Les sciences de la Guerre & de la Paix
La Tronche en Live #99
Enregistrée le 14 avril 2021.
Invités : Gabriel GALICE (GIPRI) Quentin CENSIER (chaine Sur le Champ)
Editorial
Un monde où chacun vivrait en paix et en harmonie, voilà ce que les candidates aux concours de beauté désirent, ce qui est finalement assez consensuel. On pourrait même dire que la paix ne fait pas débat. Sauf que rien ne serait plus faux.
Il faudrait commencer par nous mettre d’accord sur ce qu’est la paix. En France, en particulier, malgré la « guerre contre le covid » le pays est en paix, et pourtant il déploie ses armées à travers le monde. La France est constamment en guerre, et les français ne le voient pas. Est-ce curieux, est-ce anormal, est-ce illégal ?
Il faudrait ensuite savoir si la guerre économique est compatible avec la paix, si la diplomatie est toujours pacifique, et je vais évidemment, comme tout le monde, citer Carl von Clausewitz : « La guerre n’est que le prolongement de la politique par d’autres moyens. »
Dès lors, est-ce que la politique c’est la guerre ? Est-ce que tous les coups sont permis ?
Et maintenant je cite Rudyard Kipling « La première victime d’une guerre, c’est toujours la vérité », et cela sera le cœur de notre discussion : comment savoir qu’on sait de quoi l’on parle quand on parle de la guerre ou de la paix ?
Existe-t-il des disciplines scientifiques, des expertises spécialisées dans la description des mécanismes qui conduisent les conflits vers la violence armée, ou au contraire qui peuvent établir les scénarios à suivre pour la désescalade et la coopération ? En d’autres termes y a-t-il un moyen de tester la fiabilité des travaux qui sont produits en polémologie (l’étude de la guetre) et en irénolgie (l’étude de la paix)
Nous n’avons qu’une heure pour tenter d’évacuer un maximum de flou autour de ces questions. Nous allons évidemment échouer à tout expliquer, à tout comprendre, mais j’espère que nous aurons les idées plus claires après avoir entendu sur le sujet
— Quentin Censier, polytechnicien, animateur de la chaîne « Sur la champ » qui s’intéresse à « La tactique et la stratégie militaires ».
— Gabriel Galice, Economiste et politologue, Président du GIPRI (Geneva International Peace Research Institute).
Références bibliographiques de Gabriel Galice
- Baud (Jacques), Gouverner par les Fake-News – Conflits internationaux : 30 ans d’infox utilisées par les pays occidentaux, Max Milo, 2020
La guerre de l’information est au cœur des conflits, amplifiée par les nouvelles technologies de contrôle de l’opinion. Ancien colonel de l’armée suisse affecté au renseignement, Baud, en dépit d’une élucubration autoréférencée de Wikipédia, ne saurait décemment être traité de « complotiste ». Ce professionnel aguerri cite ses sources et se montre catésien au possible, quitte à déplaire. - Benasayag (Miguel) et del Rey (Angélique), Eloge du Conflit, La Découverte, 2007.
Une phrase explique qu’un institut de recherches pour la paix comme le GIPRI s’intéresse à ce travail : « Critiquer la guerre à partir de positions objectives et non idéalistes. Voilà ce que nous devons tenter si nous voulons l’appréhender comme l’une des formes multiples et contradictoires du conflit, plutôt que comme pur affrontement. » (p.56) - Brauman (Rony), Guerres humanitaires ? Mensonges et INTOX, textuel, 2018
L’ancien Président de Médecins Sans Frontières se démarque des « French Doctors » adeptes du prétendu « droit d’ingérence ». Il revient sur les fausses raisons invoquées pour entreprendre des « guerres justes ». « Il n’y a pas de guerre juste, il n’y a que de faux prophètes. » - Galtung (Johan), Peace by Peaceful Means, PRIO – SAGE, 1996
Ancien mathématicien devenu fondateur du PRIO (Oslo) et de l’irénologie européenne, Galtung, citoyen norvégien né en 1930, est le « Clausewitz de la paix ». Ses contributions majeures sont la mise en lumière des violence invisibles (structurelle, culturelle), la distinction entre « paix négative » et « paix positive », une vision d’ensemble (économique, politique, culturelle) des alternatives aux modèles actuels de domination. Right Livelihood (prix Nobel alternatif) en 1987.
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