Aimez-vous les uns les autres (Live spécial Noël)
Editorial
Chers compagnons humains, en cette fin 2018, nous nous apprêtons à honorer la coutume de retrouvailles familiales enjouées, d’excès de nourriture injustifiables, de gaspillages record et de la dose d’hypocrisie qu’il faut à chacun pour trouver tout cela formidable. Ceux d’entre nous qui éprouvent un réel plaisir à s’adonner à la fièvre acheteuse ainsi qu’aux traditionnelles libations sont bien chanceux, et je tiens à les saluer sans trace de cynisme : ils sont plus adaptés que les autres au monde actuel. Tant qu’il dure.
Bien sûr, la férocité de notre zététique habitude à tout questionner, à déloger les squelettes dans les placards, à douter des évidences,nous conduit à érafler le clinquant de ces injonctions au bonheur saisonnier,et si vous ne voulez rien d’autre que passer un Joyeux Noël bien mérité, cet éditorial vous semblera démarrer bien fâcheusement. Alors soyons positifs.
Les fêtes de fin d’année sont l’occasion de multiples engueulades recuites, de rengaines idiotes, de rancunes mal digérées et d’une incapacité générale à éviter les sujets qui fâchent. Cette année encore le tonton raciste, la grand-mère homophobe, le cousin facho ou la belle-sœur écolo-bobo prosélyte vont nous gaver entre les huîtres et le foie gras. Il est même bien possible que nous soyons nous-mêmes coupables de remettre sur le tapis la manière dont nous pensons avoir rabattu le caquet de notre voisin de table.
De l’apéro au dessert, ça va jaser. Ça va s’accuser de ne rien comprendre, ça va se moquer du mauvais français ou de l’inculture de l’autre. Ça va appeler à témoins des gens qui s’en foutent. Ça va casser les pieds de tout le monde, faire pleurer les enfants et gâcher la fête. Et puis ça ne voudra pas en démordre en plus, il faudra que ça ait le dernier mot. Ça croira débattre alors que ça ne fera que pérorer, comme l’an dernier… Alors qu’au fond on n’avait pas besoin de régler ce problème-là ce soir ; on aurait pu faire une partie de jeu de société ou se rappeler de bons vieux souvenirs, faire de la musique ou raconter des histoires drôles. Parce qu’en plus, bien souvent, celui qu’on agonit à cause qu’il ne veut pas comprendre qu’on a raison, on l’aime bien. C’est parce qu’on l’aime bien qu’on veut le convaincre. Et c’est sans doute pareil de son côté. Il est possible qu’on soit un petit peu cons, en fait.
On devrait commencer par se dire qu’on s’aime bien, qu’on est content de se voir, et si vraiment on veut ramener le vieux désaccord d’il y a un an, on devrait commencer par écouter le résumé que l’autre veut en faire.Ben oui, parce qu’en fait on n’a pas vécu la même scène de la même manière, et si on croit pouvoir la reprendre là où on l’a laissée, le problème c’est quel’autre il a toutes les chances d’avoir un autre contexte en tête. Il suffirait de s’écouter, de se rappeler qu’on a peut-être au moins un petit peu tort, quel’autre peut avoir au moins un tout petit peu raison, et qu’on a besoin de rester amis les uns avec les autres pour que ces petites engueulades aient la moindre utilité.
Chers amis, si vous aimez râler, débattre, vous chicaner,pinailler et contredire, vous avez besoin de gens qui vous aiment assez pour jouer le même jeu que vous sans foutre en l’air toute la préparation que la fête a réclamé. Un peu de respect pour celle et ceux qui ont passé 6 heures dans la cuisine. Aimez-vous les uns les autres, bordel de merde !
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Ci-dessous la vidéo de notre émission décontractée spécial noël, avec un invité mystérieusement secret.
On y parle d’un outil proposé par Acermendax : la « Triade Zététique », des productions de la TeB, du fonctionnement de l’ASTEC, de notre futur, et nous lisons quelques commentaires particulièrement gentils… ou méchants. Bonnes fêtes de fin d’année à tous !
Vous ne semblez pas porter les réveillons dans votre cœur, serait-ce les séquelles d’un traumatisme personnel lié à cet événement ?
Nous, on a bien mangé, et on a joué plusieurs parties du jeu du loup-garou (allez savoir pourquoi, je crevais systématiquement au premier tour…). Peut-être suffit-il de ne pas discuter de ces sujets-là?