Introduction aux biais cognitifs (Conférence Néocast)

Conférence du 16 mai 2015 à la convention Néocast.

Pour notre première conférence en tant que Vled & Mendax de la Tronche en Biais,  nous vous proposons une présentation de la zététique qui ne sera pas sans vous rappeler notre première vidéo.

De la méthode

Pour bien mettre en évidence l’efficacité unique de la méthode hypothético-déductive, nous montrons de quelle manière elle est utilisée par Gandalf en personne pour déterminer si oui ou non l’anneau de Bilbon et l’Unique ne font qu’un. Si même un magicien de ce calibre emploie la méthode scientifique fondée sur la production d’hypothèses réfutables et leur vérification, alors on peut défendre l’idée que c’est une démarche profitable à tout le monde.

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Quelques biais…

Ensuite nous procédons à un tour d’horizon des biais cognitifs, tout ce qui ressemble à des défauts dans notre rationalité, des bugs ou des bizarreries qui rendent nos comportements difficiles à prévoir et impossibles à justifier. Pour illustrer le biais nommé cécité d’inattention, nous utilisons la vidéo créée par les psychologues Simon et Chabris (pour les références, voir leur site). Désormais célèbre, cette vidéo demande au spectateur de compter le nombre de fois que le ballon passe de main en main entre les joueurs de l’équipe blanche…

C’est l’occasion pour le public de faire l’expérience du point aveugle : cette tendance que nous avons tous à nous penser moins biaisés que les autres.

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Les hémisphères cérébraux

A l’aide des expériences de split brain (cerveau dissocié) de Gazzaniga*, on peut se rendre compte que le cerveau n’a pas un fonctionnement aussi unifié que l’on pourrait le croire. Nous avons tous l’impression que notre personnalité est une entité indivisible qui d’un côté ressent son environnement de manière continue, et de l’autre produit des réactions qui mettent en jeu l’entièreté de qui nous sommes. La vérité est sensiblement différente. Les multiples parties du cerveau assurent différentes fonctions, et on sait notamment que les hémisphères traitent différemment les informations. Notre hémisphère gauche gère le langage et il est donc capable de verbaliser les objets qu’il reconnait. L’hémisphère droit n’a pas cette capacité et il doit passer par des moyens détournés pour exprimer ce dont il a conscience. La conférence présente les expériences passionnantes qui le démontrent et qui mettent en évidence des cas particulièrement frappant de rationalisation.

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Paréidolies.

La faculté de reconnaissance des formes de notre cerveau, extraordinairement développée, nous rend apte à voir des choses invisibles. J’ai évoqué ces phénomènes  dans un article sur les apophénies publié sur le blog de Xavier Ristat. La conférence est l’occasion de faire en grandeur nature ces expériences de biais de perception et d’horizon d’attente. C’est la mise en pratique, sensorielle, de concepts un peu abstraits concernant la manière dont le cerveau reconstruit le monde qu’il perçoit imparfaitement.

 

Qu’en dit l’évolution ?

On peut se demander si l’existence de toutes ces imperfections cognitives n’est pas contradictoire avec la théorie de l’évolution qui prédit un châtiment sévère pour tous les organismes un tant soi peu inefficaces… Et il s’avère que la question est intéressante car elle montre que nos biais cognitifs sont loin de constituer des désavantages dans un environnement naturel ; ce sont au contraire des caractères activement sélectionnés, et nous verrons pourquoi.

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Le problème qui se pose à nous, c’est que nous avons hérité d’un organe cérébral raffiné par des millions d’années de sélection naturelle, un organe qui a maximisé les chances de survie de nos ancêtres, a boosté notre capacité à produire de la culture et à faire des powerpoint… sauf que ce qui occupe notre crâne aujourd’hui est quasiment identique à ce qui se trouvait dans celui de Cro-Magnon. Nous avons le même cerveau que l’Homme des cavernes, mais plus vraiment les mêmes problèmes à résoudre. Les cerveaux d’aujourd’hui ont donc plutôt intérêt à s’armer de méthode et de rigueur pour faire face aux pièges de la vie contemporaine.

C’est pourquoi nous avons besoin de science !

 

 

Merci aux organisateurs de la Néocast pour leur invitation.

— Pour aller plus loin au sujet des split brain experiments (en anglais) : http://www.nature.com/news/the-split-brain-a-tale-of-two-halves-1.10213

 

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