La pensée conspirationniste – Tronche en Live #14 (Anthony Lantian)

Editorial

 

« Une croyance n’est pas une idée que l’esprit possède, c’est une idée qui possède l’esprit. » Robert Oxton Bolt

 

Fascination.

La pensée conspirationniste est fascinante, ce n’est pas un hasard. Elle a intérêt à fasciner pour attirer des individus qui vont ensuite la propager. La pensée conspirationniste, comme tous les mèmes, fonctionne à la manière d’un virus. C’est une entité capable de se répliquer et de muter. Les réplicateurs les plus aptes à infecter de nouveaux cerveaux et à les transformer en incubateurs désireux de les propager sont ceux que l’on va retrouver un peu partout : les gagnants de la course darwinienne des idées.

Être fascinant c’est bien la moindre des choses quand on est un mème efficace et rapide comme le sont les idées conspirationnistes. Mais ça n’est pas suffisant pour garantir un fort degré d’infectiosité. Il faut aussi être capable d’affaiblir les défenses du cerveau dans lequel on va s’implanter. Et il se passe exactement cela : quand une idée conspirationniste s’installe dans un cerveau, même à l’état de toute petite colonie, très discrète, l’individu devient beaucoup plus sensible à de nouvelles infections par des variants de cette idée. Les multiples souches de la pensée conspirationniste œuvrent en synergie. Celui qui croit à l’origine extraterrestre des ovni est plus disposé à croire aux illuminatis et au danger des OGM… et vice-versa. On a même démontré qu’il y avait une corrélation positive dans la croyance en des théories mutuellement contradictoire ; la logique n’a qu’à bien se tenir, la pensée conspirationniste ose tout.

Si les idées conspirationnistes étaient toutes de nature différente, si elles ne partageaient pas une grande partie de leur patrimoine mémétique, leur taux de pénétration serait bien plus faible. Mais la grande force de la pensée conspi se déploie une fois qu’elle est en place, d’une manière tout à fait saisissante.

Insubmersible.

La pensée conspirationniste se caractérise par ce qui est parfois comparé à un insubmersible canard de bain : la Méthode Hypercritique, la pratique d’un doute hyperbolique tourné vers toutes les explications alternatives mais jamais contre elle-même. Elle possède des défenses hors du commun qui la rendent presque inexpugnable. Une fois dans un cerveau, elle est capable de transformer les idées critiques en ingrédient de sa propre confirmation. C’est une pensée irréfutable, qui contient sa propre contradiction : tout élément qui démontre l’absence de conspiration… est la preuve que la conspiration est encore plus sophistiquée que prévue !

Alors bien sûr il ne faut pas oublier les subtilités ; la pensée conspirationniste se présente sous diverses couleurs et parfums, et tous ne sont pas aussi nocifs, agressifs et clivants. Il y a toute une constellation entre le « tous-pourris », « Big Pharma veut nous tuer » et le complot judéo-maçonnique-reptilien… Sans compter qu’en en plus les vrais complots existent !
« Complotiste » est devenu une insulte dégainée un peu rapidement et sans nuance quand les gens se montrent sceptiques. Tentons d’échapper à cet amalgame et ne confondons pas le scepticisme avec le conspirationnisme, car ce serait faire le jeu de la pensée conspirationniste qui a tout intérêt à semer le trouble dans nos défenses, à mimer le ‘vrai’ scepticisme, celui qui est utile, salutaire… et qui est en définitive le seul vrai remède connu comme cette infection mentale.

Mais déjà tentons de comprendre ce qu’est une théorie du complot, quels facteurs nous rendent plus susceptibles d’en être la proie et par quelle mécanique ces théories naissent et se répandent. Et pour cela nous recevons Anthony Lantian qui vient de soutenir sa thèse de psychologie sociale sur les théories du complot.

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