez été pris de cours et que ce ne fut pas agréable pour vous.
Pour une première approche voyez donc le blog Allodoxia d’Odile Fillot (d’une grande rigueur et précision) sur lemonde.fr, entre autre ce post concernant Peggy Sastre:
http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2012/06/20/genre-evolution-testosterone/
Je reste fan de la TeL.
Hélas. La rigueur et l’objectivité ne sont pas au rendez-vous chez Allodoxia (en tout cas sur ces sujets). Nous encourageons les lecteurs à prendre de la distance avec ce blog.
J’espère que vous avez conscience que la remarque peut potentiellement s’appliquer à vous si on est un peu tatillon… La rigueur n’était pas au rendez-vous dans votre émission… Et l’objectivité, pas tellement (MAIS vous n’étiez pas bien préparés, nous le savons, pas de soucis: vous des êtres humains, pas des machines). On ne vous tournera pas le dos pour autan.
Ce cafouillage n’est pas représentatif de votre travail qui fait parfois, je trouve, oeuvre de salubrité publique. Allodoxia n’est pas parfait (tout le monde a ses biais) mais c’est peut-être justement un bon exercice que de prendre le temps de remonter aux sources des informations (qui sont souvent données; on ne va pas cracher dessus). Donc, au contraire, il faut encourager les gens à lire ce blog (mais à le lire de façon active) et à appliquer les méthodes de la pensée critique. Méthodes auxquelles votre invitée ne pourra se soustraire non plus, par ailleurs.
Je le note!
Mais pouvez-vous développer ou donner des références qui développent?
Car à première vue ce blog m’avait séduit justement par sa rigueur! Mais je n’ai pas d’expertise dans ces sujets …
Le position de de Allodoxia sur le cas Catherine Vidal, autorité médiatique totalement usurpée sur la question du « genre du cerveau », est pour moi rédhibitoire.
Voir par exemple cet échange très instructif entre Franck Ramus et Odile Fillod : http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2013/05/24/boris-cyrulnik-stop-ou-encore-partie1/#comment-545 Il démontre selon moi qu’Odile Fillod a un « agenda » (au sens anglais du terme, un but à défendre qui passe avant tout), voir par exemple ce qu’elle dit ici :
« Comme il se trouve que je suis à la fois particulièrement sceptique vis-à-vis des théories qui alimentent le phénomène idéologique de naturalisation du social (après m’être colletiné la lecture d’une abondante littérature scientifique sur ces sujets et avoir constaté son étonnante faiblesse) et préoccupée par certaines répercussions politiques de cette idéologie, mon analyse critique est focalisée sur les discours d’autorité véhiculant ces théories en les prétendant « scientifiquement établies ». Pour cette raison, je ne me suis pas amusée à passer au peigne fin le bien-fondé du discours de Catherine Vidal »
Cet échange démontre aussi qu’elle connaît très mal la façon dont on produit et communique la science (le rejet catégorique des formulations qui généralisent, l’insistance sur les « ce n’est qu’une hypothèse » alors que c’est un passage obligé de toute publication de laisser la place au doute, etc… Lisez l’échange de coms, il est vraiment bien.
À Acermendax et Stéphane Debove,
Vous m’avez profondément troublé car je prends très au sérieux vous remarques.
Je me suis un peu replongé dans ce blog (Allodoxia donc) que j’avais suivi dans le passé.
Je vous trouve d’une dureté injustifiée.
Ce n’était pas la peine de faire l’exégèse de la communication entre Franck Ramus et Odile Fillod pour voir l’angle critique de cette dernière. Dès l’avant-propos d’Allodoxia il est dit :
« Ce blog a pour objet d’alerter sur certains écarts entre les données factuelles rapportées dans les articles de revues scientifiques et ce que divers intermédiaires culturels leur font dire. Il est focalisé sur les sciences biomédicales et du psychisme, particulièrement sujettes à ce type de distorsions notamment lorsque ces sciences contribuent à la naturalisation du social. ».
Et elle précise dans un autre post à propos d’un débat avorté avec Sébastien Bohler:
« Ce qui nous différencie clairement en revanche, c’est tout d’abord nos croyances : Sébastien Bohler semble convaincu qu’il existe des différences naturelles entre hommes et femmes sur le plan psycho-comportemental, […]. Pour ma part, je suis au contraire très dubitative vis-à-vis de cette thèse. Nous avons aussi des sensibilités différentes […]. Ces croyances et sensibilités différentes nous amènent forcément à considérer avec un esprit critique plus ou moins aiguisé tels ou tels articles ou théories scientifiques ».
http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2012/12/22/arret-sur-mirages/
Elle ne critiquera qu’une partie des arguments, la partie qui l’intéresse, voilà, c’est dit noir sur blanc, bonjour la tromperie. Elle a le droit de faire ça, elle n’écrit pas un article de synthèse sur le sujet, elle déboulonne certains raccourcis méthodologiques ou vulgarisateurs. Et globalement ses déboulonnages étaient souvent justifiés factuellement (qu’en pensent Franck Ramus, qui y fût très actif, et les autres experts?)
Du coup le procès en « agenda » « rédhibitoire » que vous faites les uns et les autres me paraît douteux et me fait me questionner, en effet:
Le choix d’une problématique, d’un angle d’attaque, d’une méthode d’interrogation de la nature, d’un cadre théorique explicatif, n’est-il pas déjà un choix fondamentalement partiel et partial ?
Mais qui peut y échapper ?
Les psychologistes évolutionnaires jouiraient-ils d’une neutralité axiologique absolue ?
Le pire biais « idéologique » ou méthodologique n’est-il pas justement de croire que l’on en a pas ?
Odile Fillot joue carte sur table et c’est tout à son honneur.
La science DOIT suivre les réquisits méthodologiques énoncés ailleurs par Guillaume Lecoîntre aprés d’autres.
Et rien n’est légitime à freiner sa marche en avant.
Mais elle s’incarne aussi, inévitablement, dans un certain contexte politique et idéologique. Ce contexte influence la production de la science et il est en retour influencer par elle, à travers entre autre sa diffusion forcement simplifié (par qui ?) dans le grand public. C’est pourquoi une extrême attention critique (qui doit évidemment respecter l’esprit des résultats scientifiques primaires) est de mise quand on touche à la transmission au public de recherches sur un thème aussi délicat politiquement et chargé historiquement que la naturalisation (sûrement à juste titre par ailleurs) de certains faits sociaux.
C’est ce que se proposait de faire Odile Fillod, peut-être de manière imparfaite mais en tout cas salutaire. Cela mérite mieux que votre rejet monolithique.
PS : Ces sujets me font frôler la dissonance cognitive car je suis séduit par l’évidence logique de la psychologie évolutive, je soutiens l’AFIS, vois Hygiène Mentale, bois le Cortecs et m’enivre de La Tronche en Biais …
Merci pour ce message, c’est toujours très agréable et rassurant de voir des personnes capables d’auto-critiques et de remise en question. Félicitations pour votre travail et votre intégrité.
J’ai bloqué avec Madame Sastre dès le langage épicène que j’ai découvert en travaillant en Suisse. Au début ça m’a paru complètement dépassé et limite folklorique, mais après quelques d’explications ça vaut la peine de s’y intéresser. Je vous mets le lien du guide épicène fourni par le site egalite.ch (http://www.egalite.ch/langage-epicene.html). Je précise que dans les administrations suisses (romands), le langage épicène est (normalement) obligatoire, même s’il peut être un peu lourd. Mais comme me l’a expliqué une collègue, c’est aussi une question de tournure de phrase en utilisant plus souvent des termes qui regroupent les 2 genres (style « collègue »). Je vous encourage à lire au moins le chapitre :
Le temps des cathédrales : gentes dames et beaux seigneurs
Il explique l’histoire du langage épicène qui était le langage « normal » jusqu’à la fin du Moyen-Âge et qui a malheureusement disparu ensuite.
De plus, on constate (des recherches ont été réalisées par le bureau de l’égalité de l’Université de Genève, je vous encourage à les contacter si vous voulez plus d’informations) que lorsqu’un mail commence par « chers étudiants » beaucoup d’étudiantes ne se sentent pas concernées (pas toutes, on est d’accord) et ne lisent pas le mail. Mince (pour rester polie) ! Alors ça vaut la peine de se fendre d’un « Chers étudiants, chères étudiantes, » quand même.
Sans être une grande adepte du langage épicène que je maitrise encore mal, je mets mon « e » à mon titre d’ingénieure sans rougir et je ne me moque plus de cet état d’esprit car les règles de grammaire d’aujourd’hui sont, elles, des règles arbitraires qui ont une influence sur notre culture et la perception des choses et de l’ordre des choses. Je n’irai pas jusqu’à mettre à « e » à nous (je trouve ça stupide car ça n’a pas de légitimité linguistique) mais pour accepter le langage épicène, peut-être cela demande-t-il plus d’ouverture d’esprit que ça en a l’air.
Bien à vous
Le problème aura principalement été de croire que PS avait des compétences sur les questions de genre. C’est un domaine d’étude en soit, qui possède ses propres codes, définitions, théories, etc. Un domaine qui demande une expertise. Etre féministe ne veut pas dire spécialiste de ces questions. Le féminisme n’est pas incompatible avec la science, il n’est pas une science non-plus. Le féminisme peut être plutôt conçu comme un objectif politique. Que l’on choisisse de prendre la voix des sciences naturelles, des sciences humaines ou juste du militantisme, ce qu’il y a en commun c’est simplement la volonté d’utiliser nos savoir afin d’arriver une amélioration de la condition féminine jusqu’à l’égalité. En tant qu’étudiante en sciences humaines (principalement linguistique et anthropologie), je suis assez déçue de votre approche qui peut-être dans un soucis d’originalité n’a fait que privilégier le sérieux sur les questions d’évolutionisme, et laisser les notions sociologiques/anthropologiques (et linguistique, hein, parce que là, y a du boulot, toutes ces approximations font mal à entendre) comme un gros paquet de truc qui peut rester un peu flou, c’est pas grave. Sauf que non, les sciences humaines, c’est vaste, c’est compliqué et ça ne relève pas juste de l’opinion personnelle. Je trouve incroyable de ressentir le besoin de dire ça, alors même que je viens sur votre site, que je regarde vos vidéos en pensant que vous saurez prendre de la distance avec ce genre de stéréotypes.
Et j’ajouterai, ce n’est pas parce qu’une étude n’est pas féministe qu’elle est objective sur les questions de sexe/genre. Au moins les concepts qui viennent avec une attitude féministe nous poussent à être vigilant vis-à-vis de nos idées préconçues. Je vous invite pour cela à lire l’ouvre de Claire Michard et Claudine Ribéry « Sexisme & Sciences humaines : Pratique linguistique du rapport de sexage », qui étudie les différences de traitement énonciatif des groupes « femme » et « homme » dans des articles d’éthnologie/sociologie censés posséder une approche neutre.
@Frederic Damour, je ne peux pas répondre directement à votre message, j’espère que vous lirez celui-ci.
Oui et non j’ai envie de dire 🙂
Sur mon blog également j’ai tendance à ne présenter que les explications évolutionnaires des comportements humains, parce que 1/ elles me paraissent sous-représentées à l’heure actuelle et 2/ je n’ai pas le temps de tout traiter. Mais je dis systématiquement que les explications évolutionnaires n’expliquent pas tout et mon blog n’est pas un blog où je critique des théories. Quand on tient un blog critique, critiquer un seul parti laisse forcément croire que l’autre parti a raison. La moindre des choses, c’est que quand quelqu’un signale en commentaire que l’autre parti se trompe, on le reconnaisse. Puisqu’Odile Fillod s’appuie sur les « travaux » de Catherine Vidal pour débunker, je ne vois pas ce qui la dispense de « passer au peigne fin le bien-fondé du discours de Catherine Vidal ». C’est dans ce sens-là qu’on ne peut pas accepter qu’elle critique un seul parti.
Ensuite, la phrase que vous citez montre à nouveau le problème : « Ce qui nous différencie clairement en revanche, c’est tout d’abord nos croyances : Sébastien Bohler semble convaincu qu’il existe des différences naturelles entre hommes et femmes sur le plan psycho-comportemental »
C’est bien là le problème, les différences psycho-comportementales entre hommes et femmes ne sont pas des croyances (ou ne devraient pas l’être), ce sont des faits, c’est ce que dit Franck Ramus dans sa réponse, et c’est ce qu’Odile Fillot ne reconnaît pas. C’est ce qui cause certaines de ses critiques à côté de la plaque. Après sur d’autres cas elle fait très certainement du bon boulot, mais une fois qu’on a été confronté à son refus de voir certains faits en face… difficile de faire confiance et continuer à lire ses autres billets sereinement.
Merci pour cette réponse convaincante.
Elle me fait comprendre pourquoi je suis au bord de la dissonance cognitive:
C’est qu’il y a deux manières de naturaliser les comportements sociaux.
L’une est scientifique et réflexive, elle est formée par l’ensemble des explications évolutionnaires, et vous avez raison de dire qu’elle est sous-représentée.
L’autre est dogmatique et spontanée, c’est l’essentialisme (racial, sexiste, etc.), il est de triste mémoire historique et politique et lui, hélas, je ne parierai pas qu’il soit minoritaire.
Le hic c’est que dans les présentations médiatiques, et dans l’esprit du grand public, il est très facile (c’est même le plus facile, d’où le travail délicat voire impossible des vulgarisateurs) que les avancées évolutionnistes soient comprises comme des confirmations des préjugés essentialistes. C’est à ce moment-là que les tenants du constructivisme passent en alerte rouge (à juste titre), sortent la sulfateuse critique, et arrosent de projectiles parfois douteux jusqu’aux labos psychoévos pourtant les plus irréprochables. En retour les évolutionnistes jettent le bébé de la critique constructiviste justifiée et nécessaire avec l’eau du bain de la critique abusive.
Et c’est rage et tristesse que de les voir se tirer dans les pattes les uns les autres pendant que l’essentialisme, leur ennemi commun et premier, qui rend toute science impossible, se prélasse dans les médias et dans les esprits.
Je lirai donc à l’avenir Debove ET Fillod, mais en sachant trier le bon grain de l’ivraie.
Merci pour cet espace d’échange qui m’ont fait avancer.
J’espère que vous ne resterez pas cette « réponse convaincante » reposant en sur une accustion mensongère : voir https://menace-theoriste.fr/autocritique-feminisme-theorie-de-levolution/#comment-3722
Bonjour,
Je suis loin d’être un expert sur le sujet, et je ne connait ni Fillot ni Sastre, et je découvre les enjeux avec cette discussion.
Mais au vue des éléments apportés, j’ai tendance également à avoir un sentiment d’impartialité.
D’un côté, on a Sastre qui affirme que la culture du viol n’existe pas, malgré le fait qu’un tel phénomène est impliqué par notre compréhension des actions et interactions humaines (après tout, ce site lui-même est basé sur l’existence de biais inconscient). Cet écart est excusé par le fait que le terme serait flou et souvent mal utilisé.
De l’autre, Fillot parle des différences naturelles entre hommes et femmes sur le plan psycho-comportemental. Là aussi, c’est un terme très mal utilisé en général, et nombreux sont ceux qui en parlent pour justifier l’absence de différences issues de normes sociales et culturelles. (D’ailleurs, je ne sais pas trop ce que regroupe ce terme. Est-ce que l’attraction sexuelle fait partie de cela ? Je ne pense pas que Fillot prétendre que les invertébrés s’accouplent de manière sexuée pour des raisons sociales.)
Bref, je ne connais pas tout les éléments, mais sur ceux qui me sont donnés, je ne pense pas qu’on puisse prétendre que Fillot soit moins fréquentable que Sastre.
Vous avez créé cette « auto-critique » pour vous plier aux caprices du gourou Royaux. Et de ses sbires qui lui ont servi le like.
Bonjour, je viens de tomber par hasard sur ce fil de discussion et n’ai pas du tout l’intention de m’en mêler, mais je ne peux m’empêcher de réagir à une affirmation mensongère de Stéphane Debove : « Puisqu’Odile Fillod s’appuie sur les « travaux » de Catherine Vidal pour débunker, je ne vois pas ce qui la dispense de « passer au peigne fin le bien-fondé du discours de Catherine Vidal » ». Je ne me suis JAMAIS appuyée sur de quelconques écrits de Catherine Vidal pour débunker, et c’est précisément pour cela que je peux me dispenser de passer au peigne fin son discours. J’invite à lire le commentaire de Franck Ramus et l’échange qui s’en est suivi sur mon blog pour comprendre de quel contexte ce morceau de phrase a été (malhonnêtement) tiré et instrumentalisé ici : http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2013/05/24/boris-cyrulnik-stop-ou-encore-partie1/#comment-534. Pour info, l’article concernant Nicolas Gauvrit évoqué dans ma dernière réponse à cet échange (http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2013/05/24/boris-cyrulnik-stop-ou-encore-partie1/#comment-737) est ici : http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2014/07/23/camion-poupee-jeux-singes/
Ok, vous ne vous appuyez pas dessus… Mais vous êtes quand même en train de critiquer quelqu’un qui la critique, vous parlez de sa « position (mal) résumée », vous n’acceptez pas qu’il puisse dire « que la valeur ajoutée de la critique de Catherine Vidal est négligeable »…
Vous entretenez en permanence un flou sur votre position et rien ne justifie scientifiquement de débunker un auteur et pas un autre quand ils travaillent tous les deux sur le même sujet. C’était exactement le sens du commentaire de Franck Ramus et exactement le sens du mien aussi, même si, stricto sensu, vous ne vous êtes peut-être jamais appuyée sur le discours de Catherine Vidal.
Quant au contexte de votre morceau de phrase que j’aurais malhonnêtement caché… c’est un peu gonflé, je donne exactement le même lien que vous donnez 5 commentaires plus haut (là : https://menace-theoriste.fr/autocritique-feminisme-theorie-de-levolution/#comment-2796 ), précisément pour que les gens se fassent une idée par eux-même !
Vous avez vraiment un problème avec moi ! Je reprends vos nouvelles accusations :
1. « vous êtes quand même en train de critiquer quelqu’un qui la critique » : je suis en train de critiquer Cyrulnik qui ENTRE AUTRES critique Catherine Vidal, et ce non pas parce qu’il la critique, mais parce qu’il emploie de mauvais arguments. Et donc… vous en déduisez quoi ?
2. « vous parlez de sa « position (mal) résumée », vous n’acceptez pas qu’il puisse dire « que la valeur ajoutée de la critique de Catherine Vidal est négligeable » » :
Je suis sidérée par votre nouvelle tentative d’instrumentalisation de mes propos, qui encore une fois n’avaient pas pour objet de défendre Vidal mais de mettre en évidence les procédés malhonnêtes employés par Cyrulnik pour caricaturer et rididuliser ENTRE AUTRES les écrits de Vidal. Voici ce que j’ai écrit exactement : « Quant au livre de Catherine Vidal, voici tout ce qu’il [Cyrulnik] en dit dans cette même chronique de 2005 : « Catherine Duval et Dorothée Benoit-Browaeys démontrent sans peine « l’idéologisation » de ces données neurologiques. »[12]. Outre que son perfide « sans peine » laisse entendre que la valeur ajoutée de la critique de Catherine Vidal est négligeable, il laisse ainsi croire que celle-ci se limite à mettre en évidence l’instrumentalisation idéologique des « données biologiques » censément soulignées par Kimura. Or si Vidal évoque rapidement cet aspect à la fin de son livre, elle s’attache surtout à critiquer la validité des travaux de Kimura basés sur l’écoute dichotique, à montrer en quoi ses données sur les différences entre les sexes dans les capacités verbales et spatiales sont bien loin de permettre d’affirmer qu’il s’agit de différences naturelles, ou encore à mettre en évidence la faiblesse de sa tentative de démonstration d’une composante génétique de l’homosexualité [13]. »
Vous auriez pu relever que dans le paragraphe précédent, je relève exactement le même type de procédés employés par Cyrulnik à l’encontre de Doreen Kimura :
« En 2005, voici comment il reformule ce que dit Kimura : « Puisqu’il y a une différence de nature, nous explique Doreen Kimura, psychologue canadienne, on ne peut que se soumettre à ses lois. Inutile donc […] d’orienter les filles vers les disciplines scientifiques, car leur cerveau les prédispose plutôt aux métiers de la parole. » [10]. Notons d’abord que puisqu’il s’agit maintenant de dénigrer Kimura et non plus de vanter ses « recherches très poussées sur la « sexualisation » du cerveau » comme en 1994, il choisit de la qualifier de « psychologue » alors qu’une description correcte serait « chercheuse en neuropsychologie », dont nombre de travaux sont d’ailleurs dans la droite ligne de ceux de Broca. Surtout, Kimura n’a jamais exprimé une position aussi radicale. Elle a seulement lutté contre le principe de discrimination positive en faveur des femmes en sciences, et soutenu qu’il n’était pas utile d’inciter les filles à s’orienter vers ces disciplines si elle ne le faisaient pas spontanément. Son point de vue était qu’il était sans doute naturel qu’il y ait plus d’hommes que de femmes dans les métiers tels qu’ingénieur ou physicien, et qu’il y ait symétriquement plus de femmes que d’hommes par exemple dans les professions médicales, en raison des « facultés de perception » requises [11]. »
3. « c’est un peu gonflé, je donne exactement le même lien que vous donnez 5 commentaires plus haut »
Vous ne donnez pas « exactement le même lien » : vous donnez le lien vers le commentaire n°545, et c’est pourquoi j’ai invité à « lire le commentaire de Franck Ramus et l’échange qui s’en est suivi » pour comprendre de quel contexte ce morceau de phrase avait été tiré en donnant quant à moi le lien vers le commentaire n°534.
4. « Vous entretenez en permanence un flou sur votre position et rien ne justifie scientifiquement de débunker un auteur et pas un autre quand ils travaillent tous les deux sur le même sujet. C’était exactement le sens du commentaire de Franck Ramus et exactement le sens du mien aussi »
Je rappelle ce que j’ai répondu à Ramus dans le fil de discussion en question : « Si j’avais la prétention de trancher entre différentes théories explicatives d’un fait donné (ex : le fait qu’il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes ingénieurs), je devrais effectivement examiner avec le même soin critique les théories concurrentes afin de comparer leur adéquation avec l’ensemble des données disponibles. Mais comme je l’explique dans la page « à propos » de ce blog, son objet n’est pas d’évaluer la véracité de telle ou telle théorie scientifique. L’objet de ce blog est de pointer les écarts entre les données factuelles rapportées dans la littérature scientifique et ce qu’on leur fait parfois dire. Comme il se trouve que je suis à la fois particulièrement sceptique vis-à-vis des théories qui alimentent le phénomène idéologique de naturalisation du social (après m’être colletiné la lecture d’une abondante littérature scientifique sur ces sujets et avoir constaté son étonnante faiblesse) et préoccupée par certaines répercussions politiques de cette idéologie, mon analyse critique est focalisée sur les discours d’autorité véhiculant ces théories en les prétendant « scientifiquement établies ». Pour cette raison, je ne me suis pas amusée à passer au peigne fin le bien-fondé du discours de Catherine Vidal, ce qui n’est en rien un problème dans la mesure où vous pourrez constater que je ne m’appuie jamais sur son discours pour étayer le mien. »
Bon on tourne en rond, maintenant vous reprenez des extraits de vos réponses que j’ai déjà critiquées plus haut… Je pourrais donc également vous recopier mes réponses auxquelles vous pourriez à nouveau me recopier vos réponses… Bref, on ne se comprend pas, et au risque de paraître éviter le débat, je ne répondrai donc pas à ce nouveau commentaire. Je pense que les lecteurs intéressés ont suffisamment d’éléments pour se faire une idée par eux-mêmes.
PS : je n’ai pas de problèmes avec vous, n’essayez pas de vous faire passer pour une victime. Je ne suis pas le seul chercheur à pointer du doigt l’incohérence de vos discours.
Qu’en est-il de cette étude qui aurait tendance à montrer que les femmes victimes de viol conjugal sont moins traumatisées que les femmes victimes de viol non conjugal ?
Cette affirmation me parait particulièrement surprenante étant donné que les premières sont aussi des victimes de violences conjugales, et qu’il y a bel et bien des études qui montrent que les conséquences de ces violences sont particulièrement nombreuses et sans aucun doute plus importantes que les conséquences de non violences conjugales ? (si il n’y a rien pour causer un trauma, celui sera moindre ça me parait évident quelque part).
Je ne prétends pas que mon raisonnement est juste, il me semble toutefois que la charge de la preuve incombe à la personne qui fait une assertion extraordinaire, et que l’assertion de Peggy Sastre l’était.
Juste une remarque en lisant cet échange entre Stéphane Debove et son interlocuteur, au sujet du blog d’Odile Fillod. Vous écrivez avec aplomb:
« C’est bien là le problème, les différences psycho-comportementales entre hommes et femmes ne sont pas des croyances (ou ne devraient pas l’être), ce sont des faits, c’est ce que dit Franck Ramus dans sa réponse, et c’est ce qu’Odile Fillot ne reconnaît pas. C’est ce qui cause certaines de ses critiques à côté de la plaque. Après sur d’autres cas elle fait très certainement du bon boulot, mais une fois qu’on a été confronté à son refus de voir certains faits en face… difficile de faire confiance et continuer à lire ses autres billets sereinement. »
Ce qui est un fait ce sont bien « les différences psycho-comportementales entre hommes et femmes », comme vous dites. Mais ce qui oppose Odile Fillod à Franck Ramus ici, c’est la nature/ralisation des dites différences comportementales « observées ».
Autant Ramus que Fillod sont au clair que ces différences moyennes comportementales sont observées, c’est même parfois flagrant… mais ce qui fait débat entre eux, c’est justement que l’origine de ces différences n’est pas démontrée être « biologique » (d’où le mot « naturalisation ») pour l’une, alors que l’autre prétend l’inverse (en simplifiant). Or pas une seule fois dans ses réponses, Odile Fillod n’omet de préciser ce point, naturelle/biologique, car tout son blog focalise principalement sur les biais des études ou autres artefacts de communication voulant démontrer l’origine biologique des différences de comportements intersexes.
Je me dis en observant votre grave omission que, soit vous cherchez à discréditer le travail de Fillod par des ficelles enfantines, déplorables, soit vous n’avez rien compris au travail d’Odile Filllod (mais je doute de cette seconde option). Il peut s’agir aussi d’une grave omission involontaire… grave, car c’est justement là le point central de discussion et opposition entre Ramus et Fillod : la genèse/origine de certaines différences de comportement (« observées ») entre sexes.
Bonjour,
Je suis un total novice en matière de sociologie (je m’y intéresse depuis quelques mois, grâce à une amie prof), et un piètre connaisseur de la biologie, mais à la lecture de tous ces blogs et articles liés, c’est exactement à la même conclusion que j’en suis arrivé !
La sociologie, en tout cas pour ce que j’ai lu, a l’air très étroitement imbriquée avec le féminisme, et la sensation que j’ai, c’est que les sociologues font leurs recherches avec l’intime conviction qu’il faut à tout pris prouver que les différences de sexe n’ont aucun caractère « naturel ». D’où une énergie incroyable pour débunker tout propos biologiste qui viendrait émettre un doute, ou une hypothèse quant à un caractère inné chez un sexe ou l’autre.
Pour autant, je ressens aussi une espèce de nécessité des biologistes de trouver les fondements des différences de sexe dans les tréfonds des chromosomes, pour la beauté de l’Art (assez peu dans le but de prouver une « supériorité », ce qui est le risque premier évidemment, et la plus grosse crainte des féministes, à juste titre).
Et en fait, ma conclusion, c’est qu’ils ne parlent pas de la même chose, ou en tout cas, que l’un n’empêche pas l’autre.
Si chaque différence de sexe peut être démontrée sociologiquement (même si un caractère tient de la sociabilisation de nos ancêtres très lointain), ça n’empêche pas que ces différences puissent être innées chez l’humain moderne, ni que ces différences puissent être effacées (via la plasticité cérébrale par exemple). Je ne dis pas que c’est le cas, et que la science prouvera que des caractères sont innés, ni qu’elle sera capable d’en expliquer les origines.
Et encore, comme le dit Ramus (je crois), si un caractère était prouvé comme inné, ce ne serait JAMAIS une excuse à tel ou tel comportement, s’il est réprouvé par la morale.
Ma conclusion est que la peur de la dérive morale rendue possible par des trouvailles biologiques braque totalement la sociologie (et plus particulièrement les féministes), et inversement, les biologistes qui n’ont que faire de la morale ne prennent pas assez en considération les sociologues concernant les origines des comportements.
(j’ai essayé de dire tout cela de manière la plus neutre possible, en analysant les biais dans chaque camps. Je ne suis partisan ni d’un camps ni de l’autre, puisque je pense que les 2 ont raisons, mais se s’entendent pas (ou ne s’écoutent pas ?) )
Je pense qu’il y a une incompréhension fondamentale sur ce que tentent de faire la sociologie à ce propos. L’objectif n’est pas de chercher à prouver par tout les moyens qu’il n’y a pas de différences innées mais plutôt que les recherches biologiques son incapable de produire une conclusion totalement définitive là dessus (à ce jour) – même dans le champ de la biologie, il n’y a pas de consensus là dessus.
Ce qui est critiqué par les sociologues c’est que l’emploi de ces différences mal étayées se retrouve souvent comme justification d’une posture politique antiféministe. Ce qui les gène c’est qu’on prête un caractère consensuel à des idées qui ne le sont pas, et ce, pas seulement par amour candide de la discussion, mais par volonté d’avancer un agenda politique, sans préciser la nature du propos.
Comme vous dites, sociologie et féminisme vont souvent ensemble, et ce qui est sous-entendu par votre message est que, du coup, la sociologie serait suspecte : suspecte d’être la conséquence d’une posture politique féministe antérieure à la formation de sociologie. Je vous invite à vous poser la question suivante : ne seriez-vous pas en train d’inverser la causalité? Et si l’étude détaillée et critique des structures sociales poussait à prendre position sur l’échiquier politique plutôt que l’inverse? Je n’ai pas la réponse, mais je ne vois pas pourquoi la première hypothèse serait plus valide que celle-ci.
Demander une « réponse définitive » à la science, alors qu’on sait évidemment que c’est impossible, c’est un moyen pour s’autoriser à avancer n’importe quelle hypothèse qui colle avec ce qu’on veut démontrer. Le féminisme du 21° siècle n’en est plus à dire qu’il n’y a pas d’inné, mais que la notion d’homme ou de femme n’a pas de sens biologique : voir ce cours donné à l’université : https://www.youtube.com/watch?v=l1ucCEXK1_4.
Dans ce cadre, il est donc très important, essentiel même, de bien rappeler que la science ne peut apporter de « réponses définitives », pour bien sur pouvoir lui faire dire ce qu’on veut, au gré des besoins – et surtout venir apporter des réponses qui, elles, définitives, ne s’embarrassent des précautions de la science, et n’émettent surtout pas de doutes sur leur propre bien fondé.
Je ne vous suis pas depuis très longtemps mais j’ai plaisir à laisser vos émissions en fond lorsque je travaille. D’ailleurs ça mange pas de pain : merci !
Celle-ci m’avait un peu hantée, je ne comprenais pas que des choses aient été dites sans réactions, je ne comprenais pas le titre de la conférence( mon compagnon non plus qui l’a écouté un peu malgré lui en même temps). Bref merci pour cet autocritique !
Qui a dit « il y a deux sortes d’hommes : ceux qui pensent qu’il y a deux sortes d’hommes et les autres. »
Il y a d’un coté le champs phylo-politico-social et de l’autre celui des sciences. Dans le premier, l’égalité est la seule option humainement acceptable. Dans l’autre, les différences peuvent être montrées, leurs origines recherchées, ça intéresse certaines personnes de les connaître et peut-être est-ce une bonne chose. Mais ça n’a pas à être pris en compte dans le premier.
Sur l’écriture inclusive
Tou/te/s bon oui. Mais tous et toutes est quand même bien plus joli.
Et la même pour « ceux » et il/elles
Individue. Parce que c’est un mot masculin, indépendamment du sexe ou non et éventuellement du genre de l’individu dont il est question. Là pour moi, on atteint la limite de la connerie. Que le mot personne soit féminin n’a pas l’air de gêner les partisan.ne.s de cette option. Par ce que individu est un terme totalement indifférencié : si l’on pérore sur les escargots, on dira, par exemple, que les individus de cette espèce sont hermaphrodites.
Ne m’attaquez pas en faisant des suppositions, je trouve l’écriture que inclusive est une bonne chose.
«En France, il n’y a aucun problème pour dire « infirmier » mais il y en a beaucoup apparemment pour dire « chirurgienne ». C’est pour les métiers valorisés socialement qu’il y a le plus de résistances», souligne Raphaël Haddad.
J’ai pour ma part apprécié que vous ayez tenu le rôle de celui qui explique, puisque l’invitée était trop paralysée pour saisir les multiples perches qui lui étaient tendues pour la tirer de la noyade. Je ne pense pas qu’en direct vous ayez eu d’autre choix.
Pour équilibrer sur le sujet, il serait intéressant que la TeB invite quelqu’un qui (si j’ai bien compris) a des positions opposées, c’est à dire Richard Monvoisin. En effet, dans son cours de défense intellectuelle à l’université de grenoble (ici : https://www.youtube.com/watch?v=l1ucCEXK1_4) il soutient que
– l’évolution Darwinienne n’existe plus chez l’être humain.
– le genre homme/femme n’existe pas réellement car dans la nature, les modes de reproductions (organismes unicellulaires, champignons, insectes, poissons, etc.) sont divers, et il infère clairement que, puisque cette diversité prouve que le genre mâle/femelle n’existe pas chez nombre d’organismes dans toute la nature, donc il n’existe pas plus chez l’être humain.
– chez l’humain, le sexe physique ne serait pas bien déterminé car il arrive que des gens naissent avec des sexes indéterminés, ou mal déterminés, sous-entendant par cet argument que parler de différences sexuelles (au sens biologique) homme/femme n’a pas de sens réel.
Les théories du genre (de l’absence de genre) s’appuient donc aussi sur des arguments « naturalistes ».
Le simple débat d’opinion n’aurait pas d’intérêt, par contre une analyse du bien fondé de ses affirmations (qui me paraissent ne pas tenir debout) risquerait d’être passionnant, puisqu’il enseigne cela dans le cadre d’un cours de défense intellectuelle et de zététique.
Je n’ai pas encore vu la vidéo de ce cours-ci. Si R Monvoisin argumente de cette manière, il y aurait sûrement matière à débat sur le sens que l’on donne aux mots et sur ce qu’on s’autorise à conclure des observations en biologie. Je trouverais notamment gênant qu’on trouve justifié de traiter épistémiquement l’humain à part des autres espèces. Tant que nous nous reproduirons et que certains d’entre nous aurons plus de descendance que d’autres, les principes darwiniens nous colleront à la peau.
« Tant que nous nous reproduirons et que certains d’entre nous aurons plus de descendance que d’autres, les principes darwiniens nous colleront à la peau. »
Bonjour Mendax,
aujourd’hui, la culture influe énormément, et pour une part non négligeable de l’humanité, bien plus que la pression naturelle sur le nombre de descendants. Ca ne me paraît pas très darwinien.
Je ne suis pas certain que la pression naturelle à envisager soit uniquement « extérieure », elle est aussi présente à l’intérieur de l’espèce, par exemple par les préférences sexuelles ou la compétition pour les ressources. La culture fait partie de notre environnement, pourquoi ne serait-elle pas un facteur comme un autre de l’évolution ? Comment le processus « évolution » qui existe dès que du vivant interagit avec un milieu, se serait arrêté ?
« – l’évolution Darwinienne n’existe plus chez l’être humain. »
Il semble bien que pour l’Homme, la sélection naturelle ait du plomb dans l’aile. Même des personnes ayant de grandes difficultés à « se reproduire » y arrivent par des artifices, FIV etc. Idem pour les facteurs résistance physique, résistance aux maladies, et d’autres probablement par l’artificialisation de notre mode de vie.
@didier.
L’évolution darwinienne est un processus inhérent à la vie même, elle est constamment à l’œuvre, quel que soit notre environnement. Pour ne plus la subir, il faudrait que l’être humain cesse d’être relié à la vie.
Ce qui me dérange (entre autres et des bien meilleures) c’est que Monvoisin décrète l’arrêt de l’évolution chez l’être humain, et qu’il lâche ça dans une phrase comme une évidence, sans démonstration, comme si ça devait aller de soi, dans un cours sur l’hygiène mentale et l’art de penser. Je prends en compte votre remarque, et je pense que tout ça pose des questions, mais quand on s’attaque à un monument comme l’évolution Darwinienne, on ne prétends pas régler la chose en une affirmation lapidaire alors qu’on est chargé de cours et surtout si le propos est de former l’esprit des, encore jeunes, étudiants.
Quand je dis « a du plomb dans l’aile », je ne dis pas qu’elle est morte. Probablement on ne peut pas empêcher ni arrêter l’évolution et elle ne s’arrêtera pas toute seule non plus. Simplement elle est techno-orientée par l’homme.
Un exemple de sélection : certains jardiniers produisent leurs semences de salade : si une salade monte avant les autres, ils en gardent les graines et mangent les autres. Au bout de 3 ans, toutes les salades montent tellement vite qu’on ne peut plus les manger. Alors ils disent que ça dégénère. Si les humains ayant du mal à procréer se reproduisent artificiellement, les besoins en procréation artificielle vont augmenter à la grande joie et pour le plus grand profit de la technoscience, irrémédiablement.
Et je ne veux pas de ce monde-là. C’est un choix politique.
Il faut accepter certaine loi naturelle : t’as des gène pourris, c’est mon cas, tu fais pas d’enfant. Quelle importance qu les enfants dont tu t’occupes soient sortis de tes couilles ou de tes ovaires ? Sortons de l’âge de pierre.
Je crois (donc je ne sais pas mais j’imagine) qu’à l’age de pierre tout le monde s’occupait des enfants de tout le monde, et de ce point de vue on gagnerait peut-être à y revenir.
Je vais me répéter, tans pis. Mes commentaires ici étaient d’ordre zététique, c’est à dire que je pense que Richard Monvoisin, qui en est un digne représentant, s’égare et pars de ses opinions et ses choix politiques pour tordre la réalité. Dit autrement, je ne cherche pas à critiquer ses opinions qui ne m’intéressent guère, mais sa méthode et les « démonstrations » de son cours dont j’ai donné le lien, qui me paraissent plus dangeureuses. On ne peut pas utiliser la reproduction par mitose ou celle des champignons, pour en inférer que la différenciation sexuelle n’a pas de sens chez l’humain. S’il pense que l’évolution s’est arrêtée, qu’il en fasse une démonstration. Pour le fond, l’opinion qu’on peut avoir sur ces sujets, et donc la mienne, j’avoue que je n’entrais pas dans ce débat.
R. Monvoisin, lorsqu’il prend position pour l’égalité des sexes, ne fait plus de la zététique mais de la politique.
J’ai vu une de ses vidéos sur le sujet, elle était truffée des biais cognitifs qu’il dénonce le reste du temps : biais de confirmation, témoignages personnels, …
Il est navrant que la zététique soit utilisée à cette fin. Lorsque l’on aborde des sujets d’ordre moral, on ne fait pas de la zététique, on utilise celle-ci malhonnêtement pour défendre une doctrine.
Philippe dit :
08/12/2017 à 01:07
« Je ne suis pas certain que la pression naturelle à envisager soit uniquement « extérieure », elle est aussi présente à l’intérieur de l’espèce, par exemple par les préférences sexuelles »
Les préférences sexuelles n’agissent pas sur la sélection car la « reproduction » est naturellement hétérosexuelle.
Les préférences sexuelles c’est le fait de préférer les blondes ou les brunes, les grands ou les petits. C’est de cette façon qu’il est supposé, par certains, que les asiatiques ont les yeux bridés à cause d’une préférence sexuelle: un jour nos ancêtres là-bas se sont mis à préférer les yeux bridés, les autres ont trouvé de moins en moins de partenaires, etc. Mais tout ça c’était surtout pour rappeler que la sélection n’est pas uniquement causée par l’extérieur (climat, prédateurs) mais aussi par une espèce envers elle-même. Quand nous aurons suffisamment de robots suffisamment intelligents pour que les riches n’aient plus besoin d’autant de main-d’œuvre, on verra si la sélection s’est arrêtée. On me dira que ce n’est pas la « Nature » qui sera la cause, mais ça reste de la sélection dans un environnement donné, et tant que l’humain ne se sera pas transformé en esprit désincarné, la manière dont nous transformons notre environnement est également la nature, au même titre qu’un brin d’herbe transforme aussi son environnement.
« Les préférences sexuelles… »
j’entendais homo, bi, trans etc.
J’ai été très déçue par cette émission. Je pensais écouter une émission scientifique, mais je n’ai entendue qu’une majorité d’arguments d’autorité. Les sciences sociales sont dénigrés, la méthode scientifique également, et je n’ai pas eu connaissance que PS ait fournies des sources pour expliciter es arguments.
J’ai été également très déçue par votre animation, je pense qu’à l’avenir vous devriez écouter davantage les commentaires venant du tchat, et oser réfuter les avis de vos invités lorsqu’ils sont apparemment sans fondements scientifiques.
Merci tout de même pour cette autocritique qui m’incite a suivre vos futures émissions.
Sans vouloir prendre la défense de la Teb qui est bien assez grande pour le faire elle-même, je vais le faire quand même sur ce coup. L’invitée était visiblement tétanisée par le direct, incapable de formuler son argumentation – qui au passage est plus scientifique que vous ne le laissez entendre (qu’on soit d’accord ou pas est une autre affaire). J’ai pour ma part apprécié que « l’animateur » ait pris le parti de ne pas enfoncer une invitée qui se noyait déjà toute seule, car sinon ça aurait vite tourné en un spectacle genre lynchage vraiment désagréable. Quand l’invité n’est pas à la hauteur, c’est à l’animateur de ramer. Pourtant, malgré ses maladresses, je ne crois pas que les arguments de l’invité – pour autant qu’on puisse les comprendre – soient si éloignés de la méthode scientifique, dont les résultats n’ont pas à choisir de plaire, déplaire, ou être en conformité avec des sciences sociales que vous évoquez et qui ne sont pas elles-mêmes toujours exemptes d’idéologies ou de morales qui se marient généralement assez mal avec la rationalité.