Université sous emprise : le cas Fabrice Berna

Depuis des années, j’alerte sur la manière dont certains universitaires instrumentalisent leur statut pour imposer des pseudo-médecines au cœur même de l’institution. J’ai montré comment le psychiatre Fabrice Berna, professeur à l’Université de Strasbourg, détourne rhétorique et relativisme pour légitimer des pratiques sans fondement scientifique (premier article, second article).

L’enquête publiée ce dimanche par Oliver Hertel dans Le Point apporte un éclairage décisif. On y découvre que le Pr Berna n’est pas seulement un promoteur académique des médecines dites « complémentaires ». Il est aussi un disciple et un praticien du Samadeva, une organisation ésotérique à coloration sectaire, déjà signalée par la Miviludes. Diplômé en « euphonie énergétique », fondateur d’un institut portant le nom du maître Idris Lahore, copropriétaire d’un bien immobilier lié financièrement au mouvement : tout indique qu’il s’agit d’un acteur central de ce réseau occulte, et non d’un simple observateur académique.

Lire l’enquête d’Olivier Hertel.

Que penser lorsqu’un professeur d’université, psychiatre de surcroît, relaie à ses étudiants et collègues des théories fumeuses comme les constellations familiales, prétendant résoudre la dépression ou même le cancer par un théâtre symbolique transgénérationnel ? Que dire lorsqu’un enseignant hospitalier s’engage dans des montages financiers au service d’un mouvement dénoncé pour ses dérives sectaires ?

Il y a là plus qu’un problème de méthode scientifique : un abus de position académique pour légitimer des croyances dangereuses, susceptibles d’induire les patients en erreur, de tromper des étudiants, et de fragiliser la confiance dans la médecine.

Il est temps que l’Université se protège de telles influences et qu’elle cesse d’offrir son prestige à des entreprises qui nient l’esprit critique et la rigueur scientifique.

Acermendax
2 réponses
  1. OTT
    OTT dit :

    Cela fait quelques années que je m’interroge sur la Libre Université du Samadeva. Il y a plus de dix ans, j’avais contacté la Miviludes, car pour moi, il n’y avait aucun doute : la LUS avait des relents de secte. À l’époque la Miviludes avait quelques doutes, mais m’avait répondu qu’il n’y avait pas assez d’éléments pour pousser les investigations du côté sectaire.
    J’étais tombée sur la LUS en cherchant sur Internet un cours de QI gong dans mon coin. J’ai trouvé un soi-disant cours organisé par la LUS, mais mes antennes se sont mises en mode alarme. J’ai donc procédé à des recherches sur Internet.
    Quand j’ai découvert que Idris Lahoré, fondateur de La LUS se prévalait d’être disciple de Selim Aissel qui n’était autre qu’un alias de lui-même, tout comme Patrick Jean Pétri, j’ai compris qu’il y avait de quoi se poser des questions.
    En visionnant les vidéos de tous ces disciples habillés de blancs au regard éthéré, dansant avec des mouvements affreusement raides et celles des fameuses constellations familiales, mon sang n’a fait qu’un tour. Ça sentait l’emprise à plein nez. Sous couvert de thérapies alternatives qui ne sont qu’un amalgame de ce qui existe depuis longtemps, cette « université » pousse ses tentacules un peu partout dans le monde. Alors oui, il est temps de s’interroger sur ceux qui gravitent autour de la LUS et de l’influence de la LUS elle-même dans tous les milieux, scientifiques, politiques et autres.

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