Le climat change… Et alors ? (TenL#76)

Enregistré le 28 juin 2019 à l’ENS de Lyon.

Invités :

● Samuel Morin, chercheur, directeur du Centre d’Etudes de la Neige.
● Lionel Scotto d’Apollonia, sociologue et épistémologue.
● Marie Dégremont, docteur en science politique, spécialiste des questions de transition énergétique.

Editorial

Nous connaissons le principe de l’effet de serre depuis environ 150 ans. Depuis plus de 60 ans, nous savons que le climat mondial change de manière brutale, et on suspecte que les modifications atmosphériques dues à l’activité humaine y soient liées. Depuis 1995 la chose est prouvée. Cela fait 24 ans que nous voyons sortir, année après années, des études qui confirment les causes anthropiques d’un changement climatique aux conséquences potentiellement dramatiques pour beaucoup de monde.

Quand je dis « nous » je parle des membres de notre espèce dont le métier est de chercher à savoir ce qui se passe avec notre climat, notre atmosphère et tous les systèmes en interaction. Leur métier est de savoir, d’avoir une idée de l’étendue de ce qui n’est pas su, et de transmettre tout ça au public pour que la société puisse faire des choix éclairés.

Mais il y a comme un truc qui cloche, du sable dans les rouages, de la boue dans les yeux, une gonade dans le potage parce qu’on a beau produire de la connaissance, c’est comme si on ne voulait rien savoir.

La climatologie, ça existe, ça produit des modèles, ça fait des prédictions. Et ça tombe juste, puisque les modèles successifs se ressemblent et coïncident avec les données récoltées. Depuis la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, rédigée en 1992, nous avons eu 24 Conférences des Partis (on se souvient de la COP21 de Paris en 2015), le GIEC en sera bientôt à son sixième rapport, on entend parler de bien des tractations pour lutter contre le changement climatique, mais on se demande si du concret existe, quelque part.

En dépit de tous ces travaux, le grand public reste plutôt inculte, le monde journalistique n’est pas toujours plus brillant, et les décisions politiques prises au nom de nous tous pourraient bien n’être que très peu inspirée des conséquences qu’il faudrait pourtant tirer de ces connaissances.

Pour parler de ces questions, il faut commencer par comprendre, au moins dans les grandes lignes, ce que c’est que le climat, et quel est le travail des climatologues. Nous entamerons cela avec Samuel Morin, qui est directeur du Centre d’Etudes de la Neige, et donc climatologue. Il sera l’un des co-auteur du prochain rapport du GIEC, on pourra donc aussi évoquer avec lui comment travaille le Groupe Intergouvernemental d’Etude du Climat.

Quand on donne la parole à un climatologue, on voit surgir des commentaire et des critiques, le plus souvent émanant de personnes ignorantes, mais parfois de personnalités scientifiques qui estiment qu’on a tout faux et qui n’hésitent pas à nier les résultat d’un consensus scientifique sur lequel s’accordent plus de 99% des études (Le chiffre était de 97% il y a quelques temps, mais vous voyez ça avance[1]). Ces gens s‘estiment climato-réalistes, on les appelle improprement climato-sceptiques, peut-on dire que ce sont des climato-négationnistes ? Qui sont-ils et que disent-ils ? Nous en parlerons avec le sociologue et épistémologue Lionel Scotto d’Apollonia qui les connaît bien.

Pour la troisième et dernière partie, nous allons poser ce qui est sans LA question la plus importante, une fois qu’on s’est mis d’accord sur ce que dit la science.

Nous savons que l’activité humaine, depuis deux siècles, modifie l’atmosphère. Les rejets de gaz à effet de serre continuent d’augmenter malgré tout. On se trouve dans une situation où notre voiture se dirige vers un mur ; on me voit approcher, et nous continuons d’appuyer sur l’accélérateur. Pourquoi ? Pourquoi, si ce danger est la plus grande menace au monde, ne voyons-nous pas des décisions urgentes à tous les niveaux de la société ? Pourquoi, finalement, continuons-nous sur notre lancée sans réellement remettre en cause notre fonctionnement collectif ? C’est une question politique, qu’éclairera pour nous Marie Dégremont, docteur en science politique, spécialiste des questions de transition énergétique.

Merci à tous les trois d’avoir accepté notre invitation



[1] Those 3% of scientific papers that deny climate change? A review found them all flawed (2017) — Lien.

4 réponses
  1. andqui
    andqui dit :

    Je suis très étonné du virage à 180° que vous prenez sur ce sujet au regard des excellents papiers que vous produisez d’ordinaire. Où sont les belles valeurs de la démarche scientifique? Où sont les principes de réfutabilité, de parcimonie? Qu’avez-vous fait de votre épistémologie? La zététique s’est envolée ; Popper, au secours !
    Comment peut-on affirmer qu’une théorie scientifique (ici, tout juste une hypothèse tant cette science de la climatologie est jeune et complexe) est établie? Comment peut-on écrire qu’il existe un consensus à 99%, d’où sort ce chiffre? Pourquoi pas 102%, pendant que vous y êtes ? La plupart des études (plus de 90% j’imagine) sur ce thème du climat concernent les conséquences supposées, météo, banquise, glaciers, faune, flore, etc… ; elles posent le prérequis « réchauffement climatique » ; elles sont donc par construction classées comme confirmant le consensus (vous auriez dû le comprendre). Ce recensement n’aurait de valeur que s’il ne concernait que les études relatives aux processus physiques en jeu proprement dit : flux et bilans d’énergie, absorption des infra-rouges par les molécules de CO2, réémission des IR (loi de Stephen-Bolzman), stimulation des molécules d’H2O, circulations atmosphériques (convections, loi de Navier-Stokes), thermodynamique globale du système sol/océan/atmosphère, et j’en passe, de la vraie science en quelque sorte. Mais les chercheurs dans ce domaine sont rares : trop difficile, incompréhensible, faut être compétent : « vous allez tout de même pas nous emm… avec la physique de l’atmosphère ! » Tout le monde se sauve ! Ceux qui savent ou comprennent, en revanche, sont loin d’être d’accord ; alors, exit le consensus et de nombreux scientifiques sont très critiques, et c’est sain : science is not settled ! Une théorie scientifique n’est pas vraie à l’applaudimètre et n’a pas la même valeur qu’une opinion. L’attitude de votre invité climatologue est à cet égard édifiante: « il n’y a plus de doute, tout est clair et définitif et je refuse d’en discuter avec qui que ce soit qui n’est pas climatologue mainstream ».
    En outre, pourquoi porter la contradiction sur ce sujet relève-t-il désormais d’une pathologie ou d’un délit? Pourquoi tout débat est-il interdit? Pourquoi la vérité est-elle décrétée par le monde politico-médiatique (sans oublier les « peoples »), scientifiquement totalement incompétent, et pourquoi exige-t-on de la science de confirmer cette « vérité » politiquement construite? Faire une analyse psycho-pathologique du scepticisme vis à vis de la théorie du RCA est une insulte à l’intelligence; considère-t-on les scientifiques critiques vis à vis du Big Bang, de la mécanique quantique, de l’évolution ou de la tectonique des plaques comme des névrosés? Pourtant ils existent et ils publient. Et même si je considère qu’ils ont tort, je respecte leur point de vue. Il s’en trouvera pour faire évoluer ou transformer les théories existantes. Il m’avait semblé que l’attitude sceptique était l’un de vos fondamentaux. S’agit-il là de cette science citoyenne dont parle l’un de vos intervenants ? Cette notion de science citoyenne aurait dû vous alerter tant il s’agit là de relativisme postmoderniste, que par ailleurs je vous ai entendu pourfendre. A cet égard, que pensez-vous de cette ado suédoise Greta Turnberg ? Comprenez-vous où mène cette hystérie ?
    Je ne peux imaginer que vous fassiez allégeance, pour quelque raison que ce soit, à la doxa climatique, ou que vous soyez, vous aussi, victime de l’air du temps. Ce serait désolant, désespérant.

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  2. andqui
    andqui dit :

    Pour appuyer mon commentaire précédent, je vous joins un lien intéressant; vous noterez que les propos des pétitionnaires sont mesurés.
    https://mythesmanciesetmathematiques.wordpress.com/2019/07/06/petition-en-italie/#more-16984

    Il ne s’agit pas de nier quoi que ce soit, il s’agit de mesurer, à l’aune des outils que vous avez développés sur votre site, la capacité réelle de prédiction de la théorie climatique en cours. Le moins que l’on puisse dire (contrairement à vos propos en introduction) est qu’il y a encore du travail.

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  3. Robert
    Robert dit :

    Andqui,

    Pourquoi n’appliquez vous pas votre scepticisme aux travaux de Gervais et consort alors qu’ils sont bourrés d’erreurs et de tentative de désinformation ? On peut constater qu’à part un déni de principe vous n’avez pas grand-chose en magasin…

    Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’antre du climatonégationnisme, voir le lien ci-dessous on y trouve tout et n’importe quoi enfin surtout du grand n’importe quoi.
    https://www.skyfall.fr/

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    • Thierry de Pablos
      Thierry de Pablos dit :

      Robert,
      climatonégationnisme ? travaux de gervais ? ce sont des qualificatifs bien fallacieux que vous employez pour discréditer les commentaires plutôt pertinents de Andqui, et notamment sur le fait que subitement ce numéro 76 de la tronche en biais s’inscrit en faux avec la méthode scientifique en évitant le débat contradictoire et l’expression du doute. Dans l’excellent épisode 68 sur les secrets de l’anthroposophie, il vous aura manqué du temps pour faire le lien entre le prosélyte anthroposophe Cyril Dion et son auto-proclamation de garant moral de la convention citoyenne sur le climat dont le principal méfait consistera à graver la lutte pour le climat dans le marbre de la constitution française, ouvrant par conséquent la pénalisation des climato-sceptiques. A quoi ces vidéos zététiques vous servent-elles si vous n’en tirez aucune leçon pour stopper l’infiltration et la pénétration d’une secte et de groupuscules écofascistes au sein des plus hautes sphères de l’Etat ?
      Vous mentionnez fallacieusement le site de skyfall qui n’est pas forcément représentatif des centaines d’articles scientifiques publiés annuellement dans des revues à comité de lecture et dont certains ont abouti à la rétraction de travaux majeurs soutenant la théorie officielle du GIEC, sans même mentionner la fraude statistique majeure de Mann – la courbe en crosse de hockey – que votre invité Lionel Scotto d’Apollonia aborde dans sa thèse de doctorat de manière proprement partisane et médiocre. Parmi les dizaines de milliers de sites et de blogs, je vous propose un retour sur la ligne de départ avec un article de 1955 par Giles Slocum questionnant la fraude statistique de Callendar qui élimine les valeurs de CO2 ne correspondant pas à la thèse qu’il veut forger frauduleusement sur la supposée augmentation dans l’atmosphère du CO2 dûs aux rejets fossiles humains http://www.pensee-unique.fr/001_mwr-083-10-0225.pdf
      Toute la fraude scientifique majeure perpétrée ultérieurement par d’autres auteurs précédant la création du GIEC et par le GIEC est résumé déjà dans cet article: le GIEC est une organisation scientiste -une alliance perverse du politique et du scientifique- qui génére de la pseudo science pour légitiimer a posteriori une théorie fausse qui désormais va nous coûter des trillions d’euros en politique de décarbonation absurde (lisez Björn Lomborg) et qui aura permis à la secte anthroposophique et à des partis écologiques radicaux et autres groupuscules écofascistes d’accéder aux plus hautes sphères des Etats européeens afin d’y exécuter un agenda politique que grégoire Guerra a bien décrit comme étant insupportable.

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