Le canular du méchant pénis 

Le canular du méchant pénis : la science engluée d’idéologie ?

« L’évidence androcentrique et méta-scientifique selon laquelle le pénis est l’organe reproducteur mâle est écrasante et largement établie. »[1]

Telle est la première phrase d’un article intitulé « Le pénis conceptuel en tant que construction sociale » et rédigé de sorte à n’avoir strictement aucun sens, à la manière du célèbre canular de Sokal et Bricmont en 1996, ou de la démonstration par les philosophes Philippe Huneman et Anouk Barberousse de l’absence de rigueur des Badiou’s Studies avec le vrai faux article « « Ontology, Neutrality and the Strive for (non) Being-Queer » (« Ontologie, neutralité et le désir de (ne pas) être-queer ») l’an dernier. Ou encore l’exercice similaire réalisé par Marteen Boudry quand il a envoyé en 2011 une proposition de présentation à deux conférences de philosophes chrétiens (en théologie et en philosophie de la religion), lesquelles ont toutes deux accepté qu’il vienne présenter : « Les paradoxes du désordre darwinien. Vers une réaffirmation ontologique de l’ordre et de la transcendance » (!).

Il est consternant de constater que ces canulars continuent de fonctionner alors que leur succès devrait aboutir à des changements de pratique ne permettant plus le succès des canulars suivants. Il y a un profond problème de méthode dans certaines sciences sociales. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas ailleurs, mais force est de constater que l’on n’observe pas la publication de telles sornettes dans les autres disciplines. Ce problème a été souligné par Pennycook en 2015 « On the reception and detection of pseudo-profound bullshit ».

Vous pouvez lire l’explication par Peter Boghossian, co-auteur du canular ici (english). P. Boghossian est professeur de philosophie à l’université de Portland et il est connu pour son combat de fond contre le dogmatisme, et en particulier contre les religions.

Le pénis conceptuel.

Rédigé dans le style post-structuraliste très commun dans les études de genre selon les auteurs, la thèse de l’article est que « du point de vue de la virilité, le pénis est une construction incohérente. Il est plus compréhensible non en tant qu’organe anatomique mais en tant que construction sociale hautement fluide performative du genre. » Ainsi le pénis n’est pas un organe, mais un objet social dangereux, traité de manière très négative tout au long du texte.

Le papier a d’abord été refusé par le journal NORMA: International Journal for Masculinity Studies. Mais les relecteurs du journal lui ont trouvé de grandes qualités et ont recommandé aux auteurs de le soumettre à Cogent Social Sciences où il a finalement été accepté. Deux équipes éditoriales ont donc jugé que l’article relevait d’un travail scientifique valide. Les deux relecteurs de Cogent Social Sciences ont été très élogieux dans leurs commentaires, l’un d’eux notant « It capturs [sic] the issue of hypermasculinity through a multi-dimensional and nonlinear process ». « Il capture le problème de l’hypermasculinité à travers un processus multidimensionnel et non-linéaire. » (ce qui ne semble pas plus sensé que l’article lui-même.)

Vous pouvez lire le pdf de l’article en question.

 

Comme le soulignent les auteurs, cet article n’aurait jamais dû être accepté ! Le papier ne cherche jamais à être cohérent. Il utilise un jargon jamais explicité. Il cite des travaux qui n’ont aucun lien dans le contexte. Aucune des références n’a été lue par les auteurs ; la plupart ont été trouvées à l’aide de mot clef et sur la base d’un titre qui semblait avoir un quelconque rapport. Cinq des références (sur seulement 16 ! un vrai article en contenant souvent de 40 à 80) sont purement fictives, créées à l’aide d’un outil, le Postmodern Generator, qui génère des faux articles dans le style post-moderne. L’article est jalonné de phrases incompréhensibles par les auteurs-mêmes. Il est chargé idéologiquement et multiplie les formulations misandres.

« « manspreading,” a complaint levied against men for sitting with their legs spread wide, is “akin to raping the empty space around him. » ( Le « manspreading » consiste pour l’homme à s’asseoir en écartant largement les jambes de manière à violer l’espace vide autour de lui.)

Dans la conclusion l’article va jusqu’à estimer que ce pénis conceptuel est responsable du changement climatique.

« Après avoir terminé le papier, nous l’avons lu attentivement pour nous assurer qu’il n’avait aucun sens. Comme aucun de nous n’était en mesure de déterminer de quoi il pouvait bien parler, nous avons estimé être parvenus à nos fins. »[2]

Visiblement certains lecteurs veulent trouver du sens dans ce texte, cela rappelle l’effet barnum, ou encore ce qu’on nomme effet puits en zététique : ça parait d’autant plus profond que c’est creux.

La faillite de la publication scientifique ?

L’idéologie n’est pas la seule fautive dans cette histoire. Le principe même du pay-to-publish fait planer des soupçons d’intéressement sur les éditeurs qui peuvent être tentés accepter des articles nullissimes dans le seul but de gagner de l’argent. Ici, Cogent Social Sciences était prêt à publier ce hoax contre 625$. Mais même si ce journal était une forme de prédateur pour auteurs naïfs, il demeure qu’il appartient au groupe Taylor & Francis et qu’un journal plus conventionnel (NOMA) a activement dirigé les auteurs du hoax vers ce journal. Il demeure aussi que la thématique elle-même semble prône à valider tous les discours qui veulent la confirmer.

« As we see it, gender studies in its current form needs to do some serious housecleaning. » (Telles que nous voyons les choses, les études de genre dans leur forme actuelle ont besoin d’un sérieux coup de balai.)

 

Boghossian se réfère à Sokal et Bricmont. Dans « Impostures intellectuelles » en 1997, ils écrivent sur certaines idées devenues tellement à la mode que les facultés critiques nécessaires à leur juste remise en question par le processus de revue par les pairs sont compromises, ce qui permet la publication d’absurdités pourvu qu’elles adoptent l’allure adéquate qui flatte les attentes d’une équipe éditoriale.

Les auteurs avaient pour but de vérifier si la publication d’absurdités était permise dès lors que l’on affichait une importante charge morale, ici le désir de dénoncer « la masculinité à la source de tous les maux » ; ils considèrent avoir confirmé cette thèse. Fait amusant : l’idée leur est venue en observant certains comportements sur twitter.

 

 

NB : Dénoncer le manque de rigueur dans la manière dont sont publiées certaines études liées au genre ne signifie pas qu’il n’y a pas en effet une forme de phallocratie stupide et persistance. Évitons de sur-simplifier. Merci.

 

 

***

Sur le même sujet

http://www.scilogs.fr/raisonetpsychologie/la-foutaise-un-sujet-de-recherche-prometteur/

 

[1] The androcentric scientific and meta-scientific evidence that the penis is the male reproductive organ is considered overwhelming and largely uncontroversial.

[2] « After completing the paper, we read it carefully to ensure it didn’t say anything meaningful, and as neither one of us could determine what it is actually about, we deemed it a success. »

33 réponses
  1. Akkes
    Akkes dit :

    Je résume pour que l’on puisse vérifier que je ne déforme pas vos propos:
    – Un canular est écrit
    – Il est refusé par le comité de lecture d’un journal sérieux
    – L’éditeur redirige l’auteur du canular vers l’un de ses journaux pay2publish
    – l’auteur paye pour être publié

    Si j’ai biens compris, alors il me semble que les conclusions à en tirer sont plutôt différentes:
    – Il semblerait que ce journal de sciences-sociale n’a pas de biais idéologique
    – Les éditeurs de revues scientifiques sont plus intéressées par l’argent que par la recherche

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      • Akkes
        Akkes dit :

        Merci de la correction. C’est pourtant ce que j’avais cru comprendre de l’article sur cette page. L’article sur skeptic affirme lui que « [the article was externally funded by an independent party](http://www.skeptic.com/reading_room/conceptual-penis-social-contruct-sokal-style-hoax-on-gender-studies/#note02) ». Quelqu’un a donc bien payé pour la publication. Il faut donc changer « l’auteur paye pour être publié » en « quelqu’un d’extérieur paye pour permettre la publication ».

        Il ne me semble pas que cela change les conclusions.

        Par contre l’article de Skeptic contient deux paragraphes qui me posent beaucoup plus de questions:

        > In sum, it’s difficult to place Cogent Social Sciences on a spectrum ranging from a rigorous academic journal in gender studies to predatory pay-to-publish money mill. First, Cogent Social Sciences operates with the legitimizing imprimatur of Taylor and Francis, with which it is clearly closely partnered. Second, it’s held out as a high-quality open-access journal by the Directory of Open Access Journals (DOAJ), which is intended to be a reliable list of such journals. In fact, it carries several more affiliations with similar credentialing organizations.
        >
        > These facts cast considerable doubt on the facile defense that Cogent Social Sciences is a sham journal that accepted “The Conceptual Penis as a Social Construct” simply to make money. As a result, wherever Cogent Social Sciences belongs on the spectrum just noted, there are significant reasons to believe that much of the problem lies within the very concept of any journal being a “rigorous academic journal in gender studies.”

        Donc Cogent Series est possiblement considéré comme sérieux par ses pairs (désolé je sais pas trop comment formuler ça). Sauf qu’apparemment il n’est [pas connu de ses pairs](https://orgtheory.wordpress.com/2017/05/20/that-gender-studies-hoax-is-dumb-but-look-at-this-business-model/). En l’état je ne vois pas comment les départager en un temps raisonnable. Mais si Cogent Series est bien considéré comme sérieux, alors oui il y a de grandes chances qu’un biais idéologique soit présent.

        PS: quand je dis « ce journal » dans le premier commentaire je parle NORMA pas de Cogent Series.

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      • verificateurdesource
        verificateurdesource dit :

        « Portland State University has a fund dedicated to paying fees for open access journals, and this particular journal qualified for disbursement. For ethical reasons, however, we did not apply for funding, which in this case was virtually guaranteed. Instead, the article was externally funded by an independent party. »

         » Instead, the article was externally funded by an independent party. »

        source : http://www.skeptic.com/reading_room/conceptual-penis-social-contruct-sokal-style-hoax-on-gender-studies/

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      • Rhyvia
        Rhyvia dit :

        « Instead, the article was externally funded by an independent party. »

        Bien sûr, pas plus d’une demi-ligne pour éclaircir ce point particulier, on se demande pourquoi.
        Pas que ce soit le seul problème de la démarche, qui ne peut pas justifier que la même chose ce serait produit avec un article sur « Cette formule mathématique prouve que tous les SJW ont un QI moins élevé que la moyenne ».

        Le problème est posé dans une direction évidente. Sujet qui semble soudainement populaire ici, alors que l’auteur même de ce blog avouait ne pas vouloir prendre position sur la question mais publie quand même un troisième article sur le sujet. Mais bien sûr, pas d’amalgame dans cette (troisième) occurrence fortuite, mon sieur Mendax fournit l’essence de la machine du mépris mais n’opère pas le système : monsieur est un humaniste.

        Elle est là, monsieur Mendax, la raison pour laquelle vous n’êtes pas le bienvenue chez ceux qui essaient de défendre leur droits. Parce que plutôt que de souligner le biais de confirmation évident dans la démarche même d’utiliser un système que l’on sait vicié pour obtenir le résultat que l’on souhaite, vous entretenez le mythe et lui donnez plus de visibilité qu’il a déjà. Mais j’entends déjà, ou plutôt j’ai déjà tellement entendu, que vous avez une cause. Il faut dénoncer ces fraudeur et ces charlatans, et si vous ne le faites pas qui le fera ? Ceux qui s’y oppose ne peut le faire que par haine irrationnel de votre pénis, sans doute possible.

        J’imagine comme ça doit être désagréable d’avoir à justifier sans cesse son appartenance pour être nié encore et encore. Pauvre monsieur Mendax. Heureusement, lui, il a sa zététique et ses vidéos You Tube, c’est une autorité sur le grand internet. Dommage que ce ne soit pas le cas de ces personne qui doivent justifier de leur existence même à des inconnu, jusqu’à finir par préférer se définir par leur idiolecte pour répondre aux monstruosités sophistiques auxquelles elles sont confrontées. J’aimerai savoir, à cette population qui déjà du mal à vivre et qui devra maintenant justifier une fois de plus son existence par rapport à cet article d’une starlette du net, est-ce que vous pourriez allez leur dire « ce n’est pas moi qui vous réduit au silence, parce que je suis un humaniste ».

        Parce que qu’entre nous, jamais le tas de paraphrase que vous avez produit ne va atteindre qui que ce soit de conséquent mais sera garantit d’être une nuisance sans limite pour ceux qui peinent déjà à prendre la parole, et encore plus à se faire entendre. C’est ça les humaniste et autres grande causes, ils finissent toujours à être un poids pour ceux qui doivent se défendre eux-même ou subir en silence.
        Désolé de vous l’annoncer, monsieur Mendax, mais vous n’êtes une menace pour personne.

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        • gepp
          gepp dit :

          Wow that escalated quickly

          C’est quoi le/les biais de l’article exactement ? a part l’histoire du financement qui n’est pas très clair.

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        • BSanchez
          BSanchez dit :

          Avez-vous bien compris que le sujet de l’article n’est absolument pas l’identité sexuelle, mais le manque de rigueur des comités de relectures des journaux de sciences sociales ? Je ne sais pas si c’est le fait que vous penchiez en faveur de l’article en lui-même qui vos mets dans ces états, ou le simple fait que Mendax s’approche de près ou de loin du sujet.

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  2. Cyndia
    Cyndia dit :

    Dans le premier paragraphe, il y a une faute « Ou encore l’exercice similaire réalisé par Marteen Boudry quand il a envoyé en 2011 une proposition de présentation à deux conférence* de philosophes chrétiens (…) ». Il manque un « s » à « conférence ».

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  3. Cyndia
    Cyndia dit :

    Il y a aussi une faute dans le paragraphe suivant « Il y a un profond problème de méthode dans certaines sciences sociales. Cela ne veut pas dire qu’il n’en* a pas ailleurs (…) ». Vous avez oublié un « y ».

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  4. Cyndia
    Cyndia dit :

    Il y a aussi une faute dans le nota bene « une forme de phallocratie stupide et persistance* ». Je pense que vous vouliez dire « persistante ».

    Je tiens à préciser que j’ai aimé l’article et que je ne relève pas vos fautes dans le but de vous embêter, de vous rabaisser, ou de troller.

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  5. Cyanure
    Cyanure dit :

    Si ce n’étaient que les études de genre, ce serait bien. Ce serait tout le fonctionnement de la publication scientifique qu’il serait bon de revoir.
    Je connais plus particulièrement celles qui concernent les sciences de l’éducation et la biologie, mais le constat est le même : ça fait un bon moment que la correction à l’aveugle s’est barrée bien loin en vacances… Le nom d’un auteur connu ou venant d’une fac assez prestigieuse est largement suffisant pour s’assurer une publication, même banale ou de piètre qualité. Pour les autres, si le résultat n’est pas spectaculaire ou révolutionnaire, c’est tant pis.

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  6. Down
    Down dit :

    Le CQFD me paraît un peu rapide pour pas mal de raisons.

    *Déjà pour prétendre disqualifier un champ entier comme les gender studies il aurait fallu se demander comment s’en donner les moyens, donc trouver ce que les gens qui publient dans ce champ ont en commun. Or, à part quelque chose comme « ce qui relève du genre est socialement construit », chose qu’il va falloir se lever de bonne heure pour disqualifier, il n’y a pas beaucoup de points communs idéologiques dans un champ aussi vaste.
    Il aurait fallu être bien plus spécifique, comme le hoax de Arnaud St-Martin visant la « sociologie » maffesolienne, ou pour reprendre Sokal et Bricmont l’utilisation abusive de métaphores scientifiques par certains auteurs.

    *Ensuite pour prouver quelque chose sur les gender studies il aurait déjà fallu être publié dans une revue consacré aux gender studies, au minimum, *ce qui n’est même pas le cas de la revue en question*, outre le fait qu’il s’agisse d’une revue prédatrice à la con…

    *Enfin il aurait été de bon ton de montrer qu’il s’agit de quelque chose de spécifique aux gender studies, et pas, au hasard, à la publication scientifique en général… Si j’ai envie de publier ma théorie révolutionnaire sur les poils de chat comme moteur de l’expansion de l’univers, je pense que je n’aurais pas beaucoup de mal à trouver une revue de physique obscure et prédatrice qui publiera mes conneries contre argent sonnant et trébuchant.

    Bref, le biais idéologique me semble bien plutôt être du coté des auteurs de l’article ici… Avant de relayer des gens aux idées réactionnaires un peu puantes il serait peut-être bien de faire preuve d’un peu d’esprit critique, non?

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    • Acermendax
      Acermendax dit :

      « pour prétendre disqualifier un champ entier comme les gender studies »
      Je doute que ce soit le but de l’exercice. Ce n’est en tout cas jamais dit explicitement à ma connaissance. Ce n’est pas non plus le but de mon propre article. Pouvez-vous étayer cette affirmation ou la corriger ? Merci.

      L’idéologie « puante » et « réactionnaire » que vous prêtez à P Boghossian mériterait également d’être étayé. L’ad personam ne fait pas un bon argument par ici.

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      • Down
        Down dit :

        Il me semble que Boghossian est assez clair dans ses intentions. « Particularly, we suspected that gender studies is crippled academically by an overriding almost-religious belief that maleness is the root of all evil » etc je vais pas vous citer tous les passages du genre, vous en avez cité un vous-même. Pour lui il y a clairement un problème avec le champ des gender studies en particulier (par rapport aux autres champs) et c’est bien tout le champ qui est incriminé, puisqu’il ne vise pas d’auteur ou de théorie spécifique.

        Quand à son idéologie, je pense que lorsque l’on s’attelle, à nouveau explicitement, à singer la « morale gauchiste » des gender studies et à prêter des thèses un peu absurdes (« maleness is at the root of all evil » etc) à ses académiques je pense qu’il n’est pas très difficile de deviner où l’on se situe politiquement sur ces sujets. Mais si vous préférez lui laisser le bénéfice du doute, pourquoi pas. Vous remarquerez que je n’essayais pas de disqualifier ses arguments à lui en invoquant son idéologie (pas de ad personam ici), mais que je questionnais simplement la pertinence de les relayer sans se poser quelques questions sur ce qui est vraiment démontré ici.

        Répondre
        • gepp
          gepp dit :

          De ce que je connais de Boghossian je pense qu’il est très loin de ce que vous vous imaginez sur ça position politique (a droite ? extrême droite ?). Il estime que les gender studies sont actuellement très biaisées par certaines idéologies, en aucun cas que les gender studies doivent être stoppées. c’est la position assez classique des « sceptiques ».

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    • gepp
      gepp dit :

      Je me permet de douter qu’une revue de physique (avec peer review), même en pay2publish et même avec un faible facteur d’impact, puisse laisser passer des théories à ce point bizarre. En tout cas il faudrait tester.

      Répondre
  7. Astyan
    Astyan dit :

    Oui mais non,

    Encore une fois un article naïf sur ce sujet. Il y a pleins de problèmes dans les genders studies mais ce canular n’en démontre aucun. Car, comme vous l’avez dit vous même, il s’agit d’un journal qui semble être pay-to-publish.

    Les choses à explorer si vous voulez faire des critiques intéressantes sur ce sujet :
    – les non-consensus, les débats, voir les conflits violent, dans ce domaine sur différents aspects (http://www.youtube.com/watch?v=nQ1ga8yuM50&t=7m38s)
    – le discourt masculiniste dont la critique par les féministes est extrêmement marrante vue que les masculinistes utilisent aussi la « patriarchie » sans la nommé. Si le masculinisme est faux alors la patriarchie n’existe pas, ou alors, il faut que les féministes prouvent que tout les phénomènes pointés par les masculinistes n’existent pas ou ne sont pas du à la patriarchie.
    – la distorsion et l’utilisation de concepts pas encore « sure » pour les spécialistes du domaine par les militants dans un but politique.
    – les conséquences sociales que produisent les « safe space » (je vais bientôt publier un article qui se concentre sur la censure privée sur le web et ce problème est abordé dans une partie), ou la discrimination positive ( https://www.samharris.org/podcast/item/forbidden-knowledge)

    Ce n’est pas une liste exhaustive et ce n’est pas les sujets qui manquent pour pouvoir faire ça correctement.

    Répondre
  8. Jeremy
    Jeremy dit :

    Bonjour,

    J’aimerais vous poser une question si vous le permettez ;

    Si le problème initial -qu’un tel article finisse par être publie- comporte deux explications possibles, comme le mentionne l’article -Le système de publication et le biais idéologique-, comment peut-on être sur de la contribution respective de ces phénomènes sur le résultat final?

    Après tout, qu’est ce qui nous confirme que « la publication d’absurdités était permise dès lors que l’on affichait une importante charge morale, ici le désir de dénoncer « la masculinité à la source de tous les maux » ; »

    Peut-être que un article inverse -tout aussi abscons, mais qui aurait eu pour titre « la féminité à la source de tous les maux » eut également finit par être publie, pour peu que le système de review des journaux de bas niveau dans ce type de discipline soit assez pauvre pour le permettre… On ne le sait pas, il aurait fallu faire le test en parallèle. Pour la petite anecdote, lorsque j’ai fait état de cet article a un collègue travaillant dans le milieu de la recherche dans l’industrie petroliere, il m’a repondu que n’importe quel article peut finir par être publie dans les revues « poubelles » pour peu que les reviewers ne jettent pas un oeil a l’article, ce qui peut arriver.

    Peut-on raisonnablement conclure a l’existence d’un biais idéologique menaçant sérieusement la crédibilité des gender studies?

    Répondre
    • Acermendax
      Acermendax dit :

      Vous avez raison, je pense, sur l’indécidabilité de la contribution des facteurs qui ont contribué à la publication de cet article. La publication scientifique et la revue par les pairs sont un peu en crise.
      Toutefois il y a un terrain particulièrement propice aux idéologies dans les études de genre (et dans les critiques qu’elles reçoivent) qui ne semble guère assumé d’un côté comme de l’autre. L’indécidabilité des facteurs frappe aussi souvent les phénomènes explorés par ces études sans que cela ne les empêche de conclure sur l’existence de phénomènes à la limite de la réfutabilité (patriarcat ou micro-agressions par exemple). Pourvu que ce hoax soit l’occasion d’une remise en question qui rendra les concepts des gender studies plus solides.

      Répondre
          • Corbin
            Corbin dit :

            OK. Là, il s’agit d’une discussion entre polémique sur un sujet entre deux personnes du domaine, qui discutent d’un sujet technique. Et toi, si j’ai bien copris, tu donnes raison à l’une plutôt qu’à l’autre, et tu dis que cela montre bien qu’il y a un problème dans les gender studies. Bien. Je vais te répondre sur deux points:

            1. Il s’agit d’une discussion d’experts, dont tu ne prends qu’un côté, et dans laquelle tu t’immisce. As-tu vraiment cherché ce qu’étaient les « microagressions » ? Ou t’es-tu limité à ce que disait la vidéo ? Cette dernière dit qu’il n’y a « pas de définition »… dans l’article qu’elle cite, des auteurs en question ! Cela ne signifie pas qu’il n’y en a pas. Cela est typique de ton approche de la zététique. Tu penses que tu peux simplement dire « cet argument est faux » ou « il manque une définition » ou encore simplement citer quelqu’un qui le dit pour critiquer. Tu crois qu’on critique sans avoir de connaissances. Tu risques donc, comme je te le répète sans que tu ne me répondes jamais, des amalgames et des mécompréhensions. Tu es exactement dans ce que critique Christophe Michel dans sa dernière vidéo. Tu veux critiquer les Gender Studies ? Commence par les étudier. Te permettrais-tu de t’attaquer à la physique parce que les experts ne sont pas d’accord sur le Big Bang et qu’un physicien dit que ce que dit l’autre n’est pas scientifique ? Je ne pense pas. Avant de t’attaquer à cela, tu passerais beaucoup de temps à t’informer sur la question.

            Mais là, tu te passes de ces attentions sur la question pour discuter des sciences sociales. Pourquoi ? À mon avis (tiens, moi je le précise, je n’assène pas de vérité), l’objet de la majorité des sciences humaines, ce qu’elles tendent à prouver sont compréhensible pour tout un chacun. C’est aussi ce qui se passe avec la « création du monde ». Tout cela est très visuel, et il est donc facile de créer une théorie à ce propos. Cela expliquerait pourquoi l’économie, SHS plus difficile d’accès que la sociologie, est moins souvent critiquée que ses semblables. Remarque bien que ce n’est qu’une conjecture, et qu’il n’y a là que ma petite pensée, qui ne vaut pas plus que celle de quelqu’un d’autre. Je ne suis pas chercheur en psychologie pour donner des réponses à de telles questions.

  9. Corbin
    Corbin dit :

    Alors, soyons clair. Mendax, dans ton premier paragraphe, tu sélectionnes soigneusement les publications qui vont dans ton sens. Faut-il rappeler le nombre d’erreurs et de hoax qui ont circulé dans les revues scientifiques dans tous les domaines ? En biologie, on peut parler des erreurs (l’article de Seralini sur les OGM en est un exemple), amis aussi de hoax, à large échelle (http://science.sciencemag.org/content/342/6154/60.full). On ne t’a pas entendu t’en plaindre. Et surtout pas dire « Il y a un profond problème de méthode dans la biologie ». Normal, me diras-tu, cela aurait causé pas mal de tort à la science. Ce genre de hoax a aussi touché un domaine dont je suis plus familier, l’informatique: https://www.nature.com/news/2009/090615/full/news.2009.571.html ainsi qu’en maths: http://marginalrevolution.com/marginalrevolution/2012/10/nonsense-paper-accepted-by-mathematics-journal.html.

    Bien. Que doit-on retirer de cette affaire ? Mais c’est très simple, si on cherche à être neutre (mais je suis de moins en moins convaincu de cela en ce qui te concerne), il me semble que la conclusion est évidente. Un article ne constitue pas une preuve inattaquable sur un sujet. Il faut faire attention aux sources. Le consensus scientifique est une preuve supérieure à l’article scientifique, bref, tout ce que la zététique nous a appris depuis longtemps.

    Rien de nouveau sous le soleil alors ? Sûrement pas ! Ce qu’on peut retenir, c’est qu’il y a un problème dans l’édition d’articles scientifiques. Celle-ci a explosé sous l’impulsion du publish or perish, qui consiste à « noter » (pour le dire vite) les labos et les chercheurs sur le nombre de publications qu’ils font. Cela pousse les chercheurs à essayer de publier plus, quitte à baisser la qualité de leur publications, et crée des journaux comme Cogent Social Sciences, où il faut payer pour avoir son article accepté. Au lieu de taper sur une science parce qu’un hoax a été accepté dans une de ses revues, il me semble bien plus sensé de s’attaquer au système qui permet de telles publications, surtout quand (rappelons-le encore une fois) ce genre d’erreurs affecte TOUS les domaines de la science.

    Alors j’imagine que tu ne vas pas répondre, comme tu ne m’as pas répondu sur internet. Que tu ne vas pas corriger ton billet en prenant en compte ces informations, ce qui reviendrait à admettre que tu es un peu vite allé en besogne. C’est dommage Thomas. Vraiment. C’est pourtant la base de la zététique.

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      • Gra
        Gra dit :

        Je ne suis pas d’accord ! Mais je nuance ^^
        En admettant que la plupart des gens sont comme moi (donc parfaits, on s’entend), quand un tel billet, sur un sujet sensible et provoquant les réactions qu’on sait vient à paraître, les gens iront lire les commentaires et suivront l’évolution du traitement du sujet par le média en question.
        Un article est en quelque sorte une photographie de l’avis de l’auteur sur le sujet. Bien sûr ce n’est pas que son avis s’il a fait un travail sérieux dessus, mais il ne peut pas être neutre. Alors pour ma part, je préfère que cet avis reste disponible pour pouvoir le comparer à d’autres, extérieur ou futurs du même auteur.

        Répondre
  10. Nekomata
    Nekomata dit :

    « Cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas ailleurs, mais force est de constater que l’on n’observe pas la publication de telles sornettes dans les autres disciplines. »

    Je porte à votre attention qu’un papier intitulé « Get me off your fucking mailing list » a été accepté dans un journal d’informatique (https://en.wikipedia.org/wiki/International_Journal_of_Advanced_Computer_Technology). Des faux articles à la Sokal ont été acceptés en biologie, y compris dans des journaux appartenant à Elsevier ou publiés par des universités (http://science.sciencemag.org/content/342/6154/60.full), en physique (http://www.bartneck.de/2016/10/20/ios-just-got-a-paper-on-nuclear-physics-accepted-at-a-scientific-conference/comment-page-1/) et en mathématiques (https://www.lrb.co.uk/blog/2012/10/17/paul-taylor/stochastically-orthogonal/). Un deuxième problème, c’est que les bibliométries des deux journaux en question sont minables. Il y a littéralement des centaines d’exemples d’articles intentionnellement foireux acceptés dans les sciences dures par des journaux à meilleure réputation, et personne ne va dire que, par exemple, la physique en général a un problème de rigueur intellectuelle.

    Une expérience un peu meilleure et pas plus coûteuse aurait été d’envoyer trois papiers – celui qu’ils ont fait, un article tout aussi abscons mais n’attaquant pas la masculinité et « Get me off your fucking mailing list ». Si les trois sont acceptés, c’est clairement un problème d’absence totale de peer-review. Si « Get me off your fucking mailing list » est rejeté et les deux autres sont acceptés, il y a probablement un humain qui a posé les yeux sur l’article, mais il ne s’est pas vraiment soucié du contenu. Si les trois sont rejetés, il y a vraiment eu du peer-review. Si seul le pénis conceptuel est accepté, c’est effectivement signe que l’hypothèse que les auteurs du hoaw prétendent prouver soit vraie. Vouloir prouver que « if we were merely clear in our moral implications that maleness is intrinsically bad and that the penis is somehow at the root of it, we could get the paper published in a respectable journal.  » demande autrement plus de travail que ce qui a été fourni.

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  11. Passs
    Passs dit :

    Le sujet a été abordé sur le groupe Zététique sur Facebook, où ce billet de Mendax est critiqué : https://www.facebook.com/groups/zetetique/permalink/10155255753978186/
    A noter cet article, très critique du canular et de la rapidité avec laquelle certains sceptiques (Dawkins, Pinker…) ont félicité la démarche. Pour l’auteur, c’est « un embarrassant moment pour le mouvement sceptique » : https://platofootnote.wordpress.com/2017/05/24/an-embarrassing-moment-for-the-skeptical-movement/
    (Je rajouterais, tout comme ce billet, voire l’ensemble de ceux de Mendax sur le féminisme, malgré sa bonne volonté ou ses prétentions. Mais bon, avis personnel).

    Je note le « Il est chargé idéologiquement et multiplie les formulations misandres. » Avec comme exemple l’utilisation du terme « manspreading ». Super misandre, oui…
    L’actualité a fait des siennes, on parle du manspreading partout depuis une semaine. Je suis sûr que si Mendax ressortait cette petite phrase publiquement, ça donnerait lieu à un mérité enième clash sur Twitter.
    Mendax et le « je n’ai pas de problème avec le féminisme », un pas en avant, deux pas en arrière…

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