La Liberté Numérique — Tronche en Live #28 (ft Pouhiou)

Invités : Pouhiou de la chaîne Pouhiou, et membre de Framasoft.

Emission enregistrée le 31 mai 2016.

Editorial

Du bout d’un clic de souris ou d’un effleurement d’écran tactile ; au bureau, à la maison ou dans la rue, vous avez accès à l’Internet. À travers des écrans qui vous suivent partout, vous pouvez consulter quasiment tout ce que l’humanité actuelle sait de son présent, de son passé, de la nature, de l’univers et de la connaissance elle-même. Si nos ancêtres apprenaient que nous utilisons ces formidables moyens de communication pour partager des images de chaton, des chaines de mail ou des photos de nos parties intimes, leur incompréhension serait bien grande et ils auraient quelque motif à regimber devant notre facilité à juger primitives et frustres les générations qui nous on précédés.

Mais qu’il s’agisse de chercher un restaurant, un magasin, un artisan, de régler les démarches administratives, de vous documenter sur l’actualité, sur votre région, de rester en contact avec vos proches, même distants, de vous exprimer sur vos passions, vos créations, vos opinions, d’échanger, de débattre, de préparer un voyage ou d’en partager les photos, désormais tout cela se passe en ligne. Une partie toujours plus importante de notre vie est numérique, elle circule dans le cloud. Et si vous êtes, comme nous, relativement ignorants de la manière dont fonctionnent les logiciels, les sites, les serveurs, vous avez probablement du mal à savoir où ces informations transitent, qui peut y avoir accès, et à quelle fin on pourrait vouloir les archiver gratuitement pour vous.

“Quand c’est gratuit, c’est que c’est toi le produit !” dit-on souvent.

Il y aurait beaucoup à dire sur l’histoire d’Internet, et pourquoi il est devenu le lieu de l’exercice de beaucoup de nos libertés individuelles. Nous nous cantonnerons à la question de la valeur que nous attachons à ces libertés.

Aucun individu n’est le client de Facebook ou de Google. Ils ne vous vendent rien. Le fonctionnement de ces géants du numérique est similaire à celui des chaines de télévision ; vous êtes leur cheptail. Ils vendent à des annonceurs du temps de cerveau disponible. Ils récoltent vos données personnelles afin de faciliter le ciblage des messages publicitaires. Vous devenez plus faciles à manipuler. Les mêmes outils peuvent être utilisées dans le monde politique afin de vous rendre plus sensible à tel ou tel candidat. Doit-on l’accepter ?

Pour le moment les opérateurs ont l’obligation de traiter tous les paquets de données de la même manière, mais certains voudraient d’un Internet à deux vitesses où l’argent déciderait de l’accessibilité des pages. Les riches pourraient refaçonner votre paysage numérique dans un sens qui favorise leur enrichissement. Ce qui les en empêche, c’est le principe de la neutralité du net. Pour combien de temps ?

Pour bien comprendre la fragilité des libertés dont nous jouissons dans le prolongement numérique de nos existences, nous recevons un membre de l’équipe de Framasoft. Avec lui nous allons essayer de comprendre ce qu’est un logiciel libre, ce que le modèle libriste apporte à la fois en termes de liberté et de sécurité (si souvent antinomiques) et quels sont les choix que chacun d’entre nous peut faire pour aller dans le bon sens.

 

1 réponse
  1. Dr. Goulu
    Dr. Goulu dit :

    Quelques remarques sur le passage : « Aucun individu n’est le client de Facebook ou de Google. Ils ne vous vendent rien. Le fonctionnement de ces géants du numérique est similaire à celui des chaines de télévision ; vous êtes leur cheptail. Ils vendent à des annonceurs du temps de cerveau disponible. Ils récoltent vos données personnelles afin de faciliter le ciblage des messages publicitaires. »

    Il y a quelques années j’ai été interviewé chez Google et j’ai appris en une journée des tas de choses à ce propos. D’abord si, il y a des millions d’individus qui sont clients de Google : leur client moyen est « une pizzeria qui paie $100 par mois en AdWords ». Googlez « avocat Nomdevotreville » et vous verrez une liste d’individus clients de Google apparaître en premier. J’ai moi-même été client de Google pendant les années où j’étais consultant indépendant.

    Google fait effectivement une distinction nette entre « customers » et « users ». Leur travail est effectivement d’amener les « users » de leurs nombreux services à cliquer sur les annonces de leurs « customers ». Mais contrairement à une chaîne de télé qui vous arrose ~20% de votre temps de pubs dont vous n’avez rien à battre et dont le coût astronomique ne peut être payé que par de grands groupes, Google ne vous met que quelques pubs discrètes, très abordables pour l’annonceur, et surtout si bien ciblées que vous ne réalisez même pas que c’est des pubs puisqu’elles correspondent effectivement à ce que vous cherchez (pizzeria, avocat…). Dans mon cas j’utilise Google professionnellement et il m’a permis de trouver de petits fournisseurs de produits et services beaucoup plus efficaces que les géants que j’aurais contacté un peu à l’aveugle en ne sachant pas où chercher.

    Google ne s’intéresse pas à vos données personnelles. En fait elles les embêtent plutôt, car elles les exposent à toutes la panoplie de lois de chaque pays, plus à des requêtes voire des contraintes de gouvernements pour pourchasser leurs opposants (un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout) terroristes. Le prochain géant d’internet sera celui qui arrivera à faire de la pub ciblée SANS données personnelles (= totalement anonymisées ou encryptées), et Google est terrifié à l’idée que ça puisse être quelqu’un d’autre qu’eux. Ils travaillent (travaillaient en 2008) au https://fr.wikipedia.org/wiki/Chiffrement_homomorphe qui permet potentiellement de faire ça.

    Personnellement je suis convaincu que, malgré des erreurs, Google suit son adage « don’t be evil ». Et j’utilise plein de logiciels libres, mais qui n’ont hélas pas permis de réaliser un moteur de recherche aussi riche et performant que Google jusqu’ici.

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