Science : la question des origines (Etienne Klein) – TenL#62
Invité : Etienne KLEIN
Enregistré mercredi 9 mai 2018. Salle Raugraff, Nancy
Editorial
Nous, impénitents curieux qui voudrions tout savoir, dans notre élan archi obstiné à tout comprendre, mesurons l’immensité de notre ignorance aux idées que nous avons sans pouvoir les sourcer, mais aussi à la fragilité des sources, à leur turbidité, aux incertitudes de leurs contours. Car de source, il est toujours question dans le périlleux exercice de la compréhension du monde. En latin source se dit« Origo » et d’un seul coup vous comprenez que cet éditorial est bien celui qui était prévu pour cette émission et pas un malencontreux mélange dans mes fiches !
L’origine de nos connaissances est forcément en question lorsqu’on s’aventure à enquêter sur l’origine des choses. L’ironie ne peut vous échapper, j’en suis sûr, que nous soyons tous ici de ces choses qui peuplent l’univers et s’avisent du mystère fort épais, au moins pour les plus béotiens d’entre nous, que représentent nos origines communes et particulières.
« Qui suis-je ? Où vais-je ? Dans état j’ère ? LOL, MDR » : le scientifique c’est l’univers qui s’observe lui-même et se questionne avec plus ou moins de succès.
Nous baignons aujourd’hui dans des explications, des récits des origines, des cosmogonies, une culture scientifique, et dans ce Zeitgeist, nous partageons des évidences comme celle de s’interroger sur l’histoire de la Terre, sur l’âge du Soleil, sur le moment où l’humain s’est détaché du reste des animaux, et sur ce truc appelé Big Bang qui semble être le top départ de l’expansion de l’univers. Il nous faut un début puisqu’on ne saurait supporter l’étreinte de l’éternité.
En cela nous sommes les fruits de notre époque, perpétuellement au contact de concepts qui n’ont pas toujours existé, et qui, eux-mêmes, ont une ou des origines. Il ne va peut-être pas de soi de s’interroger sur le commencement du monde. Ou peut-être que si, mais pas forcément avec nos modalités actuelles.
Nous apprenons sans cesse des détails, parfois renversants, sur l’origine des atomes qui nous composent, ou des forces physiques qui nous gardent en forme tout en autorisant les réactions chimiques sans lesquelles ma jolie prose ne cajolerait pas vos doux tympans. Et parce que nous désirons persévérer dans ces recherches, enjôlés par le chant solaire béni de la connaissance, nous devons admettre que le passé à de l’avenir. Demain, nous saurons sur hier des choses que nous ignorons en ce jour. On aura d’ailleurs du mal à se représenter ce que cela peut bien faire d’être aussi ignorant que nous le sommes maintenant. D’un autre côté, les découvertes de demain prennent peut-être leur origine en ce moment même…
Vous aurez compris qu’on ne peut pas ne pas mêler la philosophie à de tels questionnements sur le sens même que l’on peut donner à notre soif de connaissance sur l’origine de ce que l’on découvre. Par un heureux hasard nous avons avec nous un homme qui n’est pas le plus banal des théoriciens puisqu’il mêle les compétences de physicien et de philosophe, mais aussi d’amoureux des belles lettres dans l’ordre ou dans le désordre, lui qui sait nous dire à propos de l’origine de l’univers, qu’au cœur de la question, je cite : «un vide noir grésille »— ceci n’est la seule anagramme de cet éditorial de qualité supérieure.
Nous sommes heureux de vous accueillir pour un Tronche en Live dédié à la question des origines et à la manière dont les sciences s’en emparent avec Monsieur Etienne Klein.
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