FAQ

Vous trouverez ici certaines des questions qui nous ont été posées sur les thèmes abordés sur le site.

Peut-être votre question s’y trouve-t-elle…

Je doute, j’examine, je réfléchis, je cherche, je me trompe, je cherche, je demande, j’imagine, je teste, je compare, je recoupe, je vérifie, je débats, je réfléchis encore… Je trouve, mais je doute…

Et j’ai peut-être amorcé un mouvement perpétuel. mais c’est pas totalement sûr.

‎On entend parfois parler du « gène de Dieu », et en effet certains chercheurs estiment que nous sommes programmés génétiquement pour croire. Il est cependant embêtant de tout réduire au gène, car la croyance est très certainement en bonne partie un produit dérivé de notre fonctionnement mental.

Nous en parlerons plus tard dans l’émission (et dans un livre… ?) nous sommes dotés de ce que nous appelons une « théorie de l’esprit », la capacité de reconnaître chez autrui une personne avec une vie intérieure (des envies, des projets, des émotions). Nous avons donc inscrit en nous une lecture dualiste : il y a l’autre et il y a sa vie intérieure. La personnalité d’autrui est une chose invisible que l’on « voit » malgré tout. Et quand l’autre meurt, eh il demeure malgré tout dans la mémoire, dans les rêves, dans les discussions : quelque chose de lui a survécu. Or, l’idée d’une âme immortelle est à la base de quasiment toutes les religions.

C’est pourquoi il est raisonnable de dire que nous avons une tendance naturelle à la croyance dans le surnaturel. Ce qui est acquis, c’est l’interprétation culturelle : le monothéisme ou l’animisme, les codes de conduite exigés par Dieu, le décorum des rituels, etc.

Donc notre capacité à croire est bien innée.

Commençons par examiner la question.

Elle présuppose une nature humaine qui doit être bonne ou mauvaise ; notons qu’elle décide aussitôt que l’Homme est nécessairement mauvais. La question présuppose que le mal serait une entité ou un attribut externe : le mal existerait en tant que tel.

En fait cette question présuppose une référence morale absolue. Car si l’Homme est mauvais dès la naissance avant d’avoir eu le temps de prendre la moindre décision, il faut bien une référence morale absolue pour le dire, pour le juger.

C’est un présupposé fâcheux, car il est teinté d’une vision anti-scientifique du monde. Il requiert l’existence d’une entité morale quelque part autour de nous, hypothèse que l’on ne peut certes pas réfuter (et pour cause, elle est irréfutable) mais que le Principe de Parcimonie permet d’écarter car elle n’explique rien et substitue au mystère de l’origine du bien et du mal celui de l’origine de cette entité, de cet absolu moral, dont nous savons bien que c’est un autre façon de dire « Dieu », car qu’est-ce que cela pourrait bien vouloir dire d’autre ?

Une fois exposé le cortège de notions qui entoure cette question, il reste intéressant de chercher à y répondre, et ce ne sera pas en terme de philosophie. La question porte sur le mal que l’homme peut faire, donc sur son comportement en société, car c’est la société qui juge, qui sépare le bien du mal. La réponse sera donc d’ordre biologique et anthropologique, et elle consistera à s’interroger sur l’origine de nos jugements moraux.

Notre espèce est extraordinairement sociale, et comme toutes les espèces sociales, notre biologie nous impose de force un certain nombre de codes comportementaux, des instincts, des réflexes, des intuitions. Par exemple, le rire est communicatif, nous sommes experts dans la lecture des intentions d’autrui, etc. Ces codes sont là parce que dans le passé ils ont apporté un avantage aux primates qui les utilisaient : plus de cohésion dans le groupe permettait au groupe de survivre. La sélection naturelle façonne dans tout le règne du vivant des comportements compatibles avec la survie des espèces et elle élimine les autres. C’est pourquoi la moralité n’est pas le propre de l’homme (autre présupposé erroné de la question).
Le premier germe de moralité dans la nature est la symbiose, phénomène ou deux organismes non apparentés travaillent ensemble pour leur bénéfice commun. Les premières symbioses remontent à l’apparition des Eucaryotes il y a mille six cent millions d’années.

On retrouve de la proto-moralité chez tous les animaux dont le comportement favorise la survie de leur espèce, et même chez certaines plantes qui peuvent communiquer en émettant dans l’air des substances qui avertissent leurs congénères quand des herbivores les menacent.
L’empathie est présente dans le règne animal, et elle permet l’altruisme, que ce soit chez des dauphins qui secourent une baleine, ou entre des singes étudiées en laboratoire qui aident leurs congénère dans une situation où ils n’ont rien à gagner sinon à entretenir le code d’entraide qui correspond à leur version du logiciel de moralité.

Bien sûr, c’est une moralité égoïste, et nous avons toutes les raisons de penser que du point de vue des unités évolutives qui ont le plus de sens : le gène et la population, la moralité est avant tout une stratégie darwinienne de survie. Cela n’ôte rien à la beauté des comportements des individus.

La réponse du scientifique à la question du mal est donc celle-ci : notre moralité est une donnée relative, issue de l’histoire de notre lignée et des contraintes auxquelles devaient répondre les sociétés du passé. Cette moralité varie avec les cultures et surtout avec le temps. Les humains naissent avec tout l’équipement cognitif pour s’approprier les codes moraux et y souscrire ou au contraire les violer. Le développement cognitif de l’individu et ses interactions avec son environnement détermineront probablement dans quelle mesure ses actes futurs seront jugés bons ou mauvais par la société, mais la psyché humaine est trop complexe pour la réduire à ce type de déterminisme, et surtout cela est sans rapport avec une « nature humaine » moralement polarisée. Ajoutons que l’Homme n’est pas plus mauvais que n’importe quel autre animal. Eu égard à la quantité des interactions quotidiennes entre êtres humains, et malgré les guerres et les massacres, nous sommes en fait l’une des espèces les moins violentes du monde en nombre relatif d’agression de nos congénères.

Notre sens de la moralité est un attribut codé dans notre biologie, une modalité comportementale qui a été si cruciale pour le succès évolutif de notre lignée (la survie de nos ancêtres) qu’il nous a doté du sentiment que le Bien et le Mal existent réellement, ce qui nous pousse à nous poser le genre de question à laquelle la présente réponse n’est qu’une ébauche d’explication sur tout ce que la science pourrait dire sur le sujet.

C’est une question à laquelle trois sciences finiront par apporter une réponse : l’histoire, la psychologie et la sociologie.

[D’emblée un petit distinguo : « religion » n’est pas égal à « spiritualité » et n’est pas égal non plus à « croyance ». On parle bien des croyances structurées autour d’un dogme qui disent aux individus comment Dieu leur commande de se comporter.]

Les défenseurs de la religion ont cette réponse : ce n’est pas la religion mais « une certaine interprétation » des textes sacrés qui conduit aux crimes et aux guerres religieuses. Leur preuve : de très nombreuses personnes font le bien en s’inspirant d’une autre interprétation des mêmes textes.
On peut estimer que les textes sont coupables d’être à ce point ouverts aux interprétations. Il aurait pu en aller autrement. Les textes auraient pu dénoncer complètement la violence physique comme psychologique. Ils ne le font pas. Notez comme le Petit Prince de Saint-Exupéry, par exemple, n’a jamais été interprété comme un appel au meurtre des moutons, à la guerre contre les renards ou au châtiment corporel sur les roses.

Les textes religieux ont dans leur contenu même tout ce qui permet de justifier les horreurs commises en leur nom. Et puis il y a les passages positifs, ou poétiques, ou mystérieux… et on prétend que ceux-là inspirent les bonnes actions. À tort, très probablement.
On a en effet toutes les raisons de penser que la morale a précédé la religion et non l’inverse. L’altruisme et la coopération sont des principes qu’on retrouve dans la nature, chez les animaux, ce sont des principes darwiniens. La morale des croyants leur vient de l’intérieur, raison pour laquelle les personnes bonnes et altruistes se concentrent sur les passages des écritures en accord avec ces qualités, quand les personnes intolérantes, sectaires et brutales en font tout autant avec des phrases trouvées sur les mêmes pages, et un résultat bien différent.

Cela veut dire que la moralité du texte dépend de la moralité du lecteur, et donc que le texte n’est pas, ne peut pas être, une boussole morale. Les ennuis viennent de ce que certains veulent absolument que tout provienne de ces textes : la science, la morale, l’éthique, les règles de vie, etc. Enfin la prétention inhérente à ces textes d’être l’expression de la parole divine, et donc d’être source de la vérité ultime, indépassable est antinomique avec l’exercice de l’esprit critique qui est notre unique moyen d’évaluer la valeur des idées et des croyances.

Cette incompatibilité avec l’esprit critique ne peut pas être innocente des crimes, des abus, des mutilations, des brutalités commises non seulement au nom de la religion mais bien en application du dogme à la lettre.

Que c’est possible. Qu’il y a évidemment du bon, aussi, dans une tradition millénaire, le contraire serait étonnant.

Mais la « paix intérieure » vient-elle des écritures ? Du texte ? Du dogme ? Ou bien du sentiment d’appartenir à un groupe ? Ou bien encore est-ce lié au sentiment de transcendance qui évacue l’angoisse de la mort ? Ou bien est-ce pour des tas de raisons esthétiques, sociales, affectives, culturelles… ?
Sans doute pour plusieurs de ces raisons et pour quelques autres… Mais pour aucune, je le gage, qui soit spécifique à la religion et qu’on ne puisse donc trouver ailleurs : l’engagement humanitaire, associatif, le dévouement à sa famille, à ses enfants, la création artistique, la découverte, la science, la culture, etc. C’est à dire d’autres activités, d’autres groupe, d’autres valeurs qui ne contiennent pas forcément dans leur substance les appels aux meurtres qu’on rencontre dans les trois monothéismes (et auxquels les croyants ne souscrivent probablement pas, mais qu’ils ont du mal à dénoncer pour de vrai).

On peut attirer l’attention sur la violence et la dangerosité des dogmes sans penser que les croyants sont forcément des handicapés de la raison, en tout cas pas plus que les autres. Nous avons tous nos contradictions, celles de la religion ont l’avantage d’être faciles à voir, alors il n’y a guère d’excuse, je pense, pour ne pas chercher à les corriger.

La question in extenso :

Les connaissances scientifiques actuelles m’ont convaincue très tôt au cours de ma scolarité que nous n’avions pas d’âme. Mais l’existence de l’âme n’est-elle pas une croyance non réfutable ? Comment peut-on « démontrer » à un croyant que l’âme n’est qu’une invention ?

Vous avez bien identifié la croyance en l’âme comme quelque chose d’irréfutable. On ne peut pas prouver l’inexistence de quoi que ce soit, c’est peut-être la chose la plus importante à dire à un croyant qui voudrait débattre : le fardeau de la preuve lui incombe s’il veut montrer que l’âme existe, puisque l’inverse n’est pas possible.

Pour « démontrer » que l’âme est un concept sans lien avec la réalité on peut suggérer plusieurs pistes.

1/ Personne n’en a jamais donné une définition consensuelle. C’est déjà un indice que les clichés à propos de l’âme ne peuvent être le reflet de la réalité.

2/ L’évolution du vivant jusqu’aux organismes les plus complexes, les plus intelligents… tout cela forme un tout, c’est un seul et même arbre généalogique où chaque organisme est relié à tous les autres par des relations de parenté ininterrompues ! Cette continuité totale du monde vivant nous montre une chose simple : la nature ne ménage pas de discontinuité où l’âme pourrait apparaitre. Si l’âme existe chez l’humain, pourquoi pas chez le chou-fleur ? Si l’on veut tout de même qu’existe une âme collée à la matière, elle ne peut pas correspondre à l’émanation anthropomorphique, siège de notre personnalité, que l’on imagine souvent.

3/ Notre vie cognitive, spirituelle, intellectuelle est liée à notre cerveau. L’alcool altère notre tempérament. L’âge altère nos capacités. Si une zone du cerveau est endommagée, les fonctionnalités cérébrales liées sont perturbées, voire disparaissent. Des milliers de cas cliniques montrent que l’on peut détruire la capacité à reconnaitre les visages, à retenir de nouvelles informations, à comprendre le langage, on peut modifier la personnalité d’un individu, c’est-à-dire changer qui il est. Mais après la mort, alors que le cerveau est hors service, on veut croire que nous restons qui nous sommes, avec notre mémoire, nos gouts, nos valeurs. C’est illusoire.

On a identifié au moins en partie les raisons de cette croyance. Nous avons dans notre cerveau un « module de théorie de l’esprit » qui nous permet de percevoir la partie invisible de nos congénères : leur personnalité, leurs désirs/motivations/besoins. Et il semble que nous soyons incapables d’imaginer l’extinction complète de cette partie invisible. Par ailleurs, nous souffrons d’une angoisse existentielle qui nous pousse à rejeter l’idée de la mort.

L’âme/la vie après la mort est la croyance la plus répandue au monde. C’est une illusion qui apporte du réconfort, et il n’est peut-être pas utile de chercher à convaincre à tout prix un croyant qui désire y croire. Le rôle d’un sceptique n’est sans doute pas de s’immiscer dans la croyance, mais de questionner les conséquences de la croyance dans le monde réel. Que les gens croient avoir une âme n’est pas un problème s’ils sont capables d’agir et de prendre leurs décisions de façon rationnelle, et s’ils n’imposent pas leurs croyances aux autres.

Bien sûr que non. 🙂

L’impression anecdotique que l’horoscope tombe parfois juste est due à l’effet Barnum.
La tentation d’y croire est le résultat de différentes erreurs d’attribution que nous commettons inconsciemment associées au besoin de contrôle : il y a quelque chose en nous qui va nous permettre de contrôler ce qui va nous arriver.
Ce désir naturel est exploité par des vendeurs de papier, des diseurs de bonne aventure et quelques (rares ?) honnêtes croyants qui renforcent leur croyance en convainquant les autres (principe de réduction de la dissonance cognitive).

Nous allons nous efforcer d’aborder dans les articles et dans les vidéos tous les mécanismes cognitifs passionnants qui sont à l’œuvre dans ce genre de croyance.

(oui, c’est une question posée sur ASK.com…)

Une vraie femme, c’est quelqu’un qui se questionne, qui assume ses idées mais qui accepte qu’elles soient critiquées. Elle questionne notamment ses intuitions, car elle sait qu’elles peuvent l’emmener à des conclusions biaisées. Elle doit savoir que c’est la raison qui nous permet d’établir des règles éthiques, d’obtenir des lois plus justes et de prendre des décisions éclairées.
Une vraie femme s’efforce de ne pas ranger les autres dans des catégories car elle sait que c’est une facilité cognitive qui conduit aux dérives idéologiques, à toutes les formes d’oppression et à la haine entre les groupes.

Une « vraie » femme est quelqu’un que ce genre de question essentialiste étonne.

Exactement comme un vrai homme.

C’est très compliqué, et potentiellement douloureux comme situation.

Il n’y a pas de réponse miracle. Il semble que les faits purs et durs n’aient pas beaucoup d’effet sur la croyance des gens, surtout s’ils y ont investi de l’énergie, de l’argent, du temps, etc.. Une « attaque » de front est souvent contre-productive, car le croyant ressent toute critique de ses idées comme une critique de lui-même. Il faut commencer par admettre qu’on puisse être intelligent, honnête et croire (à tort) des choses insensées. Il me semble important de rappeler que les « idées » n’ont pas à être respectées. Les individus ont droit au respect, tandis que les idées sont leurs outils pour vivre le mieux possible. On ne respecte pas un outil, on fait en sorte qu’il soit utile.

Sans la juger, je dirais à cette personne que nous sommes tous sujets à l’erreur. Dans le passé les grands savants et philosophes ont dit des quantités de bêtises. Être dans l’erreur, ce n’est pas grave. Mais avoir raison est mieux pour prendre de bonnes décisions, c’est donc important de ne pas rester dans l’erreur.

Je parlerais peut-être à cette personne des biais cognitifs qui font qu’on a toujours tendance à favoriser les éléments qui  confirment ce que l’on pense et à négliger les autres. Personne n’est épargné par ce biais. Mais cela ne veut pas dire que tout le monde a tort ; on a trouvé des moyens de tester nos hypothèses. Plus une hypothèse nous est chère, plus il faut être impitoyable avec elle parce que nous avons une tendance naturelle à la protéger. On a vu beaucoup de scientifiques défendre une théorie périmée et mourir en croyant avoir raison. Cela montre que l’exercice de la pensée critique est difficile.

Je lui demanderais de quelle manière elle envisage de vérifier qu’elle ne se trompe pas. Quel fait pourrait la faire changer d’avis ? S’il n’y en a aucun, c’est alarmant, car le fanatisme religieux fonctionne de cette manière : la croyance est irréfutable, aveugle. Et les conséquences sont tragiques. A l’inverse les rationalistes, même s’ils lui sont antipathiques, n’ont jamais brûlé quiconque, et « l’extrémisme rationaliste » ne met pas le monde en danger.
S’il lui est difficile de trouver une expérience qui permette de tester sa croyance, ça ne veut pas dire que ce test soit impossible. Je lui dirais qu’il y a des gens dont le métier consiste à faire ce travail, ce sont les scientifiques. Leur job est de traquer les erreurs dans ce qui est connu et dans les hypothèses spéculatives concernant ce qu’on ne connait pas encore. Or, la communauté science a un avis sur ces questions. Un avis négatif. On a donc de sérieuses raisons de penser que ces croyances sont infondées. Un avis négatif et fondé, même en l’absence éventuelle de preuves définitives ; car on ne peut pas prouver l’inexistence d’un pouvoir, d’une énergie, d’une influence… ou d’une théière en orbite autour de Jupiter.

La place me manque pour parler de la difficulté d’admettre la validité des résultats de la science. Une prochaine fois peut-être.

L’existence d’une IA capable de régler divers problèmes, parfois très complexes, est quasiment garantie pour un avenir proche, c’est ce qu’on appelle l’IA « faible ». Votre question porte sur l’IA « forte », c’est-à-dire sur la création d’une forme de conscience comparable à celle des humains.

Beaucoup de gens estiment qu’il s’agit d’une chimère, et ils peuvent avoir raison. Cependant, leurs arguments me semblent peu convaincants, car reposant surtout sur notre ignorance actuelle plutôt que sur nos connaissances.
La nature de la conscience humaine reste énigmatique, mais le matérialisme méthodologique qui jusqu’à présent ne nous a jamais empêché de répondre aux questions de la science nous force à considérer que la conscience est une propriété émergente du cerveau, une sorte de « sécrétion », et qu’elle est donc le résultat de l’activité d’unités biologiques, des cellules, qui sont comparables à de minuscules robots chimiques.
Même si l’opération représente un défi intellectuel et technologique sans précédent, il ne semble donc pas exister de réel obstacle théorique à l’existence, un jour, d’une machine capable de sécréter une forme de conscience aussi complexe que la notre, à partir de quoi une conscience artificielle encore plus complexe est tout à fait envisageable (ce qu’on appelle la « singularité technologique« ).

J’aimerais aller plus loin sur la question, mais je ne le pourrai que quand j’aurai lu, notamment, les travaux de Daniel Dennet (Consciousness explained) qui figurent dans ma liste d’ouvrages à acheter…

Mendax.

En fait, il se pourrait bien que cela ne soit qu’une illusion.

Peut-être n’entendons-nous que les pensées que notre cerveau prononce à haute voix. Il est fort probable que nous n’ayons pas conscience de penser, mais seulement des résultats de certaines activités de la pensée. Si c’est vrai, nous ne percevons que la partie émergée de l’iceberg, et cette partie, c’est simplement l’activité qui consiste à constater la présence des pensées et à trouver une explication à l’existence de ces pensées. Nous nous racontons des histoires, parce que nous sommes des êtres narratifs, experts dans la rationalisation.

Évidemment, pour le vérifier il faudrait être capable de penser plus vite que notre cerveau… ou bien passer par des travaux expérimentaux qui sont certainement en cours quelque part dans le monde. Nous aurons peut-être des réponse vraiment fiables sur le sujet dans quelques années.

« Cerveau : organe avec lequel l’homme pense qu’il pense. »

Mendax.

Il y a de fortes chances pour que la vie n’ait aucun sens.

La question du « pourquoi », si elle demande « dans quel but » n’a que la réponse que chacun d’entre nous trouvera dans ses aspirations personnelles, ses projets, des désirs.
Mais si le « pourquoi » demande « par quelle cause », alors il faudrait discuter évolution, sélection naturelle, sélection sexuelle, tout ça.

Toute autre réponse semble condamnée à n’être que pure fiction. On a le droit d’aimer la fiction. 🙂

Savoir si le réchauffement climatique est une réalité n’est pas ouvert aux votes, aux avis, aux opinion ou au sondages.

L’avis personnel de millions de gens est sans effet sur la valeur de la millième décimal du nombre pi. Le réchauffement climatique est tenu pour vrai par les scientifiques dont le métier consiste à tester les hypothèses sur la question. Leur métier est précisément de questionner toute proposition et de s’interdire d’affirmer quoi que ce soit tant qu’il n’est pas raisonnable de penser que c’est vrai.

Notre avis est donc hors sujet sur la question.

Quant à savoir ce qui va se passer, n’ayant pas décroché de diplôme en voyance extralucide, nous nous garderons bien de répondre. On peut déjà commencer par espérer que les gens qui prennent les décisions, les élus, vont fonder leurs décisions sur les modèles scientifiques plutôt que sur les désidératas des lobbys dont dépendent en partie leur ré-élection.

Et pour que cela arrive, nous avons besoin de diffuser la culture de l’esprit critique.

Qui veut la fin veut les moyens ?

La réponse de la communauté scientifique est un clair et retentissant : NON.

Le sadisme, entendu comme le plaisir éprouvé à infliger la douleur à autrui, est de toute façon hors de propos : ce plaisir-là ne produit pas de connaissance objective, il n’appartient pas à la science. En ce qui concerne la cruauté, nous sommes face au problème de la définition. Est-il cruel de modifier le génome d’une mouche ? Est-il cruel d’euthanasier une souris pour tester des molécules pharmaceutiques ? De garder des animaux en vie pour observer l’évolution de certaines maladies ? Etc.
Ce sont de vraies questions, et chaque époque a ses propres réponses, puisque la morale n’est pas figée dans le temps, mais évolue avec la société.

Le bon exercice de la science ne peut se faire que dans le cadre du respect d’une certaine éthique. L’expérimentation animale est très sévèrement réglementée, et c’est une bonne chose. On doit veiller à ce que ces règles soient respectées, mais vouloir interdire tout type de recherche sur l’animal (comme le veut l’organisation PeTA), c’est jeter une ombre sur la médecine de demain, à court terme c’est condamner à mort des gens que la science peut sauver. Ce serait un choix politique lourd de conséquences. Dans un monde où nous mangeons des animaux par habitude plus que par nécessité, et en attendant que se développent les méthodes alternatives avec les procédés in vitro et les simulations in silico, il serait curieux d’interdire aux chercheurs de sacrifier des animaux qui remplissent un rôle vital pour la société.

Je ne parle pas de tester des produits cosmétiques, ces tests-là sont formellement interdits en occident pour autant que je sache et c’est évidemment une bonne chose.
En tout état de cause, ce qu’on autorise ou n’autorise pas aux chercheurs est une affaire qui a moins à voir avec la méthode scientifique qu’avec les valeurs éthiques de la société. C’est une affaire sérieuse, et dans bien des cas il n’y a pas de réponse pleinement satisfaisante.

La question in extenso :
Je suis depuis très longtemps intéressé par la zététique. J’ai lu les 2 livres d’Henri Broch. j’ai vu ses expériences avec Majax. bref, je suis totalement ouvert aux démarches de la zététique. Mais je suis croyant (chrétien pour être précis, mais pas religieux) et je crois au message du Christ pour l’humanité. Comment ces deux « pensées » peuvent-elles cohabiter ?

Merci pour votre question.

Même si j’ai un avis assez mûrement réfléchis, je ne suis pas sûr qu’il existe UNE bonne réponse à cela. C’est une affaire personnelle de pondération des curseurs, si je puis dire.

À chacun de voir quelle importance il accorde d’un côté à la pensée méthodique qui permet de distinguer le vrai du faux, et de l’autre à un second curseur, celui qui correspond à un ensemble de valeurs, de traditions, à une narration qui contribue à donner une forme de sens à l’existence, un sentiment d’appartenance à une entité qui dépasse l’individu.

Il existe des scientifiques, parfois brillants, qui ont par ailleurs la foi en une religion. C’est un fait, et on ne peut donc pas dire que la religion soit incompatible avec la vie d’un scientifique. Mais un autre fait est que –statistiquement– plus vous êtes instruit dans les sciences, moins vous êtes religieux ; il existe une forme de compétition cognitive entre la pensée religieuse et la pensée scientifique (qui est en définitive la méthode du zététicien).

Dans le cas particulier du christianisme, celui qui veut être zététicien se doit à mon avis de questionner le statut des autorités qui encadrent le message idéologique de cette religion, comment elles décident de ce qui est conforme ou non à la parole de Dieu, comment elles exercent le pouvoir qui leur est alloué. Il faut questionner l’Histoire et sa réécriture au service de programmes politiques qui instrumentalisent la croyance des foules. Il faut questionner les valeurs mises en avant et leur réel impact sur la vie des gens (les états américains les plus religieux sont ceux où l’on dénombre le plus de mineures ayant recours à l’avortement, le plus d’infections sexuellement transmissibles, le plus de meurtres, etc… ces écarts sont également valables quand on compare les pays à l’échelle du monde.). Il faut questionner, sans doute, le personnage mythique du Christ dont l’existence historique est quand même au minimum douteuse. Il faut questionner la canonisation de Mère Thérésa dont l’action a causé plus de mal que de biens (Cf le travail de Hitchens). Et il faut assurément questionner le « message » dont vous parlez, et dans lequel vous retrouvez certainement du bon en négligeant de voir ce qu’on y trouve de discutable (effet de validation subjective), et qui permet à beaucoup de croyants d’avoir sur les autres des jugements et des actions par ailleurs injustifiables.

Les deux modes de pensée cohabitent dans les faits, mais si on y regarde de plus près la pensée religieuse, prise au sérieux, a vocation à faire taire la science, car elle veut TOUT expliquer, tout englober, tout intégrer. Mon hypothèse est donc que les gens capables de faire cohabiter leur religion avec une lecture critique et scientifique du monde, ont en réalité cessé de croire réellement ce en quoi il faudrait croire pour pouvoir se dire croyant.
Il y a beaucoup trop de choses dans les dogmes religieux qui heurtent le sens critique et les connaissances scientifiques pour qu’il soit raisonnable de se dire théiste et zététicien à la fois. Mais il s’agit là d’une réponse personnelle résultant de la manière dont je place pour moi-même les curseurs ci-dessus évoqués, et quand bien même il s’agit sans doute de la position la plus largement partagée dans la communauté sceptique, puisqu’il n’existe pas de dogme en matière de scepticisme, il m’est impossible d’établir objectivement qui est un meilleur zététicien qu’un autre.

Je dirais, au risque de me tromper, que le simple fait de vous poser sincèrement la question est suffisant pour que votre démarche soit « zététiquement correcte ».

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