L’erreur (La minute sapiens #2)

Mince ! Je me suis trompé. C’est fort déplaisant.

Un instant avant de réaliser mon erreur, je me sentais exactement comme l’on se sent quand on a raison. Or j’avais tort. Il a fallu que je prenne conscience d’avoir tort pour en sentir les effets.

C’est humain.

On est rarement amoureux de nos erreurs ; on les partage moins que nos succès. L’erreur est une marque de faiblesse que l’on préfère cacher. On a honte de nos fautes d’orthographes. On est embarrassés de se faire corriger sur une information incorrecte. Avoir un jugement précipité sur une personne ou un événement, cela vous est sûrement arrivé parce que personne n’est infaillible. Mais si personne n’est infaillible, alors tous les humains commettent des erreurs. C’est curieux d’avoir honte de faire ce que tout le monde fait. Non ?

Avons-nous un jugement erroné sur l’erreur ?

Beaucoup de grands penseurs ont écrit sur l’erreur. Ils se sentaient très concernés. Après tout, Descartes a dit quelques sottises.  Sur l’animal-machine, il s’est planté. Aristote nous a légué des façons de voir la nature qui ont dû attendre un Darwin pour les remettre en cause. Sur la hiérarchie du vivant selon une échelle des êtres, Aristote a fait une jolie boulette. Et pourtant ces hommes étaient redoutablement intelligents.

Plus vous pensez, plus vous écrivez, plus vous travaillez à décrire le monde, plus vous dites d’inepties, parce qu’il n’y a que ceux qui ne font rien pour ne jamais fauter.

Or, justement l’erreur n’est pas la faute

« J’ai commis une erreur » disent souvent ceux qui se sont rendus coupables d’une faute. La faute, c’est dire une parole ou commettre un acte injuste, mauvais, immoral, illégal en connaissance de cause, là où l’erreur est innocente. Si l’on confond la faute et l’erreur, on ne peut plus pardonner l’erreur. Or on ne fait rien de nouveau, rien de très grand dans la vie si l’on n’accepte pas de se tromper souvent et de se corriger toujours.

Pour éviter de se tromper sans le savoir, on a inventé la science. La science consiste moins à avoir raison, qu’à savoir quand on se plante.

« La science consiste à faire des erreurs en public. » Daniel Dennett

On a d’ailleurs, à cet égard, inventé la marge d’erreur qui porte très mal son nom puisqu’en réalité c’est une marge d’incertitude. Quand les calculs sont bons, et donc exempts d’erreurs, alors on sait que le résultat est contenu dans cette marge d’incertitude.

« La quantité d’incertitude qu’un homme est capable de supporter. », pour Kant, c’est la définition de l’intelligence. C’est en tout cas le bon moyen d’apprivoiser l’erreur et de lui reconnaitre le mérite d’ouvrir la porte à des découvertes insoupçonnées.

Trompez-vous braves gens. Trompez-vous ! Il en restera toujours quelque chose.

 


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4 réponses
  1. Smurgl
    Smurgl dit :

    Merci pour cet article 🙂

    Une petite erreur dans le texte : « J’ai commis une erreur » disent souvent [sont] qui se sont rendus coupables d’une faute.

    Répondre
  2. Antonin
    Antonin dit :

    Par rapport à Descartes qui ce serait trompé sur l’animal-machine:
    Je l’ai beaucoup critiqué pour avoir formulé cette hypothèse, en tant que végan anti-spéciste : il a dit que les animaux étaient des machines, mais pas les humains, alors que bien sûr les animaux non-humains ne sont pas des machines !
    Avec un peu de recul, et une vue sur les récentes recherches en neuro-sciences qui indiquent de plus en plus que le libre-arbitre ne serait qu’une illusion, est-ce qu’on ne pourrait pas plutôt dire que son erreur se situait plutôt dans le fait de nier que l’humain est une machine ?
    Cette hypothèse, au final, me semble être prodigieusement en avance sur son temps, et je pense qu’on aurait à y gagner à la considérer comme telle, malgré le fait que ses croyances religieuses l’aient empêché d’aller jusqu’à affirmer que l’humain ne possède pas de libre-arbitre.
    Bien sûr la question n’est pas encore tranchée (même si les analyses philosophiques tendent aussi à nier le libre-arbitre), mais contrairement à avant, j’ai maintenant plus tendance à voir cette hypothèse comme une demi-vérité et un progrès (par rapport à l’hypothèse que ni l’animal ni l’humain ne sont des machines) plutôt que comme une erreur.
    Vidéo sympa à part ça !

    Répondre

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