De l’existence (notamment) du Père Noël (Tronche en Live 36)

Enregistré le 21 décembre 2016

 

Editorial

À vous aussi, on a sûrement raconté l’histoire de cet homme opulent, à la barbe fleurie et au rire débonnaire, cet homme du pôle Nord altruiste comme nul autre, qui passe toute l’année à confectionner les jouets qu’il distribue lui-même à tous les enfants sages du monde. Avec une célérité inexplicable, sur un traineau volant tiré par des rennes, ce personnage visite les maisons, se glisse dans les cheminées et dépose les cadeaux à la faveur de la nuit.

Veuillez, s’il vous plait, éloigner les enfants de votre poste. Il ne nous appartient pas de briser le charme innocent des fausses croyances que vous leur avez inculquées afin d’éprouver égoïstement la nostalgie d’une illusion perdue sur la magie de ce monde. Nous ne jugerons pas la facilité avec laquelle vous leur mentez – pour leur bien dirons-nous – et les habituez à croire des histoires farfelues. Vous êtes par ailleurs fortement encouragés à prendre ces déclarations au second degré.

Mesdames et messieurs, beaucoup ont cru à cette histoire de Père Noël. Les membres de notre équipe ont cru à cette histoire !

Mais désormais, et bien malgré eux, ils n’y croient plus. Ils ont abandonné cette croyance, non pas après avoir reçu une preuve de la non existence des rennes volants ou une image satellite de la Laponie démontrant l’absence de chaumière peuplée d’elfes. On sait aujourd’hui, grâce à des calculs savants, que la distribution des cadeaux par un seul et même personnage au cours d’une seule nuit nécessiterait que le traineau se déplace à une vitesse approchant celle de la lumière avec des frottements contre l’air et des accélérations qui réduiraient en purée d’atomes n’importe quel homme opulent à la barbe fleurie, tout débonnaire fut-il. Aucun d’entre nous n’a obtenu les preuves irréfutables que les cadeaux déposés sous le sapin, étrangement semblables à ceux contemplés dans le catalogue du supermarché trois semaines plus tôt, n’avaient pas pour origine un atelier d’elfes juché au milieu du cercle arctique. Nous avons cessé de croire pour diverses raisons, bien souvent parce que nos parents nous y ont autorisés, en nous révélant la vérité.

Sauf s’ils nous ont menti bien sûr. Et comme on sait que les parents peuvent mentir à leur progéniture, alors on n’est plus sûr de rien. Et nous voilà bien embêtés. Comment savoir ce qu’il est raisonnable d’accepter pour vrai. Doit-on croire seulement ce que nous voyons, tel Saint Thomas ? Est-ce raisonnable d’évoquer Saint Thomas si on ne l’a pas vu ? Les rat-taupe nus existent-ils si je n’en ai jamais croisé en vrai ? Le Moyen-âge a-t-il vraiment eu lieu ? Mystère et boule de gomme. Si ça se trouve on ne saura jamais.

Et de fait, la certitude absolue ne fait pas partie de ce que nous sommes autorisés à attendre raisonnablement. Il nous reste donc à faire de notre mieux avec ce dont nous disposons, à juger prudemment de la véracité des idées qu’on nous propose. Et ce qui est valable pour l’existence du Père Noël l’est également pour un tas d’autres personnages historiques dont on ne nous a jamais dit qu’ils pouvaient ne jamais avoir existé… et dont on a donc toujours cru que l’existence était certaine.

Et pour parler de ces sujets sensibles, je reçois Mendax… parce que personne d’autre n’a eu envie de se mouiller dans cet épisode de Noël.

Regarder l’émission.

Quelques réflexions supplémentaires sur Le Père Noël et la thèse du Jésus mythique dans un article à consulter ici.

1 réponse
  1. Moi
    Moi dit :

    « Et de fait, la certitude absolue ne fait pas partie de ce que nous sommes autorisés à attendre raisonnablement. »

    En voilà une belle, de certitude absolue…

    Répondre

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